Être scientifique n'interdit pas de voir le beau
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Être scientifique n'interdit pas de voir le beau
Bonjour,
Je voudrais partager avec vous cette vidéo qui parle très bien de cette frustration que je ne suis sûrement pas le seul à avoir ressentir : celle d'être considéré comme "incapable d'aimer parce que je vais au-delà de la surface".
Je voudrais partager avec vous cette vidéo qui parle très bien de cette frustration que je ne suis sûrement pas le seul à avoir ressentir : celle d'être considéré comme "incapable d'aimer parce que je vais au-delà de la surface".
[Mon ami artiste] prend une fleur et dit "Vois comme elle est belle" et je suis d'accord. Puis il ajoute "Tu vois, en tant qu'artiste, je peux voir combien c'est beau; mais toi, comme tu es un scientifique, tu vas tout couper en petits morceaux et ça deviendra quelque chose d’ennuyeux". C'est carrément débile [de penser ça].
[…]
Toutes ces questions intéressantes sur la science et la connaissance ne font qu'ajouter de l'émotion et du mystère à la merveille qu'est la fleur. Ça s'ajoute, ça ne se retranche pas.
Re: Être scientifique n'interdit pas de voir le beau
Etant peu doué en anglais, je n'ai pas trop compris ce qui était dit dans la vidéo ^^".
Je tiens néanmoins à ramener mon grain de sel.
Je trouve effectivement qu'il est idiot de dire qu'un scientifique ne peut pas voir la beauté des choses alors qu'au contraire il voit beaucoup plus de beauté qu'un simple observateur.
Non seulement il admire la beauté de la fleur, mais il admire aussi la beauté des cellules qui la constituent, de leur remarquable agencement et de leur fonctionnement bien plus précis que toutes les technologies humaines.
Il est également fasciné par l'incroyable harmonie dans laquelle vit la fleur dans son environnement.
Et je n'ai parlé que des fleurs. Tous les physiciens sont émerveillés par la danse des planètes, et les mathématiciens par l'omniprésence du célèbre nombre d'or.
Dire qu'un scientifique ne peut pas comprendre la beauté parce qu'il veut percer les secrets du monde, c'est comme dire qu'un musicien ne peut pas comprendre la beauté d'une musique parce qu'il en connaît la partition.
Je tiens néanmoins à ramener mon grain de sel.
Je trouve effectivement qu'il est idiot de dire qu'un scientifique ne peut pas voir la beauté des choses alors qu'au contraire il voit beaucoup plus de beauté qu'un simple observateur.
Non seulement il admire la beauté de la fleur, mais il admire aussi la beauté des cellules qui la constituent, de leur remarquable agencement et de leur fonctionnement bien plus précis que toutes les technologies humaines.
Il est également fasciné par l'incroyable harmonie dans laquelle vit la fleur dans son environnement.
Et je n'ai parlé que des fleurs. Tous les physiciens sont émerveillés par la danse des planètes, et les mathématiciens par l'omniprésence du célèbre nombre d'or.
Dire qu'un scientifique ne peut pas comprendre la beauté parce qu'il veut percer les secrets du monde, c'est comme dire qu'un musicien ne peut pas comprendre la beauté d'une musique parce qu'il en connaît la partition.
Korbo- Messages : 21
Date d'inscription : 12/01/2012
Age : 33
Localisation : Dijon
Re: Être scientifique n'interdit pas de voir le beau
Il y a quelques mois, on m'a demandé de témoigner de ce qu'était mon métier (chargé de mission dans le domaine de la protection de la nature). C'était dans une perspective chrétienne, mais ici cela n'aura pas d'importance.
J'ai commencé par rappeler, d'abord, que c'était un métier scientifique, pas un travail de militant assénant des pseudo-arguments idéologiques basés sur aucune réalité; que la collecte des données se faisait conformément à des protocoles de référence reproductibles, que leur interprétation tout aussi transparente se faisait à l'aide d'études, de biblio etc.
Après, j'ai embrayé sur ce pour quoi j'étais là, cad dire que oui, certes, on faisait de la science, mais que la raison qui m'avait incité à venir en faire là, c'était justement la contemplation de la beauté de la nature. Ce qui nous pousse à construire ces arguments et à les porter, c'est cette beauté, c'est notre émerveillement qui nous conduit - hélas - à constater la disparition de cette beauté et à devoir la défendre. Je ne passerais pas tant de temps en combats arides dans des réunions usantes, en dépiautage de tableaux excel, je ne me lèverais pas bien avant l'aube si, tout petit, on ne m'avait pas appris à aimer le chant du merle - on a de la chance que l'oiseau chanteur le plus banal soit un virtuose pareil; qui y prête attention ? - à admirer l'araignée orbitèle qui construit sa toile avec des gestes d'orfèvre, le vert d'une jeune feuille de charme; à savoir les liens délicats qui les unissent entre eux, à aimer contempler le jardin qui s'appelait la terre.
Ce regard préexiste à celui de la science ou plutôt il l'encadre : il vient avant, et après.
Il y a quelques semaines cette fois, je faisais partie d'un groupe qui marchait dans une forêt, pour un pèlerinage. Nous n'étions pas là pour observer la nature, mais chemin faisant, nous nous ouvrions aussi à sa présence. J'indiquais aux autres le chant de tel ou tel oiseau et à un moment j'ai repéré une libellule, un magnifique Calopteryx d'un bleu nuit métallique de bijou ancien, et une personne du groupe a eu ce mot en parlant de mes observations : "C'est comme une autre réalité à laquelle d'habitude nous n'avons pas accès". C'est bien dommage : justement, nous faisons de notre mieux pour y donner accès à tous; mais puisque c'est une autre réalité, pourquoi prétendre qu'on n'en regarderait pas la beauté ? C'est justement pour ça qu'on la cherche.
J'ai commencé par rappeler, d'abord, que c'était un métier scientifique, pas un travail de militant assénant des pseudo-arguments idéologiques basés sur aucune réalité; que la collecte des données se faisait conformément à des protocoles de référence reproductibles, que leur interprétation tout aussi transparente se faisait à l'aide d'études, de biblio etc.
Après, j'ai embrayé sur ce pour quoi j'étais là, cad dire que oui, certes, on faisait de la science, mais que la raison qui m'avait incité à venir en faire là, c'était justement la contemplation de la beauté de la nature. Ce qui nous pousse à construire ces arguments et à les porter, c'est cette beauté, c'est notre émerveillement qui nous conduit - hélas - à constater la disparition de cette beauté et à devoir la défendre. Je ne passerais pas tant de temps en combats arides dans des réunions usantes, en dépiautage de tableaux excel, je ne me lèverais pas bien avant l'aube si, tout petit, on ne m'avait pas appris à aimer le chant du merle - on a de la chance que l'oiseau chanteur le plus banal soit un virtuose pareil; qui y prête attention ? - à admirer l'araignée orbitèle qui construit sa toile avec des gestes d'orfèvre, le vert d'une jeune feuille de charme; à savoir les liens délicats qui les unissent entre eux, à aimer contempler le jardin qui s'appelait la terre.
Ce regard préexiste à celui de la science ou plutôt il l'encadre : il vient avant, et après.
Il y a quelques semaines cette fois, je faisais partie d'un groupe qui marchait dans une forêt, pour un pèlerinage. Nous n'étions pas là pour observer la nature, mais chemin faisant, nous nous ouvrions aussi à sa présence. J'indiquais aux autres le chant de tel ou tel oiseau et à un moment j'ai repéré une libellule, un magnifique Calopteryx d'un bleu nuit métallique de bijou ancien, et une personne du groupe a eu ce mot en parlant de mes observations : "C'est comme une autre réalité à laquelle d'habitude nous n'avons pas accès". C'est bien dommage : justement, nous faisons de notre mieux pour y donner accès à tous; mais puisque c'est une autre réalité, pourquoi prétendre qu'on n'en regarderait pas la beauté ? C'est justement pour ça qu'on la cherche.
Invité- Invité
Re: Être scientifique n'interdit pas de voir le beau
On peut même ajouter un petit brin de "philosophie" au tout.
(voir de religion, bonheur ... Mais tout est lié )
Voir au delà du superficiel, c'est éviter les opinions, les préjugés, et voir la beauté intérieur de la chose (fleur, ici).
Un scientifique sera tout autant émerveillé que l'artiste de savoir qu'elle s'ouvre le matin, et se referme le soir (mais pas forcément de la même manière ...)
Puis être "simple", c'est pas une tâche pour des zèbres ça (oui, faut une touche humour dans les messages, sinon on s'ennuie. Et ça, c'est une vérité générale pour le scientifique, l'artiste et le psychologue.)
++ David'
(voir de religion, bonheur ... Mais tout est lié )
Voir au delà du superficiel, c'est éviter les opinions, les préjugés, et voir la beauté intérieur de la chose (fleur, ici).
Un scientifique sera tout autant émerveillé que l'artiste de savoir qu'elle s'ouvre le matin, et se referme le soir (mais pas forcément de la même manière ...)
Puis être "simple", c'est pas une tâche pour des zèbres ça (oui, faut une touche humour dans les messages, sinon on s'ennuie. Et ça, c'est une vérité générale pour le scientifique, l'artiste et le psychologue.)
++ David'
Lone Wolf- Messages : 284
Date d'inscription : 10/01/2012
Re: Être scientifique n'interdit pas de voir le beau
Oh... je réveille un vieux sujet, mais ça me fait penser...
Moi je suis amateur de mathématiques (entre autre) . Rien de plus abstrait me direz-vous ?
Que vient y faire la beauté ?
Eh bien... tout.
On se fait souvent l'idée que les maths, c'est froid, c'est le calcul, arriver à ses fins par tous les moyens les plus normés possibles... et en fait non.
J'y vois tout un monde à admirer...
J'ai beaucoup aimé les définitions de la convergence.
CE sont des définitions compliquées que je ne souhaite pas remettre (sauf si on me les demande). La convergence, le fait de s'approcher vers quelque chose, une limite (pour une fonction, une suite, tout et n'importe quoi qui varie) ... c'est une définition mathématique très dissymétrique.
Il y a un "pour tout machin chouette de type 1, il existe truc muche de type 2 tel que pour tout truc muche de type 2, machin chouette de type 1 implique..."
C'est du croisé dans tous les sens, avec des plats de spaghettis...
Et en voulant rendre tout ça symétrique, les mathématiciens ont créé une autre définition de convergence...
Et ça c'était pour les maths, le truc abstrait au possible...
Mais il en est de même pour bien des domaines scientifiques, je pense...
Moi je suis amateur de mathématiques (entre autre) . Rien de plus abstrait me direz-vous ?
Que vient y faire la beauté ?
Eh bien... tout.
On se fait souvent l'idée que les maths, c'est froid, c'est le calcul, arriver à ses fins par tous les moyens les plus normés possibles... et en fait non.
J'y vois tout un monde à admirer...
J'ai beaucoup aimé les définitions de la convergence.
CE sont des définitions compliquées que je ne souhaite pas remettre (sauf si on me les demande). La convergence, le fait de s'approcher vers quelque chose, une limite (pour une fonction, une suite, tout et n'importe quoi qui varie) ... c'est une définition mathématique très dissymétrique.
Il y a un "pour tout machin chouette de type 1, il existe truc muche de type 2 tel que pour tout truc muche de type 2, machin chouette de type 1 implique..."
C'est du croisé dans tous les sens, avec des plats de spaghettis...
Et en voulant rendre tout ça symétrique, les mathématiciens ont créé une autre définition de convergence...
Et ça c'était pour les maths, le truc abstrait au possible...
Mais il en est de même pour bien des domaines scientifiques, je pense...
Anoki- Messages : 31
Date d'inscription : 11/03/2013
Age : 31
Localisation : ça dépend. Entre Cachan et Dole, ça vous va ?
Re: Être scientifique n'interdit pas de voir le beau
^^ Suis d'accord.
Mais bon, à force d'aimer les maths, en ce qui me concerne, (et les sciences en générale) j'ai du me faire à l'étiquette des normo-pensants.
Je leur fait moins peur si je m'affiche en scientifique que si je dis ce que je pense, c'est à dire ce que tu dis.
(et c'est valable même avec des profs de maths. Je peux leur faire peur)
Mais bon, à force d'aimer les maths, en ce qui me concerne, (et les sciences en générale) j'ai du me faire à l'étiquette des normo-pensants.
Je leur fait moins peur si je m'affiche en scientifique que si je dis ce que je pense, c'est à dire ce que tu dis.
(et c'est valable même avec des profs de maths. Je peux leur faire peur)
Anoki- Messages : 31
Date d'inscription : 11/03/2013
Age : 31
Localisation : ça dépend. Entre Cachan et Dole, ça vous va ?
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