La psy ? Ça marche !

Je vois une psy. Son "cabinet" est en fait une grotte souterraine. Entre des rochers monumentaux, elle a installé un salon très vaste avec un canapé, des fauteuils, une table basse et des objets de déco aux couleurs douces et apaisantes. Elle ne s'occupe absolument pas de surdoués et n'y connait probablement pas grand-chose - pour autant d'ailleurs que ce soit possible.
Les choses se sont instaurées sur un mode que j'ai envie de vous partager. Pendant la séance, je ne parle pas ou presque de mes tourments. Elle me sert juste de vis à vis devant qui j'exprime mes pensées, mes idéaux, le fruit de mes lectures ou réflexions, je lui parle comme ça parle dans mon esprit. Je ne m'occupe pas scrupuleusement de retraduire ma pensée comme il faut souvent le faire avec des non-surdoués, mais je pense à voix haute, librement. J'ai enfin en elle quelqu'un qui m'écoute. Je ne sais pas ce qu'elle comprends de ce que je dis, mais j'essaie quand même d'être très clair, limpide, comme quand on s'applique pour bien écrire de sorte tout de même qu'elle puisse suivre mes "divagations" (fécondes bien sûr, allons donc !) et assister en live au fonctionnement interne de ma pensée que j'exprime de manière organisée et rationnelle. Je ne parle pas beaucoup de mes états d'âme, mais de ce que j'aime, des relations qui se font entre mes prises de conscience et les évènements marquants de ma vie, puis je paye et je sors. Je ressens alors une intense libération, une légereté de bulle et le sentiment qui m'habite alors d'une sorte d'accomplissement qui aux dires de mon épouse se voit sur mes traits. J'ai trouvé quelqu'un à qui parler de mes petits délires sans m'emmerder à faire la liste exhaustive de toutes mes misères intérieures, contre lesquelles j'ai la conviction qu'on ne peut de toute façon rien faire sinon les lister en vain.

Du coup, j'ai l'auditoire dont je rêve, et rien que cela me procure quelque chose de profondément libérateur. Je ME guéris en m'exprimant tout simplement. La dernière fois j'ai parlé de Pharoah Sanders et de la place des grelots dans sa musique (Album: "Thembi", morceau: "Astral travelling") du livre de Rebecca Solnit: "l'art de marcher" (Ed Babel), de la crise de nerf d'un ami très aimé et très surdoué...
Rien ou presque sur les souffrances endurées, qui toutes en réalité proviennent d'une incommunicabilité. Plutôt que de me morfondre en me mettant en boucle sur le thème de l'incommunicabilité, je communique !
Je dois dire que c'est extrêmement efficace.

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...

En Auvergne.
Si je lui témoigne que je suis surdoué, elle ne réagit pas. Je crois qu'elle attend de voir ça "sur pied'" en action. (Ce en quoi je lui donne raison). Sans modestie c'est vrai, j'avoue que la dernière séance a été particulièrement jouissive pour nous deux. On peut lire beaucoup dans les regards. Ça fait du bien d'être soi-même, avec toutes ces questions, ces références qui se télescopent et s'épousent naturellement, que l'on peut exposer comme elles se forment en nous, hors de tout jugement de valeur. Jugement qui hélas a court même entre zèbres. Je pense qu'elle reçoit autant en écoutant que moi en m'exprimant. Je ne sais jamais en y allant de quoi je vais parler...
Pourvu que ça dure...