Rituels et conditionnnements

Avez-vous, selon les contextes, des petits rituels qui vous permettent de vous mettre en situation, de vous plonger dans un certain état d'esprit.

Quand je dois faire un travail important qui me demande beaucoup de concentration, je n'y arrive pas tant que mon appartement (quel grand mot pour mes 12m2) n'est pas parfaitement propre et rangé, que ma table de travail est strictement vide, mon bloc de feuilles et de calque bien placé à disposition, que mes poubelles sont vides, que j'ai pris une douche, que la fenêtre soit assez ouverte pour faire entrer de l'air, que j'ai fait quelques exercices de yoga, que j'ai entièrement repeint mes murs en blanc, que j'ai repositionné les carreaux de carrelage de ma salle de bain parfaitement à niveau pour ceux qui manquent d'aplomb, pareil pour mes quelques images accrochées au mur je les replace avec un niveau à bulle...

Bref, l'important je crois n'étant pas tant le fait que tout soit rangé, mais que tous ces petits rituels fassent le vide en moi et autour de moi. Tout devient disponible: espace de vie, comme espace mental pour accueillir l'entropie d'un travail prolifique, bordélique mais concentré autour d'une chose. Je m'arrange ainsi pour ne pas être perturbée par d'autres stimuli car j'ai la concentration délicate.

Avez-vous des rituels particuliers pour faire place vide à toutes proliférations mentales souhaitées?

N'est-ce pas un peu de procrastination, s'activer à bien d'autres tâches avant de s'atteler à celle qui est importante....?

c'est le genre d'excuse que je me donne (me libérer l'esprit de tout ce qui "dérange" pour être dans les meilleures dispositions pour le travail à effectuer.....le problème c'est que toutes ces tâches remplissent le temps et peuvent finir par empêcher de se mettre à ce qui est important, tout en donnant un sentiment déculpabilisation face aux travaux abattus).

Enfin, c'est ce que m'inspire ces petits rituels dont tu parles...pour ma part ça correspond à un détournement de mon attention du sujet duquel je devrais m'occuper en vrai....

j'ai exactement les mêmes rituels si il s'agit de produire un effort "intellectuel" c'est plus fort que moi

Mon rituel:marcher pour réfléchir en homme.

avant j'avais plein de "tocs" de perfectionniste comme toi, mais ai plu (ça s'est arrété récemment grace à un "travail sur moi-même").

mais je suis resté maniaque dans le sens où mes affaires sont toujours bien rangées, classées logiquement (parsque c'est pratique, et que ça m'aide à être serein).

Moi quand je me drogue, je me prépare; je jeûne, je m'enferme à clé, et je m'allonge en attendant que ça monte, avec généralement de la musique, genre du classique ou des truc un peu plus ethnique comme du didgeridoo.
Ba quoi, c'est un rituel qui me conditionne...

Fut un temps, j'avais du mal à entreprendre quelque chose tant que je n'avais pas mis un peu d'ordre dans l'humanité.
Pas ma période la plus prolifique...

Quand il s'agit d'une tâche demandé pas mon gruppenführer et que je sens que je pas en vrille (non, c'est pas possible parce qu'il y çà et çà et çà et çà)

J'essaye de ralentir en respirant. Je fais un aller / et retour jusqu'au lieux d'aisance (ah les vertus de la marche !)

Quand il s'agit de quelque chose que je dois faire au sens strict, d'important pour moi (jouer de la guitare après 3 semaines d'abstinence, ou faire autre chose après une période d'abstinence) j'ai tendance aussi à faire plein d'autre trucs avant (plutôt des corvées en général)

Je me retrouve dans le fait de très mal supporter d'être dérangé quand je me concentre (téléphone ..)

J'en ai égorgé avec les dents pour moins que çà.

Je me roule toujours une cigarette avant de téléphoner. Oui, c'est stupide, ne me demandez pas pourquoi mais je peux pas m'en empêcher.

Super J0ker a écrit:Moi quand je me drogue, je me prépare; je jeûne, je m'enferme à clé, et je m'allonge en attendant que ça monte, avec généralement de la musique, genre du classique ou des truc un peu plus ethnique comme du didgeridoo.
Ba quoi, c'est un rituel qui me conditionne...

On dirait un rituel pour entrer dans une transe maîtrisée. Comme les chamans.

On retrouve ce genre de rituel au théâtre. Moi je n'en ai pas vraiment. C'est un sujet intéressant je trouve. Pourquoi pensez-vous avoir besoin de ce genre de rituel ? Volonté de contrôle pour ne pas être dérangé, pour être au mieux, pour être serein ? C'est con comme question, mais c'est intéressant.

obi-wan prjevalski a écrit:

Je me retrouve dans le fait de très mal supporter d'être dérangé quand je me concentre (téléphone ..)

J'en ai égorgé avec les dents pour moins que çà.

Effectivement, mais la personne dérangeante n'est pas au courant !

J'ai pas trop de rituels, j'ai besoin de multiplier les tâches, je sais que me mettre en condition ne fonctionne pas, je sais déjà que je ne peux pas me concentrer sur une seule tâche (mon esprit divague de toute façon).
Alors, quand il s'agit de cours, et bien je vais tenter de trouver quelqu'un d'assez ouvert pour en parler (sur msn disons), ça me permet de multiplier les tâches et pour autant, sur un seul sujet.
Sinon j'écoute de la musique, ça apporte un petit coté ludique

La simple idée de rituel me hérisse les poils, allergique que je suis aux croyances et superstitions (vous savez, ne pas mettre le pain sur le dos, etc)... Pourtant j'en ai peut-être plus que n'importe qui. J'aime manger toujours la même chose à la même heure, dans telles circonstances... Pour me mettre simplement dans un état d'esprit vivable, réconforté.

Cheshire a écrit:Avez-vous, selon les contextes, des petits rituels qui vous permettent de vous mettre en situation, de vous plonger dans un certain état d'esprit.

Quand je dois faire un travail important qui me demande beaucoup de concentration, je n'y arrive pas tant que mon appartement (quel grand mot pour mes 12m2) n'est pas parfaitement propre et rangé, que ma table de travail est strictement vide, mon bloc de feuilles et de calque bien placé à disposition, que mes poubelles sont vides, que j'ai pris une douche, que la fenêtre soit assez ouverte pour faire entrer de l'air, que j'ai fait quelques exercices de yoga, que j'ai entièrement repeint mes murs en blanc, que j'ai repositionné les carreaux de carrelage de ma salle de bain parfaitement à niveau pour ceux qui manquent d'aplomb, pareil pour mes quelques images accrochées au mur je les replace avec un niveau à bulle...

Bref, l'important je crois n'étant pas tant le fait que tout soit rangé, mais que tous ces petits rituels fassent le vide en moi et autour de moi. Tout devient disponible: espace de vie, comme espace mental pour accueillir l'entropie d'un travail prolifique, bordélique mais concentré autour d'une chose. Je m'arrange ainsi pour ne pas être perturbée par d'autres stimuli car j'ai la concentration délicate.

Avez-vous des rituels particuliers pour faire place vide à toutes proliférations mentales souhaitées?

Pour écrire, mon maitre kif, je fous tout le monde dehors, et je feuillette des dictionnaires. S'il y a quelqu'un dans la maison, je suis d'une humeur de chien. Je préfère analyser les mimiques à la télé,( visualiser les états d'âmes enfouis) ces petites choses qui vous trahissent, plutôt qu'écrire. Mais alors je me lève d'un coup en plein film par ex pour prendre des notes. M'en fous de la fin du film, j'ai eu un tilt ! Si j'ai une idée au cinéma, je suis désespéré de m'être encore fait attirer dans ce loisir stupide ! Impossible d'écrire si quelqu'un est dans la pièce ! C'est très douloureux !
Ma fille c'est la musique + un DVD + parfois en plus le tel. sur l'oreille pour dessiner... Pareil, tu la déranges, t'es mort...
Donc solitude et dictionnaires lus au hasard. Parfois je tourne les pages du dico mentalement...
Euh, je fais un autre truc: je mime des scènes...Je parle à voix haute. Un jour je suis curé ou psy, un jour aventurier, un jour sniper, n'importe, et je joue le rôle. Geste, voix, attitudes. Du coup ça déclenche un tas de chaines d'analogies...

Sylbao a écrit:La simple idée de rituel me hérisse les poils, allergique que je suis aux croyances et superstitions (vous savez, ne pas mettre le pain sur le dos, etc)... Pourtant j'en ai peut-être plus que n'importe qui. J'aime manger toujours la même chose à la même heure, dans telles circonstances... Pour me mettre simplement dans un état d'esprit vivable, réconforté.

Un rituel n'est pas forcément d'ordre superstitieux (il y en a, comme mettre ses chaussettes à l'envers avant un match, etc), mais la plupart des rituels sont des rituels de mise en condition, et je crois que c'est le cas ici. Enfin, la superstition, même légère, a toujours sans doute un rôle, même lointain, à jouer dans les rituels, c'est vrai. On a besoin de rituel parce que quelque part, on tient la croyance qu'il va rendre possible une action, ou augmenter notre performance à l'exécuter, même si, en dépit du boost de moral qu'il accorde, le rituel n'a souvent aucune ou une tout petite conséquence objective sur ladite tâche.

Moi j'ai surtout des rituels de procrastination, comme j'ai tendance à croire (sans jugement) que le sont ceux de Cheshire : en gros, j'invente des excuses (des petites, mais nombreuses) qui doivent être résolues avant que je puisse me mettre au boulot. Ca implique manger, débarrasser la table, me faire un café (très important le café), me brosser les dents, aller aux toilettes, regarder mon Facebook, consulter mes mails, checker mon forum pro, puis revoir Facebook si des fois y a pas du nouveau, consulter mes adresses mails secondaires, regarder à nouveau Facebook, mettre de la musique, et enfin, me mettre au boulot... ou pas. Je procrastine si naturellement que je me demande si la procrastination n'est pas en elle-même un rituel auto-contenu menant à elle-même.

Pour faire le ménage, en revanche, il faut que je sois dans un état d'esprit euphorique. Mon appart est rarement en très gros bordel, mais je suis loin d'être maniaque. Aussi, il me faut une sorte de "seuil critique" de bordel avant que je me lève un matin en disant "Ah tiens, là j'ai envie de faire un gros ménage". Mais je n'ai pas trouvé des rituels qui me poussent à faire le ménage par contre

T'es un geek...

Pleinement assumé. C'est même comme ça que je me définis avant tout, ça aide vachement les gens à me cerner. En même temps, pour être développeur de jeu vidéo... (enfin remarque je dis ça mais dans mon ancienne boîte j'étais plus l'exception que la règle, curieusement).

Tohwaku a écrit: En même temps, pour être développeur de jeu vidéo....

Rhhhaaa le kif !

Ah tiens, marrant comme question...
je n'y avais jamais songé, mais en examinant la chose de plus près je dirai que mon rituel personnel est de me cumuler plusieurs tâches à accomplir en "simultané" (généralement 2) car je fractionne énormément mon travail et donc pour avancer sur A, je dois faire un break avec B et ainsi de suite...
je ne supporte pas de rester "bloquée" sur un projet, sinon le moral baisse et là c'est la cagade !... il faut relancer la machine, et il est + difficile de redémarrer dans mon cas !

Rituels pour bosser :
1/ Détourner au maximum mon attention de la tâche à accomplir en la retardant pas un enchaînement totalement anarchique de tâches absolument secondaires et sans urgence aucune.
2/ Appréhender le travail avec comme une angoisse (que ça ne soit pas assez bien fait, or je fais TOUJOURS bien le boulot pour lequel je suis payé).
3/ Très rapidement ouvrir un (voire deux ou plus) chantiers en simultané. Avancer tout à la fois sans plan préalable, une tâche reposant de l'autre (ping-pong).
4/Être à la fois dans une sorte d'excitation mentale (que je n'aime pas trop) et dans une efficacité certaine.
5/ S'en prendre avec violence (verbale voir plus si mésentente) à toute machine ne remplissant pas son office de machine (ordinateurs, imprimantes, etc...).
6/ Arriver à terminer (que c'est dur ça !).
7/ Tomber dans l'apathie (la flemme ?) jusqu'au prochain cycle rituel.

8/ Recommencer ce qui n'est "pas assez bien". Pffffffffffffffff.