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Message par CarpeDiem Mer 2 Jan 2013 - 2:59

Bonjour à tous!

Voilà, j'adore écrire depuis... quasi-toujours et en ce moment, ça va pas fort (problème d'identité etc... cf ma présentation et mon post: Quo vadis?).

Du coup, j'ai écrit comme ça, en vrac, je ne sais pas où ça va, j'avais juste envie de poster ça...

Comme ça.

Je réalisais soudainement que j’avais investi mon énergie à contempler la vie des autres par la fenêtre. Le mouvement opportun du monde environnant balançait de toute part mes espoirs d’antan à travers le vitré déformé. Et tandis que mes pensées s’en allaient bon train, s’effilochant dans la travée tortueuse de mes pensées, j’admirai, j’adulai l’esquisse du bonheur, que je croyais feinte.
Pourtant, dans le miroir des regards d’autrui, je percevais ma propre perfidie, le mensonger, c’était moi !
Ceux que je prenais pour des « à peu près » ou des « profanateurs », car, ils me semblaient profaner l’essence même de la vie, étaient pourtant sincères. Ils vivaient leur vie à leur propre rythme, avec leurs convictions, leurs propres codes sociaux, leurs goûts, leurs aspirations et… j’étais là, mon ignominie exultant mon être de par sa multiplicité. Je n’étais que dualité : il y avait ce Moi extérieur, adhérant à la masse et il y avait ce Moi intérieur, exécrant cet extérieur mensonger, piétinant mes aspirations les plus profondes. En d’autres termes, le char était passé, emportant avec lui les débris lancinants d’une enfance déjà problématique et d’une vie ésotérique, réduite à l’état de cendres.
La vie m’était donc passée sous le nez ! J’étais psychiquement morte, écrasée par son poids. J’observais les gens rire et se laisser aller au gré de ce que je considérais comme des mascarades, savoureux codes sociétaux pour les Autres, douloureux écueils pour Moi, tandis que je m’introduisais dans la conscience d’autrui pour mieux en saisir l’énergie jusqu’à en être une pâle copie. Je pompais l’aura des gens jusqu’à leur moelle comme une véritable sangsue à l’affut du sang. Mais ce n’est pas le sang dont j’imprimais tout mon être, c’était le sens, le sens de ma présence sur terre, le sens des actes de chacun. J’étais ignare que déjà je pressentais la faille.

J’étais observatrice passive du monde car, loin de me songer différente, j’étais tout simplement l’Autre dans sa décadence, l’Autre dans sa trivialité. Je n’étais pas Moi en décalage, j’étais… l’Autre, l’Autre affaibli, l’Autre affublé d’un voile, aveuglé par le « c’est comme ça », par le « ne pose pas de questions ».
Comment alors considérer que j’ai pu vivre ainsi ? On eut mis une autre entité humaine à ma place, spirituellement parlant, que c’eut été semblable… et c'est... comme ça.

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Message par Weigela Mer 23 Aoû 2017 - 1:15

J'aime beaucoup le choix de tes mots. Ca sonne "juste".

Ton texte me rappelle une nouvelle que j'avais écrit : Oubli



J’ai oublié quelque chose. Je ne sais quoi. Ce matin je me suis levée, l’esprit un peu brouillon, le corps lourd. Quelque chose était différent. J’ai regardé autour de moi : tout y était pourtant : les cadres accrochés sur le mur au papier peint violet, les oreillers et mon vieil ours en peluche sur le lit, le dernier livre de Finkelkraut et ma petite lampe bleu azur sur ma table de chevet, les rideaux vert pomme, le bureau avec sa chaise style Louis XV. Quelle étrange sensation de manque.
J’ai passé un pull, j’ai ouvert la fenêtre et je suis allée prendre mon petit déjeuner. J’ai sorti mon bol rouge, un couteau et deux petites cuillères. J’ai mis l’eau pour le thé dans la bouilloire. J’ai pris le beurre, la confiture et le lait et je les ai posés sur la table à côté du bol. J’ai allumé la radio, radio Notre-Dame. Je ne suis pas catholique, mais je trouve que les émissions sont de qualité. Quand la bouilloire s’est arrêtée, j’ai versé l’eau dans le bol et j’y ai plongé un sachet de thé, earl gray, issu du commerce équitable. On me l’a conseillé et c’est vrai qu’il est bon. J’ai ajouté un filet de lait et j’ai observé ses volutes dans le liquide brun jusqu’à dissolution. Je trouve ça beau. Je le fais tous les matins avec la même appréciation. Mais ce matin, c’était beau et quelque chose manquait.
Je suis allée dans la salle de bains. Peut-être que là je comprendrais pourquoi j’avais cette impression. Pourtant là aussi tout était normal. Alors j’ai fait comme d’habitude. Je me suis déshabillée, je suis rentrée sous la douche, j’ai noté mentalement qu’il fallait que j’achète du savon, je suis sortie, je me suis essuyée. En face du miroir, j’ai observé mon reflet : mon corps est toujours le même, un peu fatigué par les années, mon visage est toujours le même, avec quelques rides marquant le temps qui passe.
Je me suis habillée, puis maquillée. L’anti-cerne que je mettais les lendemains de soirées, je le mets tous les jours maintenant. En me maquillant, j’ai vu que quelques cheveux blancs supplémentaires avaient fait leur apparition.
J’ai pris les clefs de la voiture, j’ai fermé la porte, j’ai appelé l’ascenceur. J’habite au sixième étage d’un immeuble récent. C’est aussi le dernier étage. C’est bien, je n’ai pas de voisins au dessus. L’ascenceur s’est arrêté au 3è, le voisin du 3e monte. Il descend lui aussi au 2è sous-sol. Il avait la même tête que toutes les fois où je le rencontre dans cet ascenceur : un homme petit et large d’épaules, le visage carré avec une moustache grisonnante et un nez droit, des yeux petits et vert gris sous d’épais sourcils. Comme chaque fois, il a fait preuve de galanterie et m'a laissée sortir en premier. Je sais que c’est pour mater mon fessier, que j’ai joli parait-il. Je me suis dirigée vers mon garage. La porte n’est pas plus propre que la veille, il y a toujours ce « Charles aime Malika » tracé dans la poussière. J’ai ouvert la porte. Ma voiture était là, une twingo verte, fidèle à son poste. Le siège a couiné comme d’habitude lorsque je m’assois.
 
J’ai oublié quelque chose, je ne sais quoi. En sortant du garage j’ai tourné sur la droite. La rue n’a pas changé en une nuit. Sur la droite la boulangerie, juste à côté le magasin de location de vidéos et en face la brocante et le snack turc. Au bout, le feu rouge, qui porte bien son nom. Jamais je ne l’ai vu vert au moment où j’arrivais devant. Toujours j’ai dû m’arrêter. Pourtant il n’est pas à détection automatique. J’ai pris le boulevard Leclerc. La circulation était dense malgré l’heure matinale. Mais cela roulait bien. Au feu de la fontaine, comme souvent, quelqu’un est venu me proposer de nettoyer mon pare-brise. Je l’ai fait une fois. Le pare-brise était plus sale après que avant. Depuis j’ai toujours refusé. Cela n’a pas empêché que certains le fassent et m’insultent après pour ne pas avoir accepté de leur donner d’argent. Aujourd’hui, la personne n’a pas insisté.
Tout le long du trajet j’ai réfléchi à ce que j’ai bien pu oublié. J’ai pensé d’abord au travail. Ai-je un voyage, un rendez-vous particulier ? Rien n’est venu. J’ai pensé ensuite à ma famille et à mes amis : est-ce un anniversaire, un appel téléphonique à faire, un resto ? Mais là non plus je ne me suis rappellé de rien de particulier. Au cours de mes pensées les rues ont défilé, semblables à elles-mêmes. Les gens dans les voitures, dans les bus et sur les trottoirs étaient les mêmes que d’habitude. J’ai pensé alors à mon quotidien : mon portable était bien dans mon sac, je n’avais pas de rendez-vous chez un médecin, à part le savon je n’avais rien d’urgent à acheter.
Je suis arrivée devant le portail de l’entreprise. J’ai badgé et la barrière s’est levée normalement. J’ai garé ma voiture à sa place. Des fois j’ai la mauvaise surprise de voir mon emplacement occupé. Aujourd’hui tout était normal et pourtant cette sensation d’oubli se faisait de plus en plus pesante. J’ai verrouillé ma voiture et je me suis dirigée vers les escaliers. J’ai vu Maud arriver en trottinant mais il était trop tard pour l’éviter. Elle me tâne cette nana. Elle est toujours scotchée à quelqu’un, toujours en train de piailler avec sa petite voie aigrelette. A l’entendre elle mériterait la légion d’honneur pour réussir à mener la vie qu’elle mène entre ses problèmes au bureau et ses malheurs familiaux. J’ai réussi après un bonjour à la semer dans les escaliers. Elle s’essouffle la pauvre et doit prendre l’ascenceur. J’ai béni ses problèmes de santé et j’ai monté rapidement les quatre étages.
 
J’ai oublié quelque chose. Je ne sais quoi. Pourtant à mon bureau tout était normal. J’ai posé dessus mon sac, enlevé ma veste que j’ai mise sur le dos de la chaise. Je me suis assise et j’ai allumé mon ordinateur. J’ai entendu alors des voix qui riaient. Les commerciaux se rendaient dans la salle de réunion à côté de notre pôle de travail. Gilles, Marius et Antoine, dans leurs costumes bien coupés avec leurs sourires colgate. Ils m’ont claqué la bise. Antoine m’a fait un compliment sur ma tenue. Comme toutes les fois qu’il me voit. A chaque fois cela me donne l’envie de venir vêtue de mon vieux pyjama difforme le lendemain pour voir comment il réagirait. Ils sont entrés dans la salle. Gilles a composé un numéro sur le téléphone. Ca a répondu au bout du fil. Marius s’asseyait. Avant qu’Antoine n’ait fermé la porte, j’ai entendu trois bonjour retentissants avec un « Ici la France ».
Martine alors est arrivée. Essouflée à son habitude. Elle m’a regardé et me voyant la regarder fixement m’a demandé si quelque chose n’allait pas dans sa coiffure. Cela m’a réveillée un peu, j’ai pris conscience que j’essayais de voir si ce quelque chose que j’avais oublié était lié à elle. Martine approche de la quarantaine. Elle est brune, les cheveux courts et a un beau regard bleu. Elle a commencé à me raconter la dernière de son fils, tout juste entré au lycée. Quand ce n’est pas de Gabriel qu’elle parle, c’est de Lena, sa benjamine, ou de Illian, son cadet. Mais tous les jours ses premiers propos concernent ses enfants. J’aime bien l’entendre en parler. Le regard des parents étonné sur leur progéniture.
Alexandre est arrivé juste après. Le stagiaire du service. Avant lui c’était Guillaume. Encore avant c’était Natacha. Guillaume arrivait après moi mais avant Martine. Natacha arrivait après Justine. Justine justement. J’ai aperçu sa crinière blonde au fond. Oui, tout était normal.
J’ai ouvert ma messagerie. Douze mails depuis la veille. Normal aussi. Après avoir salué Justine, j’ai commencé à les lire et à y répondre, puis j’ai entamé mon travail.
A onze heures moins le quart, j’étais très concentrée à ma tâche. Alors un « Pause café » a tinté. Justine devait nous raconter l’opération des dents de sagesse de son petit frère. La veille c’était la dernière paire de bottes qu’elle avait achetée. Le jour d’avant c’était la dernière soirée avec son Jules. Nous nous sommes donc rendus dans la salle de la machine à café. Martine a enchainé sur les travaux d’orthodontie de Gabriel et de Lena. Guillaume nous a dit qu’il aurait dû en avoir pour 6 mois et qu’il avait conservé son appareil trois ans. Le pire étant que cela n’avait servi à rien car on ne lui avait pas enlevé les dents de sagesse. C’est vrai qu’il n’a pas un beau sourire. A onze heures, nous étions à nouveau à nos postes, comme tous les jours. A midi Martine a filé. Elle avait rendez-vous chez l’esthéticienne. A treize heures nous sommes donc descendus à trois au sous-sol dans le restaurant d’entreprise. Rien d’inhabituel. Et pourtant, je sentais comme un fantôme à côté de moi me soufflant que tout cela était irréel.
 
J’ai oublié quelque chose. Je ne sais quoi et c’est pénible. Je regardais autour de moi à la cantine guettant la faille qui me permettrait de comprendre ce qui n’allait pas. Mes collègues m’ont dit que j’avais l’air absente. C’est vrai que leur conversation était pour moi en toile de fond comme le brouhaha de la salle. Ils m’ont demandé si j’allais bien. Je me sentais bien, à part cette sensation. Nous avons pris un café après avoir mangé. Il avait le même goût que tous les jours, la même consistence. Je commençais à me sentir exaspérée. Nous sommes remontés et avons recommencé le travail. Plusieurs coups de fils m’ont occupé. A quatre heures, c’est Alexandre qui a battu la pause. J’ai sorti de mon armoire un paquet de biscuits. Aujourd’hui c’était mon tour de régaler. Des roudors. Et nous avons pris le chemin de la machine à café. Je me sentais lourde comme ce matin à mon réveil. Me lever me permit de me dégourdir un peu. Mais qu’ai-je donc oublié !
Martine lance la conversation sur la famille et sur le vécu de sa mère lors de son passage à l’état de grand mère. Justine enchaîne avec sa fraicheur habituelle sur l’histoire de sa grand-mère, proche des quatre-vingt ans aujourd’hui, et qui contrairement à ce qui ce faisait à son époque avait quitté son mari sitôt les enfants partis. Elle avait trouvé un homme avec lequel elle avait vécu une dizaine d’années heureuse. Mais voilà, il était mort au bout de dix ans seulement, sa grand-mère avait trouvé quelqu’un avec qui elle était restée deux ans mais cela n’avait pas marché et depuis quinze ans elle vivait seule, comme son grand-père qui n’avait jamais cherché quelqu’un d’autre. Surement parce qu’il était invivable, comme le disait sa grand-mère. C’est vrai qu’il ne s’entendait pas avec grand monde. Justine était une exception dans sa famille. J’ai repensé à mes grands-parents, qui n’avaient rien en commun et rien à partager, sauf leur toit, et qui pourtant étaient restés ensemble jusqu’au bout, allant jusqu’à décéder à trois mois l’un de l’autre. Nous avons appris qu’Alexandre ne connaissait pas ses grand-parents paternels car son père l’avait eu d’un deuxième mariage, à cinquante-quatre ans.
En regagnant nos bureaux, je me suis arrêtée un moment devant la baie vitrée et j’ai regardé un moment le fleuve. Les bouleaux ondulaient sous le vent. Les nuages avaient l’air de traverser le ciel. Songeuse j’ai regagné ma place. L’agacement cédait sa place à l’angoisse. Qu’ai-je donc pu oublier de si important ?
Je me suis remise au travail. A cinq heures et demie, Martine est partie, comme d’habitude. A six heures, Juliette a tiré sa révérence. Aujourd’hui Alexandre est resté jusqu’à six heures vingt. A sept heures et quart, j’ai éteins mon ordinateur. J’aime bien cette heure-ci au bureau. C’est silencieux. C’est la fin de la journée de travail. On rentre chez soi. C'est apaisant. Une journée de plus cochée sur le calendrier.
J’ai enfilé ma veste, pris mon sac et appelé l’ascenceur. Il y avait deux personnes dedans quand je suis montée. Elles sont toutes les deux descendues au rez-de-chaussée. J’étais la seule à aller au sous-sol.
 
J’ai oublié quelque chose. Je ne sais quoi. Pourtant si cela a perturbé toute ma journée, c’est bien que c’était important. Je soupire, assise dans le siège de mon auto, et je démarre. J’ai posé mon sac sur le siège passager et j’ai mis l’auto-radio. J’arrive à la barrière, je badge, elle se lève. Je tourne à droite. Ici aussi le feu est rouge. Il y peu de circulation dans ce quartier à cette heure. Le feu passe au vert. Je démarre. J’entends un grand bruit de frein sur ma gauche et un choc brutal. Ma voiture est propulsée.
Ca y est, je sais ce que j’ai oublié, j’ai oublié de vivre.
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Message par gacoldfish Dim 9 Déc 2018 - 20:50

je ne vais pas dire que j'aime bien et je ne vais pas dire que vous avez un talent, je vais dire que tu as un truc simple et plus fort que le mot talent.
en vous lisant , ça ma donner l'envie de le lire à haute voix et de rajouter même des mots .
une belle découverte . Very Happy Amour
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