Opportunité ou malédiction ?

Si j'ai compris une chose à propos de la "Zébritude", c'est qu'elle nous prédispose à un cocktail d'hyper-" à peu près tout". Nous sommes "PLUS", sensibles, intelligents selon la norme du QI, prédisposés à certains types de souffrances psychologiques, dont la "dyssynchronie" est l'une des sources principales, et présentant des caractéristiques cérébrales particulières, désormais étudiées par un certain nombre de spécialistes. Cela étant dit, j'ai découvert il y a un peu plus d'un an que je faisais partie de cette population atypique, d'où ma présence sur ce forum.
Au départ, j'ai pensé qu'une explication rationnelle, et relativement documentée aujourd'hui, à ce perpétuel sentiment de décalage et d'inachèvement me permettrait d'y trouver remèdes et palliatifs. Seulement, force est de constater que j'ai eu tort : cela ne fait que renforcer ce sentiment, présent depuis aussi loin que je m'en souvienne, que ma vie doit avoir un sens, un but, une utilité.
La seule chose que j'arrive à comprendre aujourd'hui, c'est que, lorsque la majeure partie de nos congénères semble se satisfaire de mener simplement une existence, accepter le monde et ses contraintes, un Zèbre ne peut constitutionnellement pas s'en contenter. Quoi qu'on tente de faire pour m'y rallier, une résistance inextinguible, vitale, m'empêche de rejoindre ce point de vue.
Ma déduction sur ce point repose sur les analyses que j'ai pu lire à propos des Zèbres. Je me trompe peut-être, et certains d'entre-vous seront peut-être à même de me démontrer mon erreur.
Toujours est-il que maintenant, avec le sentiment d'avoir irrémédiablement failli au rôle que je m'étais assigné : être utile, rendre un service aussi minime soit-il à notre humanité, je ne parviens plus à trouver le moindre sens à mon existence.
Futile, inutile, faux-semblant.
Est-ce que c'est notre fardeau : Observer la fatuité de l'existence, la disséquer, la comprendre ? Cette anomalie constitutive est-elle une version quelconque d'un supplice infernal, de quel crime subissons nous le châtiment ?
Quelle est-ma faute ? J'ai l'espoir en écrivant ce soir qu'un nombre suffisant d'entre-vous n'ont pas à vivre ainsi, qu'ils ont pu trouver un échappatoire, ou que leurs choix leurs ont permis de faire de leur spécificité un don, qui les aide eux et leur entourage à faire de leur existence, quelque chose qui en vaut la peine.

La caractérisation de la zébritude reste pour moi conjecturale. Mais en effet il est sans doute question d'un surcroît de qualités ou d'éléments de la personnalité qui correspondent à une certaine spécificité.
Cela dit, il me paraît naturel que la conscience d'un plus grand potentiel soit combinée à une plus grande exigence de le mettre en œuvre.
Il y a bien selon moi une opportunité, d'où une grande déception de ne pouvoir la saisir, d'autant plus grande qu'il semble ne tenir qu'à nous de le faire.
Mais le fait que nous n'y parvenions pas ne doit pas être vécu comme une malédiction constitutive. Sur forum comme dans un cabinet de psychologue, on trouvera davantage de personnes ayant des difficultés à s'accepter ou à se réaliser. Mais il existe aussi des personnes qui y parviennent.
Par ailleurs, je ne pense pas qu'il soit bon non plus de considérer qu'il y ait là une malédiction particulière, qui serait attachée à notre personne. En soi cela ne veut pas dire grand-chose. L'opportunité n'est pas une bénédiction; aussi sa difficile réalisation ne saurait être une malédiction.
Il y a une situation de fait, où s'enchaînent : potentiel, exigence, difficultés, lucidité, déceptions. Mais il nous faut chercher encore. Les difficultés ne sauraient être présentes dans toutes les directions ni au même degré; aussi des réalisations sont toujours possibles.

être utile, rendre un service aussi minime soit-il à notre humanité,

Ça doit être concrètement possible ça non ?
Sais-tu que si tu dis bonjour à un inconnu, lui même va très probablement dire bonjour à un inconnu, et ainsi de suite. Et toi tu as agi positivement sur l'humanité

Ne sois pas trop dur avec toi même

Est-ce que c'est notre fardeau : Observer la fatuité de l'existence, la disséquer, la comprendre ? Cette anomalie constitutive est-elle une version quelconque d'un supplice infernal, de quel crime subissons nous le châtiment ?

Peut-être voulais tu écrire la vacuité ? L'existence ne saurait être "fat".
La vie est pleine, mystérieuse, insaisissable ! Pour moi !
L'étonnant est qu'elle soit intelligible d'une certaine manière.

Il n'y a pas de faute ... simplement à trouver sa place, à la chercher pour commencer ... Qu'est-ce qui fait sens pour toi, dans la vie ?
Il y a 10 000 manières d'être utiles aux autres ! Et chacun, au final, dans sa vie, ses loisirs, son travail, y contribue d'une manière ou d'une autre, et invente sa propre manière ...
Qu'est-ce qui te passionne, qu'est-ce que tu aimes, faire, comprendre, explorer ?
C'est par là que passera ton apport à l'humanité !

Bonne soirée.

Il y a peu je posais à peu près cette même question, en des termes un peu différents, à un des membres éminents de ce forum (très z'ailé le membre ). Comment combler le décalage entre la vie que l'on mène et celle que l'on aimerait (rêverait, idéaliserait, choisir son verbe...) mener ?

Sa réponse fut : et bien soit tu t'élèves jusqu'à ta vie rêvée (mais est-ce réellement possible ?), soit tu l'idéalise moins, tu la rends plus abordable (ce qui peux donner : soit tu la rêve moins, pas sympa...), ce qui est déjà plus jouable.

Peut-être qu'entre la toute puissance de vouloir sauver le monde ou être Mère Thérésa, et l'abandon pragmatique (mais consternant) de ses rêves et autres idéaux, il y a un chemin à trouver, qui passe sûrement par l'humilité, et comme le dit Roland7 une meilleure connaissance de soi, de ce que l'on aime...

Pas facile...

@Roland : Le mot, c'était bien fatuité : arrogance, suffisance, vanité. Vacuité en est un autre qui peut aussi s'adapter à cette réflexion : je ressens de la vacuité, mais je perçois autour de moi de la fatuité, celle à laquelle j'ai tenté de "coller" un faux-self.
Merci Harpo pour tes propos toujours à propos. Tout mon souci est là, renoncer à l'idéal, ces valeurs sur lesquelles je pensais me construire.
Mais de pierre en pierre, je réalise qu'au cours de ces dernier mois, ce n'est plus qu'une simple exploration que j'ai entrepris, mais un véritable travail de d'archéologue, voire de paléontologue. Plus je creuse et plus je découvre de cadavres ...
A quoi bon un "HQI" quand je me découvre si handicapée de "QE", au point que la prise de conscience du vide, me donne le vertige; que quand mon "QI" semble me dire : mais non, l'infini dans ce domaine n'existe pas : il y a bien un moment où la chute doit cesser; mon "QE" me démontre que non, on peut encore creuser.

Oui, donc ce n'est pas la fatuité *de l'existence*, mais celle que tu perçois chez certains (nombreux sans doute !) de ceux qui t'entourent !

Alors il faut prendre en peu de distance, avec tous ces gens qui agissent comme s'ils savaient, alors que ...
Mais au niveau psycho-émotionnel, vivant dans une forme de consensus, et de non questionnement de la "réalité" telle que définit par le "corps social", ils "savent", alors que toi, "tu ne sais pas" !
Et dans cet "entre-deux" ... il y a un sacré gouffre !
Pour ma part, j'ai mis du temps à concilier, à peu près, les deux bords de ce large espace d’incompréhension, à découvrir comment agir, comment me positionner, pour faire entendre "ma voix", ma différence, sans perdre le fil de ma vérité, ni me perdre dans les consensus d'apparence. Les jouer suffisamment pour y rester, m'en démarquer, ne pas les cautionner en profondeur, pour rester ce que je suis, bien avec moi-même. Équilibre vacillant, toujours à travailler et à faire évoluer !

Il ne s'agit pas de renoncer à un idéal élevé, ni à des valeurs qu'au fond, tous les gens bien partagent ... mais de trouver, par le tâtonnement, le point d'application concret, à la mise en œuvre de cet idéal et de ces valeurs, d'une manière qui te convienne, et qui fasse progresser les autres ...

Ce n'est pas impossible, ce n'est pas facile !

Les autres, les "fat" compris, font de leur mieux, à leur manière, selon leurs conceptions ... c'est à respecter, comme on dit "c'est l'intention qui compte", à une personne maladroite, qui, voulant bien faire, est passée à côté, ou à commis une bourde ...
Tout comme toi, voulant changer le monde, et en léger déficit de QE, tu peux commettre bourdes, impairs, erreurs d'appréciation dans la mise œuvre de ton idéal, de tes valeurs et de tes évidences ... et te sentir actuellement dans l'impasse par rapport à cela ...

T'inquiète (pas) ! Il y a un "fond" à nos questionnements, un point de bascule, où le sens se dévoile ...
Le "vide" n'est qu'apparence, ton questionnement est important, et il débouchera tôt ou tard, sur un nouveau regard, une nouvelle attitude, de nouvelles perspectives de réflexions et d'actions.
Nous traversons tous des moments comme celui que tu vis, où ce que nous croyions, notre système de valeur "ancien" se révèle insuffisant, à revoir "en profondeur" ... c'est la porte, le début d'une évolution psychologique importante, un peu douloureuse, mais très constructive, et positive au fond, par les consciences, les compréhensions, les nouvelles dynamiques qu'elle amènera.

Un peu comme si tu devais "changer de peau", changer de structure psychique, revoir ce qui conditionne tes actes, et ta perception/compréhension du monde ... Impasse apparente, qui mène à un renouvellement personnel important et nécessaire.

Le plus important qu'un être humain puisse apporter aux autres, est son propre bonheur (le bonheur dans l'amour et le respect de soi-même et de l'autre). S'il n'est pas heureux, alors son combat pour l'être c'est cela qui est vraiment important ! Apporter cela aux autres, sans rien de plus, est déjà beaucoup, c'est déjà *l'essentiel*, l'essentiel d'une vie !

Courage. Amicalement.

Merci pour cet élan d'espoir, et la force de ces mots sur mes maux.

Pour ma part, ce qui me "sauve" c'est d'avoir appris la nuance dans mes exigences.
Elles ne sont pas moins élevées, elles sont moins absolues. Ce n'est plus "tout, tout de suite" ou "rien".
Si c'est "tout", c'est parfois plus lentement ou selon des conditions aménageables.
Si c'est "tout de suite", c'est parfois un peu moins que tout mais bien quand-même.
Et puis apprendre à concrétiser mes envies, à les sentir vraiment/être vraies, palpables, ça m'a amenée (ramenée?) à les apprécier autrement.

Ainsi, si mon "but" est loin d'être atteint, je profite des étapes pour y parvenir et ça me parait moins frustrant, moins lointain, moins inaccessible. J'ai appris à compter ce qui manque dans ma vie mais aussi ce qui s'y trouve.

EDIT : j'ajoute qu'à mon sens, il s'agit moins de renoncer à ses idéaux que de modifier leur possibilité d'exister. Le moyen et le but sont deux choses différentes.

Point de vue intéressant de MissMiaouw.

Parfois, oui, on peut adapter son mode de fonctionnement, parfois ce n'est pas possible.

Quand on à besoin de "changer le monde", cela manifeste souvent deux choses : une révolte, face à une souffrance que l'on perçoit comme extérieur ... et au fond de soi, il y a une souffrance personnelle, que cette révolte nous permet de fuir, et qu'elle masque, tout en tentant de la "réparer".
Et tant que cette souffrance profonde n'est pas perçue et reconnue, nous tentons désespérément de "réparer le monde", nous y parvenons en partie, mais quand cela ne marche plus, ou mal, notre souffrance profonde remonte ... et tout nous paraît vain ...
Mais si tu reconnais cette souffrance, si tu acceptes qu'elle te traverse, alors tout le poids d'impuissance et toute l'énergie que tu mettais à trouver des solutions, seront libérés et pourront se tourner vers d'autres horizons, de nouvelles perspectives ... et un apaisement certain : tu ne seras plus responsable de produire des réponses pour des problèmes qui te dépassent.

Peut-être cela t'aidera-t-il à aller "au fond" de ton questionnement.
Amicalement.