Glauque, mais ludique... non?
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Glauque, mais ludique... non?
AMES SENSIBLES, S'ABSTENIR...
Qui n'a jamais rêvé d'être célèbre, reconnu par le peuple et apprécié par tout le monde?
Il est un prix qu'un humain (supra)ordinaire peut remporter. Sans connaissances particulières. Sans à l'avoir fait exprès.
Il y a les...
DARWIN AWARDS!
http://darwinawards.fr/
Toi aussi, en étant "victime" d'une fin originale, tu peux connaître la gloire éternelle!
Non, le but de ce topic n'est pas de se suicider d'une manière inédite pour entrer dans l'histoire. Je vous propose un jeu littéraire, faisant appel à vos capacités d'analyse, d'imagination, votre art de la rhétorique...
Le but? DÉCRIRE LA MORT LA PLUS IMPROBABLE POSSIBLE, tout en restant dans la vraisemblance, cela va sans dire...
Comme pour tout les concours, il y a des contraintes de style à respecter et de règles arbitraires auxquelles il vous est demandé de ne pas contrevenir :
-Envoyer quinze ligne au minimum
-Ne JAMAIS écrire à la première personne du singulier, sous peine de disqualification immédiate et sans appel
-Eviter de martyriser l'eaurthaugueraff, défoulez-vous plutôt sur vos personnages...
-Ne pas violer la propriété privée des auteurs, dans le cas contraire, nous serons obligé d'en référer aux autorités adéquates
-Il n'y a pas de limitation de production, chacun peut partager ici autant de textes qu'il le souhaite
-La mort ne sera pas forcément fortuite, mais novatrice à tout le moins
Un vote, organisé à chaque fin de mois, récompensera l'oeuvre la plus originale, drôle et touchante. Le "meurtrier du mois" gagnera l'estime temporaire de tous les participants ainsi qu'un merveilleux cadeau, que je déposerai moi-même et ici-même...
Il ne vous reste plus qu'à prendre la plume et à décortiquer chaque matin la page des faits divers pour vous inspirer!
Qui n'a jamais rêvé d'être célèbre, reconnu par le peuple et apprécié par tout le monde?
Il est un prix qu'un humain (supra)ordinaire peut remporter. Sans connaissances particulières. Sans à l'avoir fait exprès.
Il y a les...
DARWIN AWARDS!
http://darwinawards.fr/
Toi aussi, en étant "victime" d'une fin originale, tu peux connaître la gloire éternelle!
Non, le but de ce topic n'est pas de se suicider d'une manière inédite pour entrer dans l'histoire. Je vous propose un jeu littéraire, faisant appel à vos capacités d'analyse, d'imagination, votre art de la rhétorique...
Le but? DÉCRIRE LA MORT LA PLUS IMPROBABLE POSSIBLE, tout en restant dans la vraisemblance, cela va sans dire...
Comme pour tout les concours, il y a des contraintes de style à respecter et de règles arbitraires auxquelles il vous est demandé de ne pas contrevenir :
-Envoyer quinze ligne au minimum
-Ne JAMAIS écrire à la première personne du singulier, sous peine de disqualification immédiate et sans appel
-Eviter de martyriser l'eaurthaugueraff, défoulez-vous plutôt sur vos personnages...
-Ne pas violer la propriété privée des auteurs, dans le cas contraire, nous serons obligé d'en référer aux autorités adéquates
-Il n'y a pas de limitation de production, chacun peut partager ici autant de textes qu'il le souhaite
-La mort ne sera pas forcément fortuite, mais novatrice à tout le moins
Un vote, organisé à chaque fin de mois, récompensera l'oeuvre la plus originale, drôle et touchante. Le "meurtrier du mois" gagnera l'estime temporaire de tous les participants ainsi qu'un merveilleux cadeau, que je déposerai moi-même et ici-même...
Il ne vous reste plus qu'à prendre la plume et à décortiquer chaque matin la page des faits divers pour vous inspirer!
Invité- Invité
Re: Glauque, mais ludique... non?
Je déposerai pour ma part un écrit dans le courant du week-end.
- Spoiler:
- Le temps que je cogite...
Invité- Invité
Re: Glauque, mais ludique... non?
Je suis fan des Darwin Awards depuis des années Allez, un petit exemple pour encourager les imaginations fertiles :
Un parachute fait maison :
Augusto était le genre d'homme qui a une mission à accomplir. Il monta à bord d'un avion d'Air Philippines à destination de Manille, et enfila une cagoule de ski et des lunettes de natation. Puis il sortit un pistolet et une grenade et annonça qu'il allait détourner l'avion. Il exigea que l'avion retourne à Davao City, mais les pilotes réussirent à le convaincre qu'ils n'avaient plus assez de carburant pour faire demi-tour et ils continuèrent vers Manille. Ne perdant pas son sang-froid, Augusto entreprit de dévaliser tous les passagers (il récolta 25 000 dollars !) et demanda aux pilotes de descendre à basse altitude. Pendant ce temps, Augusto, équipé d'un parachute qu'il avait fabriqué lui-même, obligea le personnel de cabine à dépressuriser l'avion et à ouvrir la porte. Il avait sans doute l'intention de sauter mais le vent était si violent qu'il ne parvenait pas à s'extraire de l'avion. Finalement, un des stewards le poussa à l'extérieur au moment où il dégoupillait sa grenade. Augusto a alors jeté la goupille de la grenade à l'intérieur de l'avion (oups !) et a poursuivi sa chute avec le reste de la grenade dans les mains... L'impact que fit Augusto en percutant le sol eut un effet très limité sur le reste du monde.
Lophophora- Messages : 415
Date d'inscription : 11/12/2012
Age : 51
Localisation : Singapore
Re: Glauque, mais ludique... non?
Ahahaha! (de quelle cruauté faisons-nous preuve, je vous le demande...)
Invité- Invité
Re: Glauque, mais ludique... non?
Ah, j'ai toujours pensé que les Darwin awards devaient être authentiques et étaient vérifiés avant l'attribution, je croyais avoir lu ça quelque part.
En effet l'histoire du preneur d'otage est assez peu crédible.
Dommage, c'est tout de suite moins drôle!
Edit: Ah! Les règles originales stipulent que l’évènement doit être vrai et confirmé par plusieurs sources.
Edit 2: Je t'avais mal lu, c'est toi qui organise ce petit concours!
En effet l'histoire du preneur d'otage est assez peu crédible.
Dommage, c'est tout de suite moins drôle!
Edit: Ah! Les règles originales stipulent que l’évènement doit être vrai et confirmé par plusieurs sources.
Edit 2: Je t'avais mal lu, c'est toi qui organise ce petit concours!
korppi- Messages : 341
Date d'inscription : 05/01/2013
Age : 35
Re: Glauque, mais ludique... non?
Bah oui bah oui, pour révéler le sadique qui se cache en chacun de nous
Invité- Invité
Re: Glauque, mais ludique... non?
En se levant ce matin-là, Josh Combas ignorait qu'il allait mourir. Il se comporta donc comme si de rien était. Il prit son petit-déjeuner, composé de croissants chauds, délicieux une fois trempé dans son noisette, à l'Hôtel E.Phonhouse, comme à son habitude. Il y flirta avec la serveuse aux jolies jambes, comme d'habitude, et elle finit par le délaisser lorsqu'il cessa de commander, comme d'habitude. Comme chaque matin, il rentra ensuite chez lui, et comme chaque matin sa femme fit semblant de ne pas le sentir se glisser sous les couvertures qu'il n'aurait pas dû quitter, et en suivant leur emploi du temps si parfaitement rôdé, il se levèrent en même temps une heure plus tard, Josh reprit un petit-déjeuner en compagnie de son épouse, jus Tropicolé et biscottes Eanbours puis ils se séparèrent, la femme partant travailler et Josh partant s'amuser.
Ce jour-là il gagna une somme satisfaisante au casino du coin, et comme toujours lorsque ça lui arrivait, il passa dans la rue Dr Frazin pour se payer une de ces pépées de luxe qui le divertissait et lui permettait de finir la matinée agréablement lorsqu'il en avait les moyens. La réceptionniste aguicheuse le connaissait si bien qu'elle le conduit immédiatement dans la pièce sombre où seul le tâtonnement vous faisait choisir celle qui aurait "la chance" de vous connaître sans vous voir. Son choix arrêté, ils montèrent dans une des chambres de l'étage, dans le noir le plus complet, c'était tout l'intérêt. L'affaire finie, elle lui dit : "L'argent je vous prie" et il reconnut Bérénice, sa femme. Il lui fourra dans les mains sans dire un mot, et se hâta de s'en aller en prenant bien garde de ne rien faire qui pourrait le dévoiler. Ce ne fût pas trop dur, ils étaient deux étrangers l'un pour l'autre. Quel dommage! Il ne l'avait jamais connu comme ça, c'était donc son travail, ne devait-elle pas être toute à lui? Et il se mit à penser à la serveuse, à la pièce noire, à ses mensonges...
Il quitta le lieu et le vague à l'âme entreprit une ballade sur la jetée. Il ne manquait jamais d'y passer lorsqu'il voulait se vider l'âme, pour changer d'autre chose. On l'appela, il se retourna, c'était Bérénice.
En la voyant se diriger vers lui avec port de reine qui était la sienne et cette démarche féline qui lui était naturelle, il crut l'observer pour la première fois, et il en tomba amoureux. Elle l'embrassa froidement mais lui mit de la passion dans le geste et elle se demanda ce qui lui arrivait.
"Bérénice... Tu es magnifique! Qu'as-tu changé, la coiffure? Tes lèvres me semblent à présent si finement dessinées...
-Qu'est-ce qui se passe, Josh? Es-tu malade?
-Au contraire je vais très très bien! Laisse-moi te contempler..."
Il fit un pas en arrière, comme un peintre qui observe son oeuvre, et comme il était au bord de la jetée, il tomba et mourut.
Ce jour-là il gagna une somme satisfaisante au casino du coin, et comme toujours lorsque ça lui arrivait, il passa dans la rue Dr Frazin pour se payer une de ces pépées de luxe qui le divertissait et lui permettait de finir la matinée agréablement lorsqu'il en avait les moyens. La réceptionniste aguicheuse le connaissait si bien qu'elle le conduit immédiatement dans la pièce sombre où seul le tâtonnement vous faisait choisir celle qui aurait "la chance" de vous connaître sans vous voir. Son choix arrêté, ils montèrent dans une des chambres de l'étage, dans le noir le plus complet, c'était tout l'intérêt. L'affaire finie, elle lui dit : "L'argent je vous prie" et il reconnut Bérénice, sa femme. Il lui fourra dans les mains sans dire un mot, et se hâta de s'en aller en prenant bien garde de ne rien faire qui pourrait le dévoiler. Ce ne fût pas trop dur, ils étaient deux étrangers l'un pour l'autre. Quel dommage! Il ne l'avait jamais connu comme ça, c'était donc son travail, ne devait-elle pas être toute à lui? Et il se mit à penser à la serveuse, à la pièce noire, à ses mensonges...
Il quitta le lieu et le vague à l'âme entreprit une ballade sur la jetée. Il ne manquait jamais d'y passer lorsqu'il voulait se vider l'âme, pour changer d'autre chose. On l'appela, il se retourna, c'était Bérénice.
En la voyant se diriger vers lui avec port de reine qui était la sienne et cette démarche féline qui lui était naturelle, il crut l'observer pour la première fois, et il en tomba amoureux. Elle l'embrassa froidement mais lui mit de la passion dans le geste et elle se demanda ce qui lui arrivait.
"Bérénice... Tu es magnifique! Qu'as-tu changé, la coiffure? Tes lèvres me semblent à présent si finement dessinées...
-Qu'est-ce qui se passe, Josh? Es-tu malade?
-Au contraire je vais très très bien! Laisse-moi te contempler..."
Il fit un pas en arrière, comme un peintre qui observe son oeuvre, et comme il était au bord de la jetée, il tomba et mourut.
Invité- Invité
Re: Glauque, mais ludique... non?
Ben quoi, vous ne trouvez pas que c'est une fable moderne, l'être désabusé qui réalise un jour la chance qu'il a et se perd par cette occasion?
Je trouve ça tout à fait réaliste, pour ma part...
Je trouve ça tout à fait réaliste, pour ma part...
Invité- Invité
Re: Glauque, mais ludique... non?
Il faut croire que non, le côté canard article a du échapper à certains nez osés
"Tu comprendras pas mais tu vas répéter!
Put your sex in the air! (bis)
Maintenant tu dis eh, tu dis eh oh, ça ne veux rien dire
Mais ça me fait moins de boulot
J'aime bien manger mes pieds!"
J'écoute Boublil, encore et tout le jour né
"Tu comprendras pas mais tu vas répéter!
Put your sex in the air! (bis)
Maintenant tu dis eh, tu dis eh oh, ça ne veux rien dire
Mais ça me fait moins de boulot
J'aime bien manger mes pieds!"
J'écoute Boublil, encore et tout le jour né
Invité- Invité
Re: Glauque, mais ludique... non?
Il était tard, la réunion n'en finissait plus, ah tiens si en fait, et on s'en allait. Avant de s'être rendu compte de ce qui lui arrivait, Jior se fit enfermer dans les bureaux vides, il était déjà 26 heures 73, et il devait être rentré chez lui avant le début du mois prochain. C'était juste.
Et c'était aussi de sa faute. Joir avait dormi cinq jours entiers avant de se présenter à la réunion de ce soir, il n'aurait pas du. Chacun l'a expérimenté, la répétition d'une activité finit par inscrire l'activité dans votre routine. Le meilleur exemple que nous en ayons c'est vivre. L'enfant se réveille et vit par réflexe, comme un noyé tente de respirer. Puis le temps passant il n'y songe plus et il accepte son existence comme allant de soi, une chose à ne pas remettre en question. L'habitude douillette du sommeil, elle, avait profité de ces cinq jours pour gagner l'âme de Joir. Ainsi lorsqu'il avait senti cette délicieuse torpeur l'envahir il n'avait opposé aucune résistance à son glissement. Y a-t-il rien de plus agréable que de contempler les autres paresseusement, les yeux mi-clos, de sentir leurs paroles vous caresser les oreilles sans en comprendre un traître mot? On est alangui, notre esprit se vide, nous vivons des aventures extraordinairement floues le temps d'un battement de cil... La ouate finit par vous emplir et vous n'êtes plus là, vous êtes ici, vous ne savez plus, vous sentez seulement une sensation bizarre dans la poitrine et une impression liquéfaction de vos pensées, voilà la soupe atomique annoncée par la science moderne, nous remercions le Boson de Higgs.
Toujours vautré lascivement sur sa chaise en plastique comme un phoque affalé sur une banquise rocailleuse, il fixait de ses yeux mous la porte qui s'était refermée.
"C'est étrange, si j'arrêtais de bouger maintenant, je crois que je pourrais vivre éternellement, je resterai comme ça pour toujours. Il me suffit de ne plus remuer le moindre poil, de ne plus expirer le moindre souffle, de contrôler mes mouvements oculaires, il faut que rien ne puisse accrocher mon regard, qu'il glisse tout seul vers le bas, à droite. Je resterai là, pour toujours. Oh! cette chaise n'est pas si inconfortable, après tout! D'ailleurs est-ce réellement une chaise? Une "chaise"? Non c'est... c'est comme... ma "chair". Oui voilà, cette chaise est une chair, ma chair. Elle s'est fondue avec moi, comme c'est étrange! J'ai l'impression d'avoir quatre jambes de bois n'est-ce pas merveilleux? Quatre jambes de bois..."
Ses paupières, insensiblement, se refermaient, elles recouvraient délicatement ces picottis délicats que l'on ressent dans la région des yeux lorsque l'on est ivre de fatigue. Comme elles se baissaient lentement, ces paupières... On eut dit que jamais elles ne finiraient de tomber, de glisser, de s'enfoncer...
"Je ne vois plus rien. Le monde a disparu. Disparu? Non... non... Je sens que le monde est là, aux bouts de mes plaques tectoniques. Ce frisson léger dans mon dos... Le... Comment, déjà? Ah, oui, le "Gulf Stream", le "G u l f streaaaaammmmmmm..."
Et là? Un chatouillis, au bout de la verge. Oui, la mode est à l'épilation, la forêt n'est plus vierge, je me sens asexué, l'Everest côtoie le Grand Canyon, long et profond.
Et là? Un soupir si vite réprimé, des centaines de morts, des cellules qui meurent à chaque instant, je suis la Vie, je suis la Mort. Je suis le Cosmos, la lune en hiver, alpha du centaure au Paléocène, la soixante-douzième dimension ce sont ces taches qui bougent sous mes yeux clos. Le Monde, les canards, les calmes lions, les météores dans l'océan, le h¨jkop dans le " "% et laids yeux dans leurs os et leur lymphe.
Je suis Tout.
Et après?
Je suis mou.
Et encore?
Je suis saoul.
C'est faux.
Je coule.
C'est vrai.
Je meurs.
Tout le temps.
Je vis.
Éternellement.
Je me rév...
Pardon?
Je me réveille.
NON! NOOOOON!"
C'était le soleil qui l'avait trahi. Un rayon fourbe et un bâton dans l'eau, sa lumière avait traversée les membranes de Jior, au clair il s'était exposé, pourquoi? Et déjà ses pensées reprenaient de la consistance, une abominable rigidité commençait de les calcifier, elles étaient de plus en plus raides.
Lorsque ses collègues le trouvèrent, ils le secouèrent et il fut de nouveau lui-même, c'était insupportable mais déjà plus tellement, il avait bien dormi merci, il ne se souvenait pas avoir rêvé.
Jior reprit le cours de sa vie sans y penser, il vécut comme on vit, sans s'en rendre compte, et il mourut comme on meure, par négligence.
La chaise a été brûlée lors du ré-ameublement des bureaux, il n'en reste plus que des cendres.
L'Univers s'ébroue, soupire. Il a bien dormi, il ne se souvient pas avoir rêvé. Et il recommence à exister.
Et c'était aussi de sa faute. Joir avait dormi cinq jours entiers avant de se présenter à la réunion de ce soir, il n'aurait pas du. Chacun l'a expérimenté, la répétition d'une activité finit par inscrire l'activité dans votre routine. Le meilleur exemple que nous en ayons c'est vivre. L'enfant se réveille et vit par réflexe, comme un noyé tente de respirer. Puis le temps passant il n'y songe plus et il accepte son existence comme allant de soi, une chose à ne pas remettre en question. L'habitude douillette du sommeil, elle, avait profité de ces cinq jours pour gagner l'âme de Joir. Ainsi lorsqu'il avait senti cette délicieuse torpeur l'envahir il n'avait opposé aucune résistance à son glissement. Y a-t-il rien de plus agréable que de contempler les autres paresseusement, les yeux mi-clos, de sentir leurs paroles vous caresser les oreilles sans en comprendre un traître mot? On est alangui, notre esprit se vide, nous vivons des aventures extraordinairement floues le temps d'un battement de cil... La ouate finit par vous emplir et vous n'êtes plus là, vous êtes ici, vous ne savez plus, vous sentez seulement une sensation bizarre dans la poitrine et une impression liquéfaction de vos pensées, voilà la soupe atomique annoncée par la science moderne, nous remercions le Boson de Higgs.
Toujours vautré lascivement sur sa chaise en plastique comme un phoque affalé sur une banquise rocailleuse, il fixait de ses yeux mous la porte qui s'était refermée.
"C'est étrange, si j'arrêtais de bouger maintenant, je crois que je pourrais vivre éternellement, je resterai comme ça pour toujours. Il me suffit de ne plus remuer le moindre poil, de ne plus expirer le moindre souffle, de contrôler mes mouvements oculaires, il faut que rien ne puisse accrocher mon regard, qu'il glisse tout seul vers le bas, à droite. Je resterai là, pour toujours. Oh! cette chaise n'est pas si inconfortable, après tout! D'ailleurs est-ce réellement une chaise? Une "chaise"? Non c'est... c'est comme... ma "chair". Oui voilà, cette chaise est une chair, ma chair. Elle s'est fondue avec moi, comme c'est étrange! J'ai l'impression d'avoir quatre jambes de bois n'est-ce pas merveilleux? Quatre jambes de bois..."
Ses paupières, insensiblement, se refermaient, elles recouvraient délicatement ces picottis délicats que l'on ressent dans la région des yeux lorsque l'on est ivre de fatigue. Comme elles se baissaient lentement, ces paupières... On eut dit que jamais elles ne finiraient de tomber, de glisser, de s'enfoncer...
"Je ne vois plus rien. Le monde a disparu. Disparu? Non... non... Je sens que le monde est là, aux bouts de mes plaques tectoniques. Ce frisson léger dans mon dos... Le... Comment, déjà? Ah, oui, le "Gulf Stream", le "G u l f streaaaaammmmmmm..."
Et là? Un chatouillis, au bout de la verge. Oui, la mode est à l'épilation, la forêt n'est plus vierge, je me sens asexué, l'Everest côtoie le Grand Canyon, long et profond.
Et là? Un soupir si vite réprimé, des centaines de morts, des cellules qui meurent à chaque instant, je suis la Vie, je suis la Mort. Je suis le Cosmos, la lune en hiver, alpha du centaure au Paléocène, la soixante-douzième dimension ce sont ces taches qui bougent sous mes yeux clos. Le Monde, les canards, les calmes lions, les météores dans l'océan, le h¨jkop dans le " "% et laids yeux dans leurs os et leur lymphe.
Je suis Tout.
Et après?
Je suis mou.
Et encore?
Je suis saoul.
C'est faux.
Je coule.
C'est vrai.
Je meurs.
Tout le temps.
Je vis.
Éternellement.
Je me rév...
Pardon?
Je me réveille.
NON! NOOOOON!"
C'était le soleil qui l'avait trahi. Un rayon fourbe et un bâton dans l'eau, sa lumière avait traversée les membranes de Jior, au clair il s'était exposé, pourquoi? Et déjà ses pensées reprenaient de la consistance, une abominable rigidité commençait de les calcifier, elles étaient de plus en plus raides.
Lorsque ses collègues le trouvèrent, ils le secouèrent et il fut de nouveau lui-même, c'était insupportable mais déjà plus tellement, il avait bien dormi merci, il ne se souvenait pas avoir rêvé.
Jior reprit le cours de sa vie sans y penser, il vécut comme on vit, sans s'en rendre compte, et il mourut comme on meure, par négligence.
La chaise a été brûlée lors du ré-ameublement des bureaux, il n'en reste plus que des cendres.
L'Univers s'ébroue, soupire. Il a bien dormi, il ne se souvient pas avoir rêvé. Et il recommence à exister.
Invité- Invité
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