Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique

Je suis trop synthétique sans doute. La majorité pèse, elle veut vous écraser, elle se fiche de savoir si c'est vous qui avez raison ; c'est elle qui se croit légitime. Ne vous méprenez pas, je suis de ceux qui contestent par principe, contre vents et marées, même seul contre le monde entier ; sans être borné non plus !
"Quand tout le monde pense la même chose, personne ne pense vraiment." Je ne sais plus qui a dit cela, mais ça semble juste.

DesperateRobot a écrit: C'était juste pour me faire plaisir, hum?

Non. Juste pour que vous continuiez d'écrire avec talent, avec une plume, avec ce qui vous semblera adapté, dès lors que vous n'écrivez avec personne...

... silence...

cela donne
menu Desperate....
une salade de tons
mot rude sur lit d'asperges
et mince les poulets
patates en robe de chambre (pour les cris du soir)
les mains tâlent contre roc fort
fourrés aux pruneaux

Nouvellette n°60
L’apprentie

Depuis quelque temps, devant l’incompréhension généralisée dont je faisais l’objet, à tel point que j’en suis devenue une paranoïaque chronique, je me suis laissé aller à la rêverie. [...]

réponse à Majorette

Majorette, je n'écris pas en robe de chambre. Proust en a déjà déposé le brevet.

Poulet demi-deuil
Sole au beurre noir,
Carottes (lesquelles sont cuites)
Haricots (dont c'est la fin)
Riz olé, Haut laid pire que tout
Beaucoup de trous dans l'aimant hâle
Marrons glacés entre discussions houleuses

En prime on distribue des tomates pourries si les nouvelles ne plaisent pas...

Alors les tomates pourries, ce ne sera pas pour aujourd'hui, Dread?

Dommage...
Pourtant j'essaie désespérément de faire bouger mon lectorat inhibé derrière son écran.

Allongez-vous sur votre canapé, tapez n'importe quoi au sujet de n'importe qui ou l'inverse. Je vous écoute!

Et moi, je vous regarde. Sans bouger. Juste en observateur, attentif. Juste pour percer l'écran, balayer les phrases, les mots, et de l'outil qui les forge, je passerai à la main, jusqu'à regarder le forgeron droit dans les yeux ; je n'en ai vu que l'ombre, mais à présent, vous avez toute mon attention.  
Travaillez bien.

Je découvre ce fil ...

j'arrive sur la pointe de mes tabbis

Marjane satrapi a écrit que quand elle était petite , elle voulait être prophétesse.

Je ne sais trop ce qui est de la fiction ou du réel, dans vos nouvellettes.
Mais être saint ne conduit pas pas forcément au martyre.
Et être prophète non plus.
Le prophète n'est pas forcément un saint.

... silence...

Mais alors existe-on réellement ? ou sommes nous que des ombres qui filent vers leur destin.

Ego sum qui sum

Nouvellette n°61
Farniente

Dans mon hamac accroché entre un cerisier et un paulownia de Chine, corps enfoui dans la quiétude du farniente, à peine balancé par un léger roulis, tandis que le merle qui a chipé la totalité de mes  sublimes cerises, chante de reconnaissance à plein bec... [...]

C'est très beau ce que tu écris, bien que c'est quand même un peu triste. Je t'envoie un peu d'amour en espérant remédier à cette tristesse.

Ne rirais-je pas moins fort si j'étais moins triste?

Merci Majorette pour cet angoissant «Paysage avec une rivière et une baie dans le lointain» de ce cher Turner. J'adore!

majorette a écrit:Mais alors existe-on réellement ? ou sommes nous que des ombres qui filent vers leur destin. 

Parce que tu croyais réellement exister? Encore des illusions que je mets à bas.
J'aurais préféré ne pas te dire la vérité.
Non, nous n'existons pas, mais, du moins, faisons semblant.  

Nouvellette n°62
Bruits nocturnes

Un éternuement cataclysmique en provenance de la rue. Un piéton attardé sensible aux généreux pollens en suspension. [...]

Lu n°61 et n°62.
En dépit d'une main brûlée vous produisez quand même, et c'est en forgeant... Vous finirez par vous améliorer.
J'ai pensé à vous tantôt ! J'ai bravé la mort et suis allé voir des monstres. Parfaitement ! J'ai roulé en moto et suis allé au cinéma... Là, j'imaginais me reposer l'esprit (enfin ce qui me tient lieu d'esprit), et, vers le début du film d'animation, "monstres academy", surgit un personnage, "la doyenne", et allez savoir pourquoi, j'ai immédiatement pensé à DesperateRobot ; pas pour l'aspect, drôle d'insecte, non, pour la psychologie, la personnalité ; en partie évidemment, car notre auteur ne se résume pas à cela, elle ne se résume pas d'ailleurs, quoique. Comme le faisait remarquer Bergson, si l'on s'attache à regarder chaque atome qui constitue une table, on ne verra jamais que l'on a une table sous les yeux. Et l'on se perdra dans des conjectures sur des détails dans lesquels se cache le diable à ce que l'on dit. Vive Bergson, vive les insectes, fourmis, mouches, cloportes (ce sont des crustacés)...

... silence...

Nouvellette n°63
Sérieux

C’était inévitable. Mes lecteurs ont engagé un détective privé. Ils veulent savoir la vérité vraie sur mon compte. [...]

DesperateRobot a écrit:
Dans les siècles à venir, les femmes se suicideront en masse et elles tueront toutes leurs filles pour qu’elles ne vivent pas ce qu’elles ont déjà vécu, si les hommes ne changent pas d’attitude, de regard et qu’ils demeurent dans leurs préjugés.

[Mode cynique]
En attendant, elles leur font payer l'addition, petites filles comme petits garçons, histoire de perpétuer la tradition...
[/Mode cynique]

Bergson est une excellente lecture ; il ne donne pas de réponses, il donne un sens, une façon d'aborder le monde, la vie. Il a parfois fait fausse route, mais considérant l'état des avancées scientifiques de son époque cela est pardonnable ; c'etait un esprit brillant et je regrette infiniment qu'il ne soit pas de nos contemporains ; à quoi bon...
Mais il ne fait pas si gris que cela en ma Normandie, un tour de bicyclette, un approvisionnement de thé dans mon échoppe préférée
( je risque la crise de manque ; plus un gramme de thé, même pas un horrible sachet industriel ; plus de chocolat non plus !). Ensuite je reviendrai répondre à DesperateRobot, à moins que je n' apperçoive son corps descendre le cours de la Seine, ce que je ne souhaite pas ; une nouvelle "Inconnue de la Seine", un visage d'ange, mais cela serait triste ! Toutefois, il semble que cela n' ait été qu' une légende.

... silence...

On ne peut pas prédire ce qui se passera dans les prochains siècles, l'homme assure sa survie et il fait tout pour. DesperateRobot tu devrais laisser les événements se dérouler et essayer d'accepter le changement puisque comme tu le dis si bien tu n'as rien à perdre qu-est ce que tu en penses ?

... silence...

Belle invention que la bicyclette, elle peut vous mener au bout du monde ; n’existe-t-il pas quelque chose de semblable pour l’esprit humain ? Pas le petit vélo que l’on a parfois dans la tête, non, celui-là est rivé au sol.

Mon petit vélo, le vrai, m’a emmené jusqu’au bout des quais de Rouen ; 392, ce n’est pas le nombre de kilomètres, c’est le numéro du bollard sur lequel je me suis assis pour contempler la Seine en aval.
Encore haut perché et dans l’axe du fleuve, le soleil s’alliant aux milliers d’ondulations de l’eau, offrait un spectacle pyrotechnique d’explosions d’argent, scintillantes et crépitantes. Et moi j’étais là, seul spectateur à cette représentation banale mais toujours renouvelée. Rien, pas âme qui vive, juste le bruissement de quelques feuilles balayées par un vent frais, et le clapotis des vaguelettes naissant avec la marée.
Les godets pendaient immobiles au dessus des monticules de sable, à presque les toucher, leurs gueules béantes au bout de leurs filins d’acier, essayant de mordre dans un effort désespéré ; si près du but !
Les sauterelles, figées elles aussi, leurs nez levés vers le ciel bleuté, comme une haie de soldats au garde à vous, attendaient bêtement le passage en revue d’un général qui ne viendra jamais.

Je me tourne vers l’amont, l’eau est plus sombre, le soleil lui donne une étrange luminosité, comme voilée, une allure irréelle, une fumée blafarde, ténue, mâtinée de ténèbres. A cet instant, un oiseau noir comme la mort passe au ras de l’eau, bientôt suivi par une vedette de la police portuaire ; mon sang ce glace, ce n’est pas possible, ce n’est tout de même pas… Non, un bateau parti de Paris ce matin de peut pas rallier Rouen si vite, avec au moins sept écluses à passer, alors un corps… Non, je me ressaisis, l’oiseau de malheur était un cormoran et la police essayait de justifier sa rémunération en faisant acte de présence.

Et puis l’heure avance, je dois rentrer pour le thé, ce serait dommage de manquer cela alors que mon sac à dos en est empli. De plus il faut que je réponde à DesperateRobot avant qu’elle ne commette l’irréparable.
Ma fidèle monture est rangée, il est pile 17h00 ; au hasard ce sera « Chine vert Lung Ching ».
Superbe : délicatesse, légèreté, un subtil parfum de foin… Mais je me laisse aller, je traîne alors qu’une vie est en danger ; je dois répondre !

Je vais répondre, je vais répondre ; maudite procrastination !
Il le faut ; avant demain, je ne dormirai pas, d’ailleurs je ne dormirai pas car j’ai, je dois l’admettre, raté le dosage de mon « Grand Yunnan ».

Je vais répondre ! Tenez bon !

J'étai assise au bord de la mer méditéranée, je venais de finir mon service au commissarait de police, j'attednais l'heure de l'apéro enfin l'eure du rhum car je tisane au rhum; j'étais à 3 grammmes, déjà, puisuque c'est bien connu les policiers s'abreuvent énormément. Je me la coulais douce attendant un éventuel coucher de soleil avant que je ne me couche sur le galets.
Soudain j'ai aperçu au détour d'une vague, un corps qui flottait, bof me dis-je t'es plus en service, tournne la tête quelqu'un d'autre le verra et appelera la police.
J'ai essayé de maintenir ma caboche de l'autre côté du cadavre, en vain, il fallait bien que je jusitifie de mes émoluments; alors j'ai pris mon téléphone et j'ai compoisé le 17.
MEs collègues sont arrivés quelques minutes après, je me suis enfuie car à 3 grammes, j'aurais fini au balllon de rouge.
Mais encore une foie, j'ai fait mon boulot, de service publique, je suis opérationnelle 24 jheures sur 24 et pour oublié que je ne suis qu'un être humain, j'imprègne mon corps d'alcool dilué ou pas et de café car le thé c'est trop cher.
Bon, j'ai due fer des fote de frappe, car j'ai pas fait d'étude moi, je soauve parfois des gens ou je les ramasse au coin des rues.
j'suis un gardine de la paix amailoriée qui a pas fait d'étude.
ex cuse Desparate mais fallé que ça sorte/

M’obnubiler ! Impossible ! Avec tout l’espace libre dans ma tête… Car je ne sais rien et je le sais ; tiens, cela me rappelle quelqu’un, mais je ne sais plus qui ; décidément je ne sais pas grand-chose. Tant mieux d’ailleurs, il existe tellement de choses à découvrir que je crois que je ferai attendre la mort, je ne veux pas mourir trop inculte, question d’honneur posthume.

Si vous étiez une mécanique, j’opterais pour une « grande sonnerie » de montre bracelet. C’est magnifique à observer, à écouter. Pour ce qui est du démontage, c’est toujours possible, mais le réassemblage est improbable ; rares sont les maîtres horlogers qui ont cette compétence ; toutefois, ils existent !
Quant à ceux, très fortunés, qui possèdent ce type de montre, ils n’ont pas la moindre idée du génie, du travail, de l’abnégation qu’il faut pour créer cela.
De plus, on ne démonte pas entièrement une telle mécanique pour rien, il suffit d’un réglage la plupart du temps, pour lui redonner ses pulsations, son timbre propre ; en respectant sa personnalité ; mais oui, ces petits assemblages de rouages calculés et taillés à la perfection n’en constituent pas moins à la fin des pièces uniques, vivantes, imprégnées par l’âme de l’homme qui a mis tant d’intelligence et d’amour dans son travail.

La place de la femme… Et la place de l’homme alors ! Une pauvre bête gonadocéphale.
Évidemment qu’il ne peut pas comprendre les femmes, avec quoi le ferait-il ?
C’est un animal, pas une machine que l’on peut reprogrammer facilement ; et quand bien même ! A la génération suivante tout est à refaire ; chassez le naturel…encore un type célèbre qui a du dire cela…
Cependant ce n’est pas une raison pour ne rien faire, à force on doit pouvoir imprimer un relatif mouvement dans le sens d’une amélioration, l’essentiel étant de maintenir une pression constante ; un ressort finit par se fatiguer au bout d’un …long moment, certes, mais il prend le pli.

Pour ce qui est de changer le monde, les gens, cela m’a valu d’être considéré comme un sale type, un prétentieux qui se croit meilleur que les autres, un asocial…
Le simple fait de pointer ce qui semble ne pas aller m’attire des foudres de toutes parts ; je suis très doué pour énerver et froisser les gens… Mais il faut bien les aiguillonner parfois, non ? L’affection que l’on me porte est inversement proportionnelle à l’ouverture de ma bouche. Non je n’ai pas une haleine de dragon ; je me lave les dents avec woolite.
Je reste persuadé que l’on peut changer le monde, mais est-ce la volonté des gens ?
Je ne dis rien des moyens (j’aimerai bien me remettre à l’écriture…), et seul c’est effectivement un travail colossal, aussi vaut-il mieux unir les esprits dans une action globale, concertée, synchronisée… On peut le faire péter se p…. de monde de m…. Avec la force des mots, bien sûr !


Voilà, j’ai répondu, j’espère que vous avez procrastiné pour votre saut (la Seine est peu profonde, mais elle est traîtresse par endroits, vaseuse, froide, et à cause des crues elle charrie sournoisement de vilains débris. Le pont des Invalides est le moins haut ; je dis cela pour le vertige…).

... silence...

... silence...

Je te souhaite bon courage. Qui sait peut-être qu'un peu d'amour venant de ma part pourrait te faire déplacer une petite colline  

... silence...

Paris, le Pont Neuf, Turner, le tout en jaune soleil j'apprécie. Je ne connaissais pas la réunion des ces trois là. (quelques jours plus tard..., je sais)
Bonne journée.

Par un curieux hasard, compte tenu de l'orientation de mon écran, ce tournesol regarde le soleil.  

Sic mea fata canendo solor
Ut nece proxima facit olor
Blandus eret meo corde dolor
Roseus effugit ore color
Cura crescente
Merore vigente
Vigore labente
Miser morior
Tam male pectora multat amor
A morior, a morior, a morior !
Dum quod amem cogor et non amor !

Felicitate jovem supero,
Si me dignetur quam desidero,
Si sua labra semel novero;
Una cum illa si dormiero,
Mortem subire,
Placenter obire
Vitamque finire
Statim potero,
Tanta si gaudia non rupero,
A potero, a potero, a potero !
Prima si gaudia concepero !

Ubera cum animadverterem,
Optavi manus ut involverem,
Simplicibus mammis ut alluderem.
Sic cogitando traxi Venerem;
Sedit in ore
Rosa cum pudore,
Pulsatus amore
Quo dos lamberem,
A lamberem, a lamberem, a lamberem !
Luxuriando per caracterem !




Ainsi en chantant j’adoucis mon sort,
Comme le cygne à l’approche de la mort.
Une douleur douce occupe mon cœur,
Mon teint a perdu sa fraîche couleur.
Mon souci s’accroît,
La tristesse est en moi,
Ma vigueur décroît,
J’en meurs de malheur !
L’amour fou me punit si sévèrement !
Ah j’en meurs, j’en meurs, j’en meurs,
Etant forcé d’aimer sans être aimé !

Je serai vraiment plus heureux qu’un dieu
Si veut bien m’aimer celle que je veux :
Connaître ses lèvres une seule fois,
Ensemble avec elle une fois dormir,
Je pourrai alors
Endurer la mort,
Terminer ma vie,
Mourir de plaisir,
Si je ne romps pas une telle joie.
Ah je le pourrai, ah je le pourrai, ah je le pourrai,
Si pareil bonheur m’est donné !

Sa poitrine, quand j’y pensais,
Y mettre les mains, j’aurais tant voulu,
Pour jouer à loisir avec ses seins nus.
En songeant ainsi, j’ai senti le désir.
La rose avec la pudeur
Se tient sur sa bouche,
Poussé par l’amour
A boire sa bouche,
Ah je la boirai, ah je la boirai, ah je la boirai,
En faisant l’amour comme en effigie !




Hilaire d’Orléans

... silence...

Esquisse n°1
Les yeux tristes

Ses yeux tristes. Implorants. Tête à demi-penchée. [...]

Mangeant la glace qu’elle avait finalement acceptée, la petite fille continua de déambuler parmi les stands de la fête foraine. Elle s’arrêta devant une table, juste une table sur laquelle reposait un bocal vide, un bocal à poisson.
Alors qu’elle fixait cette bulle de verre totalement vide, un marchand lui expliqua : « C’est un poisson fantôme que tu regardes là. »
Puis continuant : « Tu as l’air triste, comme ce pauvre poisson que personne ne voit, qui tourne dans son bocal, ne voyant que sa propre image, et croyant se déplacer dans un univers infini . »
« Qu’importe, être triste c’est toujours vivre », continua-t-il.
« Tu peux le toucher si tu le souhaites. Passe ta main dans le bocal, tu verras... », dit-il à la fillette.
Tenant toujours son cornet de glace, lapin serré sous le bras, la petite avança sa main libre, et, timidement, la passa par l’ouverture du ballon de verre. Entre ses doigts entrouverts apparu un petit poisson écarlate.
« Ne le lâche pas, petite ! », dit le marchand à la fillette étonnée, ses grands yeux délavés fixant le poisson qu’elle tenait à présent dans sa paume.
« Mais il n’a pas d’eau ! », s’exclama-t-elle affolée.
« En effet, il faut faire quelque chose… », répondit-il calmement, le regard tourné vers l’azur du ciel.
« Sors le, tends ton bras bien haut et ouvre ta main », lui dit-il.
La petite s’exécuta et à l’instant où ses doigts s’ouvrirent, l’écarlate devint émeraude, un superbe oiseau s’envola aussitôt de sa paume tremblante pour rejoindre le firmament et découvrir le monde immense, à la rencontre de ses congénères.
« C’est un sacré farceur ce marchand de glace !
C’est une glace magique qu’il t’a donnée.
Tu vois de quoi tu es capable maintenant que tu as goûté ce cornet ?
La magie est en toi », dit-il à la petite qui regardait l’oiseau voler de plus en plus haut, de plus en plus loin, avide goûter sa nouvelle liberté.
« Et toi, en quoi te transformeras-tu quand tu sera grande ? », finit-il.
La fillette se retourna, surprise par cette question, mais le marchand avait disparu.

... silence...

Esquisse n°2
Jeux

Deux bras horizontaux de part et d’autre du corps dans l’enfilade des épaules. Elle joue à être une mouette. Glissade dans l’espace. Essai de décollage sur une ligne imaginaire. Elle court. Plus vite, plus vite ! [...]

que de profondeur dans ce texte, que d'émotions.
suspendre sa vie a un hypothétique envol.

lorsque je lisais j'ai immédiatement penser à


magnifique film d'Alan Parker (1984)

et puis comment ne pas penser à Jonathan le goéland.

Quand je prendrais mon envol pour mes contrées lointaines
je pourrais enfin être comme dans Thelma et Louise
....

Loin de là, mais sous le même ciel d’orage, un petit garçon s’apprête à partir de sa maison, à l’aventure, par-delà les océans, avec dans son sac à dos, des bouts de pain dur oubliés au fond de la huche, du chocolat cassé, quelques allumettes et une vieille bougie.

Il n’a pas de regrets, et personne ne le regrettera, les gamins de son âge disent qu’il est fou, ses parents que c’est un sauvage, qu’il est à moitié taré, pas normal.

Il n’a rien à perdre, puisque personne ne l’aime. Non, rien, pas seulement l’ombre d’un souvenir d’affection parentale. C’est juste dommage pour la chienne, elle est adorable, et elle, elle aime tout le monde.

La pluie commence à tomber ; tant mieux, cela effacera les traces, et les chiens policiers ne pourront pas le suivre, car il faudra bien que l’on s’aperçoive qu’il n’est plus là, …l’autre.

En route vers l’inconnu ! Il est presque heureux, passé de la tristesse à la neutralité. A l’espoir ?
Une fois, à l’école, on lui a demandé s’il n’était pas battu, si ses parents étaient gentils ; battu, pas vraiment, mais gentils…
C’est vrai ça, plus d’école ! Terminé les récréations passées à copier des lignes à cause d’une affreuse écriture de gaucher faite de la main droite ! Les enfants n’auraient pas joué avec lui, mais il aurait pu rester assis au fond de la cour, à les regarder, à rêver d’être normal.

Le ciel est noir, personne n’est dehors par ce temps, c’est l’idéal pour partir, personne ne le remarque, il marche, sa petite tête pleine de rêves et de questions pratiques : chercher un abri pour la nuit, il faudra pouvoir embarquer sur un navire, oui mais avant il faut arriver jusqu’aux quais, trouver de quoi subsister… Qu’importe, il marche, seul, comme toujours.

Le chemin a été long, parsemé d’aventures diverses, d’embûches, mais le petit garçon a marché, sans s’arrêter, sans voir les années, avec l’abnégation que la solitude et le rejet finissent par forger, mais voyant toujours le monde avec son regard d’enfant émerveillé de tout, des choses simples, de la beauté de la vie.

Aujourd’hui, il marche encore, seul, toujours, peut-être que lors de son périple il croisera des enfants qui comme lui ont traversé le temps, inchangés.

Tout commence par un après-midi d’orage.

... silence...

dans la même veine, dans quel groupe ?

Esquisse n°3
Evasion

Chaque nuit, elle se poste derrière sa fenêtre. En face, d’autres immeubles, vastes rectangles clairs contenant d’autres rectangles plus petits saturés de lumière où luit parfois l'écran bleuté d’un poste de télévision. [...]

... silence...

yes, mais je fais plutôt dans le haut négatif ....