Qu'est-ce que je viens f... ici?
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Qu'est-ce que je viens f... ici?
Après coup, je m'aperçois que lors de ma première présentation il manquait quelque chose d'essentiel. Je m'étonne que parmi tous ces zèbres et autres animaux de foire, personne ne l'ait remarqué. Ou alors n'a rien dit par délicatesse. Qu'est-ce que je viens foutre ici?
Je frimais à mort et les yeux fermés, le coeur battant, j'ai plongé les quatre fers en avant. Je ne m'étais pas trop posé la question.
Par après, j'ai vaguement bafouillé "envie ou besoin de reconnaissance".
C'était plutôt nébuleux. Mais avec mes nouvelles lunettes "spéciales licornes" (j'en ai changé depuis une semaine), je commence à y voir un peu plus clair. En fait, c'est de fréquenter depuis une éternité (quarante-quatre jours!) (une petite partie de) ce forum qui m’éclaircit la vue petit à petit.
La première chose que j'ai rencontré, c'est la chaleur animale. Quand on a vécu presque toute sa chienne de vie dans une solitude glaciale, putain! qu'est-ce ça réchauffe! Je l'ignorais, mais c'est pour ça que je suis venu.
L'animal une fois réchauffé, il a faim. Et soif. De vérité et de justice . En attendant, il n’y a qu’à se baisser. Discussions philosophiques, psychologiques, mathématiques, sociologiques et même théologiques. Aussi plaisanteries joyeuses et humour cynique, calembours et jeux de mots plus ou moins vaseux. Une fois l’animal repu, dans mon pays d’origine, les hommes font un petit somme (et les femmes la vaisselle), prennent une petite douche froide et un petit café serré. Après, les chançards partent pour une deuxième journée de travail. Les autres se retrouvent sur le pas de la porte ou dans les bars (équivalent local des « cafés » et des « pubs») à s’offrir mutuellement des petits cafés serrés et refaire le monde. Moi, après ma crise d’adolescence tardive (15-17 ans, grosse déprime, suicide joué à pile ou face, le monde n’était pas bon et je ne pouvais rien y changer), refaire le monde, j’avais déjà donné. Je n’en avais plus le loisir, mon père malade, huit bouches à nourrir, mon bel et inutile diplôme de technicien chimiste en poche, me voilà parti en usine dans le petit royaume d’à côté.
Chapitre 2. (Déjà publié chez deux amies)
A l'époque lointaine où je travaillais en usine, c'est 48 heures/semaine qu'on se tapait (donc, samedi inclus). C'était une petite boîte où on exploitait des jeunes de 17 à 20 ans pour la plupart et d'une dizaine de nationalités différentes sur une cinquantaine de personnes au total (ça se passait dans les années 1966-1969 à Liège, Belgique). Fraîchement débarqué de ma Sicile inhospitalière, j'étais heureux au départ de me faire exploiter. Puis de moins en moins. Pour finir, j'ai monté avec 2-3 autres une cellule syndicale clandestine et ayant "mobilisé" presque tous les autres, avec quelques heures de grève, nous avons obtenu la reconnaissance d'une délégation et des améliorations (quelques francs belges et le droit aux douches pour tous, par exemple). Le règlement bureaucratique du syndicat ne me permettant pas d'être délégué et donc légalement protégé, en butte aux menues mesquines persécutions des kapos, le patron n'osant pourtant pas me licencier par crainte d'une grève, ne me sentant plus très utile puisqu'il y avait un délégué élu et en descente déprime (contrecoup des efforts déployés les mois précédents et déception parce que bureaucratie, voir plus haut), j'ai négocié un licenciement soft qui me permettrait de ne pas perdre le droit aux alloc' chômage. Exit "l'agitateur", tout allait redevenir comme avant, croyaient-"ils". Mais "ces gens-là" ne comprendront jamais que ce ne sont pas les individus qui font les mouvements, mais les groupes. Si j'ai joué un rôle de leader, c'est que les vaguelettes en provenance de la grande onde de choc de Mai '68 étaient parvenues jusqu'aux petites usines perdues dans la banlieue liégeoise et que j'ai cristallisé une révolte diffuse, grâce notamment à ma disponibilité du moment et à ma qualité "d'intello" de la bande. Contre "leur" attente, le délégué élu a pris du poil de la bête et le mouvement de revendications s'est poursuivi. C'était pas la révolution et on a attendu vainement les media.
Je frimais à mort et les yeux fermés, le coeur battant, j'ai plongé les quatre fers en avant. Je ne m'étais pas trop posé la question.
Par après, j'ai vaguement bafouillé "envie ou besoin de reconnaissance".
C'était plutôt nébuleux. Mais avec mes nouvelles lunettes "spéciales licornes" (j'en ai changé depuis une semaine), je commence à y voir un peu plus clair. En fait, c'est de fréquenter depuis une éternité (quarante-quatre jours!) (une petite partie de) ce forum qui m’éclaircit la vue petit à petit.
La première chose que j'ai rencontré, c'est la chaleur animale. Quand on a vécu presque toute sa chienne de vie dans une solitude glaciale, putain! qu'est-ce ça réchauffe! Je l'ignorais, mais c'est pour ça que je suis venu.
L'animal une fois réchauffé, il a faim. Et soif. De vérité et de justice . En attendant, il n’y a qu’à se baisser. Discussions philosophiques, psychologiques, mathématiques, sociologiques et même théologiques. Aussi plaisanteries joyeuses et humour cynique, calembours et jeux de mots plus ou moins vaseux. Une fois l’animal repu, dans mon pays d’origine, les hommes font un petit somme (et les femmes la vaisselle), prennent une petite douche froide et un petit café serré. Après, les chançards partent pour une deuxième journée de travail. Les autres se retrouvent sur le pas de la porte ou dans les bars (équivalent local des « cafés » et des « pubs») à s’offrir mutuellement des petits cafés serrés et refaire le monde. Moi, après ma crise d’adolescence tardive (15-17 ans, grosse déprime, suicide joué à pile ou face, le monde n’était pas bon et je ne pouvais rien y changer), refaire le monde, j’avais déjà donné. Je n’en avais plus le loisir, mon père malade, huit bouches à nourrir, mon bel et inutile diplôme de technicien chimiste en poche, me voilà parti en usine dans le petit royaume d’à côté.
Chapitre 2. (Déjà publié chez deux amies)
A l'époque lointaine où je travaillais en usine, c'est 48 heures/semaine qu'on se tapait (donc, samedi inclus). C'était une petite boîte où on exploitait des jeunes de 17 à 20 ans pour la plupart et d'une dizaine de nationalités différentes sur une cinquantaine de personnes au total (ça se passait dans les années 1966-1969 à Liège, Belgique). Fraîchement débarqué de ma Sicile inhospitalière, j'étais heureux au départ de me faire exploiter. Puis de moins en moins. Pour finir, j'ai monté avec 2-3 autres une cellule syndicale clandestine et ayant "mobilisé" presque tous les autres, avec quelques heures de grève, nous avons obtenu la reconnaissance d'une délégation et des améliorations (quelques francs belges et le droit aux douches pour tous, par exemple). Le règlement bureaucratique du syndicat ne me permettant pas d'être délégué et donc légalement protégé, en butte aux menues mesquines persécutions des kapos, le patron n'osant pourtant pas me licencier par crainte d'une grève, ne me sentant plus très utile puisqu'il y avait un délégué élu et en descente déprime (contrecoup des efforts déployés les mois précédents et déception parce que bureaucratie, voir plus haut), j'ai négocié un licenciement soft qui me permettrait de ne pas perdre le droit aux alloc' chômage. Exit "l'agitateur", tout allait redevenir comme avant, croyaient-"ils". Mais "ces gens-là" ne comprendront jamais que ce ne sont pas les individus qui font les mouvements, mais les groupes. Si j'ai joué un rôle de leader, c'est que les vaguelettes en provenance de la grande onde de choc de Mai '68 étaient parvenues jusqu'aux petites usines perdues dans la banlieue liégeoise et que j'ai cristallisé une révolte diffuse, grâce notamment à ma disponibilité du moment et à ma qualité "d'intello" de la bande. Contre "leur" attente, le délégué élu a pris du poil de la bête et le mouvement de revendications s'est poursuivi. C'était pas la révolution et on a attendu vainement les media.
Dernière édition par licorne à zébrures le Jeu 29 Aoû 2013 - 16:14, édité 9 fois (Raison : suite)
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Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Pourquoi tu ne viendrais pas foutre ici, d'abord ?
Ainaelin- Messages : 4287
Date d'inscription : 07/04/2013
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Où, là? Y a-t-il des fontaines de miel et 77 zebrelles vierges?Ainaelin a écrit:Pourquoi tu ne viendrais pas foutre ici, d'abord ?
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Cher ami,licorne à zébrures a écrit:Après coup, je m'aperçois que lors de ma première présentation il manquait quelque chose d'essentiel. Je m'étonne que parmi tous ces zèbres et autres animaux de foire, personne ne l'ait remarqué. Ou alors n'a rien dit par délicatesse. Qu'est-ce que je viens foutre ici?
Je frimais à mort et les yeux fermés, le coeur battant, j'ai plongé les quatre fers en avant. Je ne m'étais pas trop posé la question.
Par après, j'ai vaguement bafouillé "envie ou besoin de reconnaissance".
C'était plutôt nébuleux. Mais avec mes nouvelles lunettes "spéciales licornes" (j'en ai changé depuis une semaine), je commence à y voir un peu plus clair. En fait, c'est de fréquenter depuis une éternité (quarante-et-un jour!) (une petite partie de) ce forum qui m’éclaircit la vue petit à petit.
La première chose qui m'est apparue, c'est la chaleur animale. Quand on a vécu presque tout sa putain de vie dans une solitude glaciale, merde! qu'est-ce ça réchauffe! Je le savais sans le savoir, c'est pour ça que je suis venu.
L'animal une fois réchauffé, il a faim.
Tu es juste venu nous chatouiller de ta poésie...
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Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
pour le miel, j'en suis sure, pour les vierges beaucoup moins... mais tu peux toujours verifier, qui ne risque rien n'a rien.licorne à zébrures a écrit:Où, là? Y a-t-il des fontaines de miel et 77 zebrelles vierges?Ainaelin a écrit:Pourquoi tu ne viendrais pas foutre ici, d'abord ?
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Gare à toi, Asperge. Ne dit-on pas "toute flatteuse ... attend d'être flattée en retour!"ASPERGE a écrit:
Cher ami,
Tu es juste venu nous chatouiller de ta poésie...
Déjà une fois tu as essayé de me mener en bateau ...
"Salut à toi ! Je me demande si le navire ira assez vite pour toi !!"
Après quoi, tu as voulu m'entraîner à la patinoire :
"Tu ne patines pas dans les émotions ?"
Peut-être suis-je venu vous chatouiller etc. (quoique).
Toi, chère amie, c'est ta farouche détermination qui m'impressionne.
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Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Tu sais, en fait, les zebrelles vierges ou pas, je frime. Je fais plus que les mater (ah! les femen!)Encre Sombre a écrit:pour le miel, j'en suis sure, pour les vierges beaucoup moins... mais tu peux toujours verifier, qui ne risque rien n'a rien.licorne à zébrures a écrit:Où, là? Y a-t-il des fontaines de miel et 77 zebrelles vierges?Ainaelin a écrit:Pourquoi tu ne viendrais pas foutre ici, d'abord ?
Salut à toi, Encre Sombre et Idées Claires
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Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Les licornes dans le temps ça se faisait caresser et attraper par des jeunes demoiselles vierges, ouep... logiquement, si on ajoute des rayures et à la licorne et à la jeune vierge, ça doit pouvoir se faire (bon je dis ça mais je suis du signe de la balance, et j'ai pas de zébrelles vierges à te livrer, che peccato )
Zwischending- Messages : 889
Date d'inscription : 27/05/2013
Localisation : île de France
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Che peccato! Davvero. Ma neanche una magari mezza vergine, non l'avresti? (pour les anglo-américains, largement majoritaires sur ce forum, trad. sur dem.)zwizwi a écrit:Les licornes dans le temps ça se faisait caresser et attraper par des jeunes demoiselles vierges, ouep... logiquement, si on ajoute des rayures et à la licorne et à la jeune vierge, ça doit pouvoir se faire (bon je dis ça mais je suis du signe de la balance, et j'ai pas de zébrelles vierges à te livrer, che peccato )
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Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Ti propongo una mezza melanzana fritta in olio vergine di olive, che ne pensi ? - non era tu che cercavi una friterie ?
Zwischending- Messages : 889
Date d'inscription : 27/05/2013
Localisation : île de France
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Le melanzane fritte in olio d'oliva le ho mangiate oggi (con salsa basilico e parmigiano, si chiamano melanzane alla parmigiana). La friggitoria, era uno scherzo per risollevare il morale di NelseM. Ma tu di che ti impicci?zwizwi a écrit:Ti propongo una mezza melanzana fritta in olio vergine di olive, che ne pensi ? - non eri tu che cercavi una friterie ?
(pour les anglo-américains, largement majoritaires sur ce forum, trad. sur dem.)
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
ahah, non conoscevo questa locuzione boh, è solo che mi piacciono molto le patatine fritte, specialmente quando sono belghe... nothing more
(è molto gradevole scrivere in italiano, non ho molte occasioni di farlo, ma forse sarebbe meglio privatamente)
(è molto gradevole scrivere in italiano, non ho molte occasioni di farlo, ma forse sarebbe meglio privatamente)
Zwischending- Messages : 889
Date d'inscription : 27/05/2013
Localisation : île de France
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Résumé des chapitres précédents. Naissance, enfance, adolescence, débarquement dans une petite usine du royaume d'à côté, révolution dans un bocal sans les media.
Question : Qu'est-ce que je viens foutre ici?
Je ne suis pas Belge, ni Français, encore moins Suisse Vaudois ou Québecois. Le français n'est pas ma langue maternelle. Je construis laborieusement mes phrase à l'aide de mon Petit Robert et de ma Bescherelle.
Après quelques mois de chômage-déprime, en attendant les réponses à mes inscriptions dans plusieurs grosses boîtes, engagé chez un "marchand de sueur", c'est comme ça qu'on les appelait à l'époque, aujourd'hui, ce sont de respectables sociétés d'intérim, genre Manpower. Qui m'envoie dans une usine à moitié en ruines, on récupère ce qu'on peut, la nouvelle fonctionne déjà quelques kilomètres plus loin. Les intérimaires sont affectés dans des coins isolés à manipuler des boues contenant des résidus de zinc, de plomb et d'arsenic ou à respirer les vapeurs d'anhydride sulfureux (dioxyde de soufre SO2) sur la tour qui produit encore vaille que vaille de l'acide sulfurique. Vidé après une petite discussion avec le contremaître (il affirmait que c'était bon pour les poumons) et surtout avec l'ingénieur chimiste (!) qui a osé continuer à me regarder en face après avoir soutenu qu'il n'y avait aucun danger. Pour la petite histoire, agitateur professionnel, il a fallu que j'agite. La nuit du Nouvel An, par moins quinze, une énorme cuve de bichromate de potassium, pour qu'il ne gèle pas. J'oubliais : à l’extérieur, bien sûr.
Encore quelques semaines de chômage-déprime, puis le miracle. Grâce à ma bonne forme physique et ma très bonne vue (c'étaient les critères) j'entre au paradis terrestre des ouvriers: Cockerill! Le rêve de tout ouvrier liégeois. Aujourd’hui ça s’appelle Arcelor-Mittal et c'est devenu un cauchemar.
Je ne cache rien, seulement, derrière la bio officielle, j’ai des vies parallèles comme nous tous. D’abord, ma maniaco-dépression. Ce n’est pas une tare, je sais. Il paraît que c’est même une bénédiction pour certains artistes (entre deux déprimes). Auto diagnostiqué cyclothyme à quinze ans, grosses déprimes, je n’en sortais qu’en fin d’année scolaire juste pour montrer à tous que le plus intelligent, c’était encore moi. Je n’ai pas été premier qu’une fois, à cause de la prof’ de physique à qui je montrais qu’elle se trompait, en quoi et comment. Comme tous les nuls, elle était susceptible. Elle a failli avoir ma peau. Ma première grosse crise maniaque je l’ai faite à dix-huit ans. En fin d’études, on avait une première session d’examens avec nos profs. Un mois après, c’était les examens d’Etat, avec un jury extérieur. Mon objectif, c’était de réussir avec le maximum, pour avoir une chance de postuler en ordre utile pour une place. J’ai réussi les premiers les deux doigts dans le nez et les mains derrière le dos. Mais un mois, trente longs jours à se demander comment seront les profs « étrangers », à revoir et re-revoir les matières d’examen, avec des nuits d’insomnie. Bref, j’ai pété les plombs et grimpé aux murs. J’ai constaté que parfois dans la vie quelqu’un vous tend une main secourable. Ce fut mon prof’ de littérature de l’année précédente. Nous avions sympathisé parce que j’étais capable de réciter des chants de la Divine Comédie (on étudiait les grands classiques de la littérature, en technique, ça existe encore ?). Il m’a reçu plusieurs fois chez lui (même une fois un dimanche à sept heures) et a réussi à me calmer un peu. Je suis quand-même arrivé aux fameux examens comme un zombie qui aurait des attaques d’épilepsie. Grâce à ma légendaire intelligence et à mon non moins légendaire self control, tout se passait assez bien. Mais il a fallu que je tombe sur la sosie de la prof’ de physique. Examen de technologie chimique industrielle. Comme d’habitude, j’étais allé fouiner dans les bibliothèques et j’en savais presque autant que le prof’. A l’examen « interne » j’avais eu la plus haute note. Elle commence à me poser des questions élémentaires. Je souris. Pourquoi tu ris ? Réponds. Mais c’est trop facile, Madame. Posez-moi de vraies questions. Réponds d’abord à celles-là. Cercle vicieux. Heureusement mon prof’ intervient et tempère. De toute façon ça se passe mal, nous étions tous deux de plus en plus hystériques, elle et moi. Grâce à mon prof’ j’ai quand-même eu l’indispensable 6/10.
Je m’étais cassé le cul et la santé pour l’avoir ce fameux diplôme et avec une moyenne plus qu’honorable (mais premier ex aequo, la honte !). Mais de place, point. Un seul a trouvé une place assez rapidement, avec un piston. Parmi les autres, ceux qui pouvaient se le permettre sont entrés à l’Univ’, certains ont pris n’importe quel job, genre représentant de commerce, d’autres se sont enfoncés dans un farniente qui n’avait rien de dolce et d’autres se sont expatriés jusqu’en Australie. Comme aujourd’hui, toute une génération perdue.
Question : Qu'est-ce que je viens foutre ici?
Je ne suis pas Belge, ni Français, encore moins Suisse Vaudois ou Québecois. Le français n'est pas ma langue maternelle. Je construis laborieusement mes phrase à l'aide de mon Petit Robert et de ma Bescherelle.
Après quelques mois de chômage-déprime, en attendant les réponses à mes inscriptions dans plusieurs grosses boîtes, engagé chez un "marchand de sueur", c'est comme ça qu'on les appelait à l'époque, aujourd'hui, ce sont de respectables sociétés d'intérim, genre Manpower. Qui m'envoie dans une usine à moitié en ruines, on récupère ce qu'on peut, la nouvelle fonctionne déjà quelques kilomètres plus loin. Les intérimaires sont affectés dans des coins isolés à manipuler des boues contenant des résidus de zinc, de plomb et d'arsenic ou à respirer les vapeurs d'anhydride sulfureux (dioxyde de soufre SO2) sur la tour qui produit encore vaille que vaille de l'acide sulfurique. Vidé après une petite discussion avec le contremaître (il affirmait que c'était bon pour les poumons) et surtout avec l'ingénieur chimiste (!) qui a osé continuer à me regarder en face après avoir soutenu qu'il n'y avait aucun danger. Pour la petite histoire, agitateur professionnel, il a fallu que j'agite. La nuit du Nouvel An, par moins quinze, une énorme cuve de bichromate de potassium, pour qu'il ne gèle pas. J'oubliais : à l’extérieur, bien sûr.
Encore quelques semaines de chômage-déprime, puis le miracle. Grâce à ma bonne forme physique et ma très bonne vue (c'étaient les critères) j'entre au paradis terrestre des ouvriers: Cockerill! Le rêve de tout ouvrier liégeois. Aujourd’hui ça s’appelle Arcelor-Mittal et c'est devenu un cauchemar.
Je ne cache rien, seulement, derrière la bio officielle, j’ai des vies parallèles comme nous tous. D’abord, ma maniaco-dépression. Ce n’est pas une tare, je sais. Il paraît que c’est même une bénédiction pour certains artistes (entre deux déprimes). Auto diagnostiqué cyclothyme à quinze ans, grosses déprimes, je n’en sortais qu’en fin d’année scolaire juste pour montrer à tous que le plus intelligent, c’était encore moi. Je n’ai pas été premier qu’une fois, à cause de la prof’ de physique à qui je montrais qu’elle se trompait, en quoi et comment. Comme tous les nuls, elle était susceptible. Elle a failli avoir ma peau. Ma première grosse crise maniaque je l’ai faite à dix-huit ans. En fin d’études, on avait une première session d’examens avec nos profs. Un mois après, c’était les examens d’Etat, avec un jury extérieur. Mon objectif, c’était de réussir avec le maximum, pour avoir une chance de postuler en ordre utile pour une place. J’ai réussi les premiers les deux doigts dans le nez et les mains derrière le dos. Mais un mois, trente longs jours à se demander comment seront les profs « étrangers », à revoir et re-revoir les matières d’examen, avec des nuits d’insomnie. Bref, j’ai pété les plombs et grimpé aux murs. J’ai constaté que parfois dans la vie quelqu’un vous tend une main secourable. Ce fut mon prof’ de littérature de l’année précédente. Nous avions sympathisé parce que j’étais capable de réciter des chants de la Divine Comédie (on étudiait les grands classiques de la littérature, en technique, ça existe encore ?). Il m’a reçu plusieurs fois chez lui (même une fois un dimanche à sept heures) et a réussi à me calmer un peu. Je suis quand-même arrivé aux fameux examens comme un zombie qui aurait des attaques d’épilepsie. Grâce à ma légendaire intelligence et à mon non moins légendaire self control, tout se passait assez bien. Mais il a fallu que je tombe sur la sosie de la prof’ de physique. Examen de technologie chimique industrielle. Comme d’habitude, j’étais allé fouiner dans les bibliothèques et j’en savais presque autant que le prof’. A l’examen « interne » j’avais eu la plus haute note. Elle commence à me poser des questions élémentaires. Je souris. Pourquoi tu ris ? Réponds. Mais c’est trop facile, Madame. Posez-moi de vraies questions. Réponds d’abord à celles-là. Cercle vicieux. Heureusement mon prof’ intervient et tempère. De toute façon ça se passe mal, nous étions tous deux de plus en plus hystériques, elle et moi. Grâce à mon prof’ j’ai quand-même eu l’indispensable 6/10.
Je m’étais cassé le cul et la santé pour l’avoir ce fameux diplôme et avec une moyenne plus qu’honorable (mais premier ex aequo, la honte !). Mais de place, point. Un seul a trouvé une place assez rapidement, avec un piston. Parmi les autres, ceux qui pouvaient se le permettre sont entrés à l’Univ’, certains ont pris n’importe quel job, genre représentant de commerce, d’autres se sont enfoncés dans un farniente qui n’avait rien de dolce et d’autres se sont expatriés jusqu’en Australie. Comme aujourd’hui, toute une génération perdue.
Dernière édition par licorne à zébrures le Ven 30 Aoû 2013 - 11:11, édité 2 fois
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Ouf! Enfin quelqu'un qui me lit. Merci Asperge! Tu es unASPERGE a écrit:J'aime bien ta petite histoire.
Je ne suis pas obligé de me lire et relire moi-même.
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Le paradis sur terre des ouvriers. Cockerill. C’est à peine s’ils n’avaient pas des cuvettes de chiottes en or. Ils avaient bien sûr les plus hauts salaires de la région, toutes sortes d’avantages mais les cadences infernales n’étaient pas pour eux. Fallait voir avec quelle nonchalance ils se déplaçaient d’un atelier à l’autre. Je ne remarque plus ça que chez les ouvriers communaux des grosses communes. Faut dire qu’ils étaient environ vingt-cinq mille dans le bassin liégeois. Cockerill inondait le monde entier de ses produits en acier. Mais quand un délégué syndical bougeait le petit doigt, les patrons en attrapaient des torticolis. J’étais machiniste de pont roulant, d’où la nécessité d’une très bonne vue. Restant dans ma cabine, parfois à dix ou quinze mètres du sol, sur demande, je devais aller chercher des pièces en manipulant un crochet (comme une grue) pour les déposer ailleurs. Cool. Je n’ai jamais autant dormi ni autant lu de livres. Au point que comme j’avais toujours une réaction de retard, pour m’appeler on criait : « Vitesse ! ». Humour ouvrier.
Ma troisième parallèle. Ressac de Mai ’68 également, des intellectuels (des vrais, pas comme moi) avaient fait leur apparition dans les usines. Le mythe de la pureté révolutionnaire des ouvriers vierges de toute contamination capitaliste et à la rencontre desquels il fallait aller. C’est ainsi que dans la petite boîte (voir plus haut) avaient débarqué deux instits et un étudiant universitaire. Les deux instits étaient partis assez tôt, dépités. La révolution n'était pas assez rapide pour eux. L’universitaire (un Portugais pour la petite histoire chère à Asperge), m'a secondé jusqu'au bout. Après le bout, les deux instits m'ont recontacté pour créer ensemble un mouvement qui allait faire la révolution en Belgique, en Europe et dans le monde. Nous étions cinq.
Ma troisième parallèle. Ressac de Mai ’68 également, des intellectuels (des vrais, pas comme moi) avaient fait leur apparition dans les usines. Le mythe de la pureté révolutionnaire des ouvriers vierges de toute contamination capitaliste et à la rencontre desquels il fallait aller. C’est ainsi que dans la petite boîte (voir plus haut) avaient débarqué deux instits et un étudiant universitaire. Les deux instits étaient partis assez tôt, dépités. La révolution n'était pas assez rapide pour eux. L’universitaire (un Portugais pour la petite histoire chère à Asperge), m'a secondé jusqu'au bout. Après le bout, les deux instits m'ont recontacté pour créer ensemble un mouvement qui allait faire la révolution en Belgique, en Europe et dans le monde. Nous étions cinq.
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Ah, petit malin, tu adoptes le format feuilleton, pour mieux nous tenir en haleine !
une bise en attendant !
une bise en attendant !
Zwischending- Messages : 889
Date d'inscription : 27/05/2013
Localisation : île de France
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
SHIT! (c'est drôle, ça fait chic, et si on dit "merde!", ça fait choc), shit, donc, me v'là démasqué!zwizwi a écrit:Ah, petit malin, tu adoptes le format feuilleton, pour mieux nous tenir en haleine !
une bise en attendant !
Gare! Achtung! Attenti! Il y a peut-être un écureuil rital qui rôde.zwizwi a écrit:une bise en attendant !
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Chère licorne sicilienne au regard de braise, moi aussi j'attends la suite. Ce n'est pas souvent qu'on nous raconte des histoires du monde ouvrier. J'aime beaucoup le passage (entre autres, j'aime tous les passages) où les intellectuels débarquent à la rencontre des ouvriers. J'ai retrouvé ça dans le film d'Olivier Assayas, "Après mai". Toute cette agitation intellectuelle, ces interrogations, les débats, les gauchos contre les fachos. J'étais petite, mais je me souviens un peu de cette ambiance qui a duré jusqu'au début des années 80. On a oublié tout ça, après.
Il y a un bouquin de Chritian Corouge et Michel Pialoux, "Résister à la chaîne", ça me donne envie d'y plonger.
Il y a un bouquin de Chritian Corouge et Michel Pialoux, "Résister à la chaîne", ça me donne envie d'y plonger.
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Merci, Bécassine Impériale! (en fait, tu démens l'image courante de ce joli volatile).
Je passe aux aveux. C'est ma mère qui aurait pu se promener dans les rue de Tunis sans être reconnue (et d'ailleurs elle l'a fait, ma soeur ainée et détestée vit là-bas). Quant à mon père, un sien cousin s'amusait à dire qu'ils descendaient des Normands. Pour moi, ils ont fait un mix et mes yeux sont de braise mais verts.
Qu'on apprécie, ça me fait vraiment plaisir (c'était le but). Juste que ce n'est pas "des histoires" ou "une petite" histoire". C'est ma vie.
Je passe aux aveux. C'est ma mère qui aurait pu se promener dans les rue de Tunis sans être reconnue (et d'ailleurs elle l'a fait, ma soeur ainée et détestée vit là-bas). Quant à mon père, un sien cousin s'amusait à dire qu'ils descendaient des Normands. Pour moi, ils ont fait un mix et mes yeux sont de braise mais verts.
Qu'on apprécie, ça me fait vraiment plaisir (c'était le but). Juste que ce n'est pas "des histoires" ou "une petite" histoire". C'est ma vie.
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Sympa ce 2ème opus , (je passe au large') https://www.youtube.com/watch?v=onwhhn85tR4&feature=player_detailpage
Chaleur et F..... l'odeur de l'écurie !!
Chaleur et F..... l'odeur de l'écurie !!
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Sorry, Crapaud (je vais finir par ne plus te détester ). Je crois t'avoir déjà signalé que mon matos est presque aussi vieux âgé que moi et j'espère que nous irons ensemble jusqu'au bout (amen). Donc, j'ai pas la télé ni la radio. (et je m'en f...)
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
C'est gentil à toi. Je démens, jusqu'à la démence.licorne à zébrures a écrit:Merci, Bécassine Impériale! (en fait, tu démens l'image courante de ce joli volatile).
Oui. Je reformule : j'aime lire l'histoire de ta vie, qui nous parle de toi. J'exprime ça peut-être très mal.Juste que ce n'est pas "des histoires" ou "une petite" histoire". C'est ma vie.
Sensibilité à la mémoire, à ce que sont les vies de chacun dans le monde tel qu'il est, tel qu'il a été, tel qu'il vit et se transforme.
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Heureux de trouver quelqu'un qui comprend vite.Gallinago Imperialis a écrit:C'est gentil à toi. Je démens, jusqu'à la démence.licorne à zébrures a écrit:Merci, Bécassine Impériale! (en fait, tu démens l'image courante de ce joli volatile).Oui. Je reformule : j'aime lire l'histoire de ta vie, qui nous parle de toi. J'exprime ça peut-être très mal.Juste que ce n'est pas "des histoires" ou "une petite" histoire". C'est ma vie.
Sensibilité à la mémoire, à ce que sont les vies de chacun dans le monde tel qu'il est, tel qu'il a été, tel qu'il vit et se transforme.
Moi, je suis du genre à demander encore à la troisième explication : "hein? Quoi? J'ai pas bien compris, là." C'est le moment où je ramasse des baffes.
(Pour la sensibilité, par contre, t'avais pas besoin, j'avais compris)
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Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Ton "combat" m'a fait penser à Lavilliers et moi non plus pas de télé.
VOIR MESSAGERIE !
VOIR MESSAGERIE !
Dernière édition par krapopithèque le Sam 31 Aoû 2013 - 12:20, édité 1 fois (Raison : msg)
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Je comprends vite si on m'explique longtemps
J'aime bien le mot "mémoire" (tout seul). La mémoire, c'est un peu subversif, sans doute pour ça qu'on essaie de la galvauder, d'en faire une obligation rebutante.
J'aime bien le mot "mémoire" (tout seul). La mémoire, c'est un peu subversif, sans doute pour ça qu'on essaie de la galvauder, d'en faire une obligation rebutante.
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
En voilà un à qui il faut expliquer 3 fois. Pas de télé ni de radio intégrées dans l'ordi! Comment t'as fait pour m'envoyer Lavilliers?krapopithèque a écrit:Ton "combat" m'a fait penser à Lavilliers et moi non plus pas de télé.
D'ac, si tu arrives à temps, (les "petits sourires", ça j'ai )
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Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Dernière édition par NelseM le Dim 1 Sep 2013 - 23:53, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Merci pour ton Mot Petit (mp pour les nuls). En effet, j'ai pas Youtube, c'est pas un tél. j'ai pas le son, mais je reçois quand-même la image. J'ai beau faire, elle bouge pas !krapopithèque a écrit:Ton "combat" m'a fait penser à Lavilliers et moi non plus pas de télé.
VOIR MESSAGERIE !
Lavilliers, c'est un mec sympa.
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Qu’est-ce que je viens f … ici ?
Mais, au fait, comment j’y suis arrivé ?
Depuis quelques années je vois passer des articles sur Mensa. De la pub déguisée, me disais-je. Il y a six mois, un dernier article un peu plus détaillé a attiré mon attention. Il y était question de la superintelligence et de l’ultrasensibilité des hyperdoués. J’ai rarement rencontré des personnes aussi intelligentes que moi, et rayon sensibilité, j’en ai à revendre. Après un détour obligé par Wikipedia, j’ai voulu tenter le prétest chez Mensa. Matheux et sensible, ils vont m’implorer pour que j’adhère. Des petits jeux avec des chiffres et des petits dessins. Soit, les vraies questions viendront après. Ne sont jamais venues. « Votre temps est écoulé ! » Je me suis plaint à la direction : Vous comptez mesurer quoi, au juste, avec des chiffres et des petits dessins ? Jamais eu de réponse. A la place, le verdict : « Recalé, et pas la peine de recommencer, vous êtes trop nul .» Exit Mensa.
Il me restait un arrière-goût et j’ai continué à fouiner. Un titre m’a accroché : « Les tribulations d’un petit zèbre ». Un site sympa avec plein de drôles de zèbres ! J’y ai même un peu posté. Mais de plus en plus un malaise. J‘étais pratiquement le seul représentant de mon sexe. Il n’y avait presque que des mères d’enfants sur-quelque chose. J’ai fait un cauchemar : j’étais enfermé dans un poulailler avec plein de mères poules qui défendaient leurs poussins. C’est toujours un site sympa avec plein de drôles de zèbres mais je n’y avais pas ma place.
Il me restait un arrière-goût et j’ai continué à fouiner. Je suis tombé sur un forum où l’on accordait aide et protection aux cerveaux en ébullition. Moi, ça m’arrive, allons voir. Petit malentendu à l’inscription. Vous savez, ces trucs où après avoir laborieusement répondu à toutes les questions, il faut recopier quelque chose dans une case. On demandait le nom du site. J’ai donc transcrit le nom du site en entier, ça prenait presque toute la ligne. Refusé. Evidemment, il faut tout recommencer depuis le début, ce serait trop simple sinon ! Patience et courage,c’est ma devise. Ayant relu les statuts (je parie que je suis le seul à les avoir lus), j’ai constaté qu’un léger changement de nom avait été décidé par une assemblée générale il y a deux ans. Ah bon, c’était donc ça ! Re-refusé. J’abrège. Après un troisième essai, je me suis plaint à la direction (c’est une manie). Et un gars m’a répondu en se bidonnant : «Mais tu te compliques la vie inutilement ! C’est le sigle en minuscules qu’il fallait ! ». Me voilà enfin au club des cerveaux HT (haute température). Je lis, je parcours, je poste à mon tour, … j’attends. Je constate qu’il y a un nouveau à peu près tous les mois. Et aussi que c’est le temps qu’il faut pour que quelqu’un réponde à quelqu’un. Température du site proche du zéro absolu, ça m’a un peu refroidi.
Zebras Crossing ! Le paradis des zèbres, non-zèbres, végétaux et minéraux « doués ». On en parlait ça et là et ça me paraissait un peu racoleur. Oserais-je dire qu’il s’est écoulé quinze jours entre mon premier essai et mon inscription effective ? J’étais prêt à tout laisser tomber, j’ai survécu si longtemps sans. Quinze jours, c’est le temps qu’il m’a fallu pour m’apercevoir que c’était dû à une mauvaise manipulation de ma part. Et me voilà, avec cette sensation bizarre d’être enfin arrivé quelque part .
Mais, au fait, comment j’y suis arrivé ?
Depuis quelques années je vois passer des articles sur Mensa. De la pub déguisée, me disais-je. Il y a six mois, un dernier article un peu plus détaillé a attiré mon attention. Il y était question de la superintelligence et de l’ultrasensibilité des hyperdoués. J’ai rarement rencontré des personnes aussi intelligentes que moi, et rayon sensibilité, j’en ai à revendre. Après un détour obligé par Wikipedia, j’ai voulu tenter le prétest chez Mensa. Matheux et sensible, ils vont m’implorer pour que j’adhère. Des petits jeux avec des chiffres et des petits dessins. Soit, les vraies questions viendront après. Ne sont jamais venues. « Votre temps est écoulé ! » Je me suis plaint à la direction : Vous comptez mesurer quoi, au juste, avec des chiffres et des petits dessins ? Jamais eu de réponse. A la place, le verdict : « Recalé, et pas la peine de recommencer, vous êtes trop nul .» Exit Mensa.
Il me restait un arrière-goût et j’ai continué à fouiner. Un titre m’a accroché : « Les tribulations d’un petit zèbre ». Un site sympa avec plein de drôles de zèbres ! J’y ai même un peu posté. Mais de plus en plus un malaise. J‘étais pratiquement le seul représentant de mon sexe. Il n’y avait presque que des mères d’enfants sur-quelque chose. J’ai fait un cauchemar : j’étais enfermé dans un poulailler avec plein de mères poules qui défendaient leurs poussins. C’est toujours un site sympa avec plein de drôles de zèbres mais je n’y avais pas ma place.
Il me restait un arrière-goût et j’ai continué à fouiner. Je suis tombé sur un forum où l’on accordait aide et protection aux cerveaux en ébullition. Moi, ça m’arrive, allons voir. Petit malentendu à l’inscription. Vous savez, ces trucs où après avoir laborieusement répondu à toutes les questions, il faut recopier quelque chose dans une case. On demandait le nom du site. J’ai donc transcrit le nom du site en entier, ça prenait presque toute la ligne. Refusé. Evidemment, il faut tout recommencer depuis le début, ce serait trop simple sinon ! Patience et courage,c’est ma devise. Ayant relu les statuts (je parie que je suis le seul à les avoir lus), j’ai constaté qu’un léger changement de nom avait été décidé par une assemblée générale il y a deux ans. Ah bon, c’était donc ça ! Re-refusé. J’abrège. Après un troisième essai, je me suis plaint à la direction (c’est une manie). Et un gars m’a répondu en se bidonnant : «Mais tu te compliques la vie inutilement ! C’est le sigle en minuscules qu’il fallait ! ». Me voilà enfin au club des cerveaux HT (haute température). Je lis, je parcours, je poste à mon tour, … j’attends. Je constate qu’il y a un nouveau à peu près tous les mois. Et aussi que c’est le temps qu’il faut pour que quelqu’un réponde à quelqu’un. Température du site proche du zéro absolu, ça m’a un peu refroidi.
Zebras Crossing ! Le paradis des zèbres, non-zèbres, végétaux et minéraux « doués ». On en parlait ça et là et ça me paraissait un peu racoleur. Oserais-je dire qu’il s’est écoulé quinze jours entre mon premier essai et mon inscription effective ? J’étais prêt à tout laisser tomber, j’ai survécu si longtemps sans. Quinze jours, c’est le temps qu’il m’a fallu pour m’apercevoir que c’était dû à une mauvaise manipulation de ma part. Et me voilà, avec cette sensation bizarre d’être enfin arrivé quelque part .
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Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Allora...
ben-venuto
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Localisation : île de France
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Bonsoir du même royaume :-)
J'interviens de moins en moins sur ce forum, chui une vieille ;-) mais je lis, en passant, de temps en temps et je suis passée par ici ;-) Fille de métallurgiste et petite fille de mineur du pays noir, ce que tu dis de toi et de cette époque me touche beaucoup. Mes amis ne comprennent pas toujours pourquoi je fonds en larme dès que je pense au bois du cazier ... même si aucun de mes proches n't-y est resté, je suis toute entière forgée de ces hommes et femmes du charbon et de l'acier. Voilà, je te souhaite plein de belles choses licorne rayurée ;-)
Et je te déposerais deux choses en rapport, me semble-t-il, avec tes écrits :
(à ceux qui ne connaissent pas, ce film est pour moi THE film ;-) )
J'interviens de moins en moins sur ce forum, chui une vieille ;-) mais je lis, en passant, de temps en temps et je suis passée par ici ;-) Fille de métallurgiste et petite fille de mineur du pays noir, ce que tu dis de toi et de cette époque me touche beaucoup. Mes amis ne comprennent pas toujours pourquoi je fonds en larme dès que je pense au bois du cazier ... même si aucun de mes proches n't-y est resté, je suis toute entière forgée de ces hommes et femmes du charbon et de l'acier. Voilà, je te souhaite plein de belles choses licorne rayurée ;-)
Et je te déposerais deux choses en rapport, me semble-t-il, avec tes écrits :
(à ceux qui ne connaissent pas, ce film est pour moi THE film ;-) )
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Merci, zwizwi, pingouin fidèle.zwizwi a écrit:Allora...
ben-venuto
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Dernière édition par NelseM le Dim 1 Sep 2013 - 23:54, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
On allait donc faire la révolution mondiale. Du délire. Délire qui a touché toute une frange de la jeunesse en Europe surtout, dans ces années-là. Délire qui a mené certains de l’extrême gauche à l’extrême violence. C’étaient des fils de bourgeois et surtout de petits bourgeois, pour la plupart. Qui se révoltaient contre leurs parents et leur éducation. On dit les superdoués supersensibles à l’injustice et la souffrance dans le monde. Superdoués, on n’en parlait même pas à l’époque, mais supersensibles, ça oui, nous l’étions. Et par conséquent, révoltés. En chômage-déprime et, donc, révolté par l’injustice sociale dont j’étais moi-même, entre autres, victime (remember , cassé cul pour diplôme inutile, dû quitter pays, soleil et amis pour usine amère, bureaucratie syndicale pourrie), j’ai donc été membre fondateur d’un groupuscule marxiste-léniniste (les autres nous traitaient de maoïstes, ou mao-spontex, les journaux globalement de gauchistes). Que cinq ? Même pas peur ! On allait soulever les masses ouvrières par milliers et changer le monde. En attendant, c’est avec les masses étudiantes qu’on s’est retrouvés. Le mouvement des étudiants universitaires, et surtout ses leaders, avaient aussi viré gauchistes. Ils nous ont invités, nous les vrais révolutionnaires, les purs, pour édifier (dans le sens d’instruire) la « base » ignare. Qu’est-ce que j’allais faire dans cette galère ? C’est con, mais avec toute ma pureté révolutionnaire etc., j’allais surtout pour draguer les jolies étudiantes petites-bourgeoises. Qui voulaient bien écouter bouche bée le brave (et unique) prolo jaser de tout ça mais pour le reste, bernique. Il y a quand-même eu une exception, qui a bien voulu m’écouter même en dehors des assemblées (qu’est-ce qu’on pouvait tenir comme assemblées !) et puis j’écoutais aussi son aventure révolutionnaire dans un pays d’Amérique latine d’où elle avait été expulsée. C’est ma femme.
(edit : le seul prolo et la seule qui avait fait autre chose que bavarder, on était faits pour se rencontrer)
(edit : le seul prolo et la seule qui avait fait autre chose que bavarder, on était faits pour se rencontrer)
Dernière édition par licorne à zébrures le Dim 1 Sep 2013 - 10:51, édité 1 fois (Raison : note de bas de page)
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Merci, Kasha, tu as retrouvé le film de ma jeunesse.kasha a écrit:Bonsoir du même royaume :-)
J'interviens de moins en moins sur ce forum, chui une vieille ;-) mais je lis, en passant, de temps en temps et je suis passée par ici ;-) Fille de métallurgiste et petite fille de mineur du pays noir, ce que tu dis de toi et de cette époque me touche beaucoup. Mes amis ne comprennent pas toujours pourquoi je fonds en larme dès que je pense au bois du cazier ... même si aucun de mes proches n't-y est resté, je suis toute entière forgée de ces hommes et femmes du charbon et de l'acier. Voilà, je te souhaite plein de belles choses licorne rayurée ;-)
Et je te déposerais deux choses en rapport, me semble-t-il, avec tes écrits :
(à ceux qui ne connaissent pas, ce film est pour moi THE film ;-) )
La grève de 60-61, je n'y étais pas encore, mais c'est tout comme. Idem pour le Bois du Cazier (chaque fois qu'on en parle, c'est comme toi, et je suis indigné par ce qu'on en a fait), un ou plusieurs de mes oncles auraient pu s'y trouver. Après avoir quitté Liège la chaleureuse, je vis maintenant dans le froid noir pays.
Bonne nuit du petit royaume où les princes sont rois.
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
.
Dernière édition par licorne à zébrures le Mer 4 Sep 2013 - 18:20, édité 1 fois (Raison : Privé)
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Ah ben oui que ça valait la peine de trébucher un peu. Qui ne trébuche à ses premiers pas en ces lieux à nuls autres pareils ?
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Tu peux parler, c'est facile! Tu n'es pas encombrée, en plus de deux petites ailes, de quatre (gros) sabots!Gallinago Imperialis a écrit:Ah ben oui que ça valait la peine de trébucher un peu. Qui ne trébuche à ses premiers pas en ces lieux à nuls autres pareils ?
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Non, mais tu as vu mon bec ? C'est pas un machin à faire trébucher quand on se dandine ?
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
J'ignorais que le vers de la Bécassine Impériale fût le dandinement! Auquel cas, je comprendrais la relation avec son bec.Gallinago Imperialis a écrit:Non, mais tu as vu mon bec ? C'est pas un machin à faire trébucher quand on se dandine ?
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Qu'est-ce que je viens f ... ici? Qu'est-ce que je viens faire dans la vie déjà. Et pourquoi je suis toujours dans la lune, encore aujourd'hui? (enfance du narrateur)
Ma mère n’a pas fait de moi un macho.
Je l’en remercie d’autant plus que beaucoup de mères méditerranéennes (et autres) contribuent encore aujourd’hui à perpétuer l’esclavage des femmes en faisant de leurs fils des machos.
A 11 ans je torchais mon petit frère et je le berçais la nuit quand il était malade, en alternance avec ma sœur aînée et détestée. Deux ans après, on recommençait avec le petit dernier. Bien avant, cuisine, vaisselle, nettoyage toujours en alternance avec ma sœur aînée et … Bon, je vais dire un mot de ma soeur et puis je n’en parlerai plus, promis. Ma sœur, plus âgée d’un an et demi, était plus grande et plus costaud que moi, maigrichon comme une frite. C’est elle que mon père appelait pour l’aider dans ses travaux (il faisait tout, même ressemeler nos chaussures). Quand elle ne jouait pas au saut à la corde ou à la marelle avec ses copines, elle s’amusait à me traiter de crétin, imbécile, etc. elle connaissait par cœur toute la liste des synonymes. Si, perdu dans mes nuages (j’étais souvent dans la lune), je passais à portée, elle me pinçait le gras du bras. Chez moi, plutôt le maigre mais c’est encore plus douloureux. Les rares fois où je me suis insurgé, ça a été la Bérézina. Comme la fois où je l’ai menacée avec un couteau de cuisine (un petit couteau à bout rond, même Al Qaïda n’aurait su qu’en faire). A ma grande surprise, elle a commencé à fuir autour de la table en hurlant « Mamma ! Mamma ! ». Mamma a accouru et c’est moi qui ai ramassé. Non, ma mère ne m’a jamais frappé et mon père une seule fois. Mais j’ai l’impression que ça fait aussi mal et encore plus si c’est injuste. Exit la sœur aînée.
Nous partagions donc le ménage et les bébés. Ma mère était très affaiblie, épuisement, anémie. Dus, je ne l’ai su que plus tard, à ses (trop) nombreuses fausses couches en plus des huit grossesses portées à terme. Imaginer ce que ces dernières pouvaient être par mon seul exemple : je suis né presque deux semaines en retard et je pesais quatre kilos et demi à la naissance. Ma mère, un mètre cinquante, quarante cinq kilos (à vide). J’aurais pu m’en douter, mais je m’évadais dans mes mondes imaginaires et dans les livres. Un jour, je devais avoir neuf ans, ma mère a été conduite d’urgence à l’hôpital le plus proche, assistée d’une voisine, en carrosse. Les carrosses de Palerme sont maintenant folkloriques et on en a même fait des reportages télé. A cette époque, c’était un moyen de déplacement simple, rapide et pas cher. Le taxi des pauvres. Une autre voisine devait nous surveiller. Je me suis faufilé et j’ai poursuivi le carrosse. J’étais petit et maigre comme un Ethiopien et presque aussi rapide. Je ne parvenais pas à rattraper le carrosse mais je le gardais en ligne de mire. Il s’est engouffré dans la cour de l’hôpital, j’ai suivi et sauté dans l’escalier où j’avais entrevu un mouvement. Au premier étage, rien dans le couloir, mais un bruit de voix. Une porte était restée ouverte, ma mère couchée à demi inconsciente, des gens autour, du sang partout. Un médecin ou un infirmier m’a chassé. Mais c’est ma mère ! Il s’est adouci. T’en fais pas, elle s’en sortira, rentre à la maison. Personne n’a jamais voulu m’expliquer, mais, bon, comme ma mère est rentrée à la maison, moi je suis retourné dans la lune. La contraception et l’avortement existaient pourtant déjà, même pour les pauvres (et non, ça n’a pas été inventé par les hippies ni par Mai ’68), mais mon père, avec un frère curé, ne voulait pas en entendre parler, ainsi que ma mère me l’a expliqué beaucoup plus tard.
Plus tard, j’ai torché, nourri et bercé mes filles, avec leur mère. Petite anecdote. Quand on est rentrés la première fois de la maternité, c’est moi qui ai dû lui montrer comment on prenait et on manipulait un bébé. Elle n’avait pas eu la « chance » de l’apprendre chez elle. Nous partageons le ménage, ou ce qu’il en reste. Il y a des machines énergivores pour ça. J’en ai même offert une à ma mère, avec mon premier salaire de prof.
Plus tard encore, j’ai torché, etc. mes deux petits-enfants et maintenant la petite dernière, un an, un jour par semaine, avec leur grand’mère.
Si ces manifestations extérieures pouvaient suffire, non, ma mère n’a pas fait de moi un macho.
Ma mère n’a pas fait de moi un macho.
Je l’en remercie d’autant plus que beaucoup de mères méditerranéennes (et autres) contribuent encore aujourd’hui à perpétuer l’esclavage des femmes en faisant de leurs fils des machos.
A 11 ans je torchais mon petit frère et je le berçais la nuit quand il était malade, en alternance avec ma sœur aînée et détestée. Deux ans après, on recommençait avec le petit dernier. Bien avant, cuisine, vaisselle, nettoyage toujours en alternance avec ma sœur aînée et … Bon, je vais dire un mot de ma soeur et puis je n’en parlerai plus, promis. Ma sœur, plus âgée d’un an et demi, était plus grande et plus costaud que moi, maigrichon comme une frite. C’est elle que mon père appelait pour l’aider dans ses travaux (il faisait tout, même ressemeler nos chaussures). Quand elle ne jouait pas au saut à la corde ou à la marelle avec ses copines, elle s’amusait à me traiter de crétin, imbécile, etc. elle connaissait par cœur toute la liste des synonymes. Si, perdu dans mes nuages (j’étais souvent dans la lune), je passais à portée, elle me pinçait le gras du bras. Chez moi, plutôt le maigre mais c’est encore plus douloureux. Les rares fois où je me suis insurgé, ça a été la Bérézina. Comme la fois où je l’ai menacée avec un couteau de cuisine (un petit couteau à bout rond, même Al Qaïda n’aurait su qu’en faire). A ma grande surprise, elle a commencé à fuir autour de la table en hurlant « Mamma ! Mamma ! ». Mamma a accouru et c’est moi qui ai ramassé. Non, ma mère ne m’a jamais frappé et mon père une seule fois. Mais j’ai l’impression que ça fait aussi mal et encore plus si c’est injuste. Exit la sœur aînée.
Nous partagions donc le ménage et les bébés. Ma mère était très affaiblie, épuisement, anémie. Dus, je ne l’ai su que plus tard, à ses (trop) nombreuses fausses couches en plus des huit grossesses portées à terme. Imaginer ce que ces dernières pouvaient être par mon seul exemple : je suis né presque deux semaines en retard et je pesais quatre kilos et demi à la naissance. Ma mère, un mètre cinquante, quarante cinq kilos (à vide). J’aurais pu m’en douter, mais je m’évadais dans mes mondes imaginaires et dans les livres. Un jour, je devais avoir neuf ans, ma mère a été conduite d’urgence à l’hôpital le plus proche, assistée d’une voisine, en carrosse. Les carrosses de Palerme sont maintenant folkloriques et on en a même fait des reportages télé. A cette époque, c’était un moyen de déplacement simple, rapide et pas cher. Le taxi des pauvres. Une autre voisine devait nous surveiller. Je me suis faufilé et j’ai poursuivi le carrosse. J’étais petit et maigre comme un Ethiopien et presque aussi rapide. Je ne parvenais pas à rattraper le carrosse mais je le gardais en ligne de mire. Il s’est engouffré dans la cour de l’hôpital, j’ai suivi et sauté dans l’escalier où j’avais entrevu un mouvement. Au premier étage, rien dans le couloir, mais un bruit de voix. Une porte était restée ouverte, ma mère couchée à demi inconsciente, des gens autour, du sang partout. Un médecin ou un infirmier m’a chassé. Mais c’est ma mère ! Il s’est adouci. T’en fais pas, elle s’en sortira, rentre à la maison. Personne n’a jamais voulu m’expliquer, mais, bon, comme ma mère est rentrée à la maison, moi je suis retourné dans la lune. La contraception et l’avortement existaient pourtant déjà, même pour les pauvres (et non, ça n’a pas été inventé par les hippies ni par Mai ’68), mais mon père, avec un frère curé, ne voulait pas en entendre parler, ainsi que ma mère me l’a expliqué beaucoup plus tard.
Plus tard, j’ai torché, nourri et bercé mes filles, avec leur mère. Petite anecdote. Quand on est rentrés la première fois de la maternité, c’est moi qui ai dû lui montrer comment on prenait et on manipulait un bébé. Elle n’avait pas eu la « chance » de l’apprendre chez elle. Nous partageons le ménage, ou ce qu’il en reste. Il y a des machines énergivores pour ça. J’en ai même offert une à ma mère, avec mon premier salaire de prof.
Plus tard encore, j’ai torché, etc. mes deux petits-enfants et maintenant la petite dernière, un an, un jour par semaine, avec leur grand’mère.
Si ces manifestations extérieures pouvaient suffire, non, ma mère n’a pas fait de moi un macho.
Dernière édition par licorne à zébrures le Mer 4 Sep 2013 - 18:26, édité 3 fois (Raison : style)
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Mais pourquoi cette violence gratuite que tu essayes de faire passer pour de l'humour ?
Qu'y a-t-il de drôle à blesser les autres ?
Qu'y a-t-il de drôle à blesser les autres ?
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Je suis vraiment désolé. J'ai assez été blessé moi-même pour ne pas vouloir blesser les autres. J'ai édité le post en question. Tu peux en faire de même ou pas, c'est ton droit.
Invité- Invité
Re: Qu'est-ce que je viens f... ici?
Tu sais on se laisse tous enfermer par nos blessures et notre sensibilité, ouverture et enfermement simultanés. Et donc le besoin de compenser s'installe.
Je n'aime pas trop gommer, effacer, je considère plus les posts comme des lettres envoyées. Ce que tu as écrit là vaut toutes les gommes.
Pas facile non plus de parler de sa famille.
Est-ce un regret de ne pas être un macho ? De ne pas pouvoir aider ton père ou ta mère ni répondre à ta soeur ?
Écho peut-être de mes propres regrets.
Je n'aime pas trop gommer, effacer, je considère plus les posts comme des lettres envoyées. Ce que tu as écrit là vaut toutes les gommes.
Pas facile non plus de parler de sa famille.
Est-ce un regret de ne pas être un macho ? De ne pas pouvoir aider ton père ou ta mère ni répondre à ta soeur ?
Écho peut-être de mes propres regrets.
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