Déplacement de l'angoisse de mort sur l'angoisse de la pensée omnisciente.

Je cherche avant tout en postant ce message à trouver des gens qui connaissent ou ont connu ce vertige, cette angoisse qui vous prends au tripes mais aussi si vous avez des réponses ou aides je suis preneuses !

Etant enfant j'étais très régulièrement, voir à certains moments tous les soirs prises de vertiges d'angoisses de mort, je pensais au fait que je ne penserais plus, que je ne serais plus et que je ne pourrais même pas savoir que je ne serais plus. Bref une angoisse telle que je me relevé d'un coup sec dans mon lit avec des sueurs froides parcourant tout mon corps. Cette période à durée de mes 4 ans à mes 16 ans. Avec le temps j'ai réussi à apprivoiser cette idée, malgré la peur je ne la vis plus comme une peur panique mais comme une simple crainte faisant partie de moi et resurgissant de temps à autre de manière maintenant heureusement que très ponctuelle.

En revanche une autre angoisse a pris la relève à partir de 17 ans, une angoisse différente mais me procurant les mêmes vertiges et symptômes de paniques. La peur de la perte de mon intellect, de la stagnation de ma pensée et de ma progression personnelle. Je fais de la philosophie depuis maintenant plus de 2 ans, qualifié de très bon éléments par mes professeurs, je suis dans les têtes de classe. Néanmoins je suis retombé il y'a peu sur une de mes premières dissertations de terminales que j'ai relu avec attention, et là le fameux vertige m'a saisi aux tripes ! Certes grâce à la fac, j'ai pu gagner en rigueur, en précision j'ai agrandit ma connaissance des philosophes et courants philosophiques de manières incontestables mais en dehors de cette accumulation de savoir je m'aperçoit que ma pensée n'a JAMAIS évolué. Ma réflexion personnelle n'a pas évolué en plus de 2 ans, mes connaissances oui, ma pensée non. Ma plus grande peur est justement que ma pensée n'évolue plus, que je sois enfermé en moi-même dans une pensée qui a ses limites et ne peux progresser, j'ai une impression de non-liberté de ma conscience, conscience de moi-même et du monde. De n'être qu'un animal parmi la raison et la vérité omnisciente.

Disons que je ressent en permanence le besoin d'une pensée omnisciente. Quand j'aperçois mes limites, quand je fais des erreurs de raisonnements, quand je vois que quelqu'un détient la réponse que je j'ai pas pu trouver par seules facultés intellectuelles, j'ai déjà l'impression d'être morte, que ma pensée m'enferme dans mon ignorance, que je suis dans un néant, un vide sans fin et sans fond et que je ne pourrais jamais accéder à une vérité supérieure. La sensation de vertige de l'angoisse de mort se retrouve ici, mais ce n'est plus une angoisse de mort physique, c'est une angoisse de mort de la pensée qui vous prend aux tripes, d'absence de liberté.

C'est particulièrement difficile à transcrire donc je ne sais pas si c'est très clair, mais si d'autres connaissent ces angoisses, j'attends vos témoignages !

Oui c'est plutôt clair.
Je suis en train de lire Alice Miller, donc mon propos est à prendre dans ce contexte de focalisation sur l'enfance. tu en feras ce que tu veux.

Pourquoi as-tu eu ce genre d'angoisses de mort durant toute ton enfance ?
En deux mots, il me semble qu'en arrivant à l'âge d'émancipation peu à peu, tu te retrouves à reporter les tensions que tu exerçais sur toi durant ton enfance, maintenant sur ce qui t'a permis de t'en sortir alors : ta pensée. Ce serait une angoisse liée à des violences (y compris symboliques ou "anodines") que tu aurais subie dans ta prime enfance. Ton esprit s'étant protégé sur un certain mode pour survivre, ton corps se rappelle à lui pour recentrer le problème de fond duquel faire le deuil.

Tu décris un phénomène d'angoisse, qui est toujours propre à chacun. C'est un mécanisme paroxystique qui oriente l'attention de ta conscience sur un phénomène corporel qui permet à ton individualité de se considérer en tant que tel tout au long de ton développement. Il y a énormément de couleurs dans l'apprentissage, et parfois cela peut donner le vertige. Tu ne te résume pas à l'apprentissage, et encore moins au vertige. Tu dois, sur ce chemin, t'apprendre toi-même, en connectant tes ressentis et les modes de vivre que tu as mobilisé jusque là, pour mieux mobiliser ta propre voie pour l'avenir.

Désolé si je t'embrouille.
Fais toi confiance quoi qu'il en soit, tu es la personne la plus importante pour ce faire, et cela passe d'abord par l'écoute de tes émotions et la patience nécessaire qui va avec pour susciter la bienveillance envers l'enfant que tu fût.

Et bien il est vrai que j'ai reçu des violences psychologiques durant l'enfance, donc à l'âge adulte les psychiatres ont repérés quelques troubles de la personnalité dont les rêves de mort et de meurtre qui se sont ensuite estompés une fois la raison de ces cauchemars trouvé.

Mais après je ne pense pas que l'intégralité de ma personnalité soit lié à mes soucis dans l'enfance, je trouverais ça vraiment trop réducteur et cela voudrait dire que si un jour je m'engage vraiment dans une psychotérapie et que je me "soigne" alors c'est toute ma personnalité et ma manière de penser qui va disparaitre.

Et je ne pense pas que cette peur lié à cet amour de la réflexion soit lié à mes problèmes dans l'enfance.

Par contre j'aurais une question sur cette Alice Miller, j'ai vu qu'elle possédait un triple doctorat en philo, socio et psycho comment est-ce possible de réaliser ce type de parcours sans faire 24 ans d'études ???

Angeal:

Sinon tu ne t'impliques peut être pas "vraiment" dans tes études - tu t'intéresses peut être plus au résultat (notes etc) qu'au processus?
Perso durant mes études ma pensée a beaucoup changée - mais à ce moment là la philo était ma raison de vivre - avec vertiges permanents.
Et quand je dis ça... au début je pensais que ma vie n'aurait plus de sens à la fin de mes études, plus aucun intérêt.

Je pense avoir eu les même soucis que toi...
J'ai remarqué que mes réactions découlaient de mes pensée et dans ce cas de mes croyances....
Mes avis que tu es a un stade ou tu as remarquer ce qui te limite dans ton esprit...

si un jour je m'engage vraiment dans une psychotérapie et que je me "soigne" alors c'est toute ma personnalité et ma manière de penser qui va disparaitre.

Non sa changera tes perception et ta pensée évolueras du moins c'est ainsi que ça ce passe pour moi


  j'aurais plein de chose a ajouté mais j'ignore comment elle peuvent être prise ^^"

Ça vient peut être de l'orientation de ta fac Angeal?
Suivant les profs, on n'a pas du tout les mêmes cours.
Dans ma fac c'était clairement le pied (petit effectif en plus), par contre je connais quelqu'un qui était dans une fac d'orientation Kantienne... avec un enseignement très magistral...  bof

Sinon ton "angoisse" me semble normal... faire des études de philo et ne pas vivre de changements dans sa pensée... ça ma semble assez contradictoire.
La philo doit bouleverser tes certitudes, t'aider à voir d'autres angles, d'autres pistes, d'autres perceptions, il serait donc normal que ça t'ébranle - au moins le temps que tu parviennes à construire tes propres outils d'analyse.

Oui tout à fait, ce serait tout à fait réducteur.
Bien sûr que ta personnalité ne dépend pas (ou plus) de ton enfance. Sinon tu ne serais pas une personne à part entière, avec ses qualités et ses défauts. Tu as le droit de te perdre dans la pensée, ou même de proposer des choses que tes profs ne comprendront peut-être pas. La vérité de ce que tu fais ne dépend pas de l'autorité qui la juge.

Pour ce qui est d'une psychothérapie, ce n'est pas non plus le graal et tu voyage toujours avec toi-même. D'où l'importance d'apprendre à se faire confiance et s'écouter. Et l'angoisse dit des choses, même s'il faut aussi du temps et de la patience pour laisser tout cela s'exprimer sereinement. Et c'est là qu'une personne qui comprend pleinement tes souffrances et en prend le parti pourra t'aider si tu le souhaites, en t'aidant à construire ce lieu où tu pourrais déshabiller ton angoisse.

Le doctorat je ne sais pas. On dit souvent plein de choses erronées sur les gens célèbres. Mais il suffit peut-être qu'une fois son doctorat de philosophie terminé, elle ait rédigé une thèse dans les deux autres matières. C'est possible.

Bon courage à toi et belles découvertes. De ce que j'ai pu en comprendre par un ami qui était inscrit en philo, je n'aurais pas été moi-même capable de suivre de pareilles études, du fait même que l'on forme vraiment la pensée dans un premier temps, ce qui m'a toujours été insupportable.

siddhartha a écrit:je n'aurais pas été moi-même capable de suivre de pareilles études, du fait même que l'on forme vraiment la pensée dans un premier temps, ce qui m'a toujours été insupportable.

Euh... les profs de philo sont plutôt supposés transmettre des outils d'analyse, et une base de connaissances nécessaire pour appréhender les différentes thématiques.

Après il y a des différences entre les facs, certaines se focalisent plus sur les concours (qui sont extrêmement difficiles en philo) --- mais le but de la philo n'est pas de formater la pensée, si c'est ça que tu entends par "former".

Mais après je ne pense pas que l'intégralité de ma personnalité soit lié à mes soucis dans l'enfance, je trouverais ça vraiment trop réducteur et cela voudrait dire que si un jour je m'engage vraiment dans une psychotérapie et que je me "soigne" alors c'est toute ma personnalité et ma manière de penser qui va disparaitre.

Pas disparaitre : etre vue pour ce qu'elle est...Ce qui est bien different

Et je ne pense pas que cette peur lié à cet amour de la réflexion soit lié à mes problèmes dans l'enfance.

On parie? (chiche )

Peut-être que finalement, tu as peur de l'impermanence. La pensée c'est le temps, sans la pensée pas de Moi et donc de temps. Le Moi, qui accumule les expérience est le centre du temps, puisque d'après une expérience passée, tu peux face à l'instant prendre conscience du temps, et ensuite te projetté quand le Moi s'élabore. As-tu essayé la méditation ? Et si oui, est-ce que tes angoisse surgissent ? La peur racine est celle de disparaître pour le Moi. Quand ta conscience est pleine de tous ce qui t'entoure, tous ce que tes sens te livre, le Moi n'est plus. Tu es dans le présent. La conscience est ouverte. L'esprit est immobile, plus de pensées, du moins la pensée n'est plus centrale. La conscience prend le relais. Nous ne sommes, que dans le présent. Toutes pensées est obligatoirement, par essence, passée. Parce qu'elles sont expériences. Quand tu pense sur toi, c'est une pensée qui en observe une autre. Elle est par essence fragmenté. Et comme la peur source est de ne plus être, quand la pensée réflechie sur elle-même, il ce crée une tension paroxysmique. Tu n'est pas tes pensées. Peut-être n'est tu pas enraciné à ton Moi profond. Celui que tu retrouve quand tu replonge dans tes écrits passés. Ton identité éternelle. Qui n'est pas la pensée. C'est paradoxale. A la fois nous sommes nouveau, d'instant en instant mais aussi éternelle. Admettons que deux êtres vivent une même expérience dans l'espace et le temps, aussi subtile qu'elle puisse être, elle sera vécue relativement, particulièrement. Comment est-ce possible, s'il n'y aurait une part de toi, une terre d'identification que rien ne peut tuer. L'âme peut-être, la conscience, le flux vital.. ? Peu importe. Mais le Moi, qui ne cherche qu'a accumulé, qu'a ce prouver sa propre existence est désagrégé face à l'idée que quelque chose puisse annihilé la nature même de son processus. Si je devais te proposer quelque chose, serait la méditation. Il y à Krishnamurti, que j'ai beaucoup lu, quima aider à comprendre que je ne suis pas mes propres pensées. Je ne suis pas mon mental. Car ma nature profonde, pour parler le plus précisément possible n'est pas éternelle mais, hors du temps.

Certains systèmes complexes (une société, une entreprise, une association, etc.), ou peut-être tous, finissent par présenter des problèmes. On parle alors de crise de crise d'adolescence, ou de maturité, ce qui, à ce niveau d'analogie, revient au même.

Je pense qu'un certain nombre de problèmes viennent de l'accroissement de la complexité, notamment lorsqu'il y a des seuils à franchir. Cet accroissement peut se manifester à l'intérieur du système ou bien dans son environnement (pour une personne humaine : de son évolution propre ou des conditions de son développement, les deux étant de plus liés).

Je n'ai pas vraiment eu d'angoisse de mort, peut-être parce que c'était moi, peut-être parce que j'avais une vague culture religieuse.
Ce qui m'a marqué, c'était la possibilité de la souffrance, parce que cela, rien ne pouvait l'expliquer ni l'atténuer.

Pour ce qui est de l'intellect, j'ai toujours été négligent, voire saboteur, mais avec une crainte toute relative. J'ai eu peur, et j'ai toujours peur, de ne pas revenir à mon meilleur niveau avant un certain temps, mais jamais de ne pas comprendre ce que j'ai déjà formulé. Quand on a un certain âge, c'est déjà ça.
Moi aussi j'ai été surpris de relire des dissertations anciennes et de m'apercevoir que tout était déjà là... Mais tout n'était qu'en substance, c'est-à-dire pour moi. Pour faire comprendre aux autres ce dont on est porteur depuis le début il nous faudra bien toute une vie.

En substance je suis radin de ma pensée stagnante,
quant à l'angoisse de mort c'était si bon je l'ai mise de côté pour plus tard afin de ne pas en affadir le goût.