Sentiment de décalage, d'infériorité?

Bonjour à tous,

Je me permets de me présenter, je sais que ce n'est pas vraiment l'endroit, mais ne trouvant pas de présentation vraiment originale j'ai préféré le faire ici, dans le sujet que je comptais ouvrir dés le départ...  
Bref, j'ai 21 ans, et je suis étudiant en informatique de gestion. Je suis passionné de musique, je suis d'ailleurs guitariste et chanteur. Je ne sais pas trop quoi dire d'autre, si ce n'est que votre forum a l'air vraiment sympa et que j'espère peut-être y trouver un début de solution à mon problème. Je remercie d'avance toute personne qui prendrait la peine de lire mon message.

Tout d'abord, je préfère le dire tout de suite: je ne pense pas être "doué" (je ne sais pas trop quel est le mot approprié). C'est en tout cas ("doué" ou pas) une prétention que je ne veux pas avoir, et on pourrait penser que j'y trouve là un mot gratifiant pour qualifier mon problème. Ce n'est pas ça. Mais dans ce cas, qu'est-ce qui m'amène à poster sur ce forum? Tout simplement parce qu'en fouillant sur google, j'y ai trouvé ici plusieurs témoignages plus ou moins similaires à ce que je vis personnellement. Du coup, je me suis dit "pourquoi pas?". Donc je me lance, et j'espère pouvoir retranscrire mon vécu de façon satisfaisante parce que ce n'est pas facile!  Je suis néanmoins conscient de ne pas être sur un forum d'aide psychologique, c'est pour cela que je ne sais pas si c'est vraiment le bon endroit.

Je pense vivre dans un environnement plutôt favorable. Même si tout n'est pas parfait, j'ai une famille qui m'a toujours soutenu dans tous les domaines. Je n'ai jamais manqué et ne manque de rien. A vrai dire, je devrais être heureux. Mais ce n'est pas vraiment le cas. Depuis tout petit, je souffre d'un sentiment de "décalage" par rapport aux autres. Je ne sais pas vraiment comment l'expliquer, et encore une fois je ne dis pas ça pour me vanter (c'est même tout le contraire), mais je me suis toujours considéré comme "différent". Pas en bien, mais en mal. Comme inférieur aux autres. En primaire, j'étais une sorte d'intello, plongé dans mon petit monde. Timide, anxieux, mais peut-être pas pour autant renfermé sur moi-même. Naïf, très gentil, trop même.
D'aussi loin que je me souvienne, ce sentiment d'infériorité a toujours été là. J'aurais donné n'importe quoi pour pouvoir être quelqu'un d'autre, quelqu'un de normal. C'est très bizarre et présomptueux de dire ça, mais c'est le ressenti que j'ai eu.
Quand je suis entré en école secondaire, tout s'est comme amplifié. En plus de mon sentiment toujours grandissant d'infériorité, j'ai été le souffre-douleur de ma classe trois années consécutives. J'étais disons pas très sûr de moi, très maladroit (cela m'a conduit à plusieurs situations complètement idiotes, et donc parfois m'ayant conduit à être considéré comme tel), et donc la plupart des gens se moquaient de moi, même les profs parfois. Il y a eu de la violence physique aussi. Autant dire que mes résultats ont chuté progressivement. J'essayais de me défendre, mais je n'y arrivais pas. J'ai été complètement ignoré par la direction de l'école, alors que je me suis plaint de tout ça. On m'a réprimé, et même dit que c'était de ma faute si je me faisais embêter par mes camarades (!). Peut-être, quoi qu'il en soit ajoutez à cela les problèmes d'adolescence classique, je l'ai plutôt mal vécu. Mes parents, au courant, m'ont conseillé de changer d'école, ce que j'ai fait. De là, cela s'est plutôt arrangé, l'ambiance de cette école et la mentalité des élèves étant bien meilleure, mais... ce sentiment de décalage, d'infériorité, je l'avais toujours. J'avais même des réactions assez bizarres par rapport à ça: quand j'entendais un groupe de personnes rigoler, j'avais toujours l'impression qu'ils rigolaient de moi. J'avais toujours l'impression d'être considéré comme une sorte d'énergumène "différente", même si j'avais de bons amis à ce moment là. J'ai passé mes études secondaires sur le fil du rasoir, procrastinant beaucoup et préférant m'adonner à d'autres centres activités que mes études, dont je ne comprenais pas réellement le sens ("Pourquoi devrais-je étudier la chimie? Ça ne m'intéresse pas.").

Me voila donc à ce que je suis aujourd'hui. J'ai, plus que jamais, cette sensation de décalage, de distance, de solitude profonde et de ne "pas être à ma place", malgré le fait que je sois entouré. J'ai l'impression de ne pas être compris et d'être incapable de me faire comprendre par mes congénères, même par mes amis. J'ai l'impression désormais d'être (je vais réutiliser ce mot souvent car c'est celui qui colle le mieux) une énergumène qui n'avance pas d'un pouce dans la vie, dans des domaines ou les autres semblent réussir sans trop de difficultés. Si je ne suis pas surdoué, je ne pense pourtant pas être un idiot non plus, pourtant...
Le seul moment ou je me sens en paix avec moi-même et avec les autres, c'est lorsque je joue de la musique. C'est plus ou moins la seule chose pour laquelle je me considère comme pas trop mauvais. Quand je joue en concert, je me sens comme libéré, et ça peut parfois me remonter le moral pendant toute une semaine.

Je sais que cela pourrait vous paraître n'être "pas grand chose", mais j'en souffre beaucoup, et ça me mène à des déprimes quotidiennes, des crises d'angoisse (particulièrement quand je suis seul, pas uniquement "seul" dans le sens seul dans une pièce, mais aussi quand il y a beaucoup de gens inconnus autour de moi et que je n'ai personne avec qui discuter...), et des idées plus que noires qui m'empêchent parfois de dormir...

Alors voila, comme je l'ai écrit plus haut, je n'attends pas que l'on me fasse une thérapie (ce n'est pas le bon endroit pour ça!  ), mais je me demandais si il y avait ici (d'après ce que j'ai lu, oui) des gens dont la situation est plus ou moins similaire, et si oui ce qu'ils font ou ont fait pour s'en sortir. Je pense à l'idée de consulter (quoi d'ailleurs?), mais j'appréhende beaucoup, j'ai peur de ne pas être compris. Aussi, sachez que déjà écrire me fait pas mal de bien, donc déjà en cela je suis content de l'avoir fait ici.

Merci!

Nowhere Man.

Bienvenue

Nowhere Man a écrit:Alors voila, comme je l'ai écrit plus haut, je n'attends pas que l'on me fasse une thérapie (ce n'est pas le bon endroit pour ça!  ), mais je me demandais si il y avait ici (d'après ce que j'ai lu, oui) des gens dont la situation est plus ou moins similaire, et si oui ce qu'ils font ou ont fait pour s'en sortir. Je pense à l'idée de consulter (quoi d'ailleurs?), mais j'appréhende beaucoup, j'ai peur de ne pas être compris. Aussi, sachez que déjà écrire me fait pas mal de bien, donc déjà en cela je suis content de l'avoir fait ici.

J'ai tout lu, je me reconnais bien dans ton témoignage, la musique mis à part et le changement d'établissement. Pour répondre précisément à ta question: j'ai admis que j'étais surdoué. Si ça te dérange de considérer le terme de surdoué sous l'angle de l'intelligence, dis toi que c'est le fonctionnement des gens très réceptifs émotionnellement et aussi par rapport à leurs sens, des agités du bulbe. Ça ne m'étonne pas que tu ne te sentes pas intelligent car si tu es surdoué, les gens qui ne te comprennent pas parce qu'ils ne fonctionnent pas comme toi auront tendance à te considérer comme un drôle de loustic et à te donner cette image de toi.

Lambda a écrit:Pour répondre précisément à ta question: j'ai admis que j'étais surdoué. Si ça te dérange de considérer le terme de surdoué sous l'angle de l'intelligence, dis toi que c'est le fonctionnement des gens très réceptifs émotionnellement et aussi par rapport à leurs sens, des agités du bulbe.

Merci de ta réponse! :-)

C'est possible, je ne sais pas si je ne me considère pas comme "intelligent", je pense l'être quand même pour certaines choses (comme je l'ai écrit je ne me considère pas comme un idiot fini...), la logique mathématique n'en fait pas partie par exemple. Après tout, il y a plusieurs types d'intelligence...
Mais pour rebondir sur ce que tu dis par rapport au fait d'être très réceptif émotionnellement, c'est un trait de caractère que j'ai, même si je ne suis pas sûr de ce que tu as voulu dire par là.  

Lambda a écrit:Ça ne m'étonne pas que tu ne te sentes pas intelligent car si tu es surdoué, les gens qui ne te comprennent pas parce qu'ils ne fonctionnent pas comme toi auront tendance à te considérer comme un drôle de loustic et à te donner cette image de toi.

C'est exactement ça: j'ai l'impression de ne pas fonctionner de la même manière que tout le monde.

Nowhere Man a écrit:Mais pour rebondir sur ce que tu dis par rapport au fait d'être très réceptif émotionnellement, c'est un trait de caractère que j'ai, même si je ne suis pas sûr de ce que tu as voulu dire par là.  

Je crois que c'est un peu différent pour tout le monde... sensible, à l'écoute, qu'un rien peu émouvoir parfois etc...

"l'extrême intelligence est indissociable de l'extrême sensibilité, de l'extrême réceptivité émotionnelle." comme dirais une psy "spécialiste" (JSF).

Lambda a écrit:Je crois que c'est un peu différent pour tout le monde... sensible, à l'écoute, qu'un rien peu émouvoir parfois etc...

Ouais, je vois. Je me reconnais dans tout ça, d'une certaine manière. Je peux faire preuve d'énormément d'empathie et de compassion... Dans une certaine mesure cela dit parce que je ne me laisse pas émouvoir par tout et n'importe quoi non plus. Comme tu dis, ça doit dépendre des personnes  

rah pinaise comme je me reconnais aussi dans tout ce que tu dis !  (aux aléas de parcours près)
"vouloir donner n'importe quoi pour devenir normal, avoir enfin une vie normale", ça je le disais encore une fois il y a 2 jours exactement, malgré le fait que j'ai appris ma douance il y a déjà plusieurs années.
"avoir tout pour être heureux, et ne jamais l'être durablement malgré tout"
"se sentir inférieur car décalé", manque de confiance, pas savoir comment vivre et faire comme les autres, avoir l'impression qu'on fonctionne pas pareil.
Tu es tout à fait sur le bon forum, et dès que possible juste par curiosté, vas faire un petit tour à la fnac aux alentours du rayon psychologie, et tourner 3 4 pages du bouquin "Trop intelligent pour être heureux ?" de Jeanne S.-Faccin. Je suis à peu près sûr que tu auras fini de le lire avant de passer à la caisse.

Je suis pas le mieux placé pour te dire quoi faire pour arranger les choses, car j'en souffre toujours, suivant les périodes, et au final ça représente pas mal de consultations de psychologues et psychiatres Mais c'est mon lot, j'ai appris à me conaitre avec ce qu'ils m'ont dit, puis avec le bouquin dont je viens de parler (que tu retrouvera cité partout sur le forum), puis en fréquentant ce forum.
Par exemple, je n'arrive pas à me faire à l'idée que j'ai toutes les qualités requises pour postuler et téléphoner à des recruteurs, malgré mon diplôme d'ingénieur en poche. C'est comme si parfois je pensais au fond de moi que je n'y avais pas droit, à une vie normale, au bonheur, alors j'ose pas, car il y a des trucs avec lesquels je suis mal à l'aise, des codes que je n'intègre pas dans les processus d'embauche, des trucs pour lesquels je réfléchis trop et qui me bloquent.

courage et bienvenue !

Thaïti Bob a écrit:
Par exemple, je n'arrive pas à me faire à l'idée que j'ai toutes les qualités requises pour postuler et téléphoner à des recruteurs, malgré mon diplôme d'ingénieur en poche. C'est comme si parfois je pensais au fond de moi que je n'y avais pas droit, à une vie normale, au bonheur, alors j'ose pas, car il y a des trucs avec lesquels je suis mal à l'aise, des codes que je n'intègre pas dans les processus d'embauche, des trucs pour lesquels je réfléchis trop et qui me bloquent.

Donner un coup de fil, c'est quelque chose que je n'arrivais pas à faire il y a quelques années, mais j'y été obligé par la force des choses (quand faut y aller...), du coup maintenant cela me semble moins insurmontable, même si je n'apprécie pas spécialement...   
Mais j'ai également des blocages sur d'autres trucs par exemple: le code. J'ai peur d'échouer là où tout le monde a l'air de réussir du premier coup, alors du coup je ne l'ai toujours pas passé...