Educ en vrac. Pourquoi c'est pas le handicap mental le plus compliqué dans ce métier ?
+3
enzèbrée
cerise71
oufy-dame
7 participants
Page 1 sur 1
Educ en vrac. Pourquoi c'est pas le handicap mental le plus compliqué dans ce métier ?
Je n'ai pas croisé de fil parlant un peu de l'expérience que je traverse. Je raconte.
Petite présentation préalable:
Je suis éducateur. Je travaille avec des gens handicapés mentaux qui eux travaillent la journée. Nous sommes ensemble le matin et le soir pour tout ce qui est des choses de la vie à faire, qu'on préfère les éviter ou qu'on les attendent avec impatience ou rien de tout cela.
J'ai toujours eu conscience de l'image alternative, un peu décalée, positivement, que je renvoyais autour de moi, professionnels et personnes accueillies. Que ce soit dans les idées ou les actes. Il y a 8 mois au détour d'un test de personnalité ma psy pose une personnalité atypique. Je ne développe pas l'absence de surprise. Mais à partir de là je me suis autorisé à me vivre plus en accord avec qui je suis vraiment. Donc dans mon travail à m'impliquer plus directement pour mes idées et dans mes actes.
Ce qui a donné des résultats très intéressants.
Déjà la dose de colère est monté en flèche (social et valeurs humanistes ne sont plus très amies à l'heure actuelle). Ma capacité à accompagner mes collègues et l'équipe dans une bienveillance, elle, chute libre. Bref burn out.
Là où ça devient plus drôle, plus complexe et terriblement instable pour moi c'est quand je constate que je suis rentré en dissonance avec l'équipe. C'est là où je suis partagé. Je supporte de moins en moins la norme (sauf si elle intelligente), je deviens pleinement subversif avec les gens que j'accompagne. Ca me parait plus que légitime pour accompagner vers l'autonomie. En même temps il y a besoin d'un cadre rassurant donc également marqué. Briser une norme ça peut être intelligent mais ça brise un cadre et insécurise. Position antinomique.
Jusqu'à présent ça n'engageait que moi. Je portais une attitude douce, décalée, différente auprès des résidents pour amener des apports. Aujourd'hui j'ai une attitude plus marquée et je propose à l'individu aussi d'être subversif pour s'affranchir et devenir une personne.
Aujourd'hui certains résidents du foyer, que j'accompagne me disent que je suis bizarre, pas normal. Distinction marquée par rapport à mes collègues, liés à mes positions différentes ou plus audacieuses.
Maintenant les effets peuvent atteindre mes collègues dans leurs positions ce qui devient plus délicat. Je risque de rentrer en discordance, ce que je veux éviter.
Pour autant je reste également convaincu que ce que j'apporte n'est pas sans importance. (Un collègue me disait un jour que quand c'est trop tôt pour qu'une idée soit accepter par un groupe, c'est con mais c'est trop tôt même si l'idée est juste.)
Entre ça et mon propre mouvement personnel, j'ai posé 6 mois de congé sans solde à partir d'avril, break, départ vers compostelle histoire de faire un peu le point librement. (si certains ont parcouru ce chemin je serai ravi d'écouter avis et témoignage en mp)
Reste qu'au retour mes valeurs n'auront toujours pas changer.
Je ne crois plus être prêt à accepter de me conformer juste pour une norme et de me restreindre dans mes valeurs et mes actes.
Dans le travail j'aimerai le faire en équipe de manière réfléchie et partagée.
Je suis preneur de tout avis, conseils, retours d'exp, questionnements qui m'aideront à cheminer un peu là dedans. N'hésitez pas à répondre aux questions que je n'ai pas réussi à traduire.
Petite présentation préalable:
Je suis éducateur. Je travaille avec des gens handicapés mentaux qui eux travaillent la journée. Nous sommes ensemble le matin et le soir pour tout ce qui est des choses de la vie à faire, qu'on préfère les éviter ou qu'on les attendent avec impatience ou rien de tout cela.
J'ai toujours eu conscience de l'image alternative, un peu décalée, positivement, que je renvoyais autour de moi, professionnels et personnes accueillies. Que ce soit dans les idées ou les actes. Il y a 8 mois au détour d'un test de personnalité ma psy pose une personnalité atypique. Je ne développe pas l'absence de surprise. Mais à partir de là je me suis autorisé à me vivre plus en accord avec qui je suis vraiment. Donc dans mon travail à m'impliquer plus directement pour mes idées et dans mes actes.
Ce qui a donné des résultats très intéressants.
Déjà la dose de colère est monté en flèche (social et valeurs humanistes ne sont plus très amies à l'heure actuelle). Ma capacité à accompagner mes collègues et l'équipe dans une bienveillance, elle, chute libre. Bref burn out.
Là où ça devient plus drôle, plus complexe et terriblement instable pour moi c'est quand je constate que je suis rentré en dissonance avec l'équipe. C'est là où je suis partagé. Je supporte de moins en moins la norme (sauf si elle intelligente), je deviens pleinement subversif avec les gens que j'accompagne. Ca me parait plus que légitime pour accompagner vers l'autonomie. En même temps il y a besoin d'un cadre rassurant donc également marqué. Briser une norme ça peut être intelligent mais ça brise un cadre et insécurise. Position antinomique.
Jusqu'à présent ça n'engageait que moi. Je portais une attitude douce, décalée, différente auprès des résidents pour amener des apports. Aujourd'hui j'ai une attitude plus marquée et je propose à l'individu aussi d'être subversif pour s'affranchir et devenir une personne.
Aujourd'hui certains résidents du foyer, que j'accompagne me disent que je suis bizarre, pas normal. Distinction marquée par rapport à mes collègues, liés à mes positions différentes ou plus audacieuses.
Maintenant les effets peuvent atteindre mes collègues dans leurs positions ce qui devient plus délicat. Je risque de rentrer en discordance, ce que je veux éviter.
Pour autant je reste également convaincu que ce que j'apporte n'est pas sans importance. (Un collègue me disait un jour que quand c'est trop tôt pour qu'une idée soit accepter par un groupe, c'est con mais c'est trop tôt même si l'idée est juste.)
Entre ça et mon propre mouvement personnel, j'ai posé 6 mois de congé sans solde à partir d'avril, break, départ vers compostelle histoire de faire un peu le point librement. (si certains ont parcouru ce chemin je serai ravi d'écouter avis et témoignage en mp)
Reste qu'au retour mes valeurs n'auront toujours pas changer.
Je ne crois plus être prêt à accepter de me conformer juste pour une norme et de me restreindre dans mes valeurs et mes actes.
Dans le travail j'aimerai le faire en équipe de manière réfléchie et partagée.
Je suis preneur de tout avis, conseils, retours d'exp, questionnements qui m'aideront à cheminer un peu là dedans. N'hésitez pas à répondre aux questions que je n'ai pas réussi à traduire.
Invité- Invité
Re: Educ en vrac. Pourquoi c'est pas le handicap mental le plus compliqué dans ce métier ?
Ah le cadre !
Moi aussi je me suis souvent cogné la tête contre ses bords... et puis j'essaie d'évoluer par rapport à ça, en me disant qu'il y en a toujours un, et que la solution réside sûrement dans le fait de rester soi-même en son sein (si c'est possible bien sûr). Plus facile à dire qu'à réaliser ...
Dans mon expérience personnelle, ma plus grande déception a été de constater qu'après m'être lancé en indépendant, ma petite entreprise avait institué un cadre "naturel" lié au réseau et à la comm, que j'ai eu beaucoup du mal à supporter...
Moi aussi je me suis souvent cogné la tête contre ses bords... et puis j'essaie d'évoluer par rapport à ça, en me disant qu'il y en a toujours un, et que la solution réside sûrement dans le fait de rester soi-même en son sein (si c'est possible bien sûr). Plus facile à dire qu'à réaliser ...
Dans mon expérience personnelle, ma plus grande déception a été de constater qu'après m'être lancé en indépendant, ma petite entreprise avait institué un cadre "naturel" lié au réseau et à la comm, que j'ai eu beaucoup du mal à supporter...
Invité- Invité
Re: Educ en vrac. Pourquoi c'est pas le handicap mental le plus compliqué dans ce métier ?
Je ne saurais te dire ce qui est bon pour toi, mais pour les handicapés mentaux avec lesquels tu es en contact, je crois qu'il te faudrait une très bonne formation pour comprendre les différents types de problèmes qu'illes ont (et même dans chaque "trouble", je suppose que les différences interindividuelles restent importantes) afin d'éviter de les faire souffrir involontairement. Difficile car même les psys n'abordent pas tous les personnes en souffrance de la même façon. Il y a des gens qui ont besoin de rythmes, voire de rituels, hyper réguliers, et cela ne suffit même pas à préserver leur "stabilité émotionnelle" (mes termes ne sont pas pro). On ne peut pas se comporter avec elles comme avec des adultes sans pathologie et dont le QI est proche de 100.
Je n'ai pas l'impression que l'autonomie soit possible pour tous les handicapés.
Par contre, nos choix pro sont liés à notre vécu, et peut-être que ton évolution actuelle t'amènera à reconsidérer ton choix pro ou du moins à tenter de l'exercer dans un autre cadre ?
J'ai échangé avec un étudiant en psycho qui était initialement éducateur : il m'a dit que pendant sa formation initiale, les futurs éducateurs étaient particulièrement immatures, bien plus pénibles que les amphis de psycho dont je déplorais le comportement bruyant et irrespectueux d'autrui. Bref, je me suis demandé si une partie des éducateurs n'avaient pas besoin eux-même d'une certaine forme d'éducation. Peut-être que ta thérapie te font voir que tu ne fais pas partie de cette "norme" ??
Une jeune psychologue qui travaillait en crèche a aussi évoqué les difficultés spécifiques à ce travail : certaines personnes qui y travaillent sont sacrément immatures aussi.
Sans vouloir généraliser, j'ai eu la même impression en soutenant des projets d'enseignant-e-s : j'ai constaté des comportements immatures en écoles pré-élémentaire et élémentaire, mais pas dans le secondaire (où il y a juste qq personnalités "spéciales").
Bref, travailler avec des adultes censées être normaux est déjà bien compliqué, alors avec des personnes dont le cerveau n'est pas aussi développé... je crois qu'il faut être doué pour ça (ou ne pas se poser de questions ??).
Je n'ai pas l'impression que l'autonomie soit possible pour tous les handicapés.
Par contre, nos choix pro sont liés à notre vécu, et peut-être que ton évolution actuelle t'amènera à reconsidérer ton choix pro ou du moins à tenter de l'exercer dans un autre cadre ?
J'ai échangé avec un étudiant en psycho qui était initialement éducateur : il m'a dit que pendant sa formation initiale, les futurs éducateurs étaient particulièrement immatures, bien plus pénibles que les amphis de psycho dont je déplorais le comportement bruyant et irrespectueux d'autrui. Bref, je me suis demandé si une partie des éducateurs n'avaient pas besoin eux-même d'une certaine forme d'éducation. Peut-être que ta thérapie te font voir que tu ne fais pas partie de cette "norme" ??
Une jeune psychologue qui travaillait en crèche a aussi évoqué les difficultés spécifiques à ce travail : certaines personnes qui y travaillent sont sacrément immatures aussi.
Sans vouloir généraliser, j'ai eu la même impression en soutenant des projets d'enseignant-e-s : j'ai constaté des comportements immatures en écoles pré-élémentaire et élémentaire, mais pas dans le secondaire (où il y a juste qq personnalités "spéciales").
Bref, travailler avec des adultes censées être normaux est déjà bien compliqué, alors avec des personnes dont le cerveau n'est pas aussi développé... je crois qu'il faut être doué pour ça (ou ne pas se poser de questions ??).
Re: Educ en vrac. Pourquoi c'est pas le handicap mental le plus compliqué dans ce métier ?
Merci pour ces réponses.
Ferdi justement c'est devenu plus trop possible pour moi de rester moi même là dedans.
Oufyfille il y a plein d'éléments intéressants que tu soulèves.
Dans un sens je ne suis pas sûr d'avoir réussi à retranscrire avec assez de précision. Ce qui ne m'étonne pas puisque c'est une de mes recherches de rassembler avec cohérence des idées qui se complètent mais se sont fait la malle aux quatre coins de ma tête. J'aimerai en faire un écrit un peu formel.
Je vais paraître borné et c'est certainement vrai mais je ne pense pas qu'une formation changerait quelque chose.
Je rentre dans une écoute, une attention, une approche, un accompagnement de plus en plus tourné vers l'humain et non vers le technique. Ce qui ne veut pas dire que j'oublie la théorie, sans quoi je n'aurai plus de contrôle sur mes positionnements et là ça buguerait.
Seulement la théorie qui fonde mon accompagnement m'a été transmise à travers des terrains bien particuliers, séjours de vacances quand j'étais ado puis animateurs selon un principe d'éducation populaire et hôpital pédopsychiatrique pendant ma formation. Je réagis mieux à une théorie mise en vie et qui prend du sens qu'à de la théorie froide qui sera source de distance, de cloisonnement réflexes et du coup également d'interprétations erronées.
On m'a apprit à écouter la personne se raconter pour lui construire un prendre soin et un accompagnement qui lui convienne et légitime son existence. On m'a apprit à lui donner une place dans un groupe pour qu'elle trouve la liberté de s'écrire, de se réaliser.
Une théorie que l'on oubli trop souvent au profit de théories plus techniques,scientifiques, nécessaires mais secondaires et à charge des psys de nous la partager au moment opportun.
Et ça marche pareil avec les professionnels à mon sens. Juste c'est plus dur car il y a des résistances à cause d'une norme qui fige "Je suis adulte, responsable, personne ne prend d'ascendance sur moi" (c'est mal écrit et certainement trop subjectif en l'état, idée à retraduire) ou d'un besoin de sécurité émotionnelle ; il doit bien y avoir encore d'autres choses envisageables.
L'autonomie existe pour tous dans des mesures très différentes. La plus basique et fondamentale: Faire le choix de s'exprimer, se raconter à la hauteur de ses moyens. Les résidents se taisent et s'interdisent certains sujets, s'adaptent aux professionnels en permanence. L'institution, les normes entraînent cela. L'éducateur dans son positionnement conscient peut venir libérer cette autonomie là, s'il fait le choix de quitter son confort.
Par contre, nos choix pro sont liés à notre vécu, et peut-être que ton évolution actuelle t'amènera à reconsidérer ton choix pro ou du moins à tenter de l'exercer dans un autre cadre ?
Presque tout à fait d'accord, je ne reconsidérerai pas mon choix, son expression peut être ^^ faut croire que c'est possible
Pour l'immaturité, c'est très subjectif et ça peut être utile. Pendant ma formation par exemple nous avons eu des comportements immatures mais auxquels on donnaient du sens (avec un ami même profil). Du coup si c'est encore de l'immaturité au niveau de la norme collective en est ce encore pour nous ? A débattre ;)Mais je ne généralise pas non plus. D'ailleurs notre métier est aussi de dépasser les règles, quoi de plus normal que la formation pour l'expérimenter. C'est un peu provoc mais très vrai en même temps.
Après je ne nierai pas le caractère réparatoire des métiers du social. Un des enjeux des formations et de transcander ce besoin au service d'autrui.
Bref les normaux ont plus de capacités mais moins de marges d'évolution alors que les handicapés mentaux c'est le contraire. C'est un ressenti purement personnel.
Par expérience, pas besoin d'être doué, il suffit d'être humain et d'avoir un fond bienveillant, ce qui n'interdit pas la maltraitance inhérente au secteur.
C'est vrai que se poser des questions peuvent orienter sur des reconversions mais je ne suis pas sûr que ça soit à cause du public accueilli ^^
Merci beaucoup en tout cas, ça m'aide à structurer une pensée sur ce sujet.
Donc n'hésitez pas à en rajouter. ^^
Ferdi justement c'est devenu plus trop possible pour moi de rester moi même là dedans.
Oufyfille il y a plein d'éléments intéressants que tu soulèves.
Dans un sens je ne suis pas sûr d'avoir réussi à retranscrire avec assez de précision. Ce qui ne m'étonne pas puisque c'est une de mes recherches de rassembler avec cohérence des idées qui se complètent mais se sont fait la malle aux quatre coins de ma tête. J'aimerai en faire un écrit un peu formel.
Je vais paraître borné et c'est certainement vrai mais je ne pense pas qu'une formation changerait quelque chose.
Je rentre dans une écoute, une attention, une approche, un accompagnement de plus en plus tourné vers l'humain et non vers le technique. Ce qui ne veut pas dire que j'oublie la théorie, sans quoi je n'aurai plus de contrôle sur mes positionnements et là ça buguerait.
Seulement la théorie qui fonde mon accompagnement m'a été transmise à travers des terrains bien particuliers, séjours de vacances quand j'étais ado puis animateurs selon un principe d'éducation populaire et hôpital pédopsychiatrique pendant ma formation. Je réagis mieux à une théorie mise en vie et qui prend du sens qu'à de la théorie froide qui sera source de distance, de cloisonnement réflexes et du coup également d'interprétations erronées.
On m'a apprit à écouter la personne se raconter pour lui construire un prendre soin et un accompagnement qui lui convienne et légitime son existence. On m'a apprit à lui donner une place dans un groupe pour qu'elle trouve la liberté de s'écrire, de se réaliser.
Une théorie que l'on oubli trop souvent au profit de théories plus techniques,scientifiques, nécessaires mais secondaires et à charge des psys de nous la partager au moment opportun.
Et ça marche pareil avec les professionnels à mon sens. Juste c'est plus dur car il y a des résistances à cause d'une norme qui fige "Je suis adulte, responsable, personne ne prend d'ascendance sur moi" (c'est mal écrit et certainement trop subjectif en l'état, idée à retraduire) ou d'un besoin de sécurité émotionnelle ; il doit bien y avoir encore d'autres choses envisageables.
L'autonomie existe pour tous dans des mesures très différentes. La plus basique et fondamentale: Faire le choix de s'exprimer, se raconter à la hauteur de ses moyens. Les résidents se taisent et s'interdisent certains sujets, s'adaptent aux professionnels en permanence. L'institution, les normes entraînent cela. L'éducateur dans son positionnement conscient peut venir libérer cette autonomie là, s'il fait le choix de quitter son confort.
Par contre, nos choix pro sont liés à notre vécu, et peut-être que ton évolution actuelle t'amènera à reconsidérer ton choix pro ou du moins à tenter de l'exercer dans un autre cadre ?
Presque tout à fait d'accord, je ne reconsidérerai pas mon choix, son expression peut être ^^ faut croire que c'est possible
Pour l'immaturité, c'est très subjectif et ça peut être utile. Pendant ma formation par exemple nous avons eu des comportements immatures mais auxquels on donnaient du sens (avec un ami même profil). Du coup si c'est encore de l'immaturité au niveau de la norme collective en est ce encore pour nous ? A débattre ;)Mais je ne généralise pas non plus. D'ailleurs notre métier est aussi de dépasser les règles, quoi de plus normal que la formation pour l'expérimenter. C'est un peu provoc mais très vrai en même temps.
Après je ne nierai pas le caractère réparatoire des métiers du social. Un des enjeux des formations et de transcander ce besoin au service d'autrui.
Bref les normaux ont plus de capacités mais moins de marges d'évolution alors que les handicapés mentaux c'est le contraire. C'est un ressenti purement personnel.
Par expérience, pas besoin d'être doué, il suffit d'être humain et d'avoir un fond bienveillant, ce qui n'interdit pas la maltraitance inhérente au secteur.
C'est vrai que se poser des questions peuvent orienter sur des reconversions mais je ne suis pas sûr que ça soit à cause du public accueilli ^^
Merci beaucoup en tout cas, ça m'aide à structurer une pensée sur ce sujet.
Donc n'hésitez pas à en rajouter. ^^
Invité- Invité
Re: Educ en vrac. Pourquoi c'est pas le handicap mental le plus compliqué dans ce métier ?
Bonjour,
Moi aussi je travaille avec un public en situation de handicap mental. J'ai moi-même ce décalage/à mes collègues en ce qui concerne l'accompagnement des résidents. Ce qui compte pour moi, c'est de donner du sens à ce que je fais et de donner l'envie d'avoir envie. D'où le travail sur l'autonomie. Pour moi, le début de l'autonomie, c'est pouvoir faire un choix et d'être en capacité de l'exprimer. Notre rôle, c'est d'amener la personne accompagnée à y arriver; ceci en utilisant divers supports (pictos, pointage... pour les non-verbaux). De pouvoir choisir entre une toilette au lavabo ou une douche, un pantalon bleu plutôt qu'un noir, un yaourt plutôt que du fromage, d'utiliser un crayon rouge plutôt qu'un vert ... cela permet à la personne d'être valorisée et de créer une relation de confiance. Et si je me refère à la pyramide de Maslow, cela permet de travailler sur tous les stades, des besoins physiologiques jusqu'à la réalisation de soi. J'ai aussi comme référence Winniccott, Spitz et Carl Rogers. Lorsque j'ai passé une des épreuves de mon DE, le jury m'a dit que si j'obtenais des résultats positifs (progrès significatifs) avec les résidents, bref si j'avais réussi en qqs mois là où ont échoué mes collègues en qqs années, c'est que j'avais une façon particulière et bien à moi d'aborder les résidents, un savoir-faire et un savoir-être que les autres non pas forcément. C'est difficile et je perds bcp d'énergie à démontrer à mes collègues plutôt sceptiques que mon accompagnement avec telle personne peut l'amener à progresser et qu'elle est capable de faire telle activité si on y met l'art et la manière de lui faire faire. Et je leur explique pourquoi si on y fait de telle façon, c'est mieux que d'une autre. Et ce qui compte, c'est de mettre la personne en position de réussite et non d'échec. Dans ma tête, j'ai une vision globale de ce qui faut travailler avec le résident, pourquoi et comment et où je veux emmener la personne, des objectifs à atteindre, les progrès... Par exemple, j'ai mis en place le fait que les résidents se lavent les mains avant chaque repas et mettent leurs couverts à leur place. Il a fallu plus d'un an et l'intervention d'une spécialiste de l'autisme (méthode PECS) pour que mes collègues s'y mettent. Avant, ils n'arrivaient pas à y mettre du sens et croyaient que les résidents ne seraient pas capables de le faire. Et comme tu dis, les personnes atteintes de handicap mental ont besoin d'un cadre et de limites pour se construire et limiter les angoisses et troubles du comportement. Mais; là aussi, pas facile d'être en accord avec ses collègues. J'en ai fait la triste expérience en juillet ds mon ancien foyer où je travaillais. Les collègues n'étaient pas très logique par rapport à ça en ce qui concerne l'accompagnement d'une résidente qui avait besoin d'être cadrer. Je me suis prise le chou avec elles. Malgré que je leur ai expliqué le sens que je donnais quant à mon accompagnement, et qu'avec moi son comportement avait changé positivement, elles n'ont rien voulu entendre et sont restées sur l'idée que j'avais tort, bien que j'avais raison. Normal, la petite dernière arrivée, je devais montrée profil bas et me fondre dans la masse et surtout faire comme elles!Sinon, je préfère travailler sur des tps d'ateliers éducatifs d'accueil de jour qu'en hébergement car je peux me montrer plus créative, et puis je suis toute seule avec un groupe de résidents (pas de collègues pour m'emmerder), et les horaires me conviennent mieux d'un point de vue biologique! C'est vrai que bien qu'ayant l'esprit d'équipe (j'ai souvent un rôle leader), j'ai du mal à travailler en équipe. Là où je bosse actuellement, je fais des remplacements. Je m'y sens bien car l'organisation me convient bien, et c'est une petite structure dc pas trop de résidents et pas trop de collègues non plus. Dommage, c'est un peu loin de chez moi (75kms aller-retour). Bon, j'arrête là, car passionnée par mon métier, je pourrai en mettre des pages. Ma spécialité, c'est les personnes autistes car finalement, on a qqs points communs avec eux, non?!
Moi aussi je travaille avec un public en situation de handicap mental. J'ai moi-même ce décalage/à mes collègues en ce qui concerne l'accompagnement des résidents. Ce qui compte pour moi, c'est de donner du sens à ce que je fais et de donner l'envie d'avoir envie. D'où le travail sur l'autonomie. Pour moi, le début de l'autonomie, c'est pouvoir faire un choix et d'être en capacité de l'exprimer. Notre rôle, c'est d'amener la personne accompagnée à y arriver; ceci en utilisant divers supports (pictos, pointage... pour les non-verbaux). De pouvoir choisir entre une toilette au lavabo ou une douche, un pantalon bleu plutôt qu'un noir, un yaourt plutôt que du fromage, d'utiliser un crayon rouge plutôt qu'un vert ... cela permet à la personne d'être valorisée et de créer une relation de confiance. Et si je me refère à la pyramide de Maslow, cela permet de travailler sur tous les stades, des besoins physiologiques jusqu'à la réalisation de soi. J'ai aussi comme référence Winniccott, Spitz et Carl Rogers. Lorsque j'ai passé une des épreuves de mon DE, le jury m'a dit que si j'obtenais des résultats positifs (progrès significatifs) avec les résidents, bref si j'avais réussi en qqs mois là où ont échoué mes collègues en qqs années, c'est que j'avais une façon particulière et bien à moi d'aborder les résidents, un savoir-faire et un savoir-être que les autres non pas forcément. C'est difficile et je perds bcp d'énergie à démontrer à mes collègues plutôt sceptiques que mon accompagnement avec telle personne peut l'amener à progresser et qu'elle est capable de faire telle activité si on y met l'art et la manière de lui faire faire. Et je leur explique pourquoi si on y fait de telle façon, c'est mieux que d'une autre. Et ce qui compte, c'est de mettre la personne en position de réussite et non d'échec. Dans ma tête, j'ai une vision globale de ce qui faut travailler avec le résident, pourquoi et comment et où je veux emmener la personne, des objectifs à atteindre, les progrès... Par exemple, j'ai mis en place le fait que les résidents se lavent les mains avant chaque repas et mettent leurs couverts à leur place. Il a fallu plus d'un an et l'intervention d'une spécialiste de l'autisme (méthode PECS) pour que mes collègues s'y mettent. Avant, ils n'arrivaient pas à y mettre du sens et croyaient que les résidents ne seraient pas capables de le faire. Et comme tu dis, les personnes atteintes de handicap mental ont besoin d'un cadre et de limites pour se construire et limiter les angoisses et troubles du comportement. Mais; là aussi, pas facile d'être en accord avec ses collègues. J'en ai fait la triste expérience en juillet ds mon ancien foyer où je travaillais. Les collègues n'étaient pas très logique par rapport à ça en ce qui concerne l'accompagnement d'une résidente qui avait besoin d'être cadrer. Je me suis prise le chou avec elles. Malgré que je leur ai expliqué le sens que je donnais quant à mon accompagnement, et qu'avec moi son comportement avait changé positivement, elles n'ont rien voulu entendre et sont restées sur l'idée que j'avais tort, bien que j'avais raison. Normal, la petite dernière arrivée, je devais montrée profil bas et me fondre dans la masse et surtout faire comme elles!Sinon, je préfère travailler sur des tps d'ateliers éducatifs d'accueil de jour qu'en hébergement car je peux me montrer plus créative, et puis je suis toute seule avec un groupe de résidents (pas de collègues pour m'emmerder), et les horaires me conviennent mieux d'un point de vue biologique! C'est vrai que bien qu'ayant l'esprit d'équipe (j'ai souvent un rôle leader), j'ai du mal à travailler en équipe. Là où je bosse actuellement, je fais des remplacements. Je m'y sens bien car l'organisation me convient bien, et c'est une petite structure dc pas trop de résidents et pas trop de collègues non plus. Dommage, c'est un peu loin de chez moi (75kms aller-retour). Bon, j'arrête là, car passionnée par mon métier, je pourrai en mettre des pages. Ma spécialité, c'est les personnes autistes car finalement, on a qqs points communs avec eux, non?!
cerise71- Messages : 50
Date d'inscription : 22/04/2013
Age : 60
Localisation : saone et loire
Re: Educ en vrac. Pourquoi c'est pas le handicap mental le plus compliqué dans ce métier ?
Après un peu plus d'un mois, les suites de mes échanges avec moi même et d'autres, de lectures d'ici et d'ailleurs, d'écrits également.
Les choix, opérés et assumés ce dernier mois, la démarche dans laquelle je me suis inscrit aura fait bonne récolte.
A ce jour je ne suis plus très sûr que ma route professionnelle m'éloigne de l'éducatif vers un secteur moins éprouvant. Je pense être à ma juste place dans cette effervescence, mais cette position demande je pense à s'exprimer avec plus de profondeur et de finesse. Un nouvel enjeu qui me parait bien intéressant et m'amène à penser que j'ai encore une cartouche à griller dans ce secteur.
Mais combien cette voie me semble difficile.
Les normes, un cadre figé, un agir bête et méchant, une mort de la pensée et de la culture éducative au profit de la technicisation, de loi du marché, des vérités législatives bien éloignées encore une fois de la réalité.
Et je m'insurge en moi même encore et toujours, je commence à prendre position, je m'énerve, je ne défend rien.
Je crois que moi, fervent défenseur de l'esprit d'équipe (et de l'esprit critique), je l'ai oublié.
L'équipe n'existe pas seulement dans ses valeurs elle existe dans sa pratique et j'ai nié toute une partie de sa composante, l'humain.
Il y a plusieurs années de cela, j'ai appris, j'ai compris qu'accompagner c'était d'abord rencontrer. C'est aller vers l'autre et accepter de faire des erreurs, de pouvoir faire du mal pour apprendre à faire du bien-être, sans s'autoflageller, sans nier la portée de ses actes. C'est aussi dans un même mouvement accepter d'être atteint par dans ses vulnérabilités, lui témoigner cette confiance dans sa capacité et apprendre des ses erreurs et à initier du bien-être avec l'autre. La rencontre c'est partager cela ensemble bien plus souvent qu'il n'y parait.
Ca je l'avais compris, je l'ai vécu. J'ai travaillé dans une proximité humaine et une distance éducative.
Ca fera un peu prétentieux si je raconte que nous ne sommes pas tous égaux dans une équipe et que pour certains ce n'est pas acquis, mais tous ne sont pas forcément à même de le gérer seul.
J'ai donc été cohérent dans mes valeurs et mes actes auprès des résidents.
Mais ce que je suis naturellement avec les résidents, je n'arrive pas à l'être avec les professionnels.
Il me semble que c'est entre autre à cause d'une peur de rejet. Je ne pouvais envisager de me risquer à mes collègues et de leur faire du mal, tant j'ai l'impression que la distinction professionnel, personnel est dur à gérer dans notre secteur. Alors j'ai agi en souterrain sans leur accorder ma confiance sur leur capacité à distinguer la critique incisive du professionnel, de l'affection du collègue.
Soyons honnêtes, je pense que c'est une utopie. Quand bien même il me semble que j'ai apprendre à me positionner clairement quitte à ce que certains collègues se sentent blesser dans leur ego, quitte à vivre un rejet. Mais croire encore que dans l'éducatif une équipe c'est vers une évolution plus mature qu'on se doit de la tirer et non à un état figé et déterminé par un extérieur.
Aujourd'hui j'ai commencé ce travail, fleurté avec la prétention, égratigné l'ego de certains collègues. Je ne crois pas que je puisse faire l'économie de ces expériences, de leurs erreurs pour apprendre et garder un espoir dans le travail.
Je commence à intégrer cette acceptation et entend de partager un peu plus, le désir de collègues nourrissant les mêmes désirs de faire équipe et de défendre le sens du travail social.
@Cerise71 j'ai naturellement été attiré par les adultes handicapés mentaux travaillant en ESAT entre autre parce qu'il sont dans cet entre deux. Adulte dans le texte, enfant dans l'exprimé. Le travailleur social jouant de confusion au gré de ses compromissions, un peu comme au lycée quoi. Le truc par excellence qui m'insupporte. Aujourd'hui j'y vois un grand rapprochement avec le ressenti zèbre que je croise ici. Et peut être encore plus que ce qui fait régulièrement échec à mon sens c'est le poids de la norme que diffuse l'environnement éducatif, familial et social. Une forme de colonialisme. Distribuer la bonne parole, entre autre à grand coup de normes.
En réfléchissant à une réorientation dans le secteur, j'envisage de me tourner vers soit des institutions qui ne font pas institutions, séjours de rupture, hôpital pédopsychiatrique, structure pour autiste, structure pour personne sourde. Des lieux où l'on vient accepter la culture de l'autre et le rencontrer dans cette différence plutôt que de lui inculquer la seule manière valable de vivre à l'autre.
Mais je ne doute pas que c'est entre autre illusion, surtout au vue de ton témoignage.
Ce qui me gêne horriblement pourtant c'est d'envisager que dans une équipe il revient comme rôle à certains membres, un ou plusieurs, de prendre en charge ses collègues et de les tirer vers le haut. On ne peut faire vraiment sens sans son collègue mais cela impliquerait alors de devoir accompagner et les résidents et les autres professionnels de l'équipe. La dose de prétentions à assumer et a vous filez des vertiges.
Les choix, opérés et assumés ce dernier mois, la démarche dans laquelle je me suis inscrit aura fait bonne récolte.
A ce jour je ne suis plus très sûr que ma route professionnelle m'éloigne de l'éducatif vers un secteur moins éprouvant. Je pense être à ma juste place dans cette effervescence, mais cette position demande je pense à s'exprimer avec plus de profondeur et de finesse. Un nouvel enjeu qui me parait bien intéressant et m'amène à penser que j'ai encore une cartouche à griller dans ce secteur.
Mais combien cette voie me semble difficile.
Les normes, un cadre figé, un agir bête et méchant, une mort de la pensée et de la culture éducative au profit de la technicisation, de loi du marché, des vérités législatives bien éloignées encore une fois de la réalité.
Et je m'insurge en moi même encore et toujours, je commence à prendre position, je m'énerve, je ne défend rien.
Je crois que moi, fervent défenseur de l'esprit d'équipe (et de l'esprit critique), je l'ai oublié.
L'équipe n'existe pas seulement dans ses valeurs elle existe dans sa pratique et j'ai nié toute une partie de sa composante, l'humain.
Il y a plusieurs années de cela, j'ai appris, j'ai compris qu'accompagner c'était d'abord rencontrer. C'est aller vers l'autre et accepter de faire des erreurs, de pouvoir faire du mal pour apprendre à faire du bien-être, sans s'autoflageller, sans nier la portée de ses actes. C'est aussi dans un même mouvement accepter d'être atteint par dans ses vulnérabilités, lui témoigner cette confiance dans sa capacité et apprendre des ses erreurs et à initier du bien-être avec l'autre. La rencontre c'est partager cela ensemble bien plus souvent qu'il n'y parait.
Ca je l'avais compris, je l'ai vécu. J'ai travaillé dans une proximité humaine et une distance éducative.
Ca fera un peu prétentieux si je raconte que nous ne sommes pas tous égaux dans une équipe et que pour certains ce n'est pas acquis, mais tous ne sont pas forcément à même de le gérer seul.
J'ai donc été cohérent dans mes valeurs et mes actes auprès des résidents.
Mais ce que je suis naturellement avec les résidents, je n'arrive pas à l'être avec les professionnels.
Il me semble que c'est entre autre à cause d'une peur de rejet. Je ne pouvais envisager de me risquer à mes collègues et de leur faire du mal, tant j'ai l'impression que la distinction professionnel, personnel est dur à gérer dans notre secteur. Alors j'ai agi en souterrain sans leur accorder ma confiance sur leur capacité à distinguer la critique incisive du professionnel, de l'affection du collègue.
Soyons honnêtes, je pense que c'est une utopie. Quand bien même il me semble que j'ai apprendre à me positionner clairement quitte à ce que certains collègues se sentent blesser dans leur ego, quitte à vivre un rejet. Mais croire encore que dans l'éducatif une équipe c'est vers une évolution plus mature qu'on se doit de la tirer et non à un état figé et déterminé par un extérieur.
Aujourd'hui j'ai commencé ce travail, fleurté avec la prétention, égratigné l'ego de certains collègues. Je ne crois pas que je puisse faire l'économie de ces expériences, de leurs erreurs pour apprendre et garder un espoir dans le travail.
Je commence à intégrer cette acceptation et entend de partager un peu plus, le désir de collègues nourrissant les mêmes désirs de faire équipe et de défendre le sens du travail social.
@Cerise71 j'ai naturellement été attiré par les adultes handicapés mentaux travaillant en ESAT entre autre parce qu'il sont dans cet entre deux. Adulte dans le texte, enfant dans l'exprimé. Le travailleur social jouant de confusion au gré de ses compromissions, un peu comme au lycée quoi. Le truc par excellence qui m'insupporte. Aujourd'hui j'y vois un grand rapprochement avec le ressenti zèbre que je croise ici. Et peut être encore plus que ce qui fait régulièrement échec à mon sens c'est le poids de la norme que diffuse l'environnement éducatif, familial et social. Une forme de colonialisme. Distribuer la bonne parole, entre autre à grand coup de normes.
En réfléchissant à une réorientation dans le secteur, j'envisage de me tourner vers soit des institutions qui ne font pas institutions, séjours de rupture, hôpital pédopsychiatrique, structure pour autiste, structure pour personne sourde. Des lieux où l'on vient accepter la culture de l'autre et le rencontrer dans cette différence plutôt que de lui inculquer la seule manière valable de vivre à l'autre.
Mais je ne doute pas que c'est entre autre illusion, surtout au vue de ton témoignage.
Ce qui me gêne horriblement pourtant c'est d'envisager que dans une équipe il revient comme rôle à certains membres, un ou plusieurs, de prendre en charge ses collègues et de les tirer vers le haut. On ne peut faire vraiment sens sans son collègue mais cela impliquerait alors de devoir accompagner et les résidents et les autres professionnels de l'équipe. La dose de prétentions à assumer et a vous filez des vertiges.
Invité- Invité
Re: Educ en vrac. Pourquoi c'est pas le handicap mental le plus compliqué dans ce métier ?
Je suis éducatrice aussi et depuis quelques années, j'ai arrêté de travailler dans ce secteur, car je ne le supportais plus. Ce que tu dis : "social et valeurs humanistes ne sont plus très amies", je l'ai ressenti très fortement et personnellement, je n'arrive pas à passer au-dessus. Je souffre beaucoup trop, me cogne dans le cadre, ne supporte pas la violence institutionnelle et ne comprends pas mes collègues (enfin avec certains ça allait, mais d'autres...)... je suis contente pour toi que tu arrives à positiver et à envisager ton avenir plus sereinement que moi.
Bonne "chance"
Bonne "chance"
enzèbrée- Messages : 384
Date d'inscription : 31/03/2011
Re: Educ en vrac. Pourquoi c'est pas le handicap mental le plus compliqué dans ce métier ?
Bonsoir Sillemme,
C'est avec beaucoup d'attention que j'ai lu ton témoignage et ton cheminement, étant particulièrement sensible à la situation de handicap.
Je partage ton avis, tu es à ta place en tant qu'éducateur.
C'est une évidence quand on entend comment tu en parle et quelles valeurs tu défends, bravo, tu as tout compris.
Selon moi, mais ce n'est que mon avis, le problème est né de ce que la psy a dit, elle a entrouvert une porte en t'encourageant à foncer dans cette voie, mais sans t'accompagner véritablement. D'où les conséquences que tu as connues : remise en question, réaffirmation, différenciation d'avec tes collègues etc....
Sillemme, si je peux me permettre, cette semi "révélation" qu'elle t'a faite, ne change en rien qui tu es, qui tu as voulu devenir. Le problème c'est qu'elle n'a pas fait le tour de toutes tes qualités, elle a dit "atypique" d'accord mais encore ? A-t-elle réaffirmé ton côté Adaptable ? Loyal ? Observateur ? Altruiste ?... et autres qualités qui ont fait que tu es là aujourd'hui ???
Je trouve ça triste de ne définir quelqu'un que d'une couleur, c'est tellement loin de la réalité, réducteur et finalement destructeur pour la personne...
Pour en revenir au problème du cadre, je partage aussi ton avis, qu'on pourrait faire mieux, mais ça c'est valable dans absolument tout les domaines. Mais je pense aussi qu'il y a un temps pour tout, un temps pour faire une avancée ( nouvelle théorie et mise en application) un temps pour que les choses stagnes, le temps que chacun les assimile et commence à observer qu'on pourrait faire mieux et y réfléchisse.... Vouloir bousculer trop de choses sans assez d'espace entre les deux risque de faire naître trop de réticences chez les gens qui vivent mal le changement. La réticence au changement n'est pas qu'observable chez les personnes handicapées....
Prends ton temps, laisse aussi à tes collègues le temps d'être ouvert au changement, tu sentiras quand ce sera le bon moment, mais avec modération, un pas.... un temps....un pas....et tout le monde avancera dans le même sens et dans le même rythme
Ps: et si en plus tu arrivais de temps en temps à faire en sorte que la nouvelle idée vienne officiellement de quelqu'un d'autre, tu y gagneras en esprit d'équipe
C'est avec beaucoup d'attention que j'ai lu ton témoignage et ton cheminement, étant particulièrement sensible à la situation de handicap.
Je partage ton avis, tu es à ta place en tant qu'éducateur.
C'est une évidence quand on entend comment tu en parle et quelles valeurs tu défends, bravo, tu as tout compris.
Selon moi, mais ce n'est que mon avis, le problème est né de ce que la psy a dit, elle a entrouvert une porte en t'encourageant à foncer dans cette voie, mais sans t'accompagner véritablement. D'où les conséquences que tu as connues : remise en question, réaffirmation, différenciation d'avec tes collègues etc....
Sillemme, si je peux me permettre, cette semi "révélation" qu'elle t'a faite, ne change en rien qui tu es, qui tu as voulu devenir. Le problème c'est qu'elle n'a pas fait le tour de toutes tes qualités, elle a dit "atypique" d'accord mais encore ? A-t-elle réaffirmé ton côté Adaptable ? Loyal ? Observateur ? Altruiste ?... et autres qualités qui ont fait que tu es là aujourd'hui ???
Je trouve ça triste de ne définir quelqu'un que d'une couleur, c'est tellement loin de la réalité, réducteur et finalement destructeur pour la personne...
Pour en revenir au problème du cadre, je partage aussi ton avis, qu'on pourrait faire mieux, mais ça c'est valable dans absolument tout les domaines. Mais je pense aussi qu'il y a un temps pour tout, un temps pour faire une avancée ( nouvelle théorie et mise en application) un temps pour que les choses stagnes, le temps que chacun les assimile et commence à observer qu'on pourrait faire mieux et y réfléchisse.... Vouloir bousculer trop de choses sans assez d'espace entre les deux risque de faire naître trop de réticences chez les gens qui vivent mal le changement. La réticence au changement n'est pas qu'observable chez les personnes handicapées....
Prends ton temps, laisse aussi à tes collègues le temps d'être ouvert au changement, tu sentiras quand ce sera le bon moment, mais avec modération, un pas.... un temps....un pas....et tout le monde avancera dans le même sens et dans le même rythme
Ps: et si en plus tu arrivais de temps en temps à faire en sorte que la nouvelle idée vienne officiellement de quelqu'un d'autre, tu y gagneras en esprit d'équipe
K_pucine- Messages : 23
Date d'inscription : 12/02/2014
Age : 47
Localisation : Eure
Re: Educ en vrac. Pourquoi c'est pas le handicap mental le plus compliqué dans ce métier ?
Hey Silemme!
Où en es-tu aujourd'hui? Je trouve tes questionnements intéressants. J'ai travaillé avec des personnes avec un handicap mental aussi, et quand tu soulignes leur obéissance, le fait qu'eux s'adaptent sans arrêt aux éducs, et (en gros ) toujours écrasés par le collectif, j'ai l'impression de m'entendre.
Mais je te propose d'en parler de vive voix, si tu le souhaites, j'habite Grenoble. (Je viens de poser un doodle sur un fil que tu suis, d'où le fait que j'ai été voir les profils et que je suis arrivée ici. )
Bonne continuation! (Et par pitié, reste éduc, si tous les bons se cassent on est mal barrés!)
Où en es-tu aujourd'hui? Je trouve tes questionnements intéressants. J'ai travaillé avec des personnes avec un handicap mental aussi, et quand tu soulignes leur obéissance, le fait qu'eux s'adaptent sans arrêt aux éducs, et (en gros ) toujours écrasés par le collectif, j'ai l'impression de m'entendre.
Mais je te propose d'en parler de vive voix, si tu le souhaites, j'habite Grenoble. (Je viens de poser un doodle sur un fil que tu suis, d'où le fait que j'ai été voir les profils et que je suis arrivée ici. )
Bonne continuation! (Et par pitié, reste éduc, si tous les bons se cassent on est mal barrés!)
Rymounette- Messages : 235
Date d'inscription : 13/11/2012
Age : 33
Localisation : Dijon
Re: Educ en vrac. Pourquoi c'est pas le handicap mental le plus compliqué dans ce métier ?
Bonsoir à tous,
Etant moi-même éducatrice, j'ai parcouru ce fil avec attention et je me suis pas mal reconnue dans ce qui y est écrit...
J'ai travaillé pendant environ 13 ans dans des équipes éducatives qui accompagnaient des personnes handicapées mentales... J'ai adoré le contact avec ces personnes qui, comme moi, sortaient de la norme. J'ai rapidement compris que je devais user de ma capacité d'adaptation pour que ça passe avec les collègues et, de ce fait, je pouvais tout de même rester un peu moi-même...
Mais, il est vrai que travailler en équipe avec des gens immatures ou incompétents ou simplement bêtes devenait de plus en plus difficile au fil du temps... J'ai eu la chance de grimper dans la hiérarchie et d'ainsi sortir des groupes, je crois que c'est ce qui me permet de continuer à travailler dans ce domaine.
Mais, diriger des éducs n'est de loin pas une chose facile et ce n'est pas rose tous les jours... je dois pas mal me blinder pour ne pas me laisser prendre au piège par mes sentiments et faire attention à ne pas avoir trop de coups de sang face au manque de sens pratique, de compétence, etc... En plus, même si mon poste actuel rempli mon besoin de défi et me permet d'utiliser mes capacités de réflexion et d'anticipation (ce qui est déjà pas mal), il m'éloigne du terrain et du contact avec les résidents.... ce n'est pas l'idéal non plus...
Je ne sais pas comment cela se passe en France, mais en Suisse, de nouveaux métiers peuvent représenter une solution pour les éducs zébrés qui ont un excellent lien avec les bénéficiaires mais ont du mal à s'insérer dans une équipe. Tout d'abord, les AEMO (Action Educative en Milieu Ouvert) qui interviennent directement dans les familles pour aider les proches à accompagner au mieux les enfants qui sont souvent victimes d'un manque de compétence de leurs parents ou encore les Case Managers qui interviennent sur mandat pour mettre en place un réseau autours d'une personne handicapée et lui permettre de vivre de la manière la plus autonome possible (mettre en place des services tels qu'ergo, physio, soin à domicile si besoin ou simplement l'accompagner dans les apprentissages tels que la gestion de son ménage, de la cuisine, la tenue du budget, etc...).
Je pense que nous tenons là des pistes qui peuvent représenter un début de solution...
Etant moi-même éducatrice, j'ai parcouru ce fil avec attention et je me suis pas mal reconnue dans ce qui y est écrit...
J'ai travaillé pendant environ 13 ans dans des équipes éducatives qui accompagnaient des personnes handicapées mentales... J'ai adoré le contact avec ces personnes qui, comme moi, sortaient de la norme. J'ai rapidement compris que je devais user de ma capacité d'adaptation pour que ça passe avec les collègues et, de ce fait, je pouvais tout de même rester un peu moi-même...
Mais, il est vrai que travailler en équipe avec des gens immatures ou incompétents ou simplement bêtes devenait de plus en plus difficile au fil du temps... J'ai eu la chance de grimper dans la hiérarchie et d'ainsi sortir des groupes, je crois que c'est ce qui me permet de continuer à travailler dans ce domaine.
Mais, diriger des éducs n'est de loin pas une chose facile et ce n'est pas rose tous les jours... je dois pas mal me blinder pour ne pas me laisser prendre au piège par mes sentiments et faire attention à ne pas avoir trop de coups de sang face au manque de sens pratique, de compétence, etc... En plus, même si mon poste actuel rempli mon besoin de défi et me permet d'utiliser mes capacités de réflexion et d'anticipation (ce qui est déjà pas mal), il m'éloigne du terrain et du contact avec les résidents.... ce n'est pas l'idéal non plus...
Je ne sais pas comment cela se passe en France, mais en Suisse, de nouveaux métiers peuvent représenter une solution pour les éducs zébrés qui ont un excellent lien avec les bénéficiaires mais ont du mal à s'insérer dans une équipe. Tout d'abord, les AEMO (Action Educative en Milieu Ouvert) qui interviennent directement dans les familles pour aider les proches à accompagner au mieux les enfants qui sont souvent victimes d'un manque de compétence de leurs parents ou encore les Case Managers qui interviennent sur mandat pour mettre en place un réseau autours d'une personne handicapée et lui permettre de vivre de la manière la plus autonome possible (mettre en place des services tels qu'ergo, physio, soin à domicile si besoin ou simplement l'accompagner dans les apprentissages tels que la gestion de son ménage, de la cuisine, la tenue du budget, etc...).
Je pense que nous tenons là des pistes qui peuvent représenter un début de solution...
Kinka- Messages : 202
Date d'inscription : 12/09/2014
Age : 45
Localisation : Suisse
Re: Educ en vrac. Pourquoi c'est pas le handicap mental le plus compliqué dans ce métier ?
Bon ça commence à faire un moment que je me procrastine ce sujet.
Je laisse encore monter un peu la pression et j'essaie de venir partager les nouveautés que je rencontre sur le sujet.
Je laisse encore monter un peu la pression et j'essaie de venir partager les nouveautés que je rencontre sur le sujet.
Dernière édition par sillemme le Dim 14 Déc 2014 - 8:04, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Educ en vrac. Pourquoi c'est pas le handicap mental le plus compliqué dans ce métier ?
Je saisis l'occasion d'une insomnie contre laquelle je n'ai pas de volonté pour écrire quelques lignes de plus.
Aujourd'hui cela va mieux, en fait non, aujourd'hui je le vis mieux. Zut non plus.
Aujourd'hui il y a un mieux mais au fond cela ne change rien. Je croise toujours ces signes qui me souffle à l'oreille que je dois prendre mes distances et me construire ou rejoindre une alternative où il est possible de défendre des valeurs de dignité humaine.
Mais je dois reconnaître que j'ai avancé sur mon lieu de travail. J'en ai tiré des enseignements mais le chemin serait fort long avant que de trouver un équilibre dans mon positionnement.
- Avant de partir en sans solde, j'étais dans la colère. Je sortais d'un positionnement attentiste, versé dans l'analyse, les paroles rares mais écoutées, et essayant d'influencer par des actions indirectes et douces. En tout cas c'est la représentations que j'en garde.
Aujourd'hui que je suis revenu, j'ai un tout autre positionnement. Je suis beaucoup plus réactif et provocateur. Je me laisse vivre, mais j'ai parfois l'impression de perdre pied dans cette nouveauté, de m'enthousiasmer dans cette dimension qui me manquait et que je parviens à ouvrir aujourd'hui mais aux dépends d'autres tâches. Peut être les mouvements personnels autour jouent ils également dans cela.
Je n'ai pas oublié ma pensée d'hier et son regard critique. Je voulais accompagner mes collègues comme on accompagne un enfant,avec bienveillance et tendresse. En prenant sur moi de minimiser les tensions. D'offrir une écoute pour soutenir dans les instants difficiles.
J'aime cette manière de voir les choses mais c'est aussi s'interdire d'être soi. C'est s'exclure de son propre chef parce que l'on vit toujours à distance.
C'est aussi se considérer supérieur en terme de valeur d'intelligence et surtout dénier dans le même fait une certaine légitimité de leurs actions.
C'est encore refuser avant même d'avoir essayé. C'est refusé les conflits d'idée. C'est avoir peur de se blesser plus qu'on ne l'est déjà. C'est en omettant de remettre les collègues à leurs places l'occasion de continuer à regarder les résidents surnager dans un bain d'indignité sans même chercher à leur tendre une perche.
Au final ce n'est pas je pense le bon positionnement professionnel. Enfin si à partir du moment où au moins une autre personne accepte d'assumer le rôle d'empêcheur de tourner en rond, place au combien inconfortable et effrayante.
Aujourd'hui je suis référencé comme empêcheur de tourner en rond. Depuis que je suis revenu, il m'a été reconnu ce rôle. Jusqu'à entendre dans un espace de réflexion que j'étais hors norme.
J'ai l'impression que quelque chose a été gagné. Je ne suis plus dangereux puisque je suis disqualifié, hors concours. Un soulagement, ça me laisse une liberté d'entreprendre, de défendre plus activement les valeurs de l'engagement politique pour la cause humaine et le retour d'un esprit critique inhérent au métier.
ll en naît presque un mouvement collectif de recherche dans ce sens.
Je suis hors compétition mais ça ne veut pas dire qu'il ne traîne pas certaines rancoeurs.
Ca s'est pour le positif. Mais il y a bien entendu des contreparties à ce choix.
- Je ne peux toujours pas virer agir sur les cadres. Mais même un petit groupe dissidents ne peux rien contre l'administration du social sans déclarer une guerre violente. Ce que pour ma plus grande lâcheté je ne sais et veux assumer seul.
- Je travaille dans une temporalité beaucoup plus courte, entraîné par l'agir. Je prends des risques. J'ai ainsi signifié clairement que ma dynamique de travail impliquait la remise en cause de l'autorité et du dogme, que je me présentais régulièrement en mauvaise exemple auprès des résidents. J'ai l'impression de parler trop vite, de plus assez tout retourner dans ma tête pendant des vies entières. C'est déstabilisant. Paradoxalement à m'autoriser à être hors norme, j'ai l'impression de rentrer à pleine vitesse dans une norme (mais c'est pas important ni même souhaité ou alors... (mais je ne serai pas à une contradiction près), et j'ai peur (mais j'assume) que cela ne se fasse à grand fracas. Tout ce que j'éteins se précipite pour sortir et j'ai envie d'essayer tant d'idées.
Et la apparait une crainte, celle d'aller trop loin pour le reste des professionnels et de devenir le poil de trop ingérable, déséquilibrant un édifice déjà très fragile.
Le mieux, ennemi du bien ? Après dans la mesure où je suis repéré provocateur, peut être un tel positionnement peut il être intégré, construit dans une dynamique collective professionnelle.
- L'enthousiasme m'emporte et je ne suis plus aussi vigilant qu'avant. Je fais des oublis, des erreurs sur ces petites choses que je maîtrisais quand je maîtrisais aussi mon comportement et ses pulsions de (ré)formateur (moralisateur?). Et puis j'ai moins de temps pour tout faire. Je m'abîme des images de moi historique et actuelle (mais l'historique je le faisais déjà avant). Je n'ai pas envie de blesser les gens que j'apprécie par faute d'inattention, parce que je m'emporte ailleurs. J'ai l'impression de pas très bien gérer la liberté d'être soi.
- Peut être le dernier point, je pense que si je me pointais comme une fleur dans une nouvelle structure, outre que ce serait fort intéressant expérimentalement parlant, j'imagine que la rencontre pourrait être beaucoup plus conflictuelle et inconfortable.Ici je bénéficie de toute une évolution, et de la compréhension que ce comportement n'est pas un dénigrement de l'autre.
Voilà où j'en suis, toujours le sentiment que je dois laisser ce secteur derrière moi quelques temps.
Aujourd'hui le plus compliqué pour moi dans ce métier ce n'est peut être pas le handicap mental, c'est peut être juste moi (encore que je doive assez facilement rimer avec vu le nombre de fois que certains résidents passe à me dire que je ne suis pas fini).
J'ai l'impression que mon écriture et beaucoup plus éclatée et difficile à suivre, voir chiante. Mes excuses donc ainsi que pour les fautes et encore pour ne pas réussir à prendre le temps de vous répondre mais ce fil m'est bien agréable de vos longues réponses. Partager et transmettre avec ses paires...
Juste encore quelques lignes. Je suis plutôt critique sur ces nouveaux métiers. Il s'intègre pour moi aujourd'hui dans un réseau administratif qui prône une logique d'entreprise et je n'aime pas l'idée même si je comprends les opportunités qu'ils offrent. A ce jour, à moyen, long terme, je crois que l'on va perdre les associations pour plusieurs raisons. Elles sont en concurrence avec les entreprises privées qui arrivent dans le milieu d'une part et d'autre part elle adhère avec plus ou moins d'enthousiasme à la logique d'entreprise.
Pour l'instant je fonde mes espoirs sur les petites institutions associatives qui ont encore des marges de manoeuvres et surtout au niveau des initiatives populaire non professionnalisées.
Rymounette pas de soucis pour en causer à l'occasion.
Aujourd'hui cela va mieux, en fait non, aujourd'hui je le vis mieux. Zut non plus.
Aujourd'hui il y a un mieux mais au fond cela ne change rien. Je croise toujours ces signes qui me souffle à l'oreille que je dois prendre mes distances et me construire ou rejoindre une alternative où il est possible de défendre des valeurs de dignité humaine.
Mais je dois reconnaître que j'ai avancé sur mon lieu de travail. J'en ai tiré des enseignements mais le chemin serait fort long avant que de trouver un équilibre dans mon positionnement.
- Avant de partir en sans solde, j'étais dans la colère. Je sortais d'un positionnement attentiste, versé dans l'analyse, les paroles rares mais écoutées, et essayant d'influencer par des actions indirectes et douces. En tout cas c'est la représentations que j'en garde.
Aujourd'hui que je suis revenu, j'ai un tout autre positionnement. Je suis beaucoup plus réactif et provocateur. Je me laisse vivre, mais j'ai parfois l'impression de perdre pied dans cette nouveauté, de m'enthousiasmer dans cette dimension qui me manquait et que je parviens à ouvrir aujourd'hui mais aux dépends d'autres tâches. Peut être les mouvements personnels autour jouent ils également dans cela.
Je n'ai pas oublié ma pensée d'hier et son regard critique. Je voulais accompagner mes collègues comme on accompagne un enfant,avec bienveillance et tendresse. En prenant sur moi de minimiser les tensions. D'offrir une écoute pour soutenir dans les instants difficiles.
J'aime cette manière de voir les choses mais c'est aussi s'interdire d'être soi. C'est s'exclure de son propre chef parce que l'on vit toujours à distance.
C'est aussi se considérer supérieur en terme de valeur d'intelligence et surtout dénier dans le même fait une certaine légitimité de leurs actions.
C'est encore refuser avant même d'avoir essayé. C'est refusé les conflits d'idée. C'est avoir peur de se blesser plus qu'on ne l'est déjà. C'est en omettant de remettre les collègues à leurs places l'occasion de continuer à regarder les résidents surnager dans un bain d'indignité sans même chercher à leur tendre une perche.
Au final ce n'est pas je pense le bon positionnement professionnel. Enfin si à partir du moment où au moins une autre personne accepte d'assumer le rôle d'empêcheur de tourner en rond, place au combien inconfortable et effrayante.
Aujourd'hui je suis référencé comme empêcheur de tourner en rond. Depuis que je suis revenu, il m'a été reconnu ce rôle. Jusqu'à entendre dans un espace de réflexion que j'étais hors norme.
J'ai l'impression que quelque chose a été gagné. Je ne suis plus dangereux puisque je suis disqualifié, hors concours. Un soulagement, ça me laisse une liberté d'entreprendre, de défendre plus activement les valeurs de l'engagement politique pour la cause humaine et le retour d'un esprit critique inhérent au métier.
ll en naît presque un mouvement collectif de recherche dans ce sens.
Je suis hors compétition mais ça ne veut pas dire qu'il ne traîne pas certaines rancoeurs.
Ca s'est pour le positif. Mais il y a bien entendu des contreparties à ce choix.
- Je ne peux toujours pas virer agir sur les cadres. Mais même un petit groupe dissidents ne peux rien contre l'administration du social sans déclarer une guerre violente. Ce que pour ma plus grande lâcheté je ne sais et veux assumer seul.
- Je travaille dans une temporalité beaucoup plus courte, entraîné par l'agir. Je prends des risques. J'ai ainsi signifié clairement que ma dynamique de travail impliquait la remise en cause de l'autorité et du dogme, que je me présentais régulièrement en mauvaise exemple auprès des résidents. J'ai l'impression de parler trop vite, de plus assez tout retourner dans ma tête pendant des vies entières. C'est déstabilisant. Paradoxalement à m'autoriser à être hors norme, j'ai l'impression de rentrer à pleine vitesse dans une norme (mais c'est pas important ni même souhaité ou alors... (mais je ne serai pas à une contradiction près), et j'ai peur (mais j'assume) que cela ne se fasse à grand fracas. Tout ce que j'éteins se précipite pour sortir et j'ai envie d'essayer tant d'idées.
Et la apparait une crainte, celle d'aller trop loin pour le reste des professionnels et de devenir le poil de trop ingérable, déséquilibrant un édifice déjà très fragile.
Le mieux, ennemi du bien ? Après dans la mesure où je suis repéré provocateur, peut être un tel positionnement peut il être intégré, construit dans une dynamique collective professionnelle.
- L'enthousiasme m'emporte et je ne suis plus aussi vigilant qu'avant. Je fais des oublis, des erreurs sur ces petites choses que je maîtrisais quand je maîtrisais aussi mon comportement et ses pulsions de (ré)formateur (moralisateur?). Et puis j'ai moins de temps pour tout faire. Je m'abîme des images de moi historique et actuelle (mais l'historique je le faisais déjà avant). Je n'ai pas envie de blesser les gens que j'apprécie par faute d'inattention, parce que je m'emporte ailleurs. J'ai l'impression de pas très bien gérer la liberté d'être soi.
- Peut être le dernier point, je pense que si je me pointais comme une fleur dans une nouvelle structure, outre que ce serait fort intéressant expérimentalement parlant, j'imagine que la rencontre pourrait être beaucoup plus conflictuelle et inconfortable.Ici je bénéficie de toute une évolution, et de la compréhension que ce comportement n'est pas un dénigrement de l'autre.
Voilà où j'en suis, toujours le sentiment que je dois laisser ce secteur derrière moi quelques temps.
Aujourd'hui le plus compliqué pour moi dans ce métier ce n'est peut être pas le handicap mental, c'est peut être juste moi (encore que je doive assez facilement rimer avec vu le nombre de fois que certains résidents passe à me dire que je ne suis pas fini).
J'ai l'impression que mon écriture et beaucoup plus éclatée et difficile à suivre, voir chiante. Mes excuses donc ainsi que pour les fautes et encore pour ne pas réussir à prendre le temps de vous répondre mais ce fil m'est bien agréable de vos longues réponses. Partager et transmettre avec ses paires...
Juste encore quelques lignes. Je suis plutôt critique sur ces nouveaux métiers. Il s'intègre pour moi aujourd'hui dans un réseau administratif qui prône une logique d'entreprise et je n'aime pas l'idée même si je comprends les opportunités qu'ils offrent. A ce jour, à moyen, long terme, je crois que l'on va perdre les associations pour plusieurs raisons. Elles sont en concurrence avec les entreprises privées qui arrivent dans le milieu d'une part et d'autre part elle adhère avec plus ou moins d'enthousiasme à la logique d'entreprise.
Pour l'instant je fonde mes espoirs sur les petites institutions associatives qui ont encore des marges de manoeuvres et surtout au niveau des initiatives populaire non professionnalisées.
Rymounette pas de soucis pour en causer à l'occasion.
Invité- Invité
Re: Educ en vrac. Pourquoi c'est pas le handicap mental le plus compliqué dans ce métier ?
Pour avoir travaillé aussi dans ce milieu, et en être parti, j'en ai conclu que les handicapés mentaux ne sont pas toujours ceux que l'on nous montre.
Invité- Invité
Re: Educ en vrac. Pourquoi c'est pas le handicap mental le plus compliqué dans ce métier ?
Moi, j'ai changé de structure pour la nième fois. Je travaille dans un lycée professionnel dans le cadre du dispositif Ulis. J'accompagne des élèves "dys" : dysléxiques, dysphasiques... Je m'y sens bien pour l'instant, mais je pense qu'on peut encore aller plus loin dans la démarche tel que travailler en amont avec les profs ... faire un vrai travail de partenariat et de concertation avec eux me parait indispensable. Par exemple revoir avec eux la présentation d'une feuille de cours, d'exercices et de contrôle (pas tjs adapté aux élèves dys). Mais ce n'est pas évident, faute de temps prévu pour le faire. Alors, j'essaye de le faire à la va vite lors de discussions succintes après cours et je leur montre après coup mon exemplaire adapté (police grossie, interligne supplémentaire ...). C'est tjs mieux que rien. Heureusement, certains profs sont réceptifs à mes remarques et ne demandent pas mieux que je les conseille. Mais aussi ça me paraitrait plus logique que les élèves aient moins d'heures de cours dans la semaine pour qu'on puisse les prendre dans notre salle et reprendre ensemble ce qui n'ont pas compris, les faire réviser et leur faire faire les exercices demandés par les profs; ceci en prenant le tps nécessaire pour chacun. Souvent ce sont des élèves qui ne font rien chez eux (par découragement ou par fatigue), et non pas de suivi de la part des parents. Quitte à passer leur CAP en 3 au lieu de 2 ans.
Je me montre créative. A peine arrivée, je proposais déjà des choses pour améliorer notre organisation (à Ulis, nous sommes 2 AESH, 3 AVS et la coordinatrice qui est une ancienne prof de SEGPA). Je dois faire juste attention de ne pas trop me la jouer perso et d'éviter de trop m'imposer au sein de l'équipe car la coordinatrice risque de croire que je prends sa place et je risque d'agacer mes collègues! Ce qui risque de mettre à mal notre relation. C'est vrai que j'ai tendance à être l'élève qui dépasse le maitre, et ça ne plait pas tjs! C'est déjà arrivé qu'on n'apprécie pas mon rôle leader que j'ai souvent au sein d'une équipe. Faut que je sois vigilante à ce sujet.
Je me montre créative. A peine arrivée, je proposais déjà des choses pour améliorer notre organisation (à Ulis, nous sommes 2 AESH, 3 AVS et la coordinatrice qui est une ancienne prof de SEGPA). Je dois faire juste attention de ne pas trop me la jouer perso et d'éviter de trop m'imposer au sein de l'équipe car la coordinatrice risque de croire que je prends sa place et je risque d'agacer mes collègues! Ce qui risque de mettre à mal notre relation. C'est vrai que j'ai tendance à être l'élève qui dépasse le maitre, et ça ne plait pas tjs! C'est déjà arrivé qu'on n'apprécie pas mon rôle leader que j'ai souvent au sein d'une équipe. Faut que je sois vigilante à ce sujet.
cerise71- Messages : 50
Date d'inscription : 22/04/2013
Age : 60
Localisation : saone et loire
Re: Educ en vrac. Pourquoi c'est pas le handicap mental le plus compliqué dans ce métier ?
Je vais peut être reprendre ce fil. Je viens de tenter un post sur lesocial.
Si ça passe je vous le soumet ici pour critique, si ça passe pas peut être aussi d'ailleurs.
Et je me demandais si la bande de blasé du social qui se trouve dans le coin pourrait se trouver une motivation commune à aller acter une espièglerie critique sur les fofos égocentrés du secteur.
Je suis d'humeur taquine et enfantine sur l'instant.
Allez je poste le texte de suite. Hésitez pas à être cinglant.
Si ça passe je vous le soumet ici pour critique, si ça passe pas peut être aussi d'ailleurs.
Et je me demandais si la bande de blasé du social qui se trouve dans le coin pourrait se trouver une motivation commune à aller acter une espièglerie critique sur les fofos égocentrés du secteur.
Je suis d'humeur taquine et enfantine sur l'instant.
Allez je poste le texte de suite. Hésitez pas à être cinglant.
"""message d'avertissement : le texte suivant va tourner autour de deux ressentis, l'un avec lequel je suis venu, l'autre que j'ai retrouvé ici.
Je tiens par avance à avertir que sa rédaction pourra prendre un caractère provocateur. Mon but n'est en aucun cas d'agresser quiconque dans son identité personnelle.
En revanche je serais ravi si sur quelques notions cela suscitait l'interrogation et mieux le débat. Je ne tiens en aucun cas à culpabiliser, et je n'ai pas la vérité mais j'ai un regard. Il n'y a pas de prétention le cas échéant à un jugement absolu du secteur.
Et alors quoi ?!
Y a plus de débats. J'arrive ce matin, dans le ventre, j'ai depuis longtemps un poids. Un truc que j'ai essayé de partager mais pas évident.
Je me rappelle du magazine Le social, je me rappelle de l'affection que je lui témoignais, une impression d'un média laissant place aux questionnements.
Voilà, là bas je devrais savoir laisser un petit quelque chose qui va peut être se partager, se défaire, se refaire, évoluer avec de nouvelles réflexions.
Premier réflexe, le forum, lieu de partage et d'échange interactif. Y a de tout là bas.
Et alors quoi ?!
C'est sous catégorisé, que des métiers, ok, bon l'espace échange, réflexion, ressentis on le trouve où dans ce fouilli ? Je parcours les différents métier, en proie à la panique, j'aurai envie de toucher tout le monde. C'est con hein ! C'est horriblement prétentieux. Pas grave, l'importement n'est pas le jugement à porter, c'est la diversité des expériences qui nous nourrit.
Même sentiment au premier regard dans chaque sous forum. Il faut je crois toujours écouter sa première impression avec intention. J'ai un peu peur. Je sens monter la colère mais on ne se laisse pas aller. Y a un forum global ça n'appartient à personne, ça doit peut être nous rassembler tous.
Déception, dans chaque titre, ou presque, c'est le même constat. Ca sniff l'égocentrisme. Pas de jugement sur les gens, non c'est juste sur ce qu'il manque autour.
En fait c'est moi qui ai un problème. J'aurais aimé trouver une de ces nombreuses questions qui m'ont accompagné et suscite des débats, font s'affronter les regards, rassemble les diversités.
Non là y en a que pour la Convention collective, son avenir personnel, ses exams, et autres considérations plutôt techniques. J'ai pas cherché longtemps à trouver un sujet qui me donne tort et il doit y en avoir certainement mais ils doivent être noyé. La passion n'est pas là.
J'assume le défaut de recherche, c'est un choix, de transmettre cette première impression. J'ai envie d'échanger, de partager quelque chose de l'engagement social, de débattre mais je ne sais pas où, je dois chercher.
Je dois chercher l'endroit où l'on peut penser et s'enrichir ensemble sur un forum spécialisé sur les métiers du social. Ca me fait étrange de dire ça...
Je n'aime pas l'impression qui monte.
En fait pour utiliser une image...
On dirait un SAV des métiers du social, t'as pas l'impression d'arriver dans le meilleur endroit où parler d'obsolescence du matos que tu viens d'utiliser, ça doit être dans le petit réduit d'à côté, où alors faut aller chez les concurents, un petit groupuscule d'agités du métier qui n'ont pas d'adresse dans le botin, ça marche par bouche à oreille.
En fait on dirait que la démarche d'engagement ce n'est pas ici. En même temps t'es en dehors de tes heures et t'en fais déjà assez.
Il nous manque peut être un truc sur le web, pour râler, exiger, se plaindre, affirmer ses convictions, parler de ses luttes, s'insurger, désobéir, un lieu où en bon travailleur social, on défend le non pour mieux dire le oui.
A me relire ça me paraîtrait démesurément fou, provocateur, voir irrespectueux, quel imbu de moi même, prétentieux, arrogant (et je l'ai fait donc je confirme). En fait c'est déjà gênant de l'écrire même à travers une médiation. Ca sent la colère, ça me donne l'impression qu'elle est dirigée. Pourtant non, juste là aujourd'hui on est dans la même pièce. Ca tient à peu de chose. Dans trois mois c'est perdu dans les tréfonds.
En fait y a du chagrin, un rien de tristesse, du désespoir. On écrit pas forcément comme l'on ressent.
Mais pour provoquer encore un peu...
C'est un peu une évaluation, j'objectivationne pas, je subjective, je fais à la vite, c'est pas fouillé travaillé, mais c'est pas moi qui doit traiter les données brutes, les mettre en forme les analyser. C'est juste de la matière.
Voilà au premier regard j'aurai aimé trouvé dans un tout mêlé, de la réflexion et des renseignements, des informations utiles, des liens vers des articles, des sites militants. J'aurais voulu trouver du ressenti, de l'émotion, du Jeu, du moi, du nous et pas avant tout du "Moi Je" J'aurais peut être pu écrire juste une phrase. J'aurais caché tout le reste. J'ai pas raison mais si j'agite un peu, ça doit pas faire de mal. Si ?
En fait j'étais venu raconter autre chose ce matin. Un truc qui n'a rien à voir. J'avais envie de partager une image.
Je repensais à mon ancienne équipe avant de prendre une autre route. Je pensais à ce malaise que je n'ai pas su partager. J'avais cette image.
Je raconte... brièvement. J'essaie.
J'ai vu, j'ai entendu des choses qui font mal. J'ai pas supporté, je n'ai toujours pas digéré, mais surtout je n'ai pas su partager. J'ai eu peur de blesser mes collègues, leurs sensibiltés, je n'ai pas su les affronter suffisament, prendre le risque en les bousculant eux de peut être donner un peu plus d'équilibre à ceux que nous accompagnons. Le matin devant le miroir, ou sans j'en ai pas besoin, c'est jamais très loin, j'y repense.
J'ai vécu dans une équipe où le maître mot était l'indifférenciation, sa conséquence la compétition.
J'ai vécu dans une équipe où le quotidien des professionnels pourtant c'était la différence, la diversité, l'individuation.
Comment ça peut exister, ça me parait un non sens. Et le mal que cela a fait à chacun. Les émotions vécues. C'est effrayant.
J'ai eu l'impression de vivre le plus bas de ce qui est vivable dans nos métiers, peut être la plus grande des maltraitances psychiques, au moins la plus lanscinante.
Alors forcément quand on ressent tous nos différences au quotidien, dans les manières d'être et de faire, dans les savoirs, l'endurance, l'enthousiasme, l'ouverture, la différence des regards portés par ces personnes qui nous suivent sans réels pouvoirs ; que se passe t'il ?
On se retrouve autour des fiches de poste. Le seul endroit qui nous autorisaient un peu à parler de nos différences à nous.
Au fond de moi j'espérais qu'on s'interroge sur nos identités professionnelles, qu'on se questionne qu'on s'enrichisse de l'autre. QUE l'on s'enrichissent de nos différences !! Mais dans un système compétitif, on s'exacerbe, on se protège, on se défend, on se ferme.
La fiche de poste ce n'était que des mots sur du papier. Simplement des savoirs faire techniques qui sur le terrain se répartissaient dans un équilibre hétérogène. La vie quoi, simplement la vie. Je m'occupais de ce que je faisais le mieux en remerciant mes collègues de faire ce qui m'était le plus compliqué.
Je n'aime pas la paperasse admnistrative, je n'aime pas l'argent, j'ai du mal avec le travail de réseau, mais à l'intérieur j'avais de singuliers atouts. Eh bien ces lieux où je savais moins, des collègues étaient là et assuraient. Mais ça ne suffit pas à faire l'équilibre qui aille de l'avant.
Il faut une démarche collective, reconnaître la dimension normalisatrice de l'institution, d'une évaluation aveugle, d'une parole menteuse. Je ne peux que me dire que je suis responsable à ma mesure et pleinement, je n'ai pas réussi à trouver les outils et pourtant j'avais des pistes. (prétentieux aussi, des idées peut être... mmh avoir des idées, ça fait genre que les autres n'ont pas, prétentieux aussi ça. Je devrais me taire.)
Et l'identité, la singularité, ça n'existe plus. Ca disparait devant une fiche de poste, un projet d'établissement, un morceau de papier trop souvent tâché à la vite, à manier des mots sans plus se poser les questions de ce qu'ils signifient, tant est plus important l'obligation de rentrer dans les clous de la loi. Ecrire ce qu'il faut, là où il faut, et à temps.
Malgré ce que j'ai entendu, ce que l'on m'a affirmé, je vais oser la pire des horreurs.
Nous sommes tous différents ! Nous ne sommes pas tous aussi intelligents les uns que les autres. Il y a des éducateurs plus intelligents que d'autres dans le domaine du social mais pire, il y en a même de plus intelligents que d'autres et en pratiquement tout.
Quelle horreur ! Exprimer que des éducateurs de même niveau d'études peuvent être plus intelligents que d'autres. C'est le pompon. La formation est là pour justifier de l'é.. de l'équité ? de l'égalité ?...
La formation est là pour justifier de la maîtrise à minima d'un métier et en aucun cas d'un maxima (désolé pour les puristes du latin, ça parait être du pluriel).
Ca serait tant qu'on le reprécise d'entrée de jeu. Nous ne sommes pas égaux et le serons jamais mais nous pouvons tendre à l'équité.
Et j'accuse le milieu éducatif(donc personne et tout le monde) qui travaille dans la déficience mentale de lâcheté. (ça c'est péremptoire de ma part, c'est plus une intuition/déduction).
Il serait temps qu'avant de caractériser les degrés d'intelligences de ceux qui nous subissent, nous questionnions et partagions ensemble les nôtres ; ces bas niveaux, moyens niveaux, déficiences lourdes, légères, etc...
Et moi éducateur mon degré d'efficience il est de quel nature ? (pas dans la sphère privé, ça ne me regarde pas, mais dans la sphère professionnelle).
Car accepter que d'autres soient moins intelligents (eux sont situés, pas nous) écrit que les différences intellectuelles existent. Et il sera difficile de prouver que toute différence disparait sitôt l'absence de diagnostique médical.
J'ai réussi à m'en sortir de ce jeu du conformisme/normalisme, de cette compétition du autant que l'autre, de cette lutte pour ne pas la subir. J'ai trouvé un contournement. C'est tout bête ça tenait juste à une étiquette. Elle était suffisament repoussante, marginalisante pour me permettre d'échapper à cette compétition à titre personnel mais les conséquences sur l'équipe ne m'épargnait pas. On me ramenait une singularité étrange, bizarre. J'ai formalisé l'informel. Et personne ne veut être bizarre donc pas de compétitions. J'ai trouvé la paix, un peu.
(hélas ce n'est pas absolu).
C'est étrange de voir dans l'éducatif l'être humain aculé à ce mal être, aculé à ce seul et injuste mensonge que l'intelligence fait la valeur. C'est horrible quand je pense que ceux qui ont confiance et suivent nos projets avec tant d'empathie sont dans la plus grande contradiction, tout à la fois la pire des choses qui puissent arriver (le sort pas enviable, c'est dire l'image qu'on en a, je trouve surtout que c'est les responsabilités et représentations des autres qui nous donne cette répulsion à l'idée de vivre leur vie ; pas sûr que dépressif, bipolaire, cancéreux, burn outé soit plus enviable mais on a au moins l'illusion de pouvoir saisir une porte de sortie, aïe) et l'objet de notre sincère affection pour la beauté de la différence qu'ils nous partagent, sommes toutes si souvent dans une grande gentillesse.
Chaque individu à une identité d'intelligence unique, qu'elle est différente de toute autre, qu'elle se subdivise dans de nombreuses dimensions et ce en qualité et en quantité. (théroies des intelligences https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_des_intelligences_multiples ; à ne pas les nommer voyez ce qu'on loupe comme richesse)
Elle est composante de la personnalité. Surtout il faut se garder de lui mélanger la notion de valeur, qui elle est d'origine culturelle. Il faut s'émanciper de l'idée que l'intelligence fait la valeur, pas seulement dans les mots, mais dans les actes. Il faut l'intérioriser.
Certains on plus à donner que d'autre et il est inutile de vouloir prouver que moi aussi je puis être tout aussi valable que mon collègue. Le faire est presque un aveu de la moindre valeur de ceux que nous accompagnons.
La diversité, la différence ne nous enrichissent plus ?
Une équipe devrait passer plus de temps à se reconnaître, à s'apprivoiser, à laisser émerger le meilleur de chacun plutôt que de chercher à se conformer à une fiche poste.
Les textes doivent avoir force de guide et non force de loi. A perdre ce regard, il me semble que l'on perd son métier, que l'on n'est plus que technique et qu'eux enfin ne sont plus que les moyens de bien les exercer et évaluer.
Il n'y a rien de bref, et j'aurai du arrêter d'écrire. Je risque d'encourir, les jugements les plus durs, les raccourcis enfiévrés.
Je n'apprends rien, je réaffirme.
Si l'on veut accompagner la différence au mieux, il faut libérer et apprivoiser ensemble les nôtres plutôt que de les enfermer dans des règlements. Il nous faut faire exemple.
Je tu il nous vous ils et elle et aussi elles et encore eux que l'on ne sait pas toujours et puis aussi personne bref tous en fait...
Devrait on aller jusqu'à suivre le même parcours que les déficients mentaux ?
- Albert, trisomique (je sais ça ne se dit pas, mais moi je crois que l'étiquette quand on dépasse les tabous, c'est un fameux outil d'émancipation) a un développement mental d'un enfant de 7 ans dans le domaine B dit Mme La psychologue.
- François, éducateur (je sais on devrait dire personne porteuse de la fonction d'éducateur mais m'en veuillez pas pour ces raccourcis, puisqu'on ne vient pas qu'avec ses compétences) a un développement mental d'un enfant de 14 ans dans le domaine B dit Mme la même Psychologue.
Le désastre.
Se l'imaginer chacun pour soi par contre pourrait être un exercice anonyme intéressant.
Ce que je n'ai pas vu dans le travail d'équipe, c'est un travail autour de la diversité dans l'équipe.
Il existe pourtant des outils qui permettent une approche de nos différences et permettent de comprendre plus facilement pourquoi l'un sait mieux faire que l'autre, pourquoi l'autre là ramène toujours sur les responsabilités hiérarchiques au lieu de se regarder déjà lui même.
Il existe tant de manières de penser. Je pense à un outil comme le MBTI qui abordé superficiellement et de manière plutôt ludique, laisse vite apparaître la pensée globale de l'un, la pensée plus ciblée mais aussi plus précise de l'autre, la pensée tout à fait commune de cet autre encore mais qui à cette écoute si empathique et précieuse dans les retours qu'il apporte, les nécessités d'ordre ou de désordre dans les modèles d'organisation de chacun pour arriver à la même efficience et encore tant de chose.
Autant de petites machins qui permettraient d'arrêter de s'énerver sur son collègue juste par que l'on arrive pas à intégrer qu'il puisse être tellement différent de soi alors qu'il nous parait si semblable au milieu de cette marginalité qui nous entoure.
On est pas là pour s'adapter à son collègue mais aux clients (.sic), a lui de prendre ses responsabiltés de professionnel et de s'adapter. (une manière d'écrire qu'il n'y a qu'une vision valable, la bonne, la plus pro... la sienne).
Aujourd'hui dans certaines grandes entreprises, on commence à rechercher des personnes aux profils atypiques pour venir enrichir les équipes, les projets, amener des idées nouvelles déstabilisantes.
Il serait dommage que dans l'éducatif on en vienne à l'inverse à toujours plus de normalisation réglementée.
Pour finir je dirai juste que je m'inquiète de l'orientation qui semble être celle du secteur avec la survivance de seules grandes associations qui standardisent de plus en plus leurs procédures (pour des raisons financières).
Je me demande si en ne faisant pas attention, le privé lucratif ne va gagner les parts du marché en ayant elles les moyens de se payer un management plus souple et inventif.
Bien à vous"""
Invité- Invité
Re: Educ en vrac. Pourquoi c'est pas le handicap mental le plus compliqué dans ce métier ?
Bonjour Sillemme.
Ton texte est fort intéressant, puisqu'il parle du fond en passant par la forme. Je suis particulièrement étonnée depuis un petit moment de constater que les éducateurs se plaignent des procédures absurdes mais ne s'y opposent pas vraiment. Ils viennent geindre le manque de sens de leur institution respectives mais ne disent rien aux responsables de ses mêmes institutions.
De mon côté je constate qu'il y a de plus en plus d'espace de formation pour de moins en moins de poste. Pourquoi continuer à former en masse des travailleurs sociaux puisqu'il n'y a déjà pas assez d'emploi pour les personnes diplômées. L'éducateur d'aujourd'hui est un peu formaté à mon sens, je lui trouve un petit côté mouton là où je l'ai connu plutôt côté rebelle.
Peut être ai je trop idéalisé ce métier qui est le mien depuis plus de 25 ans. Simplement aujourd'hui je ne le reconnais plus. Je vois simplement des personnes qui doivent accepter les contraintes et les non sens ou partir de grès ou de force. Je vois des burn out, des harcèlements, des moutons suiveurs et des gens qui se taisent de peur de perdre leur emploi. Je vois des "usagers" ( je ne me ferais jamais à cette dénomination) qui sont plus clairvoyants que leur éducateur sur ce qui se passe dans les institutions et je me demande quand cela va s'arrêter.
Il y a de plus en plus d'éducateurs qui se lance dans le libéral malgré les contraintes financières et éthiques et franchement je les comprends.
Ce métier perd son sens tout simplement.
Ton texte est fort intéressant, puisqu'il parle du fond en passant par la forme. Je suis particulièrement étonnée depuis un petit moment de constater que les éducateurs se plaignent des procédures absurdes mais ne s'y opposent pas vraiment. Ils viennent geindre le manque de sens de leur institution respectives mais ne disent rien aux responsables de ses mêmes institutions.
De mon côté je constate qu'il y a de plus en plus d'espace de formation pour de moins en moins de poste. Pourquoi continuer à former en masse des travailleurs sociaux puisqu'il n'y a déjà pas assez d'emploi pour les personnes diplômées. L'éducateur d'aujourd'hui est un peu formaté à mon sens, je lui trouve un petit côté mouton là où je l'ai connu plutôt côté rebelle.
Peut être ai je trop idéalisé ce métier qui est le mien depuis plus de 25 ans. Simplement aujourd'hui je ne le reconnais plus. Je vois simplement des personnes qui doivent accepter les contraintes et les non sens ou partir de grès ou de force. Je vois des burn out, des harcèlements, des moutons suiveurs et des gens qui se taisent de peur de perdre leur emploi. Je vois des "usagers" ( je ne me ferais jamais à cette dénomination) qui sont plus clairvoyants que leur éducateur sur ce qui se passe dans les institutions et je me demande quand cela va s'arrêter.
Il y a de plus en plus d'éducateurs qui se lance dans le libéral malgré les contraintes financières et éthiques et franchement je les comprends.
Ce métier perd son sens tout simplement.
Zebraskaroll- Messages : 67
Date d'inscription : 17/05/2015
Re: Educ en vrac. Pourquoi c'est pas le handicap mental le plus compliqué dans ce métier ?
Merci de ton retour, et si ça te motive, on peut aller semer la zizanie sur le forum Lesocial en proposant de nouvelles situations incongrues ou approfondissant certaine. Un front de résistance pacifique pour venir empiéter sur la place de la "bien-pensance"
En attendant si vous voulez en rajouter de votre/vos témoignage(s) pour gonfler le fil et lui ajouter de la visibilité voici le lien :
http://www.lesocial.fr/forums/8-48178-0-alors-quoi
Bien à vous
En attendant si vous voulez en rajouter de votre/vos témoignage(s) pour gonfler le fil et lui ajouter de la visibilité voici le lien :
http://www.lesocial.fr/forums/8-48178-0-alors-quoi
Bien à vous
Invité- Invité
Sujets similaires
» pourquoi pour moi est-ce si compliqué de travailler quand cela paraît pourtant une évidence pour d'autres?
» Similitudes, influences et corrélations entre "Toi je te vois faire [métier] ! " et métier(s) exercé(s) (ensuite)
» Vos valeurs dans votre métier
» puis je continuer dans ce metier ??
» Des zèbres en Yvelines ?
» Similitudes, influences et corrélations entre "Toi je te vois faire [métier] ! " et métier(s) exercé(s) (ensuite)
» Vos valeurs dans votre métier
» puis je continuer dans ce metier ??
» Des zèbres en Yvelines ?
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum