Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
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Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Frégate
Elle est oiseau, voyez ses ailes. Or elle n’a qu’un L à son nom si bien que par vent arrière, elle navigue de travers.
Frégate étrangère à la zone de circulation aérienne, elle s’interroge sur la localisation d’un pilône turquoise, symbole d’Orly, qui fait office de tour de contrôle.
Sur les radars au tournis jaune, elle n’apparaît point. Le rayon d’or chemine dans la quadrature d’un disque: nul ne se penche pour tenter de découvrir l’explosion fluorescente de son cœur, attardé à virevolter autour des lignes de haute tension.
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Elle est oiseau, voyez ses ailes. Or elle n’a qu’un L à son nom si bien que par vent arrière, elle navigue de travers.
Frégate étrangère à la zone de circulation aérienne, elle s’interroge sur la localisation d’un pilône turquoise, symbole d’Orly, qui fait office de tour de contrôle.
Sur les radars au tournis jaune, elle n’apparaît point. Le rayon d’or chemine dans la quadrature d’un disque: nul ne se penche pour tenter de découvrir l’explosion fluorescente de son cœur, attardé à virevolter autour des lignes de haute tension.
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NewHope- Messages : 1047
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Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Lignes
Du haut de ses migrations, la rêverie ultime. Se laisser emporter. Quadrillage rationnel des champs, sillage rectiligne des rails, sinuosité, douce des routes nationales, rigide des autoroutes, lacets autour des montagnes, à la fois morsure dans les éboulis et strangulation des sommets, ondulation des fleuves et des rivières et les mille et une vibrations des sentiers, des chemins, tremblotant entre les massifs, les forêts et les lacs. On ne remarque leurs infinies griffures qu’après avoir rempli ses yeux de lignes et des courbes. Les fractales repliées en mondes intérieurs inventent des fossés connus d’elles seules.
[...]
Du haut de ses migrations, la rêverie ultime. Se laisser emporter. Quadrillage rationnel des champs, sillage rectiligne des rails, sinuosité, douce des routes nationales, rigide des autoroutes, lacets autour des montagnes, à la fois morsure dans les éboulis et strangulation des sommets, ondulation des fleuves et des rivières et les mille et une vibrations des sentiers, des chemins, tremblotant entre les massifs, les forêts et les lacs. On ne remarque leurs infinies griffures qu’après avoir rempli ses yeux de lignes et des courbes. Les fractales repliées en mondes intérieurs inventent des fossés connus d’elles seules.
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NewHope- Messages : 1047
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Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Frontières Ce que j'ai fait, je te jure, aucune bête ne l'aurait fait." (Guillaumet)
Au delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable. Attention à la marche en descendant du train. Il est interdit de se pencher à travers la fenêtre.
Quelles sont nos limites par delà les médiocres interdits de la vie quotidienne ? On se prend à s’interroger. Quand sera-t-on ce héros qu’on espérait devenir ?
Le justicier s’est transformé en père tranquille, le bandit d’honneur en citoyen modèle, l’aventurier en rentier, inquiet des fluctuations de la Bourse à Wall Street ou à Tokyo.
[...]
Au delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable. Attention à la marche en descendant du train. Il est interdit de se pencher à travers la fenêtre.
Quelles sont nos limites par delà les médiocres interdits de la vie quotidienne ? On se prend à s’interroger. Quand sera-t-on ce héros qu’on espérait devenir ?
Le justicier s’est transformé en père tranquille, le bandit d’honneur en citoyen modèle, l’aventurier en rentier, inquiet des fluctuations de la Bourse à Wall Street ou à Tokyo.
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NewHope- Messages : 1047
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Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
L’assiette
Faim d’autrefois. Devant ses yeux, cette assiette pleine de nourriture. Contempler cette colline de victuailles lui coupe l’appétit. Comme lorsqu’on a soif d’amour, il n’est pas juste de vous offrir cette quantité industrielle d’un amour conditionné et suffisant. A la chaîne. Sans surprise.[...]
Faim d’autrefois. Devant ses yeux, cette assiette pleine de nourriture. Contempler cette colline de victuailles lui coupe l’appétit. Comme lorsqu’on a soif d’amour, il n’est pas juste de vous offrir cette quantité industrielle d’un amour conditionné et suffisant. A la chaîne. Sans surprise.[...]
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NewHope- Messages : 1047
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Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Troisième sous-sol
La plus belle façon de mentir est de dire la vérité, une vérité si invraisemblable que tous les mensonges que vous pourrez inventer passeront pour les plus solides arguments paysans en rapport avec votre première version trop intellectuelle. On ne songe pas que vous dites d’emblée ce que vous pensez. On vous soupçonne de duplicité, appliquant le vieil adage comme quoi tout voleur croit que tout le monde le vole, par ce transfert d’un intérieur vers un autre, projection habituelle des gens ordinaires et si prévisibles.
[...]
La plus belle façon de mentir est de dire la vérité, une vérité si invraisemblable que tous les mensonges que vous pourrez inventer passeront pour les plus solides arguments paysans en rapport avec votre première version trop intellectuelle. On ne songe pas que vous dites d’emblée ce que vous pensez. On vous soupçonne de duplicité, appliquant le vieil adage comme quoi tout voleur croit que tout le monde le vole, par ce transfert d’un intérieur vers un autre, projection habituelle des gens ordinaires et si prévisibles.
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NewHope- Messages : 1047
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Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Farniente
Joue appuyée sur la main, coude sur un coussin de canapé, le reste du corps nonchalamment lové sur un plaid, dans l’enveloppe d’une robe de chambre, le paresseux laisse ses yeux mi-clos. Une lumière coule d’une lampe sur un guéridon, ne blessant aucunement sa vue. Le silence est parfait.
[...]
Joue appuyée sur la main, coude sur un coussin de canapé, le reste du corps nonchalamment lové sur un plaid, dans l’enveloppe d’une robe de chambre, le paresseux laisse ses yeux mi-clos. Une lumière coule d’une lampe sur un guéridon, ne blessant aucunement sa vue. Le silence est parfait.
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NewHope- Messages : 1047
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Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
L’essentiel
Que vivent ceux qui rient, que meurent ceux qui pleurent.
Savez-vous quoi ? Avez-vous une idée de l’énervement dans lequel vous plongez vos lecteurs ? Ces bons sentiments. Cet héroïsme à bon marché. Ils en ont plus qu’assez !
D’ailleurs personne ne vous écrit. On ne vous lit plus guère. Ces rodomontades, ces soliloques, ces digressions narcissiques ! Plus rien à dire. [...]
Que vivent ceux qui rient, que meurent ceux qui pleurent.
Savez-vous quoi ? Avez-vous une idée de l’énervement dans lequel vous plongez vos lecteurs ? Ces bons sentiments. Cet héroïsme à bon marché. Ils en ont plus qu’assez !
D’ailleurs personne ne vous écrit. On ne vous lit plus guère. Ces rodomontades, ces soliloques, ces digressions narcissiques ! Plus rien à dire. [...]
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NewHope- Messages : 1047
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Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Lettre à …
Parce que vous êtes psychologue, vous pensiez que je ne vous jugerai pas, que je vous déballerai ma vie comme d’autres déroulent des tapis rouges, assise sur un confortable fauteuil de cuir, que je sortirai ensuite mon argent sans poser de question sur les raisons qui vous font préférer l’argent monnaie au chèque, que je ne remarquerai pas que vous n’avez pas votre nom sur votre porte, ni de numéro sur votre portail, si bien que vous étiez incapable de me préciser par téléphone où vous habitiez et que, de votre portail, vous deviez me faire des signes de sémaphore, en pleine nuit, pour attirer mon attention.
[...]
Parce que vous êtes psychologue, vous pensiez que je ne vous jugerai pas, que je vous déballerai ma vie comme d’autres déroulent des tapis rouges, assise sur un confortable fauteuil de cuir, que je sortirai ensuite mon argent sans poser de question sur les raisons qui vous font préférer l’argent monnaie au chèque, que je ne remarquerai pas que vous n’avez pas votre nom sur votre porte, ni de numéro sur votre portail, si bien que vous étiez incapable de me préciser par téléphone où vous habitiez et que, de votre portail, vous deviez me faire des signes de sémaphore, en pleine nuit, pour attirer mon attention.
[...]
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NewHope- Messages : 1047
Date d'inscription : 08/03/2013
Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
...
Dernière édition par Majorette le Mer 22 Jan 2014 - 5:36, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Merci Majorette, j'ai eu de la chance: première séance gratuite.
Remarque bien. Je demande à ce psy un soutien moral et il me répond "vous devriez faire une psychothérapie".
Je ne comprends pas. Ma demande était claire. Pourquoi poursuit-il tout seul sa vision de ce que j'aurais besoin?
N'importe quel commerçant écoute ce que vous dites. Vous commandez un canard laqué dans un restaurant, ce n'est pas pour manger des nouilles.
Une psychothérapie, on sait quand ça commence, on ne sait pas quand ça finit. Et de plus, aucun résultat n'est garanti. Comme si vous preniez un médicament et que vous ne saviez pas s'il vous soignera. Où est la logique?
En tout cas, s'il veut bien accepter mes services, je veux bien, moi, le psychanalyser. Ainsi j'apprendrai comment ça marche!
Remarque bien. Je demande à ce psy un soutien moral et il me répond "vous devriez faire une psychothérapie".
Je ne comprends pas. Ma demande était claire. Pourquoi poursuit-il tout seul sa vision de ce que j'aurais besoin?
N'importe quel commerçant écoute ce que vous dites. Vous commandez un canard laqué dans un restaurant, ce n'est pas pour manger des nouilles.
Une psychothérapie, on sait quand ça commence, on ne sait pas quand ça finit. Et de plus, aucun résultat n'est garanti. Comme si vous preniez un médicament et que vous ne saviez pas s'il vous soignera. Où est la logique?
En tout cas, s'il veut bien accepter mes services, je veux bien, moi, le psychanalyser. Ainsi j'apprendrai comment ça marche!
NewHope- Messages : 1047
Date d'inscription : 08/03/2013
Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Mon crâne
Cherchant une position raffinée dans le métro pour poser ma tête alourdie de doutes, - je crois qu’elle pèse cent tonnes et que mon cou chancellerait si je ne lui avais au préalable appris à tourner dans toutes les directions, O mon cou, secteur faible de ma personne !, jusqu’à ce qu’une ceinture musculaire daigne s’y développer et servir de piédestal nervuré de veines palpitantes courant sous une membrane tendue - dans la tentation de paraître, paralysée par la fatigue des grands soirs décadents où l’on songe finir avec soi, avec les autres, et à nouveau avec soi, puisque les autres demeureront, et que puisqu’il ne s’agit que de songeries, nul ne risque rien si ce n’est une migraine persistante, alors que je n’ai jamais de céphalées, j’ouvris ma main comme un compas, pointe pour l’auriculaire, mine pour le pouce car il bénéficie du privilège de l’épaisseur, et j’enserrai mes tempes entre les deux. [...]
Cherchant une position raffinée dans le métro pour poser ma tête alourdie de doutes, - je crois qu’elle pèse cent tonnes et que mon cou chancellerait si je ne lui avais au préalable appris à tourner dans toutes les directions, O mon cou, secteur faible de ma personne !, jusqu’à ce qu’une ceinture musculaire daigne s’y développer et servir de piédestal nervuré de veines palpitantes courant sous une membrane tendue - dans la tentation de paraître, paralysée par la fatigue des grands soirs décadents où l’on songe finir avec soi, avec les autres, et à nouveau avec soi, puisque les autres demeureront, et que puisqu’il ne s’agit que de songeries, nul ne risque rien si ce n’est une migraine persistante, alors que je n’ai jamais de céphalées, j’ouvris ma main comme un compas, pointe pour l’auriculaire, mine pour le pouce car il bénéficie du privilège de l’épaisseur, et j’enserrai mes tempes entre les deux. [...]
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NewHope- Messages : 1047
Date d'inscription : 08/03/2013
Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
NewHope a écrit:.../... Vous commandez un canard laqué dans un restaurant, ce n'est pas pour manger des nouilles. .../...
Quoique quelques nouilles pour faire passer le canard....
OK! OK!
je sors !
Invité- Invité
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
NewHope a écrit:Lettre à …
Parce que .../...
Je me suis régalé à lire cela, vraiment régalé.
Je t'y ai vu.
Invité- Invité
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
NewHope a écrit:.../...Il sait qu’une fois, il prendra son courage à deux mains, qu’il choisira, lui, de parler, qu’il en dira trop et que l’autre fuira.
Il n’a jamais su faire les choses comme tout le monde.
Je voudrais t'emprunter ces mots en signature (en te citant comme auteure, bien sur).
M'y autorises-tu ?
Invité- Invité
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
J'aime l'essentiel, bravo et merci à toi
Arizona782- Messages : 2493
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Age : 31
Localisation : Demande à la NSA
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Ours a écrit:NewHope a écrit:.../...Il sait qu’une fois, il prendra son courage à deux mains, qu’il choisira, lui, de parler, qu’il en dira trop et que l’autre fuira.
Il n’a jamais su faire les choses comme tout le monde.
Je voudrais t'emprunter ces mots en signature (en te citant comme auteure, bien sur).
M'y autorises-tu ?
Parfaitement, Ours, les mots vont où ils volent, tant qu'ils sont en bonne compagnie!
Qu'on évite les coins où cela canarde trop! Merci de cet hommage.
NewHope- Messages : 1047
Date d'inscription : 08/03/2013
Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Merci à vous Oiseau Libre pour ces encouragements. Je pensais justement que "l'essentiel" ne plairait pas, car il a une dose de provocation.
Heureuse que mes paroles parodiques plaisent à quelqu'un. Je commençais à croire que cela ne plaisait à personne.
Heureuse que mes paroles parodiques plaisent à quelqu'un. Je commençais à croire que cela ne plaisait à personne.
NewHope- Messages : 1047
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Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Antennes
Il ne s’était rendu compte de rien. Ce geste familier de se calmer le front. Cet échange thermique basé sur une main fraîche émigrée d’un rebord glacé de fenêtre tandis qu’il fumait en silence de son trio de doigts gauches, pouce à l’affût, index et majeur à la recherche d’une fusion, aspirant la Lune et les empreintes des réverbères dans un tourbillon de feu issu de son blanchâtre et fragile éteignoir à poumons.
[...]
Il ne s’était rendu compte de rien. Ce geste familier de se calmer le front. Cet échange thermique basé sur une main fraîche émigrée d’un rebord glacé de fenêtre tandis qu’il fumait en silence de son trio de doigts gauches, pouce à l’affût, index et majeur à la recherche d’une fusion, aspirant la Lune et les empreintes des réverbères dans un tourbillon de feu issu de son blanchâtre et fragile éteignoir à poumons.
[...]
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NewHope- Messages : 1047
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Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Trains
« Le train numéro 7 803 en provenance de Trifouillis-les-Oies a été annulé dans cette gare. Le trafic sera interrompu jusqu’à 14 heures et ne reviendra à la normale que le lendemain à 10 heures. Nous prions nos aimables voyaugeurs de la gare du Bled Perdu de nous excuser. La prochaine correspondance pour Trifouillis-les-Oies s’effectuera en gare du Diable Vauvert »
[...]
« Le train numéro 7 803 en provenance de Trifouillis-les-Oies a été annulé dans cette gare. Le trafic sera interrompu jusqu’à 14 heures et ne reviendra à la normale que le lendemain à 10 heures. Nous prions nos aimables voyaugeurs de la gare du Bled Perdu de nous excuser. La prochaine correspondance pour Trifouillis-les-Oies s’effectuera en gare du Diable Vauvert »
[...]
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Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Erreurs
Si jamais l’on commençait à analyser mon numéro de sécurité sociale, les autorités administratives risqueraient de me le retirer, considérant qu’un numéro faux est inacceptable. En effet le numéro de département de mon lieu de naissance est erroné.
Comment mes parents n’ont-ils rien vu ? Comment n’ai-je pas tiqué à ce sujet ? [...]
Si jamais l’on commençait à analyser mon numéro de sécurité sociale, les autorités administratives risqueraient de me le retirer, considérant qu’un numéro faux est inacceptable. En effet le numéro de département de mon lieu de naissance est erroné.
Comment mes parents n’ont-ils rien vu ? Comment n’ai-je pas tiqué à ce sujet ? [...]
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NewHope- Messages : 1047
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Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Cauchemars
Ils se promenaient dans la rue, habillés de bric et de broc. Tenaient des béquilles en se déhanchant. Un père et son enfant traversèrent la chaussée. Ils dépassèrent l’entrée d’un garage d’où l’on devinait, dans l’ombre, la gueule ouverte des voitures confiantes dont on extrayait d’immondes caries. Derrière eux, les béquilles furent mises en joue, les miséreux firent déferler un déluge de feu sur tout ce qui bougeait. Père et fils ne savaient où se cacher. [...]
Ils se promenaient dans la rue, habillés de bric et de broc. Tenaient des béquilles en se déhanchant. Un père et son enfant traversèrent la chaussée. Ils dépassèrent l’entrée d’un garage d’où l’on devinait, dans l’ombre, la gueule ouverte des voitures confiantes dont on extrayait d’immondes caries. Derrière eux, les béquilles furent mises en joue, les miséreux firent déferler un déluge de feu sur tout ce qui bougeait. Père et fils ne savaient où se cacher. [...]
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NewHope- Messages : 1047
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Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Mesdaaaames et Meeeessssieurs,
Cela ne serait pas mal d'encourager la bête qui sue sang et eau afin de vous écrire en sortant de son cerveau à chaque fois des choses bizarres qui l'encombrent.
Merci à tous.
Quelques images pour enfants sages me plairaient également. Je le mérite. Je fais des efforts. Ouf!
Enfin, je le veau bien. Meuh... (une blague à deux sous, réponse à Ours qui en fait de pareilles)
Cela ne serait pas mal d'encourager la bête qui sue sang et eau afin de vous écrire en sortant de son cerveau à chaque fois des choses bizarres qui l'encombrent.
Merci à tous.
Quelques images pour enfants sages me plairaient également. Je le mérite. Je fais des efforts. Ouf!
Enfin, je le veau bien. Meuh... (une blague à deux sous, réponse à Ours qui en fait de pareilles)
NewHope- Messages : 1047
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Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Romance
Cette possibilité d’idéaliser un instant. Se dire que l’on aura vécu toute sa vie uniquement pour cette matinée de brumes roses.
Toute cette histoire n’a aucun sens ! Pourrait-on parler de coup de foudre ? Ne serait-ce pas plutôt des retrouvailles avec un être cher ? L’on aura discuté ensemble au téléphone sans se voir, je vous avais déjà fait rire, vous m’avez proposé votre amitié. J’étais indécise comme devant un trop beau cadeau. Si imprévu. .[...]
Cette possibilité d’idéaliser un instant. Se dire que l’on aura vécu toute sa vie uniquement pour cette matinée de brumes roses.
Toute cette histoire n’a aucun sens ! Pourrait-on parler de coup de foudre ? Ne serait-ce pas plutôt des retrouvailles avec un être cher ? L’on aura discuté ensemble au téléphone sans se voir, je vous avais déjà fait rire, vous m’avez proposé votre amitié. J’étais indécise comme devant un trop beau cadeau. Si imprévu. .[...]
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NewHope- Messages : 1047
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Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Course
Finalement l’amour commence mal, continue mal et se termine mal. Parce qu’on ne sait pas ce que c’est.
Et quand on a compris, il est parti depuis longtemps.[...]
Finalement l’amour commence mal, continue mal et se termine mal. Parce qu’on ne sait pas ce que c’est.
Et quand on a compris, il est parti depuis longtemps.[...]
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NewHope- Messages : 1047
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Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
J'aime beaucoup te lire.
Bise
Bise
Tounéko Pignon- Messages : 14
Date d'inscription : 27/01/2014
Age : 55
Localisation : Paname
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Ah merci, Tounéko!
Le silence éternel des espaces infinis m'effrayait mais un écho d'Hope y ions, quelque physicienne issue tardivement d'un cercle optimiste disparu, une collègue sans doute, cercle qui avait autrefois, dans ces années lointaines, pignon sur rue, a décidé de briser cette malédiction.
Enfin, ce vent du nord qu'on appelle bise, souffle on ne sait où et arrive on ne sait quand, étonnement renouvelé, surtout quand je n'ai rien à dire parce que je m'affale de fatigue devant mon clavier.
(Et là encore, je ne prends ni médicament, ni ne fume la moquette...)
Le silence éternel des espaces infinis m'effrayait mais un écho d'Hope y ions, quelque physicienne issue tardivement d'un cercle optimiste disparu, une collègue sans doute, cercle qui avait autrefois, dans ces années lointaines, pignon sur rue, a décidé de briser cette malédiction.
Enfin, ce vent du nord qu'on appelle bise, souffle on ne sait où et arrive on ne sait quand, étonnement renouvelé, surtout quand je n'ai rien à dire parce que je m'affale de fatigue devant mon clavier.
(Et là encore, je ne prends ni médicament, ni ne fume la moquette...)
NewHope- Messages : 1047
Date d'inscription : 08/03/2013
Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Je trouve que tu écris particulièrement bien dès qu'il s'agit de parler d'amour.
Le problème du silence, c'est qu'il veut tout dire.
Débrouille toi avec.
Le problème du silence, c'est qu'il veut tout dire.
Débrouille toi avec.
Tounéko Pignon- Messages : 14
Date d'inscription : 27/01/2014
Age : 55
Localisation : Paname
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Ah, Tounéko, voilà un appel du pied qui ne rentre pas dans l'oreille d'une sourde.
Je ne peux rien commander de ce que ma tête veut bien sortir.
Je lui passerai commande pour demain.
Le silence aplanit les différences entre sage et fou, entre intelligent et bête.
Discuter est une des occupations que j'adore, entre personnes ayant une même honnêteté intellectuelle.
On ne se refait pas. Je me noie dans le blabla.
Je ne peux rien commander de ce que ma tête veut bien sortir.
Je lui passerai commande pour demain.
Le silence aplanit les différences entre sage et fou, entre intelligent et bête.
Discuter est une des occupations que j'adore, entre personnes ayant une même honnêteté intellectuelle.
On ne se refait pas. Je me noie dans le blabla.
NewHope- Messages : 1047
Date d'inscription : 08/03/2013
Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Alors pour Touneko Pignon (de pin), en réponse voici le pain de ma planche à échos mignons.
Croisement
- On ne s’est pas déjà croisé quelque part ? m’interroge un barbu à lunettes, élément de cette kyrielle de représentants de professeurs, aussi indiscernables les uns des autres, clones de clones ou clones d’eux-mêmes, qui écument les colloques de biologie végétale.
- J’ai une très mauvaise mémoire des barbes à lunettes, ai-je répondu ; ou bien des lunettes à barbes. Mais je doute que vous et moi, nous ayons pu nous croiser.[...]
Croisement
- On ne s’est pas déjà croisé quelque part ? m’interroge un barbu à lunettes, élément de cette kyrielle de représentants de professeurs, aussi indiscernables les uns des autres, clones de clones ou clones d’eux-mêmes, qui écument les colloques de biologie végétale.
- J’ai une très mauvaise mémoire des barbes à lunettes, ai-je répondu ; ou bien des lunettes à barbes. Mais je doute que vous et moi, nous ayons pu nous croiser.[...]
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Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Dans le métro
Oh vous ne me croirez pas. Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer…..
Sauf que j’y suis déjà. Tapis près des rails, en séance solennelle,des rats rient d’un rien autour de leur roi.[...]
Oh vous ne me croirez pas. Croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer…..
Sauf que j’y suis déjà. Tapis près des rails, en séance solennelle,des rats rient d’un rien autour de leur roi.[...]
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Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Comme je parierais que t'es du genre à enfiler un mec jusqu'au trognon sans avoir l'élémentaire politesse de lui manipuler gentiment le petit frère, j'te préviens, c'est un doublon avec mon propre fil.
Naissance et mort
Ce matin brumeux de janvier, ils l'emmenèrent ailleurs. Février ne tarderait pas à pointer sa petite taille; aussi discrets que monstrueux, leur routine ne souffrait pas d'improvisation, la Brigade Des Jumeaux se chargea du transfert de mon frère à-peine-né.
Dans ce décor carrelé où l'acier inoxydable soutenait la modernité et l'obsession de l'utile, l'équipe de fantôme remplissait sa mission grise.
Ils sont entrés dans la salle commune d'accouchements comme des ombres, les bruits ordinaires de leur activité ne se traduisaient par aucune réaction des humains en place, ni les futures ou déjà-mères, ni les propulseuses de grosses têtes défonceuses, ni les braillards gluants. Ils n'attiraient pas plus l'attention que l'aide-soignante obèse et antillaise n'attire le regard du professeur dell'arte, en représentation devant sa vingtaine d'étudiants. Transfert était le terme officiel.
Comment faisaient-ils pour se faufiler dans l'espace restreint de la pièce sans provoquer la moindre réaction ? Comment l'omerta s'imposait-elle à ce public involontaire et varié. Plus c'est impossible et fou, plus l'absurde s'impose. Ils ont bien gardé le corps de Ben Laden si longtemps que seul un bain aurait du masqué les traces de décongélation. Alors un nouveau-né que personne ne réclame... Surtout ses parents... Vivre et laisser mourir. Demain est un autre jour.
Je vis depuis lors dans un monde où j'accorde ma confiance sans problème, délivré du poids de devoir écarter l'hypothèse de la trahison et du meurtre, si évidents, si humains. La confiance se porte plutôt courte cette année, la couleur taupe reste une valeur sure. La libération ludique permet de s'extraire des consignes. Promouvoir l'excès, se flageller comme preuve de sa volonté, refusez le riz-au-lait et l'amour, toutes ces prisons ordinaires, ces chaines convenues, ces chantages incontournables, baptisés faim, sommeil, soif, besoin d'amour.
Je te rassure, tu me tiens sous ton emprise. Je te confirme que me priver de manger t'assurera la victoire. Me priver de télé te donnera la main-mise sur mes efforts scolaires. Faire croire que je tiens à la vie. Faire croire que la souffrance n'est pas permanente. Rassurer le tortionnaire sur la puissance de ses coups.
Toi aussi je t'aime, comme il est beau ton chagrin, comme elle est bien dessinée ta douleur, comme j'aurais aimé dessiner aussi bien. La porte du réfrigérateur s'impose comme support.
Laisse-moi regarder une dernière fois, t'accorder une dernière chance, chercher en toi un soupçon d'espoir. Non, aucun doute, tu fais partie de ceux qui n'ont rien vu, de ceux qui ne verront jamais. C'est bien, continue tes gribouillages, tu es douée, ta vie doit être passionnante. Et je t'aime.
Avec ton regard de cadavre, je t'assure ne pas ménager mes efforts pour tenter de te grimer d'une face humaine. Pourrais-tu quelques instants arrêter de me postillonner ce que tu appelles des idées au visage, je me sens devenu la victime d'un hachoir à viande devenu fou. Tes fragments d'idées vues et revues... Il ne faudrait jamais recongeler une idée décongelée. Pourquoi ne pas accorder à ce que tu crois essentiel le privilège que tu t'imposes pour un steak haché ?
Dans cette océan de zombies défraichis, des jeunes femelles se frottent à mes hanches, peut-être dans un but copulatoire inconscient, avant tout pour profiter de la fraicheur que je projette sans le vouloir. Après trois jours de travail sous terre, la première captation d'air pur doit s'approcher du plaisir que je procure. Toutes ces viandes avariées, tout ces déchets, tous ces relents dégénérés de ce qui fut jadis une pensée originale, ces panses dégueulantes d'ordinaire, de banal, de propre, d'amour, pantins informes d'une humanité perdue, et que, pour mon plus immense malheur je ne parviens pas à détester. Comment faire ? Pour moi, ils n'ont pas plus d'existence que leur soucis de paraitre, moins de présence que mon frère mort dans un combat inconnu.
Je dois les aider, les soutenir, leur garder la mandibule juste au-dessus du niveau de la fange dont ils refusent de s'extraire. Lorsqu'ils croient me mordre, je me contente de confier leur sort à leurs propres muscles misérables, image de leur volonté. Ce sont ces orgueilleux qui renouvellent le niveau de la cuve, la décomposition de leurs protéines se mêlent aux remugles des indispensables de l'histoire et des sans-grades, ceux qui ont le mérite de crever sans se vouloir différents. On en aurait l'illusion qu'ils puent moins.
Parfois, dans le reflet d'une vitrine, j'ai le fol espoir de croiser son regard. Mais non, aucune chance, celui-là aussi je vais devoir le prendre en charge, celle-là aussi je vais devoir la rassurer sur ses capacités de me séduire moi, les autres et surtout le premier aveugle venu débordant de sperme et d'alcool. Mes pas me portent quelques mètres plus loin, je reste stable, planté devant une autre vitrine. Le débardeur suspendu dissimule mon regard à la vendeuse dont les allers et retours ont le mérite de révéler ses mollets divins, la parfaite longueur des talons, la jupe droite. La chair est triste, grasse, pileuse, elle se contente de nous divertir en proposant quelques orifices nauséabonds, captant un temps considérable dans l'espoir de les travestir en objets de désir. Rendons grâce aux modestes de nous la masquer par des artifices vestimentaires et par du fond-de-teint épais.
Combien ? Je dirais entre cinq et dix secondes, avant que ce spectacle charmant retombe dans la fosse abyssale de l'ennui. Accompagné, j'aurais incité un de ceux qui se régalent à s'imaginer mon égal à rentrer dans la boutique et à tenter d'entrer dans le cercle rouge. Je suis seul, la nuit me parait plus prometteuse. Offre-moi ton pardon jusqu'à demain.
Frangin, où es-tu frangin ? Je suis sur que tu me dois une bière. Toute ma vie j'attendrais que tu me l'offres. Après ma mort, je sais bien que tu me l'apporteras, mais quelques minutes, juste quelques minutes avant de mourir, ne pas être seul. Juste quelques minutes.
Eblouis-moi frangin, fais résonner ton rire, impose aux médiocres l'originalité de ta mise, assomme les adorateurs des Converse-qui-puent de tes bouts miroirs. Décoche-leur dans un demi-sourire ce carreau parfait, cette sentence anodine, cette phrase intuitive, l'élégance discrète, laisse-moi gouter cette extase de communier avec la faune, cette sensation libératoire de partage avec ces étrangers, car tes mots m'atteignent autant qu'eux, pas plus, pas mieux.
Vous tous approchez, oui, vous les cadavres, vous les assassins, approchez, car je vous le dit : celui-ci est mon frère perdu et retrouvé. Vous trouvez que je fais joujou ? En comparaison de l'illusion de vos existences, je me sens d'une gravité dévastatrice.
Naissance et mort
Ce matin brumeux de janvier, ils l'emmenèrent ailleurs. Février ne tarderait pas à pointer sa petite taille; aussi discrets que monstrueux, leur routine ne souffrait pas d'improvisation, la Brigade Des Jumeaux se chargea du transfert de mon frère à-peine-né.
Dans ce décor carrelé où l'acier inoxydable soutenait la modernité et l'obsession de l'utile, l'équipe de fantôme remplissait sa mission grise.
Ils sont entrés dans la salle commune d'accouchements comme des ombres, les bruits ordinaires de leur activité ne se traduisaient par aucune réaction des humains en place, ni les futures ou déjà-mères, ni les propulseuses de grosses têtes défonceuses, ni les braillards gluants. Ils n'attiraient pas plus l'attention que l'aide-soignante obèse et antillaise n'attire le regard du professeur dell'arte, en représentation devant sa vingtaine d'étudiants. Transfert était le terme officiel.
Comment faisaient-ils pour se faufiler dans l'espace restreint de la pièce sans provoquer la moindre réaction ? Comment l'omerta s'imposait-elle à ce public involontaire et varié. Plus c'est impossible et fou, plus l'absurde s'impose. Ils ont bien gardé le corps de Ben Laden si longtemps que seul un bain aurait du masqué les traces de décongélation. Alors un nouveau-né que personne ne réclame... Surtout ses parents... Vivre et laisser mourir. Demain est un autre jour.
Je vis depuis lors dans un monde où j'accorde ma confiance sans problème, délivré du poids de devoir écarter l'hypothèse de la trahison et du meurtre, si évidents, si humains. La confiance se porte plutôt courte cette année, la couleur taupe reste une valeur sure. La libération ludique permet de s'extraire des consignes. Promouvoir l'excès, se flageller comme preuve de sa volonté, refusez le riz-au-lait et l'amour, toutes ces prisons ordinaires, ces chaines convenues, ces chantages incontournables, baptisés faim, sommeil, soif, besoin d'amour.
Je te rassure, tu me tiens sous ton emprise. Je te confirme que me priver de manger t'assurera la victoire. Me priver de télé te donnera la main-mise sur mes efforts scolaires. Faire croire que je tiens à la vie. Faire croire que la souffrance n'est pas permanente. Rassurer le tortionnaire sur la puissance de ses coups.
Toi aussi je t'aime, comme il est beau ton chagrin, comme elle est bien dessinée ta douleur, comme j'aurais aimé dessiner aussi bien. La porte du réfrigérateur s'impose comme support.
Laisse-moi regarder une dernière fois, t'accorder une dernière chance, chercher en toi un soupçon d'espoir. Non, aucun doute, tu fais partie de ceux qui n'ont rien vu, de ceux qui ne verront jamais. C'est bien, continue tes gribouillages, tu es douée, ta vie doit être passionnante. Et je t'aime.
Avec ton regard de cadavre, je t'assure ne pas ménager mes efforts pour tenter de te grimer d'une face humaine. Pourrais-tu quelques instants arrêter de me postillonner ce que tu appelles des idées au visage, je me sens devenu la victime d'un hachoir à viande devenu fou. Tes fragments d'idées vues et revues... Il ne faudrait jamais recongeler une idée décongelée. Pourquoi ne pas accorder à ce que tu crois essentiel le privilège que tu t'imposes pour un steak haché ?
Dans cette océan de zombies défraichis, des jeunes femelles se frottent à mes hanches, peut-être dans un but copulatoire inconscient, avant tout pour profiter de la fraicheur que je projette sans le vouloir. Après trois jours de travail sous terre, la première captation d'air pur doit s'approcher du plaisir que je procure. Toutes ces viandes avariées, tout ces déchets, tous ces relents dégénérés de ce qui fut jadis une pensée originale, ces panses dégueulantes d'ordinaire, de banal, de propre, d'amour, pantins informes d'une humanité perdue, et que, pour mon plus immense malheur je ne parviens pas à détester. Comment faire ? Pour moi, ils n'ont pas plus d'existence que leur soucis de paraitre, moins de présence que mon frère mort dans un combat inconnu.
Je dois les aider, les soutenir, leur garder la mandibule juste au-dessus du niveau de la fange dont ils refusent de s'extraire. Lorsqu'ils croient me mordre, je me contente de confier leur sort à leurs propres muscles misérables, image de leur volonté. Ce sont ces orgueilleux qui renouvellent le niveau de la cuve, la décomposition de leurs protéines se mêlent aux remugles des indispensables de l'histoire et des sans-grades, ceux qui ont le mérite de crever sans se vouloir différents. On en aurait l'illusion qu'ils puent moins.
Parfois, dans le reflet d'une vitrine, j'ai le fol espoir de croiser son regard. Mais non, aucune chance, celui-là aussi je vais devoir le prendre en charge, celle-là aussi je vais devoir la rassurer sur ses capacités de me séduire moi, les autres et surtout le premier aveugle venu débordant de sperme et d'alcool. Mes pas me portent quelques mètres plus loin, je reste stable, planté devant une autre vitrine. Le débardeur suspendu dissimule mon regard à la vendeuse dont les allers et retours ont le mérite de révéler ses mollets divins, la parfaite longueur des talons, la jupe droite. La chair est triste, grasse, pileuse, elle se contente de nous divertir en proposant quelques orifices nauséabonds, captant un temps considérable dans l'espoir de les travestir en objets de désir. Rendons grâce aux modestes de nous la masquer par des artifices vestimentaires et par du fond-de-teint épais.
Combien ? Je dirais entre cinq et dix secondes, avant que ce spectacle charmant retombe dans la fosse abyssale de l'ennui. Accompagné, j'aurais incité un de ceux qui se régalent à s'imaginer mon égal à rentrer dans la boutique et à tenter d'entrer dans le cercle rouge. Je suis seul, la nuit me parait plus prometteuse. Offre-moi ton pardon jusqu'à demain.
Frangin, où es-tu frangin ? Je suis sur que tu me dois une bière. Toute ma vie j'attendrais que tu me l'offres. Après ma mort, je sais bien que tu me l'apporteras, mais quelques minutes, juste quelques minutes avant de mourir, ne pas être seul. Juste quelques minutes.
Eblouis-moi frangin, fais résonner ton rire, impose aux médiocres l'originalité de ta mise, assomme les adorateurs des Converse-qui-puent de tes bouts miroirs. Décoche-leur dans un demi-sourire ce carreau parfait, cette sentence anodine, cette phrase intuitive, l'élégance discrète, laisse-moi gouter cette extase de communier avec la faune, cette sensation libératoire de partage avec ces étrangers, car tes mots m'atteignent autant qu'eux, pas plus, pas mieux.
Vous tous approchez, oui, vous les cadavres, vous les assassins, approchez, car je vous le dit : celui-ci est mon frère perdu et retrouvé. Vous trouvez que je fais joujou ? En comparaison de l'illusion de vos existences, je me sens d'une gravité dévastatrice.
Numero6- Messages : 6843
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Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Couleur locale
Tandis que dans le métro, une troupe d’Irlandais, grands, gros, gras, plein de gouaille, chantaient une version approximative de la Marseillaise a capella, et qu’un accordéoniste roumain suivait le rythme en mélangeant les chansons parisiennes des années trente avec les tubes de Nat King Cole, la main levée comme le pied d’un pointer ayant repéré du gibier, j’ai piqué un fou-rire.
[...]
Tandis que dans le métro, une troupe d’Irlandais, grands, gros, gras, plein de gouaille, chantaient une version approximative de la Marseillaise a capella, et qu’un accordéoniste roumain suivait le rythme en mélangeant les chansons parisiennes des années trente avec les tubes de Nat King Cole, la main levée comme le pied d’un pointer ayant repéré du gibier, j’ai piqué un fou-rire.
[...]
Dernière édition par NewHope le Lun 29 Sep 2014 - 23:04, édité 5 fois
NewHope- Messages : 1047
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Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Numero6 a écrit:......
Vous tous approchez, oui, vous les cadavres, vous les assassins, approchez, car je vous le dis : celui-ci est mon frère perdu et retrouvé. Vous trouvez que je fais joujou ? En comparaison de l'illusion de vos existences, je me sens d'une gravité dévastatrice.
Quelle déclaration d'une peau!
Quel trésor privé! C'est la sèche unité sociale qui frappe au portillon des couleuvres désoeuvrées ! Rayures sur le disque de nos mémoires. Moires sur l'airain de nos désarrois. Risque des reins, qui prend l'air. Ratures des croix écorchées.
On sortirait toutes les larmes d'un coup pour débouler sur le tapis roulant des souvenirs aux mâchoires d'or pur. La fange et le sublime, non dans le tour à tour, mais dans l'immédiateté de la fusion.
Essence et or et non naissance et mort, il y a des lettres de trop qui jouent aux assassins, Numéro6!
Combien les fantasques fantasmes s'en vont baguenauder entre découpures de tripes et coulures d’œdipe clandestin. Gémellité parce qu'il y a des diamants, qui se calfeutrent dans l'expression, les dits-amants des j'aime, des aiment-rôdent, les ça firent, ou firent ce que ça veut dire, gémellité du temps retrouvé, d'un numéro bis, d'un instant ter, d'une brisure en cinq doigts de main tenus par les orages et les foudres.
Et au lieu du j de joie des jumeaux, le discours quasi christique du fils prodigue, perdu, volé, enfui, dont on ne sait qui est le père, si ce n'est pas justement un impair et passe, ou dans le désordre inverse, comme ces renaissants célèbres au père inconnu.
Peut-être un double, un fantôme, un inconséquent dans lequel l'on se reconnaît, avec qui l'on naît à nouveau, cette fois pour de bon, pour se mettre en danger, non pour rire, mais pour casser la gueule du temps à géométrie variable qui a trop nauséabondé dans les sursauts d'un laboratoire d'exception, en exécrant ce qui est, qui n'est pas, ce qui sera et ce qui a été.
Secouée par les vertèbres, l'âme vient d'avoir une décharge à bon compte, dans des électrochocs multidirectionnels.
Ah! cette déclaration d'âme m'irait droit au cœur si j'en avais un à la place du mécanisme d'horlogerie d'exception qui me tient lieu de palpitant à longueur d'onde subnanométrique et à période infra hertziennes dans les ténèbres de la terre fraîchement remuée lors de mon enterrement .
Provocation permanente de ce début comme la charge de la cavalerie à laquelle mes doigts défaits aux boulons de platine auraient aimé répondre par des coups de serpe en acier au cobalt, quelques giclées de trinitrotoluène -mais le semtex n'est pas si mal dans le genre pâteux - et deux ou trois tonnes d'obus retrouvés lors du centenaire de la Grande Guerre.
Le corps de Saint-Exupéry étant malheureusement retrouvé, on se contentera de mes os, laids ou non, dont les bords écrasés et coupants pourraient faire croire à un semblant d'existence, et qui chavirent, de mal de mer en mal de terre, dans des bras trop chargés de cascade.
Bienvenue! la relève est prête. Avec sa langue de charogne et sa tête de déterré.
Frère, c'est parfait!
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Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Je rappelle cependant à Numero6 qu'un coup d'œil sur mon profil indiquerait que je n'appartiens pas au gens qu'il prétend.
En tout cas, la démonstration était belle, merci encore pour ce morceau d'anthologie.
J'ai donc enfin un frère, voilà qui m'apporte une certaine assurance à présent dans la vie!
En tout cas, la démonstration était belle, merci encore pour ce morceau d'anthologie.
J'ai donc enfin un frère, voilà qui m'apporte une certaine assurance à présent dans la vie!
NewHope- Messages : 1047
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Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Journal d’Adam
Grand-Papa m’a bien dit de ne pas parler aux étrangers. Enfin quand il y en aurait autour de moi. Je ne sais pas trop ce que c’est. Des trucs, des choses, des fantasmes. Comment savoir ?
De plus, il m’a prélevé un bout de côte, ça fait un mal de chien :
[...]
Grand-Papa m’a bien dit de ne pas parler aux étrangers. Enfin quand il y en aurait autour de moi. Je ne sais pas trop ce que c’est. Des trucs, des choses, des fantasmes. Comment savoir ?
De plus, il m’a prélevé un bout de côte, ça fait un mal de chien :
[...]
Dernière édition par NewHope le Lun 29 Sep 2014 - 23:05, édité 1 fois
NewHope- Messages : 1047
Date d'inscription : 08/03/2013
Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Un lecteur
Vous êtes mon unique lecteur.
Je ne suis écrivain que pour vous. [...]
Vous êtes mon unique lecteur.
Je ne suis écrivain que pour vous. [...]
Dernière édition par NewHope le Lun 29 Sep 2014 - 23:06, édité 1 fois
NewHope- Messages : 1047
Date d'inscription : 08/03/2013
Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
NewHope a écrit:
Elle a été créée pour me faire plaisir quand même. Revenons aux fondamentaux !
Pour cela ma sœur, il te sera beaucoup pardonné. Tes errements erratiques de gazelle en chaleur n'ont pas gommé en toi la racine profonde de ta naissance. Laisse l'esclave à sa soumission, l'oiseau à sa cage, et ressers-nous un soupçon de triple-sec, je m'en vais te faire oublier ta côte, la percussion de tes cervicales propagera ma médisance jusqu'au plus humide de tes ventricules, et ta substance blanche sera inondée d'une autre. Substance blanche.
Numero6- Messages : 6843
Date d'inscription : 15/12/2012
Age : 64
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Rien n'a d'importance.
Je sais.
Je sais.
Numero6- Messages : 6843
Date d'inscription : 15/12/2012
Age : 64
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
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Dernière édition par Relianne le Sam 8 Mar 2014 - 18:26, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Numero6 a écrit:Pour cela ma sœur, il te sera beaucoup pardonné..... Laisse l'esclave à sa soumission, l'oiseau à sa cage...NewHope a écrit:
Elle a été créée pour me faire plaisir quand même. Revenons aux fondamentaux !
Cette nouvelle était un piège à ... Ceux qui sont attirés finissent noyés avec leurs préjugés macho-virilo-absurdes.
Touché, coulé! Numero6: et d'un!.... J'attends les autres.
***
Merci cependant pour le partage du monde sur ZC, j'en ai la plus belle part d'après le descriptif de tes frontières.
Pas sûr que les zèbres ne se révoltent pas de cette nouvelle carte politique. (Dis donc tu n'as pas payé ta cotis')
Un brin élitiste? Je ne crois pas. Il suffit d'ouvrir un dictionnaire (mieux que sur interne net) et d'apprendre. Ca coûte moins cher qu'une place de cinéma. Lire et apprendre une page par jour. Et voilà le tour est joué en deux ans.
La culture populaire peut être raffinée. Les broderies du Nord étaient accomplies par des paysannes. Quelle beauté dans la manœuvre de l'exécution et dans le fini de l'ouvrage! Les églises furent construites par des ruraux analphabètes, certes sous les ordres d'architecte, mais tout de même!
Ne pas confondre vulgaire et populaire. Il y a de la vulgarité dans tous les milieux, y compris les plus favorisés.
Encore quelques préjugés à combattre. Il y a encore du boulot intérieur à faire, Numero6!
NewHope- Messages : 1047
Date d'inscription : 08/03/2013
Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Relianne a écrit:Et nous...NewHope a écrit:Un lecteur
Et moi.
Il s'agit d'une nouvelle. Elle symbolise une relation qu'il m'arrive d'avoir avec une personne (homme ou femme) avec laquelle j'ai un échange assidu. Mais la vie fait qu'il est impossible de parvenir à cet idéal que je préconise. Cela me désole.
Je fais donc, sans le dire, une allusion à la correspondance entre Tchaïkovski et Nadejda von Meck.
Il me plairait de créer une sorte de lien qui durerait de maintenant à ma mort, un lien qui jamais ne s'interromprait, qui serait bien au-dessus de l'ordinaire.
Je ne sais pas si quelqu'un l'accepterait et ne le trouverait pas encombrant.
Je pense qu'au bout de quelques mois, l'écrit s'userait et s'étiolerait.
Il n'y a qu'à contempler l'attitude de certains zèbres; un feu d'artifices, une comète et puis le silence et le néant juste après.
C'est très décevant, n'est-ce pas?
NewHope- Messages : 1047
Date d'inscription : 08/03/2013
Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Connais-tu les tenues de printemps des Provinces du Nord, bougu'eud'faignant ?
Alors va sur mon fil.
Tu ne comprends rien à rien décidément, la vulgarité est un art réservé à une société oisive et désenchantée. Seule une certaine aristocratie peut parvenir à pouffer à l'évocation vespérale d'un pet.
Le drame des zèbres, ce n'est pas l'inconstance, c'est cette limite constante qui les empêche de parler aux autres zèbres comme à des zèbres. Le conditionnement année après année à ne jamais croire que l'autre a vu, a compris, a deviné, finit par provoquer un appauvrissement du langage et la perte de l'appétence pour la digression.
Pour le dictionnaire je suis d'accord. Je me suis promené dans le monde entier en découvrant les définitions incluses dans le "Dictionnaire des termes philosophiques". Petit bouquin amusant qui contient dix fois, cent fois ce que les zèbres découvrent sur ce forum.
Comme disent les démineurs, ce qu'un cerveau humain a produit, un autre peut le reproduire. L'invention du cerveau remonte à de nombreuses années avant JSF.
Alors va sur mon fil.
Tu ne comprends rien à rien décidément, la vulgarité est un art réservé à une société oisive et désenchantée. Seule une certaine aristocratie peut parvenir à pouffer à l'évocation vespérale d'un pet.
Le drame des zèbres, ce n'est pas l'inconstance, c'est cette limite constante qui les empêche de parler aux autres zèbres comme à des zèbres. Le conditionnement année après année à ne jamais croire que l'autre a vu, a compris, a deviné, finit par provoquer un appauvrissement du langage et la perte de l'appétence pour la digression.
Pour le dictionnaire je suis d'accord. Je me suis promené dans le monde entier en découvrant les définitions incluses dans le "Dictionnaire des termes philosophiques". Petit bouquin amusant qui contient dix fois, cent fois ce que les zèbres découvrent sur ce forum.
Comme disent les démineurs, ce qu'un cerveau humain a produit, un autre peut le reproduire. L'invention du cerveau remonte à de nombreuses années avant JSF.
Numero6- Messages : 6843
Date d'inscription : 15/12/2012
Age : 64
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
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Dernière édition par Relianne le Sam 8 Mar 2014 - 18:27, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Chère Relianne, je ne pense pas que la complétude pour volume fractal existe. Personnellement ce n'est qu'une très faible probabilité qui reste à espérer.
Je vous envoie un joli signe amical de ma plume et une petite nouvelle douce en pensant à vous.
Le voleur de rêves
Combien de fois s’était-il réveillé alors qu’il n’en avait aucune envie? Plongé dans la moiteur de sa couche. Enveloppé dans une couverture de laine de lama. Calfeutré d’ un plaid de mohair, plus léger, aux horizons de sa tête. Enfoncé dans un oreiller de lin gonflé de plumes d’oies, onctueux, frais quand taies et draps ont été blanchis sur les pentes herbeuses des collines. Il en demeure toujours une odeur toute bleue d’aurores qui s’y sont imprégnées et des effleurements de papillons octroyant leur grâce dans un chatoiement poudreux d’écailles et de couleurs.[...]
Je vous envoie un joli signe amical de ma plume et une petite nouvelle douce en pensant à vous.
Le voleur de rêves
Combien de fois s’était-il réveillé alors qu’il n’en avait aucune envie? Plongé dans la moiteur de sa couche. Enveloppé dans une couverture de laine de lama. Calfeutré d’ un plaid de mohair, plus léger, aux horizons de sa tête. Enfoncé dans un oreiller de lin gonflé de plumes d’oies, onctueux, frais quand taies et draps ont été blanchis sur les pentes herbeuses des collines. Il en demeure toujours une odeur toute bleue d’aurores qui s’y sont imprégnées et des effleurements de papillons octroyant leur grâce dans un chatoiement poudreux d’écailles et de couleurs.[...]
Dernière édition par NewHope le Lun 29 Sep 2014 - 23:06, édité 1 fois
NewHope- Messages : 1047
Date d'inscription : 08/03/2013
Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Cette fois
Cette fois, c’est sûr, cette partance : la fumée des gaz en ébullition, les tuyères toutes neuves d’une brillante fusée, le harnachement de chevalier en guise d’armure mais le cheval n’est point là, les boutons d’argent des manettes, les chiffres qui défilent pour vérifier et répéter, oui, cette fois, c’est sûr, tu ne reviendras pas, tu pars, tu laisseras ta vie dans cette coque de métal, et n’en reviendront que tes descendants, que tu auras conçus dans cet espace, maternés par une machine, à peine encore des hommes et qui regretteront à jamais leur terre natale, ce immensité sans territoire, ni gravité. [...]
Cette fois, c’est sûr, cette partance : la fumée des gaz en ébullition, les tuyères toutes neuves d’une brillante fusée, le harnachement de chevalier en guise d’armure mais le cheval n’est point là, les boutons d’argent des manettes, les chiffres qui défilent pour vérifier et répéter, oui, cette fois, c’est sûr, tu ne reviendras pas, tu pars, tu laisseras ta vie dans cette coque de métal, et n’en reviendront que tes descendants, que tu auras conçus dans cet espace, maternés par une machine, à peine encore des hommes et qui regretteront à jamais leur terre natale, ce immensité sans territoire, ni gravité. [...]
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Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Surréel
Vous de même, vous acceptez que… Cette angoisse de soucoupes violentes pour ceux qui ne se sentent pas dans leur assiette. Tandis que tu laisses végéter une haie de banlieue qui s’expand au travers de ta poitrine.
Vous de même, vous… Ne continuons plus les phrases. Ou vous avez compris, et la suite est inutile. Ou vous n’avez pas compris, et vous ne comprendrez jamais. Les orties vertes passent au travers de tes oreilles. Tu t’y lanceras, abruti, tu t’y rouleras, tu y jucheras tes idées craquelées de sucre.
[...]
Vous de même, vous acceptez que… Cette angoisse de soucoupes violentes pour ceux qui ne se sentent pas dans leur assiette. Tandis que tu laisses végéter une haie de banlieue qui s’expand au travers de ta poitrine.
Vous de même, vous… Ne continuons plus les phrases. Ou vous avez compris, et la suite est inutile. Ou vous n’avez pas compris, et vous ne comprendrez jamais. Les orties vertes passent au travers de tes oreilles. Tu t’y lanceras, abruti, tu t’y rouleras, tu y jucheras tes idées craquelées de sucre.
[...]
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Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Couvent
A petits pas comptés. Afin que les plis élégants, durcis à l’amidon, ne se défassent pas, au niveau des cuisses et des manches. Ce sourire de circonstance en toutes circonstances. Mains jointes. Savoir admirablement faire semblant, agencer son rosaire entre ses doigts, retenir son missel avec grâce en remontant le couple annulaire-auriculaire. .[...]
A petits pas comptés. Afin que les plis élégants, durcis à l’amidon, ne se défassent pas, au niveau des cuisses et des manches. Ce sourire de circonstance en toutes circonstances. Mains jointes. Savoir admirablement faire semblant, agencer son rosaire entre ses doigts, retenir son missel avec grâce en remontant le couple annulaire-auriculaire. .[...]
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Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Les cinq minutes
- Je vous rappelle que vous m’avez promis de me donner cinq minutes de votre vie, laps de temps durant lequel j’ai, et vous avez, carte blanche, merveilleux intermède de liberté, et, qui, selon notre contrat, devra être rayé de votre mémoire si bien que vous n’en ferez jamais allusion. Vous ne me le renverrez pas dans les gencives en guise de référence d’éternité. Ces cinq minutes sont les plus sacrées de votre et de ma vie. Jouez le jeu. Je vous prie ![...]
- Je vous rappelle que vous m’avez promis de me donner cinq minutes de votre vie, laps de temps durant lequel j’ai, et vous avez, carte blanche, merveilleux intermède de liberté, et, qui, selon notre contrat, devra être rayé de votre mémoire si bien que vous n’en ferez jamais allusion. Vous ne me le renverrez pas dans les gencives en guise de référence d’éternité. Ces cinq minutes sont les plus sacrées de votre et de ma vie. Jouez le jeu. Je vous prie ![...]
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NewHope- Messages : 1047
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Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
ces écris me bouleversent.......
pourquoi n’écris je jamais? tu le fais si bien que de ma part je pense que ce serait une injure à ton talent et une bien piètre manière de te remercier de ces mots tous aussi transcendants les uns que les autres.....
Profond respect......
pourquoi n’écris je jamais? tu le fais si bien que de ma part je pense que ce serait une injure à ton talent et une bien piètre manière de te remercier de ces mots tous aussi transcendants les uns que les autres.....
Profond respect......
MysticApocalypse- Messages : 3476
Date d'inscription : 07/08/2012
Localisation : Dans la limite du stock de neurones disponibles.....
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
Merci Darkness, pour ce magnifique compliment, je dois essuyer le clavier en urgence pour ne pas le saboter.
NewHope- Messages : 1047
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Localisation : La tour des félés pique les nuages devant ma fenêtre, le ciel nocturne emplit ma tête.
Re: Surmontant ma mélancolie, je vous offre à lire quelques doses de prose poétique (Tome II ça s'voit)
ce serait dommage de ne plus pouvoir te lire....
MysticApocalypse- Messages : 3476
Date d'inscription : 07/08/2012
Localisation : Dans la limite du stock de neurones disponibles.....
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