Bonsoir à tous

J'ai pas compris non plus.

"Font chier ces cons", tel était le leitmotiv que j'employais dans ma période administrative. Je disposais d'une connaissance unique dans un domaine précis, acquise par un stage à l'étranger. Mes abrutis habituels prenaient un malin plaisir à me donner des consignes, alors qu'ils étaient incompétents dans ce domaine.

Et je me suis retrouvé dans le privé. Au déjeuner, le DG est venu humblement s'assoir à ma table. Il craignait mon départ, et il s'est enqui des modifications que je souhaitais dans l'organisation. J'arrivais dans un monde où "font chier ces cons" est entendu, accepté, analysé et respecté. Oups.

Et puis, mes nouveaux collègues sont venus voir mes méthodes de travail. Ils ont pompés tout ce qui leur semblait utilisable dans leur pratique. Re-Oups. Ils m'ont indiqué leurs méthodes, et ils y avaient beaucoup d'éléments novateurs, ou classiques, en tout cas très efficaces. C'était une sorte d'intronisation. Je rentrais dans la cour des grands.

Sur ZC, c'est pareil. Nous partons du principe que tu es d'une grande intelligence, et sur ce point, aucun des contacts échangés hors forum ne le dément.

Les valeurs sur ZC sont différentes. Un des premiers signes d'intelligence est le doute. Nous adorons naviguer dans l'incertitude, terrain de jeu où s'élabore les réflexions les plus abouties. Certains jonglent avec l'improbable, je les envie.

Tu es rentrée dans la cour des grands. Chacune de tes interventions est prise au sérieux, et provoque des interrogations, des demandes d'éclaicissement, une confrontation avec l'acquis de chacun d'entre nous. Nous ne demandons qu'à voir ce que tu as vu, et que nous n'avons qu'entraperçu.

Ton intelligence te confère le privilège d'attirer des personnes qui n'ont pas ton niveau. Mon dieu, quelle torture ! Tu vas devoir accepter la maxime qui dit que "on a beau être con, on a sa dignité". Ton niveau te confère des obligations. Patience avec ceux qui n'arrivent pas à te suivre, tolérance vis-à-vis des esprits figés et lucidité envers les rares qui te dépassent.

Tu as voulu jouer dans la cour des grands. Non seulement nous t'accordons cette possibilité, mais en plus nous attendons impatiemment que tu prennes le rôle de leader où te place tes idées novatrices.

On se sent seul, hein ? Je connais. Combien j'ai pu regretter mon rôle de critiqueur de service, qu'il est difficile de ne plus s'accorder le droit d'être méprisant et agressif.

"Font chier ces cons", c'est fini.

Tu es rentrée dans la cour des grands.


Nous t'écoutons.

@Numero6 : respect man.

@Stauk, oui je trouve aussi. Peux pas faire mieux.

Ah, mais vois-tu, le rôle de leader, je n'en veux pas !

Bien sûr qu'il m'arrive de douter, mais je suis comme les cons (si je n'en suis-pas une moi-même) : j'ai ma fièreté. Pourquoi le montrer, ce doute ? Son existance est suffisante, pas besoin de l'afficher.

La cour des grands, des petits, peu importe ! Je veux la cour des curieux. Celle de ceux qui cherchent par eux-même au lieu d'attendre qu'on leur prémache le savoir (sur certains sujets - je garde quand même un tantinet d'humilité) !

On se sent seul, hein ? Je connais. Combien j'ai pu regretter mon rôle de critiqueur de service, qu'il est difficile de ne plus s'accorder le droit d'être méprisant et agressif.

De tant en tant je reviens malgré tout dire des vérités qui peuvent ne pas en être.

Bon titine, t'es quand même pas un phare,
mais c'est mieux que ta chose avec troisième oeil qui pique.

Et puis Numéro6, je doute que les gens soient venus te voir en te posant une question pour ensuite déformer tes propos, modifier la définition des mots et ridiculiser tes dires, etc...

Comment aurais tu réagis devant quelqu'un te disant  :
"oui, alors pour moi le coeur c'est un corps caverneux, et donc forcément il ne peut pas pomper du sang, uniquement en recevoir ! Non, je ne crois pas à ta définition et je n'irais pas lire l'explication d'un chirurgien cardiaque sur la question que tu m'indiques en référence, parce que c'est trop long. Alors tu vois, le coeur est un corps caverneux, c'est ma définition, d'ailleurs c'est celle qui est couramment employé par les psychologues lacaniens donc j'ai raison, et donc ce que tu dis ne marche pas, on peut très bien vivre sans, et tes idées sont tarées. Dis, est ce que tu penses que le coeur permet de lire sans lunettes ? Parce que je ne vois pas trop bien comment c'est possible sinon... Et comment on fait si on doit poser un stent alors que les lunettes ne sont pas double foyer avec ton système ?"
Parce que c'est ce à quoi j'ai eu droit. Contrairement à ce que tu dis, je ne suis pas prise au sérieux. Avec toute l'humilité que je peux avoir, je pense sincèrement qu'ils se foutent de moi.

Ce n'est pas une histoire de connerie, la connerie elle est acceptable sans problème. C'est une histoire de paresse intellectuelle, de moqueries (va voir le fil, si ce n'en est pas en ce moment je me rase la tête), de refus de la discussion : un troll géant. Je ne trouve pas les mots tellement les bras m'en tombent : je ne m'attendais pas à ça de la part de HP.

Dans cette cour des grands que tu décris de ta découverte du privé, je n'aurai pas dit "Oups", j'aurai dit "Enfin".
Je suis loin de me reconnaitre dans les sentiments que tu me prêtes.

Je crois écrire correctement. Je crois ne pas être idiot. J'ai voulu affronter le principe de réalité. Alors, j'ai fait un test.

J'ai demandé à Grand-mère May Lee (the genious grandma pour les intimes) de me détailler ce qu'elle avait compris d'une de mes brillantes interventions, comment elle avait interprété mes propos.

Résultat : aucun rapport avec l'information que j'avais cru transmettre, alors que je pensais évidente l'idée sous-jacente.

L'art de la communication s'apprend, comme tout le reste. Il requiert de se concentrer sur la personne à qui tu adresses ton message, pas sur le message lui-même.

S'il suffisait avoir une bonne idée, une idée novatrice, une idée géniale, pour que sa formulation suffise à en valider l'excellence, dieu que ma vie serait plus sereine.

J'estime avoir atteint mon but lorsque des semaines, des mois, des années plus tard, je distingue dans le discours des autres mes éléments de langage.

Cela réclame de la modestie, de l'abnégation, il faut accepter les distorsions de tes idées que chacun va malaxer à sa manière, en fonction de ses convictions, de sa culture, de son taux de gamma-GT.

Il faut de la patience. Il faut répéter cent fois les mêmes choses. C'est un travail de galérien que de porter une idée nouvelle. Contourner les blocages de pensée, car ils sont temporaires. Le cerveau emmagasine, mouline, rumine, fait son boulot et alors, peut-être, tes idées auront fait leur chemin.

Si tu crois que l'intelligence rend capable de valider une idée nouvelle à l'instant où elle est exprimée, c'est que tu n'as rien compris. Car ça, ce n'est pas de l'intelligence, c'est de la magie. Ça n'existe pas.

Je ne sais pas à quoi sert l'intelligence, et à vrai dire peu importe.
Mais que je sois damnée si la majorité des gens qui postent sur ce forum est surdouée. Et la je ne parle pas de l'intelligence, mais de toutes les autres caractéristiques de la douance.

Je ne cherchais pas l'intelligence (comment le pourrais-je, je suis assez médiocre moi-même), je cherchais autre chose.

Je m'en fiche de porter une idée, et j'ai autre chose à faire que de pisser dans un violon. Ils ne veulent pas savoir, et bien tant pis !

Augustine a écrit:je cherchais autre chose.

Tu as déjà essayé de jouer au go ? (http :// fr.wikipedia.org/ wiki/ Jeu_de_go)
Y a des clubs en France. Surtout dans les grandes villes. J'ai pratiqué un peu. Mais je n'étais pas doué. C'est une excellente métaphore pour pleins de choses. Surtout les premières semaines, les premiers mois. La première année qu'on se confronte à cet espace d'expres​sion(et de conflits) particulier.

Encore une fois, la vie est courte, je n'ai pas plus de temps que ça à perdre à prêcher dans le désert, et je ne veux pas me battre.
Je vis comme je pense qu'il faut le faire, si les gens trouvent ça inspirant ils suivront mon exemple, sinon tant pis.. pour eux, pour moi, peu importe !

Augustine a écrit:Je ne cherchais pas l'intelligence (comment le pourrais-je, je suis assez médiocre moi-même), je cherchais autre chose.

Je sais. J'ai compris.

Mais ce que tu cherches ne peut venir que de toi, n'existe que par toi.

Fais un break. Laisse travailler la magnifique machine qui te sert de cervelle. Va gugnifier des zibroutes. Ton cerveau va te délivrer des cadeaux. C'est comme ça que fonctionne un cerveau de surdouée. Si tu le brusques, tu prends le risque de tomber dans le piège des informaticiens "bullshit in, bullshit out".

Respecte ton cerveau, il turbine déjà au maximum. C'est comme un enfant, il lui faut des distractions et du sommeil. Tu ne te sentiras pas plus intelligente, tu te sentiras mieux. C'est beaucoup. Ton cerveau va faire un boulot considérable pendant que tu t'occuperas de taches quotidiennes, pendant ton sommeil, il suffit de le laisser faire. Cela ne parait magique qu'à ceux qui ne savent pas comment fonctionne un cerveau.

Fais-lui confiance. Laisse le faire. Il va te mâcher le travail. Tu n'auras plus qu'à fignoler.

Numero6 a écrit:

Augustine a écrit:Je ne cherchais pas l'intelligence (comment le pourrais-je, je suis assez médiocre moi-même), je cherchais autre chose.

Je sais. J'ai compris.

Mais ce que tu cherches ne peut venir que de toi, n'existe que par toi.

Fais un break. Laisse travailler la magnifique machine qui te sert de cervelle. Va gugnifier des zibroutes. Ton cerveau va te délivrer des cadeaux. C'est comme ça que fonctionne un cerveau de surdouée. Si tu le brusques, tu prends le risque de tomber dans le piège des informaticiens "bullshit in, bullshit out".

Respecte ton cerveau, il turbine déjà au maximum. C'est comme un enfant, il lui faut des distractions et du sommeil. Tu ne te sentiras pas plus intelligente, tu te sentiras mieux. C'est beaucoup. Ton cerveau va faire un boulot considérable pendant que tu t'occuperas de taches quotidiennes, pendant ton sommeil, il suffit de le laisser faire. Cela ne parait magique qu'à ceux qui ne savent pas comment fonctionne un cerveau.

Fais-lui confiance. Laisse le faire. Il va te mâcher le travail. Tu n'auras plus qu'à fignoler.

C'est quoi cette psy à deux balles ?
T'inquiète, ma vie n'est pas sur ce forum. Il y a deux semaines je ne connaissais même pas son existence et il est probable que dans deux semaines je l'aurai oublié.

.

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Augustine a écrit:
C'est quoi cette psy à deux balles ?
T'inquiète, ma vie n'est pas sur ce forum. Il y a deux semaines je ne connaissais même pas son existence et il est probable que dans deux semaines je l'aurai oublié.

Il me semble que c'était une marque d'intérêt. Peut être un peu maladroite. Et poétique.

Ah mais j'ai bien compris que c'était une marque d'intérêt.
Je n'aime pas les marques d'intérêt à mon égard. Pas l'habitude.

Bisou, Numéro6
M'enfin, le connasse était peut être de trop, non ?

Peut on se rencontrera, un jour, tous dans un contexte plus propice à faire connaissance Bonne nuit les gens. Et continuation si on se recroise pas.

Augustine a écrit:
M'enfin, le supplément était peut être de trop, non ?

Il est un peu sanguin.

Pourtant il prônait la patience.

Enfin, j'ai pris sa réaction comme une boutade humoristique.
Mais il s'est un peu trop imprégné du personnage.

Ouais voilà vive les grilles de barbeuk, Cthulhu et Eris à poil, que JCVD me demande en mariage le lendemain de notre futur partouze mes amis.

A vous les studios.

Et si tu nous disais ce que tu cherches exactement Augustine, ça aiderait peut-être?

Augustine, je te présente mes excuses.

J'ai été puni par une nuit d'insomnie. Au matin, j'ai rêvé qu'une brigade de gendarmerie prélevait les traces ensanglantées de la jeune fille que je venais d'écraser. Elle avait grillé un stop devant moi en scooter. La honte.

Et pour te montrer que ma réflexion sur le cerveau était bienveillante, voici un extrait du seul livre qui indique comment se servir de notre cerveau concrètement.


"Récapitulons ce fonctionnement qui est le vôtre, avant de le détailler pour l'améliorer.

Première étape : la clef est la motivation. C'est elle qui vous permet de démarrer.

Ensuite, pour aller au bout du sujet, il vous en faut les connaissances.

Si vous ne les avez pas, aller les chercher volontairement et concrètement, et, en parallèle, "ouvrez vos antennes" : tous les sujets vont alors se mettre en rapport avec celui qui vous occupe, et vous finirez par le voir partout, et par faire des ponts entre lui et tout et rien.
Une fois que vous aurez récupéré vos informations, laissez faire : c'est-à-dire, ne faites plus rien. Pensez à autre chose, ou faites autre chose.
Vous laissez ainsi à votre cerveau le temps de mûrir les éléments, de les mettre en place dans le bon ordre.

Une fois cette étape terminée, vous sentez quand vous êtes prêt : vous pouvez démarrer la phase concrète proprement dite (écriture par exemple).

La clef de l'histoire, la plus dure à accepter d'ailleurs, est de ne rien faire : de juste attendre que le moment soit venu.
Ou de suivre votre instinct, votre intuition, votre première idée.

Gardez présent à l'esprit que c'est d'un fonctionnement différent qu'il s'agit, et ne vous laissez pas influencer par la manière de fonctionner des autres.

Le plus difficile sera de vous lancer : d'oser essayez de fonctionner à l'opposé de de ce que l'on a toujours voulu vous inculquer.

Et d'y penser en permanence, car il vous faudra encore et encore remettre la toile sur le métier : vous vous laisserez prendre régulièrement, parce que vous vous oublierez, parce que vous travaillerez avec des amis, parce que vous penserez que les gens ont compris, parce que vous vous laisserez aller.

Et c'est très bien : personne ne peut, ni ne doit,  être dans le contrôle permanent.

Surtout pas vous"

Béatrice Millêtre. Petit guide à l'usage des gens intelligents qui ne se trouvent pas très doués. PAYOT.

Numero6 a écrit: voici un extrait du seul livre qui indique comment se servir de notre cerveau concrètement.

Quand j'étais ado, j'avais lu un livre que j'avais trouvé intéressant à l'époque "use your brain for a change"(utilisez votre cerveau, pour changer). De Richard Bandler. MAIS ... je l'ai fait lire à un mec une fois. Et il en est devenu complètement obsédé. Comme si le livre avait la vertu cachée de lobotomiser les gens. Vous savez ces gens avec les yeux grand ouvert qui viennent sonner à votre porte en vous vendant LA solution à tout vos problèmes.

Augustine a écrit:
Mais que je sois damnée si la majorité des gens qui postent sur ce forum est surdouée. Et la je ne parle pas de l'intelligence, mais de toutes les autres caractéristiques de la douance.

Voilà un débat sain. Quelles sont les caractéristiques que tu espères trouver chez un douancé. Ou plus largement, qu'est ce que la douance de ton point de vue ? (parce-que franchement, maintenant que le débat sur la gauche est réservé au sujet d'origine, je vais plus savoir comment occuper mes journées moi !)

C'est vrai que l'écrit réclame plus de précisions que l'oral. C'est un peu le problème sur un forum, où l'écriture immédiate ne bénéficie pas de la précision de l'écrit, ni de la richesse des expressions non verbales d'une conversation.

Le seul livre signifiait : le seul livre, dans l'abondante production actuelle destinée aux surdoués, qui ne reprend pas le schéma "souffrance/espérance", mais qui additionne des solutions concrètes, pratiques, basées sur l'observation. Un livre qui parle de méthode, de rigueur, d'effort, c'est sans doute pour ça qu'il se vend moins que d'autres allégories démagogiques.

Encore une petite illustration de la difficulté de la communication sur un forum. Tu traduis "use your brain for a change" par "utilisez votre cerveau, pour changer" ce qui laisse la place à une double interprétation :
- Utilisez votre cerveau pour une fois, ou
- Utilisez votre cerveau pour obtenir un changement.

Alors que, sans la virgule, "utilisez votre cerveau pour changer" ne présente pas d’ambiguïté.

stauk a écrit:Comme si le livre avait la vertu cachée de lobotomiser les gens.

C'est une idée qui ne m'était jamais venue à l'esprit. Je la met dans un coin, et on peut en reparler plus tard.

A une époque où le barbarisme de douance n'avait pas encore fait florès, j'avais retenu cette formule d'André Malraux : "un intellectuel est quelqu'un pour qui chaque réflexion engage et ordonne la vie".

Ce même Malraux soutenait que pour connaitre un individu il fallait lui demander sa définition de l'intelligence.

Avant de tenter de proposer ma théorie fumeuse de la douance, je m'accorde un petit délai.

Numero6 a écrit:
Avant de tenter de proposer ma théorie fumeuse de la douance, je m'accorde un petit délai.

C'est juste un forum .... t'as le droit de dire des connasseries pour avancer les pions de tes hypothèses sur le chemin de la maturité

Bon d'accord, à mi-chemin entre la connasserie et une véritable réflexion.

Un philosophe français a bercé mes réflexions de jeunesse.



Un sketch qui vaut bien des ouvrages sur les enfants surdoués :

numéro6 me fascine.

Numero6 et Stauk, très intéressant...

Début de réflexion.

Deux choses ont retenu mon attention chez les débiles mentaux. Leur méconnaissance de la douleur, et leur capacité à retenir des schémas simples que les personnes normalement cortiquées semblent avoir du mal à acquérir et à utiliser. Trop de parasites émotionnels peut-être. Trop de pré-requis, trop de fierté à défendre, trop de demande d'attention, le refus de se voir rabaisser à un fait commun. Comme les surdoués de ce forum.

Les débiles sont à mes yeux un bon éclairage pour distinguer les aspirations humaines, pour peu que la machine cérébrale fonctionne dans la moyenne. Et les zèbres ne font que revendiquer ces aspirations humaines au nom de leur QI, au lieu de le faire au nom de principes humains généraux. Ils remplacent le droit à la dignité par la revendication de leur intelligence, au lieu de la réclamer au nom de la qualité d'être humain.

Voilà pour le coté négatif, qui ne fait que refléter à mon sens une évolution fâcheuse de notre société.


Maintenant, pour ce qui m'attire chez les douancés, c'est leur capacité à remettre en cause le sens commun. D'une simple phrase, ils sont capables de retourner un raisonnement. Et ils me délivrent une évidence que j'avais sous les yeux sans la voir. Bon sang, mais c'est bien sur. Ce qui me permet de prendre de la distance avec le rouleau compresseur du sens commun.
Mais ils ont un défaut. Ils vont vite, très vite. Tu utilises leur réflexion alors que, déjà, ils ont évolué, et sont partis dans une autre direction. Car leur autre gros défaut est de s'agacer que les autres ne voient pas ce qui leur semble évident.

Ils ont un autre gros défaut, plus problématique celui-là. A force de constater leurs capacités, ils ont une conviction inébranlable pour toutes leurs conclusions. Et pourtant, ils sont comme tout le monde, ils se trompent. Mais ils ont eu si souvent raison que le doute s'est atrophié. C'est pourquoi je me méfie encore plus des conclusions des zèbres.

Un exemple concret, j'ai un collègue dont les élaborations sont remarquables tant qu'il reste dans le domaine mécanique. Dix, vingt ans d'avance. Par contre, il se plante chaque fois que sa réflexion porte sur l'aspect métabolique du métier. Il déploie autant d'effort dans les deux domaines, et sa force de conviction s'exerce sans distinction. A moi de trier.

Le zèbre qui va m'inspirer le plus confiance est celui qui va soumettre son idée à des professeurs, des boulangères, des livreurs de pizzas, des alcooliques, des abonnés au gaz, peaufiner sa pensée, la polir patiemment, humblement.

Une autre qualité des zèbres est de me stopper quand ma machine s'emballe toute seule. Quelques commentaires me suffisent pour comprendre que ma belle réflexion ne tient pas la route. OK, je passe à autre chose. Bien sûr, mes belles conclusions vont refaire surface, et il faudra plusieurs épisodes pour les ranger dans le placard d'où elles n'auraient jamais du sortir. Si j'ai la chance d'être bien entouré, le principe de réalité va progressivement prendre le dessus sur mes envolées lyriques. Ce sont mes bébés à moi, et je n'aime pas m'entendre dire que mes enfants sont idiots. Et pourtant...

Numero6 a écrit:
Alors que, sans la virgule, "utilisez votre cerveau pour changer" ne présente pas d’ambiguïté.

Ce n'est pas moi qui l'ai traduit comme ça ... et l'ambiguité est souhaitée. Il y a là un jeu de mot.
Utilisez votre cerveau, afin de changer votre vie (sens 1)  et Utiliser votre cerveau, pour une fois ! (sens 2). Le livre traite bien des deux aspects. (mais encore une fois, si vous êtes influençable, ne le lisez pas ! Et si vous ne l'êtes pas du tout, le lire ne vous apportera rien non plus :p )

Edit : le titre en français est "Un cerveau pour changer". Bon bon. C'est nul comme traduction :p

Numero6 a écrit: Si j'ai la chance d'être bien entouré, le principe de réalité va progressivement prendre le dessus sur mes envolées lyriques. Ce sont mes bébés à moi, et je n'aime pas m'entendre dire que mes enfants sont idiots. Et pourtant...

J'avais un pote, avec qui j'avais l'habitude de discuter. (il a été un peu abrutis par ses antidéprésseurs après des années de consommation et la communication entre nous est maintenant devenue difficile). Ce qui était fascinant, et en même excitant chez lui comme chez moi, c'était ces périodes d'enthousiasme. Ou pendant 24 ou 48h on était excité par une idée. Qui nous semblait révolutionnaire, brillante. Et après l'épisode, une fois l'adrénalise retombée on restait coi. Il disait : non mais je délirais. Et c'est vrai que c'est un peu ça. Un gros délire. Mais putain c'était bon ! Et en plus je crois que les vrai bonnes idées se présentent aussi parfois sous ce même aspect général. Un gros délire bien débile, qui aurait mal tourné.

Alors je pensais que des gens doués qui avaient été plus ou moins rejetés pour leur douance, qu'on avait rabaissés pour cela et qui en avaient suffisamment souffert pour chercher à s'investir dans un lieu d'échange où ils seraient entre eux auraient suffisamment de recul et d'empathie pour ne pas reproduire le schéma avec d'autres.
Je cherchais de la rigueur dans la pensée et ce qui va avec (ce qui se conçoit aisément s'énonce clairement, notamment avec les virgules là où il faut, pour reprendre l'exemple plus haut), un humour qui me parlerait, un sens de la justice, de l'impartialité, etc.

Je connais cette thèse sur le fonctionnement du cerveau qu'expose numéro6, et s'il me connaissait il saurait que me donner les conseils qu'il me donne est inutile : je suis la fille la plus paresseuse qui soit ! J'accorde à mon cerveau probablement plus de repos qu'il n'en accorde au sien. Et quand je ne le fais pas je lis, je me renseigne.
J'ai eu cette réaction parce que je trouve déplacé de sa part de me donner de tels conseils sans me connaitre. D'une certaine façon c'est très condescendant, d'autant qu'on ne les donne pas aux trolls du fil de gauche qui en auraient pourtant besoin. 2P2M. Et puis insulter et rejeter quelqu'un parce qu'il ne veut pas d'un conseil, franchement, c'est pervers.

Bref le problème, c'est moi, me dit on. Le plus drôle c'est que je me remets en question plus souvent qu'il ne le faudrait. Mais vous, l'avez-vous fait ?

N°6 a écrit:les zèbres ne font que revendiquer ces aspirations humaines au nom de leur QI, au lieu de le faire au nom de principes humains généraux. Ils remplacent le droit à la dignité par la revendication de leur intelligence, au lieu de la réclamer au nom de la qualité d'être humain.

je t'acclame

stauk a écrit:et l'ambiguité est souhaitée. Il y a là un jeu de mot.

Et bien voilà, je fais comme tout le monde, je prends la phrase au pied de la lettre, au lieu de faire l'effort de comprendre l'intention. Pour une raison simple, j'ai encore du mal à accepter que le niveau de réflexion de l'Autre soit si élevé.

Accorder à des membres de son entourage le statut de douancé, permet de quérir l'intention au lieu de laisser fonctionner mon concasseur à idée.

Je me sens intelligent lorsque je suis capable de faire taire mon esprit critique, et capable de percevoir l'intention du discours derrière toutes ses faiblesses sémantiques.

C'est un effort que je ne m'inflige que pour certains. Car réfléchir est un effort. Surdoué ou pas.

@Stauk, je t'inscris sur ma liste des infligateurs.

Numero6 a écrit:Pour une raison simple, j'ai encore du mal à accepter que le niveau de réflexion de l'Autre soit si élevé.

Augustine a écrit:D'une certaine façon c'est très condescendant

Je sais, je sais. Je te prie d'accepter mes excuses.

Connaitre mes défauts ne me suffit pas à les écarter.

EmiM a écrit:Numero6 et Stauk, très intéressant...

Ils font les.

Mais trop de révélations qui décillent, d'envolées fracassantes et d'auto-flagornerie (ou parle-je pour l'un seulement) les font passer pour gourous qui ne veûles être.

Voilà j'ai fait mon inintéressant, je me patine.

May Lee a écrit:

N°6 a écrit:les zèbres ne font que revendiquer ces aspirations humaines au nom de leur QI, au lieu de le faire au nom de principes humains généraux. Ils remplacent le droit à la dignité par la revendication de leur intelligence, au lieu de la réclamer au nom de la qualité d'être humain.

je t'acclame

Yes!! et j'en danse !!  

Numero6 a écrit:@Stauk, je t'inscris sur ma liste des infligateurs.

C'est quoi ce mot ... même google a du mal à comprendre ! "Celui qui pousse, excite à faire quelque chose".

ἰδιοσυγκρασία a écrit:

EmiM a écrit:Numero6 et Stauk, très intéressant...

Voilà j'ai fait mon inintéressant, je me patine.

Moi j'aime bien tes interventions.

Infligateur : néologisme, désigne celui qui m'impose de faire l'effort de deviner sa pensée.

Comme mon collègue avec le physique et le métabolique, je m'aperçois que j'attire l'attention de mes fans lorsque j'ai l'impression de dire n'importe quoi. Et que lorsque je deviens paternaliste et protecteur, je me transmue en méga-buse.

Je vais privilégier mes délires.

Vous n'avez pas fini de m'entendre dire des conneries, bande de petits canailloux.

Il y a un mot de l'ancien français synonyme si tu veux : humain.

Numero6 a écrit: j'attire l'attention de mes fans lorsque j'ai l'impression de dire n'importe quoi.

Les fans deviennent rarement des amis.

Numero6 a écrit:
Et que lorsque je deviens paternaliste et protecteur, je me transmue en méga-buse.

Rares sont ceux qui aiment les discours paternalistes. Les fans, peut être.

Numero6 a écrit:
Vous n'avez pas fini de m'entendre dire des conneries, bande de petits canailloux.

Une fois de temps en temps, c'est rafraichissant comme tout ! Ca fait du bien de te lire. Ca un coté rassurant. On sent qu'on a pas que des moutons là bas, en face. Mais j'aime bien ton autre style. Le mec normal, réfléchi et trop intelligent.

ἰδιοσυγκρασία va encore détecter de la flagornerie, ce en quoi il aura parfaitement raison.

@Stauk, comment que tu connais si bien l'humain ?

Freine-toi,

m'est avis qu'il préfère que ce soit une femelle qui lui susurre son admiration. (Stauk, Numéro6 peine perdue on ne peut le freiner)