Vos stratégies face au peur

Je vois en lisant les topics que pas mal d'entre nous avons des peurs (même si tout le monde a des peurs plus ou moins handicapantes)

Au-delà de faire une liste de notre peur, ce qui m'intéresse est de savoir comment vous y faites face.

Pour ma part, j'ai une peur qui me paralyse (même à y penser) : c'est de prendre l'autoroute. J'ai beau aisé de rationaliser la chose, sur l'autoroute je me sens prisonnier : pas possible d'en sortir si ce n'est à la prochaine sortie (entre 2 sorties il peut y avoir 15, 15 voire 20 kms : un enfer pour moi) ou de faire demi-tour!! (rassurez-vous je l'ai jamais fait, je l'ai pensé de multiples fois par contre)
Alors j'ai été catalogué "comme la seule personne que je connaisse qui est peur de l'autoroute", "de peureux", "de pas sortable" .. alors que je demande au contraire que de partir .. sauf de Paris-Lyon sans passer par l'autoroute, c'est pas le pied. Si ce n'est qu'on veut du paysage, qu'on peut s'arrêter où on veut, quand on veut ... et qu'on arrive exténué par 7/8 heures de route (le double de temps que par autoroute)

Est-ce que les zèbres sont les personnes les moins a-mêmes à résoudre des angoisses ? On me dit souvent : tu cherches trop la petite bêbëte" (manière très enfantin de dire "tu nous emmerdes à chercher à comprendre tout" ? )

En tout cas, quelles que soient vos peurs, comment essayez-vous de leur tordre le cou? En réfléchissant moins (cool pour un(e) survolté(e) du cerveau!!)

A vous lire

A quoi bon!

J'avais peur des araignées, jusqu'au jour où je me suis aperçue que si un enfant était avec moi et avait peur lui aussi, j'oubliais ma propre peur pour intervenir et réussir à éloigner la bestiole, alors que j'en étais incapable avant. Quitte à risquer qu'elle ne me grimpe dessus... Si si...

Je fus très étonnée après, et même ensuite, je ne sentais pas la peur revenir en contrecoup.

Alors maintenant, quand un truc me fait encore peur, je m'imagine qu'il y a quelqu'un à côté de moi qui en a encore plus peur, et que c'est à moi de prendre les choses en main pour l'aider. Pouf, ça marche, et tout redevient gérable. Assez pratique. ^^

Je suis agoraphobe, je ne sort jamais de chez moi sans un de mes enfants (maintenir mes zèbres en vie occulte complètement le reste du monde), et si je suis forcé de le faire; je ne cesse de me répéter, sa va aller, sa va aller, je marche en regardant mes chaussures, je me concentre sur ma respiration parce que sinon je pars en apnée et le malaise n'est pas loin.

J'essaie de mettre mes peurs en situation dans un cadre sécurisé. Le boulot peut être un cadre possible.

Pour soigner mon agoraphobie, j'ai été gardienne de musée dans des expos bondées ; j'étais phobique du téléphone : j'ai exercé rapidement comme attachée de presse ; j'avais peur de m'exprimer en public : hop, me voilà formatrice.

Dans certains cas, ça ne marche pas : j'ai bossé deux mois à Air France (non je ne suis pas RH !) et j'ai toujours peur de prendre l'avion

(J'ai fait une tonne de petits boulots en faisant mes études.)

Non eric, tu n'es pas le seul, je suis aussi en panique sur l'autoroute!!!

J'essaie de l'éviter (à défaut de léviter ) ou d'en sortir assez rapidement.

Et le pire, c'est conduire la nuit sur l'autoroute, impensable!
Cela me paralyse complètement ( ce qui m'a valut des moqueries par des personnes qui ne comprenaient pas mon malaise).

Ne supportant plus les trajets en voiture (entre autre...), j'ai quitté mon boulot récemment.

@Marty, Augenblick, Swan, Kara, Diana : Merci pour vos témoignages.
je vois que le fait d'être accompagné(e) peut réduire l'angoisse sans la faire disparaitre pour autant. Ou que l'accompagnement n'est pas une solution pour d'autres.
Moi c'est vrai qu'accompagné, ça réduit un peu l'angoisse car je me dis : "si je suis paralysé de panique, l'autre personne peut prendre le volant" .. si elle sait conduire - De là à demander à la copine son permis de conduire avant d'aller plus loin .. vous voyez le genre : "Ah désolé tu n'as pas ton permis de conduire!" )

Affronter les peurs j'ai essayé sur des routes moins anxiogènes (les RN à 2 voies) mais à départ j'allais jusqu'à regarder sur Mappy les kms entre 2 sorties. Et sur la RN : sueurs froides, coeur à 180, mains qui crispaient le volant et j'appuyais sur le champignon quand c'était possible .. ah j'évite aussi absolument les embouteillages : le périph ce n'est pas pour moi!!)
Habitant en région parisienne, je mets le double de temps que les conducteurs "sans angoisses" car j'ai des itinéraires bien à moi (pas trop de bouchons, routes sur lesquelles je peux faire demi-tour donc pas de RN à 2 voies, pas d'autoroutes, pas de périph ..) mais je suppose que RP ou pas ça serait la même chose : à Lyon je faisais la même chose.

@Kara : j'aime bien ta manière de voir les choses : juguler sa peur pour venir en aide à une personne qui est dans la même panique que soi. Quelquefois je me suis demandé ce que je ferais si je devais venir en aide à une personne chère en situation de grand risque en pleine nuit (évitons les moments d'embouteillage ;-) et que pour être le plus vite auprès d'elle pour l'aider je devais prendre l'autoroute : serais-je paralysé pour prendre l'autoroute ou arriverais-je à passer outre pour la sauver (le côté "superman"!) Je me dis que je le ferais .. sauf que pour aller en entretien d'embauche (oui moi aussi je recherche) j'ai personne à sauver .. et tant mieux.

En tout cas, je souhaite à chacun(e) plein de courage .. et si le fait d'en discuter même par MP ça pouvait nous aider, et que vous êtes d'accord on peut en discuter.

La meilleure défense, c'est l'attaque...
Chez moi, je dézingue les peurs par attaque frontale. Pas de quartier

..

j'ai essayé et le char sur l'autoroute ..
mais effectivement le mieux est de :

Après tout les peurs ce ne sont que des pensées.. juste des pensées rien de plus. Ne pas les ruminer, ne pas chercher à les analyser ou à en trouver l'origine. Ou bien ça fini en peur d'avoir peur d'avoir peur

C'est ce que me disent le psy et la sophrologue .. et maintenant une zèbre .. je crois que c'est la route (l'auto..) à suivre

..

Salut,
Vaste sujet que celui des peurs…
Tout d’abord il convient me semble-t-il de différencier peur et phobie.

Une peur a un objet (réel ou imaginaire) elle peut donc être plus ou moins maîtrisée (proposition est faite plus haut de se sécuriser dans le boulot par exemple).
On peut agir sur l’objet de la peur (évitement, travail d’approche, négociation…) ou sur le comportement vis-à-vis de celle-ci (fuite, lutte ou immobilité) Notre réaction émotionnelle dépend de nos surrénales (entre-autres) et de notre état physique (fatigue, stress…) et psychique (confiance, soutien de l’entourage, moral…) Nos peurs parlent aussi de notre histoire personnelle (chocs émotionnels, culture d’origine…) et de nos outils perso pour y faire face.
En effet tout au long de notre développement depuis l’enfance nous faisons face à des peurs et elles disent donc les étapes de notre évolution en quelque sorte. On dit d’ailleurs que toute peur cache un désir. Ainsi nos peurs sont très souvent le signe paradoxal de notre envie d’avancer, de croître… de nous confronter au monde, aux autres, à l’existence. Enfin la peur peut être le signe d’un barrage entre EnVie et action… la peur peut « tuer » l’esprit tant que l’action ne parvient pas à libérer tout ça !

Par contre les phobies sont quasi impossibles à maîtriser car elles sont un report d’angoisse sur un objet externe (ce qui permet d’une part de savoir qu’il y a une angoisse et d’autre part mine de rien d’évacuer histoire que ça ne disjoncte pas à l’intérieur) Il convient alors d’aider la personne par rapport à son angoisse (si on traite la phobie sans traiter l’angoisse on risque un déplacement phobique sur un autre objet… de l’araignée à l’obscurité par exemple)

Voili, voilou, je ne pensais pas faire si long… pardon si cela semble un peu rébarbatif !
Amicalement,
Caro

..

Ben mince j’ai pas répondu à la question finalement…

Stratégie face aux peurs ?

Pour ma part, je prends tout d’abord le temps de bien identifier ma peur… cela me permet de la connaître et d’identifier mes points d’ancrage possibles par rapport à elle.
Que dit-elle de moi, de ma situation… cette chère peur ?

Une fois les leviers identifiés, j’essaie de passer à l’action… Ou bien j’accepte d’en être encore là avec cette peur-là, jusqu’au moment où je sens que ça avance en moi et donc mon comportement change par rapport à la situation ou l’objet qui entraîne la peur.

J’essaie d’utiliser mon énergie non à la fuir, ni à la combattre mais plutôt à demeurer face à elle avec la conviction que ça ne peut qu’évoluer. Se torturer à questionner une peur de manière obsessionnelle, me semble être une perte d’énergie et quelque chose de très souffrant au final. Par contre demeurer face à elle avec confiance est ma stratégie pour avancer. Bien sûr cela pose à nouveau la question de cette fameuse « confiance » (con fides = avec foi) dont pas mal de zèbres parlent sur ce forum…

Par le passé, beaucoup plus jeune, j'ai demandé de l'aide pour traverser mes peurs. Cela m'a fait le plus grand bien et j'ai beaucoup appris sur moi et sur "comment faire face aux peurs". J'essaie d'aider les autres à faire face à leurs peurs... que ça soit dans mon travail comme dans ma vie quotidienne.
Bon courage… et à la santé de nos trouillettes !
Caro

Particule,
Ce que j’ai écrit est une rapide synthèse de ce que je sais sur la question ; il y a tant de références possibles ! Tu parles des thérapies cognitivo-comportementales, c’est intéressant… mais il y a tant d’approches possibles, seule une démarche intégrative me semble d'ailleurs pertinente ! Bref...
Alors voyons, je pourrais tout autant citer (je cite de tête donc il peut y avoir des erreurs…) à ta suite l’école de Palo-Alto (dont Watzlawick faisait partie) mais aussi tous les bouquins sur les émotions et le stress (Isabelle Filliozat Que se passe-t-il en moi ?, Frank Tallis Comment vaincre vos peurs ?, aux éditions Jouvence : Gérer ses émotions) mais aussi je pense à Viorst Les renoncements nécessaires ; Jacques Salomé a du en parler aussi…
Je peux aussi évoquer Jung et son concept d’ombre.
Et puis les philosophes, et les penseurs surtout Krishnamurti que j’adore (Se libérer du connu, Le sens du bonheur, Le changement créateur etc. …)
Tu vois c’est mon métier donc difficile de citer une référence mais si ça t’intéresse vraiment je peux prendre le temps de fouiller dans ma bibliothèque et te donner d’autres références.
Caro

Merci Caro, ça donne d'autres pistes à explorer !

On met probablement tous en place, dans une situation d'angoisse, des mécanismes de rationalisation afin d'amoindrir celle-ci, chacun disposant de sa méthode privilégiée. Celle qui a le mieux fonctionné dans mon cas est la stratégie du "oui...et alors ?". Elle s'avère efficace dans la gestion des peurs "circonstancielles" (avions, accidents, maladies, empoisonnements, ou simple déferlement d'angoisse pur, sans cause définie). Ainsi, face à une crainte de cet ordre, je n'essaie pas de la contredire, mais au contraire d'admettre la possibilité que celle-ci se réalise, et de me demander s'il y a quelque chose que je puisse faire pour l'empêcher. Le monologue intérieur donne à peu près ceci : "Oui, cela peut arriver. Mais est-ce que ma peur a une chance d'empêcher que cela arrive ? Non. Alors, ma peur est inutile." Option stoïque en somme : j'admets l'absurdité du sentiment de peur afin de me plonger dans un état mental préparant soit à l'action, soit à la gestion des conséquences de l'évènement redouté.

Face à des situations relevant de la "peur de l'inconnu" ou baignant dans un certain flou, je mets consciemment en balance le confort existentiel que me procurerait la fuite (et donc l'incertitude) face à celui procuré par l'affrontement (et donc, la certitude). En général, le désir d'être fixée une bonne fois pour toute l'emporte, et je surmonte la peur initiale. Comme le dit souvent mon père "on est surtout malade de ses anticipations".

La technique de Kara me parle, qui n'a pas déjà ressenti le fabuleux regain de courage que confère la proximité d'un être plus effrayé que soi ? Je n'ai jamais tenté d'étendre cette sensation à ma gestion des peurs en solitaire, mais c'est une piste intéressante.

Notons que rien de ce que j'ai vaguement étalé ici ne présente d'aspect suffisamment révolutionnaire pour faire sortir mon message du témoignage de base dans la plus pure tradition du "moi, je". A ma décharge, faire la révolution avec une rhino-pharyngite n'est pas recommandé.

Ce topic m'intéresse.

Je suis également concernée par cet handicap qu'est la peur... la peur de tout, de tout ce qui est, sera ou pourrait être.

Envisager des vacances me donne des sueurs froides (autoroute également, je recherche pendant des jours le trajet qui me semble le moins à risque tout en envisageant la multitude d'incidents qui pourraient arriver quand même).

Même à pied je repère les trottoirs qui n'ont pas "d'angle mort" pour les voitures qui passent dans la rue.

Si vous partagez mon repas, j'aurai soin de ne pas vous fixer de mon regard angoissé car j'ai très peur des fausses routes.

J'ai également peur des aiguilles perdues dans une maison en imaginant que je pourrais mettre le pied dessus.

Peur de m'endormir (ça je préfère ne pas en parler).

Peur des autres car je n'ai pas confiance en l'être humain, je le sais non fiable.

Je ne peux tout citer, ce serait bien trop long...

Mais le pire est la peur que j'ai de moi-même car, avec les meilleurs intentions du monde je sais que je peux me retrouver dans des situations incroyablement compliquées (l'immobilier par exemple).

Comment je gère ?

Je ne gère pas tout simplement, j'en souffre ainsi que mon entourage (quel dommage pour ce beau voyage en Italie mais nous ne prendrons pas l'avion).

Finalement, c'est pour faire plaisir ou par obligation que je vais donner l'impression de surmonter ma peur.

La peur vient de la volonté de maitrise une grande part du temps, et d'atavisme ou de situations enfantines refoulées pour le reste ... enfin, c'est ce que j'ai déduit de l'examen des miennes.

Je crois qu'une meilleure estime de soi permet d'accepter les impondérables parce qu'elle nous donne confiance à la fois dans notre jugement, et aussi dans nos capacités à rebondir si nous nous sommes trompés.

Quand aux accidents et autres maladies, la juste protection est de nous en prémunir intelligemment en adoptant des règles communément admises, mais de ne pas fantasmer sur tous les probables, seuls à même par la crainte qu'ils génèrent de nous empêcher de vivre.

J'ai dès mon enfance lutté contre la peur de l'avenir par un refus systématique d'anticiper.

Cela présente parfois des avantages car je prends des engagements sans penser aux conséquences et arrive généralement à bloquer mes angoisses jusqu'au dernier moment. Ainsi, j'ai pu faire des présentations dans des conférences, maitrisant mes peurs jusqu'aux dernières minutes et les utilisant comme une stimulation plutôt qu'un obstacle.

Le mauvais côté c'est que j'ai énormément de mal à me projeter dans l'avenir, à planifier les choses et à savourer l'anticipation d'un événement heureux. Par exemple, si je suis dans le train en route pour rendre visite à mes enfants, et qu'on me demande si je suis heureux de les voir, je ne peux que répondre que non parce que je n'y pense pas. Enfant, j'aurais répondu que non parce qu'il pouvait encore se passer tant de choses négatives d'ici là et qu'en fait j'avais une trouille terrible.