Ne jugez pas un livre à sa couverture.
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Carla de Miltraize VI
Harpo
6 participants
Forum ZEBRAS CROSSING :: Prairie :: Discussions libres :: Jeux d'écriture, jeux de mots, vocabulaire
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Re: Ne jugez pas un livre à sa couverture.
- Oui, bien sûr:
- Moi-même je me prévois assez bien (mais pas toujours) Et donc, quoi ?
Invité- Invité
Re: Ne jugez pas un livre à sa couverture.
- Bah rien, et pis c'est bien comme fil laissons là:
Invité- Invité
Re: Ne jugez pas un livre à sa couverture.
Une réaction à vos écrits :
- @Alphonsine:
- ton texte exploite à fond les composantes imposées à savoir titre / couv / 10 mots...et avec un style riche et agréable. Belle chute que celle de ton poète qui m'évoque certaines espèces d'insectes dont les femelles meurent après avoir "accouché de leur oeuvre", comme si tous avaient rempli leur mission ici bas et n'avaient plus de raison d'être. (J'espère que tu ne considèreras pas ma référence dégradante )
- @Gallinego:
- Ta révolution des capsules est intrigante (dans le bon sens ) : je crois comprendre que dans un 1er temps ton héroïne s'attache à oublier "activement", ce qui est déjà antithétique puis le petit détail vient comme un grain de sable perturber l'engrenage de la maîtrise ou le faire tourner à contresens puisque en s'échappant il lui fait perdre le fil de sa mémoire. Ce que je ne saisis pas du coup c'est pourquoi elle veut retenir ces éléments qui fuient alors que c'était son premier dessein ?
Invité- Invité
Re: Ne jugez pas un livre à sa couverture.
- @Guillemette:
- Ben je ne sais pas vraiment. C'est venu comme ça, et ça n'a pas l'air très logique, effectivement, mais j'ai laissé filer .
Une histoire d'hypercontrôle de l'oubli, je crois. Mais les petits détails remontent à la mémoire malgré le personnage (que je voyais plutôt masculin, pourquoi, je ne sais pas non plus), les laisser s'échapper c'est se souvenir de ce qu'il veut oublier.
Invité- Invité
Re: Ne jugez pas un livre à sa couverture.
- @Gallinego:
ah d'accord, donc il s'échappent dans une "dynamique de remémorisation" ? Donc ça rejoint ce que je pensais (parfois, je fais moi aussi confiance aux vertus d'une forme de lâcher prise de l'écriture .
La mémoire en psycho, est connue pour être un piège pour qui veut contrôler l'oubli d'un objet, c'est contreproductif, au contraire tu surenchéris la présence de cet objet à ta conscience et donc dans ta mémoire. Je ne sais pas si c'est que tu voulais exprimer.
Invité- Invité
Re: Ne jugez pas un livre à sa couverture.
Hier, entre deux crêpes généreusement chocolatées, comme celles que me faisaient autrefois ma maman, j'ai décidé d'écrire mon testament. On ne sait jamais. Peut-être que c'est urgent. J'ai beau essayer de vivre gentiment ma petite vie dans mon coin, on ne m'aime pas, j'ai des ennemis... Je croyais autrefois que l'on ne pouvait guère avoir d'ennemis si l'on n'avait pas d'amis. (Pourquoi croyais-je cela ?) Ma vie est un long couloir vide, vide une fois tout le monde parti, ou avant que tout le monde n'arrive, un long couloir vide à cause du décalage temporel nécessaire aux bienséances, le ménage se fait en décalage, il ne faudrait pas que messieurs dames se trouvent nez à nez avec ma sale tronche, alors je vis en décalage, toujours en décalage, dans les espaces vides... Je ne croyais pas que l'on puisse se faire d'ennemis dans les espaces vides. La vieille bique que je suis a réussi ! Vieille bique... Qui d'autre que moi a des pensées, même de ce genre-là, pour moi ? Oh, je ne me plains pas ! Mais j'ai décidé d'écrire mon testament. Je me suis dit : "Pauvre fille, tu aurais dû faire ça plus tôt ! Maintenant tu perds tes mots, ta main guide mal le stylo, tu ne vas faire que des taches d'encre, ce sera illisible et on croira que tu veux donner le peu que tu as à l'autre salope à hauts talons qui se fait passer pour ton amie ! Mais allez, réfléchis-y, pauvre ivrogne !" J'y réfléchis donc. Il n'y a personne à qui je veuille léguer quoi que ce soit. Je veux que l'on brûle tout ce que je possède et que l'on enterre les cendres dans un trou profond. Je veux que mon corps soit mangé par des cannibales. Je veux que l'on donne mes os à ronger aux chiens. Puis je veux que l'on m'oublie. Je voudrais que l'on m'oublie déjà.
- les 10 mots ::
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Chat Bleu- Messages : 844
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Localisation : au gré des vents
Re: Ne jugez pas un livre à sa couverture.
Lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche. Lundi : métro. Foule compacte, pas réveillée, agressive, chacun pour soi. Proximité, chaleur humaine. Mardi : boulot. Corporate, être corporate, toujours content d'un travail répétitif, inutile, café, déjeuner, café, collègues, qu'est-ce que tu as fait de ton week-end. Mercredi : guignol. Jeudi : rien. Attente, du vendredi, du week-end, qu'est-ce que tu as prévu pour ce week-end. Vendredi : veille du week-end. Samedi : c'est le week-end. Faire plein de choses, ne pas en perdre une miette, faire les courses, la même foule, mais au supermarché, avec caddie. Dimanche : on s'emmerde.
Invité- Invité
LA PRECISION DE L'ART CONTEMPORAIN
Nous sommes un matin de décembre 1977. Aux aurores ou au terme d'un long sommeil, on ne sait plus très bien. La vieille Europe se réveille sous la suie des idéologies, pourfendues par un temps qui les aurait consumées au fer rouge. Bientôt, le monde entier est en état d'apocalypse, il vacille comme une boule de feu amollie en flamèche, sur le point de tomber en cendres . Partout un voile fumeux règne. A l'exception des becs de narguilés qui restent désespérément vides : personne n'en tire plus aucune mélodie. Comment rebâtir avec du neuf lorsqu'on est arrivé au bout du vieux ?
Les addictifs, ne sachant plus à quel sein se vouer s'en prennent aux filles roulées dans les "pat' d'ef". Mais tant d'amplitude, tant d'aisance rendent ces joints difficiles à tirer. D'autres portent encore la jupe crayon, vestige d'un autre temps. Aussi gainées qu'une recharge de bic, dont un adolescent anxieux ou las des bancs de l'école aurait rongé l'extrêmité jusqu'à en faire éclater le plastique, laissant le réservoir d'encre aux quatre vents.
Les filles de l'air, ce sont leur jambes animées de l'intérieur par l'encre rouge qui, juste en existant, semble suggérer aux hommes encore assis dans les décombres : vos yeux ne lisent pas à travers les enveloppes, de toute façon, vous ne voyez pas plus haut que le bout de votre nez ! Pas faux, ils stationnent à hauteur de genoux, ayant abandonné les hippies à leur calumet. Désormais, à 16 ans de là, tel est leur maître-mot:
"la vie toute entière absorbée par cette affaire, par ce jeu de dupe, voir sous la jupe des filles..."A. Souchon
C'est ainsi que le monde a repris son cours, avec la plénitude d'une planète parfaitement ronde, car au-delà,
"Les jambes des femmes sont comme un compas qui donne à la terre sa forme et son équilibre". F.Truffaut
*la métaphore que j'ai utilisée à propos de la boule de feu amollie ne m'est pas étrangère, s'il y a plagiat de l'un(e) d'entre vous veuillez me le signaler et m'en excuser, c'est involontaire
Invité- Invité
Re: Ne jugez pas un livre à sa couverture.
Petite pensée pour Guillemette, qui a beaucoup alimenté le fil, ainsi qu'à Chat Bleu, dont j'aime beaucoup la proposition. Je remonte aujourd'hui le topic avec cette nouvelle couverture :
Dieu fait des images avec les nuages
La pluie fait des miroirs dans la boue.
(William Sheller)
J’ai été mise à nu. On m’a volé, au détour du chemin, mes habits et mes armures, et les oiseaux les ont emportés au loin – je ne vous en veux pas, je crois que vous étiez là pour ça.
Dieu fait des images avec les nuages
La pluie fait des miroirs dans la boue.
(William Sheller)
J’ai été mise à nu. On m’a volé, au détour du chemin, mes habits et mes armures, et les oiseaux les ont emportés au loin – je ne vous en veux pas, je crois que vous étiez là pour ça.
J’ai froid, mais j’avance tout de même. J’ai une longue route devant moi. Parfois, une ombre familière me suit, sur le bas-côté. La nuit, elle grandit, et, doucement, du bout des doigts, m’effleure – me chatouille… mais elle prend peur et elle fuit lors de la traversée des autoroutes. Moi j’avance, malgré la peur – lentement, sans doute, trop aux yeux de ceux qui jugent, pauvres oiseaux, et qui voudraient, sans surprise ni bataille, voler loin de tout, en ligne droite. Pas dans le même sens que les autres, peut-être – fuient-ils les lueurs du midi pour aller vers la lune ? – mais toujours sans oblique et sans spirale. C’est beau, pourtant, les spirales… Qu’importe, j’imagine : j’ai passé l’âge des explications.
Je continuerai, plus seule et plus fragile… Je suis un peu cassée par la force des choses, et par les coups de bec du destin. Sans doute n’ai-je jamais été aussi forte.
Je les aperçois, parfois, ces grands oiseaux, loin vers l’horizon. Ils sont partis sans moi, sans même un regret – m’ont plongée dans le dernier oubli, par nécessité. Ils ne savent pas, pourtant, que mon voyage a ses charmes aussi. Qu’il est juste différent.
Je ne suis rien pour eux car je suis un mélange.
Longtemps, comme eux, j’ai cherché le sens de ma vie dans les formes des nuages, dans des images trop fugaces, que je n’aurais jamais pu caresser de mes mains. C’est la rançon des enfants religieux qui croient, en toute bonne foi, que Dieu s’inquiète pour eux. Ni Dieu ni les hommes, en vérité. La solitude seule peut vous aimer sans conditions.
Ceux qui sont partis n’étaient pourtant ni des dieux que je ne pouvais atteindre, ni des princes dont le mépris me perdra. Ce ne sont que de beaux oiseaux… Leurs plumes ont des couleurs qui jouent avec la lumière, mais leur œil ne vous regarde pas vraiment.
J’avance toujours. Je n’ai pas besoin qu’on me sauve ou qu’on me protège – je suis, nue et blanche, mon propre chevalier. Parfois, j’avoue, je m’enferme, me barricade un temps, dans une bulle toute de silence et d’orgueil blessé. Le monde est plus beau d’ici, c’est vrai – les oiseaux ne l’avaient-ils pas dit… ? J’ai finalement découvert cette fuite en avant seule, quand ils m’avaient promis une place dans leurs paradis artificiels. Je n’étais pas assez, j’étais trop… Ce n’est pas grave. J’ai songé à partir, à prendre mes fatalités à bras le corps, et à fouiller mon histoire. Je n’ai pas eu à le dire, la condamnation avait déjà été murmurée. Mon exil volontaire m’a été imposé, et je crains que l’on ne chante parfois, parmi les oiseaux, la geste tragique de ce qui fut ma trahison. De n’avoir pas été… ou d’avoir été trop…
Je ne sais plus. Il pleut, doucement, contre les parois.
Je suis devenue l’éternelle nomade et mon cœur aujourd’hui vagabonde. À qui ose me regarder en face, j’offre un sourire, beaucoup d’amour – don gratuit. Je n’attends plus rien des hommes ni des oiseaux.
J’ai trouvé mon histoire imprimée, par mes pas, dans les archives de la boue, et je sais qu’un jour, j’en ferai quelque chose de beau.
Je continuerai, plus seule et plus fragile… Je suis un peu cassée par la force des choses, et par les coups de bec du destin. Sans doute n’ai-je jamais été aussi forte.
Je les aperçois, parfois, ces grands oiseaux, loin vers l’horizon. Ils sont partis sans moi, sans même un regret – m’ont plongée dans le dernier oubli, par nécessité. Ils ne savent pas, pourtant, que mon voyage a ses charmes aussi. Qu’il est juste différent.
Je ne suis rien pour eux car je suis un mélange.
Longtemps, comme eux, j’ai cherché le sens de ma vie dans les formes des nuages, dans des images trop fugaces, que je n’aurais jamais pu caresser de mes mains. C’est la rançon des enfants religieux qui croient, en toute bonne foi, que Dieu s’inquiète pour eux. Ni Dieu ni les hommes, en vérité. La solitude seule peut vous aimer sans conditions.
Ceux qui sont partis n’étaient pourtant ni des dieux que je ne pouvais atteindre, ni des princes dont le mépris me perdra. Ce ne sont que de beaux oiseaux… Leurs plumes ont des couleurs qui jouent avec la lumière, mais leur œil ne vous regarde pas vraiment.
J’avance toujours. Je n’ai pas besoin qu’on me sauve ou qu’on me protège – je suis, nue et blanche, mon propre chevalier. Parfois, j’avoue, je m’enferme, me barricade un temps, dans une bulle toute de silence et d’orgueil blessé. Le monde est plus beau d’ici, c’est vrai – les oiseaux ne l’avaient-ils pas dit… ? J’ai finalement découvert cette fuite en avant seule, quand ils m’avaient promis une place dans leurs paradis artificiels. Je n’étais pas assez, j’étais trop… Ce n’est pas grave. J’ai songé à partir, à prendre mes fatalités à bras le corps, et à fouiller mon histoire. Je n’ai pas eu à le dire, la condamnation avait déjà été murmurée. Mon exil volontaire m’a été imposé, et je crains que l’on ne chante parfois, parmi les oiseaux, la geste tragique de ce qui fut ma trahison. De n’avoir pas été… ou d’avoir été trop…
Je ne sais plus. Il pleut, doucement, contre les parois.
Je suis devenue l’éternelle nomade et mon cœur aujourd’hui vagabonde. À qui ose me regarder en face, j’offre un sourire, beaucoup d’amour – don gratuit. Je n’attends plus rien des hommes ni des oiseaux.
J’ai trouvé mon histoire imprimée, par mes pas, dans les archives de la boue, et je sais qu’un jour, j’en ferai quelque chose de beau.
Invité- Invité
Re: Ne jugez pas un livre à sa couverture.
- Mes mots :
- Piochés dans La vie de Marianne de Marivaux : Lumière, Point, Possible, Mine, Asseoir, Contenta, Impression, Bague, Obscurité, Quarante.
Tout le monde autour de lui parlait de la cité engloutit. Mythe ou réalité ? Personne ne le savait. Lui, l'aventurier, voulait voir par lui même se dont le monde parlait, se faire sa propre impression. C'est pour cela qu'il avait rendu possible son périple. Après avoir voyagé une semaine durant sans le moindre repos et dans une obscurité des plus total, le voilà enfin arrivé à destination.
Un véritable palais s'étendait autour de lui. Tout de glace, celui ci brillait de mille feux. Stalactites et stalagmites s’emmêlaient pour former de merveilleuses cavités. Une rivière coulait, venue des tréfonds de la terre. Elle était un véritable joyau, tel une bague aux quarante diamants. Au cœur de cette mine, il se contenta de s'asseoir et de contempler ces murs de glaces. Pendant des heures il resta ainsi assis, jusqu'à finir par s'endormir.
C'est en sursaut qu'il se réveilla quelques heure plus tard. Quelques battement de cils lui permirent de faire la lumière sur ce qu'il entourait. Retour au point de départ. Il était seul assis à son bureau avec un bout de tissus entre les mains. Celui ci étant la clé pour atteindre le palais...
Carman Turtle Tiger- Messages : 521
Date d'inscription : 16/11/2012
Age : 30
Localisation : Loin...
Re: Ne jugez pas un livre à sa couverture.
Ses mains, la chaleur de ses mains.
Je dois me frotter. Arriver en ondulant.
Un peu plaintivement, comme si manque il y avait.
Pour qu’au final ses mains, ses mains initient la caresse.
C’est devenu pour elle comme un réflexe.
Je me frotte, je geins, et hop caresse.
Je l’ai bien éduquée. Il faut croire.
Oh elle n’est pas toujours très attentive. Elle n’est pas toute entière à ce qu’elle fait.
Je suis obligé d’user d’artifices pour la ramener.
La forcer à être là, dans l’ici, dans le maintenant, dans le ‘avec moi’.
Alors je lance des vocalises gutturales cycliques et rythmiques.
Je fais en sorte que sa respiration se cale, sur la mienne.
Si ça ne suffit pas, je peux m’étirer de tout mon long et donner des coups de pattes.
Pour exiger, son retour au monde. Mon monde. Le Monde.
Ce qu’elle ne comprend pas c’est qu’en étant au monde,
on devient le monde.
Il y a des moments où elle est si loin, si préoccupée par des pensées anuncéenes,
que les coups de pattes ne suffisent plus.
Elle est trop dans l’ailleurs. Ce sont les autres. Ils lui prennent toute son attention.
Et moi rien il me reste.
Peau de chagrin.
Je me défends, je la défends, contre eux, contre elle.
L’empêcher de partir, de se perdre, de s'éparpiller.
La ramener à moi, la ramener au centre.
Au centre du monde.
A moi.
La griffe. La griffe est l’ultime moyen de la ramener quand le reste est sans effet.
Parfois la dose de griffe est telle, que je ne peux plus rester sur elle.
Son retour, brutal, lui fait comprendre à nouveau qu’elle a un corps.
Et de crier.
A croire, que les humains se sentent obligés de crier quand ils re-viennent au monde.
La griffe vécue comme un moyen de réaccéder à cette primalité.
Du reste, leur 'Tu enfanteras dans la douleur' est un leurre,
c’est la douleur qui enfante.
Invité- Invité
Re: Ne jugez pas un livre à sa couverture.
Merci pour vos participations !
O, ta couverture, je l'ai pas trouvé évidente du tout à traiter, tu as toute mon admiration. oô
Je me suis de nouveau prise au jeu cet après-midi, et j'ai sorti ça un peu (beaucoup) en vrac :
O, ta couverture, je l'ai pas trouvé évidente du tout à traiter, tu as toute mon admiration. oô
Je me suis de nouveau prise au jeu cet après-midi, et j'ai sorti ça un peu (beaucoup) en vrac :
Le tic-tac des horloges, on dirait des souris qui grignotent le temps.
(Alphonse Allais)
(Alphonse Allais)
Tic-Tac.
C'est un bruit sec et triste de machinerie qui se lance, de machinerie qui s'égare.
Elle tourne, tourne : l'habitude des mécanismes - fragments d'hébétudes.
C'est comme un rêve, triste triste, lancinant.
Ça revient, toujours le même et pourtant, toujours différent.
Le jeune homme a fait sa vie. Il la voulait tranquille et sans remous. Alors il avait pris pour habitude, faiblard... de remonter, chaque jour, les pendules. C'était pas nécessaire, autant de soin était superflu. Mais les horlogeries fines, si exigeantes envers le monde, lui furent reconnaissantes de tant d'effort. Doucement, avec leurs saccades de bêtes méfiantes... elles s'apprivoisèrent.
J'ai mis de la musique, tiens. Il faut quelque chose d'électrique et d'un peu froid.
Comme le cœur des pendules.
Moins vous vous humanisez, plus elles vous aiment.
Tchouk tchouk.
C'est nécessaire, vous savez, pour vous raconter son histoire, au confident des pendules.
Il avait un cœur un peu différent des autres. Il aurait pas pu prendre ce rôle, s'il n'avait pas eu cette aptitude particulière, cette sensibilité différente. Il fallait bien qu'il soit quelque chose, pour être ainsi choisi des roues dentées et des aiguilles... L'horlogerie ne désigne pas à la légère. Il était droit, dans ses courbes. Il suivait les chemins qu'il s'était tracés, à l'aube de sa vie d'adulte, comme un train respecte son aiguillage. Il allait droit au but - flâner, c'était bon pour ceux qui pouvaient perdre leur temps. Lui, il avait mieux à faire. Il ne devait surtout pas le perdre, son temps. Il le remplissait au mieux, comme on noircit chaque mesure d'un papier à musique - d'un papier à mesure. Sa vie était un horizon sans horizon, une hirondelle réglée au biseau, un clavier trop tempéré.
Les pendules trouvaient ça sexy.
C'était grâce à elles qu'il répartissait si bien son temps. Et ce fut d'abord lui qui leur confia ses heures et destinées. Mises en confiance, définitivement... elles délièrent leurs rouages et lui parlèrent.
Il fut surpris, alors, de leur trouver des préoccupations si basses. L'une lui parlait de ses aiguilles, qu'elle trouvait un peu larges. Chaque jour, elle s'efforçait de les contenir, de rappeler en elle leur matière, et chaque jour, elles offraient à l’œil du passant leurs rondeurs et leurs arabesques. C'en était presqu'une honte pour elle - et pourtant, qu'est-ce qu'ils en avaient à foutre, les passants... ! L'autre, naïve, se trouvait trop Louis Philippe pour être belle, une autre encore, là-bas, étalait à qui voulait les voir ses modernités en pagaille, dans des débauches de couleur qui faisaient peut-être bien... - Lui dites pas, surtout - trop Régence, voyez-vous... Régence d'un autre temps, voilà tout.
Notre jeune homme, bien vite, se trouva déçu. C'étaient donc cela, les angoisses des pendules ? Et l'horloge baudelairienne, existait-elle... ?
Il ne comprenait pas, le naïf, que l'horloge baudelairienne et la pendule futile coexistaient souvent. Et qu'on ne commence les tristes confidences que par des faux problèmes, des histoires qui ne comptent pas vraiment. Les pendules peinent à accorder leur confiance, n'est-ce pas... ? Elles n'allaient pas révéler au premier choisi venu - quand bien même serait-il choisi - le secret des secondes qui passent...
Les secondes qui passent...
Les premières, déjà, sont des enfants perdus, dont on ne retrouve pas la trace.
Les secondes ont suivi, pressées, impérieuses. On en oublia les précédentes. Minute ! Les heures passèrent, masquant le souvenir, couronnant l'ennui d'une vague performance.
Mesurons l'excès, voulez-vous bien ?
Tic tac.
Si on étend le tic-tac dans le temps et qu'on le floute, on obtient le bruit d'une respiration.
C'est bête qu'il ait pas le pris de temps de s'en rendre compte.
Les horloges ne pouvaient que choisir quelqu'un qui ne saurait pas comprendre ce qu'il y a de brouillé en elles - ce qu'il y a d'humain dans leurs désespoirs. Elles ne pouvaient sélectionner qu'une locomotive - une bombe - humaine, qui voulait se régler sur le ballet bien réglé de leurs tempos. Personne pour les ralentir. Personne pour les faire taire.
Tic Tac.
Memento mori, bien sûr.
Et toutes les conneries dans le genre.
J'aurais pu, moi, vous insuffler quelque chose. Vous dérégler sans doute. Pour un temps.
Mais vous avez choisi.
À trop vouloir raisonner, votre humain préféré est devenu un machine à penser.
J'éteins ma musique électronique, et je passe à autre chose.
Tel est et sera toujours le confident des pendules.
C'est un bruit sec et triste de machinerie qui se lance, de machinerie qui s'égare.
Elle tourne, tourne : l'habitude des mécanismes - fragments d'hébétudes.
C'est comme un rêve, triste triste, lancinant.
Ça revient, toujours le même et pourtant, toujours différent.
Le jeune homme a fait sa vie. Il la voulait tranquille et sans remous. Alors il avait pris pour habitude, faiblard... de remonter, chaque jour, les pendules. C'était pas nécessaire, autant de soin était superflu. Mais les horlogeries fines, si exigeantes envers le monde, lui furent reconnaissantes de tant d'effort. Doucement, avec leurs saccades de bêtes méfiantes... elles s'apprivoisèrent.
J'ai mis de la musique, tiens. Il faut quelque chose d'électrique et d'un peu froid.
Comme le cœur des pendules.
Moins vous vous humanisez, plus elles vous aiment.
Tchouk tchouk.
C'est nécessaire, vous savez, pour vous raconter son histoire, au confident des pendules.
Il avait un cœur un peu différent des autres. Il aurait pas pu prendre ce rôle, s'il n'avait pas eu cette aptitude particulière, cette sensibilité différente. Il fallait bien qu'il soit quelque chose, pour être ainsi choisi des roues dentées et des aiguilles... L'horlogerie ne désigne pas à la légère. Il était droit, dans ses courbes. Il suivait les chemins qu'il s'était tracés, à l'aube de sa vie d'adulte, comme un train respecte son aiguillage. Il allait droit au but - flâner, c'était bon pour ceux qui pouvaient perdre leur temps. Lui, il avait mieux à faire. Il ne devait surtout pas le perdre, son temps. Il le remplissait au mieux, comme on noircit chaque mesure d'un papier à musique - d'un papier à mesure. Sa vie était un horizon sans horizon, une hirondelle réglée au biseau, un clavier trop tempéré.
Les pendules trouvaient ça sexy.
C'était grâce à elles qu'il répartissait si bien son temps. Et ce fut d'abord lui qui leur confia ses heures et destinées. Mises en confiance, définitivement... elles délièrent leurs rouages et lui parlèrent.
Il fut surpris, alors, de leur trouver des préoccupations si basses. L'une lui parlait de ses aiguilles, qu'elle trouvait un peu larges. Chaque jour, elle s'efforçait de les contenir, de rappeler en elle leur matière, et chaque jour, elles offraient à l’œil du passant leurs rondeurs et leurs arabesques. C'en était presqu'une honte pour elle - et pourtant, qu'est-ce qu'ils en avaient à foutre, les passants... ! L'autre, naïve, se trouvait trop Louis Philippe pour être belle, une autre encore, là-bas, étalait à qui voulait les voir ses modernités en pagaille, dans des débauches de couleur qui faisaient peut-être bien... - Lui dites pas, surtout - trop Régence, voyez-vous... Régence d'un autre temps, voilà tout.
Notre jeune homme, bien vite, se trouva déçu. C'étaient donc cela, les angoisses des pendules ? Et l'horloge baudelairienne, existait-elle... ?
Il ne comprenait pas, le naïf, que l'horloge baudelairienne et la pendule futile coexistaient souvent. Et qu'on ne commence les tristes confidences que par des faux problèmes, des histoires qui ne comptent pas vraiment. Les pendules peinent à accorder leur confiance, n'est-ce pas... ? Elles n'allaient pas révéler au premier choisi venu - quand bien même serait-il choisi - le secret des secondes qui passent...
Les secondes qui passent...
Les premières, déjà, sont des enfants perdus, dont on ne retrouve pas la trace.
Les secondes ont suivi, pressées, impérieuses. On en oublia les précédentes. Minute ! Les heures passèrent, masquant le souvenir, couronnant l'ennui d'une vague performance.
Mesurons l'excès, voulez-vous bien ?
Tic tac.
Si on étend le tic-tac dans le temps et qu'on le floute, on obtient le bruit d'une respiration.
C'est bête qu'il ait pas le pris de temps de s'en rendre compte.
Les horloges ne pouvaient que choisir quelqu'un qui ne saurait pas comprendre ce qu'il y a de brouillé en elles - ce qu'il y a d'humain dans leurs désespoirs. Elles ne pouvaient sélectionner qu'une locomotive - une bombe - humaine, qui voulait se régler sur le ballet bien réglé de leurs tempos. Personne pour les ralentir. Personne pour les faire taire.
Tic Tac.
Memento mori, bien sûr.
Et toutes les conneries dans le genre.
J'aurais pu, moi, vous insuffler quelque chose. Vous dérégler sans doute. Pour un temps.
Mais vous avez choisi.
À trop vouloir raisonner, votre humain préféré est devenu un machine à penser.
J'éteins ma musique électronique, et je passe à autre chose.
Tel est et sera toujours le confident des pendules.
Invité- Invité
Re: Ne jugez pas un livre à sa couverture.
Bon, je craque, en revoici une (qui n'a vraiment aucun sens, cette fois-ci) :
En guise de préambule...
J'aimerais opposer au monde les chatoiements d'une fantaisie déjà formée et ô combien parfaite. C'est le seul moyen pour passer sous les radars et être étiqueté artiste plutôt que marginal. Je n'ai pas encore passé la frontière, pourtant, car je n'affirme pas assez. Je tâtonne, j'essaie. J'apprends à nager, et j'éclabousse autour de moi, en faisant trop de bruit.
Les perroquets n'arrêtent plus de dériver. Leurs couleurs sous la transparence de l'eau créent parfois des illusions charmantes ou de drôles de mirage. Quand ils ne se noient pas, il s'envolent...
Les perroquets se défoulent sur le souvenir. C'est là qu'on ne s'entend plus.
Ils coassent, croassent et coagulent. Des guirlandes d'images, toutes attachées au cœur, sans rime ni raison, fourmillent sous leurs pattes grises, et ils transpercent d'un geste précis les yeux, les visages, les sourires. Ils n'aiment pas qu'on se balance trop sur l'escarpolette de la mélancolie. Qu'on se perde dans les vieilles histoires — tristes vieilleries qui nous rendent tristes. Ils sont les premiers à refuser leur image. Si on les y oblige, ils moisiront dans un photomaton.
Les méduses, quant à elles, logent dans la rue sans fleurir. Elles ont élu domicile dans les bacs de géranium et y agonisent, tranquillement, dans un vieux rose malvenu.
Si on les laisse faire, bientôt, les méduses iront imploser à Mexico.
Il n'y a que cela qu'elles aiment faire.
Les perroquets n'arrêtent plus de dériver. Leurs couleurs sous la transparence de l'eau créent parfois des illusions charmantes ou de drôles de mirage. Quand ils ne se noient pas, il s'envolent...
Les perroquets se défoulent sur le souvenir. C'est là qu'on ne s'entend plus.
Ils coassent, croassent et coagulent. Des guirlandes d'images, toutes attachées au cœur, sans rime ni raison, fourmillent sous leurs pattes grises, et ils transpercent d'un geste précis les yeux, les visages, les sourires. Ils n'aiment pas qu'on se balance trop sur l'escarpolette de la mélancolie. Qu'on se perde dans les vieilles histoires — tristes vieilleries qui nous rendent tristes. Ils sont les premiers à refuser leur image. Si on les y oblige, ils moisiront dans un photomaton.
Les méduses, quant à elles, logent dans la rue sans fleurir. Elles ont élu domicile dans les bacs de géranium et y agonisent, tranquillement, dans un vieux rose malvenu.
Si on les laisse faire, bientôt, les méduses iront imploser à Mexico.
Il n'y a que cela qu'elles aiment faire.
Invité- Invité
Re: Ne jugez pas un livre à sa couverture.
Encore sonnait cette horloge infâme qui signifiait que l'heure de se lever était arrivée. Les souvenirs de la veille raisonnées en lui comme un écho sans fin. Dring dring dring, quel bruit immonde pour commencer la journée. Les rayons du soleil à travers la vitre venait lui rappeler de façon visuelle ce que ses oreilles entendez. Il était l'heure de partir, l'heure d'agir...
_________________
IMPERATOR•KALTHU•CAESAR•DIVVS
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Re: Ne jugez pas un livre à sa couverture.
[...] Habillé tantôt de blanc, tantôt de gris, mon individualité, clairsemée d'ombre et de lumière est aussi infinie et limitée que mon être... Je suis un souffle, une respiration, une pensée, un rêve... Chaque jour, je me vêtis de l'atmosphère ; et parfois, je transpire de maladies. J'aimerais être satisfait comme citoyen du ciel, qui a le pouvoir de faire la pluie et le beau de temps, mais je suis soumis à l'autorité des hommes. Je ne suis que l'image de leurs envies, d'aller, de prendre, de vouloir... Des hommes qui veulent aller vers leur être, sans prendre en considération leur âme. J'observe les hommes, et je suis insatisfait de subir leurs simulacres...
Mon emploi du temps imprévisible, est fonction de la température humaine.... Quand les esprits sont au repos, je le suis aussi.... Que c'est bon d'être en vacances ! Seul ou avec d'autres... C'est toujours bon signe quand je suis absent. Les hommes aiment le ciel sans nuage. Quand on voit l'horizon, loin très loin, et qu'aucun nuage n'est là pour augurer quelques problèmes à venir....
C'est bien mon malheur, d'être perçu comme un mauvais présage, comme un annonceur de tempête... Si le cœur des hommes était joyeux, je serai souvent en vacances. Et ça me conviendrait bien ainsi... Vous pourriez vous dire que mes vacances sont synonymes d’inexistence, mais être invisible, c'est exister, c'est Être. Je n'ai pas besoin d'être nuage pour être un nuage ; il y a longtemps que j'ai accepté ma condition et que je jouis... Pourquoi voulez-vous que ma nature soit orgueilleuse et fière, avec un besoin irrépressible de crier toute colère ? Ou qu'elle soit violée, humiliée, indignée à pleurer d'impuissance ? Ma nature est légère, ample... Un tout formé de rien qui se matérialise lorsque les ressentiments sont grands... Finalement, je n'ai qu'un malaise, celui d'être fatalement ce reflet, conscient de cet état de fait et impuissant de leur inconscience...
Vous comprenez ? [...]
- Liste des 10 mots :
Envie
Vouloir
prendre
Être
Autorité
Maladie
Aller
Satisfait
individualité
limiter
EmiM- Messages : 5707
Date d'inscription : 15/01/2014
Age : 42
Localisation : Les pieds sur terre, la tête dans les étoiles
Re: Ne jugez pas un livre à sa couverture.
Alooooooooooooooors !
Charbon à la main, il ne lui restait qu'à reproduire ce décor de mythologie, falaises et océan. Il y mit toute la puissance de ce qu'il avait vu dans la journée. Les mouvements des gens pressés dans la foule, les milles couleurs du marché et tous les reflets du soleil. Ce singulier paysage, splendide sur sa toile, montrait un irréfutable océan de merveilles.
Derrière le peintre ce tenait un jeune homme. Son strict opposé. Aussi jeune que lui était vieux. Aussi grand que lui était petit. Aussi brun que lui avait les cheveux blanc. Lentement il s'approcha. Il n'avait de cesse que d'observer la toile. Le vieil homme lui offrit charitablement cette œuvre tout juste achevée. Heureux de la savoir entre les mains de quelqu'un qui serait l’apprécier. Le jeune homme sortie son portefeuille pour payer. Longanime, le peintre refusa, ramassa son matériel et laissa derrière lui un être contempler son nouvel océan.
- Mots :
Irréfutable
Opposer
Mythologie
Peintre
Splendide
Portefeuille
Longanime (Je connaissais pas ce mot et même avec des définitions j'arrive pas à le comprendre. J'espère que je l'ai pas trop mal utilisé)
Charitablement
Charbon
Singulier
Charbon à la main, il ne lui restait qu'à reproduire ce décor de mythologie, falaises et océan. Il y mit toute la puissance de ce qu'il avait vu dans la journée. Les mouvements des gens pressés dans la foule, les milles couleurs du marché et tous les reflets du soleil. Ce singulier paysage, splendide sur sa toile, montrait un irréfutable océan de merveilles.
Derrière le peintre ce tenait un jeune homme. Son strict opposé. Aussi jeune que lui était vieux. Aussi grand que lui était petit. Aussi brun que lui avait les cheveux blanc. Lentement il s'approcha. Il n'avait de cesse que d'observer la toile. Le vieil homme lui offrit charitablement cette œuvre tout juste achevée. Heureux de la savoir entre les mains de quelqu'un qui serait l’apprécier. Le jeune homme sortie son portefeuille pour payer. Longanime, le peintre refusa, ramassa son matériel et laissa derrière lui un être contempler son nouvel océan.
- Spoiler:
- J’écris que des p'tits textes... Promis le prochain j’essaierai de le faire plus long
Carman Turtle Tiger- Messages : 521
Date d'inscription : 16/11/2012
Age : 30
Localisation : Loin...
Re: Ne jugez pas un livre à sa couverture.
Et hop un petit pavé qui avait besoin de sortir... Pas de liste de mots cette fois.. j'ai oublié
Up pour le fil...
[...]
S'il en avait décidé autrement, nous serions ensemble... La rapidité avec laquelle il a pris la fuite me déconcerte, même si je m'y attendais... Je l'ai provoqué... Même pas il s'est opposé, même pas il n'a contesté... Je l'imagine bien me dire : "j'ai répondu à ta demande"... Sauf que je n'ai rien demandé... Je me suis autorisée à exprimer mon changement d'envie ; et de la même manière que je n'avais plus envie, j'aurai pu rechanger d'avis et retrouver l'envie. Je savais qu'il baisserait les bras, c'est ce dont il avait besoin. Lui aussi devait sentir qu'il ne trouverait pas ce qu'il cherche. En son fort intérieur, il savait... Il s'était engagé dans l'illusion...Si douce, si légère, si lumineuse, qu'elle nous éblouit, jusqu'à nous perdre... Parfois, pas toujours, pas cette fois, enfin, il était temps... Au moins ça de fait ! Sur le moment ce n'était pas si dur, maintenant je sens le vide. J'aurai aimé vivre avec lui cet entre deux où l'on se retrouve, sans autre attente, que ce qui appartient à l'union, dans cette vérité de l'instant. Je l'aimais sincèrement, presqu'intensément... Fallait-il qu'il partage cette envie.. ce n'était pas le cas et c'est pour ça qu'il n'est pas là...
18h43, j'aurai dû être à la gare, attendre ton arrivée, après tous ces jours languie... et enfin ton regard dans le mien, tes caresses dans mes cheveux, ton souffle apaisant à mon oreille, tes mains chaudes sur mon corps, je me serai à nouveau sentie enveloppée...
Mais je suis chez moi, à regarder la pendule, à imaginer tous les si, si tu étais venu, si on s'était revu, comme il était prévu...
Je sais pourquoi je n'ai pas cédé... A quoi bon céder ? Aujourd'hui, demain, tôt ou tard, il faut bien accepter la réalité, arrêter de se mentir, faire preuve de volonté, trouver le courage de cesser une fois pour toute, de céder à sa misère affective.
Je ne l'aime pas bien. Pas étonnant ! Je ne l'aime pas ; lui ou un autre, je crains que cela ne soit la même chose...
J'aime ce qu'il représente, j'aime ses rares surprises, où je ne l'ai pas vu venir...
J'aimerai plus et je vois bien qu'il n'est pas capable de plus, ou du moins de mieux... Il est ce qu'il est, en cela je l'aime, j'aime son humanité, ses traits, ses faiblesses et ses forces bien sur, je l'aime à distance, je l'aime pour ce qu'il est, je ne l'aime pas pour moi, il n'est pas bon pour moi..
Je le sais, je le sens, j'aime à le croire, peut être d'ailleurs n'est-ce qu'une jolie histoire, une de plus, si différente et si semblable à toutes les autres... J'avais envie de le voir.. Non, j'avais envie de son attention, de câlins, de chaleur humaine, d'échanges, de rires, de m'oublier, de suspendre le temps, d'aimer, de rêver, de jouir...
En fait, j'ai tant d'envies et j'acceptai de prendre ce que je n'aimais pas pour avoir un peu de ce que j'aimais...
A quoi bon ? Juste avoir l'illusion, une heure, un weekend, de vivre un partage... Mais quel partage ? Si peu de partage, une tranche de vie où chacun prend ce qu'il souhaite, et dont le seul partage est l'illusion d'un partage...
Quand deux âmes errantes en quête du même rêve, nourrissant le même espoir, idéalisant la même vision, se rencontrent, il est bien naturel qu'elles aient envie de faire l'expérience de l'union... Il y a des unions qui prennent sens, qui ont une raison d'être, qui promettent, quand d'autres nous enseignent, nous anesthésient ou nous perdent... Toujours éphémères, à plus ou moins longues échéances, elles ont un début et généralement une fin...
A quel moment décidons-nous de quelles unions nous avons besoin ? A quel moment commençons-nous à considérer que certaines valent la peine et d'autres pas ? Peut être tout simplement quand nous sommes prêts....
J'ai essayé plusieurs fois de changer mes choix et je n'ai pas pu changer mon choix du premier coup... parce que mon choix était composé de plusieurs facettes ou étapes, peut être, surement les deux... Et il m'a fallu déconstruire pièce par pièce le mécanisme qui motivait mon choix... J'ai le sentiment d'arriver à terme du processus, et je ne pourrai vérifier la complétude du démontage qu'au prochain tour... Quand, pour une nouvelle fois, mon âme me fera sentir son désir profond d'union avec une autre, et que je ferai le choix de l'expérience pour ou contre moi... J'aimerai pouvoir dire que toutes les expériences sont enrichissantes, et elles le sont... Pourtant je préfère m'attacher à celles qui peuvent me grandir et m'élever... Je ne sais pas si j'ai répété encore et encore ma dernière expérience parce que je ne la comprenais pas, parce que je ne l'acceptais pas ou parce que je n'arrivais pas à modifier mes choix... De là où je regarde, j'ai l'impression que la force me manquait de moins en moins au fur et à mesure des essais et que c'est la progression qui m'a permise d'atteindre l'objectif... Réussir du premier coup n'était pas accessible... A chaque fois, j'ai cru avoir réussi, j'ai cru pouvoir passer à autre chose, j'ai cru avoir compris... je n'avais pas tout à fait tort, ni tout à fait raison... Il est certain que seul l'avenir m'éclairera sur une quelconque réalité et conscience de "où j'en suis", sur mon chemin.... Pourtant, chaque choix abouti, quand précédemment il ne l'était pas, sont autant de réussites dont je peux être fière et me sentir accomplie, entre deux, comme une pause bien méritée, consacrée à la satisfaction et à la joie d'avoir peiné pour soi... Ce que j'ai enduré pour me dépasser n'a aucun goût amer, ce n'est pas réconfortant ou confortable, c'est juste apaisant... Après l'effort juste, on ne se sent pas lessivé, suis pas sure de me sentir légère non plus, mais sereine sans aucun doute... sensation intérieure enveloppante qui n'oublie pas que le corps réclame encore le tactile doucereux d'une peau vibrante... mais plus au prix d'une union sans partage véritable et partagé...
Le respect de Soi était le choix qui convenait, même s'il a engendré tristesse, incompréhension et solitude... en recherche d'union-fusion, me sentir séparée avec toi, ne m'offrait pas l'expérience suscitée par notre rencontre, c'est pour cela que nos fréquences ne s'harmonisaient pas, mon désir d'expérience n'était pas en osmose avec le tien... je ne manquais pas d'envies, si j'ai pu en douter, aujourd'hui je le sais... il y a de l'envie, de la vie, et il n'y avait pas d'harmonie... je ne pouvais céder à ton envie, je m'y suis opposée et tu es parti... Il en aurait été autrement si nous avions partagé la même envie...
Je continue d'apprendre et d'expérimenter l'affirmation de mon être... Si je cède sans cesse au désir d'autrui, sans respecter mon propre désir, il n'est pas étonnant que je souffre ensuite de manque de respect...Cette fois, j'ai failli un peu, failli jouer avec le feu, failli faillir, mais l'histoire se termine bien... Derrière la solitude apparente, une profonde satisfaction et fierté se manifeste en interne...Sensation d'avoir gagné une bataille pour moi, contre ce foutu programme d'origine...
[...]
Up pour le fil...
[...]
S'il en avait décidé autrement, nous serions ensemble... La rapidité avec laquelle il a pris la fuite me déconcerte, même si je m'y attendais... Je l'ai provoqué... Même pas il s'est opposé, même pas il n'a contesté... Je l'imagine bien me dire : "j'ai répondu à ta demande"... Sauf que je n'ai rien demandé... Je me suis autorisée à exprimer mon changement d'envie ; et de la même manière que je n'avais plus envie, j'aurai pu rechanger d'avis et retrouver l'envie. Je savais qu'il baisserait les bras, c'est ce dont il avait besoin. Lui aussi devait sentir qu'il ne trouverait pas ce qu'il cherche. En son fort intérieur, il savait... Il s'était engagé dans l'illusion...Si douce, si légère, si lumineuse, qu'elle nous éblouit, jusqu'à nous perdre... Parfois, pas toujours, pas cette fois, enfin, il était temps... Au moins ça de fait ! Sur le moment ce n'était pas si dur, maintenant je sens le vide. J'aurai aimé vivre avec lui cet entre deux où l'on se retrouve, sans autre attente, que ce qui appartient à l'union, dans cette vérité de l'instant. Je l'aimais sincèrement, presqu'intensément... Fallait-il qu'il partage cette envie.. ce n'était pas le cas et c'est pour ça qu'il n'est pas là...
18h43, j'aurai dû être à la gare, attendre ton arrivée, après tous ces jours languie... et enfin ton regard dans le mien, tes caresses dans mes cheveux, ton souffle apaisant à mon oreille, tes mains chaudes sur mon corps, je me serai à nouveau sentie enveloppée...
Mais je suis chez moi, à regarder la pendule, à imaginer tous les si, si tu étais venu, si on s'était revu, comme il était prévu...
Je sais pourquoi je n'ai pas cédé... A quoi bon céder ? Aujourd'hui, demain, tôt ou tard, il faut bien accepter la réalité, arrêter de se mentir, faire preuve de volonté, trouver le courage de cesser une fois pour toute, de céder à sa misère affective.
Je ne l'aime pas bien. Pas étonnant ! Je ne l'aime pas ; lui ou un autre, je crains que cela ne soit la même chose...
J'aime ce qu'il représente, j'aime ses rares surprises, où je ne l'ai pas vu venir...
J'aimerai plus et je vois bien qu'il n'est pas capable de plus, ou du moins de mieux... Il est ce qu'il est, en cela je l'aime, j'aime son humanité, ses traits, ses faiblesses et ses forces bien sur, je l'aime à distance, je l'aime pour ce qu'il est, je ne l'aime pas pour moi, il n'est pas bon pour moi..
Je le sais, je le sens, j'aime à le croire, peut être d'ailleurs n'est-ce qu'une jolie histoire, une de plus, si différente et si semblable à toutes les autres... J'avais envie de le voir.. Non, j'avais envie de son attention, de câlins, de chaleur humaine, d'échanges, de rires, de m'oublier, de suspendre le temps, d'aimer, de rêver, de jouir...
En fait, j'ai tant d'envies et j'acceptai de prendre ce que je n'aimais pas pour avoir un peu de ce que j'aimais...
A quoi bon ? Juste avoir l'illusion, une heure, un weekend, de vivre un partage... Mais quel partage ? Si peu de partage, une tranche de vie où chacun prend ce qu'il souhaite, et dont le seul partage est l'illusion d'un partage...
Quand deux âmes errantes en quête du même rêve, nourrissant le même espoir, idéalisant la même vision, se rencontrent, il est bien naturel qu'elles aient envie de faire l'expérience de l'union... Il y a des unions qui prennent sens, qui ont une raison d'être, qui promettent, quand d'autres nous enseignent, nous anesthésient ou nous perdent... Toujours éphémères, à plus ou moins longues échéances, elles ont un début et généralement une fin...
A quel moment décidons-nous de quelles unions nous avons besoin ? A quel moment commençons-nous à considérer que certaines valent la peine et d'autres pas ? Peut être tout simplement quand nous sommes prêts....
J'ai essayé plusieurs fois de changer mes choix et je n'ai pas pu changer mon choix du premier coup... parce que mon choix était composé de plusieurs facettes ou étapes, peut être, surement les deux... Et il m'a fallu déconstruire pièce par pièce le mécanisme qui motivait mon choix... J'ai le sentiment d'arriver à terme du processus, et je ne pourrai vérifier la complétude du démontage qu'au prochain tour... Quand, pour une nouvelle fois, mon âme me fera sentir son désir profond d'union avec une autre, et que je ferai le choix de l'expérience pour ou contre moi... J'aimerai pouvoir dire que toutes les expériences sont enrichissantes, et elles le sont... Pourtant je préfère m'attacher à celles qui peuvent me grandir et m'élever... Je ne sais pas si j'ai répété encore et encore ma dernière expérience parce que je ne la comprenais pas, parce que je ne l'acceptais pas ou parce que je n'arrivais pas à modifier mes choix... De là où je regarde, j'ai l'impression que la force me manquait de moins en moins au fur et à mesure des essais et que c'est la progression qui m'a permise d'atteindre l'objectif... Réussir du premier coup n'était pas accessible... A chaque fois, j'ai cru avoir réussi, j'ai cru pouvoir passer à autre chose, j'ai cru avoir compris... je n'avais pas tout à fait tort, ni tout à fait raison... Il est certain que seul l'avenir m'éclairera sur une quelconque réalité et conscience de "où j'en suis", sur mon chemin.... Pourtant, chaque choix abouti, quand précédemment il ne l'était pas, sont autant de réussites dont je peux être fière et me sentir accomplie, entre deux, comme une pause bien méritée, consacrée à la satisfaction et à la joie d'avoir peiné pour soi... Ce que j'ai enduré pour me dépasser n'a aucun goût amer, ce n'est pas réconfortant ou confortable, c'est juste apaisant... Après l'effort juste, on ne se sent pas lessivé, suis pas sure de me sentir légère non plus, mais sereine sans aucun doute... sensation intérieure enveloppante qui n'oublie pas que le corps réclame encore le tactile doucereux d'une peau vibrante... mais plus au prix d'une union sans partage véritable et partagé...
Le respect de Soi était le choix qui convenait, même s'il a engendré tristesse, incompréhension et solitude... en recherche d'union-fusion, me sentir séparée avec toi, ne m'offrait pas l'expérience suscitée par notre rencontre, c'est pour cela que nos fréquences ne s'harmonisaient pas, mon désir d'expérience n'était pas en osmose avec le tien... je ne manquais pas d'envies, si j'ai pu en douter, aujourd'hui je le sais... il y a de l'envie, de la vie, et il n'y avait pas d'harmonie... je ne pouvais céder à ton envie, je m'y suis opposée et tu es parti... Il en aurait été autrement si nous avions partagé la même envie...
Je continue d'apprendre et d'expérimenter l'affirmation de mon être... Si je cède sans cesse au désir d'autrui, sans respecter mon propre désir, il n'est pas étonnant que je souffre ensuite de manque de respect...Cette fois, j'ai failli un peu, failli jouer avec le feu, failli faillir, mais l'histoire se termine bien... Derrière la solitude apparente, une profonde satisfaction et fierté se manifeste en interne...Sensation d'avoir gagné une bataille pour moi, contre ce foutu programme d'origine...
[...]
EmiM- Messages : 5707
Date d'inscription : 15/01/2014
Age : 42
Localisation : Les pieds sur terre, la tête dans les étoiles
Re: Ne jugez pas un livre à sa couverture.
Pour les amateurs, je signale juste l'ajout des éditions Mouseîon dans les possibilités de couverture. Éditions proposant des couvertures... issues de tableaux de maîtres. Histoire de changer un peu de registre.
(Pour l'instant, c'est essentiellement de la peinture hollandaise, mais j'imagine que ça s'enrichira au fur et à mesure.)
(Pour l'instant, c'est essentiellement de la peinture hollandaise, mais j'imagine que ça s'enrichira au fur et à mesure.)
Invité- Invité
Re: Ne jugez pas un livre à sa couverture.
Exclusivité. D’abord exclure, circonscrire, isoler. Que les plaintes s’éteignent dans les heures de silence, que la douleur froide comme l’acier reste ignorée des promeneurs de la lumière du jour. Puis passer le tout au tamis d’une logique aussi fragile qu’un cheveu, au mixeur de l’absurdité d’une raison qui ne tient debout que par la nécessité de créer du sens. N’importe quel sens plutôt que l’implacable cruauté du hasard. Peu à peu, ce qui semblait intolérable se métamorphose en mystique céleste ; on se promène au bord des terrasses du vide comme un funambule déchu qui ne sait plus s’il tombe ou s’il vole.
Invité- Invité
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