Éveil de la conscience
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Re: Éveil de la conscience
D'un autre côté c'est un peu "normal", comme je suis une fille ...
Allez, je te laisse sinon tu vas encore pleurer
Et y a rien qui pu plus qu'un chien mouillé (c'était une boutade)
Allez, je te laisse sinon tu vas encore pleurer
Et y a rien qui pu plus qu'un chien mouillé (c'était une boutade)
ⵣ C'est nous ⵣ a écrit:Bon je crois j'ai assez montré mon inanité,
merci Pandémonium et moroz (merci 'tit con) !
Chô pour la tantième.
r'Eve- Messages : 4090
Date d'inscription : 22/06/2014
Re: Éveil de la conscience
S'isoler des cons et venir écrire des choses insignifiantes ici. Parfois, inverser les rôles et se reposer IRL. Souvent, gros concours.
Invité- Invité
Re: Éveil de la conscience
- Spoiler:
- Paul Valéry
Monsieur Teste (trouvable en pdf)
La bêtise n'est pas mon fort. J'ai vu beaucoup d'individus, j'ai visité quelques nations, j'ai pris ma part d'entreprises diverses sans les aimer, j'ai mangé presque tous les jours, j'ai touché à des femmes. Je revois maintenant quelques centaines de visages, deux ou trois grands spectacles, et peut-être la substance de vingt livres. Je n'ai pas retenu le meilleur ni le pire de ces choses : est resté ce qui l'a pu.
Cette arithmétique m'épargne de m'étonner de vieillir. Je pourrais aussi faire le compte des moments victorieux de mon esprit, et les imaginer unis et soudés, composant une vie heureuse... Mais je crois m'être toujours bien jugé. Je me suis rarement perdu de vue ; je me suis détesté, je me suis adoré, — puis nous avons vieilli ensemble.
Souvent, j'ai supposé que tout était fini pour moi, et je me terminais de toutes mes forces, anxieux d'épuiser, d'éclairer quelque situation douloureuse. Cela m'a fait connaître que nous apprécions notre propre pensée beaucoup trop d'après l’expression de celle des autres! Dès lors, les milliards de mots qui ont bourdonné à mes oreilles, m'ont rarement ébranlé par ce qu'on voulait leur faire dire; et tous ceux que j'ai moi-même prononcés à autrui, je les ai senti se distinguer toujours de ma pensée, — car ils devenaient invariables.
Si j'avais décidé comme la plupart des hommes, non seulement je me serais cru leur supérieur, mais je l'aurais paru. Je me suis préféré. Ce qu'ils nomment un être supérieur est un être qui s'est trompé. Pour s'étonner de lui, il faut le voir, — et pour être vu il faut qu'il se montre. Et il me montre que la niaise manie de son nom le possède. Ainsi, chaque grand homme est taché d'une erreur. Chaque esprit qu'on trouve puissant, commence par la faute qui le fait connaître. En échange du pourboire public, il donne le temps qu'il faut pour se rendre perceptible, l'énergie dissipée à se transmettre et à préparer la satisfaction étrangère. Il va jusqu'à comparer les jeux informes de la gloire, à la joie de se sentir unique — grande volupté particulière.
J'ai rêvé alors que les têtes les plus fortes, les inventeurs les plus sagaces, les connaisseurs le plus exactement de la pensée devaient être des inconnus, des avares, des hommes qui meurent sans avouer. Leur existence m'était révélée pur celle même des individus éclatants, ua peu moins solides.
L'induction était si facile que j'en voyais la formation à chaque instant. Il suffisait d'imaginer les grands hommes ordinaires, purs de leur première erreur, ou de s'appuyer sur cette erreur même pour concevoir un degré de conscience plus élevé un sentiment de la liberté d'esprit moins grossier. Une opération aussi simple me livrait des étendues curieuses, comme si j'étais descendu dans la mer. Perdus dans l'éclat des découvertes publiées, mais à côté des inventions méconnues que le commerce, la peur, l'ennui, la misère commettent chaque jour, je croyais distinguer des chefs-d'œuvre intérieurs. Je m'amusais à éteindre l'histoire connue sous les annales de l'anonymat.
C'étaient, invisibles dans leurs vies limpides, des solitaires qui savaient avant tout le monde. Ils me semblaient doubler, tripler, multiplier dans l'obscurité chaque personne célèbre, — eux, avec le dédain de livrer leurs chances et leurs résultats particuliers.Ils auraient refusé, à mon sentiment, de se considérer comme autre chose que des choses...
Ces idées me venaient pendant l'octobre de 93, dans les instants de loisir où la pensée se joue seulement à exister.
Je commençais de n'y plus songer, quand je lis la connaissance de M. Teste. (Je pense maintenant aux traces qu'un homme laisse dans le petit espace où il se meut chaque jour.) Avant de nie lier avec M. Teste, j'étais attire par ses allures particulières. J'ai étudie ses yeux, ses vêtements, ses moindres paroles sourdes au garçon du café où je le voyais. Je me demandais s'il se sentait observé. Je détournais vivement mon regard du sien, pour surprendre le sien me suivre. Je prenais les journaux qu'il venait de lire, je recommençais mentalement les sobres gestes qui lui échappaient; je notais que personne ne faisait attention à lui.
Je n'avais plus rien de ce genre à apprendre, lorsque nous entrâmes en relation. Je ne l'ai jamais vu que la nuit. Une fois dans une sorte de b... ; souvent au théâtre. On m'a dit qu'il vivait de médiocres opérations hebdomadaires à la Bourse. Il prenait ses repas dans un petit restaurant de la rue Vivienne. Là, il mangeait comme on se purge, avec le même entrain. Parfois, il s'accordait ailleurs un repas lent et fin.
M. Teste avait peut-être quarante ans. Sa parole était extraordinairement rapide, et sa voix sourde. Tout s'effaçait en lui, les yeux, les mains. Il avait pourtant les épaules militaires, et le pas d'une régularité qui étonnait. Quand il parlait, il ne levait jamais un bras ni un doigt : il avait tué la marionnette. Il ne souriait pas, ne disait ni bonjour ni bonsoir ; il semblait ne pas entendre le «Comment allez-vous?»
Sa mémoire me donna beaucoup à penser. Les traits par lesquels j'en pouvais juger, me firent imaginer une gymnastique intellectuelle sans exemple. Ce n'était pas chez lui une faculté excessive, — c'était une faculté éduquée ou transformée. Voici ses propres paroles :
«II y a vingt ans que je n'ai plus de livres. J'ai brûlé mes papiers aussi. Je rature le vif... Je retiens ce que je veux. Mais le difficile n'est pas là. l est de retenir ce dont je voudrai demain!... J'ai cherché un crible machinal... »
A force d'y penser, j'ai fini par croire que M. Teste était arrivé à découvrir des lois de l'esprit que nous ignorons. Sûrement, il avait dû consacrer des années à cette recherche: plus sûrement, des années encore, et beaucoup d'autres années avaient été disposées pour mûrir ses inventions et pour en faire ses instincts. Trouver n'est rien. Le difficile est de s'ajouter ce qu'on trouve.
L'art délicat de la durée, le temps, sa distribution et son régime, — sa dépense à des choses bien choisies, pour les nourrir spécialement, — était une des grandes recherches de M. Teste. Il veillait à la répétition de certaines idées ; il les arrosait de nombre. Ceci lui servait à rendre finalement machinale l'application de ses études conscientes. Il cherchait même à résumer ce travail. Il disait souvent: «Maturare!... »
Certainement sa mémoire singulière devait presque uniquement lui retenir cette partie de nos impressions que notre imagination toute seule est impuissante à construire. Si nous imaginons un voyage en ballon, nous pouvons avec sagacité, avec puissance, produire beaucoup de sensations probables d'un aéronaute; mais il restera toujours quelque chose d'individuel à l'ascension réelle, dont la différence avec notre rêverie exprime la valeur des méthodes d'un Edmond Teste.
Cet homme avait connu de bonne heure l'importance de ce qu'on pourrait nommer la plasticité humaine. Il en avait cherché les limites et le mécanisme. Combien il avait dû rêver à sa propre malléabilité !
J'entrevoyais des sentiments qui me faisaient frémir, une terrible obstination dans des expériences enivrantes. Il était l'être absorbé dans sa variation, celui qui devient son système, celui qui se livre tout entier à la discipline effrayante de l'esprit libre, et qui fait tuer ses joies par ses joies, la plus faible par la plus forte, — la plus douce, la temporelle, celle de l'instant et de l'heure commencée, par le fondamentale — par l'espoir de la fondamentale.
Et je sentais qu'il était le maître de sa pensée: j'écris là cette absurdité. L'expression d'un sentiment est toujours absurde.
M. Teste n'avait pas d'opinions. Je crois qu'il se passionnait à son gré, et pour atteindre un but défini. Qu'avait-il fait de sa personnalité ? Comment se voyait-il ?... Jamais il ne riait, jamais un air de malheur sur son visage. Il haïssait la mélancolie.
Il parlait, et on se sentait dans son idée, confondu avec les choses: on se sentait reculé, mêlé aux maisons, aux grandeurs de l'espace, au coloris remué de la rue, aux coins... Et les paroles le plus adroitement touchantes, — celles même qui font leur auteur plus près de nous qu'aucun autre homme, celles qui font croire que le mur éternel entre les esprits tombe, — pouvaient venir à lui... Il savait admirablement qu'elles auraient ému tout autre. Il parlait, et sans pouvoir préciser les motifs ni l'étendue de la proscription, on constatait qu'un grand nombre de mots étaient bannis de son discours.
Invité- Invité
Re: Éveil de la conscience
ⵣ C'est nous ⵣ a écrit:Oh moi je cherche pas à les comprendre,
des fois sur un point précis par eux détaillé pourquoi pas mais ça part si vite en défaut de logique que s'en détacher vaut mieux que quoi que ce soit.
Attends franchement qu'est-ce qu'on en a à foutre, grosso modo tu sais bien quand ça pêche,
des fois y laissent des fois pas, des fois y voient rien, des fois y sont pas au courant, des fois y se font des films, des fois y se comprennent pas eux-mêmes, des fois y en a un de véner, des fois y zont un balai dans le cul ou y font du zèle pour montrer leur chevaleresque, des fois y s'en foutent grave, tout ça quoi,
donc pas de logique mais pas d’intransigeance (je sais tu regrettes, moi aussi, j'aime ce qui est carré) invétérée,
ça te fait chier parce que tu as encore l'impression d'avoir besoin de dire des trucs.
C'est pour ça que tu dures, t'es compréhensif. Ils ont tout intérêt à garder un faux teigneux pour décourager les rebelles qui voient alors dans ce site un non challenge.
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Re: Éveil de la conscience
"Ô récompense après une pensée qu'un long regard sur le calme des Dieux". In Le cimetière marin.
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Re: Éveil de la conscience
Invité a écrit:PFA s'est réincarnée, je suis sûr...
Mamie est dans la place!
Invité- Invité
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