Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
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Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Je lance ici un fil qui met à l'honneur des compositeurs de "musique classique" mais qui n'entrent pas dans les fils "musique sans richard", "ni 4 saisons", "ni minimaliste, sérielle".
De la musique depuis les années 1950 environ jusqu'à aujourd'hui, qu'on peut essayer d'écouter plus de30 sec 1 minute. Avec un mode d'emploi si nécessaire.
Par exemple voici une oeuvre de Tan Dun, Zheng Concerto, compositeur chinois encore bien vivant.
Le morceau est découpé en 4 vidéos. Appréciez aussi le directeur, par exemple en début de 4ème mouvement, qui est mon préféré.
De la musique depuis les années 1950 environ jusqu'à aujourd'hui, qu'on peut essayer d'écouter plus de
Par exemple voici une oeuvre de Tan Dun, Zheng Concerto, compositeur chinois encore bien vivant.
Le morceau est découpé en 4 vidéos. Appréciez aussi le directeur, par exemple en début de 4ème mouvement, qui est mon préféré.
Dernière édition par tim9.5 le Sam 29 Nov 2014 - 11:18, édité 3 fois
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Luciano Berio, Laborinthus II
Je vous propose des extraits filmés, plutôt jazzy à 5 min 09:
L'introduction est très belle.
La voici en 3 morceaux :
Je vous propose des extraits filmés, plutôt jazzy à 5 min 09:
L'introduction est très belle.
La voici en 3 morceaux :
Dernière édition par tim9.5 le Mar 14 Juil 2015 - 21:31, édité 1 fois
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
bartabac- Messages : 44
Date d'inscription : 25/11/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Bien vu !
Ca fait un bout de temps que je ne l'avais plus entendu. En plus la version filmée de Pollini (que je ne connaissais pas) montre bien l'ardeur de ce pianiste, tellement il joue avec son corps.
Ca fait un bout de temps que je ne l'avais plus entendu. En plus la version filmée de Pollini (que je ne connaissais pas) montre bien l'ardeur de ce pianiste, tellement il joue avec son corps.
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Le deuxième mouvement à partir de 09:38, constitué d'un grand nombre de morceaux de compositeurs. En reconnaissez-vous quelques-uns ?
Une réponse partielle se trouve dans la présentation ci-jointe.
Une réponse partielle se trouve dans la présentation ci-jointe.
Dernière édition par tim9.5 le Mar 14 Juil 2015 - 21:33, édité 1 fois
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Laborinthus II a été réalisé pour le 700ème anniversaire de la naissance de Dante. L'oeuvre contient donc des extraits de la Divine Comédie (dont on cite trop souvent l'Enfer, et pas le Paradis), de poèmes et de versets de la Bible. On entend parler l'allemand, l'anglais, l'italien et le français. (Clique ici pour plus d'informations).
Le deuxième mouvement de Sinfonia (qui dure 5 min) est un hommage au Révérent Martin Luther King. Les textes proclamés apparaissent en bribe, et les voix se font instruments. Luciano explore la limite entre la voix, le son humain et l'orchestre. Une cousin un peu lointain mais plus populaire de ce genre d'approche se trouve au rayon "beat box".
En 1975-76, Berio compose une oeuvre pour 40 voix et 44 instruments, en proposant un itinéraire des grandes techniques vocales et du folklore mondial.
Voici donc un extrait de Coro qui dure normalement une heure :
Le deuxième mouvement de Sinfonia (qui dure 5 min) est un hommage au Révérent Martin Luther King. Les textes proclamés apparaissent en bribe, et les voix se font instruments. Luciano explore la limite entre la voix, le son humain et l'orchestre. Une cousin un peu lointain mais plus populaire de ce genre d'approche se trouve au rayon "beat box".
En 1975-76, Berio compose une oeuvre pour 40 voix et 44 instruments, en proposant un itinéraire des grandes techniques vocales et du folklore mondial.
Voici donc un extrait de Coro qui dure normalement une heure :
- Pour ma part..:
- ...je n'arrive pas du tout à entrer dans ce morceau. Vaut mieux de pas forcer. Avec un budget étudiant et un CD de temps en temps, il était plus facile de s'approprier des parties plus difficiles car je mettais le CD en boucle. Avec le net, on a vite fait d'éviter tout écueil musical.
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Par la vidéo précédente, la question de comment aborder une pièce contemporaine se met en plein jour. Je te propose ici quelques pistes qui peuvent aussi s'appliquer à la musique, avec un regard enfantin.
1) Il est bien plus facile à un petit d'homme de suivre un opéra dans la salle elle-même où tout est rempli de merveilles et de promesses qu n'attendent que de jaillir. Décor, musiciens, choristes, bonbons, glaces et en avant la musique !
2) Cette richesse des sens se réduit à travers un écran, où les sens s'émoussent, la vue est guidée par un réalisateur (sauf en cas de caméra fixe), dans un contexte historique où l'on est habitué à voir des gens cuisiner sans respirer aucune odeur ! Pourtant, un ballet peut se voir dans ce cas encore aisément.
3) Un mp3 de musique "classique" s'écoute en bruit de fond (en laissant place à l'imagination), ce qui n'est pas le cas de la contemporaine. Pourquoi donc ?
Deux éléments de réponse sont réunis par un mot : l'anticipation.
D'une part le compositeur choisit de suivre des chemins de traverse comme un conquérant du nouveau monde. C'est à l'auditeur de s'adapter, voire de s'éduquer.
D'autre part notre cerveau est capable d'apprendre par prédiction (grâce aux cellules de récompense). Comme il est souvent impossible de prédire la seconde suivante dans Coro par exemple, l'énervement apparaît vite. En revanche voir sautiller des athlètes dans un ballet permet une anticipation naturelle, même si la musique est étrange. Du coup, cette dernière s'apprivoise mieux, car elle s'associe à des images et des mouvements.
Pour un connaisseur de l'art choral mondial, Coro devrait être un délice tant elle est complexe. Le compositeur et le chef d'orchestre ont pour leur part une vision globale de l'oeuvre. Pour un quidam, ça reste une gageure.
Heureusement, il existe des logiciels (et des passionnés) qui mettent en couleur la densité de la partition, en permettant l'anticipation : un très beau joyau se trouve dans cet écrin (bien que ce soit un ballet par essence !) :
1) Il est bien plus facile à un petit d'homme de suivre un opéra dans la salle elle-même où tout est rempli de merveilles et de promesses qu n'attendent que de jaillir. Décor, musiciens, choristes, bonbons, glaces et en avant la musique !
2) Cette richesse des sens se réduit à travers un écran, où les sens s'émoussent, la vue est guidée par un réalisateur (sauf en cas de caméra fixe), dans un contexte historique où l'on est habitué à voir des gens cuisiner sans respirer aucune odeur ! Pourtant, un ballet peut se voir dans ce cas encore aisément.
3) Un mp3 de musique "classique" s'écoute en bruit de fond (en laissant place à l'imagination), ce qui n'est pas le cas de la contemporaine. Pourquoi donc ?
Deux éléments de réponse sont réunis par un mot : l'anticipation.
D'une part le compositeur choisit de suivre des chemins de traverse comme un conquérant du nouveau monde. C'est à l'auditeur de s'adapter, voire de s'éduquer.
D'autre part notre cerveau est capable d'apprendre par prédiction (grâce aux cellules de récompense). Comme il est souvent impossible de prédire la seconde suivante dans Coro par exemple, l'énervement apparaît vite. En revanche voir sautiller des athlètes dans un ballet permet une anticipation naturelle, même si la musique est étrange. Du coup, cette dernière s'apprivoise mieux, car elle s'associe à des images et des mouvements.
Pour un connaisseur de l'art choral mondial, Coro devrait être un délice tant elle est complexe. Le compositeur et le chef d'orchestre ont pour leur part une vision globale de l'oeuvre. Pour un quidam, ça reste une gageure.
Heureusement, il existe des logiciels (et des passionnés) qui mettent en couleur la densité de la partition, en permettant l'anticipation : un très beau joyau se trouve dans cet écrin (bien que ce soit un ballet par essence !) :
Dernière édition par tim9.5 le Dim 14 Déc 2014 - 21:25, édité 1 fois
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Illustration de la section précédente :
(Dans la première vidéo, gros plan sur le masque, alors qu'il n'y a aucune émotion, donc grande perte d'informations. Peu à peu, les mains et l'attitude sont mises en valeur.)
(Dans la première vidéo, gros plan sur le masque, alors qu'il n'y a aucune émotion, donc grande perte d'informations. Peu à peu, les mains et l'attitude sont mises en valeur.)
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Deuxième illustration (ou le passage de la complexité à la quasi-trivialité uniquement par la manière de présenter le morceau):
Steve Reich (l'un des initiateurs du minimalisme) et son clapping music :
1) Version sans partition visible pour l'auditeur:
Steve Reich (l'un des initiateurs du minimalisme) et son clapping music :
1) Version sans partition visible pour l'auditeur:
- 2) Version avec partition animée:
- 3) Version à tirette:
- 4) Version programmation sur Commodore 64:
C'est cette version qui m'a fait comprendre l'essence de la partition : ctrl-c, répéter 4x, décaler d'un cran à gauche, ctrl-v, répéter le tout 10x avec son de départ celui d'un synthé. Un petit programme sur un ordi pourri et c'est joué !
J'avoue que ça m'a refroidi un peu de voir ainsi les choses, alors que j'apprécie(ais) beaucoup le style.
Dans ce cas, il est important de remettre la pièce dans son contexte (à l'époque pas de touche ctrl; Reich est un pionnier et il essaie de faire de la musique avec le minimum de "matériau"; l'interprétation demande une très grande coordination de la part des exécutants.) Il n'empêche que le ctrl et "décale" reviennent souvent dans les oeuvres minimalistes.
Dernière édition par tim9.5 le Mer 10 Déc 2014 - 7:58, édité 2 fois
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Salut R3D ! Sympa, le commentaire !
Bon, tous les tubes radios devraient aussi obtenir le label "canard" : (ça n'empêche pas qu'on s'éclate dessus en soirée, sur ces tubes.)
Pour terminer avec Steve Reich dans un autre registre, je vous propose une oeuvre bouleversante qui reprend les messages audio lors de l'attentat du 11 septembre 2001. Cela demande pas mal d'audace! (Reich l'avait fait aussi avec les messages durant la deuxième guerre mondiale dans different trains).
Bon, tous les tubes radios devraient aussi obtenir le label "canard" : (ça n'empêche pas qu'on s'éclate dessus en soirée, sur ces tubes.)
Pour terminer avec Steve Reich dans un autre registre, je vous propose une oeuvre bouleversante qui reprend les messages audio lors de l'attentat du 11 septembre 2001. Cela demande pas mal d'audace! (Reich l'avait fait aussi avec les messages durant la deuxième guerre mondiale dans different trains).
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Tiens, mon dernier message a disparu.
Profitons pour prendre un autre angle d'attaque.
Après quelques considérations, il me semble opportun de décrypter un peu le fonctionnement même de la musique contemporaine. Comme ossature, je partirai de
cette page de wikipedia
Bonne lecture !
Profitons pour prendre un autre angle d'attaque.
Après quelques considérations, il me semble opportun de décrypter un peu le fonctionnement même de la musique contemporaine. Comme ossature, je partirai de
cette page de wikipedia
Bonne lecture !
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
La meilleure introduction au dodécaphonisme que je connaisse (et au sérialisme qui va de pair), est faite par une passionnée de math, de dessin et de musique :
Fil rouge de la vidéo :
Vi Hart part d'une comptine, celle de Stravinsky, puis en modifie elle-même d'autres.
Au début : mélange de 12 cartes avec 1 note par carte (les 12 notes sont pris d'une gamme, touches blanches et noires sans distinction).
4:42 exemple Mary had a little lamb
8:55 twinkle twinkle little star
13:22 12!
14:50 mélodies possibles sous forme d’arbre
21:23 Mary had a little lamb à 4 voix
24:44 dodécagone
Enjoy !
Fil rouge de la vidéo :
Vi Hart part d'une comptine, celle de Stravinsky, puis en modifie elle-même d'autres.
Au début : mélange de 12 cartes avec 1 note par carte (les 12 notes sont pris d'une gamme, touches blanches et noires sans distinction).
4:42 exemple Mary had a little lamb
8:55 twinkle twinkle little star
13:22 12!
14:50 mélodies possibles sous forme d’arbre
21:23 Mary had a little lamb à 4 voix
24:44 dodécagone
Enjoy !
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Puisque ce jour de Noël s'y prête bien :
Une version de la Nativité d'Olivier Messiaen dans une salle d'art :
Ci-dessous, une autre dans la cathédrale de Rouen, style années 80 (bof bof), mais le son est magnifique ! Enjoy !
https://www.youtube.com/watch?v=1wZnq7S3LPg
(le propriétaire ne permet pas de visualiser le morceau ailleurs que sur toi-tuyau )
Une version de la Nativité d'Olivier Messiaen dans une salle d'art :
Ci-dessous, une autre dans la cathédrale de Rouen, style années 80 (bof bof), mais le son est magnifique ! Enjoy !
https://www.youtube.com/watch?v=1wZnq7S3LPg
(le propriétaire ne permet pas de visualiser le morceau ailleurs que sur toi-tuyau )
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Et une petite musique joviale pour bien débuter l'année :
(Joel Love possède son propre site, pour les curieux.)
(Joel Love possède son propre site, pour les curieux.)
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Reprenons notre visite à l'Ecole de Vienne du début du XXe.
Un petit échauffement s'impose avec une publicité de 1977.
Un vrai délire commercial ! Avec un bonus Stravinsky qui n'a pas fréquenté cette école.
Un petit échauffement s'impose avec une publicité de 1977.
Un vrai délire commercial ! Avec un bonus Stravinsky qui n'a pas fréquenté cette école.
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Trois noms incontournables de cette deuxième école de Vienne : Schönberg, Berg et Webern.
L'oeuvre de ce dernier est intéressant: chaque morceau dure entre 2 et 10 minutes !
De plus il se découpe en trois périodes : tonale, atonale et sérielle.
Voyons de plus près l'époque tonale de Webern, qui ne recouvre que 3 opus, les autres écrits de jeunesse n'entrant pas dans le catalogue.
Je cite le commentaire de Von der Weid, dans "la musique du XXe siècle" :
"Le thème de cette Passacaille (en ré mineur) possède déjà les caractéristiques de la dodécaphonie. Pas une note des huit qu'il comporte n'est répétée, hormis la tonique initiale et conclusive. Ici, la partie des cordes de cette oeuvre dément, à elle seule, tout dénigrement de sécheresse froide. (p.49)"
L'oeuvre de ce dernier est intéressant: chaque morceau dure entre 2 et 10 minutes !
De plus il se découpe en trois périodes : tonale, atonale et sérielle.
Voyons de plus près l'époque tonale de Webern, qui ne recouvre que 3 opus, les autres écrits de jeunesse n'entrant pas dans le catalogue.
Je cite le commentaire de Von der Weid, dans "la musique du XXe siècle" :
"Le thème de cette Passacaille (en ré mineur) possède déjà les caractéristiques de la dodécaphonie. Pas une note des huit qu'il comporte n'est répétée, hormis la tonique initiale et conclusive. Ici, la partie des cordes de cette oeuvre dément, à elle seule, tout dénigrement de sécheresse froide. (p.49)"
- Passacaille:
Définition http://www.cnrtl.fr/definition/passacaille
Exemples :
Version Ligeti (les 5 premières minutes), (et Hungarian Rock en vaut la peine aussi)
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
J'aime beaucoup Ligeti: Passacaglia ungherese, Hungarian rock, Continuum, Lux Aeterna
PS: pourquoi "audible"? C'est de la musique non?
Merci
PS: pourquoi "audible"? C'est de la musique non?
Merci
Invité- Invité
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Merci pour ton retour p'tite nan.
J'ai mis "audible" car par essence la musique du XXe est une réaction face à la musique tonale considérée comme trop bourgeoise, aristocratique au début du XXe, puis trop nazie durant la Deuxième Guerre. Ce même mouvement est apparu dans l'art, poussé aussi par l'apparition de la photographie qui déstabilisa la peinture (à quoi bon peindre un paysage de manière réaliste s'il suffit d'appuyer sur un bouton?).
Ainsi, les premiers concerts atonaux ont été hués par le public. Certaines personnes ont été considérés comme des compositeurs dégénérés par le régime nazi, et durent fuir au USA par exemple.
Au départ, ce genre de musique est fait pour déranger l'oreille, déstabiliser l'auditoire. Avec le recul d'un siècle, elle fait encore réagir les gens (beurk ! Stop ! Tu ne vas pas mettre ça toute la soirée entre potes!) mais elle passe relativement bien chez un public initié.
Mon idée, en lançant ce fil, était de faire découvrir des musiciens vraiment contemporains de nous. Et peu à peu je me suis rendu compte que passer par les premiers explorateurs était plus pédagogique, plus "audible", en vue de préparer à des musiques plus extrêmes.
En tout cas, ton oreille est formée à la dissonance (peut-être par les films ?). Tout un pan du XXe t'est donc accessible !
PS : Ligeti, c'est "2001 l'odyssée de l'espace" le monolithe noir (Lux eterna), ou "Shining", Eyes Wide Shut. Tu l'as donc probablement déjà entendu...
J'ai mis "audible" car par essence la musique du XXe est une réaction face à la musique tonale considérée comme trop bourgeoise, aristocratique au début du XXe, puis trop nazie durant la Deuxième Guerre. Ce même mouvement est apparu dans l'art, poussé aussi par l'apparition de la photographie qui déstabilisa la peinture (à quoi bon peindre un paysage de manière réaliste s'il suffit d'appuyer sur un bouton?).
Ainsi, les premiers concerts atonaux ont été hués par le public. Certaines personnes ont été considérés comme des compositeurs dégénérés par le régime nazi, et durent fuir au USA par exemple.
Au départ, ce genre de musique est fait pour déranger l'oreille, déstabiliser l'auditoire. Avec le recul d'un siècle, elle fait encore réagir les gens (beurk ! Stop ! Tu ne vas pas mettre ça toute la soirée entre potes!) mais elle passe relativement bien chez un public initié.
Mon idée, en lançant ce fil, était de faire découvrir des musiciens vraiment contemporains de nous. Et peu à peu je me suis rendu compte que passer par les premiers explorateurs était plus pédagogique, plus "audible", en vue de préparer à des musiques plus extrêmes.
En tout cas, ton oreille est formée à la dissonance (peut-être par les films ?). Tout un pan du XXe t'est donc accessible !
PS : Ligeti, c'est "2001 l'odyssée de l'espace" le monolithe noir (Lux eterna), ou "Shining", Eyes Wide Shut. Tu l'as donc probablement déjà entendu...
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
J'aime beaucoup la musique contemporaine et l'art contemporain en général, comme tout ce qui met en lumière les "faces cachées" du monde
Invité- Invité
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Deuxième période de Webern : atonale (toute note à son importance, donc la tonique (symphonie en ut) qui amène son cortège d'accords n'existe plus).
- Une clef de lecture:
- Un internaute qui dut étudier Webern de manière détaillée eut de la grande difficulté à entrer dans cette musique. Jusqu'au moment où il eu cette image que Webern c'était du silence d'abord et de la nuit, d'où sort des feux follets. Et maintenant il en raffole !
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Du moment que douze notes ont été soigneusement sélectionnées, le système de l'Ecole de Vienne accepte trois autres variations de ladite série aussi utilisées dans les compositions tonales (sauf la 3ème).
Une visualisation utilisant deux axes de symétrie et des 4 quadrants permet de bien appréhender ces trois opérations de base. (Pauvre axe vertical !)
II | I
___|___R___
III | IV
1) R représente la suite de base choisie, appelée "forme directe".
2) Si on applique à R une symétrie axiale d'axe verticale, on obtient une suite dans le quadrant II qui est la même que R, mais lue de gauche à droite. C'est la "forme rétrograde".
3) Les lignes de la portée et l'espace entre elles peuvent être vues comme des axes de symétrie (en noir ou en blanc). Ainsi la première note de R indique l'axe horizontal utilisé. L'image de R, R' dans le quatrième quadrant s'appelle la "forme contraire" (ou "inversion" en anglais).
Cette fois-ci les notes de R et R' sont différentes, sauf la première note.
4) Pour atteindre le quadrant IV, on rétrograde l'image obtenue en 3. (On applique une symétrie centrale de R).
Quelques exemples musicaux tonaux :
a) Forme directe et rétrograde :
ou voir la forme rétrograde sur wiki,
b) Forme directe et forme contraire (rétrograde) : (écouter les extraits du clavier tempéré de Bach, et de "Twinkle, twinkle little star", respectivement en début et fin d'article.)
https://en.wikipedia.org/wiki/Inversion_%28music%29
c) Forme rétrograde-contraire :
Une partition de Mozart pour deux en faisant une rotation à 180°. Quel génie !
Une visualisation utilisant deux axes de symétrie et des 4 quadrants permet de bien appréhender ces trois opérations de base. (Pauvre axe vertical !)
II | I
___|___R___
III | IV
1) R représente la suite de base choisie, appelée "forme directe".
2) Si on applique à R une symétrie axiale d'axe verticale, on obtient une suite dans le quadrant II qui est la même que R, mais lue de gauche à droite. C'est la "forme rétrograde".
3) Les lignes de la portée et l'espace entre elles peuvent être vues comme des axes de symétrie (en noir ou en blanc). Ainsi la première note de R indique l'axe horizontal utilisé. L'image de R, R' dans le quatrième quadrant s'appelle la "forme contraire" (ou "inversion" en anglais).
Cette fois-ci les notes de R et R' sont différentes, sauf la première note.
4) Pour atteindre le quadrant IV, on rétrograde l'image obtenue en 3. (On applique une symétrie centrale de R).
Quelques exemples musicaux tonaux :
a) Forme directe et rétrograde :
ou voir la forme rétrograde sur wiki,
b) Forme directe et forme contraire (rétrograde) : (écouter les extraits du clavier tempéré de Bach, et de "Twinkle, twinkle little star", respectivement en début et fin d'article.)
https://en.wikipedia.org/wiki/Inversion_%28music%29
c) Forme rétrograde-contraire :
Une partition de Mozart pour deux en faisant une rotation à 180°. Quel génie !
Dernière édition par tim9.5 le Sam 24 Jan 2015 - 11:04, édité 1 fois
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
- Décodage:
- Webern composa l'opus 28 en s'aidant des 4 lettres de BACH, qui correspondent à 4 notes dans la notation allemande, à savoir si bémol, la, do, si.
D'abord est construite la série de départ de 12 notes : BACH, BACH inversé (la première note étant ré dièse), et BACH inversé rétrograde (la première note étant sol bémol), le tout couvrant une octave, douze tons depuis le la.
En dessinant la suite sur un dodécagone, on obtient une figure sympathique, comme dans la vidéo twelve tones postée plus haut.
Il suffit de faire douze points équidistants sur un cercle, puis relier dans l'ordre les points 2,1 4, 3 / 7, 8, 5, 6 /10, 9, 12, 11. Un bel axe de symétrie devrait apparaître entre les couples (1; 12) et (6; 7). En fait, les 6 dernières notes de la série sont en plus une inversion rétrograde des 6 premières.
Ainsi on peut apprécier l'opus par l'oreille et par son côté mathématique.
(Pour approfondir le décodage mathématique de la musique en général, je vous renvoie à l'excellent livre "L'harmonie est numérique", présenté par Cédric Villani.)
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Je te laisse l'interprétation, je trouve que tu expliques bien
Invité- Invité
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Voici ce que m'inspire ton post : une démarche passe-partout pour appréhender la musique contemporaine, à l'aide de trois points d'entrée.
1) le paysage-sonore
On ne court plus après une mélodie, on découvre une ambiance.
Comme préalable, il suffit de s'entraîner à écouter tous les bruits intérieurs et extérieurs, simplement là où nous sommes, sans rien vouloir filtrer, du petit son jusqu'aux hurlements d'un train en gare. (c'est une technique de pleine conscience, celle qu'on utilise en médecine pour calmer les stressés. Rien de religieux, pas d'exercice complexe. Juste de l'écoute pur sans filtre ni réflexion. Quant l'attention se détourne, revenir calmement à l'exercice autant de fois comme nécessaire, après avoir accepté les pensées comme des nuages qui passe).
On pratique ainsi cette qualité d'écoute en ayant au préalable lu le titre de l'oeuvre.
2) La rondeur des sons
On essaie de les goûter, de les laisser fondre dans le conduit auditif ou sur la langue, de les laisser raisonner (sans réfléchir!). La musique contemporaine est friande de trouver de nouvelles textures. Le début du morceau est d'ailleurs très gustatif.
3) la question d'étonnement : "comment utiliser un instrument d'une autre manière ?"
Avec Stravinsky par exemple, les instruments classiques se prennent pour des percussions. Pourquoi ne pas prendre ces derniers pour des violons (3min13) ? Il ne sont que 6 musiciens, mais ont suffisamment de quoi faire un orchestre symphonique.
1) le paysage-sonore
On ne court plus après une mélodie, on découvre une ambiance.
Comme préalable, il suffit de s'entraîner à écouter tous les bruits intérieurs et extérieurs, simplement là où nous sommes, sans rien vouloir filtrer, du petit son jusqu'aux hurlements d'un train en gare. (c'est une technique de pleine conscience, celle qu'on utilise en médecine pour calmer les stressés. Rien de religieux, pas d'exercice complexe. Juste de l'écoute pur sans filtre ni réflexion. Quant l'attention se détourne, revenir calmement à l'exercice autant de fois comme nécessaire, après avoir accepté les pensées comme des nuages qui passe).
On pratique ainsi cette qualité d'écoute en ayant au préalable lu le titre de l'oeuvre.
2) La rondeur des sons
On essaie de les goûter, de les laisser fondre dans le conduit auditif ou sur la langue, de les laisser raisonner (sans réfléchir!). La musique contemporaine est friande de trouver de nouvelles textures. Le début du morceau est d'ailleurs très gustatif.
3) la question d'étonnement : "comment utiliser un instrument d'une autre manière ?"
Avec Stravinsky par exemple, les instruments classiques se prennent pour des percussions. Pourquoi ne pas prendre ces derniers pour des violons (3min13) ? Il ne sont que 6 musiciens, mais ont suffisamment de quoi faire un orchestre symphonique.
tim9.5- Messages : 451
Date d'inscription : 18/10/2014
Re: Musique contemporaine "audible", XXs et XXIs
Le sérialisme mis en place par la deuxième école de Vienne, surtout à partir de Webern se généralise à d'autres paramètres du son.
"Le traitement sériel s'applique aux quatre paramètres du son traditionnellement définis (hauteur, durée, timbre, intensité) quand la musique dodécaphonique ne s'est intéressée qu'à la seule hauteur." (l'exellent Histoire de la musique pour les nuls, p.307).
L'intensité est donc découpée de ppp à fff et traitée comme les hauteurs du son dans le dodécaphonisme. Mais "dorénavant, il faut dissocier l'idée de série avec celle des douze sons : une série peut exclure des notes ou en ajouter (avec des redites de notes ou d'intervalles inférieurs au demi-ton). Si une musique dodécaphonique est sérielle par le traitement qu'elle fait subir aux hauteurs du son, une musique sérielle n'es plus forcément dodécaphonique" (ibid. p.308).
L'oeuvre de référence historique est Quatre études de rythme pour piano, le troisième mouvement, écrit par Olivier Messiaen en 1949, interprétée par sa femme dans la vidéo.
"Le traitement sériel s'applique aux quatre paramètres du son traditionnellement définis (hauteur, durée, timbre, intensité) quand la musique dodécaphonique ne s'est intéressée qu'à la seule hauteur." (l'exellent Histoire de la musique pour les nuls, p.307).
L'intensité est donc découpée de ppp à fff et traitée comme les hauteurs du son dans le dodécaphonisme. Mais "dorénavant, il faut dissocier l'idée de série avec celle des douze sons : une série peut exclure des notes ou en ajouter (avec des redites de notes ou d'intervalles inférieurs au demi-ton). Si une musique dodécaphonique est sérielle par le traitement qu'elle fait subir aux hauteurs du son, une musique sérielle n'es plus forcément dodécaphonique" (ibid. p.308).
L'oeuvre de référence historique est Quatre études de rythme pour piano, le troisième mouvement, écrit par Olivier Messiaen en 1949, interprétée par sa femme dans la vidéo.
tim9.5- Messages : 451
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