Le temps existe-il ?
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Le temps existe-il ?
Un sujet fascinant que je partage avec vous
Conférence avec Etienne KLEIN :
https://www.youtube.com/watch?v=4lf9xFKoT8Y
L'idée de ce post m'est venu après avoir lu le beau fil suivant : https://www.zebrascrossing.net/t21657-le-temps
« Est-ce que le futur existe déjà dans l’avenir ? Par exemple demain c’est où ? Est-ce que demain existe déjà quelque part à nous attendre ou est ce que demain va apparaître parce que l’instant présent
va se renouveler, fabriquer constamment des nouveaux maintenant qui va nous amener à demain ? »
La relativité du temps physiqueLe physicien Isaac Newton (1643-1727), avec ses lois de la mécanique, donna un caractère universel au temps: il définit le mouvement des corps dans l'espace en précisant leurs positions et leurs vitesses à des instants successifs. C'est par rapport au temps que le physicien étudie les changements de position, de vitesse, de température, de densité, d'énergie, etc. C'est un temps unique, absolu et universel. C'est-à-dire qu'il est le même pour tous les observateurs.http://philosophie.philisto.fr/cours-23-qu-est-ce-que-le-temps-.html
En 1905, la théorie de la relativité d'Einstein (1879-1955) constitua une véritable révolution à la fois scientifique et philosophique: le temps physique perdit son caractère rigide et universel. On découvre alors qu'il s'écoule différemment en fonction de la vitesse de l'observateur. Plus la vitesse de celui-ci est grande, plus le temps s'écoule lentement. Espace et temps sont ainsi étroitement liés (c'est pour cela que l'on parle du concept « d'espace-temps »).
Cependant, le temps gagné commence à être perçu seulement lorsque l'on s'approche de la vitesse de la lumière. Ainsi, un observateur qui se déplace à 87% de la vitesse de la lumière verra son temps ralentir de moitié. A 99% de la vitesse de la lumière, le temps ralentit sept fois. A 99,9 % de la vitesse de la lumière, il ralentit de 22,4 fois. En revanche, l'observateur ne verra de son point de vue aucun changement: il ne gagnera pas ainsi en espérance de vie mais, en quelque sorte, « voyagera » dans le futur.
Une autre conséquence de la théorie de la relativité est que le temps s'écoule non seulement différemment en fonction de la vitesse mais aussi en fonction de la gravité: le temps s'écoule ainsi plus lentement près d'un trou noir.
Conférence avec Etienne KLEIN :
https://www.youtube.com/watch?v=4lf9xFKoT8Y
L'idée de ce post m'est venu après avoir lu le beau fil suivant : https://www.zebrascrossing.net/t21657-le-temps
offset- Messages : 7540
Date d'inscription : 11/11/2013
Localisation : virtuelle
Re: Le temps existe-il ?
Un moment passionnant sur la définition en relativité des événements simultanés (voir la vidéo à 39'13)
- Spoiler:
- J'espère que ce sujet vous plaît
offset- Messages : 7540
Date d'inscription : 11/11/2013
Localisation : virtuelle
Re: Le temps existe-il ?
Bonjour à tous,
Sujet passionnant don nous débattions hier avec Merlin. Merci pour le partage.
Cordialement.
Alain.
Sujet passionnant don nous débattions hier avec Merlin. Merci pour le partage.
Cordialement.
Alain.
Doom666- Messages : 946
Date d'inscription : 23/04/2015
Re: Le temps existe-il ?
- Doom666 :
Bonjour
Il y a un fil de ce débat ?
offset- Messages : 7540
Date d'inscription : 11/11/2013
Localisation : virtuelle
Re: Le temps existe-il ?
Il y a le choix. Il y a un avant et il y a un après. Premier temps.
Pieyre- Messages : 20908
Date d'inscription : 17/03/2012
Localisation : Quartier Latin
Re: Le temps existe-il ?
"Le temps et la perception que nous en avons structurent toute notre vie. Analyse d'un concept riche en paradoxes. Qu'est-ce que le temps ? Pourquoi la perception que nous en avons évolue-t-elle ? Certains événements se déroulent si vite que nous avons à peine le temps de les appréhender (par exemple le vol d'une mouche) ; d'autres sont si lents que seul un visionnage en accéléré permet de les saisir (comme la croissance d'une plante). Bien loin de la Terre, d'autres évolutions se déroulent sur des milliards d'années, comme le montrent d'extraordinaires simulations du rapprochement entre la Voie lactée et la galaxie d'Andromède"
Voici un bon documentaire
- Juste une petite chose:
certaines personnes sensibles n'aimeront pas la partie de cette vidéo qui est situé entre 13'57 et 18'42, désolé
https://www.youtube.com/watch?v=Q69uDd0nLcw
Dernière édition par offset le Jeu 18 Juin 2015 - 13:44, édité 1 fois
offset- Messages : 7540
Date d'inscription : 11/11/2013
Localisation : virtuelle
Re: Le temps existe-il ?
Bonjour tout le monde.
Bon, je ne peux pas lire les videos depuis le bureau, donc peut-être que je suis en décalé...
La question peut avoir à mon avis plusieurs réponses : d'abord ce qu'on expérimente comme individu, la sensation de temps qui passe (selon qu'on s'ennuie mortellement ou qu'on s'éclate) et ce mélange entre souvenirs du passé et projection dans le futur (craintes, projets, etc.).
Tout cela 'existe' dans le sens où cela fait partie intégrante de notre vécu d'être humain.
Cela dit, au niveau de l'existence du temps en dehors de toute perception humaine, je me demande si ce n'est pas justement une illusion due au fonctionnement de notre cerveau : est-ce que ce ne serait pas une 'résultante' d'autres phénomènes fondamentaux, au même titre que la "force" centrifuge qui n'existe pas en tant que telle.
Il n'y aurait donc pas de temps 'véritable', mais un 'effet' temps.
Bon, je ne peux pas lire les videos depuis le bureau, donc peut-être que je suis en décalé...
La question peut avoir à mon avis plusieurs réponses : d'abord ce qu'on expérimente comme individu, la sensation de temps qui passe (selon qu'on s'ennuie mortellement ou qu'on s'éclate) et ce mélange entre souvenirs du passé et projection dans le futur (craintes, projets, etc.).
Tout cela 'existe' dans le sens où cela fait partie intégrante de notre vécu d'être humain.
Cela dit, au niveau de l'existence du temps en dehors de toute perception humaine, je me demande si ce n'est pas justement une illusion due au fonctionnement de notre cerveau : est-ce que ce ne serait pas une 'résultante' d'autres phénomènes fondamentaux, au même titre que la "force" centrifuge qui n'existe pas en tant que telle.
Il n'y aurait donc pas de temps 'véritable', mais un 'effet' temps.
Gregou- Messages : 19
Date d'inscription : 09/06/2015
Age : 47
Localisation : Bruxelles
Re: Le temps existe-il ?
Gregou, ta réponse mérite qu'on y pose un temps de réflexion
offset- Messages : 7540
Date d'inscription : 11/11/2013
Localisation : virtuelle
Re: Le temps existe-il ?
Voici un article et une conférence qui abordent le domaine des sciences cognitives
" Le temps fait partie intégrante de notre vie quotidienne, que nous soyons pressés, reposés, sous l'emprise d'une émotion ou en proie à l'ennui. Qu'il s'agisse de marcher, conduire, écouter de la musique, entendre la sonnerie du téléphone, participer à une conversation ou faire du sport, le temps est là : omniprésent et immatériel. Alors que la perception de la vue, du toucher, de l'ouïe, de l'odorat, du goût met en jeu des récepteurs sensoriels spécialisés, il n'existe aucun récepteur spécifique du temps ! Et pourtant le temps est aussi présent en nous, dans le cerveau, véritable machine à traiter le temps.
"Dès le plus jeune âge, le nourrisson est plongé dans un monde avec de nombreuses régularités temporelles. Il apprend alors les durées associées à des actions dont il fait l'expérience au quotidien", souligne la professeure Sylvie Droit-Volet, du Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (CNRS, université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand). "Il réagit, en s'agitant ou en pleurant, quand ce qu'il attend n'arrive pas au bon moment : quand le mobile au-dessus de son lit s'arrête de tourner plus tôt que d'habitude, quand sa mère met plus de temps que prévu à faire son biberon", ajoute-elle.
Le très jeune enfant "vit dans le temps" avant d'avoir conscience que le temps passe. Il appréhende le temps directement à travers son expérience des actions. Ainsi, note Sylvie Droit-Volet, "pour l'enfant de 3 ans, le temps est multiple, spécifique à chaque action". A 5-6 ans, un enfant devient capable de transposer la durée apprise lors d'une action (appuyer sur une poire en caoutchouc) sur une autre (tirer sur une manette). "Il commence à comprendre qu'un temps unique existe indépendamment des actions", indique-t-elle.
COMPTER LE TEMPS
La sensibilité au temps s'améliore pendant l'enfance du fait du développement des capacités d'attention et de mémoire de travail chez l'enfant, qui dépendent de la lente maturation du cortex préfrontal. En effet, juger correctement le temps demande non seulement de lui prêter attention, mais aussi de conserver en mémoire le flux de l'information temporelle et de maintenir une attention soutenue. C'est ainsi que les enfants avec un trouble de déficit de l'attention avec hyperactivité éprouvent des difficultés à estimer correctement le temps.
Un moyen d'augmenter la précision des performances temporelles consiste à compter le temps. "A 5 ans, l'enfant n'est pas capable de compter le temps, mais peut le faire si un adulte le demande. Cependant, le comptage ne suit pas vraiment le rythme des secondes. A partir de 8 ans, l'enfant commence à compter tout seul le temps avec régularité, mais il faut attendre l'âge de 10 ans pour qu'il compte le temps spontanément avec régularité, sans l'aide d'un adulte", précise Sylvie Droit-Volet.
Sur la base de notre capacité précoce à estimer le temps, des chercheurs ont imaginé, dès 1963, que le temps perçu par notre cerveau (temps subjectif) est calé sur le tic-tac d'une pendule intérieure, de la même façon que notre vie est rythmée par le tic-tac de notre montre (temps objectif). Ils ont modélisé un mécanisme de mesure du temps, une sorte d'horloge interne. Celle-ci est constituée d'une "base de temps" émettant en permanence des impulsions ("tic-tac") qui sont stockées dans un accumulateur. La durée subjective du temps dépend du nombre d'impulsions accumulées. Quand l'horloge interne s'accélère, le nombre d'impulsions augmente et le temps paraît plus long.
Par ailleurs, dès qu'on détourne son attention du temps, les impulsions sont bloquées et ne parviennent plus à l'accumulateur. Du fait que ces "tic-tac" ne sont pas comptabilisés, le temps est alors jugé plus court qu'il ne l'est objectivement. Utile pour prédire le comportement de sujets dans les recherches en psychologie, l'horloge interne n'est cependant qu'une métaphore, car non plausible sur les plans neurophysiologique et neuroanatomique.
L'ACTIVITÉ OSCILLATOIRE
Un modèle physiologiquement plus réaliste a été développé au début des années 2000 par le professeur Warren Meck, de la Duke University à Durham (Caroline du Nord, Etats-Unis). Dans ce modèle, baptisé "striatal beat-frequency", la représentation du temps est sous-tendue par l'activité oscillatoire de neurones situés dans les régions superficielles du cerveau (cortex). Chaque neurone oscillateur présente une activité caractérisée par un rythme qui lui est propre. La fréquence des oscillations est détectée par certains neurones du striatum dorsal, sous-structure des "ganglions de la base", terme désignant un ensemble de centres nerveux enfouis profondément sous le cortex.
"Chacun de ces neurones reçoit jusqu'à 30 000 connexions provenant d'un contingent de neurones du cortex oscillant à des fréquences différentes. Ces neurones du striatum seraient à même de lire le code temporel émis par des neurones oscillateurs corticaux. Ils s'activeraient notamment lorsque l'activité oscillatoire correspondrait à des profils d'activité détectés antérieurement et stockés en mémoire", indique Warren Meck.
Parallèlement à ce modèle dans lequel l'activité neuronale est à l'origine de l'estimation du temps, les structures cérébrales impliquées dans le traitement de l'information temporelle diffèrent selon qu'il s'agit d'estimer la durée d'un stimulus ("temps explicite") ou de percevoir la durée qui nous sépare d'un événement dont on s'attend qu'il se produise dans les secondes ou minutes à venir ("temps implicite").
"Pour des durées allant de quelques millisecondes à quelques minutes, le traitement du temps explicite et du temps implicite n'implique pas les mêmes zones neuroanatomiques", souligne Jennifer Coull, chercheuse CNRS au Laboratoire des neurosciences cognitives à l'université d'Aix-Marseille. Ces différences s'expliquent du fait que "le traitement du temps implicite sert presque toujours à réaliser un but sensitivo-moteur - "Avant de participer à une réunion de travail, ai-je ou non le temps de prendre un café ?" -, alors que le traitement du temps explicite vise à estimer une durée en tant que telle", note la spécialiste. Les études sur le temps explicite montrent que deux structures corticales, l'aire motrice supplémentaire, qui coordonne les gestes complexes, et le cortex préfrontal droit, sont constamment activées.
TIMING IMPLICITE
Il a été montré que le cervelet joue un rôle majeur dans les tâches motrices nécessitant la perception du temps implicite. D'autres zones du cerveau peuvent être impliquées dans l'estimation du timing implicite, comme le cortex pariétal gauche, qui gère les intentions du mouvement, et le cortex prémoteur gauche, région du lobe frontal dont le rôle est de planifier et d'organiser le mouvement. Il arrive que le cortex préfrontal droit, habituellement impliqué dans l'estimation du temps explicite, soit sollicité pour l'estimation du temps implicite. C'est le cas lorsqu'un événement ne survient pas dans le délai auquel on s'attendait à le voir apparaître, par exemple lorsqu'un feu rouge dure bien plus longtemps que prévu. Il se produit alors une mise à jour par le cerveau des prédictions temporelles avec une nouvelle anticipation du délai d'attente.
Par ailleurs, "les zones cérébrales impliquées diffèrent selon le contexte, et ce d'autant que la durée du stimulus est brève, inférieure à quelques 200 millisecondes", précise Jennifer Coull. On observe que le cortex visuel est activé lorsqu'on évalue la durée d'un stimulus visuel. De même, il se produit une activation du cortex moteur primaire lorsque l'estimation temporelle est associée à une action, et le cortex auditif est sollicité lors de l'estimation de la durée d'un stimulus sonore.
Surtout, la perception du temps par le cerveau met en jeu des processus liés à la mémoire et à l'attention. Pour preuve, la sensation que le temps passe plus vite si on est très occupé, qu'on s'adonne à une activité passionnante ou amusante. Il s'envole même lorsqu'on est amoureux ! A l'inverse, l'eau mettra un temps fou à bouillir si l'on garde les yeux fixés sur la casserole. De même, l'étudiant n'en finira pas de regarder sa montre si le cours lui semble prodigieusement ennuyeux..
"Du fait de la participation conjointe de processus mnésiques et attentionnels, le traitement par le cerveau de l'information temporelle ne peut reposer que sur un réseau fonctionnel, non sur une structure unique. Cela explique sans doute la raison pour laquelle il n'existe pas de maladie neurologique ou psychiatrique uniquement caractérisée par des déficits temporels", note Jennifer Coull."
http://www.lemonde.fr/sciences/article/2012/11/08/un-sixieme-sens-a-explorer_1787998_1650684.html#PzzgrBfc2v0L6Qip.99
Ci après un lien vers une conférence très intéressante sur le thème " le temps c'est subjectif "
"Notre perception du temps varie selon les situations, nos émotions ou notre âge ? Comment fonctionne cette machine à traiter le temps qu’est notre cerveau ?
Par Sylvie Droit-Volet, professeur en psychologie sociale et cognitive à l’université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand.
En ouverture de la conférence, Nicolas Pignon, acteur, lit quelques textes littéraires sur le thème "
https://www.dailymotion.com/video/x2u10p7_le-temps-c-est-subjectif_school
" Le temps fait partie intégrante de notre vie quotidienne, que nous soyons pressés, reposés, sous l'emprise d'une émotion ou en proie à l'ennui. Qu'il s'agisse de marcher, conduire, écouter de la musique, entendre la sonnerie du téléphone, participer à une conversation ou faire du sport, le temps est là : omniprésent et immatériel. Alors que la perception de la vue, du toucher, de l'ouïe, de l'odorat, du goût met en jeu des récepteurs sensoriels spécialisés, il n'existe aucun récepteur spécifique du temps ! Et pourtant le temps est aussi présent en nous, dans le cerveau, véritable machine à traiter le temps.
"Dès le plus jeune âge, le nourrisson est plongé dans un monde avec de nombreuses régularités temporelles. Il apprend alors les durées associées à des actions dont il fait l'expérience au quotidien", souligne la professeure Sylvie Droit-Volet, du Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (CNRS, université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand). "Il réagit, en s'agitant ou en pleurant, quand ce qu'il attend n'arrive pas au bon moment : quand le mobile au-dessus de son lit s'arrête de tourner plus tôt que d'habitude, quand sa mère met plus de temps que prévu à faire son biberon", ajoute-elle.
Le très jeune enfant "vit dans le temps" avant d'avoir conscience que le temps passe. Il appréhende le temps directement à travers son expérience des actions. Ainsi, note Sylvie Droit-Volet, "pour l'enfant de 3 ans, le temps est multiple, spécifique à chaque action". A 5-6 ans, un enfant devient capable de transposer la durée apprise lors d'une action (appuyer sur une poire en caoutchouc) sur une autre (tirer sur une manette). "Il commence à comprendre qu'un temps unique existe indépendamment des actions", indique-t-elle.
COMPTER LE TEMPS
La sensibilité au temps s'améliore pendant l'enfance du fait du développement des capacités d'attention et de mémoire de travail chez l'enfant, qui dépendent de la lente maturation du cortex préfrontal. En effet, juger correctement le temps demande non seulement de lui prêter attention, mais aussi de conserver en mémoire le flux de l'information temporelle et de maintenir une attention soutenue. C'est ainsi que les enfants avec un trouble de déficit de l'attention avec hyperactivité éprouvent des difficultés à estimer correctement le temps.
Un moyen d'augmenter la précision des performances temporelles consiste à compter le temps. "A 5 ans, l'enfant n'est pas capable de compter le temps, mais peut le faire si un adulte le demande. Cependant, le comptage ne suit pas vraiment le rythme des secondes. A partir de 8 ans, l'enfant commence à compter tout seul le temps avec régularité, mais il faut attendre l'âge de 10 ans pour qu'il compte le temps spontanément avec régularité, sans l'aide d'un adulte", précise Sylvie Droit-Volet.
Sur la base de notre capacité précoce à estimer le temps, des chercheurs ont imaginé, dès 1963, que le temps perçu par notre cerveau (temps subjectif) est calé sur le tic-tac d'une pendule intérieure, de la même façon que notre vie est rythmée par le tic-tac de notre montre (temps objectif). Ils ont modélisé un mécanisme de mesure du temps, une sorte d'horloge interne. Celle-ci est constituée d'une "base de temps" émettant en permanence des impulsions ("tic-tac") qui sont stockées dans un accumulateur. La durée subjective du temps dépend du nombre d'impulsions accumulées. Quand l'horloge interne s'accélère, le nombre d'impulsions augmente et le temps paraît plus long.
Par ailleurs, dès qu'on détourne son attention du temps, les impulsions sont bloquées et ne parviennent plus à l'accumulateur. Du fait que ces "tic-tac" ne sont pas comptabilisés, le temps est alors jugé plus court qu'il ne l'est objectivement. Utile pour prédire le comportement de sujets dans les recherches en psychologie, l'horloge interne n'est cependant qu'une métaphore, car non plausible sur les plans neurophysiologique et neuroanatomique.
L'ACTIVITÉ OSCILLATOIRE
Un modèle physiologiquement plus réaliste a été développé au début des années 2000 par le professeur Warren Meck, de la Duke University à Durham (Caroline du Nord, Etats-Unis). Dans ce modèle, baptisé "striatal beat-frequency", la représentation du temps est sous-tendue par l'activité oscillatoire de neurones situés dans les régions superficielles du cerveau (cortex). Chaque neurone oscillateur présente une activité caractérisée par un rythme qui lui est propre. La fréquence des oscillations est détectée par certains neurones du striatum dorsal, sous-structure des "ganglions de la base", terme désignant un ensemble de centres nerveux enfouis profondément sous le cortex.
"Chacun de ces neurones reçoit jusqu'à 30 000 connexions provenant d'un contingent de neurones du cortex oscillant à des fréquences différentes. Ces neurones du striatum seraient à même de lire le code temporel émis par des neurones oscillateurs corticaux. Ils s'activeraient notamment lorsque l'activité oscillatoire correspondrait à des profils d'activité détectés antérieurement et stockés en mémoire", indique Warren Meck.
Parallèlement à ce modèle dans lequel l'activité neuronale est à l'origine de l'estimation du temps, les structures cérébrales impliquées dans le traitement de l'information temporelle diffèrent selon qu'il s'agit d'estimer la durée d'un stimulus ("temps explicite") ou de percevoir la durée qui nous sépare d'un événement dont on s'attend qu'il se produise dans les secondes ou minutes à venir ("temps implicite").
"Pour des durées allant de quelques millisecondes à quelques minutes, le traitement du temps explicite et du temps implicite n'implique pas les mêmes zones neuroanatomiques", souligne Jennifer Coull, chercheuse CNRS au Laboratoire des neurosciences cognitives à l'université d'Aix-Marseille. Ces différences s'expliquent du fait que "le traitement du temps implicite sert presque toujours à réaliser un but sensitivo-moteur - "Avant de participer à une réunion de travail, ai-je ou non le temps de prendre un café ?" -, alors que le traitement du temps explicite vise à estimer une durée en tant que telle", note la spécialiste. Les études sur le temps explicite montrent que deux structures corticales, l'aire motrice supplémentaire, qui coordonne les gestes complexes, et le cortex préfrontal droit, sont constamment activées.
TIMING IMPLICITE
Il a été montré que le cervelet joue un rôle majeur dans les tâches motrices nécessitant la perception du temps implicite. D'autres zones du cerveau peuvent être impliquées dans l'estimation du timing implicite, comme le cortex pariétal gauche, qui gère les intentions du mouvement, et le cortex prémoteur gauche, région du lobe frontal dont le rôle est de planifier et d'organiser le mouvement. Il arrive que le cortex préfrontal droit, habituellement impliqué dans l'estimation du temps explicite, soit sollicité pour l'estimation du temps implicite. C'est le cas lorsqu'un événement ne survient pas dans le délai auquel on s'attendait à le voir apparaître, par exemple lorsqu'un feu rouge dure bien plus longtemps que prévu. Il se produit alors une mise à jour par le cerveau des prédictions temporelles avec une nouvelle anticipation du délai d'attente.
Par ailleurs, "les zones cérébrales impliquées diffèrent selon le contexte, et ce d'autant que la durée du stimulus est brève, inférieure à quelques 200 millisecondes", précise Jennifer Coull. On observe que le cortex visuel est activé lorsqu'on évalue la durée d'un stimulus visuel. De même, il se produit une activation du cortex moteur primaire lorsque l'estimation temporelle est associée à une action, et le cortex auditif est sollicité lors de l'estimation de la durée d'un stimulus sonore.
Surtout, la perception du temps par le cerveau met en jeu des processus liés à la mémoire et à l'attention. Pour preuve, la sensation que le temps passe plus vite si on est très occupé, qu'on s'adonne à une activité passionnante ou amusante. Il s'envole même lorsqu'on est amoureux ! A l'inverse, l'eau mettra un temps fou à bouillir si l'on garde les yeux fixés sur la casserole. De même, l'étudiant n'en finira pas de regarder sa montre si le cours lui semble prodigieusement ennuyeux..
"Du fait de la participation conjointe de processus mnésiques et attentionnels, le traitement par le cerveau de l'information temporelle ne peut reposer que sur un réseau fonctionnel, non sur une structure unique. Cela explique sans doute la raison pour laquelle il n'existe pas de maladie neurologique ou psychiatrique uniquement caractérisée par des déficits temporels", note Jennifer Coull."
http://www.lemonde.fr/sciences/article/2012/11/08/un-sixieme-sens-a-explorer_1787998_1650684.html#PzzgrBfc2v0L6Qip.99
Ci après un lien vers une conférence très intéressante sur le thème " le temps c'est subjectif "
"Notre perception du temps varie selon les situations, nos émotions ou notre âge ? Comment fonctionne cette machine à traiter le temps qu’est notre cerveau ?
Par Sylvie Droit-Volet, professeur en psychologie sociale et cognitive à l’université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand.
En ouverture de la conférence, Nicolas Pignon, acteur, lit quelques textes littéraires sur le thème "
https://www.dailymotion.com/video/x2u10p7_le-temps-c-est-subjectif_school
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