La sacro-sainte "problématique"

Bonjour à toutes et à tous,

Toute nouvelle sur ce forum, j'en ai découvert l'existence il y a quelques minutes et une question me brûle les lèvres, car elle est d'actualité pour moi.
J'ai repris ma thèse après avoir travaillé dans divers domaines qui ne me satisfaisaient pas intellectuellement. J'ai eu besoin, peut-être à tort, de mener un travail de réflexion sur plusieurs années (une thèse donc).

J'ai eu un parcours plutôt considéré comme """brillant""" ( je ne vais pas m'étendre sur les détails ici) mais qui ne l'était pas du tout en fait!
Bref, mon travail de thèse est historique/anthropologique/philosophique mais mon souci est que je n'arrive pas à comprendre ce qu'est une problématique, enfin si je comprends ce que c'est mais je ne parviens pas à en choisir une et à faire ce que tous les autres font, faire semblant d'y croire pendant 800 pages...et m' appliquer à prouver que j'ai raison, à valider mes hypothèses ou à les invalider.

Cas typique de non-tri de l'information pertinente et de non-choix. Il est difficile de trier pour moi, comme pour beaucoup ici, mais surtout une fois que j'ai trouvé une clef d'entrée, une problématique, je la résous trop vite et du coup, je ne peux pas écrire 800 pages pour expliquer qu'en fait cette problématique ne tient pas la route, qu'elle ne peut être corroborée ou qu'au contraire elle tient la route mais le problème étant résolu ça ne m'intéresse plus et j'en cherche une autre (de problématique).
C'est vraiment terrible à vivre, je ne comprends pas du tout comment la recherche en sciences humaines (je ne connais pas le reste) fonctionne. On me demande de poser un problème a priori, sur un réel dont je ne connais pas les détails et ensuite de résoudre la problématique avec des archives, des idées...
Mais pour moi c'est une imposture intellectuelle totale: on ne trouve que ce qu'on cherche et on ne cherche que ce qui peut prouver l'hypothèse et résoudre la problématique.
Je suis en train d'arrêter ce travail de thèse car j'ai bien conscience que je ne suis pas capable de le mener à bien étant donné l'état actuel de mon cerveau...il me faudrait quelques séances pour parvenir à réaliser ce travail.

D'autres ici ont-ils eu ce souci?

Merci et à bientôt
S

Bonjour substitute et bienvenue tout d'abord .
Ensuite félicitations pour ton entreprise c'est courageux.

J'ai fait de longues études en philosophie donc je parlerais de ce que j'ai appris ^^ .
Une problématique on la construit non comme une question simple mais comme une question qui contient un paradoxe.
C'est à dire une contradiction au sein même de la question.
Une bonne problématique est une problématique qui permet de développer une multitude de questions qui en découlent.
Et c'est cela le travail de la thèse, répondre à la multitude de question et ainsi répondre à la problématique.

En soi une problématique peut générer une réponse totalement factuelle. Mais ce sont les questions qui découlent de cette problématique qui vont nourrir ta réflexion.

Ainsi, ces mêmes questions en supposent d'autres et ce à l'infini. Le travail personnel il est là, dans la recherche de ces questions, ensuite viennent les hypothèses et les arguments qui sont multiples pour chaque question. Ces mêmes arguments et hypothèses demandent vérification et peuvent trouver une opposition ce qui soulève questions etc.

Personnellement je conseille de faire ce travail avant de le nourrir de lectures...

Bonjour Existenz et merci,
je pense que tu as mis le doigt sur un truc fort: je suis aveugle aux paradoxes. Ce qui est finalement normal car je ne comprends pas l'opinion commune, je ne comprends pas la logique de la doxa, je n'ai pas le sens commun.

J'ai commencé la thèse  en 2011 en histoire, j'avais une problématique validée mais qui n'a pas tenu la route, donc je n'ai pas eu le courage d'écrire 800 pages pour dire pourquoi ça ne tenait pas la route et qui a débouché sur d'autres questions qui n'étaient pas super intéressantes (selon moi!), alors que ça pouvait être aussi l'aboutissement de mon questionnement initial. Du coup, je me suis battue les flancs pour réorienter l'affaire et l'intégrer dans une autre discipline.
Je pense avoir lu tout ce qu'il était possible de lire, honnêtement. Sauf que je l'ai fait sans ce fil directeur du paradoxe, que je ne sais voir. J'ai accumulé, chercher à imaginer autre chose pour relancer la réflexion et là, je passe pour une imbécile auprès de ma directrice de thèse qui ne comprend pas du tout comment je peux ne pas comprendre!

Je vais méditer tout cela, merci et bel été!

Bel été à toi, et ta directrice doit t'aider dans cette recherche, n'hésite pas à lui communiquer tes besoins elle est là pour cela .

Merci, j'ai justement communiqué avec elle à ce sujet jeudi dernier et son retour très violent m'a bien fait comprendre l'urgence d'un travail sur moi avant de pouvoir finaliser cette thèse pour laquelle j'ai déjà accumulé tous les matériaux possibles!
Merci

Je ne sais pas si tu connais cette métaphore mais elle pourrait t'aider :

Imagine qu'il y a une scène de crime dans un appartement. Commence par choisir la personne que tu pourrais incarner (inspecteur, légiste, observateur, procureur, etc...). Ce sera ton angle de visée car chacun ne voit pas la scène de la même façon. Par exemple, j'ai travaillé en mémoire sur un projet urbain de grande ampleur. Mon personnage à incarner fut l'architecte des bâtiments de France (tu peux aussi faire incarner un concept hein ! C'est pas limité aux gens de chair et de nonosse)

Après avoir choisi ton "personnage" et par conséquent ton angle d'attaque, il te faut passer au crible ta scène de crime pour.....(suspense).....résoudre le crime ! Récolter les indices, dans quels endroits insolites sont disséminés les indices ? Puis avancer et résoudre l'énigme (en plus tu dois certainement utiliser la démarche heuristique dans tes travaux donc j'espère que ça te parlera).

Ta problématique est ainsi la question à laquelle le personnage que tu incarnes (inspecteur, légiste, etc...) souhaite répondre

Bonjour à tous,
Bienvenue parmi nous également. J'apporte de l'eau à ton moulin. A la base, je suis un matheux mais, par goût et par plaisir, j'ai repris des études d'histoire (je finis ma L2) et j'ai le même problème que toi pour la problématique. A chaque sujet, j'en vois plusieurs. Du coup, j'en choisi une qui me semble celle attendue, ce qui fait que que je peux très bien avoir 8 comme je peux avoir 16 suivant la pertinence de mon choix. Merci Hermès pour l'astuce, j'y songerai. Jusqu'à présent, j'essayais de me mettre à la place de l'enseignant afin de deviner ses attentes.
Cordialement.
Alain.

Doom666 a écrit:Merci Hermès pour l'astuce, j'y songerai.

De rien Alain

Sinon je suis en partie d'accord avec toi Lyanah,

Mais tout dépend du niveau d'études et des études en question pour broder. En Master 2 de Sciences Po, si je fais ça je suis mort
Beaucoup de profs le tolère mais certains étudiants se font démolir s'ils osent mettre 10 pages de blablabla et 1 page d'éléments pertinents. Et puis imagine que dans 3 ans ton mémoire soit utilisé par d'autres. Si des éléments sont faux ou brodés à l'arrache c'est le meilleur moyen de perdre toute crédibilité.

Perso je prendrai jamais le risque.

Dans tous les cas une problématique doit être précise, courte et résoudre le problème que je me pose. Exemple :

Je suis médecin légiste sur ma scène de crime. Mes questions seront des comment avant d'être des pourquoi. "Comment le corps a t-il pu être placé dans cette position ?" Vous verrez que l'on gagne plus d'infos qu'avec un pourquoi car mon angle d'attaque n'est pas celui de l'inspecteur. Rester concentré sur mes compétences et ma mission est une priorité.

Autre exemple puisque l'on parle d'histoire :

Je (comprendre un "je" impersonnel) travaille sur la justice bretonne au XII ème siècle. Je me suis axé sur les seigneurs et le droit de ban. On reprend les questions du comment encore une fois car le pourquoi est dévolu ici aux coutumes et à la société médiévale Une anecdote : un prêtre fut pendu haut et court pour avoir violé une paysanne. La question sera "Comment un seigneur a t-il pu pendre un ecclésiastique alors que ce dernier était protégé par l'Église ? Quelles en sont les conséquences ?"

Si on récapitule, on a ainsi la réponse à la question qui (seigneur + ecclésiastique), quoi (affaire judiciaire), comment (jugement et conséquences) et pourquoi ne vient qu'en dernier au regard de la situation politique de l'époque !

Si l'on reformule en problématique, elle serait la suivante : Au regard de l'anecdote, un seigneur breton du XII ème siècle pouvait-il s'émanciper des décisions royales/ducales et ecclésiastiques en matière de justice et de droit de ban ? Avec ça t'es partie pour 200 pages

En Histoire, idéalement, la problématique correspond à l'actualité de la recherche et à la discussion de la pertinence du sujet par rapport à celle-ci.
Le cas échéant, relier le sujet abordé à d'autres études ou à d'autres thèmes est intéressant, et c'est très bien vu en Histoire (surtout si pluridisciplinarité !), dans le cadre de la problématique.

Dans tous les cas, la problématique revient à détailler le sujet abordé, comment il sera abordé, comment il a été abordé jusque-là, et pourquoi il est (ou a été) abordé.
Bref, un exercice d' "explication de texte" pour que le lecteur comprenne bien le qui/quoi/où/quand/comment/pourquoi et partir sur de bonnes bases pour lire le développement qui s'ensuit.

Cela nécessite d'avoir déjà une bonne idée de la méthodologie qu'on va utiliser. Personnellement, j'estime qu'il y a une phase de pré-recherche assez conséquente avant de pouvoir poser une problématique solide. La personne qui dirige tes travaux doit t'aider.
J'irais même un peu plus loin en disant que la problématique peut grandement s'affiner, voire se modifier un peu, durant le travail de recherche (cela a totalement été mon cas en M2).

Ce qui m'a pose le plus gros probleme lors de mes recherches etait de "tester" des hypotheses existantes.

Je voulais tester des choses qui ne l'ont jamais ete, ou pas comme elles l'ont ete et on m'a dit que non, qu'une these s'appuie sur des etudes existantes et que l'on doit partir de ces recherches pour valider ou invalider les hypotheses.

Je te comprends tout à fait d'autant que bien souvent les travaux de recherche sont finalement assez pauvres ou abordés de maniere trop simplistes. Difficile quand on voit le monde en 3 ou 4D. Et en effet lire 800 pages de blabla alors que des les 1eres pages on a compris où s'oriente la recherche est pénible.

Je rejoins Tesla, la problematique s'affine, se precise au fur et a mesure du travail preparatoire, tu peux egalement émettre des hypotheses secondaires.

Ce qui m'a posé souci dans mes études universitaires, je m'en suis rendu compte bien après, c'est que je n'osais pas mettre les évidences.

J ai le meme probleme d empaquetage on va dire.
De nos jours le packaging est quelsue chose d important.
J ai un master de sociogie mais on m a donné mon diplome en me faisant promettre de ne pas utiser le titre de sociologue.
Question de norme (mais que diablecallais je faire dans cette galere...).Disons que je me sjis lancee dans l art avec ce grand regret sues etudes universitaires et surtout la philo car c est lecseul domaine ainsi que l histoire qui est une discipline heuristique ou le terme de problematique a une quelconque legitimite.
Lis aussi gaston bachelard qui est un vrai savant qui explique que la science contient aussi des chosesxirrationnelles et aussi theodore adorno qui explique dans son livre consacre a l astrologie je ne sais plus le titre mais il y a le mot etoile comment on en est arrive la.
He oui car meme dans l amour on met de l empaquetag du ramage et du.plumage c est une mode.
Mais comment trier l empaquetage du contenu nustement puis lecreempaqueterva ma maniere