Vous avez développé quoi le plus ?

Coucou,

J'aimerais savoir dans vos parcours respectifs, ce que vous avez développé comme connaissances, ou bien dans la sphère privée ?

Moi ce serait la communication sous de nombreuses formes, et la psychologie...;-)

Alors, c'est amusant (enfin amusant...) ce que tu dis, la communication qui ramène à la solitude zèbre?
Pour ma part, et c'est çà qui est amusant parce que çà va dans la même lignée, l'adaptation. Par mon métier, j'ai travaillé avec des centaines de personnes différentes, ce qui force à savoir communiquer vite, à mettre les gens à l'aise rapidement (étant soi même zèbre, c'est cocasse) et à vite comprendre une problématique présentée de manière linéaire, et à y répondre sans partir dans tous les sens. Bref, une vraie expérience pour (ou contre) les zèbres.

C'est amusant, je confirme, car nouveau venu sur ce site, c'est typiquement la première question que j'avais envie de poser à la foule... Dans quels domaines vous sentez vous "excellent"?
Et typiquement, les deux premières réponses que j'aurais faites me concernant seraient: la communication et l'adaptation, comme vous deux..

C'est là qu'apparaît, il me semble une des nombreuses différences entre ce que je découvre être les zèbres, êtres réels, et les "surdoués"(pardon d'employer ce mot) imaginaires: à savoir, y a t-il parmi nous beaucoup de champions d'échecs, de docteurs en Physique nucléaire, de Paganinis, ou autres clichés? Je n'en suis pas sûr. Juste des gens qui ressentent le monde différemment, et en perçoivent plus de composantes que les autres, sans forcément exceller dans un domaine très pointu.

Alors, oui, pour répondre, j'ai développé mon adaptation aux autres, mon sens du contact. Et au niveau des sens, celui de l'ouïe, mais ça m'a toujours semblé naturel. Récemment, je développe mon sens intuitif, à qui je commence à faire confiance.
J'ai également une bonne propension à me prendre la tête, au passage! Mais suis je le seul ici?

heu ... précisons pour ne pas être ambigu que je ne me sens "excellent" dans aucun domaine en particulier, bien au contraire.
il s'agissait juste de décrire ce qu'on a plus développé

Voui heu...

En passant, j'ai du mal avec l'idée "d'inné" (grand débat ;-)) et j'ai le sentiment que ce que je suis "je le suis devenue"...dans un parcours ou chaque chose a compté bien sûr, chaque personne, chaque rencontre, chaque livre...

Moi non plus excellente dans aucun domaine...Je crois que je me cherche encore ;-) je dois avoir peur de l'ennui...;-) Si le cinéma m'a plut, c'est qu'à l'époque où j'ai commencé, je ne savais rien ;-) je savais que je n'aurais pas fait le tour avant longtemps ;-) et puis aussi ça regroupe de nombreuses formes d'art, comme à un carrefour avec des choses multiples ;-)...et j'ai pas fini....

Bonne question et impatient de lire les réponses des uns et des autres !!!

Cerner l’autre. Oui, pour ma part je crois que c’est ce que j’ai le plus développé (pour bp de raisons).

Observer son apparence, ses attitudes, ses traits, ses mouvements, sentir son parfum, son odeur, écouter sa voix, ses intonations, son débit, ses mots, ses expressions, détecter ses émotions, comprendre son environnement, son état d’esprit, observer ses réactions ainsi que celles qu’il suscite et celles qu’il attend, constater sa spontanéité ou son engagement. Considérer l’autre dans son ensemble en laissant mes sens me rendre compte de chacun des détails.

Mesurer son influence et la manière dont il se positionne, volontairement ou non, parmi les autres.

Tout ceci est bien involontaire mais j’utilise inconsciemment tous mes sens pour cerner l’autre. L’autre est tout, en particulier pour un zèbre.

Lorsque j’étais enfant, on me reprochait souvent de ne pas m’intéresser aux gens sous prétexte que je ne me rappelais pas leur prénom (malgré une mémoire de zèbre). Mais, à coté de tout ce que j’avais « absorbé » des gens, les prénoms n’avaient bien souvent rien de déterminant et je les oubliais donc au profit d’éléments plus caractéristiques.

Mes observations, mes rencontres et mon parcours enrichissent ma palette d’analyse et c’est sans fin. Cependant, mon analyse n’est pas volontaire, elle ne se base pas sur du rationnel, du logique ou des connaissances, encore moins sur des mots ou des définitions, mais plutôt sur du ressenti et des intuitions. C’est comme respirer.

Alors, évidemment, ça sert à plein de choses … mais je ne l’exploite pas vraiment dans la mesure où jusqu’ici je n’avais pas complètement intégré que tout le monde n’était pas capable de faire ça.

Pour le reste, je suis plutôt Art visuel.

Loool !

Je me souviens jamais des prénoms avant de "bien connaître" quelqu'un...Il y a peu je me suis souvenue de cette phrase d'Alice au pays des merveilles : "nommer une chose, c'est en posséder un petit morceau"...(Il y a auss quelques "rares" individus qui m'intimident ou m'impressionnent tant ils sont libres et que j'ai du mal à nommer....

Moi aussi je croyais que tout le monde pouvait le faire; mais blessures obligent, j'ai découvert que "tout le monde" ne peut pas "entendre les silences"...;-)

En enfin, tout ça est venu de Sherlock Holmes ;-) que j'ai rencontré à12 ans...Après quoi je me suis forgée ma propre éthique par rapport à mes observations...(Attendre une confirmation verbale, ne pas juger un individu sur mes seules observations, etc...)

Art visuel ? Chouette !! Moi ça a commencé avec l'écriture et puis très vite, les mots ne suffisant pas, et m'étant rendue compte que je parlais souvent "par métaphore" (images)...j'ai suivi ce chemin aussi...Je crois que les symboles et les mythes sont assez fondateurs chez les humains...;-) (Voir Freud qui pioche à tout va dans la mythologie grecque ;-)).....

Incroyable : j'ai aussi une mémoire des prénoms extrêmement déficiente.
Je ne sais pas d'où vient la coïncidence ???!
Personnellement j'ai touours cru qu'il s'agissait d'un intérêt plus marqué pour l'idée que par sa provenance. Le fond, la forme en gros.

J'ai développé un talent pour être chiant, ça compte ?

Il me semble que ce que j'ai le plus développé ... c'est peut être la musique des mots qui me permet de peindre, au plus juste, ce que je veux exprimer, comme des notes aux bémols et aux dièses colorés qui émergeraient sur une partition invisible mais que je vois pourtant, sans me l'expliquer.

Pour ce qui est des prénoms, je ne parviens à les mémoriser qu'à partir du moment où j'arrive à leur donner une consistance, où ces quelques lettres orchestrées entrent en résonnance avec la personne qui le porte, ce que je sais d'elle ou ressens d'elle. Des centaines de milliers de personnes qui portent le même prénom et qui n'ont, pour autant, rien en commun... On a fait mieux comme méthode mnémotechnique...

Pour moi la mémoire est "visuelle" ;-) et souvent très précise !

J'ai un don pour la musique. J'ai plutôt une bonne oreille comme on dit, donc ça aide pas mal, tant dans l'écoute que dans la pratique.
Mon impression est souvent que j'exploite une grosse technique pour obtenir des résultats, alors que ceux en face de moi reçoivent des émotions par la musique.
La musique serait-elle alors mon meilleur moyen de communication ?

Autre chose : la précision, le souci du détail et de la chose bien faite.

Concernant la mémoire, c'est le ressenti sur l'ensemble d'une expérience qui fera que je m'en souviendrai ou pas, pareil pour les gens.
M'étant découvert zèbre récemment, je n'ai pas encore su isoler ce qui prime dans mon cas.
J'ai souvent l'impression de ne pas avoir de mémoire, mais chose étonnante je suis souvent capable de resortir des détails, comme si on me parlait d'un tableau et que j'essaierais de le reconstituer façon puzzle, avec quelques morceaux au départ ; et c'est rare que j'aille au bout de la reconstitution et que je retrouve le sujet global...

Ah une chose m'est revenue : la "nyctalopie" ;-) Alors j'avoue, ça n'est pas celle des chats, mais j'aime "le noir", je n'allume pas souvent la lumière, j'ai le réflexe de "faire sans" !! Mes yeux s'adaptent très bien au noir (vite) et peut-être que je me sers de mes autres sens aussi (j'ai une mémoire visuelle et donc un bon souvenir de la pièce, de où se trouvent les chaises etc...) il y a bien sûr le toucher je suppose...enfin bref, j'évolue avec facilité dans le noir et je ne me cogne pas. Ca vous dit quelque chose ??

Amusant... moi aussi je me déplace très bien dans le noir. Mais bon ce n'est peut-être qu'un hasard...

Ce que j'espère avoir développé le plus c'est la présence au monde

Ca peut paraître ambitieux ou ridicule mais c'est vrai: j'ai passé de nombreuses années à vouloir réaliser l'intensité vitale dont je rêvais, à essayer d'exprimer par des moyens artistiques (théâtre, chant) ce que je ressentais, vivant de petits boulots ou de ce que certains appelleraient dédaigneusement "l'assistance" (alias le RMI en l'occurrence). Et je sentais que ça ne voulait pas sortir de moi, ma voix ne répondait pas, étouffée par le stress, mes émotions me paralysaient... Mais je sentais aussi que je pouvais sortir petit à petit de cet ensablement.

Je me suis donc tourné, ce qui m'a sans doute sauvé du désespoir, vers les méthodes dites de "développement personnel" mais en laissant de côté tout ce qu'elles peuvent avoir d'ésotérique ou de mystique. Que l'on se centre sur la respiration (yoga), sur la posture (méthode Alexander), sur l'énergie (Qi Gong) ou sur tout autre aspect de l'existence, toutes les méthodes -et il y en a des centaines d'autres plus ou moins sérieuses et structurées- se rejoignent à mon sens dans ce qu'elles tentent de déchirer ce que les auteurs zen appellent le "voile" des pensées qui nous empêchent de voir le monde tel qu'il est.

C'est une route sans fin et qui demande une attention de chaque seconde, mais elle est passionnante à emprunter car malgré tous les moments de découragement qui abondent (le mental ne se laisse pas faire!) on finit par se découvrir un peu mieux chaque jour, par réaliser que nombre de nos comportements ou réactions ne sont absolument pas "rationnels" ni pour notre intérêt ni pour celui de l'espèce humaine. Pour cela l'observation des animaux est particulièrement intéressante: ils SONT dans la réalité, réagissent au moindre bruit ou à la moindre image visuelle -ou du moins en sont conscients- et je suis persuadé que pour que les potentialités extraordinaires du cerveau humain puissent fonctionner à plein il faudrait être dans cet état d'attention permanente (ici séquelles de la lecture de Krishnamurti!)

Ma voix, d'où toute ma recherche était partie, répond maintenant beaucoup mieux à mes sollicitations, elle est la plupart du temps disponible, en bon état de marche (ce qui ne me dispense malheureusement pas de travailler la technique du chant pour se débarrasser des mauvaises habitudes), mais ce résultat mesurable concrètement me démontre que cette recherche n'est pas vaine...

Quant à ma part, je suis très bon en analyse d'autrui, ce qui a introduit une excellente mémoire allocentrique. En revanche, je suis presque incapable d'apprendre un poème par coeur.

Paulu a écrit:(...) je suis presque incapable d'apprendre un poème par coeur.(...)

J'ai beaucoup de mal aussi. Peut-être le besoin de ressentir intimement la raison qui a poussé l'auteur à s'exprimer précisément de cette façon-là? S'il déclamait son texte devant nous peut-être serions-nous plus aptes à le mémoriser car notre mémoire est très liée à l'émotion...

Pour apprendre un texte j'ai d'ailleurs besoin d'abord de ressentir physiquement les émotions qu'il fait naître en moi d'une phrase à l'autre...

Pourtant, le bon poète devrait éveiller en nous l'émotion!

Tous les poètes ne doivent pas être très bons

En fait personnellement c'est vrai que j'ai tendance à préférer une oeuvre d'art qui fait naître en moi une émotion forte, mais c'est peut-être une spécificité zèbre?

Il existe aussi des oeuvres dont l'intérêt est surtout formel, conceptuel, qui sont à l'avant-garde, qui font évoluer le langage artistique sans avoir forcément trouvé tout de suite de contenu qui parle aux gens... Et il existe aussi à mon avis des artistes qui s'enferment dans un langage qui devient presque une idéologie, où la forme n'est pas au service du fond mais vaut par elle-même, c'est particulièrement vrai en musique (pendant la 2ème moitié du XXème siècle beaucoup de compositeurs qui voulaient s'exprimer autrement que par l'atonalité se faisaient incendier).

(ce qui ne m'empêche pas d'apprécier aussi certaines expérimentations artistiques comme celles de Perec en littérature.... Je pense notamment à "la disparition", le roman sans la lettre "e", qui est sans queue ni tête mais fascinant à parcourir rien que pour la performance...rien n'est simple )

Les sciences 'molles', tout ce qui a trait à la connaissance des humains et en particulier les relations humaines ainsi que la communication. Les sciences dures m'ennuyent un peu avec leurs modes d'emploi (f)rigides, leur théorèmes et autres axiomes... Elève, je ne m'intéressais qu'aux problèmes concrets (les robinets qui fuient et les trains qui se croisent. Quoique. A 12 ans, je me demandais comment calculer l'accélération des locos. Il a fallu qu'une géniale prof de math explique enfin l'année du bac, à quoi servaient ces fichues dérivées qu'on devait calculer à longueur d'année! Des centaines de feuilles d'intégrales et de dérivées! Si dès le départ, les enseignants avaient précisé cela, je ne serais sans doute pas devenue rétive aux maths! Zut je digresse.
Or donc la communication et en particulier l'écriture. Je suis fascinée par les mots, la langue. J'en parle quatre. Etant primo-arrivante, j'ai adoré apprendre un nouveau vocabulaire. J'avais un cahier dans lequel je collectionnais les mots que je trouvais beaux. Je lisais comme une dingue (un livre par jour) pour le plaisir et pour découvrir d'autres pensées. Je me souviens d'un moment surréaliste sur la plage de Palavas les flots: j'avais 13 ans et je dévorais La nausée. Un groupe de sourd-muets est venu 'discuter' avec moi en me disant que j'étais bien trop jeune pour lire ça! J'adore écrire, faire comprendre des choses (j'ai été journaliste pendant plus de dix ans), faire réfléchir. Actuellement, je m'essaie à la fiction et découvre avec étonnement que les personnages que j'invente, me parlent.
J'aime aussi trouver des solutions et ai développé un grand pragmatisme dans les projets que j'imagine pour des gamins.
En revanche, je suis incapable (naïve?) de comprendre la méchanceté, la manipulation et les stratégies élaborées par des adultes. Je sens quand la bouche de quelqu'un n'exprime pas ce qu'il a en tête mais je n'arrive pas à déceler la nature de l'intention. Quand je demande de préciser, les gens flippent ou sont intimidés par 'ce regard rayon X'.
Je suis encore une visuelle (test d'intelligence spatiale hors normes), je n'oublie jamais un visage mais les noms... (tiens tiens), ce qui est frutrant c'est que je me souviens souvent de la première lettre. C'est horriblement gênant: est-ce la caissière du Carrefour ou une personne que j'ai interviewée? (j'ai rencontré des milliers de personnes dans mon ancien job).
Et voilà!

J'ai développé mon empathie ce qui me permet maintenant de poser mes mains sur les points qui font mal et d'essayer de les soulager. Excellente je ne le suis pas du tout, mais j'essaye de faire de mon mieux, c'est déjà pas mal. Et je reconnais les gens comme cela, leurs blessures (physiques et psychologiques), leurs forces, mais leurs prénoms et noms à ça non, j'en suis incapable.