Topic de la culture aléatoire

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Message par Invité Mar 6 Oct 2009 - 5:43

La lumineuse idée de créer un topic où l'on peut mettre des choses sans les commenter m'a traversé plusieurs fois l'esprit. Par choses, j'entends ce que vous voulez : écrits d'auteurs, les vôtres, images, vidéo...
Ca permet d'avoir accès, sur une même page, aux dons de vos petits congénères équidés, dans le but de favoriser ici le développement de notre joyeuse culture, et l'accès à ses vastes et multiples horizons. Sans l'interférence d'interminables commentaires.

Et comme tout bon initiateur, je ne serai pas le meilleur dans ce que je propose ici. Cependant, je recopie un poème d'Alfred de Vigny que j'avais déjà posté dans un obscur topic. Voilà, maintenant, taisons nous!


La mort du loup

I

Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
Nous marchions, sans parler, dans l'humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. -Ni le bois ni la plaine
Ne poussaient un soupir dans les airs; seulement
La girouette en deuil criait au firmament;
Car le vent, élevé bien au-dessus des terres,
N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d'en bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque, baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête
A regardé le sable en s'y couchant; bientôt,
Lui que jamais ici l'on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçaient la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux,
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions, pas à pas, en écartant les branches.
Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,
J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse,
Mais les enfants du Loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,
Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa Louve reposait comme celle de marbre
Qu'adoraient les Romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées,
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante,
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair,
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.

II

J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils, qui, tous trois,
Avaient voulu l'attendre; et, comme je le crois,
Sans ses deux Louveteaux, la belle et sombre veuve
Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l'homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.

III

Hélas! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes!
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C'est vous qui le savez, sublimes animaux!
A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse,
Seul le silence est grand; tout le reste est faiblesse.
-Ah! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur!
Il disait : " Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Gémir, pleurer, prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,
Puis, après, comme moi, souffre et meurs sans parler. "


Dernière édition par Lanza le Jeu 21 Juil 2011 - 1:33, édité 2 fois (Raison : ...)

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Message par Virgule Mar 6 Oct 2009 - 12:41

Je profite donc de ce topic pour mettre un poème ... le mien. Enfin l'un des miens. Juste pour partager.


Je regarde la lumiére
De plus en plus lointaine
De plus en plus faible.
Je sais que je ne la reverrais jamais.
J'ai choisis la pénombre.
Je ne veux plus remonter,
Je veux juste sombrer
Me laisser porter
Par cette douce obscurité.
Au loin, une voix.
C'est toi.
Je te dis adieux.
Je pars,
C'est mieux.
Au revoir.
Mon ami,
Mon amour,
L'homme de ma vie.
Je ne peux plus te regarder
Sans finir blessée.
Je tiens trop à toi
Je préfére mourir
Que de sourire sans toi.
Je m'en vais.
Ne t'en fais
Pas.
Je serais bien
Là bas.
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Message par Phedre Mar 6 Oct 2009 - 13:52

Bouh, Virgule, c'est triste...........

Allez, il y a quelques mois en hommage à (je crois bien) des amis zébrés...;-)

Le tempête ébranlait avec force, avec rage
Edifices, artifices, piédestaux et rochers
Les vautours éventraient les restes du carnage
Des viscères alentour jonchaient tous les sentiers
Nombre de vaillants perdaient coeur et courage
Quelques uns doucement enfilaient leurs souliers
Ou quand la terre tremblait, ils raturaient des pages
A l'encre rougeoyante de leurs carnets blessés
Des zombies zélés leur criaient qu'ils étaient barges !
Mais leurs yeux vitreux n'pouvaient rien regarder...

Nos quelques écrivains-vagabonds gambadaient
Le pas léger et l'oeil vif du coq-quelicot...
Une enclume ? Ils sautaient ! Une bourrasqu'ils pliaient !
Une vagu'y's'laissaient balloter sur les flots...

Les aléas, les bas, les hauts, ils kiffaient grave,
Parfois ils s'arrêtaient pour bâiller aux Corneille
Admirant un lutin un moineau dans ce havre
De paix où les amours malicieuses s'éveillent...
Tandis qu'd' autres gueulaient "tcahf-toi ou j'te marave" !
Ils se laissaient gaîment bercer par les merveilles
Du monde, des ondes.........................heu... j'ai pô fini ;-)
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Message par Virgule Mar 6 Oct 2009 - 14:11

Deux amants
Dans la lune, dansant
Serrés l'un contre l'autre
La musique pour seule apôtre.
Une dernière danse
Avant la décadence
Avec un menuet
Pour mieux s'aimer.
Deux amants
Dans la lune, s'aimant
Tournent encore
Dans leurs yeux de l'or.
Une étincelle
Un violoncelle
Pour célébrer
Le verbe aimer.
Deux amants
Dans la lune, s'embrassant
Avec Chopin
Pour seul témoin.
Milles feux
Milles lieux
Un seul moment
Celui du présent.



Un autre ... peut etre plus joyeux
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Message par Phedre Mar 6 Oct 2009 - 14:20

Ooooo...j'aime ;-) les choses sobres tant que...d'autres choses aussi...;-)
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Message par Virgule Mar 6 Oct 2009 - 14:29

J'en ai tellement d'autres ... je ne vais pas tout mettre ... y'en a tellement des sombres ...
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Message par Morgane Mar 6 Oct 2009 - 15:27

Peu m'importe que le vent m'uppercut, me déchire, me caresse
Je veux du vent dans ma vie
Peu importe que la vague me noie, me bringuebale, me délaisse
Je vois un océan qui me lie

Tant me porte, goëland aux ailes brisées
Toujours plus haut avant la chute
Tant me nuie chimèr'ouragan d'ancre étoilée
Que l'enfer me brûle de ses cramantes volutes

Se nourrir de son sel qui consume la détresse
J'ai le vide en dedans
Déguerpir à l'écho d'une impossible liesse
Comment vivre avec quand on ne peut vivre sans...
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Message par tether Mar 6 Oct 2009 - 18:36

Un monde terne et gris, terre de décombres
aux formes impalpables, dans la pénombre.
Je marche dans le brouillard, sans direction
Comme un prophète de rien, sans religion.

Quand une étincelle, fragile lueur,
Surgit devant moi, étoile de couleur
Sous mes yeux fascinés, précieuse confidence
D'un futur espéré, d'un grain de démence.

Envahissant mon regard, flamme dans la nuit,
Elle dissipe le brouillard, douce chaleur.
Son reflet allume en moi, au fond de mon coeur
Veillées par mon âme éteinte, des passions enfuies.

[...]
Je n'ai jamais réussi à le finir. Il manque :
=> la ligne centrale, qui doit "exploser"
=> une strophe exprimant la douleur, brulée par l'explosion
=> une strophe de regret, étouffant la flamme et ses promesses
=> une strophe finale revenue à la situation initiale

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Message par éden Mar 6 Oct 2009 - 18:43

Aujourd'hui je vis, demain je meurs.
Qui y a t il entre les deux à par le temps qui pleure.
Les secondes nous consument, changeant notre peau, nos coutumes.
Hier j'étais lui, demain je serais l'autre.
Je marche tout droit, sans savoir ce qui ne va pas.
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Message par éden Mar 6 Oct 2009 - 19:58

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Message par Virgule Mar 6 Oct 2009 - 21:02

Qui suis-je?


Je suis quelqu'un d'autre...
pas celle que l'on croit,
pas celle que l'on connait,
pas celle que je parais...
je suis de celle qui sont mélancolique et qui trouve ça chouette,
je suis de celle qui pleure en regarder les feuilles danser sur les branches.
Je suis de celle qui se fiche pas mal que tel haut ne va pas avec tel bas.
Je suis de celle qui se fiche pas mal du :pas le premier jour...
je ne suis pas de celle qu'on peut qualifier de salope ou de pute pourtant.

Je suis un peu de tout,
un peu de rien,
tout en même temps
mais jamais au même moment.
Je voyage comme je veux ancrée
à mon passé,
mon présent,
essayant de m'envoler vers un futur idyllique,
poétique et dramatique.
Je tourne en rond dans ma vie,
je regarde les nuages
et je danse sur ma propre décadence...

Tout cela pour une seule personne
cela fait beaucoup
alors je préfère dire
de ma personne que je suis:


moi.
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Message par Nicoco Mer 7 Oct 2009 - 1:52

J'entends ces phrases qui me blessent
mais pourtant refuse encore cette laisse
que depuis toujours en vains efforts
on voudrait attacher à mon corps

Fidèle à mes principes, j'endure
mais ne cède pas pour rester pur
respectant les autres et leurs pensées
sans comprendre qu'on veuille me briser

Au diable toutes ces cruelles manigances
car si en moi je n'ai aucune confiance
seul le fond des choses et la vérité
me touchent et me font hésiter

Alors doucement je deviens invisible
disparaissant pour ne pas être nuisible
ne survivant que de quelques bonheurs
qu'à leurs insu je trouve en leur coeur.
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Message par Invité Mer 7 Oct 2009 - 16:47

Extrait du "Pèse-Nerfs", d'Antonin Artaud.


Toute l’écriture est de la cochonnerie.

Les gens qui sortent du vague pour essayer de préciser quoi que ce soit de ce qui se passe dans leur pensée, sont des cochons.

Toute la gent littéraire est cochonne, et spécialement celle de ce temps-ci.

Tous ceux qui ont des points de repère dans l’esprit, je veux dire d’un certain côté de la tête, sur des emplacements bien localisés de leur cerveau, tous ceux qui sont maîtres de leur langue, tous ceux pour qui les mots ont un sens, tous ceux pour qui il existe des altitudes dans l’âme, et des courants dans la pensée, ceux qui sont esprit de l’époque, et qui ont nommé ces courants de pensée, je pense à leurs besognes précises, et à ce grincement d’automate que rend à tous vents leur esprit,

— sont des cochons.

Ceux pour qui certains mots ont un sens, et certaines manières d’être, ceux qui font si bien des façons, ceux pour qui les sentiments ont des classes et qui discutent sur un degré quelconque de leurs hilarantes classifications, ceux qui croient encore à des « termes », ceux qui remuent des idéologies ayant pris rang dans l’époque, ceux dont les femmes parlent si bien et ces femmes aussi qui parlent si bien et qui parlent des courants de l’époque, ceux qui croient encore à une orientation de l’esprit, ceux qui suivent des voies, qui agitent des noms, qui font crier les pages des livres,

— ceux-là sont les pires cochons.

Vous êtes bien gratuit, jeune homme!

Non, je pense à des critiques barbus.

Et je vous l’ai dit: pas d’œuvres, pas de langue, pas de parole, pas d’esprit, rien.

Rien, sinon un beau Pèse-Nerfs.

Une sorte de station incompréhensible et toute droite au milieu de tout dans l’esprit.

Et n’espérez pas que je vous nomme ce tout, en combien de parties il se divise, que je vous dise son poids, que je marche, que je me mette à discuter sur ce tout, et que, discutant, je me perde et je mette ainsi sans le savoir à PENSER, - et qu’il s’éclaire, qu’il vive, qu’il se pare d’une multitude de mots, tous bien frottés de sens, tous divers, et capables de bien mettre au jour toutes les attitudes, toutes les nuances d’une très sensible et pénétrante pensée.

Ah ces états qu’on ne nomme jamais, ces situations éminentes d’âme, ah ces intervalles d’esprit, ah ces minuscules ratées qui sont le pain quotidien de mes heures, ah ce peuple fourmillant de données, - ce sont toujours les mêmes mots qui me servent et vraiment je n’ai pas l’air de beaucoup bouger dans ma pensée, mais j’y bouge plus que vous en réalité, barbes d’ânes, cochons pertinents, maîtres du faux verbe, trousseurs de portraits, feuilletonistes, rez-de-chaussée, herbagistes, entomologistes, plaie de ma langue.

Je vous l’ai dit, que je n’ai plus ma langue, ce n’est pas une raison pour que vous persistiez, pour que vous vous obstiniez dans la langue.

Allons, je serai compris dans dix ans par les gens qui font aujourd’hui ce que vous faîtes. Alors on connaîtra mes geysers, on verra mes glaces, on aura appris à dénaturer mes poisons, on décèlera mes jeux d’âmes.

Alors tous mes cheveux seront coulés dans la chaux, toutes mes veines mentales, alors on percevra mon bestiaire, et ma mystique sera devenue un chapeau. Alors on verra fumer les jointures des pierres, et d’arborescents bouquets d’yeux mentaux se cristalliseront en glossaires, alors on verra choir des aérolithes de pierre, alors on verra des cordes, alors on comprendra la géométrie sans espaces, et on apprendra ce que c’est que la configuration de l’esprit, et on comprendra comment j’ai perdu l’esprit.

Alors on comprendra pourquoi mon esprit n’est pas là, alors on verra toutes les langues tarir, tous les esprits se dessécher, toutes les langues se racornir, les figures humaines s’aplatiront, se dégonfleront, comme aspirées par des ventouses desséchantes, et cette lubrifiante membrane continuera à flotter dans l’air, cette membrane lubrifiante et caustique, cette membrane à deux épaisseurs, à multiples degrés, à un infini de lézardes, cette mélancolique et vitreuse membrane, mais si sensible, si pertinente elle aussi, si capable de se multiplier, de se dédoubler, de se retourner avec son miroitement de lézardes, de sens, de stupéfiants, d’irrigations pénétrantes et vireuses,

alors tout ceci sera trouvé bien,
et je n’aurai plus besoin de parler.

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Message par Invité Mer 7 Oct 2009 - 16:56

Extrait de L'Etre et le Néant - Etre et Liberté, J.P Sartre.



[…] Ce qui pourra nous aider à atteindre la liberté en son cœur, ce sont les quelques remarques que nous devons à présent résumer ici. Nous avons, en effet, établi dès notre premier chapitre que si la négation vient au monde par la réalité-humaine, celle-ci doit être un être qui peut réaliser une rupture néantisante avec le monde et avec soi-même ; et nous avions établi que la possibilité permanente de cette rupture ne faisait qu’une avec la liberté. Mais, d’autre part, nous avions constaté que cette possibilité permanente de néantiser ce que je suis sous forme de « l’avoir-été » implique pour l’homme un type d’existence particulier. Nous avons pu alors déterminer, à partir d’analyses comme celle de la mauvaise foi, que la réalité-humaine était son propre néant. Être, pour le pour-soi, c’est néantiser l’en-soi qu’il est. Dans ces conditions, la liberté ne saurait être rien autre que cette néantisation. C’est par elle que le pour-soi échappe à son être comme à son essence, c’est par elle qu’il est toujours autre chose que ce qu’on peut dire de lui, car au moins est-il celui qui échappe à cette dénomination même, celui qui est déjà par-delà le nom qu’on lui donne, la propriété qu’on lui reconnaît. Dire que le pour-soi a à être ce qu’il est, dire qu’il est ce qu’il n’est pas en n’étant pas ce qu’il est, dire qu’en lui l’existence précède et conditionne l’essence ou inversement, selon la formule de Hegel, que pour lui « Wesen ist was gewesen ist », c’est dire une seule et même chose, à savoir que l’homme est libre. Du seul fait, en effet, que j’ai conscience des motifs qui sollicitent mon action, ces motifs sont déjà des objets transcendants pour ma conscience, ils sont dehors ; en vain chercherai-je à m’y raccrocher : j’y échappe par mon existence même. Je suis condamné à exister pour toujours par-delà mon essence, par-delà les mobiles et les motifs de mon acte : je suis condamné à être libre. Cela signifie qu’on ne saurait trouver à ma liberté d’autres limites qu’elle-même ou, si l’on préfère, que nous ne sommes pas libres de cesser d’être libres. Dans la mesure où le pour-soi veut se masquer son propre néant et s’incorporer l’en-soi comme son véritable mode d’être, il tente aussi de se masquer sa liberté. Le sens profond du déterminisme, c’est d’établir en nous une continuité sans faille d’existence en soi. Le mobile conçu comme fait psychique, c’est-à-dire comme réalité pleine et donnée, s’articule, dans la vision déterministe, sans solution de continuité, à la décision et à l’acte, qui sont conçus également comme données psychiques. L’en-soi s’est emparé de tous ces « data », le mobile provoque l’acte comme la cause son effet, tout est réel, tout est plein. Ainsi, le refus de la liberté ne peut se concevoir que comme tentative pour se saisir comme être-en-soi ; l’un va de pair avec l’autre ; la réalité-humaine est un être dans lequel il y va de sa liberté dans son être parce qu’il tente perpétuellement de refuser de la reconnaître. Psychologiquement, cela revient, chez chacun de nous, à essayer de prendre les mobiles et les motifs comme des choses. On tente de leur en conférer la permanence ; on essaie de se dissimuler que leur nature et leur poids dépendent à chaque moment du sens que je leur donne, on les prend pour des constantes : cela revient à considérer le sens que je leur donnais tout à l’heure ou hier — qui, celui-là, est irrémédiable, parce qu’il est passé — et d’en extrapoler le caractère figé jusqu’au présent. J’essaie de me persuader que le motif est comme il était. Ainsi passerait-il de pied en cap de ma conscience passée à ma conscience présente : il l’habiterait. Cela revient à tenter de donner une essence au pour-soi. De la même façon on posera les fins comme des transcendances, ce qui n’est pas une erreur. Mais au lieu d’y voir des transcendances posées et maintenues dans leur être par ma propre transcendance, on supposera que je les rencontre en surgissant dans le monde : elles viennent de Dieu, de la nature, de « ma » nature, de la société. Ces fins toutes faites et préhumaines définiront donc le sens de mon acte avant même que je le conçoive, de même que les motifs, comme pures données psychiques, le provoqueront sans même que je m’en aperçoive. Motif, acte, fin constituent un « continuum » un plein. Ces tentatives avortées pour étouffer la liberté sous le poids de l’être — elles s’effondrent quand surgit tout à coup l’angoisse devant la liberté — montrent assez que la liberté coïncide en son fond avec le néant qui est au cœur de l’homme. C’est parce que la réalité-humaine n’est pas assez qu’elle est libre, c’est parce qu’elle est perpétuellement arrachée à elle-même et que ce qu’elle a été est séparé par un néant de ce qu’elle est et de ce qu’elle sera. C’est enfin, parce que son être présent lui-même est néantisation sous la forme du « reflet-reflétant ». L’homme est libre parce qu’il n’est pas soi mais présence à soi. L’être qui est ce qu’il est ne saurait être libre. La liberté, c’est précisément le néant qui est été au cœur de l’homme et qui contraint la réalité-humaine à se faire, au lieu d’être. Nous l’avons vu, pour la réalité-humaine, être c’est se choisir : rien ne lui vient du dehors, ni du dedans non plus, qu’elle puisse recevoir ou accepter. Elle est entièrement abandonnée, sans aucune aide d’aucune sorte, à l’insoutenable nécessité de se faire être jusque dans le moindre détail. Ainsi, la liberté n’est pas un être : elle est l’être de l’homme, c’est-à-dire son néant d’être. Si l’on concevait d’abord l’homme comme un plein, il serait absurde de chercher en lui, par après, des moments ou des régions psychiques où il serait libre : autant chercher du vide dans un récipient qu’on a préalablement rempli jusqu’aux bords. L’homme ne saurait être tantôt libre et tantôt esclave : il est tout entier et toujours libre ou il n’est pas.

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Message par Invité Mer 7 Oct 2009 - 17:14

Etraits de La morale anarchiste, P. Kropotkine. 1889.

Chap. I

L’histoire de la pensée humaine rappelle les oscillations du pendule, et ces oscillations durent déjà depuis des siècles. Après une longue période de sommeil arrive un moment de réveil. Alors la pensée s’affranchit des chaînes dont tous les intéressés — gouvernants, hommes de loi, clergé — l’avaient soigneusement entortillée. Elle les brise. Elle soumet à une critique sévère tout ce qu’on lui avait enseigné et met à nu le vide des préjugés religieux, politiques, légaux et sociaux, au sein desquels elle avait végété. Elle lance la recherche dans des voies inconnues, enrichit notre savoir de découvertes imprévues ; elle crée des sciences nouvelles.

Mais l’ennemi invétéré de la pensée — le gouvernant, l’homme de loi, le religieux — se relèvent bientôt de la défaite. Ils rassemblent peu à peu leurs forces disséminées ; ils rajeunissent leur foi et leurs codes en les adaptant à quelques besoins nouveaux. Et, profitant de ce servilisme du caractère et de la pensée qu’ils avaient si bien cultivé eux-mêmes, profitant de la désorganisation momentanée de la société, exploitant le besoin de repos des uns, la soif de s’enrichir des autres, les espérances trompées des troisièmes — surtout les espérances trompées — ils se remettent doucement à leur œuvre en s’emparant d’abord de l’enfance par l’éducation.

L’esprit de l’enfant est faible. Il est si facile de le soumettre par la terreur ; c’est ce qu’ils font. Ils le rendent craintif, et alors ils lui parlent des tourments de l’enfer ; ils font miroiter devant lui les souffrances de l’âme damnée, la vengeance d’un dieu implacable. Un moment après, ils lui parleront des horreurs de la Révolution, ils exploiteront un excès des révolutionnaires pour faire de l’enfant " un ami de l’ordre ". Le religieux l’habituera à l’idée de loi pour le faire mieux obéir à ce qu’il appellera la loi divine, et l’avocat lui parlera de loi divine pour le faire mieux obéir à la loi du code. Et la pensée de la génération suivante prendra ce pli religieux, ce pli autoritaire et servile en même temps — autorité et servilisme marchent toujours la main dans la main — cette habitude de soumission que nous ne connaissons que trop chez nos contemporains.

Pendant ces périodes de sommeil, on discute rarement les questions de morale. Les pratiques religieuses, l’hypocrisie judiciaire en tiennent lieu. On ne critique pas, on se laisse mener par l’habitude, par l’indifférence. On ne se passionne ni pour ni contre la morale établie. On fait ce que l’on peut pour accommoder extérieurement ses actes à ce que l’on dit professer. Et le niveau moral de la Société tombe de plus en plus. On arrive à la morale des Romains de la décadence, de l’ancien régime, de la fin du régime bourgeois.

Tout ce qu’il y avait de bon, de grand, de généreux, d’indépendant chez l’homme s’émousse peu à peu, se rouille comme un couteau resté sans usage. Le mensonge devient vertu ; la platitude, un devoir. S’enrichir, jouir du moment, épuiser son intelligence, son ardeur, son énergie, n’importe comment, devient le mot d’ordre des classes aisées, aussi bien que de la multitude des pauvres gens dont l’idéal est de paraître bourgeois. Alors la dépravation des gouvernants ? du juge, du clergé et des classes plus ou moins aisées ? devient si révoltante que l’autre oscillation du pendule commence.

La jeunesse s’affranchit peu à peu, elle jette les préjugés par-dessus bord, la critique revient. La pensée se réveille, chez quelques-uns d’abord ; mais insensiblement le réveil gagne le grand nombre. La poussée se fait, la révolution surgit.

Et chaque fois, la question de la morale revient sur le tapis. — "Pourquoi suivrais-je les principes de cette morale hypocrite ? " se demande le cerveau qui s’affranchit des terreurs religieuses. — "Pourquoi n’importe quelle morale serait-elle obligatoire ? ".

On cherche alors à se rendre compte de ce sentiment moral que l’on rencontre à chaque pas, sans l’avoir encore expliqué, et que l’on n’expliquera jamais tant qu’on le croira un privilège de la nature humaine, tant qu’on ne descendra pas jusqu’aux animaux, aux plantes, aux rochers pour le comprendre. On cherche cependant à se l’expliquer selon la science du moment.

Et — faut-il le dire ? — plus on sape les bases de la morale établie, ou plutôt de l’hypocrisie qui en tient lieu — plus le niveau moral se relève dans la société. C’est à ces époques surtout, précisément quand on le critique et le nie, que le sentiment moral fait les progrès les plus rapides; c’est alors qu’il croît, s’élève, se raffine.

On l’a vu au dix-huitième siècle. Dès 1723, Mandeville, l’auteur anonyme qui scandalisa l’Angleterre par sa " Fable des Abeilles " et les commentaires qu’il y ajouta, attaquait en face l’hypocrisie sociale connue sous le nom de morale. Il montrait comment les coutumes soi-disant morales ne sont qu’un masque hypocrite ; comment les passions, que l’on croit maîtriser par le code de morale courante, prennent au contraire une direction d’autant plus mauvaise, à cause des restrictions mêmes de ce code. Comme Fourier le fit plus tard, il demandait place libre aux passions, sans quoi elles dégénèrent en autant de vices ; et, payant en cela un tribut au manque de connaissances zoologiques de son temps, c’est-à-dire oubliant la morale des animaux, il expliquait l’origine des idées morales de l’humanité par la flatterie intéressée des parents et des classes dirigeantes.

On connaît la critique vigoureuse des idées morales faites plus tard par les philosophes écossais et les encyclopédistes. On connaît les anarchistes de 1793 et l’on sait chez qui l’on trouve le plus haut développement du sentiment moral : chez les légistes, les patriotes, les jacobins qui chantaient l’obligation et la sanction morale par l’Être suprême, ou chez les athéistes hébertistes qui niaient, comme l’a fait récemment Guyau, et l’obligation et la sanction de la morale.

" Pourquoi serai-je moral ? " Voilà donc la question que se posèrent les rationalistes du douzième siècle, les philosophes du seizième siècle, les philosophes et les révolutionnaires du dix-huitième siècle. Plus tard, cette question revint de nouveau chez les utilitariens anglais (Bentham et Mill), chez les matérialistes allemands tels que Bochner, chez les nihilistes russes des années 1860-70, chez ce jeune fondateur de l’éthique anarchiste (la science de la morale des sociétés) — Guyau — mort malheureusement trop tôt ; voilà, enfin, la question que se posent en ce moment les jeunes anarchistes français.

Pourquoi, en effet ? Il y a trente ans, cette même question passionna la jeunesse russe. — " Je serai immoral ", venait dire un jeune nihiliste à son ami, traduisant en un acte quelconque les pensées qui le tourmentaient. — " Je serai immoral et pourquoi ne le serai-je pas ? "

— " Parce que la Bible le veut ? Mais la Bible n’est qu’une collection de traditions babyloniennes et judaïques — traditions collectionnées comme le furent les chants d’Homère ou comme on le fait encore pour les chants basques ou les légendes mongoles ! Dois-je donc revenir à l’état d’esprit des peuples à demi barbares de l’Orient ?

" Le serai-je parce que Kant me parle d’un catégorique impératif, d’un ordre mystérieux qui me vient du fond de moi-même et qui m’ordonne d’être moral ? Mais pourquoi ce " catégorique impératif " aurait-il plus de droits sur mes actes que cet autre impératif qui, de temps en temps, me donnera l’ordre de me saouler ? Un mot, rien qu’un mot, tout comme celui de Providence ou de Destin, invente pour couvrir notre ignorance!

— " Ou bien serai-je moral pour faire plaisir à Bentham qui veut me faire croire que je serai plus heureux si je me noie pour sauver un passant tombé dans la rivière que si je le regarde se noyer ?

— " Ou bien encore, parce que mon éducation est telle ? parce que ma mère m’a enseigne la morale ? Mais alors, devrai-je aussi m’agenouiller devant la peinture d’un christ ou d’une madone, respecter le roi ou l’empereur, m’incliner devant le juge que je sais être un coquin, seulement parce que ma mère — nos mères à nous tous — très bonnes, mais très ignorantes, nous ont enseigné un tas de bêtises?

" Préjugés, comme tout le reste, je travaillerai à m’en défaire. S’il me répugne d’être immoral, je me forcerai de l’être, comme, adolescent, je me forçais à ne pas craindre l’obscurité, le cimetière, les fantômes et les morts, dont on m’avait inspiré la crainte. Je le ferai pour briser une arme exploitée par les religions ; je le ferai, enfin, ne serait-ce que pour protester contre l’hypocrisie que l’on prétend nous imposer au nom d’un mot, auquel on a donne le nom de moralité. "

Voilà le raisonnement que la jeunesse russe se faisait au moment où elle rompait avec les préjugés du " vieux monde " et arborait ce drapeau du nihilisme, ou plutôt de la philosophie anarchiste : " Ne se courber devant aucune autorité, si respectée qu’elle soit ; n’accepter aucun principe, tant qu’il n’est pas établi par la raison."

Faut-il ajouter qu’après avoir jeté au panier l’enseignement moral de leurs pères et brûlé tous les systèmes de morale, la jeunesse nihiliste a développé dans son sein un noyau de coutumes morales, infiniment supérieures à tout ce que leurs pères avaient jamais pratiqué sous la tutelle de l'Évangile, de la " conscience ", du " catégorique impératif ", ou de " l’intérêt bien compris " des utilitaires?

Mais avant de répondre à cette question : " Pourquoi serais-je moral ? ", voyons d’abord si la question est bien posée ; analysons les motifs des actes humains.



Chap. IV

Pour distinguer entre ce qui est bien et ce qui est mal, les théologiens mosaïques, bouddhistes, chrétiens et musulmans avaient recours à l’inspiration divine. Ils voyaient que l’homme, qu’il soit sauvage ou civilisé, illettré ou savant, pervers ou bon et honnête, sait toujours s’il agit bien ou s’il agit mal, et le sait surtout quand il agit mal ; mais, ne trouvant pas d’explication à ce fait général, ils y ont vu une inspiration divine. Les philosophes métaphysiciens nous ont parlé à leur tour de conscience, d’impératif mystique, ce qui d’ailleurs n’était qu’un changement de mots.

Mais, ni les uns ni les autres n’ont su constater ce fait si simple et si frappant que les animaux vivant en société savent aussi distinguer entre le bien et le mal, tout à fait comme l’homme. Et, ce qui est plus que leurs conceptions sur le bien et le mal sont absolument du même genre que celles de l’homme. Chez les représentants les mieux développés de chaque classe séparée — poissons, insectes, oiseaux, mammifères — elles sont même identiques.

Les penseurs du dix-huitième siècle l’avaient bien remarqué, mais on l’a oublié depuis, et c’est à nous qu’il revient maintenant de faire ressortir toute l’importance de ce fait.

Forel, cet observateur inimitable des fourmis, a démontré par une masse d’observations et de faits, que lorsqu’une fourmi, qui a bien rempli de miel son jabot, rencontre d’autres fourmis au ventre vide, celles-ci lui demandent immédiatement à manger. Et parmi ces petits insectes, c’est un devoir pour la fourmi rassasiée de dégorger le miel, afin que les amis qui ont faim puissent s’en rassasier à leur tour. Demandez aux fourmis s’il serait bien de refuser la nourriture aux autres fourmis de la même fourmilière quand on a eu sa part ? Elles vous répondront par des actes qu’il est impossible de ne pas comprendre, que ce serait très mal. Une fourmi aussi égoïste serait traitée plus durement que des ennemis d’une autre espèce. Si cela arrivait pendant un combat entre deux espèces différentes, on abandonnerait la lutte pour s’acharner contre cette égoïste. Ce fait est démontré par des expériences qui ne laissent aucun doute.

Ou bien, demandez aux moineaux qui habitent votre jardin s’il est bien de ne pas avertir toute la petite société que vous avez jeté quelques miettes de pain dans le jardin, afin que tous puissent participer au repas. Demandez-leur si tel friquet a bien agi en volant au nid de son voisin les brins de paille que celui-ci avait ramassés et que le pillard ne veut pas se donner la peine de ramasser lui-même. Et les moineaux vous répondront que c’est très mal, en se jetant tous sur le voleur et en le poursuivant à coups de bec.

Demandez encore aux marmottes si c’est bien de refuser l’accès de son magasin souterrain aux autres marmottes de la même colonie, et elles vous répondront que c’est très mal, en faisant toute sorte de chicanes à l’avare.

Demandez enfin à l’homme primitif, au Tchoukche, par exemple, si c’est bien de prendre à manger dans la tente d’un des membres de la tribu en son absence. Et il vous répondra que si l’homme pouvait lui-même se procurer sa nourriture, c’eût été très mal. Mais s’il était fatigué ou dans le besoin, il devait prendre la nourriture là où il la trouvait ; mais que, dans ce cas, il eût bien fait de laisser son bonnet ou son couteau, ou bien même un bout de ficelle avec un nœud, afin que le chasseur absent puisse savoir en rentrant qu’il a eu la visite d’un ami et non d’un maraudeur. Cette précaution lui eût évité les soucis que lui donnerait la présence possible d’un maraudeur aux environs de sa tente.

Des milliers de faits semblables pourraient être cites ; des livres entiers pourraient être écrits pour montrer combien les conceptions du bien et du mal sont identiques chez l’homme et chez les animaux.

La fourmi, l’oiseau, la marmotte et le Tchouktche sauvage n’ont lu ni Kant ni les Saints Pères, ni même Moïse. Et cependant, tous ont la même idée du bien et du mal. Et si vous réfléchissez un moment sur ce qu’il y a au fond de cette idée, vous verrez sur-le-champ que ce qui est réputé bon chez les fourmis, les marmottes et les moralistes chrétiens ou athées, c’est ce qui est utile pour la préservation de la race — et ce qui est réputé mauvais, c’est ce qui lui est nuisible. Non pas pour l’individu, comme disaient Bentham et Mill, mais bel et bien pour la race entière.

L’idée du bien et du mal n’a ainsi rien à voir avec la religion ou la conscience mystérieuse ; c’est un besoin naturel des races animales, et quand les fondateurs des religions, les philosophes et les moralistes nous parlent d’entités divines ou métaphysiques, ils ne font que ressasser ce que chaque fourmi, chaque moineau pratiquent dans leurs petites sociétés.

Est-ce utile à la société ? Alors c’est bon. — Est-ce nuisible ? Alors c’est mauvais.

Cette idée peut être très rétrécie chez les animaux inférieurs, ou bien elle s’élargit chez les animaux les plus avancés, mais son essence reste toujours la même.

Chez les fourmis, elle ne sort pas de la fourmilière. Toutes les coutumes sociables, toutes les règles de bienséance ne sont applicables qu’aux individus de la même fourmilière. Il faut dégorger la nourriture aux membres de la fourmilière — jamais aux autres. Une fourmilière ne fera pas une seule famille avec une autre fourmilière, à moins de circonstances exceptionnelles, telle que la détresse commune à toutes les deux. De même les moineaux du Luxembourg, tout en se supportant mutuellement d’une manière frappante, feront une guerre acharnée à un moineau du square Monge qui oserait s’aventurer au Luxembourg. Et la Tchouktche considérera un Tchouktche d’une autre tribu comme un personnage auquel les usages de la tribu ne s’appliquent pas. Il est même permis de lui vendre (vendre, c’est toujours plus ou moins voler l’acheteur : sur les deux, il y en a toujours un de dupe), tandis que ce serait un crime de vendre aux membres de sa tribu : à ceux-ci on donne sans jamais compter. Et l’homme civilisé, comprenant enfin les rapports intimes, quoique imperceptibles au premier coup d'œil, entre lui et le dernier des Papouas, étendra ses principes de solidarité sur toute l’espèce humaine et même sur les animaux. L’idée s'élargit, mais le fond reste toujours le même.

D’autre part, la conception du bien et du mal varie selon le degré d’intelligence ou de connaissance acquises. Elle n’a rien d’immuable.

L’homme primitif pouvait trouver très bon, c’est-à-dire très utile à la race, de manger ses vieux parents quand ils devenaient une charge (très lourde au fond) pour la communauté. Il pouvait aussi trouver bon — c’est-à-dire toujours utile pour la communauté — de tuer ses enfants nouveau-nés et de n’en garder que deux ou trois par famille afin que la mère pût les allaiter jusqu’à l’âge de trois ans et leur prodiguer sa tendresse.

Aujourd’hui, les idées ont changé ; mais les moyens de subsistance ne sont plus ce qu’ils étaient dans l’âge de pierre. L’homme civilisé n’est pas dans la position de la famille sauvage qui avait à choisir entre deux maux : ou bien manger les vieux parents, ou bien se nourrir tous insuffisamment et bientôt se trouver réduits à ne plus pouvoir nourrir ni les vieux parents ni la jeune famille. Il faut bien se transporter dans ces âges que nous pouvons à peine évoquer dans notre esprit, pour comprendre que, dans les circonstances d’alors, l’homme demi-sauvage pouvait raisonner assez juste.

Les raisonnements peuvent changer. L’appréciation de ce qui est utile ou nuisible à la race change, mais le fond reste immuable. Et si l’on voulait mettre toute cette philosophie du règne animal en une seule phrase, on verrait que fourmis, oiseaux, marmottes et hommes sont d’accord sur un point.

Les chrétiens disaient : " Ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’on te fasse à toi ". Et ils ajoutaient: " Sinon, tu seras expédié dans l’enfer !"

La moralité qui se dégage de l’observation de tout l’ensemble du règne animal, supérieure de beaucoup à la précédente, peut se résumer ainsi : " Fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent dans les mêmes circonstances. "

Et elle ajoute :

" Remarque bien que ce n’est qu’un conseil ; mais ce conseil est le fruit d’une longue expérience de la vie des animaux en sociétés et chez l’immense masse des animaux vivant en sociétés, l’homme y compris, agir selon ce principe a passé à l’état d’habitude. Sans cela, d’ailleurs, aucune société ne pourrait exister, aucune race ne pourrait vaincre les obstacles naturels contre lesquels elle a à lutter. "


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Message par Invité Mer 7 Oct 2009 - 17:26

.


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Message par lilipop Mer 7 Oct 2009 - 22:02

(manque la musique)


Les hommes en gris ont tout compris
allure gris sombre des soucis,
sourire gris sale du mépris
ils ont volé toutes nos envies

J'en ai croisé en haut des tours
ou encore dans toutes les cours
grands serviteurs du silence
ils connaissent l'art de l'abondance

refrain :
...qui sait un jour si les rêveurs
avec leurs faiblesses et leurs peurs
voudront sortir de leur torpeur
et nous libérer de tous nos leurres

.....
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Message par Virgule Jeu 8 Oct 2009 - 1:54

Trop de choses pour dormir ... j'ai pondu ...



Et si mes angoisses
Mes peurs de gosses
Qui me terrassent les nuits
Qui font que je m'enfuis
N'étaient que des fantômes
Cachés sous mes dômes
Dans mon palais
Au fond de mon jardin secret ?

Comment faire pour les déloger ?
Comment faire pour les supplier ?
Eux qui n'entendent pas ma voix
Seulement mon coeur qui bat,
Tous ces méchants fantômes
Cachés dans mes paumes
Dans mon palais
Au fond de mon jardin secret.

A écrire doucement
A écrire surement
A me livrer simplement
A me livrer complètement
Ne suis-je pas entrain
De faire ce chemin
Qui mène vers la liberté
Que je pourrai m'accorder?

Tant de questions
Tant de suppositions
Pour si peu de satisfaction
Pour si peu d'affection.
Au fond de moi
Glisse à petit pas
Cette terrible sensation
De jolie frustration.

Ne puis-je être moi
Dans ce monde sans foi ?
Ne puis-je être moi
Si ce n'est ici ou là ?
Quand ces drôle de fantômes
Au couleur de mes dômes
S'en iront avec le temps
Vivrai-je sereinement ?
Virgule
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Message par Virgule Jeu 8 Oct 2009 - 1:56

Une petite dédicace pour vous tous mes chers zèbres.






Belles rencontres que nous faisons là.
Belles sensations que nous créons là.
A chacun son histoire
A chacun ses déboires.
Tous pareil
Jamais les mêmes.
Harmonisons nos rayures
Pour panser nos blessures.




I love you
Virgule
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Message par Phedre Jeu 8 Oct 2009 - 18:41

A l'origine de mon dernier scénario...;-) Interstice...(Suite à ma rencontre avec un ami malheureux...aussi, que je soupçonne fortement d'être zébré...;-))

Alors bah à tous les zèbres........;-)



Il était une fois une putain de terre où y'avait plus un seul recoin que les hommes n'avaient pas souillé, terni, abîmé, dénaturé, modifié de la façon la plus laide qui soit...

Mais fort heureusement, il était une fois aussi...une autre dimension parallèle...les interstices. Les interstices sont indéfinissables.

On peut dire "ce qu'ils ne sont pas"...Mais on ne peut pas dire ce qu'ils sont.

Surtout, on peut dire qu'il existe peu d'êtres vivants capables de les emprunter...

Ceux qui ont ce pouvoir, tels "les marcheurs en ombres" ou les Princes d'Ambre (de la décalogie de Zelazny inachevée l'enfoiré il est mort ;-) du même nom), se cachent parmi les autres, ou bien abusent de ce pouvoir pour asservir les autres. C'est un choix, que chacun fait, lorsqu'il découvre ce pouvoir d'ouvrir des interstices. C'est un choix, qui peut fluctuer au cours de la vie...

Les interstices...Ils ne sont pas palpables, ils ne sont pas observables, ils n'ont pas de code d'accès...On ne peut pas les posséder...Les ouvrir de force...Les fracturer...C'est à peine si certains peuvent les sentir...sentir...c'est peut-être un des meilleurs termes...

Les interstices, ils sont peut-être une sorte de parenthèse enchantée...Enchantée, car on n'y trouve que les choses les plus belles,les plus bonnes et les plus bien...On n'y trouve que ce qu'on y projette nous-même de nous-même par nous-même, par la grâce de ce que nous avons de plus beau, de plus bon, de plus bien en nous...Peut-être aussi en faisant grâce à tous ceux qui ne les "sentent pas"...En tout cas on y croise toutes sortes d'êtres graciles et gracieux...(Pas gros et gras...;-))

Quelques fois, oh combien plus rares encore, "comme par magie"...quelques uns de ceux qui ont le pouvoir de se glisser par des interstices...deviennent des passeurs...ils permettent aux autres, à ceux qui "ne sentent pas", de faire une belle promenade dans les interstices...et d'en "revenir"avec une provision de beaux rêves...

Enfin...extrêmement rarement...quelques uns de ceux qui ont le pouvoir de silencieusement se glisser dans les interstices suffisamment discrètement, deviennent eux-même un interstice.

Ceux-là...ont peut-être les destins des mondes en eux...Peut-être n'est-ce pas important...Peut-être l'est-ce...Le peu que je sais me pousserait à dire que ceux-là savent se reconnaitre...eux-même...et entre eux...Ceux-là ont peut-être de la chance...Si la chance existe...Parce qu'à eux seuls, ou ensemble, ils sont "tous les possibles"...Ca peut sembler vertigineux...ou fatigant...(tous les possibles...)

Mais le vertige est peut-être justement "cet instant" où tout est possible...et cet instant est un des plus beaux instants qu'un être vivant puisse vivre ou sentir...

Il est malheureux de songer à tous ceux qui "ne sentent pas les interstices"...à ceux qui n'ont pas connu cet instant qui semble une éternité, à ceux aussi qui conçoivent des pièges, des murs, des barrages, freinant l'accès aux interstices...Souvent jaloux d'avoir croisé le chemin de ceux"qui sentent"...Ils tentent de sceller...de sceller les destins, de refermer des pièges, de figer dans le marbre ou dans la pierre, bref, de creuser des tombes dures et rigides. Ceux-là se persuadent atteindre l'éternité, par des statues à leur effigie, ou des monuments impérissables...Ceux-là se trompent misérablement...

Car le vertige et l'éternité ne sont pas immobiles...Ils sont mouvements au ralenti, mouvements furtifs, sons discrets, mais mouvement tout de même...ils sont vie...ils sont...ils sont.

Passer par des interstices, ça fait drôle...encore sans doute un des meilleurs termes...Puisque drôle a plusieurs significations (comme"les possibles" qui sont multiples)

Quand on n'a pas la possibilité de se promener, de flâner...Pour "ceux qui sentent", il suffit d'une seconde, d'un effleurement, d'un ralentissement de la pensée, d'une non-concentration, d'une inattention, d'une hésitation, d'une non-certitude...et hop, on se retrouve dans un interstice...ça fait du bien...;-) D'ailleurs, ça marche bien mieux sans les mots...Ca marche "tout seul"

Y paraît qu'à l'origine était le Verbe....Bah sérieux, je remercie pas Dieu, parce qu'à cause de lui, sérieux, y'a nombre d'êtres vivants qu'on loupé des interstices...
Il a grave bien foutu la merde, Dieu...avec son verbe...Un ami a écrit "ça pense dans ma tête"...Bah heureusement, dans les interstices, "ça pense nulle part" et "ça ferme sa gueule" et c'est vachement bien...quand un être vivant est...sans le verbe.

C'était un pti bout de flânerie ou d'écriture automatique (merci les surréalistes et quelques profs de fac ?); à l'insu de mon plein gré ;-)

A la fois suite à / et simultanément / et pas du tout / à une de mes incursions de promeneur solitaire dans un interstice...

Nota : j'en ai grave chié pour synthétiser, trancher, épurer, simplifier et rendre concret ce concept d'interstice dans un scénario de court métrage super court !!!!!

Nota 2 : à l'école on m'a toujours dit que j'avais du mal à organiser mes plans de dissert ;-) je crois bien que l'écriture du scénario m'appris à être rigoureuse...
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Message par Phedre Jeu 8 Oct 2009 - 18:44

En passant merci Invité ;-)

Lilipop ton texte fait écho en moi ;-) quand j'avais 15 ans, j'écrivais sur les hommes en gris (avec des cernes rouges) et les zombies...Merci...


Alors j'avais 14 ans ;-) :

Qui suis-je, que sais-je, qui fuis-je ?
Que faire que dire, sourire ?

Quel être, quel homme, qui peut, qui veut ?
Que faire, que dire, écrire ?

Qu'est-ce, que vois-je, où est le vrai, où est le beau, où est le sage ?
Quel est le sens, le sens des mots ?
Que faire que dire, se rendre, se vendre, s'occir ?
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Message par lilipop Jeu 8 Oct 2009 - 22:04

Sur ta peau, entre tes zébrures, dans tes interstices, je me suis reconnue
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Message par Phedre Jeu 8 Oct 2009 - 23:22

Merci et merci...et merci...ça m'aide...
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Message par Phedre Ven 9 Oct 2009 - 12:40

J'ai souvent repensé à ce poème ces derniers temps...Notamment à partir de réflexions sur "les apparences" et ce premier quatrain et ce dernier tercet qui me parlent...;-)

Du Bellay

Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome
Et rien de Rome en Rome n'aperçois,
Ces vieux palais, ces vieux arcs que tu vois,
Et ces vieux murs, c'est ce que Rome on nomme.

Vois quel orgueil, quelle ruine : et comme
Celle qui mit le monde sous ses lois,
Pour dompter tout, se dompta quelquefois,
Et devint proie au temps, qui tout consomme.

Rome de Rome est le seul monument,
Et Rome Rome a vaincu seulement.
Le Tibre seul, qui vers la mer s'enfuit,

Reste de Rome. Ô mondaine inconstance !
Ce qui est ferme, est par le temps détruit,
Et ce qui fuit, au temps fait résistance.
Phedre
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Message par Phedre Mar 20 Oct 2009 - 19:14

Bouhouou elle est tellement aléatoire la culture, que y'en a pu ??? ;-)
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Message par éden Mer 21 Oct 2009 - 1:04

http://maryetmax.gaumont.fr/ -> je vous conseil ce film très nous.
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Message par Phedre Jeu 22 Oct 2009 - 17:56

Voui y paraît...un ami (certainement zébré) m'a dit la même chose.....un ami bien zarbi, bien "aspergé" je dirais lol!
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Message par Phedre Dim 1 Nov 2009 - 11:27

Pour faire plaisir à Invité, à Athénaïs, pour le mien... et à qui veut...;-)

le banquet (Platon) ou un échange sur les différentes formes de l'amour...Qui se termine par celle-ci...

Diotime : Celui qu'on aura mené jusqu'ici sur le chemin de l'amour, après avoir contemplé les belles choses dans une gradation régulière, arrivant au terme suprême, verra soudain une beauté d'une nature merveilleuse, celle-là même, Socrate, qui était le but de ses recherches antérieures, beauté éternelle, qui ne naît ni ne meurt, qui ne souffre aucune augmentation ni diminution, beauté qui n'est point belle d'un point de vue et laide d'un autre, belle en un temps laide en un autre, belle sous un rapport laide sous un autre, belle quelque part laide ailleurs, belle pour les uns laide pour les autres ; beauté qui ne se présentera pas à ses yeux comme un visage, des mains ou une forme corporelle, mais pas non plus comme une démonstration, une connaissance, pas comme quelque chose qui existe en autrui, par exemple dans un animal, la terre, le ciel ou autre chose ; beauté qui au contraire existe en elle-même et par elle-même, simple et éternelle, de laquelle participent toutes les autres belles choses, de telle manière que leur naissance ou leur mort en lui apporte ni augmentation ni amoindrissement, ni altération de quelque ordre que ce soit. Quand on s'est élevé, par un amour bien compris des jeunes gens, des choses sensibles jusqu'à cette beauté et qu'on commence à l'apercevoir, on est bien prêt de toucher au but ; car la vraie voie de l'amour, qu'on s'y engage de soi-même ou qu'on s'y laisse conduire, c'est de partir des beautés sensibles et de monter sans cesse vers cette beauté surnaturelle en passant graduellement d'un beau corps à deux, puis de deux à tous, puis des beaux corps aux belles actions, des belles actions aux belles connaissances, pour arriver à partir de ces connaissances à cette connaissance qui n'est autre que la connaissance de la beauté absolue et pour connaître enfin le beau tel qu'il est en soi.
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Message par Phedre Jeu 11 Fév 2010 - 12:43

Pour ceux qui ont des couilles :
http://remacle.org/bloodwolf/philosophes/platon/cousin/alcibiade1.htm


ALCIBIADE: Crois-tu que je ne puisse savoir d'ailleurs ce que c'est que le juste et l'injuste?

SOCRATE: Tu le sais si tu l'as trouvé.

ALCIBIADE: Et crois-tu que je ne l'aie pas trouvé ?

SOCRATE: Tu l'as trouvé si tu l'as cherché.

ALCIBIADE: Penses-tu donc que je ne l'aie pas cherché?

SOCRATE: Tu l'as cherché si tu as cru l'ignorer.

ALCIBIADE: T'imagines-tu donc qu'il n'y ait pas eu un temps où je l'ignorais?

SOCRATE: Très bien dit. Mais peux-tu me marquer précisément ce temps où tu as cru ne pas savoir ce que c'est que le juste et l'injuste? Voyons, était-ce l'année passée que tu le cherchais, croyant l'ignorer? ou croyais-tu le savoir? Dis la vérité, afin que notre conversation ne soit pas vaine.

ALCIBIADE: Mais je croyais bien le savoir.

SOCRATE: Et il y a trois, quatre et cinq ans, ne le croyais-tu pas de même?

ALCIBIADE: Oui.

SOCRATE: Avant ce temps-là tu n'étais qu'un enfant, n'est-ce pas?
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Message par Phedre Jeu 11 Fév 2010 - 12:45

LE MOUTON NOIR ET LA CONNAISSANCE Wink

4 hommes se baladent en train en Australie. en passant, ils voient le profil d'un mouton noir, en train de brouter tranquille...

- Le premier homme, prétend avec force qu'on peut conclure que tous les moutons sont noirs en australie

- Le second dit que tout ce qu'on peut conclure, c'est que certains moutons sont noirs, en australie...

- Le troisième affirme que la seule chose que l'on sait, c'est que au moins un mouton est noir, en australie...

- Le dernier, un sceptique, dit que la seule chose certaine, c'est qu'il existe un mouton dont un des côtés est noir...
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Message par Phedre Jeu 11 Fév 2010 - 12:45

TINA !! Wink

Tina, serait un raccourci utilisé par les anglais pour qualifier la phrase préférée de la reine d'Angleterre...

There Is No Alternative
(Il n'y a pas pas d'alternative)

Cette assertion réductrice, empêche d'avance toute contre attaque verbale. Wink
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Message par Invité Jeu 11 Fév 2010 - 13:18

A voir : la revue du même nom (dont les auteurs et créateurs sont des amis Wink )

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Message par Phedre Jeu 11 Fév 2010 - 18:47

Nan ! Trop bien !! Pas de lien internet ?? Wink
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