Leigh_Day tente une présentation

Bonjour ou bonsoir,

Me voici parmi vous. Je suis un peu impressionnée car vous semblez former une communauté très active et vaste. Je me demande si j'y ai ma place.
J'arrive ici sur le tard. J'ai 26 ans. Non, 27 ans et bientôt 28 et un bel historique de brassage d'air et de perte de temps comme d'énergie derrière moi. Mon moto c'est être "pro-active" pour essayer de m'en sortir et comme je commence à être à court d'idées, je me tourne vers internet. Je me tourne vers cette vaste communauté.

On m'a diagnostiquée un TDA il y a à peu près 4 ou 5 ans. Schéma classique: enfant qui s'ennuie à mourir à l'école mais qui présente de très bons résultats jusqu'à la fin du cursus obligatoire. Puis, c'est le collège (lycée pour les français) public mais malheureusement catholique et vachement rétrograde. Je ne travaille pas comme on le voudrait, du coup on ne m'épargne rien; des remarques blessantes aux "punitions pour l'exemple car de toute manière, toi tu ne finiras pas ton collège et ne feras pas d'études". Ça leur a quand même pris 3 ans pour me pousser à la dépression et détruire toute estime de moi-même. Ma mère ne se décourage pas. J'ai beau lui répéter que je ne vaux rien et qu'il me faut un métier des plus bêtes et faciles. Elle décide de se saigner pour me payer une école privée, une psy et bien malgré elle, un teste de QI histoire que j'arrête de rabâcher que je suis stupide. Deux ans plus tard, à la surprise de tous (et surtout de moi) je décroche le diplôme de Maturité Fédérale (comprenez le Bac) alors que personne ne m'a jamais vu bûcher, réviser, travailler, etc. Je l'ai eu à la culture générale, un peu. Au culot / la chance, beaucoup.

J'ai un diplôme mais je suis toujours affreusement mal dans ma peau, dans ma tête, dans ma vie. Je commence une première fois l'uni. Mais c'est pas ça. J'arrête. Je travaille un an. Puis, je replonge. Pas confiance en moi. Pas d'ambition. Pas grand chose. Un an de plus à faire plus ou moins rien. Je rencontre ce garçon qui pense que vraiment selon lui "j'ai la capacité de faire des études". C'était un garçon très spécial. Il n'aime pas les gens. Jamais il n'aurait dit quelque chose qu'il ne pense pas juste pour être gentil. J'accepte. Je me réinscris à l'uni. Nous sommes à la rentrée 2011/2012.

Je reprends les cours. Le départ est difficile car comme j'ai peur d'échouer, évidemment je m'assure d'échouer. Après un semestre me voilà aux rattrapages. Et là, c'est la grosse blague. Je brille aux rattrapages. Je continue mon cursus. J'étudie les Lettres. L'histoire de l'art et le cinéma. Les semestres suivant, je m'en sors étonnamment bien au vue du peu d'effort que je fournis. Je dois l'admettre. Je suis douée. Sauf que je suis aussi mon pire ennemi. Partiels après partiels les angoisses augmentent. Une partie de moi y croit et l'autre s'évertue à me pourrir la vie avec des idées toujours plus noires. Je développe un trésor de stratégies pour court-circuiter le moi auto-destructeur. Souvent ça marche. Enfin, ça marche la première fois et puis il faut trouver autre chose. S'en est épuisant alors des fois je ne trouve pas l'énergie. Plusieurs fois, je détale avant d'entrer dans la salle d'examen. Une autre fois, j'annonce à mes professeurs que j'arrête tout. Sauf que je suis dans une spirale d'angoisses. S'en suit un séjour de 3 semaines en hôpital psychiatrique. Les soins sont lamentables, mais je fais tout mon possible pour tirer un maximum de ce qui est pour moi "le fond du bac". Je lis, j'écris, j'observe. Comme toujours on me pense dépressive ou borderline. Je fais avec.

Finalement, j'essaie de retourner à l'université. J'essaie d'aller au bout. Mais je n'y arrive pas. Non pas que c'est trop difficile, loin de là. Il ne me reste que 3 petits papiers à rendre. Des synthèses de présentations orales. Le travail est déjà fait. Mais il y a cette satané partie de moi qui refuse de s'accomplir. Qui refuse de réussir. Est-ce parce qu'on m'a dit, jadis, que je n'y arriverai jamais? Est-ce parce que j'ai peur de passer à l'étape suivante? Je ne sais pas. Cela dit ce qui m'inquiète, c'est cette absence totale d'ambitions, d'envie, de vision d'avenir. Je réalise que rien ne me fait rêver. Il n'y a nulle part où j'aimerais être. Il n'y aucun métier que j'aimerais faire. Il n'y aucune vie que j'aimerais vivre. Pour moi, l'avenir n'existe pas. Je ne vis que l'instant présent. Sauf que sans objectif, il n'y a pas de motivation. Et sans motivation, on ne fait rien de sa vie. Cela est-il arrivé à quelqu'un? Les rares fois où j'en parle, j'ai l'impression d'être un extra-terrestre. Mais je dois l'avouer, dans ce monde où le refrain est "la vie est merveilleuse" ou "vis tes rêves plutôt que de rêver ta vie" (misère que c'est cheesy) et bien quelqu'un qui ne chéris pas franchement la vie et qui n'a pas de rêve, ça sonne bizarre. (Petit détail, je n'ai aucun rêve conscient, mais par contre il n'y a pas une nuit sans que je rêve des aventures folles.)

Donc, me voilà ici. Avec l'espoir de trouver peut-être de nouvelles stratégies pour vivre normalement et peut-être, qui sait, y prendre du plaisir.
Merci à toi et à toi aussi d'être allé jusqu'au bout de cette présentation. Je suis consciente que parfois c'est chiant les pavés biographiques.

Je suis un peunaze ce soir je lirai plus tard en attendant bienvenue à toi

(re-)Bienvenue, Leigh_Day !

Non, c'est pas chiant, les pavés biographiques, quand ils sont bien écrits. Jolie utilisation du gras, par ailleurs.

Bravo pour tout ce que tu as traversé, surmonté. C'est sans doute très galvaudé et rabaché de te le dire, mais à te lire, je pense que tu y arriveras, à finir, à aller au bout. Au moment opportun. D'ici là, j'espère que fouiner dans la masse de messages du coin t'apportera, sinon des solutions, du moins quelques sourires.

Bonnes lectures, bons échanges !

Merci
Repose-toi bien. Y a NCIS à la télé. C'est nul mais au moins c'est bien soporifique.

Merci beaucoup Ardel pour ces mots qui réchauffent bien le coeur. J'espère que nous aurons l'occasion de converser.
Belle soirée à toi.

T'as que 28 ans, y a pas le feu au lac !

Vivre normalement, je ne sais pas ce que c'est ?

Avec l'espoir de trouver peut-être de nouvelles stratégies pour vivre normalement et peut-être, qui sait, y prendre du plaisir.

Comme prendre quelques mois ou plus ailleurs qu'en Suisse... ?
Voyager, en fonction des moyens, prendre l'air d’autre part...

Nombreux et nombreuses sont ceux et celles de notre génération qui le font, chacun à leur façon.
Working holidays visa, Erasmus, volontariat, road trip, ...
Partir pour mieux revenir, si les attaches sont fortes.
Le moment présent dans d'autres contextes, seule ou avec d'autres personnes.
Et peut-être reprendre sa voie là où elle était, mais avec le petit "je-ne-sais-quoi" qui fait la différence.
En moins de deux ans, de nouveau sur les rails.




J'ignore comment ça roule en Suisse, qui plus est pour les "hpi", mais tu trouveras surement de quoi recharger les batteries dans ce drôle forum plein de vie. (et il y en a d'autres qui vivent en Suisse, s'il y a des rencontres... )

Pour le reste, faudra jouer un peu des coudes et se tenir éloigné des polémiques pour s'y sentir à l'aise. Des membres se côtoient ici ou dehors depuis des années, et il y a aussi du n'importe quoi n'importe qui, demeurant un espace public et médiatisé. Peu d'étonnement à avoir lorsque tu observeras la familiarité cassante avec laquelle les membres peuvent s'exprimer dans divers topics. Sans s'en inquiéter, à prendre avec pincettes.

Courage pour cette croisée de chemin.
Bienvenue ici en tout cas.




(Chouette écriture
)

Bonjour,
Moi j'ai trente ans et je viens d'arriver sur le forum.
Je suis comme toi pour l'absence d'envie et les rêves la nuit. J'ai pourrais même écrire des nouvelles sur ces rêves. Personnellement, ce que je cherche maintenant, c'est quelque chose de plus grand que moi, dont je pourrais faire partie. Quelque chose qui vaille la peine. Un troupeau de zèbre par exemple.
Bienvenue, j'espère que tu trouveras.
Bon courage,
Et bonne journée.

Lyade a écrit:Comme prendre quelques mois ou plus ailleurs qu'en Suisse... ?
Voyager, en fonction des moyens, prendre l'air d’autre part...

Bonsoir Lyade,

Tout d'abord merci beaucoup d'avoir pris le temps de m'écrire, pour ton soutien et les précieux conseils concernant le forum.

C'est fou que j'aie fait l'impasse sur les voyages dans ma présentation. Elle est là, ma stratégie principale. Je voyage autant que je peux car c'est comme ça que je me sens vivante. J'ai commencé très tôt. A 12 ans, je partais seule aux Seychelles. A 17 ans, j'ai fait mon premier road trip ou plutôt rail trip seule en InterRail sans aucun aucun itinéraire prévu. Et après avoir décroché ma Matu, je suis partie à l'arrache m'installer à Londres où j'ai bossé 6 mois. Je pars en sac à dos. Je fais de l'auto-stop. Je sais rarement où je vais dormir. Mais je finis toujours par trouver.

Depuis, je n'ai jamais arrêté. Je pars seule ou avec un/une ami(e). Je recherche l'aventure et le frisson. Je me mets même parfois en danger ou simplement dans de grosses galères. Je ris. Je pleure, mais avant tout je m'éclate. Le dernier gros voyage en date, c'est le mois de juin sur les routes de la West Coast entre Vancouver et San Diego.
Les récits de mes voyages ont tendance à émerveiller mes interlocuteurs. Donc, ma tendance à vivre uniquement le moment présent n'a, de loin pas, que des inconvénients (un passage au rayon "Développement personnel" des librairies pour voir que ça fait même rêver la ménagère).

Mais ce n'est pas la vraie vie. Loin de la routine chiante du quotidien et des obligations pas drôles du tout, c'est sûr que tout est plus facile. Cependant, ce n'est pas la réalité. Cette dernière nous attends patiemment à la maison, sur le pas de la porte, un rouleau à pâtisserie à la main (indispensable pour un retour à la réalité tout en douceur).

J'aimerais bien trouver un moyen de ne plus utiliser les voyages pour fuir la réalité. Apprécier autant le réalité que l'aventure. Aimer partir, mais aussi aimer revenir. Réussir à trouver un petit coin où je serais bien. Et une raison de me lever le matin au lieu de me réfugier le plus longtemps possible dans mes songes et mes chimères.

Myve a écrit: Personnellement, ce que je cherche maintenant, c'est quelque chose de plus grand que moi, dont je pourrais faire partie. Quelque chose qui vaille la peine. Un troupeau de zèbre par exemple.
Bienvenue, j'espère que tu trouveras.  

Bienvenu à toi aussi
Je te souhaite du succès dans ta quête. De pouvoir formuler tes désirs me parait être un très bon début.
Belle soirée.

Ce weekend, je suis tombée sur ce TED talk par Emilie Wapnick. Comme j'ai trouvé ces 12 minutes et des poussières très inspirantes, je me permets de les partager avec quiconque s'égarera sur mon post. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.




Une phrase clé selon moi: "I thought I would eventually have to pick one thing, denial all my other passions and just resign myself to being bored."
("Je croyais que je devrais finalement choisir un seul truc, renier toutes mes autres passions et simplement me résigner à m'ennuyer" (ndlr: à vie.... ) )

Cette simple idée a longtemps causé de l'anxiété à Miss Wapnick et je me retrouve complètement dans son récit. Excepté que j'ai l'impression d'avoir glissé vers l'étape suivante. Celle où on se dit que "finalement vu qu'on arrive pas à tenir la moindre passion sur le long terme, autant ne même plus en développer aucune" (et devenir une grosse blasée de la vie...)

LES SUPER POUVOIRS DES "MULTIPOTENTIALITE"

1. Grande capacité de synthèse des idées
   
2. Apprentissage rapide
   
3. Adaptabilité

Ce sont des atouts que je reconnais chez moi, mais que je veux apprendre à valoriser. De cette manière, j'aurai peut-être moins de temps pour me comparer aux autres et me sentir minable de par mon incapacité à aller au bout de quoi que ce soit.

Bienvenue

Nouveau pour ma part également, je partage certains sentiments que tu as mis en avant dans ta présentation, très bien faite au passage, et certaines caractéristiques. L'envie de ne pas réussir notamment, souvent, par le passé, j'ai multiplié les projets en sachant pertinemment que je ne verrai en aboutir aucun. Parce que d'une part c'était légèrement euphorisant de faire plein de choses différentes, principalement pour conjurer l'ennui, puis parce que c'était une fuite en avant plutôt confortable. En revanche c'est porter un regard amer sur ça (au même titre que tu considères tes voyages comme une fuite de la réalité) que de n'y voir que du placebo, je pense qu'au contraire, ça nous a forgés en un sens qu'on ne peut pas, parfois, conscientiser ou qu'on refuse de voir par orgueil. Qu'est ce qui te plaît dans le voyage ? La perte de repère, l'adaptation, le frisson de l'inconnu?

Bonne soirée