Ma vie, Dieu, l'amour et toutes sortes d'autres conneries

Avant toute chose, je souhaiterais accueillir chaleureusement le lecteur anodin qui, mû par une curiosité irrépressible, guidé par la lueur pâle du destin ou dévasté par l'ennui, fait le choix de lire mon histoire. Par ailleurs, au regard de mes 22 ans d'expérience dans la vie, je suis désormais porteur d'une conviction : il vaut toujours mieux lire en ouvrant les yeux. Ainsi, je conçois le lecteur à présent alerte, le sourcil haussé, figé dans un élan de stupeur et affirmant avec ardeur son désir d'aventure...

Enfant, je rêvais beaucoup et parlais peu. De nature solitaire, je trouvais en mon intérieur un monde imaginaire fabuleux en lequel me réfugier lorsque, confronté aux dures lois du préau, j'éprouvais soudain le besoin d'être heureux avec moi-même. Quand mes parents s'en sont aperçus, ils m'ont envoyé chez le psy.

- Cet enfant est insolite ! Confia-t-il. Il coordonne parfaitement perception de l'espace et graphomotricité. Il faut faire quelque chose !

J'ai sauté une classe. C'était une idée grotesque, simpliste et naïve. Contrairement aux idées reçues, avoir appris ses tables de multiplication à 7 ans plutôt qu'à 8 ne se révèle d'aucune utilité sur un CV. En revanche, j'ai régulièrement connu l'exclusion, le rejet social et la frustration dont le goût amer évoque vaguement celui du café noir bien mérité que je vais m'accorder à présent que ressurgissent les souvenirs douloureux du passé.

La science me fascine. Je la rejoins souvent à l'orée du jardin merveilleux où fleurit la connaissance. Là, allongée à mes côtés sur l'herbe tendre, elle me laisse parfois convoiter ses formes généreuses astucieusement ordonnées en un bouquet subtil d'équations. Je la trouve belle dans sa complexité. Du bout des doigts, j'interroge son corps. Je la sens frémir sous mes caresses, prête à céder. En un instant, voici que nous nous livrons l'un à l'autre dans une étreinte passionnée. Pourtant, au moment d'effleurer tendrement son intimité à demi révélée, elle m'arrête.

- Tu te poses trop de questions, me chuchote-t-elle à l'oreille.

Et déjà la voici qui s'éclipse à l'horizon telle une ombre fragile, me laissant derrière elle affamé de ses secrets, assailli par le doute et toujours enflammé de désir.

Je nie fermement l'existence de Dieu. Par ailleurs, je vis très bien avec l'idée qu'il n'y a rien après la mort sinon un festin d'asticots. Pour moi, les croyants cherchent du sens dans la mauvaise direction. C'est dans la tortuosité du raisonnement logique que se cache le sentiment de plénitude véritable, et non dans le discours du prêtre larmoyant, sermonnant une foule de convives lessivés par la dure vie en usine et désespérément assoiffés de lobotomie.

En ce qui concerne l'art, pour être honnête, je n'y connais rien. Étant allergique à la poussière des jours anciens, je fréquente assez rarement les musées. De surcroît, je ne saurais apprécier à leur juste valeur les trésors lyriques d'un autre âge dont sont si friands les intellectuels secoués d'émotions authentiques. Également vacciné contre le romantisme stérile, je suis partisan d'un amour qui décoiffe. Du reste, je dois avouer que je suis très sensible à la délicatesse des mots. Et assez doué pour dire ce que je ne pense pas. C'est une façon de vivre.

Au plaisir,

Kin

En cette matinée du solstice, je souhaiterais partager avec vous mon enthousiasme. J'ai récemment fait l'acquisition d'un ancien sabre japonais si tranchant qu'il peut aisément découper une plaque de beurre de 2 centimètres d'épaisseur. Je compte m'en servir régulièrement pour confectionner de délicieuses tartines après l'entrainement d'aïkido.

Bonne journée !