Ecrire avec des oeillères,

En fait, lorsque je lance des sujets sur ce forum, avec ou sans conviction, je suis empli de cette auto-satisfaction du type "je ressens cela, donc j'ai raison de le ressentir et maintenant le monde entier peut être au courant."
J'exhibe, loin de tous mes besoins d'intimité, mes sentiments et convictions et les brandit comme un bandit son butin : "haha, regardez ce que je saisis à mon inconscient, ce vil gredin que je soumettrai et qui me lèchera les bottes quand j'en aurai fini avec lui."

Et puis, je lance le sujet et m'en fiche complètement des réponses.
Enfin du moins, je fais semblant.
Cette attitude "je-m'en-foutiste" n'est pour moi que la facade du mec qui revient tout le temps à sa boîte mail à attendre que sa copine d'autrefois, Sophie, lui réécrive.
Et je mets à jour tout le temps "mes messages", pour voir si quelqu'un, de préférence d'établi sur le site/forum, daigne bien répondre à ces élucubrations.

Alors voilà, je ne sais si je suis horrifié par ces prises de conscience, ou simplement amusé.
Peut-être suis-je les deux à la fois.
Aucune réponse ne me satisfait et ne me rassure, comme un enfant pris dans les bras par un adulte lors des moments vécus comme des épreuves.
J'aimerais aimer et totalement le laisser aller ( le bondage, SM et co, je m'y retrouve peu ), j'aimerais me dissoudre dans un cadre qui survit à mes humeurs et m'y encourage avec affection, appréciation et simplicité de coeur, joie et espoir.
Je ne trouve que peur partout où j'exprime mes tréfonds et les ténèbres qui me rongent, comme tout.e un.e chacun.e.

Qui êtes-vous à vous laisser faire par vos peurs ?

Je préfère écrire, quitte à être détruit, que chaque mot soit réduit à la poussière.
Je ne prendrai Rome, mais si tous les chemins y mènent, ma patrie sera dévastée et réduite au sable du désert d'où jamais je n'aurais voulu partir en premier lieu.

Rien ni personne au-dessus de moi : la chute est la seule référence.
Icare.