Salutations!

Bonjour à tous et toutes!

Je vous suis depuis quelques années maintenant, à distance, en cachette devrais-je dire. Cela me réconforte de vous lire, car je me sens moins seule. Je n'osais pas m'inscrire, car je suis timide et j'ai toujours un peu peur des forums. Mais voilà, je l'ai fait! 

Euh il faut se présenter je crois. Alors je tente!

Mon aventure zébresque a commencé par une remarque de mon père quand j'étais petite. Il m'a dit que j'étais très intelligente, peut-être "trop". (Gnééé???   sur le moment, j'ai cru qu'il se moquait de moi).
Quelques années plus tard, après avoir doublé voire triplé mes moyennes dans quelques matières pour éviter un redoublement (avouons-le, l'école, c'est... soporifique? ), et des interrogatoires musclés pour savoir pourquoi je pouvais passer de 20 à 0 et de 0 à 20 du jour au lendemain, j'ai commencé moi aussi, à me poser des questions... Diable pourquoi ne suis-je pas comme mes camarades qui sont soit excellents soit nuls? Pourquoi mes notes font-elles des montagnes russes au lieu de faire une jolie courbe comme tout le monde? La mienne de courbe, c'était les dents de la mer!
Réflexion, réflexion, cerveau qui fume, pas de solution. Tant pis, je dois être nulle, tout simplement. Mon cerveau est mal formé ou quelque chose du genre (voui je pensais vraiment ça à l'époque :/).
Tfaçon, vu que je passais tout mon temps libre à dessiner, lire ou jouer sur l'ordinateur, je devais forcément être mauvaise élève.
J'ai survécu au lycée, j'ai eu le bac avec une petite mention, et hop arrivée à la fac. La première année de fac, c'est comme se prendre une porte doublée de fer: ça fait mal! Malgré la bonne petite école où j'avais été, je n'avais pas le même niveau d'éducation que mes camarades, tous des têtes heureuses d'avoir été nourries à la cuillère dorée. J'ai ramé, ramé, ramé pour rattraper tout ce beau monde. A la fin de l'année, je songeais à changer de filière car je me sentais en total décalage avec le reste de ma promo. Ils étaient tous là à cause de leurs parents ou parce qu'ils ne savaient pas quoi faire d'autre. On était 2 à être là parce qu'on était absolument passionnées par les matières qu'on avait... J'avais l'impression de bosser pour rien (bon honnêtement, je bossais entre deux parties d'Assassin's Creed et autres jeux)

C'est là que j'ai reçu mon premier électrochoc: une rencontre, avec un de mes professeurs, m'a ouvert les yeux. Ayant osé lui faire part de mes doutes et de mes craintes, il a tout balayé en quelques phrases: "peu importe qu'on ait la licence avec 10 de moyenne, peut importe qu'on ait le master avec 10 de moyenne, peu importe qu'on ait un doctorat avec 10 de moyenne. Ce qui importe, c'est le chemin parcouru, car la note n'apparaît pas sur le diplôme." 
I was chocked 
Cet éminent professeur venait en gros de me dire que je me prenais la tête pour rien...
Et cela m'a débloqué: j'ai eu ma licence, mon master (avec plus de 10 quand même) et je suis actuellement en doctorat.

J'ai eu un 2e électrochoc quelques années après: un ami travaillant sur une application de réalité augmenté m'a demandé de la tester. Il fallait retenir successivement des objets, leur nom, leur localisation dans l'espace, les gestes utilisés pour les placer: une sorte de jeu de memory en 100 fois pire xD A la fin, mon ami m'a dit que j'avais fait le même score qu'un de ses amis surdoué avéré et il m'a demandé si je l'étais. Comment cela pouvait-il être possible, moi qui était nulle à l'école?   Certes, mon papa est un zèbre, ma maman sans doute aussi. Mais moi? non non non sûrement pas!

Puis vint le 3e électrochoc, et c'est grâce à ce coup de jus que je suis ici: j'ai rencontré des gens comme moi! 
Je suis professeur au collège depuis quelques années maintenant, et c'est là que j'ai rencontré mes premiers zèbres (j'en ai sûrement rencontré avant, mais sans le savoir). Entre autre une collègue avec qui je parlais beaucoup de ce que je ressentais et qui a finit par m'indiquer le site d'une de ses amies zèbres, qui orientait lui-même vers ce forum! Ensuite j'ai rencontré plusieurs élèves qui étaient mes portraits crachés intellectuellement et je les ai aidé à réaliser qu'ils n'étaient pas "bizarres". C'est pour eux que j'ai commencé à lire davantage de littérature à propos des surdoués et de leur intégration à l'école (j'avais déjà lu le livre "Trop intelligent pour être heureux", qui a été le livre le plus bizarre que j'ai lu: c'était comme un miroir de toute ma vie).

J'ai bien sûr, pour m'amuser, fait les tests qui étaient proposés. Avec la quasi totalité des réponses concordantes, j'ai arrêté de rire: et si j'étais vraiment surdouée?  
Test? Pas test? 
Je me suis renseignée. Pour faire le test, il faut un psychologue. ça dure plusieurs jours. A la fin on vous donne votre QI et plein d'autres petites informations. Euh wait what???   
QI: quotient Intellectuel. Quotient. Mathématiques. Chiffres. Au secouuuuuurs 
Peut-on vraiment mettre un chiffre sur l'intelligence? J'en doute. Dubito ergo cogito, cogito ergo sum (je doute donc je pense, je pense donc je suis).
Pour le moment donc, pas de test, tant qu'on ne m'aura pas prouvé qu'à l'issue de ce test on ne nous met pas dans une case, avec un numéro... (je ne veux pas d'un numéro de plus!!! ) Et j'avoue que c'est aussi parce que j'ai la flemme de répondre à des centaines de questions qui vont sûrement m'endormir... u_u'
Pour vivre heureux, vivons cachés.

Mais alors pourquoi est-ce que je viens de m'élancer dans la plaine avec vous, chers zèbres? 

bah parce que j'en ai marre d'être seule... marre qu'on me regarde comme une Ovni  parce que:
-j'ai avalé tous les livres du CDI avant la fin de ma scolarité
-j'ai dévoré toute la collection des Lancedragons à 7 ans
-je rêve souvent en anglais, parfois en allemand et en latin
-j'ai de très bonnes mémoires visuelle, auditive, tactile et olfactive
-je suis autodidacte dans beaucoup de domaines (langues, informatique, dessin...)
-j'ai de nombreuses passions (écriture, dessin, musique, danse, nature, cuisine, photographie, 3D, jeux vidéos, bricolage, numismatique...)
-je pense trop (en tout cas c'est ce qu'on me reproche tout le temps :/)
-je peux être exubérante quand je suis à l'aise avec les gens, sinon je reste cachée dans un coin et je ne bouge pas (on me voit, on me voit pas)
-j'ai un sens de l'humour parfois difficile à suivre (surtout le soir quand je suis fatiguée)
-je suis trop altruiste
-je suis une éponge à sentiments hypersensible
-je suis trop franche
-je suis seule sur le sable

Voili voilou, merci à celles et ceux qui auront eu le courage de lire ma petite (grande?) présentation. 

.

Super! Merci beaucoup ! ça me rassure un peu de savoir que le test n'est pas obligatoire! 

Ah oui plusieurs centaines d'euros quand même :/ c'est le seul détail que je n'avais pas réussi à trouver: le prix. Si c'est aussi cher que ça, en effet, c'est louche je trouve... Pourquoi faire payer aussi cher pour un test??? 

.

Welcome!

Anthousa a écrit:I was chocked 

Désolée, ça m'a piqué les zoeils : shocked

ah pas de franglais? :/

.

Anthousa a écrit:ah pas de franglais? :/

J'ai cru qu'c'était une fôte  

ortolan a écrit:Tu ne t'es pas étouffée au moins, j'espère, Tartif' ?

Je suis toujours vivante

Salut et bienvenue chez toi !

Tu verras, c'est qu'une question de temps, tu prendras très vite tes marques !
Il y a des zèbres heureux de l'être, et d'autres qui ont besoin d'outils pour se sentir plus épanouis.

Personnellement je n'arrive pas à occulter la misère du monde et la pollution, mais je sais que je peux agir a mon échelle... Justement je passe mon temps libre à rencontrer des profs et des écoles spécialisées : avant de reprendre mes études, j'essaie de prendre la température. Pour avoir le plus d'impact, j'aimerais bosser dans le public. Mais j'aurais davantage ma place en tant que prof montessori ou educateur spé. Et toi, comment trouve tu ta place en tant que prof ? Y a des trucs qui vont bien, d'autres à améliorer ?

Félicitation pour le chemin parcouru et bienvenue!

doc-pisto-colle a écrit:Salut et bienvenue chez toi !

Tu verras, c'est qu'une question de temps, tu prendras très vite tes marques !
Il y a des zèbres heureux de l'être, et d'autres qui ont besoin d'outils pour se sentir plus épanouis.

Personnellement je n'arrive pas à occulter la misère du monde et la pollution, mais je sais que je peux agir a mon échelle... Justement je passe mon temps libre à rencontrer des profs et des écoles spécialisées : avant de reprendre mes études, j'essaie de prendre la température. Pour avoir le plus d'impact, j'aimerais bosser dans le public. Mais j'aurais davantage ma place en tant que prof montessori ou educateur spé. Et toi, comment trouve tu ta place en tant que prof ? Y a des trucs qui vont bien, d'autres à améliorer ?

Eh bien j'adore mon métier /o/ mon parcours pour trouver ma place est un peu bizarre car au départ je ne voulais surtout pas être prof (je suis timide, alors des classes de 30 ou 40 élèves euh...). Par contre j'adore aider les autres et partager mes connaissances, alors dès le lycée, je donnais des cours particuliers. Une année, mon ancien établissement m'a appelé pour me demander de donner des cours de grec ancien à des classes de collège et lycée. 6h par semaine. Je me suis laissée tenter car j'adore les langues anciennes et je voulais voir ce que ça allait donner. Eh bien je n'ai pas été déçue, bien au contraire  un peu plus tard on m'a appelé pour remplacer une prof de français: nouveau test! Je me suis retrouvée à 22h de cours par semaine, 6 classes différentes, dont une classe de seconde de 36 élèves 
ça a duré quelques mois, mais ça m'a tellement plu que j'ai postulé pour être contractuelle l'année suivante. J'ai obtenu un collège rep et de fil en aiguille j'ai passé le capes. ça fait 5 ans au total que j'enseigne et je ne regrette rien. Etrangement, j'ai fait comme toi le choix du public en pensant y être plus utile: je viens du privé à la base, et je voulais appliquer les méthodes du privé au public pour sauver un maximum d'élèves (une vraie croisade /o/) mais c'était sans compter sur le côté obscur de l'EN! :/

J'adore faire réfléchir mes élèves, les pousser à donner le meilleur d'eux-même, les voir réussir alors qu'ils n'y croyaient pas... Je suppose que cela me donne l'impression d'être utile et qu'en plus c'est une forme de bonne action. J'aime beaucoup moins les disputer ou les gronder, mais c'est parfois nécessaire. Et je suis extrêmement fière  quand certains viennent me dire que grâce à mes cours ils ont enfin compris quelque chose, ou lu des livres alors qu'ils détestaient lire.
Il ne m'est arrivé qu'une seule fois de me heurter à une élève vraiment difficile, car aucune méthode de pédagogie ne semblait fonctionner. C'était une miss HQI hyperactive, un paquet de nerfs rebondissant lâché dans ma classe, qui chantait et insultait à tout va et dont personne ne voulait, sauf moi parce que j'arrivais à la faire travailler un peu quand même. Il n'y a qu'à la fin de l'année que j'ai trouvé ZE moyen de la faire travailler à chaque cours. Je regrette de ne pas l'avoir trouvé plus tôt, mais j'en ai parlé à ma direction pour qu'on puisse prévenir les futurs collègues. Je n'ai que des bons souvenirs de mes classes précédentes et de mes anciens élèves (même de celui qui m'a accidentellement mis un coup de poing dans les côtes alors que j'essayais d'empêcher une bagarre xD).

Donc pour résumer je dirais qu'elle est là ma place: chercher des solutions aux problèmes liés à l'éducation, pour mener ces enfants sur la route de la compréhension du monde afin de les voir devenir des adultes accomplis

Enfin ça c'est la partie licorne rose et nuages de barbe à papa... Parce qu'il y a un côté obscur   (forcément, par deux ils vont toujours...)
Et le dark side, c'est...
(dangereux à dire  mais j'ose, oui j'ose!)
c'est... les autres adultes ! ><'

Pas tous, hein, car il y a quand même plein de gens sympathiques ^^ 
Mais les jaloux, les menteurs, les tricheurs, les flemmards, ceux qui jugent en 2 seconde, ceux qui refusent d'appliquer des méthodes efficaces parce qu'il faut forcément des bons et des mauvais dans une classe, et ces gens qui croient bien faire mais qui ne réfléchissent pas aux conséquences sur des générations d'élèves...

Ceux-là, si tu veux enseigner véritablement et non pas juste faire le garde-chiourme, il va falloir les affronter, chose que je ne savais pas quand j'ai commencé (j'étais un peu en mode bisounours la vie est belle tout le monde il est gentil. J'y ai vraiment cru moi à l'école de la République. Mais il s'avère que c'est juste un joli nom pour un cache-misère)
Aussi il se peut que j'aille enseigner ailleurs que sous la bannière de la sacro-sainte EN, car à force de me casser les dents pour permettre à mes élèves de grandir leur esprit, ça devient invivable (les futures élections ayant fait l'effet d'un coup de pied dans une fourmilière, ça pique à tout va).
En prime je ne correspond pas au moule: on veut me forcer à garder des moutons, pas à les rendre intelligent, et moi ça ne me plaît pas, parce que je veux que mes élèves progressent et s'en sortent dans la vie plus tard. Je ne laisserais jamais un élève sur le bord de la route, non non non   

Et donc avec Félix, Anatole et le grand Victor, on fait de la résistance ! 

Dams38 a écrit:Félicitation pour le chemin parcouru et bienvenue!

 Merci

Bienvenue Anthousa

Chouette, merci pour ce retour d'expérience !

PS : as tu vu le film "freedom writer" ? ou le cercle des poètes disparus ? ou will hunting ? D'habitude je préfère les livres. Mais là, t'es carrément dedans.
On pourrait même s'en servir comme appui pour "partager" (ou imposer) ta façon d'enseigner, aux autres profs, ou a la direction : c'est à double tranchant je suppose, soit ils se remettent en question, soit ils continuent de faire à leur sauce ... ?

PS : en 2 mots (ou un roman si tu veux, je lirais avec plaisir ) c'était quoi ta méthode pour maintenir en place, cette élève "hyper active" ?

doc-pisto-colle a écrit:Chouette, merci pour ce retour d'expérience !

PS : as tu vu le film "freedom writer" ? ou le cercle des poètes disparus ? ou will hunting ? D'habitude je préfère les livres. Mais là, t'es carrément dedans.
On pourrait même s'en servir comme appui pour "partager" (ou imposer) ta façon d'enseigner, aux autres profs, ou a la direction : c'est à double tranchant je suppose, soit ils se remettent en question, soit ils continuent de faire à leur sauce ... ?

PS : en 2 mots (ou un roman si tu veux, je lirais avec plaisir ) c'était quoi ta méthode pour maintenir en place, cette élève "hyper active" ?

J'adore le cercle des poètes disparus!
Et oui, c'est un peu mon cas. Pour partager, ça je partage ^^ j'ai souvent des collègues qui me piquent des fiches de cours. De là à imposer, ce serait contradictoire avec la "liberté d'enseigner", même si celle-ci nous est déjà grandement bridé par l'Institution (qui d'ailleurs nous pique nos idées puis les redistribue à sa sauce). Pour te donner un exemple, j'ai assisté à une formation sur la notation par compétences (but du jeu: supprimer les notes pour garantir une égalité des élèves, utiliser des compétences vagues pour donner l'impression que le niveau des élèves augmentent). 
Dans la salle, des profs pro notes qui reconnaissent noter à la tête du client, et des profs pro compétences qui reconnaissent que ça pose un problème de valider une compétence si l'élève ne maîtrise plus cette même compétence à la fin. Et au milieu: moi, pauvre petite prof qui fait son barème strict même pour les rédactions, à la manière des profs de maths: que des avantages (pas d'injustice, facile à comprendre pour les élèves et les parents, et rapide à corriger), aucun inconvénient.
Eh bien j'ai fait figure d'ovni, car ma méthode prend les avantages de la notation par compétences tout en gardant les notes (que les parents et élèves préfèrent)... u_u'
Or cette méthode de barème n'est pas une nouveauté, comme je l'ai dit, des profs d'autres matières l'utilisent. Alors pourquoi n'est-elle pas véritablement appliquée à toutes les matières puisque c'est si simple et efficace?   Le mystère reste entier!

Je t'invite à lire "Mais qui sont les assassins de l'école?" de Carole Barjon. C'est tout frais, tout récent, et tu verras que la question de la remise en "question" ne se pose pas pour beaucoup d'entre eux: puisque le mal est fait, tant pis on passe à autre chose!

Quand à la demoiselle agitée, la méthode consistait à lui présenter le cours du jour et à lui demander de faire quelque chose sur le même thème (soit dessin, rédaction, poème, chanson...) et de me le montrer à la fin du cours. Pendant ce temps, je faisais cours normalement aux autres. Au départ elle était contente de faire autre chose que les autres. Mais petit à petit, elle s'est rendu compte  que ce que je disais était intéressant aussi et que répondre aux questions avant les autres alors qu'elle était censée faire autre chose était amusant... xD Du coup à la fin, elle participait et levait la main pour donner des réponses en plus de faire le travail qu'elle avait choisi.  C'est très tordue comme stratégie de motivation, mais elle a doublé sa moyenne au 3e trimestre grâce à ça et à la fin de l'année, elle faisait la même chose que les autres.

Bienvenue !

Merci!