Bon, alors je me lance...

Bonjour à tous les Zèbres,

Voilà, je recommence car étant novice non seulement de ce forum mais des forums en général, j'ai perdu ma première autobiographie par une mauvaise manip', ce qui a déclenché une crise de frustration et de colère envers moi (sentiment de nullitude, vous connaissez ?).

Je suis d'origine allemande et vis une vie tout à fait normale (vue de l'extérieur) dans le Sud de la France : une petite maison, un mari, 3 enfants. Sauf que l'intérieur de ma maison (que je ne montre qu'à quelques personnes averties) ressemble à mon intérieur à moi : BORDELIQUE, des projets entamés et jamais terminés, du fouillis partout, aucune concordance entre les éléments, tout est entassé n'importe comment...

Je remonte dans mon adolescence pour me présenter. Dès la puberté, j'ai eu le sentiment que le monde était trop cruel pour moi; je n'arrivais pas à m'intégrer dans un groupe d'amis et les adultes à qui j'espérais pouvoir parler "sérieusement" ne me prenaient pas au sérieux. Exemple : un gros chagrin d'amour à 12 ans m'a fait littéralement effondrer, mais on me disait "mais à ton âge, on ne sait même pas ce que c'est le vrai amour". Eh bien si, je le savais... Cela a déclenché une dépression accompagnée d'une anorexie mentale (en fait, en me sentant vide de l'intérieur cela me permettait d'avoir le cerveau vide et de ne plus rien ressentir), on m'a donc envoyée chez un pédopsychiatre. M'étant déjà largement documentée sur la psychologie, je me moquais de lui sans qu'il ne s'en rende compte, en fait il ne comprenait rien de mes problèmes. Je m'en suis finalement tirée toute seule tant bien que mal. S'ensuit une énorme crise d'adolescence chaotique avec tous les excès. Cela m'a permis, pendant quelques années, de trouver une vie qui me correspondait à peu près, surtout sur le plan vestimentaire et socio-politique. D'ailleurs mes amis m'appelaient "zombie" et je m'identifiais totalement avec ça. Mais voilà, vers l'âge de 20 ans vint la prise de conscience que je ne pouvais pas continuer éternellement comme ça, je me suis fait une raison, et j'ai intégré une école de commerce international au grand soulagement de mes parents... Diplôme en poche, j'ai quitté l'Allemagne pour la France où j'espérais trouver la vie qui me ressemblerait plus. J'ai donc commencé à me construire une vie d'adulte en me basant sur les normes et je croyais ainsi pouvoir devenir "normale". Seulement voilà, les haut et les bas excessifs (euphorie extrême alternant avec la dépression, alcool, drogues) continuaient à me hanter, et j'ai donc consulté un psychiatre de grande renommée pendant 5 ans ce qui m'a surtout coûté beaucoup d'argent. Au bout de cette thérapie, je me disais que "ça devrait aller maintenant". Donc mariage, achat d'une maison et de chiens (qui étaient en fait une véritable thérapie pour moi), un travail stable, quelques amis et puis 3 enfants. Rien d'extraordinaire donc. Au fond de moi-même je continue à ne pas me sentir comme tout le monde, j'entame tout et ne finis jamais rien, j'ai pris un congé parental, mais je suis tout sauf une fée du logis, rien ne m'intéresse vraiment, sauf : le théâtre amateur, ma deuxième drogue qui me permet de m'échapper le temps d'être sur scène. J'ai aussi fait connaissances de quelques personnes que je soupçonne zébrées, mais je ne veux pas leur en parler, j'ai peur de les brusquer ou de me sentir - encore une fois - incomprise...

Aujourd'hui, après des années de congé parental, j'ai finalement quitté mon patron car je ne m'y identifie plus du tout. Et je crois qu'il est enfin temps que j'aboutisse ma recherche de mon propre moi. Mon fils aîné de 8 ans a été le déclencheur. Depuis la maternelle, on n'arrêtait pas de me dire qu'il avait un problème, qu'il ne "rentrait pas dans le moule" de l'éducation nationale malgré ses excellents résultats. Les parents parmi vous comprendront que cela m'a bouleversée, mais en même temps -puisque je trouvais qu'il me ressemblait beaucoup - j'ai longtemps hésité à consulter. En fait j'avais peur aussi qu'on lui découvre une psychose ou quelque chose dans le genre. Quand je n'arrivais plus à gérer ses accès de colère assez violents, ses tics (visage et mains), ses moments de tristesse et ses problèmes d'insomnie, j'ai fini par consulter une psychologue. Au bout de quelques scéances et le test passé, mon fils est diagnostiquée zébré. Alos là, grand soulagement ("ouf, il n'est pas fou"), mais de nouveau remise en question, achat de bouquins et des heures de recherches internet. Finalement, je replonge dans mon propre passé et je me dis "Et s'il tenait ce gène zébré de moi ? Non, mais attends, pour qui tu te prends ?" Encore des recherches et la lecture de TIPEH, et finalement j'en parle à la psy de mon fils. Elle me confirme que, sans même passer le test (en fait je serais probablement un peu défavorisée si je le passais du fait de ma culture étrangère, étant donné que j'ai passé toute ma scolarité en Allemagne), il n'y a aucun doute que j'aie un QI et un profil psychologique semblable à mon fils !

Apprendre cela à 40 ans, ça m'a fait comme un tsunami d'émotions. D'abord le soulagement, une certaine fierté, mais aussi et surtout la colère (quel gâchis, toutes ces années d'errance et de souffrances sans comprendre pourquoi), et le désarroi par rapport à moi (qu'est-ce que cela peut encore changer dans mon cas ?) mais aussi par rapport à mon fils (et mes 2 filles, qui sait ??) car je voudrais surtout lui épargner tout ce que j'ai vécu et l'aider au mieux à tirer profit de ses compétences sans se laisser envahir par les problèmes que sa différence implique.

La découverte de ce forum me donne l'espoir de pouvoir remettre un d'ordre dans tout ce chamboulement et d'avoir l'énergie de continuer ma vie "normale" - mais de façon différente (pas très clair tout ça).

Désolée pour cette longue présentation, je ne suis pas sûre que cela puisse intéresser quelqu'un, mais en tout cas, cela m'a fait du bien, c'est 10 fois mieux qu'une scéance de psy ! Merci

Vielen Dank, augenblick. Bist Du auch Deutsche?

Bienvenue

Il n'est jamais trop tard pour découvrir un peu plus sur soi

Merci lynka, je sais qu'il n'est jamais trop tard. Je pense seulement à tous ces choix de ma vie que j'ai calqués sur l'opinion des autres. J'ai l'impression d'avoir perdu beaucoup de mon énergie à faire le caméléon que je n'ai plus la force maintenant de me reconstruire. Sans parler qu'une vie de famille bien remplie ne laisse plus beaucoup de choix...

Bienvenue à toi.

Ton texte était passionnant et rafraîchissant de sincérité, et je suis certain qu'il en aura intéressé plein d'autres que moi.

Pas à ma connaissance Zebrastreifen, mais une affinité aujourd'hui inexpliquée .

Guten Tag

Bonne continuation à toi et tes enfants
Tu trouveras sur le forum des témoignages de parents, et de quarantenaires qui pourront t'aider dans ton cheminement


Und Willkommen

Excuse-moi, augenblick ! Oui, il y a certaines personnes qui ressentent cette affinité, mon couple franco-allemand en est la preuve. En fait, pour moi vivre à l'étranger me paraît plus facile que dans son propre pays, car même au bout des années, on reste quelque peu marginal, étranger quoi. Alors quand on a des réactions bizarres, les gens sont un peu plus indulgents (du genre "oui, mais elle n'est pas comme nous, c'est normal").

zheibr, merci pour tes encouragements. Oui, ça fait un choc, mais moi ça me met surtout en colère pour l'instant. Quand j'ai appris à ma mère que son petit-fils était surdoué, elle m'a dit qu'elle avait dans sa bibliothèque un livre sur les enfants précoces qu'elle avait acheté quand j'avais 13 ans (ma période anorexique) ! Pourquoi ne m'en a-t-elle jamais parlé ?!

Et bien moi c'est il y a 4 mois et une vie de galères qui mériterait qu'on en écrive un livre !
Donc bien sûr ton parcours m'a intéressé...

Aaah, je me sens moins seule Fata Morgana ! Je crois qu'il vaut mieux se découvrir zèbre que d'avoir toujours l'impression que la vie nous rend chèvre (ou mouton ?)

bienvenue/wilkommen!

Zebrastreifen a écrit: mon couple franco-allemand en est la preuve. En fait, pour moi vivre à l'étranger me paraît plus facile que dans son propre pays, car même au bout des années, on reste quelque peu marginal, étranger quoi. Alors quand on a des réactions bizarres, les gens sont un peu plus indulgents (du genre "oui, mais elle n'est pas comme nous, c'est normal").

heh, c bien vrai! mon dernier ex en date était flamand et donc le fait de parler une autre langue avec lui et ses potes rendait moins visible le fait que je communique d'une façon assez space pr la plupart des gens

@ Fata Morgana : J'espère que ce n'est pas à cause de moi que tu as changé ton avatar ?! En tout cas, je ne voulais en aucun cas te vexer avec ma vanne à 2 sous... excuse-moi, c'était très maladroit de ma part.

@ bluecat : Merci pour ton commentaire Même si des fois je ne suis vraiment pas très fière de mes origines - d'un point de vue historique

Herzlich willkommen !

Wo hast du in Deutschland gelebt ?

(Je ne suis pas allemand, mais je vis là bas)

Danke yack ! Ich komme aus dem grünen Hannover.
Je vois que tu vis en Allemagne de l'Est que je connais peu. Je suis partie peu de temps après la réunification. Mais la chute du mur, j'y ai participé activement et ça reste ancré dans mes souvenirs. Quelles émotions ! J'en ai encore des frissons...

Bienvenue

Merci maurelle ! quand on n'a pas le moral comme moi aujourd'hui, c'est rassurant de savoir qu'il y a des gens pour vous soutenir.

Bienvenue !

Approchant les 6 de moyenne en Allemand au lycée je t'épargnerai les politesses dans ta langue =)

Votre histoire m'en rappelle une autre.. mais dans le sens inverse:

Zebrastreifen a écrit: mon couple franco-allemand en est la preuve. En fait, pour moi vivre à l'étranger me paraît plus facile que dans son propre pays, car même au bout des années, on reste quelque peu marginal, étranger quoi. Alors quand on a des réactions bizarres, les gens sont un peu plus indulgents (du genre "oui, mais elle n'est pas comme nous, c'est normal").

bluecat a écrit:heh, c bien vrai! mon dernier ex en date était flamand et donc le fait de parler une autre langue avec lui et ses potes rendait moins visible le fait que je communique d'une façon assez space pr la plupart des gens

Donc je suis d'origine Tunisienne mais n'en parle absolument pas la langue (apparement j'ai un problème avec les langues =P <-- non pas celle là !uhuh )
et je me suis souvent retrouvé, quand je vais voir ma famille, entouré de gens qui me prennent, ou me regardent comme un abruti, un demeuré, puisqu'ils ne voyent aucune compréhension dans mes yeux.
Je me souviens qu'au début je bouillonnais interieurement; genre : " il croit vraiment que je suis attardé lui ! Sortez moi des maths on verra ! "
Puis maintenant en fait ça me fait rire et me remet à ma place.. tout est relatif c'est vrai.. Si je ne peux pas communiquer .. je ne peux être qu'un imbécile.