Confs & co.
+8
siamois93
Heldé
Pango
an.a.co.lu.the
St'ban
Bimbang
parsem / parsec
Pabanal
12 participants
Page 4 sur 5
Page 4 sur 5 • 1, 2, 3, 4, 5
Re: Confs & co.
Historien du nazisme et de sa vision du monde, Johann Chapoutot a récemment fait paraître un essai dont la réception n’a pas été unanime : Libre d’obéir : le management, du nazisme a aujourd’hui. Il revient avec Julien Théry sur la démarche du livre et profite de l'occasion pour répondre aux objections qui lui ont été opposées.
C’est la lecture de l’abondante littérature nazie sur la Menschenführung, la conduite des hommes, qui a attiré l’attention de Johann Chapoutot sur les similitudes frappantes entre les discours de l’époque sur la nécessité de « faire mieux avec moins » et ceux qui prolifèrent aujourd’hui aussi bien dans la sphère entrepreneuriale que dans celle du gouvernement néolibéral.
Avec l’expansion du Reich au fil des conquêtes hitlériennes et le développement de l’effort de guerre, la nécessité d’administrer le plus efficacement possible avec des moyens réduits devint une obsession pour les cadres nazis. Et si le nazisme fut tout entier « un grand moment managérial », c’est parce que son idéologie poussa à l’extrême l’utilitarisme qui dominait en Occident depuis les débuts de la Révolution industrielle. Le darwinisme social cultivé en Europe depuis le XIXe siècle, tout particulièrement en Angleterre et en France, fut porté à son paroxysme par l’anthropologie nazie. Pour cette dernière, seule l’utilité d’une vie humaine pouvait justifier son existence – son utilité pour la prospérité et la promotion de la race germanique, appelée à dominer les autres sur tous les plans.
Dans son livre, Johann Chapoutot examine en particulier le cas emblématique de Reinhard Höhn (1904-2000). Jeune et brillant juriste engagé très tôt dans le militantisme nationaliste et antisémite, Höhn intègre le SD, c’est-à-dire l’élite de la SS, au début des années 30. Adjoint de Reinhard Heydrich, il devient, tout en montant les échelons de la hiérarchie dans la SS jusqu’au grade de général, professeur de droit à l’Université Humbold de Berlin et directeur de l’Institut d’études sur l’État, voué à des recherches en matière d’organisation institutionnelle adaptée au gouvernement du Reich par la race supérieure. Après la défaite de 1945, Höhn se fait discret pendant quelques années, avant d’être embauché par un think-tank patronal qui lui confie la fondation d’une école de management à Bad Harzburg en 1956. Ses techniques de « management par délégation de responsabilité », dont l’élaboration a commencé dès le temps du Reich, connaissent un immense succès et son Akademie für Führungskräfte der Wirtschaft forme plus de 600 000 cadres allemands jusque dans les années 80 : autant dire que son influence est dominante dans le « Miracle économique allemand »… Höhn publie, dans le même temps, une série de manuels qui se vendent abondamment.
Non seulement un penseur nazi du management, ancien dignitaire du Reich qui ne s’est jamais repenti en aucune manière de son engagement, a joué un rôle de premier plan dans l’essor économique de la République Fédérale d’Allemagne, mais ses idées sur l’organisation des hommes et de la production ont été pleinement en phase, et même pionnières à certains égards, dans le développement du management lui-même. Non seulement la « délégation de responsabilité » renvoie à l’engagement personnel, à l’esprit d’initiative et à la culture d’entreprise prisés aujourd’hui par la science managériale, mais la substitution d’agences autonomes, flexibles et temporaires à l’administration d’État, théorisée par Höhn au cours de sa seconde carrière, correspond pleinement à l’esprit du « New public management » devenu dominant depuis les années 1980 (et inculqué par exemple aux élites françaises à l'ENA). Paradoxalement, souligne Johann Chapoutot, l’ordo-libéralisme, version allemande du néolibéralisme, a été promu par d'anciens opposants au nazisme, autour du chancelier Adenauer, mais la vision purement utilitariste, productiviste de l’humanité qui le caractérise a pour résultat une réification des « ressources humaines » qui n'est pas sans similitude avec celle opérée par l’idéologie nazie.
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Re: Confs & co.
Si vous voulez tout comprendre, enfin presque tout, enfin on en apprend beaucoup, en tout cas.
Entretien avec Serge Audier, philosophe et maître de conférences, auteur de « L’Âge productiviste » (La Découverte).
Et auparavant
«La société écologique et ses ennemis» : entretien avec Serge Audier
Entretien avec Serge Audier, philosophe et maître de conférences, auteur de « L’Âge productiviste » (La Découverte).
Et auparavant
«La société écologique et ses ennemis» : entretien avec Serge Audier
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
DEMAIN S'ENTÊTE sur la ZAD de Notre Dame des Landes
L'expérience sociale de l'échange par le don ou le refus de la réïfication dans la praxis.
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Des assemblées populaires au Grand Débat National, de la polémique télévisée au clash sur les réseaux sociaux, si l’envie de débattre ne manque pas… c’est plutôt la méthode.
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
La crise pandémique a profondément bouleversé nos habitudes, nous obligeant à modifier notre comportement, mais aussi notre regard, notre manière de juger les individus et les groupes. Nous avons pu nous-mêmes nous surprendre à porter des jugements parfois sévères à l’égard de nos pairs, tout du moins nous avons sans doute pu entendre ou lire des jugements sociaux peu tendre à l’égard d’individus pointés du doigts: “ceux-ci sont irresponsables”, “ceux-là sont stupides, cons”...
Dans cet épisode, nous allons interroger le jugement social en ce contexte de crise : comment formons-nous nos jugements sociaux ? Et surtout, pourquoi jugeons-nous les autres ? Quelles sont les fonctions du jugement social, qu’est-ce que cela peut nous apporter ?
A travers ces questionnements, nous verrons que le jugement social est perméable à différents biais: inférence spontanée des traits, erreurs d’attributions causales, biais d’échantillonnage, biais d’autocomplaisance, défense de la croyance en un monde juste….
Tout cela peut non seulement aboutir à de erreurs d’interprétations, mais plus encore, peut porter préjudice à nous-mêmes et aux autres.
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Pas tout vu, et trop crevée pour tout regarder... mais j'ai l'impression que ça peut être intéressant du fait de la multicompétence
Architecte DPLG et diplômé d'un Master 2 Recherche et Philosophie, Pierre Janin est Architecte Conseil de l'État depuis 2016 dans le département de Nièvre. Il à fondé en 2007 l'agence Fabriques Architectures Paysages avec son frère Rémi basé à Vernand et à Lyon.
Dans ses études et projets, l'agence Fabriques interroge l'évolution et les possibles hybridations des pratiques urbaines et agricoles.
La conférence de Pierre Janin aborde le thème de l'humain et du non-humain, au regard de nos pratiques d'agence et de notre travail sur le milieu agricole, donne envie de s'interroger et de faire le point sur le rapport qui peut être aujourd'hui perçu entre le territoire et les constructions humaines, et la présence domestique des animaux concomitante, tant cette relation éprouvée et interrogée aujourd'hui, appelle à être renouvelée et est l'objet de débats sociétaux vifs.
Bimbang- Messages : 6445
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
Re: Confs & co.
Bonne idée, des fois je me sers aussi de ce fil pour stocker des vidéos que je veux garder comme en "favoris" pour y retourner au besoin, ou m'en servir à l'occasion sur le forum sans avoir à faire des recherches. Puisqu'il y a pas trop de retours exprimés... j'ai tendance à les partager avec moi plus tard.^^
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
ah ben, j'avais même oublié cette vidéo ^^
comme quoi j'ai bien fait de la mettre là.
Je venais poser ça
Ce que j'en ai retenu, en très résumé :
Certains animaux ont leur propre façon de se représenter le monde et ont une conscience du futur, pour le configurer à leur avantage.
Le comportement d'une espèce peut évoluer dans le temps du fait de son environnement.
A la fin, il est aussi question d'éthique vis à vis des animaux non humain, de leur âme éventuelle... et même de NDE !
comme quoi j'ai bien fait de la mettre là.
Je venais poser ça
Emotions, intelligences, cultures, mémoire... Comment l'animal devient le sujet de son histoire. Cette conférence de Eric Baratay, historien, professeur d'histoire contemporaine à l'université Lyon 3 et Yves Christen, biologiste, spécialiste en neurosciences, donnée à la Cité des sciences et de l'industrie fait partie du cycle "Révolutions animales: de la science au droit".
Ce que j'en ai retenu, en très résumé :
Certains animaux ont leur propre façon de se représenter le monde et ont une conscience du futur, pour le configurer à leur avantage.
Le comportement d'une espèce peut évoluer dans le temps du fait de son environnement.
A la fin, il est aussi question d'éthique vis à vis des animaux non humain, de leur âme éventuelle... et même de NDE !
Bimbang- Messages : 6445
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
Re: Confs & co.
Je n'en suis qu'aux prémisses et sa présentation critique du naturalisme présage de très bons développements.
Mais comment dépasser le naturalisme pour ne pas perpétuer les comportements qui ont favorisé l'anthropocène ? C'est une question épistémologique transversale posée également par l'anthropologue Philippe Descola.
Mais comment dépasser le naturalisme pour ne pas perpétuer les comportements qui ont favorisé l'anthropocène ? C'est une question épistémologique transversale posée également par l'anthropologue Philippe Descola.
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Harbulot
Bimbang- Messages : 6445
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
Re: Confs & co.
Utopiste", depuis le XIXe siècle, est jeté comme une insulte et brandit comme chef d'accusation pour poursuivre celles et ceux qui entendent user de leur pouvoir d'agir, leur vraie liberté, au nom de l'égalité. Exploratrice des archives et du réel des groupes utopiques, l'historienne Michèle Riot-Sarcey, 6e invitée de nos entretiens "En attendant Utopie(s)" nous propose un voyage historique depuis les racines des utopies jusqu'aux ronds-points des gilets jaunes. "Profondément utopiste", telle qu'elle se déclare elle-même, Michèle Riot-Sarcey nous fait entrevoir un nouvel horizon de ces luttes : celui qui consisterait pour les actrices et acteurs de ces expériences à écrire leur propre histoire pour s'en déclarer pleinement auteur·rices. Un travail auquel elle s'est attelé avec Jean-Louis La ville dans son ouvrage "Le réveil de l'utopie", qui recense ces "brèches" dans le réel où vit l'émancipation.
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Comment construire des utopies concrètes sans s’atteler au préalable à déconstruire les mythes les plus tenaces au sujet de nos lointains aïeux ? Pour inaugurer notre série de voyages en utopies, nous remontons loin, très loin dans l’Histoire avec Claudine Cohen, philosophe et historienne spécialiste des représentations de la Préhistoire pour rendre ses lettres de noblesse aux femmes préhistoriques.
Exit le mâle chasseur brandissant sa massue façon Alain Chabat dans Rrr, ciao la femelle dépoitraillée attendant sagement sa ration de viande : bonjour le féminisme préhistorique !
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Si une zone de notre cerveau nous "pousse à détruire la planète", stimuler d'autres zones pourrait nous aider à la protéger. Et pour ce scientifique, cela doit passer par un changement de société.
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Je déteste cette idée de configuration du cerveau !
Mais bon, j'ai creusé un peu la question, et a priori c'est un bouquin de Sébastien Bohler qui serait au départ de cette réflexion
Mais bon, j'ai creusé un peu la question, et a priori c'est un bouquin de Sébastien Bohler qui serait au départ de cette réflexion
Conscient·e·s du drame qui s’opère sur le plan environnemental, pourquoi n’arrivons-nous pas à changer nos comportements ? Peut-être que la réponse se trouve du côté des neurosciences selon Sébastien Bohler. Voix dissonante dans les débats contemporains, ce neuroscientifique apporte un point de vue nouveau et singulier sur la crise environnementale dans son ouvrage "Le bug humain" (Laffont, 2019). Selon lui, c’est une petite partie du cerveau, le striatum qui serait la cause des désastres environnementaux. Véritable système de récompense, le striatum sécrète des doses de dopamine pour pousser les êtres humain à assouvir leurs besoins fondamentaux : manger, se reproduire, asseoir du pouvoir, acquérir de l'information, et fournir le moindre effort. En quête de ces décharges de plaisir, l’être humain serait donc "habité par un principe de croissance neuronal biochimique qui se répercute dans le dogme de la croissance économique » (TEDx, 2019). Mais peut-on rééduquer le cerveau ? Quels sont les contrepoids pour sortir de cette crise environnementale ?
Bimbang- Messages : 6445
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
Re: Confs & co.
Je déteste cette idée de configuration du cerveau !
Mais bon, j'ai creusé un peu la question, et a priori c'est un bouquin de Sébastien Bohler qui serait au départ de cette réflexion
Et qui c'est y qui cause là ?
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Sébastien Bohler : Le bug humain.
Quatrième de couverture a écrit:Il y a 200 000 ans, depuis l'Afrique, l'humanité partait à la conquête du monde. Elle détenait une arme secrète : son cerveau. Une machine à penser, à tirer parti de son environnement, à se reproduire et à dominer.
Longtemps notre meilleur allié, notre cerveau, risque aujourd'hui de causer notre perte. Car il existe un défaut de conception, un véritable bug, au coeur de cet organe extraordinaire : les neurones en charge d'assurer notre survie ne sont jamais rassasiés et réclament toujours plus de nourriture, de sexe et de pouvoir.
Ainsi, nous sommes 8 milliards d'êtres humains sur Terre à rechercher encore et toujours la croissance dans tous les domaines. Pour ce faire, notre espèce hyper-consomatrice surexploite la planète, modifie son écosystème... et se met gravement en péril.
Comment se fait-il que, ayant conscience de ce danger, nous ne parvenions pas à réagir ? Peut-on résoudre ce bug et redevenir maïtre de notre destin ? Oui, à condition d'analyser en cjacun de nous et non plus à l'échelon économique et politique ce mécanisme infernal qui pousse notre cerveau à en demander toujours plus.
Dernière édition par Pabanal le Mar 26 Mai 2020 - 12:04, édité 2 fois
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Je déteste cette idée de configuration du cerveau !
C'est ce qu'on fait tous les jours par les renforcements négatif/positif. Ce qui me vient en tête : on pourrait remplacer la gabegie actuelle due au productivisme et sa logique de valorisation du statut social par la capacité d'accumuler des biens par une reconnaissance sociale de la modestie et de la dignité. Ce n'est que ma cuisine sans avoir encore lu le bouquin qui est sur mon étagère mais il faut que je change de lunettes pour pouvoir finir les autres en cours avant de l'attaquer.
- Spoiler:
- J'ouvre une cagnotte.
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Pabanal a écrit:
- Le texte du post:
Historien du nazisme et de sa vision du monde, Johann Chapoutot a récemment fait paraître un essai dont la réception n’a pas été unanime : Libre d’obéir : le management, du nazisme a aujourd’hui. Il revient avec Julien Théry sur la démarche du livre et profite de l'occasion pour répondre aux objections qui lui ont été opposées.
C’est la lecture de l’abondante littérature nazie sur la Menschenführung, la conduite des hommes, qui a attiré l’attention de Johann Chapoutot sur les similitudes frappantes entre les discours de l’époque sur la nécessité de « faire mieux avec moins » et ceux qui prolifèrent aujourd’hui aussi bien dans la sphère entrepreneuriale que dans celle du gouvernement néolibéral.
Avec l’expansion du Reich au fil des conquêtes hitlériennes et le développement de l’effort de guerre, la nécessité d’administrer le plus efficacement possible avec des moyens réduits devint une obsession pour les cadres nazis. Et si le nazisme fut tout entier « un grand moment managérial », c’est parce que son idéologie poussa à l’extrême l’utilitarisme qui dominait en Occident depuis les débuts de la Révolution industrielle. Le darwinisme social cultivé en Europe depuis le XIXe siècle, tout particulièrement en Angleterre et en France, fut porté à son paroxysme par l’anthropologie nazie. Pour cette dernière, seule l’utilité d’une vie humaine pouvait justifier son existence – son utilité pour la prospérité et la promotion de la race germanique, appelée à dominer les autres sur tous les plans.
Dans son livre, Johann Chapoutot examine en particulier le cas emblématique de Reinhard Höhn (1904-2000). Jeune et brillant juriste engagé très tôt dans le militantisme nationaliste et antisémite, Höhn intègre le SD, c’est-à-dire l’élite de la SS, au début des années 30. Adjoint de Reinhard Heydrich, il devient, tout en montant les échelons de la hiérarchie dans la SS jusqu’au grade de général, professeur de droit à l’Université Humbold de Berlin et directeur de l’Institut d’études sur l’État, voué à des recherches en matière d’organisation institutionnelle adaptée au gouvernement du Reich par la race supérieure. Après la défaite de 1945, Höhn se fait discret pendant quelques années, avant d’être embauché par un think-tank patronal qui lui confie la fondation d’une école de management à Bad Harzburg en 1956. Ses techniques de « management par délégation de responsabilité », dont l’élaboration a commencé dès le temps du Reich, connaissent un immense succès et son Akademie für Führungskräfte der Wirtschaft forme plus de 600 000 cadres allemands jusque dans les années 80 : autant dire que son influence est dominante dans le « Miracle économique allemand »… Höhn publie, dans le même temps, une série de manuels qui se vendent abondamment.
Non seulement un penseur nazi du management, ancien dignitaire du Reich qui ne s’est jamais repenti en aucune manière de son engagement, a joué un rôle de premier plan dans l’essor économique de la République Fédérale d’Allemagne, mais ses idées sur l’organisation des hommes et de la production ont été pleinement en phase, et même pionnières à certains égards, dans le développement du management lui-même. Non seulement la « délégation de responsabilité » renvoie à l’engagement personnel, à l’esprit d’initiative et à la culture d’entreprise prisés aujourd’hui par la science managériale, mais la substitution d’agences autonomes, flexibles et temporaires à l’administration d’État, théorisée par Höhn au cours de sa seconde carrière, correspond pleinement à l’esprit du « New public management » devenu dominant depuis les années 1980 (et inculqué par exemple aux élites françaises à l'ENA). Paradoxalement, souligne Johann Chapoutot, l’ordo-libéralisme, version allemande du néolibéralisme, a été promu par d'anciens opposants au nazisme, autour du chancelier Adenauer, mais la vision purement utilitariste, productiviste de l’humanité qui le caractérise a pour résultat une réification des « ressources humaines » qui n'est pas sans similitude avec celle opérée par l’idéologie nazie.
J'ai été intéressé par le lien que tu donnes. Merci d'avoir attiré notre attention sur l'essai de Chapoutot.
Mais l'accroche du titre, trop sensationnelle, interroge (je parle du titre de l'auteur, évidemment, et pas de tes propos).
Il me semble qu'il y a dans la démarche de Chapoutot quelque chose d'antiscientifique, voire de dangereux si on ne prend pas la peine de réfléchir plus loin.
Et cela lui sert à faire un bouquin (donc des royalties…) qui ne révèle finalement rien d'extraordinaire (si ce n'est "l'immunité" dont a joui Höhn, qui n'a d'ailleurs pas été le seul, l'Allemagne devait aussi se reconstruire avec quelques nazis comme la France s'est reconstruite avec la plupart de ses collabos…).
Ce qui me semble antiscientifique, au vu du résumé et de ce que j'ai pu savoir, c'est qu'il ramène la chose à un postulat (qu'il ne formule pas, enfin, pas dans ce que j'ai vu) mais qui reste largement sous-entendu, pour ne pas dire sous-jacent : le management "moderne" serait largement inspiré par des méthodes plus ou moins nazies.
C'est un peu trop rapide d'arriver à de telles conclusions.
D'abord, parce que c'est méconnaître la situation économique et politique avant les années 30 et les méthodes patronales en usage sur le vieux continent.
Rappelons nous bien qu'à la même époque il y a eu en France le front populaire et le combat des ouvriers et des mineurs pour obtenir des conditions de travail décentes. Ca faisait plus d'un siècle et demi que nous avions fait la révolution. Alors que l'Allemagne, elle, n'était finalement qu'une "jeune république" par rapport à nous, puisque moins d'un siècle plus tôt elle était encore morcelée en un grand nombre d'états et principautés, où le citoyen n'avait guère de droits. Les méthodes de gestion adoptées par le Reich étaient donc bien mieux adaptées pour diriger un état que les anciennes "ficelles" utilisées depuis des décennies par des politiques empêtrés par habitude dans des pratiques bismarckiennes, et un patronat embourgeoisé et insouciant des aspirations des masses et largement préoccupé à soudoyer les dits politiques.
Ensuite et surtout, c'est vraiment là que le bât blesse, car la méthode revient à inverser les causes et les symptômes. Un peu comme si un médecin te disait : vous avez probablement le Covid parce que vous avez de la fièvre. Alors que c'est l'inverse, on a probablement de la fièvre si l'on a le Covid.
Partant de ce principe, on peut faire du sensationnel avec n'importe quoi, pourvu qu'on inverse causes et conséquence avec adresse. Et le lecteur qui n'est pas attentif se fait blouser...
Dans le cas présent, il est faux de dire que le management "moderne" a réussi grâce au nazisme. Il serait plus exact de dire que c'est le nazisme qui a réussi un certain temps grâce à des méthodes de management modernes (mais pas que ça, ne pas oublier tout le reste, dont la terreur, la propagande…etc).
Mentounasc- Messages : 2284
Date d'inscription : 16/01/2019
Age : 68
Localisation : Autour de Monaco
Re: Confs & co.
Il me semble qu'il y a dans la démarche de Chapoutot quelque chose d'antiscientifique, voire de dangereux si on ne prend pas la peine de réfléchir plus loin.
Wikipedia a écrit:Johann Chapoutot est lauréat du concours général en histoire (1995), ancien élève de l’École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud (promotion 1998, classé premier au concours d'entrée dans la série « Langues vivantes »), agrégé d’histoire (2001), diplômé de l’Institut d'études politiques de Paris (promotion 2002), docteur en histoire (2006) et habilité à diriger des recherches (2013).
Professeur d'histoire contemporaine à Sorbonne Université (ancienne université Paris-Sorbonne ou université Paris-IV) depuis 2016, il avait auparavant été successivement maître de conférences à l'université Pierre-Mendès-France de Grenoble (2008-2014), puis professeur à l'université Sorbonne-Nouvelle (Paris-III, 2014-2016). Il a également été membre de l'Institut universitaire de France (2011-2016). Lauréat de la fondation Humboldt, il a été chercheur invité à la Freie Universität de Berlin (2015-2016).
Sans me référer uniquement à des diplômes académiques, Elisabeth Teissier a bien un doctorat en sociologie, je n'ai pas vu de critique de ses pairs quant à sa démarche scientifique et je n'estime pas être moi même en position de statuer.
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Un petit bémol Mentounasc car il me semble bien que ce que reprochaient les nazis aux juifs c'était justement leurs nombreuses fêtes et leurs nombreux jours sans travail, shabbats divers.
C'est un peu ce que relate la Bible lors de l'évènement égyptien.
Ils leur reprochaient aussi, plus simplement, de ne pas adhérer à leur vision du monde, à cause de leur foi qui place D.ieu comme priorité.
C'est un peu ce que relate la Bible lors de l'évènement égyptien.
Ils leur reprochaient aussi, plus simplement, de ne pas adhérer à leur vision du monde, à cause de leur foi qui place D.ieu comme priorité.
Re: Confs & co.
Pour Pabanal
Je n'ai jamais mis en doute les qualifications de Chapoutot, ni même ses compétences.
Mais il n'est pas infaillible, et ce qu'il écrit reste donc sujet à critique. Il semble qu'en outre que son essai ait reçu un accueil mitigé…
Je suis comme toi, je ne suis pas en position de statuer. Mais j'ai le droit d'avoir l'esprit critique et de faire valoir mes objections. Au même titre que lui a le droit d'écrire ce que bon lui semble.
Tu prends l'exemple de Teissier. Son titre de docteur en sociologie ne lui donne pas pour autant plus de pertinence scientifique, notamment en matière d'astronomie (dont il faut rappeler au passage qu'elle est censée être la base du pipotage astrologique).
Si je me souviens bien, à une question d'Hubert Reeves sur l'influence de la lune dans l'horoscope elle est restée "sèche"... (Neptune ou Jupiter sont pris en compte dans l'horoscope, mais pas la lune…)
On aurait aussi pu citer Einstein. Mais c'était un instable émotionnel, et Szilard a du ruser pour l'amener à signer la fameuse lettre à Roosevelt. Et plus près de nous, on peut citer Raoult : sans remettre en cause sa lutte contre le Covid et ses propos sur la Chloroquine, on ne peut que regretter qu'il n'ait pas adopté une démarche plus scientifique pour exposer ses idées.
Ce que j'essaie de dire c'est que le nom et les diplômes ou qualifications ne sont pas forcément signe de vérité absolue. C'est certes un présupposé de qualité des travaux, mais ensuite tout reste à confirmer.
Et moi, je suis un peu ennuyé par la méthode utilisée par Chapoutot, qui ne me semble pas du tout correcte.
Du reste, ce que je réponds plus bas à Siamois devrait t'éclairer davantage sur mon ressenti.
Pour Siamois
Sur les quelques fils de discussion qui m'attirent et que je lis, je réceptionne toujours tes critiques avec plaisir, elles me semblent réfléchies et ne pas obéir à l'impulsivité.
Du coup, je me suis demandé si ton bémol n'était pas justifié par ton ressenti de ce que j'avais écrit. En fait, j'aurais dû être plus complet, j'ai laissé des doutes subsister quant à mon appréciation des "deux choses". Ce qui justifie donc parfaitement ta remarque.
En fait, je ne veux surtout pas faire l'apologie des méthodes modernes de management. Loin de là. Je reproche surtout à l'auteur d'avoir fait des parallèles entre management et nazisme. Ce procédé, grossier du point de vue de la méthode littéraire, permet d'inverser le rapport entre les causes et les symptômes d'un mal.
Je ne dénie pas qu'il y ait des points communs dans les deux, par exemple celui de la "critique" du nombre de jours chômés.
Mais pour moi, ce sont des points communs, et rien d'autre. Ca n'établit pas forcément un lien entre nazisme et management.
Aller au delà de la ressemblance, c'est exactement comme si on disait que les Asperger et les Zèbres c'est la même chose. De certains points de vue, notamment celui de certains "normopensants" (horrible, ce mot) ça peut paraître juste, or on sait qu'il n'en est rien, les fonctionnements ne sont pas identiques.
Je suis d'ailleurs extrêmement critique avec les méthodes de management : on peut parfaitement être un bon patron sans avoir aucun diplôme ou fait d'études managériales. Le management, la remise en forme, le bien être psy, le lâcher-prise, l'art de la pêche à la Carpe ou n'importe quel sujet est bon pour faire du fric. Il se trouvera toujours quelques personnes intéressées par un sujet pour vouloir progresser ou approfondir leurs connaissances.
Mais il appartient à ceux qui ont du sens critique de ne pas laisser dire n'importe quoi n'importe comment. C'était ce que je croyais avoir fait. Imparfaitement, je le concède.
Je n'ai jamais mis en doute les qualifications de Chapoutot, ni même ses compétences.
Mais il n'est pas infaillible, et ce qu'il écrit reste donc sujet à critique. Il semble qu'en outre que son essai ait reçu un accueil mitigé…
Je suis comme toi, je ne suis pas en position de statuer. Mais j'ai le droit d'avoir l'esprit critique et de faire valoir mes objections. Au même titre que lui a le droit d'écrire ce que bon lui semble.
Tu prends l'exemple de Teissier. Son titre de docteur en sociologie ne lui donne pas pour autant plus de pertinence scientifique, notamment en matière d'astronomie (dont il faut rappeler au passage qu'elle est censée être la base du pipotage astrologique).
Si je me souviens bien, à une question d'Hubert Reeves sur l'influence de la lune dans l'horoscope elle est restée "sèche"... (Neptune ou Jupiter sont pris en compte dans l'horoscope, mais pas la lune…)
On aurait aussi pu citer Einstein. Mais c'était un instable émotionnel, et Szilard a du ruser pour l'amener à signer la fameuse lettre à Roosevelt. Et plus près de nous, on peut citer Raoult : sans remettre en cause sa lutte contre le Covid et ses propos sur la Chloroquine, on ne peut que regretter qu'il n'ait pas adopté une démarche plus scientifique pour exposer ses idées.
Ce que j'essaie de dire c'est que le nom et les diplômes ou qualifications ne sont pas forcément signe de vérité absolue. C'est certes un présupposé de qualité des travaux, mais ensuite tout reste à confirmer.
Et moi, je suis un peu ennuyé par la méthode utilisée par Chapoutot, qui ne me semble pas du tout correcte.
Du reste, ce que je réponds plus bas à Siamois devrait t'éclairer davantage sur mon ressenti.
Pour Siamois
Sur les quelques fils de discussion qui m'attirent et que je lis, je réceptionne toujours tes critiques avec plaisir, elles me semblent réfléchies et ne pas obéir à l'impulsivité.
Du coup, je me suis demandé si ton bémol n'était pas justifié par ton ressenti de ce que j'avais écrit. En fait, j'aurais dû être plus complet, j'ai laissé des doutes subsister quant à mon appréciation des "deux choses". Ce qui justifie donc parfaitement ta remarque.
En fait, je ne veux surtout pas faire l'apologie des méthodes modernes de management. Loin de là. Je reproche surtout à l'auteur d'avoir fait des parallèles entre management et nazisme. Ce procédé, grossier du point de vue de la méthode littéraire, permet d'inverser le rapport entre les causes et les symptômes d'un mal.
Je ne dénie pas qu'il y ait des points communs dans les deux, par exemple celui de la "critique" du nombre de jours chômés.
Mais pour moi, ce sont des points communs, et rien d'autre. Ca n'établit pas forcément un lien entre nazisme et management.
Aller au delà de la ressemblance, c'est exactement comme si on disait que les Asperger et les Zèbres c'est la même chose. De certains points de vue, notamment celui de certains "normopensants" (horrible, ce mot) ça peut paraître juste, or on sait qu'il n'en est rien, les fonctionnements ne sont pas identiques.
Je suis d'ailleurs extrêmement critique avec les méthodes de management : on peut parfaitement être un bon patron sans avoir aucun diplôme ou fait d'études managériales. Le management, la remise en forme, le bien être psy, le lâcher-prise, l'art de la pêche à la Carpe ou n'importe quel sujet est bon pour faire du fric. Il se trouvera toujours quelques personnes intéressées par un sujet pour vouloir progresser ou approfondir leurs connaissances.
Mais il appartient à ceux qui ont du sens critique de ne pas laisser dire n'importe quoi n'importe comment. C'était ce que je croyais avoir fait. Imparfaitement, je le concède.
Mentounasc- Messages : 2284
Date d'inscription : 16/01/2019
Age : 68
Localisation : Autour de Monaco
Re: Confs & co.
J'ai bien apprécié ta remarque sur l'inversion des rôles. Il aurait été intéressant de faire aussi la liste des différences, et pas seulement des points communs. En plus, comme dans toute méthode statistique, il ne suffit pas de compter les points communs ou de divergence. L'importance de chaque point est à examiner séparément. Ce n'est pas seulement le nombre de points communs qui est important mais leur nature exacte.
Pour ce qui est du management, l'intérêt est aussi d'envoyer les cadres en formation, vu qu'il y a des budgets formation à utiliser dans les entreprises.
Le monde de la formation professionnelle est un monde qui est loin d'être joli. Dês qu'il y a des sous à glaner il y a des personnes qui savent utiliser le système, et cela à tout niveau de la hiérarchie.
Donc les formations payées via l'état donc nos impôts et cotisations et qui font économiser des impôts à l'entreprise, c'est très bien sauf quand l'entreprise s'en sert uniquement pour certaines catégories de salariés.
Le management c'est aussi une part de ce qui fait l'identité de l'entreprise, c'est les valeurs auxquelles on adhère ou non.
Pour ce qui est du management, l'intérêt est aussi d'envoyer les cadres en formation, vu qu'il y a des budgets formation à utiliser dans les entreprises.
Le monde de la formation professionnelle est un monde qui est loin d'être joli. Dês qu'il y a des sous à glaner il y a des personnes qui savent utiliser le système, et cela à tout niveau de la hiérarchie.
Donc les formations payées via l'état donc nos impôts et cotisations et qui font économiser des impôts à l'entreprise, c'est très bien sauf quand l'entreprise s'en sert uniquement pour certaines catégories de salariés.
Le management c'est aussi une part de ce qui fait l'identité de l'entreprise, c'est les valeurs auxquelles on adhère ou non.
Re: Confs & co.
Pour poursuivre la discussion qui semblait s’étioler.
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Comment, dès le XVIe siècle, l’argent a été le pivot d'une mondialisation économique dominée par la Chine. Une saga historique très complète qui embrasse quatre siècles et trois continents.
En 1571, la Chine des Ming décide de rationaliser la levée de l'impôt et impose à ses sujets un paiement en argent, déjà utilisé comme monnaie. Dix ans plus tard, à Potosí (actuelle Bolivie), dans l'Empire espagnol, on découvre d’immenses mines du précieux métal. En échange de denrées de luxe dont elle a le monopole, la Chine va en importer une partie. Manille, dans la colonie espagnole des Philippines, devient la plaque tournante de ce commerce d’emblée très lucratif et la population chinoise y afflue, non sans fortes tensions entre communautés. Mais trop dépendante de ses importations, ralenties par les aléas de la navigation et la faiblesse de sa production domestique, la dynastie Ming chute en 1644. Fondée par les guerriers mandchous du Nord, la nouvelle lignée des Qing continue de placer le commerce au premier plan, aidée par le succès mondial du thé, que la Chine est la seule à cultiver. Prisé notamment en Grande-Bretagne et en Russie, il garantit l’argent dont le royaume a besoin. Contrôlant strictement les marchands étrangers “barbares”, l’Empire du Milieu domine les échanges de son économie en plein essor.
Chine : comment le métal blanc a façonné le monde | L'empire de l'argent Partie 2 |
Comment, dès le XVIe siècle, l’argent a été le pivot d'une mondialisation économique dominée par la Chine. Une saga historique très complète qui embrasse quatre siècles et trois continents. Deuxième volet : dès le XVIIIe siècle, la Chine des Qing vend dans le monde entier sa porcelaine et ses soieries.
La Chine des Qing vend maintenant dans le monde entier sa porcelaine et ses soieries. En 1792, l'empereur Qianlong ignore la requête britannique, présentée par la puissante Compagnie des Indes orientales, pour assouplir les termes des échanges. Les grands marchands de Canton se tournent aussi vers l'Amérique, nouant de fructueuses alliances avec leurs pairs de la côte Est. Mais les Britanniques contre-attaquent avec l'opium, aussi rentable que dévastateur, dont ils détiennent alors le monopole en Inde. Les Américains les imitent en faisant produire la drogue en Turquie. Quand, en 1839, l’empereur chinois Daoguang réagit en détruisant 20 000 caisses d’opium, les pionniers du trafic, William Jardine et James Matheson, convainquent Londres d’attaquer en représailles. En 1840, la puissance de feu des Britanniques pulvérise la flotte et les forts côtiers chinois, leur obtenant deux ans plus tard, par le traité de Nankin, l'île de Hongkong et l’ouverture de quatre ports aux étrangers.
Chine : comment le métal blanc a façonné le monde | L'empire de l'argent Partie 3 |
Comment, dès le XVIe siècle, l’argent a été le pivot d'une mondialisation économique dominée par la Chine. Une saga historique très complète qui embrasse quatre siècles et trois continents. Dernier volet : fin du XIXe siècle, les impérialismes occidental et japonais se liguent pour dépecer l’empire des Qing...
Cette capitulation inaugure pour la Chine “le siècle de l’humiliation”. Alors que Hongkong devient le pivot financier des échanges asiatiques, les impérialismes occidental et japonais se liguent pour dépecer l’empire des Qing. En 1860, puis à nouveau en 1895, de cuisantes défaites, suivies au tournant du siècle par l’échec de la révolte des Boxers, imposent à la Chine des indemnités de guerre colossales et l’ouverture de zones franches. En 1911, exsangue, l’empire s’écroule, remplacé par une république. Shanghai émerge à son tour comme place financière, avec la plus grande réserve d’argent du pays. Aujourd’hui, redevenue le plus gros importateur au monde d’argent, indispensable notamment dans l’électronique et les batteries solaires, la Chine communiste est en passe de redevenir la première puissance mondiale.
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Le mercredi 18 décembre 2019 à 20h, au Centre Rabelais de Montpellier.
La notion d’espèce est au cœur de la biologie depuis ses origines. Savoir sur quelles bases elles sont définies, de quoi sont-elles constituées, comment se forment-elles et à quelle vitesse, occupe les systématiciens, les taxinomistes, les paléontologues, les écologues, les généticiens et les évolutionnistes depuis des décennies. Ce n’est donc pas une mince affaire, et ce thème transversal est central dans notre compréhension des origines de la biodiversité, de son maintien, de son fonctionnement. Que nous apprend le décryptage des génomes d’un nombre croissant d’espèces sur ces questions ? C’est ce que nous aborderons notamment à travers l’analyse d’exemples où la spéciation n’est pas arrivée à son terme…
François BONHOMME a effectué l’essentiel de sa carrière à l’Université de Montpellier où il est depuis peu directeur de recherche émérite et dont il a dirigé pendant 15 ans la Station de biologie marine de Sète. Ses nombreuses publications et son rôle de pionnier dans le développement de la génétique moléculaire des populations lui ont valu la médaille d’argent du CNRS. La compréhension des mécanismes génétiques qui sous-tendent la création et le maintien de la biodiversité, notamment sous forme d’espèces distinctes. La question de la spéciation donc est le thème central de ses recherches, qu’il a appliquées en particulier au domaine marin. François Bonhomme est actuellement engagé dans les instances régionales de protection du patrimoine naturel et collabore à la revue Espèces.
Bimbang- Messages : 6445
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
Re: Confs & co.
L'urgence de ralentir
Aux quatre coins de la planète des citoyens refusent de se soumettre aux diktats de l'urgence et de l’immédiateté, pour redonner sens au temps. En Europe, aux États-Unis, en Amérique Latine ou encore en Inde, Philippe Borrel est allé à la découverte d'initiatives, individuelles et collectives, qui proposent des alternatives basées sur d’autres paradigmes.
" Course suicidaire et inconsciente", selon Edgar Morin, l'accélération financière et technologique, déconnectée du rythme de l'homme, mène notre système à l'épuisement et vers des catastrophes tout à la fois écologiques, économiques et sociales. Mais alors que des algorithmes accentuent de manière exponentielle et hors de tout contrôle la spéculation financière, des citoyens à travers le monde refusent de se soumettre aux diktats de l'urgence et de l'immédiateté, pour redonner sens au temps. En Europe, aux États-Unis, en Amérique latine ou encore en Inde, Philippe Borrel (Un monde sans humains ?) est allé à la découverte de ces initiatives, individuelles et collectives, qui proposent des alternatives fondées sur d'autres paradigmes. Reprendre le contrôleAu Rajasthan, le Barefoot College fondé par Bunker Roy recrute des femmes de milieux ruraux pour les former à l'ingénierie solaire ; les villes de Romans-sur-Isère et de Bristol ont mis en place une monnaie locale pour résister à la toute-puissance des banques ; à Ithaca, au nord de New York, des coopératives contribuent à relocaliser l'économie... À rebours du "train fou" du modèle dominant, ces alternatives citoyennes, qui rejoignent les analyses de philosophes, de sociologues, d'économistes et de scientifiques, pourraient bien être les pionnières du monde de demain. Autant de gestes qui remettent l'homme au coeur du système.
Documentaire de Philippe Borrel (France, 2014, 1h25mn)
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Pabanal a écrit:Je déteste cette idée de configuration du cerveau !
C'est ce qu'on fait tous les jours par les renforcements négatif/positif. Ce qui me vient en tête : on pourrait remplacer la gabegie actuelle due au productivisme et sa logique de valorisation du statut social par la capacité d'accumuler des biens par une reconnaissance sociale de la modestie et de la dignité.
Pas sûr que la modestie soit de mise, mais ça m'a fait penser à ça :
Fêtes himalayennes, les derniers Kalash, épisode 2 :
Chez les Kalash, il n'y a pas de chef. La société est dirigée par le conseil des grands Hommes : le Gadeirak. Pour devenir un grand homme, il faut se ruiner pour les autres. Lorsqu'un homme a accumulé suffisamment de blé et de bétail, il les offre à la communauté. Au mois de novembre, durant trois jours de fête, appelée Biramor, tous ses biens vont être consommés. En échange, il reçoit des louanges, des récits à sa gloire et à celle de ses ancêtres. A sa mort, il est récompensé par des statues funéraires. Seuls les grands hommes ont le droit de porter des robes d'honneur et de s'asseoir sur des chaises à dossier.
Les Kalash considèrent que celui qui arrive à accumuler de grandes richesses est un homme habile, mais il n'y a pas de plus grand honneur que d'en faire don à la communauté. Les plus habiles font ce don plusieurs fois au cours de leur vie...
Invité- Invité
Re: Confs & co.
Il y a plein de sociétés qui ont inventé des systèmes sophistiqués de redistribution de biens accumulés de façon à consolider les relations.
Dans d'autres contextes comme chez Les amérindiens le potlatch est une forme de don-contredon.
Dans d'autres contextes comme chez Les amérindiens le potlatch est une forme de don-contredon.
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Paul Jorion - À l'Afrique !
Note personnelle : la photo représente les bâtiments du fort d'Elmina qui appartenait aux portugais et qui a été cédé aux anglais avant l'hinterland. C' était un lieu de regroupement et de séquestration des esclaves avant l'expédition aux Amériques, il est situé au Ghana.
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Utopies, le seul réalisme
Loin d'être l'apanage de petits groupes déterminés ou de rêveurs isolés, l'utopie apparaît désormais pour de nombreux groupes militants comme "le seul réalisme possible". C'est la conclusion que la directrice de recherche à Sciences Po Réjane Sénac tire de 120 entretiens réalisés dans tous les horizons de l'activisme en France. De l'antispécisme à la lutte pour la pauvreté et des ZAD aux collectifs féministes intersectionnels, la démonstration dans le réel de la validité des changements de société défendus par ces mouvements constitue un outil d'action politique essentiel. A fortiori dans un temps où les réactions autoritaires et réflexes sécuritaires d'un État questionné rognent les espaces démocratiques classiques.
Autrice de "L'égalité sans condition", une approche qu'elle étend désormais au delà du genre au questionnement des frontières entre les vivant·es, Réjane Sénac s'interroge sur ces nouveaux espaces de l'action politique. Les utopies peuvent-elles rapprocher, écarter, unir voir réconcilier des causes disparates ? En tout cas, l'après-Covid réunit selon elle toutes les conditions pour que la pensée utopique gagne en force et en portée dans le champs du politique.
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Roland Gori - La Fabrique des Imposteurs
"L'imposteur est aujourd'hui dans nos sociétés comme un poisson dans l'eau : faire prévaloir la forme sur le fond, valoriser les moyens plutôt que les fins, se fier à l'apparence et à la réputation plutôt qu'au travail et à la probité, préférer l'audience au mérite, opter pour le pragmatisme avantageux plutôt que pour le courage de la vérité, choisir l'opportunisme de l'opinion plutôt que tenir bon sur les valeurs, pratiquer l'art de l'illusion plutôt que s'émanciper par la pensée critique, s'abandonner aux fausses sécurités des procédures plutôt que se risquer à l'amour et à la création. Voilà le milieu où prospère l'imposture ! Notre société de la norme, même travestie sous un hédonisme de masse et fardée de publicité tapageuse, fabrique des imposteurs. L'imposteur est un authentique martyr de notre environnement social, maître de l'opinion, éponge vivante des valeurs de son temps, fétichiste des modes et des formes.
L'imposteur vit à crédit, au crédit de l'Autre. Soeur siamoise du conformisme, l'imposture est parmi nous. Elle emprunte la froide logique des instruments de gestion et de procédure, les combines de papier et les escroqueries des algorithmes, les usurpations de crédits, les expertises mensongères et l'hypocrisie des bons sentiments. De cette civilisation du faux-semblant, notre démocratie de caméléons est malade, enfermée dans ses normes et propulsée dans l'enfer d'un monde qui tourne à vide. Seules l'ambition de la culture et l'audace de la liberté partagée nous permettraient de créer l'avenir." A travers cette conférence, organisée dans le cadre des conférences de l'Université permanente de l'Université de Nantes, Roland Gori revient sur les idées fortes de son dernier ouvrage "La Fabrique des imposteurs".
Bimbang- Messages : 6445
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
Re: Confs & co.
J'ai commencé à visionner la conférence et il dépote le bonhomme. Je conseille à ceux qui auraient des doutes sur la nécessité de leurs activités forumesques de se désennuyer avec lui.
Merci !
Merci !
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Vu que j'ai de l'avance en visionnage sur le bonhomme, je vous soumets également celle-ci de Roland Gori.
Et comme j'ai lu aussi beaucoup l'argument de la "liberté" pour promouvoir certains faits, je trouve que c'est intéressant de se poser cette question.
Roland Gori - Faut-il renoncer à la liberté pour être heureux ?
La promesse de bonheur faite aux peuples et aux individus ne constitue-t-elle pas à l'instar des religions et des idéologies un opium qui les prive de leur liberté ? En les berçant avec la vieille chanson de l'abondance et du bien-être, le pouvoir démocratique aujourd'hui contraint les sujets politiques à abandonner leurs libertés publiques et privées au profit de l'automatisme des procédures et des techniques. Les nouvelles technologies ont largement contribué à installer ce système technicien qui récuse la démocratie, et favorise la marchandisation du vivant. Ces transformations sociales et culturelles ont considérablement accru les effets de violence de la quantification et de la marchandisation qui accompagnent la financiarisation du monde. Le déclin de la responsabilité, professionnelle autant que citoyenne, sont les conséquences de ce processus culturel qui, en nourrissant les illusions de la sécurité et en conjurant le risque, récolte les fruits de la dépendance et de l'aliénation. Il est grand temps de retrouver la liberté de désirer.
Et comme j'ai lu aussi beaucoup l'argument de la "liberté" pour promouvoir certains faits, je trouve que c'est intéressant de se poser cette question.
Roland Gori - Faut-il renoncer à la liberté pour être heureux ?
La promesse de bonheur faite aux peuples et aux individus ne constitue-t-elle pas à l'instar des religions et des idéologies un opium qui les prive de leur liberté ? En les berçant avec la vieille chanson de l'abondance et du bien-être, le pouvoir démocratique aujourd'hui contraint les sujets politiques à abandonner leurs libertés publiques et privées au profit de l'automatisme des procédures et des techniques. Les nouvelles technologies ont largement contribué à installer ce système technicien qui récuse la démocratie, et favorise la marchandisation du vivant. Ces transformations sociales et culturelles ont considérablement accru les effets de violence de la quantification et de la marchandisation qui accompagnent la financiarisation du monde. Le déclin de la responsabilité, professionnelle autant que citoyenne, sont les conséquences de ce processus culturel qui, en nourrissant les illusions de la sécurité et en conjurant le risque, récolte les fruits de la dépendance et de l'aliénation. Il est grand temps de retrouver la liberté de désirer.
Bimbang- Messages : 6445
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
Re: Confs & co.
Bon OK tu aimes bien qu'on te dise merci, alors merci deux fois.
Mais il est vraiment bien ce bonhomme, cool et carré.
Mais il est vraiment bien ce bonhomme, cool et carré.
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Yvon Quiniou - Critique de la religion : une imposture morale, intellectuelle et politique
Dans cette conférence Yvon Quiniou présente l'essentiel de sa réflexion issue de son livre Critique de la religion (La vile brûle). Celle-ci, distinguée de la foi subjective, y est considérée comme une imposture qui n'apporte pas ce qu'elle prétend apporter : ni le vrai, ni le bien, ni un quelconque progrès politique. Ce procès s'appuie sur la philosophie des Lumières (Spinoza, Hume, Kant) qui a critiqué les religions positives au nom d'une religion idéale fondée sur la raison. Mais il se prolonge surtout à travers l'explication critique qu'en ont fourni les penseurs du XIXe siècle : Feuerbach, Marx, Nietzsche et Freud, qui l'ont réduit à un phénomène strictement humain avec ses méfaits propres, dans l'ordre vital, psychologique, social et politique. S'ensuit l'idée que, dans le respect de leur existence, il faut envisager leur dépassement si l'on veut émanciper l'homme sur tous les plans. L'actualité tragique de notre époque ravive malheureusement cette exigence.
---------------------------------------
Yvon Quiniou est docteur en philosophie et professeur de philosophie en classes préparatoires, et auteur de Critique de la religion – Une imposture morale, intellectuelle et politique (La ville brûle, 2014).
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
/ L’ENS AU COEUR DE L’ACTUALITÉ SCIENTIFIQUE
Les découvertes les plus révolutionnaires d’aujourd’hui exigent que l’on comprenne à la fois leur contenu scientifique
le plus précis, et leurs enjeux sociaux les plus vastes. Tel est le projet des Conférences Olivier Legrain Sciences et Société, du nom du mécène qui les soutient à l’École normale supérieure. À charge pour celle-ci, dont c’est bien sûr une mission essentielle, de mobiliser ses chercheurs, étudiants et partenaires de toutes disciplines, avec les plus hautes exigences tout à la fois de recherche scientifique, de diffusion éclairée et de qualité du débat social.
«L’ingénierie du génome entre espoirs et craintes » : quel meilleur sujet pour ouvrir ce nouveau cycle ? Une révolution
scientifique et technique toute récente, mais déjà célèbre et active dans le monde entier, qui frappe par sa complexité
théorique mais aussi sa simplicité pratique, l’ampleur de ses effets (sur l’homme, les plantes, les animaux, les aliments,
l’environnement) et la modestie de ses coûts, et dont les horizons sont ouverts et inconnus.
/ LA RÉVOLUTION DU «COUTEAU SUISSE GÉNÉTIQUE»
De quoi s’agit-il exactement ? Issue des recherches fondamentales réalisées sur le génome bactérien et la découverte de
séquences d’ADN répétitives dans le génome de bactéries, une technique a été mise au point en 2012 – le Crispr/Cas9 –
pour modifier le génome de nombreux types de cellules, tant chez les bactéries que chez les plantes ou les animaux. De
façon très simple et rapidement reproductible, cette technique permet de cibler des gènes pour les découper, y induire
des mutations, inhiber leur expression, les supprimer, leur accoler de nouveaux gènes, etc.
Les applications sont multiples : en 2014, des chercheurs ont réussi à l’utiliser sur des primates et sur des rongeurs,
pour corriger des maladies génétiques. À terme, elle pourrait être utile pour corriger des cellules humaines malades
avant de les réimplanter aux patients, pour lutter contre les bactéries résistantes aux antibiotiques, ou encore pour de
nombreuses applications en agriculture. Parfois qualifiée de « couteau suisse génétique », accessible à n’importe quel laboratoire pour un coût bien moindre que d’autres procédés de manipulation génétique, cette technologie est devenue un procédé de routine en biologie moléculaire. Cette démocratisation de l’accès à la manipulation génétique n’est cependant pas sans poser un certain nombre de questions éthiques.
Bimbang- Messages : 6445
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
Re: Confs & co.
Rencontre en 1960 avec Marcel Duchamp, figure tutélaire de l'art du 20e siècle
Marcel Duchamp, grande figure de l'avant-garde artistique de la première moitié du 20e siècle, celui dont l'apport est déterminant pour l'histoire de l'art contemporain, est questionné sur sa vie d'artiste et sur ses œuvres si singulières. Propos sur l'humour comme outil libérateur en art, sur ses débuts d'artiste, sur le futurisme, le dadaïsme et ses manifestations, sur le mouvement surréaliste à Paris, sur son «Nu descendant un escalier», sur son grand verre intitulé «La Mariée mise à nu par ses célibataires mêmes», sur son fameux concept de «ready-made».
Tristan Tzara sur le mouvement Dada, sa création, les relations avec le surréalisme
En 1962, rencontre avec Tristan Tzara, figure d'importance du mouvement Dada
Entrevue avec Tristan Tzara, de son vrai nom Samuel Rosenstock. Né en Roumanie, Tzara est l'un des fondateur du mouvement Dada. Il évoque le contexte psychologique, intellectuel, politique et social dans lequel est né en 1916 à Zurich, en Suisse, ce mouvement littéraire et artistique d'avant-garde, le dadaïsme. Tzara décrit sa rencontre avec Lénine. Il raconte les réactions du public et des critiques d'art face au dadaïsme. Il commente la politisation et l'engagement de son art. Il est aussi question avec lui de l'universalité de l'art et son intérêt pour l'art nègre. Enfin, il parle de la poésie de François Villon, de sa propre conception de la poésie et commente l'avènement de néo-dadaïstes.
Dernière édition par Pabanal le Sam 20 Juin 2020 - 11:31, édité 2 fois
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Revivez la Conférence SANS TABOU "La compréhension d'autrui" avec Edgar MORIN et BORIS CYRULNICK.
La Chaire Edgar Morin de la Complexité se propose de rendre les échanges plus transparents et de promouvoir le débat comme lieu d'apprentissage et de développement. Elle crée ainsi un cycle de conférence, les « Sans tabous ». Chaque Sans tabous sera l'occasion d'un débat entre chercheurs et/ou praticiens sur divers thèmes tenant de la complexité et destiné à un public large de chercheurs, de professionnels et d'étudiants.
Une chose que j'ai retenue : la certitude crée la servitude car elle
Bimbang- Messages : 6445
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
Re: Confs & co.
J'ai survolé de plages en plages ça a l'air vraiment bien. J'avais voulu mettre une autre vidéo d'Edgar Morin mais le son n'était pas top. J'y reviendrai.
-
-
- Annotations:
- connexion de la construction du pervers narcissique avec le monde sans altérité de Deleuze.
-c'est pas moi c'est l'autre
- sur terre il y a 38000 dieux différents => mécréants quand un dieu prétend être le seul => insultes - blasphèmes - préparation au meurtre.
-tendance au réductionnisme : biais de l'altérité + réduction de l'autre à un aspect imaginaire - parfois à partir d'un seul critère / évidence dans la ségrégation raciale /aliénation- devenir autre - par la réduction d'un tout à un élément
-nécessité de la transdisciplinarité pour réduire le réductionnisme de l'étude scientifique spécifique d'un objet.
-assimilation au racisme du réductionnisme induit par la seule considération des tests du quotient intellectuel
-réification par l'administration statistique
-évocation de la relation de l'élément à la totalité
-prétendre comprendre la totalité => totalitarisme
- résolution du dilemme de la servitude volontaire (enfin) / le bonheur dans la servitude par la certitude / confort intellectuel : pourquoi les allemands ont pu commettre les crimes du nazisme : la certitude de l'idéologie qui subjugue l'individu, paralyse sa pensée - réduction du discours du dominé par la répétition du slogan du dominant / "je n'ai fait qu'obéir" crime sans culpabilité par confort / univers clos hallucinatoire >< le doute /recherche de compréhension [barbarie >< civilisation]
- digression personnelle d'origine inconnue : reproduction sociale par la reconnaissance de l'acquisition des codes spécifiques sectoriels / réductionnisme / sélection hors domaine de compétences
- Nécessités d'éviter la soumission à l'immanence (?) l'émotion de la question de l'origine mène à la spiritualité / dangers de la religion "mécréant" etc... blasphèmes => assassinat sans sentiments de crimes
-nécessités de rites communs / émotion de la synchronicité des émotions (chant)
-nécessités d'avoir plusieurs dieux
-Empathie : la forme la plus élémentaire du mouvement affectif vers autrui. / Je souffre de ce que souffre l'autre. / Se décentrer pour se représenter le monde mental de l'autre : abusif => tenter de se représenter les représentations de l'autre.
Eviter le fanatisme par l'éducation en apprenant le plaisir de découvrir le monde de l'autre / Le désespoir nihiliste / la perte de croyance en soi => fanatisme religieux.
Dernière édition par Pabanal le Sam 27 Juin 2020 - 11:34, édité 6 fois
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Après ce petit exercice divertissant de prises de notes commentées de façon très subjectives allant jusqu'à l'interprétation scabreuse, vous en êtes avertis à vous de vous faire votre propre idée de façon critique, je propose à qui voudra de commenter à l'avenir les diverses productions proposées selon l'intérêt porté au sujet de la manière qui plaira : extraits résumés synthèses citations...
On peut aussi commenter les commentaires.
On peut aussi commenter les commentaires.
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
Pabanal a écrit:Ali Rebelhi a invité Richard Wilkinson dans l'émission Grand bien vous fasse du 21/02/19 sur France Inter pour parler de son livre écrit en collaboration avec Kate Pickett : Pour vivre heureux vivons égaux. Tous deux sont épidémologistes
Au risque de froisser la pensée unique verticale bien pensante.
C'est ICI
Remontage de post pour qui voudrait avoir à dire sur le sujet.
- Annotations personnelles:
- Statisques sur 20 pays développés : les inégalités accroissent le stress, minent la santé mentale et détériorent le bien être collectif.
Pays développés inégalitaires en moins bonne santé : espérance de vie, mortalité infantile, maladies mentales, alcool drogues violences prison scolarité : tous les problèmes existent de façon concentrée en bas de l’échelle sociale mais toutes les couches sociales sont atteintes
répartition de la richesse plus importante pour la santé que le taux de richesse à partir d’un niveau de vie global
qualité relationnelle
pré humain domination / force >< humain chasseurs cueilleurs : dominants rejetés redistribution favorisée
inégalités détruisent la vie sociale / liens sociaux non spontanés, médiatisés par la représentation hiérarchique
Impact pragmatique : jugements sociaux de valeurs sur les personnes en fonction des inégalités => regard de l’autre / effet miroir => sentiment d’insécurité => angoisses => maladies mentales (statistiques) / instabilités => surcompensations => surpoids (enfants)
Injustice => crise existentielle => tensions / violences l’autre + soi
sentiment de domination => jalousie permanente / esprit de compétition universel => renforcement de l’idéologie verticale => recherche de prise d’ascendance systématisée => techniques :linguistique / psychosociale
dévalorisation sociale => dévalorisation personnelle => recherche d’un coupable extérieur à la cause pour canaliser l’agressivité par facilité / lâcheté rationalisation culpabilisation parias + bas >< exploiteurs + hauts / méfiance / idéologie sécuritaire chiffrable
Cercles vicieux
Créativité / innovation + importante dans société égalitaire (pensée libre / disponibilité)
Stigmatisation / clivage : hommes / femmes : impact / souffrance sociale / retransmission dans l’éducation => perpétuation de troubles à travers les générations
Accumulation des facteurs observable dans la morbidité : facteurs économiques + statut familial + appartenance ethnique racisée etc. => culpabilisation injonction sociale intégrée auto culpabilisation => perte de repaires / inhibitions de l’action => hypertension
impératif de performance conditionné par identification / appartenance du groupe : école appareil de notation et de classement social
expérience psychosociale filles / garçons / maths : induction d’ auto infériorisation des filles quand mixité
démocratie locale / décisions communes / auto évaluation discutée du mérite productif - social
tensions psy insécurité d’être à la hauteur de son statut pour progresser dans l’accumulation de pouvoir d’achat et capitalisation sociale par les apparences => paraître / être => perte de personnalité / hyper consommation spectaculaire
rapport hyper riches / pauvres s’accroissent mondialement
rapport rétributions dirigeants / bas salaires s’accroissent : années 70 rapport de 1 à 40 2000 rapport de 1 à 400 : frein pour l’entreprise
Méritocratie illusion : importance de la place de la famille dans la société prime sur la volonté de l’individu
capacité apprise de prédation - culture – transmission des codes
Impact sur l’environnement sur la conscience du bien public.
Sur France Culture
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
J'ai point envie d'annoter, par contre, comme j'ai trouvé ça intéressant, j'ai enchainé sur une vidéo sur YT avec François Ruffin et Richard WILKINSON (avec une traductrice yeeahh ! ^^)
Bimbang- Messages : 6445
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
Re: Confs & co.
j'avais vu mais du fait de la personne politique de Ruffin, j'ai personnellement préféré m'abstenir, mais ça a toute sa place ici.
En suivant le lien vers France Culture ajouté en bas de message on peut avoir accès à l'émission.
On peut aussi écouter l'émission sur France Culture à partir de ce lien
En suivant le lien vers France Culture ajouté en bas de message on peut avoir accès à l'émission.
On peut aussi écouter l'émission sur France Culture à partir de ce lien
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
France Culture
09/01/2014
La société marchende et le narcissisme
La société contemporaine apparaît dominée par ce que Marx a appelé le « fétichisme de la marchandise ». Mais on y observe aussi une montée du narcissisme au sens de Freud. La négation de la réalité extérieur et la montée en puissance de la société marchande sont les deux volets de l'analyse sociologique et psychologique que propose Anselm Jappe pour comprendre notre monde contemporain.
Philosophe, Anselm Jappe enseigne notamment à l'EHESS. Il est l'auteur d'un ouvrage remarqué sur Guy Debord ( 1992), et de Les Aventures de la marchandise, pour une nouvelle critique de la valeur (Denoël, 2003). Il a récemment publié Crédit à mort : la décomposition du capitalisme et ses critiques (Éditions Lignes, 2011). Anselm Jappe a préfacé l'ouvrage La civilisation et le travail de William Morris à l'occasion de sa réédition dans la collection Rééditions des éditions du Passager clandestin.
Anselm JAPPE : « Dans la critique de la valeur, nous tentons de montrer que c’est l’envolée de la finance qui essaye d’animer ce qui est déjà un cadavre, le système capitaliste. »
« Le fétichisme, c’est le fait d’être esclave de la valorisation au mépris du contenu, c’est une logique structurelle. »
« La théorie ne peut pas être la servante d’une pratique immédiate, sinon la critique radicale est impossible. »
« Il faut aussi sortir des structures psychologiques qui guident notre adhésion au déroulement du capitalisme. C’est un changement de civilisation qu’il faut parvenir à imaginer. »
01/11/2017
Le capitalisme narcissique d’Anselm Jappe
Anselm Jappe, philosophe, spécialiste de Guy Debord, poursuit son analyse de la société capitaliste dans "La société autophage : capitalisme, démesure et autodestruction" (La Découverte, septembre 2017)
Peut-on détruire le capitalisme sans nous détruire nous-même ?
Après un ouvrage sur Les Aventures de la marchandise, pour une nouvelle critique de la valeur (Denoël, 2003), un autre Crédit à mort : la décomposition du capitalisme et ses critiques (Éditions Lignes, 2011), il poursuit et publie avec Serge Latouche Pour en finir avec l'économie. Décroissance et critique de la valeur chez Libre et Solidaire.
Aujourd’hui il revient avec La société autophage à La Découverte. Ou pourquoi nous assistons tous passivement à la dérive suicidaire de la société capitaliste : structure économique, diversité culturelle, liens sociaux… tout est détruit, plus rien n'est créé. Une critique radicale qui s’articule autour des concepts de « fétichisme » et de « narcissisme »
Capitalisme, démesure et autodestruction
Le mythe grec d'Érysichthon nous parle d'un roi qui s'auto-dévora parce que rien ne pouvait assouvir sa faim - punition divine pour un outrage fait à la nature. Cette anticipation d'une société vouée à une dynamique autodestructrice constitue le point de départ de La Société autophage. Anselm Jappe y poursuit l'enquête commencée dans ses livres précédents, où il montrait que la société moderne est entièrement fondée sur le travail abstrait et l'argent, la marchandise et la valeur.
Mais quel type de subjectivité le capitalisme produit-il ? Pour le comprendre, il faut renoncer à l'idée, forgée par la Raison moderne, que le « sujet » est un individu libre et autonome. En réalité, ce dernier est le fruit de l'intériorisation des contraintes créées par le capitalisme, et aujourd'hui le réceptacle d'une combinaison létale entre narcissisme et fétichisme de la marchandise.
Le sujet fétichiste-narcissique ne tolère plus aucune frustration et conçoit le monde comme un moyen sans fin voué à l'illimitation et à la démesure. Cette perte de sens et cette négation des limites débouchent sur ce qu'Anselm Jappe appelle la « pulsion de mort du capitalisme » : un déchaînement de violences extrêmes, de tueries de masse et de meurtres « gratuits » qui précipite le monde des hommes vers sa chute.
09/01/2014
La société marchende et le narcissisme
La société contemporaine apparaît dominée par ce que Marx a appelé le « fétichisme de la marchandise ». Mais on y observe aussi une montée du narcissisme au sens de Freud. La négation de la réalité extérieur et la montée en puissance de la société marchande sont les deux volets de l'analyse sociologique et psychologique que propose Anselm Jappe pour comprendre notre monde contemporain.
Philosophe, Anselm Jappe enseigne notamment à l'EHESS. Il est l'auteur d'un ouvrage remarqué sur Guy Debord ( 1992), et de Les Aventures de la marchandise, pour une nouvelle critique de la valeur (Denoël, 2003). Il a récemment publié Crédit à mort : la décomposition du capitalisme et ses critiques (Éditions Lignes, 2011). Anselm Jappe a préfacé l'ouvrage La civilisation et le travail de William Morris à l'occasion de sa réédition dans la collection Rééditions des éditions du Passager clandestin.
Anselm JAPPE : « Dans la critique de la valeur, nous tentons de montrer que c’est l’envolée de la finance qui essaye d’animer ce qui est déjà un cadavre, le système capitaliste. »
« Le fétichisme, c’est le fait d’être esclave de la valorisation au mépris du contenu, c’est une logique structurelle. »
« La théorie ne peut pas être la servante d’une pratique immédiate, sinon la critique radicale est impossible. »
« Il faut aussi sortir des structures psychologiques qui guident notre adhésion au déroulement du capitalisme. C’est un changement de civilisation qu’il faut parvenir à imaginer. »
01/11/2017
Le capitalisme narcissique d’Anselm Jappe
Anselm Jappe, philosophe, spécialiste de Guy Debord, poursuit son analyse de la société capitaliste dans "La société autophage : capitalisme, démesure et autodestruction" (La Découverte, septembre 2017)
Peut-on détruire le capitalisme sans nous détruire nous-même ?
Après un ouvrage sur Les Aventures de la marchandise, pour une nouvelle critique de la valeur (Denoël, 2003), un autre Crédit à mort : la décomposition du capitalisme et ses critiques (Éditions Lignes, 2011), il poursuit et publie avec Serge Latouche Pour en finir avec l'économie. Décroissance et critique de la valeur chez Libre et Solidaire.
Aujourd’hui il revient avec La société autophage à La Découverte. Ou pourquoi nous assistons tous passivement à la dérive suicidaire de la société capitaliste : structure économique, diversité culturelle, liens sociaux… tout est détruit, plus rien n'est créé. Une critique radicale qui s’articule autour des concepts de « fétichisme » et de « narcissisme »
Capitalisme, démesure et autodestruction
Le mythe grec d'Érysichthon nous parle d'un roi qui s'auto-dévora parce que rien ne pouvait assouvir sa faim - punition divine pour un outrage fait à la nature. Cette anticipation d'une société vouée à une dynamique autodestructrice constitue le point de départ de La Société autophage. Anselm Jappe y poursuit l'enquête commencée dans ses livres précédents, où il montrait que la société moderne est entièrement fondée sur le travail abstrait et l'argent, la marchandise et la valeur.
Mais quel type de subjectivité le capitalisme produit-il ? Pour le comprendre, il faut renoncer à l'idée, forgée par la Raison moderne, que le « sujet » est un individu libre et autonome. En réalité, ce dernier est le fruit de l'intériorisation des contraintes créées par le capitalisme, et aujourd'hui le réceptacle d'une combinaison létale entre narcissisme et fétichisme de la marchandise.
Le sujet fétichiste-narcissique ne tolère plus aucune frustration et conçoit le monde comme un moyen sans fin voué à l'illimitation et à la démesure. Cette perte de sens et cette négation des limites débouchent sur ce qu'Anselm Jappe appelle la « pulsion de mort du capitalisme » : un déchaînement de violences extrêmes, de tueries de masse et de meurtres « gratuits » qui précipite le monde des hommes vers sa chute.
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
J'ai regardé le "capitalisme narcissique".
Rien de bien nouveau.
Je suis lasse cependant de la théorie, et de ces gens qui blablatent sur du vide, et qui fuient les solutions, ne les abordant qu'en disant leur inefficacité.
J'ai compris ça, il y a longtemps. J'ai soif de concrétiser à mon niveau.
Rien de bien nouveau.
Je suis lasse cependant de la théorie, et de ces gens qui blablatent sur du vide, et qui fuient les solutions, ne les abordant qu'en disant leur inefficacité.
J'ai compris ça, il y a longtemps. J'ai soif de concrétiser à mon niveau.
Bimbang- Messages : 6445
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
Re: Confs & co.
https://www.youtube.com/watch?v=MS-TvPVT7u8
Souleymane Bachir Diagne - Faire humanité ensemble (conférence et questions 1 h 26)
Je n'en suis qu'au début, mais ça me fait un bien fou, alors je pose la conférence là.
Pour vous allécher un peu, je mets ici un peu de matière à réflexion :
Le concept : « Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous »
Pour la signification d'Ubuntu : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ubuntu_(philosophie)
Ce que j'ai retenu :
Ubuntu c'est "être", et "être" c'est être une force qui peut être différente suivant la "hiérarchie", et évoluer (en augmentant (le bien) en diminuant (le mal). La hiérarchie du vivant est : Dieu, les ancêtres humains, les humains, les animaux, les végétaux et les minéraux (rien n'est inerte et les forces sont solidaires entre elles). Il y a une parenté et une responsabilité vis à vis des autres types de forces qui sont en interactions avec nous.
Ubuntu va de fait à l'encontre du cartésianisme. La centralité de l'humain dans la hiérarchie n'implique pas la possession de la nature, mais induit la responsabilité des autres êtres vivants. Devenir humain, c'est humaniser la terre. Le but de l'individu humain est de devenir une personne qui a le soutien de la communauté des vivants.
Les ouvertures que le visionnage de la conférence m'a données : Bergson + pacte de Marrakech
Bergson dit que l'instinct de l'homme le pousse vers une structure sociétale organisée en tribus (de gens qui nous ressemblent) et en territoires, et qu'il faut une force supplémentaire pour tromper notre nature instinctive (qui peut venir de la religion et/ou de l'intelligence, de la raison, pour faire de la philosophie) pour passer à plus grand que la tribu. Il faut une "âme ouverte" pour donner à tout homme, le droit d'avoir le droit.
Souleymane Bachir Diagne - Faire humanité ensemble (conférence et questions 1 h 26)
Albert Camus évoquait la "crise de l’homme" et posait la question "Où est passée notre humanité ?" Le philosophe de l’absurde est alors à Columbia University à New-York, le 28 mars 1946, pour la seule conférence qu’il fera dans ce pays.
Le philosophe et professeur Souleymane Bachir Diagne, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, agrégé et docteur en philosophie, docteur en mathématiques, disciple de Derrida et d’Althusser, directeur du Centre des études africaines de Columbia University, a donné une conférence à l’Université de Nantes dans le cadre de sa résidence de recherche à l’Institut d’études avancées de Nantes pour suggérer, entre autre, 70 ans après Camus :
"Que face à crise de sens qui est toujours là, même si elle ne nous apparaît pleinement que lorsqu’une "vie précaire et incertaine semble être la règle pour le grand nombre", une politique de la dignité est celle qui dit qu’il faut que nous fassions humanité ensemble pour ensemble habiter la terre. Cela implique d’abord ce que j’appelle une politique de l’humanité en général, ensuite une politique d’humanisation de la Terre pour utiliser ici une expression de Pierre Teilhard de Chardin. (…) C’est la crise des réfugiés que nous vivons qui nous indique ce que peut signifier une politique de l’humanité en général et qui nous en manifeste l’urgence. Il y a peu, dans la livraison du Monde datée du 30 avril 2016, Nicolas Hulot, le célèbre président de la "fondation pour la nature et l’homme" qui porte son nom posait, à propos de cette tragédie, la question dont j’ai dit tout à l’heure qu’elle était celle posée par la conférence sur la crise de l’homme : "Avec les migrants, où est passée notre humanité ?". Prendre cette question au sérieux, faire revenir notre humanité ou faire retour à notre humanité comme réponse à la vie précaire et incertaine, qu’est-ce que cela signifie ?
---------------------------------------
Souleymane Bachir Diagne a été élu en 2019 à la prestigieuse American Academy of Arts and Sciences en reconnaissance de ses travaux universitaires. Il y sera reçu en octobre prochain. Il vient également d’être élu membre associé de l’Académie royale de Belgique. Il a rejoint l’Institut d’études avancées de Nantes en qualité de membre associé en 2017.
Je n'en suis qu'au début, mais ça me fait un bien fou, alors je pose la conférence là.
Pour vous allécher un peu, je mets ici un peu de matière à réflexion :
Le concept : « Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous »
Pour la signification d'Ubuntu : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ubuntu_(philosophie)
Le terme ubuntu est un concept présent dans toutes les langues bantu (en lingala Bomoto, en kikongo kimuntu, en punu Butu, en Kinyarwanda et Kirundi Ubuntu...). Il a été remis au goût du jour avec la fin de l'apartheid en Afrique du Sud. En 1995, la Commission vérité et réconciliation menée par Mgr Desmond Tutu se donnait pour objectif de procéder à des amnisties individuelles aux auteurs de violations des droits de l'homme. En échange, ceux-là s'engageaient à révéler l'intégralité de leurs actions. Cette procédure fait écho à la Constitution de 1993, qui énonce le « besoin d'ubuntu et non de victimisation. »
« Quelqu'un d'ubuntu est ouvert et disponible pour les autres, dévoué aux autres, ne se sent pas menacé parce que les autres sont capables et bons car il ou elle possède sa propre estime de soi — qui vient de la connaissance qu'il ou elle a d'appartenir à quelque chose de plus grand — et qu'il ou elle est diminué quand les autres sont diminués ou humiliés, quand les autres sont torturés ou opprimés. »
— Desmond Tutu
Ce que j'ai retenu :
Ubuntu c'est "être", et "être" c'est être une force qui peut être différente suivant la "hiérarchie", et évoluer (en augmentant (le bien) en diminuant (le mal). La hiérarchie du vivant est : Dieu, les ancêtres humains, les humains, les animaux, les végétaux et les minéraux (rien n'est inerte et les forces sont solidaires entre elles). Il y a une parenté et une responsabilité vis à vis des autres types de forces qui sont en interactions avec nous.
Ubuntu va de fait à l'encontre du cartésianisme. La centralité de l'humain dans la hiérarchie n'implique pas la possession de la nature, mais induit la responsabilité des autres êtres vivants. Devenir humain, c'est humaniser la terre. Le but de l'individu humain est de devenir une personne qui a le soutien de la communauté des vivants.
Les ouvertures que le visionnage de la conférence m'a données : Bergson + pacte de Marrakech
Bergson dit que l'instinct de l'homme le pousse vers une structure sociétale organisée en tribus (de gens qui nous ressemblent) et en territoires, et qu'il faut une force supplémentaire pour tromper notre nature instinctive (qui peut venir de la religion et/ou de l'intelligence, de la raison, pour faire de la philosophie) pour passer à plus grand que la tribu. Il faut une "âme ouverte" pour donner à tout homme, le droit d'avoir le droit.
Dernière édition par Bimbang le Dim 12 Juil 2020 - 12:10, édité 1 fois
Bimbang- Messages : 6445
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
Re: Confs & co.
Tu penseras à dire ce que tu en as retenu ?
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Re: Confs & co.
https://www.youtube.com/watch?v=w9YMoF8NWrU
Médecine naturelle chez les grands singes d'Afrique
Quand on en vient à espionner les grands singes pour apprendre les vertus de certaines plantes...
300 aliments au menu ! pour 80 % ce sont des feuilles, de tiges et de fruits, mais 1 % correspond à des choses atypiques (de la terre, du bois mort, des insectes... etc). Ils consomment parfois de la viande car ils sont omnivores mais mangent la viande en accompagnement avec certaines plantes qui ne sont pas celles qu'ils consomment habituellement seules.
Les chercheurs s'intéressent particulièrement à des moyens de lutter contre certains vers intestinaux. Les chimpanzés ont des œufs de ces parasites mais pas toute l'année. Il s'avère que les chimpanzés consomment a jeun des feuilles avec des poils, qu'ils roulent dans le sens de la longueur, et qu'ils avalent tout rond sans les mâcher. A midi, les crottes ne sont constituées pratiquement que de ces feuilles entières, sur lesquelles on retrouve parfois les vers.
Certains chimpanzés appliquent certaines feuilles sur leurs blessures. Certaines écorces mangées seraient intéressantes contre le paludisme, ou contre certains parasites, voire sur les cellules de tumeurs cancéreuses, parfois en mélange avec de la terre.
Les chercheurs se sont demandées si c'était du hasard, voire de la déviance... ou pour maintenir leur santé ?
(Anecdote : des bananes avec antibiotiques sont données dans les zoo si l'on repère une maladie. Les singes ne mangent de ces bananes que lorsqu'ils sont malades. Guéris, ils les refusent.)
On sait que les chimpanzés sont sensibles au paludisme mais les chimpanzés étudiés n'en ont pas les symptômes.
Ils ont donc prélevé du sang sur des cadavres (ils n'ont pas le droit d'approcher les singes) et ils ont trouvé des paludismes différents, mais aussi celui de l'homme chez les bonobos.
Beaucoup d'indices penchent vers le fait que les singes font de la prévention en ingérant certains aliments (consciemment ou pas ? on ne sait pas). Ils évitent par ailleurs de dormir dans les endroits infestés par les insectes qui transmettent le palu.
On ne sait pas ce qui est culturel ou pas car les chimpanzés ont beaucoup de gestes culturels (épouillage, danse de la pluie, copiage du petit des gestes de la mère..), ni la part de l'apprentissage en fonction de leur état.
Médecine naturelle chez les grands singes d'Afrique
Qui connaît mieux la forêt que ceux qui l’habitent ? Mais il existe plusieurs manières de « l’habiter ». Ce cycle nous propose d’aller à la rencontre d’habitants des forêts. En Afrique, les grands singes nous livrent leur savoir faire en matière de plantes médicinales.
Sabrina Krief, maître de conférence et vétérinaire, chercheur au département Hommes Nature et Sociétés, éco-anthropologie et ethnobiologie du Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN)Cycle: habiter la forêt, Octobre 2011
Quand on en vient à espionner les grands singes pour apprendre les vertus de certaines plantes...
300 aliments au menu ! pour 80 % ce sont des feuilles, de tiges et de fruits, mais 1 % correspond à des choses atypiques (de la terre, du bois mort, des insectes... etc). Ils consomment parfois de la viande car ils sont omnivores mais mangent la viande en accompagnement avec certaines plantes qui ne sont pas celles qu'ils consomment habituellement seules.
Les chercheurs s'intéressent particulièrement à des moyens de lutter contre certains vers intestinaux. Les chimpanzés ont des œufs de ces parasites mais pas toute l'année. Il s'avère que les chimpanzés consomment a jeun des feuilles avec des poils, qu'ils roulent dans le sens de la longueur, et qu'ils avalent tout rond sans les mâcher. A midi, les crottes ne sont constituées pratiquement que de ces feuilles entières, sur lesquelles on retrouve parfois les vers.
Certains chimpanzés appliquent certaines feuilles sur leurs blessures. Certaines écorces mangées seraient intéressantes contre le paludisme, ou contre certains parasites, voire sur les cellules de tumeurs cancéreuses, parfois en mélange avec de la terre.
Les chercheurs se sont demandées si c'était du hasard, voire de la déviance... ou pour maintenir leur santé ?
(Anecdote : des bananes avec antibiotiques sont données dans les zoo si l'on repère une maladie. Les singes ne mangent de ces bananes que lorsqu'ils sont malades. Guéris, ils les refusent.)
On sait que les chimpanzés sont sensibles au paludisme mais les chimpanzés étudiés n'en ont pas les symptômes.
Ils ont donc prélevé du sang sur des cadavres (ils n'ont pas le droit d'approcher les singes) et ils ont trouvé des paludismes différents, mais aussi celui de l'homme chez les bonobos.
Beaucoup d'indices penchent vers le fait que les singes font de la prévention en ingérant certains aliments (consciemment ou pas ? on ne sait pas). Ils évitent par ailleurs de dormir dans les endroits infestés par les insectes qui transmettent le palu.
On ne sait pas ce qui est culturel ou pas car les chimpanzés ont beaucoup de gestes culturels (épouillage, danse de la pluie, copiage du petit des gestes de la mère..), ni la part de l'apprentissage en fonction de leur état.
Bimbang- Messages : 6445
Date d'inscription : 31/07/2016
Localisation : 44
Re: Confs & co.
Pabanal a écrit:Tu penseras à dire ce que tu en as retenu ?
J'avais commencé à relever ce que je pensais au départ n'être qu'un court passage et je n'ai pas pu m'arrêter...
Souleymane Bachir Diagne - Faire humanité ensemble a écrit:
20’55
Comme nous le savons tous Liberté Egalité Fraternité c’est la devise officielle de le France depuis le révolution de 1789 nous le savons tous. Nous sommes peut être moins nombreux en revanche à savoir que c’est devenu aussi et très exactement la devise de la république d’Haïti lorsque celle-ci a conquis son indépendance en 1804. Ceux qui ont mené la révolution Haïtienne, en effet d’abord derrière Toussaint Louverture et ensuite derrière ceux que C. L. R. James a appelé les jacobins noirs, ont en effet mené la guerre victorieuse de libération contre les armées napoléoniennes au nom des Lumières, on oublie toujours que ce n’est pas au nom de leurs particularismes que les nations anciennement colonisées se sont battues contre l’Europe mais au nom des mêmes Lumières dont l’Europe a estimé qu’il était dans sa mission de les apporter au reste de l’Humanité. Les jacobins noirs se sont donc battus victorieusement contre les armées napoléoniennes au nom des Lumières, au nom de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité contre une France qui à l’époque avait à la fois la proclamation de ces principes mais une proclamation qui ne l’avait pas empêchée de maintenir l’esclavage après l’avoir aboli un temps et bientôt à partir de 1830 de se lancer dans la colonisation avec le crime contre l’humain pour citer le président Macron que cela a pu entraîner. Ce qu’exprimait cette adoption par les jacobins haïtiens de la même devise qu’est toujours la devise d’Haïti c’était l’idée que celle-ci devait naturellement faire Ubuntu (Note :faire humanité ensemble) et non pas se limiter à une France, ou une Europe qu’on considérait comme terre de la civilité à l’exclusion du monde colonial où régnerait la barbarie, parce que définir les Lumières, les grands principes de la devise Liberté Egalité Fraternité, en disant que ces devises là valent pour le monde de la civilité qu’était l’Europe et ne valent plus pour le monde de la barbarie qu’était le reste du monde, c’était une forme de trahison de cette devise même, parce que si vous proclamez Liberté, elle ne peut pas avoir de frontière, et d’ailleurs Jean Ferrat chantant Ma France, et Aragon, dit d’elle qu’elle est (…) « Cet air de Liberté au-delà des frontières aux peuples étrangers qui donnaient le vertige ». De la même manière si vous proclamez Liberté vous ne pouvez pas l’enfermer dans les limites hexagonales. C’est au fond la grandeur de la devise française si vous regardez d’autres devises et c’est toujours très intéressant de se demander quelles sont les devises des différents pays , il y a toujours en général je crois que la majorité des devises, le mot que vous trouverez le plus dans beaucoup de devises c’est « un peuple » ou « une nation » etc. on insiste sur l’unité comme si on avait peur que la nation se sépare s’éparpille comme ça en friche, mais la devise est une manière de tenir ensemble une nation, alors qu’une devise qui utiliserait les concepts précisément de Liberté Egalité Fraternité comme je viens de le dire, c’est une devise qui par nature est universelle. L’universalisme républicain est véritablement dans la devise de la France et non pas dans les usages qui en sont faits aujourd’hui qui sont malheureusement des usages parfois d’exclusion. J’ai parlé d’Egalité et de Liberté, la Fraternité, est-ce que cela peut être une notion tribale qui serait définie par l’appartenance, est-ce que la Fraternité c’est l’appartenance à une même fratrie, est-ce que c’est l’expression d’un sentiment, le sentiment d’un lien entre des ressortissants d’une même famille et d’une même nation, la réponse a été lumineuse : celle du conseil constitutionnel parce que lorsque le conseil constitutionnel a décidé que rendre illégal un geste de fraternité envers un réfugié, c’était ça qui était inconstitutionnel, il a véritablement réinventé le sens de fraternité en affirmant qu’elle ne pouvait être pensable que si elle était ouverte, elle ne pouvait être pensable que si elle était ouverte à l’étranger, au non-citoyen, elle ne pouvait être valide que si elle était valide au delà des frontières de la nation et c’est en ce sens que c’est aussi maintenant un concept cosmopolitique.
Pour conclure sur ce point Ubuntu a marqué la victoire contre l’apartheid en Afrique du Sud en invitant à sauter à pieds joints en humanité en se dégageant des tribus. Utilisant ces expressions je ferai trois remarques : la première pour dire qu’Ubuntu est aujourd’hui un concept universel en matière de justice transitionnelle, c’est à dire que toutes les fois que vous allez mettre en place des tribunaux par exemple sur le modèle Sud–Africain du tribunal Vérité et Réconciliation, vous allez demander que les décisions de justice ne soient pas liées au passé c’est à dire à des précédents, ne soient pas des manières de sanctionner des faits en s’appuyant sur l’histoire et les précédents mais vous allez demander que les décisions de justice prennent leurs sens à partir du futur, vous commencez par projeter la société que vous voulez et vous dites en fonction de la société qui doit advenir qu’entre tous les scénarios catastrophes possibles quelle décision de justice est-ce que je dois prendre et cette manière nouvelle de penser les choses, dans cette manière nouvelle, dans la justice transitionnelle Ubuntu est venu prendre une place universelle et une place lumineuse éclairant notre humanité post-catastrophe parce que malheureusement nous allons de catastrophes en catastrophes et nous avons même réussi à la fin du vingtième siècle alors qu’on avait dit plus jamais ça, à avoir un génocide, encore.
Dernière édition par Pabanal le Lun 3 Mai 2021 - 22:47, édité 1 fois
Pabanal- Messages : 4647
Date d'inscription : 21/10/2017
Age : 67
Localisation : Juste à côté de chez moi
Page 4 sur 5 • 1, 2, 3, 4, 5
Page 4 sur 5
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum