Tentative de lecture tout à fait orientée d'une image

La première chose que j'ai envie de dire c'est "Bonjour madame."
Cela posé je trouve à cette peinture un aspect parabolique sur lequel je désire m'arrêter. Ma lecture est la suivante:
Privée de transcendance, cette veuve portant le crâne de son époux décédé - puisque selon Nietzsche Dieu est mort - se retrouve seule dans un décor triste et aride. Il n'y a plus nulle part d'où elle vient pas plus que d'endroit où aller étant donné qu'elle est statique et non pas entrain de marcher. C'est l'image de tout un monde qui n'étant plus alimenté par les forces vivifiantes d'une spiritualité bien vécue se retrouve égaré dans un no man's land avec pour seul leg la morbidesse et la désolation. Pas de trace du moindre idéal, pas d'élan mobilisateur, juste une rumination morbide qui fige le personnage dans une attitude de morte debout.
Quand aux cailloux qui dépassent ici ou là, ils pourraient fort bien eux aussi être d'autres crânes abandonnés sur la lande.

sur son ventre germant et accueillant toute vie, réside aussi la mort. Elle est donc triste désolée comme ce paysage plat apparemment dépourvu de vie, on distingue bien quand même l'étendue d'eau. Elle est vie qui porte la mort, tendue entre terre et ciel. Cette mission grave l'accable manifestement. Sa pâleur ressemble à la mort" dirait Malraux (condition humaine), la vie comme fardeau ? Allons savoir.

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Paysage d'Irlande, aux rivages caillouteux dans lesquels la vie est austère. Au loin, l'océan fait entendre ses fracas contre les falaises, et l'air frais est chargé d'iode. Elle pourrait faire face au coucher du soleil, méditer en écoutant les vagues, mais elle regarde ailleurs, le regard en coin, tournée vers ses pensées, figée.

Sur quoi se posent ses yeux, sur quoi reposent ses pensées ?...
Elle s'est vêtue avec soin pour ce jour symbolique. Elle est face à ses choix intérieurs, de vie ou de mort, mais quoi qu'elle fasse, même si elle décide de s'échapper de ce paysage si morne, elle emportera le poids du passé, de ses ancêtres, avec elle.

Il n'avait qu'à pas la tromper.

Chuna

Cela dit ce n'est sans doute pas un hasard si elle porte un symbole de mort au niveau de son ventre.

Une nécrophile prise sur le fait, après avoir pillé la tombe d'un marin.

Il y a de la détermination dans son regard, tout autant que de la tristesse.  Elle a passé l’après-midi à marcher, car son médecin lui a dit que c’était bon pour la santé, et surtout la sienne, qu’il trouve fragile.

« Emma, vous devriez sortir, marcher, le grand air vous fera du bien, vous êtes bien trop pâle ». Bonne fille, avant que d’être bonne épouse et peut-être un jour bonne mère, elle a écouté son médecin, car c’est un brave homme, qui la connaît depuis qu’elle est toute petite, elle a confiance en lui.

Elle a donc marché, des heures durant, avec détermination et assiduité, parcourant la lande toute l’après-midi sans autre but que de s’aérer, faire circuler le sang, faire fonctionner ce corps qui parfois la perturbe. Toutes ces émotions, ces sensations,  ces flux qui la traversent sans pouvoir réellement s’exprimer la rendent folle, surtout le soir lorsqu’elle se retrouve seule dans le noir de sa chambre, quelques pensées étranges animant ses mains sous la chemise.

Emma est en colère mais n’osera jamais le dire. Elle vient d’avoir trente ans. Ses chances de trouver un époux s’amenuisent, et avec elles, la possibilité d’enfanter, le but de toute femme, dit-on.

Le crâne qu’elle tient, malhabile, est bien propre, comme un coquillage qu’elle aurait ramassé sur la lande, non loin de la petite étendue d’eau derrière elle. C’est un trophée qu’elle posera en souvenir de cette belle journée d’hiver sur une commode ou la cheminée, entre un biscuit d’angelot et une fleur séchée bien droite dans son vase filiforme. Un souvenir qui lui rappellera chaque jour l’insignifiance de nos vies, et surtout de la sienne, vide et morne, en attente d’une rencontre qui viendrait enfin l’animer. Un homme qui la ferait femme et la rendrait vivante en lui permettant de donner la vie. Du moins le croit-elle.

Il suffirait qu’elle reprenne sa marche, ôte son chapeau, défasse ses cheveux, ouvre grand les bras et accueille la vie qui l’entoure en assumant sa folie, son hystérie, sa réalité de femme. Mais elle ne sait pas, alors elle se tient là, bien droite, avec son désir morbide d’enfantement en guise d’identité.

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Entre le crépuscule et l'aube, cette peinture représente la faucheuse.
Elle porte le crâne de son enfant décédé, probablement tué par ses propres mains.
Ce crâne qui se trouve être la partie centrale de cette peinture, non seulement il se situe au milieu du tableau, mais il est posé entre les deux mains croisées de la femme, et se situe au niveau du nombril de celle-ci.
Ses deux mains sont d'ailleurs posées sur la bouche du crâne, comme si elle l'empêchait de parler à tout jamais.
Cette femme dont on a envie de dire " Bonjour Madame" aux premiers abords, n'est autre que la personnification de la grande faucheuse.
Le paysage marécageux de la lande avec ses innombrables cailloux, représente l'arrêt brutal du temps, d'ailleurs toute cette peinture est dans l'immobilisme, de l'eau jusqu'aux nuages, le temps semble s'être arrêter.
Et le chapeau qui lui sert de couvre chef, n'est autre que la signature de l'auteur du crime.

Ptérodactyle, on sens chez toi un vrai sens de la fête.
Sérieusement merci pour ta lecture du tableau.

elle est bien mise
comme il faut, comme il sied
dans cette posture neutre
le visage en attente
la mort comme un panier
l'horizon comme un cénacle
qui lui tourne le dos
tandis qu'elle regarde le vide
qu'offre la bonne mise
le comme il faut.