Découvrir que l'on est (T)HP à l'âge adulte: drame ou miracle ?

Plus qu'une véritable problématique existentielle, ce serait plutôt une réflexion philosophique que je souhaite vous soumettre.

J'ai appris récemment que j'étais THQI et le moment où j'ai compris fut un véritable choc, presque un drame. Et puis, après une semaine de réflexion sur le sujet, je me suis dit que ça pourrait aussi avoir quelque chose de miraculeux par les multiples potentialités qui s'ouvrent à moi grâce à cette découverte. Je me suis dit aussi que si drame il y avait c'était plutôt de l'être et non de le découvrir. En gros, le drame était plutôt la fusion des 2 gamètes parentaux survenue il y a un paquet d'années plutôt qu'un résultat à un test de QI.  

Si je poste ça maintenant, c'est parce que j'ai eu aujourd'hui une réflexion similaire face à l'incendie qui a partiellement détruit Notre-Dame de Paris hier soir. C'est vrai que c'est un véritable drame pour le Patrimoine français. Mais j'ai entendu aussi que la structure n'a pu être sauvée par les pompiers qu'à un quart d'heure près. Et le miracle est peut-être là. On peut voir le drame patrimonial : un joyau de l'architecture médiévale française partiellement ravagé... mais aussi le miracle humain, la cathédrale partiellement (et majoritairement) sauvée par les pompiers et les dons qui affluent du monde entier pour la rebâtir plus belle. La nouvelle flèche ira peut-être tutoyer des nuages plus hauts encore.  

Hello.
j'ai passé un test de QI il y a plus de 20 ans un autre cet été donc score était déjà mon meilleur.
Et en fait en farfouillant sur le site je viens de me rencontre que le résultat donné en août l'année dernière correspondait à un très haut potentiel intellectuel....

Ça me fait ni chaud ni froid !
Avoir 148 ou 130 depuis ou 137 c'est pareil pour moi !
C'est pas le chiffre qui va changer le comment je fonctionne

je l'ai su gamine, je l'ai oublié gamine, je l'ai re su vers mes 25 ans re oublié, et la ça revient... donc c'est cyclique, je n'en ai pas fait plus cas que cela.

Le découvrir gamin(e), je pense que c'est très différent que de le découvrir à l'âge adulte. Tu peux mieux l'intégrer à ta construction si tu le découvres très jeune.

Katniss a écrit:Le découvrir gamin(e), je pense que c'est très différent que de le découvrir à l'âge adulte. Tu peux mieux l'intégrer à ta construction si tu le découvres très jeune.

je m'en suis royalement moquée en fait, ayant eu de forts doutes sur moi même me croyant débile malgré cette attestation, les résultats (de tous les jours dont scolaires ou autres) ne me semblant pas à la hauteur où j'estimais qu'ils devaient être. J'avais souvent sur mes bulletins, "manque de réussite" à coté du "peut mieux faire". ça a pas aidé

Tout l'inverse d'Izo : je n'ai jamais été testé au QI, mais "potentiel scolaire évident" "surperformant à l'école" "facilités évidentes pour les apprentissages"; ça marque au fer rouge, et on sait ou on va et comment on y va.

EDIT(suite au message d'Izo) : et ce, dès la maternelle. Avec toujours la pression de faire mieux que les autres(jusqu'en première, ça n'a pas demandé beaucoup d'efforts. Arrivé en prépa, il a fallu cravacher)

RonaldMcDonald a écrit:Tout l'inverse d'Izo : je n'ai jamais été testé au QI, mais "potentiel scolaire évident" "surperformant à l'école" "facilités évidentes pour les apprentissages"; ça marque au fer rouge, et on sait ou on va et comment on y va.

Pas "superformante" à l'école mais après oui - les résultats sont venus vers la seconde pour aller augmentant jusqu'au bout.

Bonjour,
j'ai été testée il y a un peu plus d'un an, suite à l'analyse d'une connaissance : il m'a dit "tu me fais penser à ma fille, tu as les mêmes caractéristiques, tu devrais demander à ta psy de passer un test". Et c'est ce que j'ai fait. Mes réactions ont été multiples. J'ai d'abord eu une sensation de soulagement. Tout mon parcours de vie s'expliquait enfin, avec une réponse logique qui n'était pas celle de la maladie mentale ! Et très vite, j'ai eu un sentiment de tristesse, devant tout le temps perdu, puis un grand désarroi devant toute la souffrance que j'avais endurée sans qu'on puisse me soulager. 8 ans de psy qui m'avait certes fait progresser mais qui ne m'avait donné un clé aussi évidente. 35 ans à m'entendre juger par les autres : "trop sensible, trop excitée, idéaliste, pénible, ingérable... etc." et à culpabiliser d'être ce que j'étais.

Après, j'ai compris, j'ai lu et j'ai pu mieux gérer toutes mes émotions, mes réactions. Je me suis mieux adaptée. Et surtout, j'ai pu sortir des griffes de certaines personnes qui utilisaient largement ma naïveté et mon manque d'estime de moi. J'ai pu choisir un accompagnement plus adapté. Et ma vie a commencé à ressembler un peu plus à ce que j'espérais. Donc je dirais que ce n'est surtout pas un drame, un miracle, sûrement pas, mais une grande chance de pouvoir aller mieux dans sa vie, en profiter pleinement. Bonne route vers le meilleur à tous ces adultes zébrés qui s'ignoraient. Et ne regrettez rien : vous avez perdu assez de temps, vous n'allez pas continuer à en perdre en regret !

Le problème c'est que notre société , nos écoles, nos parents, ne nous acceptent pas tel qu'on est. On est "trop" quelque chose, trop sensible etc... On ne rentre pas dans le moule.

Passer le test, ça permet juste de dire : "bah vous voyez, j'ai le droit d'être bizarre puisque j'ai 140 de QI, maintenant vous fermez vos gueules et vous me laissez être qui je suis "

Mais ce n'est pas tout... test ou pas test, zebre ou pas zebre, on a parfaitement le droit d'être comme on est. Seulement, pour avoir cette confiance en soi, cette conviction profonde qu'on a le droit d'être comme on est : on a du mal à se la donner nous même. C'est à nos parents de nous la donner en premier.

Quelque part, c'est notre société qui est malade, pas nous .

-Benoit- a écrit:Le problème c'est que notre société , nos écoles, nos parents, ne nous acceptent pas tel qu'on est. On est "trop" quelque chose, trop sensible etc... On ne rentre pas dans le moule.(.../...)

C'est curieux, parce-que ce n'est pas du tout mon expérience. Je dois être un extra-terrestre, même parmi les zèbres. J'étais en moyenne section, et on a dit devant moi à mon sujet "il est très doué pour les matières scolaires - fatalement, les autres sont jaloux".

Je ne rentrais pas dans le moule, mais tout le monde avait pigé pourquoi(même si les mots utilisés étaient terriblement désuets, souvent insuffisants). J'avais 5 ans.

J'en ai pris plein la gueule quand même, mais tout le monde savait pourquoi, moi le premier. Je ne sais pas si c'est une chance, peut-être, ni pourquoi ça a été différent pour moi. D'un point de vue scolaire, oui, c'était sans doute une chance, quand je faisais des trucs hors-norme(genre inventer ma propre méthode pour résoudre les équations), le/la prof haussait les épaules et continuait comme si de rien n'était. Des récits que je lis, la plupart des zèbres ne sont pas aussi bien traités.

Arrivé dans le monde corporate, cette reconnaissance de ma différence n'a pas toujours suffit. Les gens étaient contents de mon boulot, mais encore plus contents quand j'arrivais en fin de mission. Pour ça, le statut de prestataire(i.e. on va de mission en mission, toujours couvert par le même CDI) me convenait à merveille. Je faisais ce que j'avais à faire, le client était content, je partais en fin de mission, le client était content. Moi j'avais un boulot avec revenu fixe, je faisais des trucs intéressants, et surtout je n'avais pas besoin de rentrer dans le mouie - contrairement aux gens en interne qui restent toute leur vie dans la même banque et doivent montrer patte blanche pour exister. Je pouvais dire "merde" à des ordres idiots, les conséquences n'étaient pas bien méchantes(enfin, tant que le boulot était fait, hein...), ce qui est un privilège rare de nos jours.

La conclusion, c'est qu'à chaque changement, il faut se refaire accepter comme n'étant pas dans le moule - ce qui bouffe un paquet d'énergie - ou être prêt à ne rester que pour quelques temps.

mais tout le monde savait pourquoi, moi le premier.

Peut-être est-ce là l'explication… savoir pourquoi permet sûrement de ne pas se penser folle (fou) à se cacher, de peur de se faire enfermer… Ne pas s'enfermer dans sa geôle-caméléon...

J'ai l'impression d'être entre Ronald et Ninoud en ce qui me concerne. Je me suis toujours sentie différente et je pense que les gens autour de moi le percevaient aussi, si bien que je n'ai jamais pensé être folle. Mais c'est le degré de perception des autres qui m'a longtemps semblé un cran en-dessous du mien sans que je comprenne jamais pourquoi j'avais ce ressenti.

Le diagnostic m'a permis de valider l'impression que j'avais qqch de rare au fond de moi. Ce quelque chose, il me semblait être la seule à le voir, mais il était bien là finalement. Maintenant, il faut essayer de l'utiliser au mieux.

Cela m'a permis d'accepter que d'être différente peut être une force, quelque chose sur lequel m'appuyer, même si je ne sais pas toujours comment, ou si c'est douloureux. Ce n'est plus seulement douloureux. De ne plus penser que si les autres ne comprennent pas des choses qui me paraissent évidentes, ce n'est pas par manque de désir de réfléchir. De me demander comment expliquer les choses difficiles comme si elles étaient faciles, en pensant concept et analogie.

Testé depuis quelque jour, j'ai un peu de mal à prendre du recul pour le moment. Aujourd'hui, je dirai plutôt drame, peut être parce que j'en espérai presque l'inverse. Pour avoir eu des patients dans cette situation, je sais que le chemin est parfois difficile, que les solutions peuvent être complexes à mettre en place.
A choisir, j'aurai préféré le découvrir bien avant. Maintenant, j'ai des stratégies d'adaptation qui me paraissent biaisées, au mieux, foireuses dans beaucoup de cas. Et déconstruire tout ça avec ce nouveau prisme va me demander du temps, je crains.
Mais j'éspère Miracle. J’espère que ce que je vais pouvoir travailler et mettre en place me permettra de mieux vivre au quotidien. En tous cas, je vais tout faire pour.

Nock a écrit:(.../...) J’espère que ce que je vais pouvoir travailler et mettre en place me permettra de mieux vivre au quotidien. En tous cas, je vais tout faire pour.

Bon courage. Ça n'est jamais facile, même 38 ans après avoir été identifié comme étant hors du moule.

C'est d'ailleurs intéressant, le fait que tes patients soient passé par là avant toi. Bismarck disait qu'il préférait apprendre avec l'expérience des autres. Ce n'est évidemment jamais complet, jamais aussi fort ni instructif que vivre soi-même l'expérience, mais ça donne des pistes. Tu as déjà une petite idée ce qui marche et de ce qui ne marche pas, ça te permettra de patauger avec une idée précise, un but précis. Un atout précieux à exploiter au mieux.

Nock, oui, déconstruire pour reconstruire. La déconstruction est assez facile : j'ai repensé mon passé à la lumière de ce que j'avais appris, et j'ai pu comprendre beaucoup de choses qui me déconcertaient. Je n'ai pas encore abouti la partie reconstruction : après 50 ans de vie avec un certain regard, trouver comment regarder autrement c'est construire un monde sur des bases qui sont nouvelles mais pas entièrement puisqu'elles doivent intégrer la réalité du passé, les relations et les réactions anciennes qui reviennent régulièrement et c'est épuisant. J'espère que tu es bien plus jeune que je l'ai été, et je te souhaite d'y arriver au mieux.

Oui ça bouscule mais ni un drame ni un miracle, je trouve ces mots inappropriés et trop extrèmes.
Et j'avais d'autres soucis.
Et ma vie ne se limite pas à un QI ou ZiCi.

Le drame eût été de l'apprendre enfant, mes parents m'auraient mis une pression pas possible.
Non, bien contente de l'avoir découvert, un peu par hasard, sur le tard, la cinquantaine entamée. Tout d'un coup tout s'est mis en place, une sensation bien agréable que de comprendre enfin ce que je suis.

Passé la surprise ça change rien et tout.

Bah... un an d’avance et 1ère de classe, en décalage toute ma vie, pas trop de but, m’ennuyant vite, complètement déconnectée du matériel /temporel: je l’ai entendu je ne sais combien de reprises dans la bouche de psy, de prof etc... et je n’ai jamais voulu être testée!!! Parce que je m’en fous: je suis MOI un point c’est tout! Je refuse les étiquettes, les cases: je ne suis pas un zèbre femelle de race blanche etc, je suis moi et je ne laisserai pas un test ni quoique ce soit me définir ou m’interdire d’évoluer Ça c’est dit!
Désolée : sujet sensible

Le drame, c'est d'être malheureux.
Qu'ils croient en un test de QI ou en la science, l'art, l'amour, les anges, la gloire, la nature, la spiritualité, le sport ou les Extra Terrestres pour les sauver, le miracle tient dans le pouvoir de cette confiance à les rendre heureux en leur donnant des raisons d'y croire.
Je répète à mes enfants qu'ils peuvent tout faire comme on me l'a dit petite parce que le plus important, c'est qu'ils le croient.

Bonsoir,
Ce post tombe à pic, un heureux hasard même si je ne crois guère au hasard... Ce sera mon premier sur ce forum, que je visite rarement mais qui m'attire de plus en plus....
Je n'ai jamais fait de test sérieux, je me souviens vaguement d'un test avec mes copines pendant mon adolescence et dont le résultat était au-dessus de la moyenne mais j'avais vite chassé cela en me disant que c'était n'importe quoi... depuis 10 ans j'ai entamé une thérapie et exploré plusieurs méthodes et autres techniques de développement personnel, en quête de réponses.... ces derniers temps, je ne ce cesse de rencontrer des professionnels qui me parlent de zèbres, de HP... et ma première réaction a été plutôt dubitative, voire négative... j'avais pas envie de ça, j'ai toujours passé ma vie à essayer d'être comme tout le monde ! Hier ma thérapeute a soulevé la question de la différence... pourquoi est-ce que je recherchais toujours la compagnie des gens "différents", "hors normes" quelle que soit leur différence... et je me suis pris une claque, je me suis revue petite, avec ce sentiment permanent d'être différente et surtout de devoir le cacher... apprendre comment les autres faisaient, agissaient, interagissaient, quels étaient les codes pour me fondre dans le moule et qu'on ne sache surtout pas que j'étais différente. Naturellement, j'ai réalisé que cela faisait 40 ans que j'essayais de de me cacher, de m'adapter, que je me suis suradaptée mais à quel prix... tellement peur qu'on ne m'aime pas comme j'étais que je suis devenue autre et je n'apprends que maintenant tout doucement à m'explorer, à me découvrir, à m'aimer... mais je réalise qu'en fait tous ceux qui ont dit m'aimer toutes ces années ont aimé une autre personne, celle que je prétendais être pour être aimée.... aujourd'hui je n'aspire plus qu'à être moi, pleinement, avec la peur que ces mêmes personnes ne m'aiment plus... mais je n'ai pas le choix, c'est comme une machine en route, au mouvement irréversible, devenir moi, telle que je suis, enfin...