L’errance : éloge de l’imprévu. Ou, le parfait voyageur ne sait pas où il va.

Depuis quelques années, j’adore le ouikende du 15 Aout.

Acmé de l’invasion diarrhéique des hordes (aussi oisives) que barbares en Méditerranée, il en annonce conséquemment leur retraite imminente. Et qui dit retraite du « touristus vulgaris »,  dit retour à l’eau du bateau (dans une petite quinzaine).  Et de l’errance maritime.

Jusqu’à mi Juin prochain – date incertaine de sa remise à terre – ce sera le temps de la navigation sans programme ni but. Si ce n’est d’être ouvert à mes humeurs et envies - ainsi qu'à celles de mon équipière - comme aux opportunités de passage. D’elles, comme des prévisions MTO, viendra le sillage à tracer de cette nouvelle saison.

L’errance – à toutes les échelles - m’est consubstantielle. Elle me semble être le motif fractal qui structure mon existence. Et sur laquelle ma "volonté" n’a aucune prise.

Au delà de mon « cas personnel », elle m’a semblé être également une qualité de l’âme de mes amis HP « intégrés ».  (J’appelle « intégré »,  un HP « conscient » - au sens de Jung -  de sa qualité et qui, en acceptant les devoirs et contraintes, la « réalise » dans le monde objectif. Réalise,  au sens de lui donner forme Réelle. Avec opiniâtreté. Envers et contre certains.  En collaboration avec d’autres. Infiniment plus rares …

Et encore au delà, en d’autres expériences comme dans l’étude de la « clinique HP », elle me semble se retrouver - « janusienne » - sous ses deux visages : capacité de sacrifice des formes dépassées et renouvellement de la vie ou hyperactivité aussi superficielle que déstructurée.  

L’errance dans ses diverses formes - tant positives que négatives - est déjà fort bien conceptualisée par le travail de nos Anciens. Tant dans la mythologie, la littérature que dans la science contemporaine.

Ulysse, Ahasvérus, le Mat ; les personnages de Le Clézio, Giraudoux ou Pirsig ; Ethologie, Ethnologie, Anthropologie, Psychologie et encore Cosmologie et Mécanique Quantique nous en montrent figures et formes.

Du long et périlleux retour chez soi de celui qui s'est perdu dans une guerre qui n'était pas la sienne; à la mémoire des chasseurs / cueilleurs explorateurs intrépides de contrées encore vierges; au processus de l'évolution par essai / erreur / destruction / renouvellement; au déséquilibre improbable entre Matière et Antimatière comme à l'hétérogénéité - tout aussi improbable - de la distribution de la Masse dans l'espace,  et jusqu'à - last but not least - l'hypothèse d'Everett. Etc ...

A vivre,  jouir et peiner dans ce voyage sans but apparemment prédéterminé - mais qui seul nous révèle à nous-même - encore et toujours un seul obstacle : la peur. Accompagnée de sa sœur jumelle : l’angoisse. Qui ne peuvent se contenir et se vaincre qu’avec autant de courage que de compréhension.

Compréhension de soi-même, des autres, du monde. Tels qu'ils se manifestent.

Et parfois pour quelques uns – à travers la succession de hasards, d’imprévus, d’allers et retours aussi sinueux que tortueux, se révèle un Plan, un Ordre, un Logos ou un Chemin prédéterminé qu’ils ont eu l’audace de suivre sans rien en savoir. Et qui leur a offert la concrétisation de leurs Désirs au delà de toute espérance.

Audaces Fortuna Juvat ...

Get lost, so You can find yourself.

I disagree a little bit with this sentence.

I'll say it this way : Get lost. And - maybe - if you don't die or go crazy, you can find yourself.