Souplesse intellectuelle

Bonjour,
Selon vous, est-ce que la souplesse intellectuelle peut se travailler ?
Si oui, comment ?
Ce que j'entends par souplesse intellectuelle : la capacité à accepter que l'autre ne soit pas d'accord, dise des choses objectivement ou subjectivement fausses.

Oui en grande partie.

Un esprit porté sur la rigidité intellectuelle, par opposition à la souplesse, est un esprit porté sur la délusion et l'erreur puisqu'il lui manque deux éléments moteurs que sont la culture du doute et la remise en question. Le fait de dire soi-même parfois des fautes objectivement ou subjectivement fausses aide à accepter que l'autre le fasse aussi.

On peut toujours faire des erreurs de bonne foi, ou parce qu'on comprend ou interprète mal une situation. Il en va de même de chacun. Quand l'autre persiste dedans malgré les explications, on doit d'abord s'interroger si nos explications ont été justes et claires. Puis s'il peut les accepter, qu'elles n'entrent pas en conflit avec son système moral ou religieux, elles peuvent être ainsi fausses mais l'absence de remise en question se justifie alors. On a chacun nos propres illusions fonctionnelles, c'est ce qui nous empêche d'être un simple bout de chair ou de se réduire à un prédateur animal. Il faut accepter les infinies nuances qu'il y a dans ces illusions, là encore parce qu'on est le premier à en avoir. C'est seulement quand les explications sont claires et justes et que l'intervention d'un système moral ne justifie pas la persévérance dans une opinion injuste qu'on peut se mettre à douter de la bonne foi de l'autre. Réaliser cela aide à adopter de la souplesse.

Ne pas y parvenir, c'est déjà se tromper. Puisqu'on n'est pas infaillible et que, même nous, sommes trompés en permanence par nos sens, par nos pensées, par nos biais. Ne pas appliquer à l'autre cette tolérance qu'on a envers soi de manière inconsciente et naturelle en permanence est injuste. L'autre a ce même droit à l'erreur, l'autre a le droit à ses propres biais.

Comme le dit le proverbe latin :
Errare humanum est, perseverare diabolicum

.

Merci Lamorak, intéressant ce que tu dis.

Pour étendre un peu le sujet, toute vérité est-elle bonne à dire? Peut-on rire de tout avec tout le monde?

A priori, la réponse est non dans ces deux cas.

Encore une autre question parallèle : une situation juste pour la majorité peut-elle engendrer une situation d’injustice individuelle?

Encore une fois, à priori oui.

Je pense qu’en étendant un peu le sujet, on voit plus facilement que la vérité d’une personne n’est pas forcément celle d’autrui. C’est une autre piste pour s’encourager a accepter la contradiction (même quand on a raison) et developer tout doucement sa souplesse.

Creuses par toi même ce genre de sujet, vois que tu peux avoir raison sans que les autres n’aient tort, essaye d’explorer leur point de vue et d’accepter aussi de ne pas TOUT comprendre des autres, comme ils ne comprennent pas tout de toi.

Et la souplesse viendra

Enfin, étendre le sujet c’etait Peut être pas le mot le plus approprié.

Je ne peux qu'être d'accord avec ce qui a été dit au dessus. Notamment Lamorak a dit avec une précision et une clarté impressionnante ce que je peux ressentir sur la question.

Pour moi, il n'y a pas une vérité ultime qui s'impose à tous. Mais prendre conscience de cela demande donc :
- de l'humilité (car la plupart des débats ne visent malheureusement pas à la construction enrichissante de point de vue mais à "moi j'ai raison", donc des combats d'égo),
- de bien "vivre" l'insécurité (car les certitudes nous rassurent, nous confortent dans notre vision du monde, alors que le doute nous laisse face à un chemin non balisé, que l'on doit défricher et "borner" soi-même).

Dans tous les cas, pour moi tu ne peux pas discuter sereinement avec l'autre si tu n'apprends pas comment l'autre "est" (son identité, son histoire, son parcours, et donc sa façon de vivre humilité et insécurité), qui est tout aussi important que ce qu'il "dit".

L'autre point important est que, lorsqu'on se connait justement soi, dans ses biais, ses limites, et les besoins d'affirmation de son ego, on a tendance à relativiser l'importance "d'avoir raison à tout prix" et on peut discuter plus sereinement avec l'autre. On peut également accepté plus sereinement des avis divergents, voire opposés.

Moi, je suis naturellement souple intellectuellement tant que vous êtes d'accord avec moi.

Ça, ça dépend de si tu as raison :p

@I(Kéa)
Il suffit de partager ses idées de manière ouverte, et de laisser l'autre penser ce qu'il veut. Dire «j'aime» au lieu de «c'est bien»
Ne pas se tromper au jeu des émotions, les siennes, les miennes, celles qu'il essaye de me transmettre il faut s'en prémunir.
Certaines personnes parlent pour te mettre dans un état émotionnel, c'est essentiellement pour te manipuler.

Saxifrage* a écrit:Moi, je suis naturellement souple intellectuellement tant que vous êtes d'accord avec moi.

Evidemment qu'elle se travaille, on peut observer -et cela que ce soit chez les personnes zébrées ou non- une véritable évolution du rapport à l'avis de l'autre de l'enfance à l'âge adulte. Petit tout le monde est plus ou moins toujours assis sur ses décisions, le monde adulte est quant à lui coloré de l'art du compromis et du laisser l'autre s'exprimer

Kéa a écrit:Ce que j'entends par souplesse intellectuelle : la capacité à accepter que l'autre ne soit pas d'accord, dise des choses objectivement ou subjectivement fausses.

Up !

Très intéressant comme sujet.

Pour deux aspect dans mon cas.

1er, accepter que des personnes que j'aime ne soient pas d'accord sur tout avec moi. Sans nécessairement le montrer, je suis régulièrement déçue que mes amis ou mon conjoint ne partagent pas certaines de mes vues. Parfois c'est sur des sujet anecdotique genre "si une maison est belle ou moche". Je sais que ça ne compte pas mais pourtant c'est comme si ça écornait l'image que j'ai de l'autre.

2nd, ne pas être outrée, ulcérée, désemparée lorsque des gens tiennent des discours qui heurtent mes valeurs (style "que certains enfants du mondes aient une vie horrible n'est pas grave puisqu'ils sont habitués" ou "y'a qu'à acheter du bas de gamme et jeter encore et encore").
ça me mets mal très intensément et pour longtemps (des espèces de flashbacks parfois des décennies plus tard ! Juste pour une affirmation sans conséquence.)

Résultat : une forme de misanthropie secrète ahah. En vrai j'aurai préféré ne pas connaître l'avis de l'autre tant il me heurte. Donc s'il y a des exercices pour être moins chochotte de l'opinion ?

.

@My_illusion

Je suis d'accord pour les cas "hard" comme ceux cités, mais le vrai souci pour moi, c'est qu'au fond je n'ai jamais rencontré personne (moi y compris eheh) qui n'ai pas des détails qui me heurtent...

C'est face au cas limite de "la personne bonne globalement avec un tout petit aspect qui me déplait" (parfois pas en acte mais juste en parole) que je suis finalement la plus mal à l'aise. Et c'est de ce mal-aise face à la non-perfection que j'aimerais me départir.

En effet une fois qu'on à décidé de renchérir ou bien de ne pas donner suite (faut choisir aussi où on alloue son énergie), ne serait-ce pas un peu la double peine d'en souffrir ainsi comme c'est souvent mon cas ?

X a écrit:

Saxifrage* a écrit:Moi, je suis naturellement souple intellectuellement tant que vous êtes d'accord avec moi.

Il n'existe aucune âme parfaite....
Sauf la mienne


Vive la branlette.... pour ne pas citer d'autres posts

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Bonsoir à tous et toutes,
Ma réponse arrive tardivement et je m'en excuse je suis nouvellement arrivée ;-).
Oui je pense que la souplesse intellectuelle se travaille mais à petit pas (dur pour les HP d'entendre à petit pas lol).
Aller je donne un cas concret car je le vis au travail: j'ai envie de crier sans cesse dès que j'entends des stupidités de la part de mes collègues. Mais, au final je me prends plus la tête qu'elles...et je suis souvent perçue comme "mais elle est hystérique", "non juste la petite Aurélie qui a ses oreilles qui saignent dès que tu parles".
Bon sans rire, elles m'épuisent et on le sait que la fatigue ne fait pas bon ménage chez les HP.

Alors, la bienveillance est de rigueur à l'égard des autres et de ce fait de soi même. Alors cela ne va pas fonctionner de suite mais je pense que nous serons plus apaisés...

À bientôt.

Aurélie

Hello,

Et te protéger. Avec de la neutralité et tenter de trouver un point d'accroche positif pour que ça te soit agréable. On peut toujours quasiment, si on prend le temps de chercher trouver un petit truc sympa chez tout le monde, on peut même en faire un défi.

Et puis les boules quies sont tes amies pour des "pauses-oreilles..

Poulailler song.
Alain Souchon.
Musique YouT

Bienvenue ici 

La souplesse intellectuelle est une nonchalance médiocre, avec travail rigoureux et d'autant plus long et dur que tu pars souple tu peux atteindre à la raideur seule vraie grandeur.

J'ai assisté à une scène mi-burlesque en me promenant avec une amie qui n'a pas la souplesse intellectuelle comme qualité.

En ce moment sur les trottoirs ils y a des pochoirs avec des slogans de "la manif pour tous".
Et elle aime pas du tout ça.

Du coup tous les 5m on en croisait un et tous les 5 m elle s’exclamait rageusement des trucs et pestait.
Genre 15 fois d'affilée, incapable d'inhiber sa désapprobation.

Je me suis demandais si "dans ma tête" j'étais aussi excessive !

Bonjour Rebrousse-poil, ton amie ferait mieux de relever la tête, elle verrait moins le trottoir, mais, encore une fois, c'est important de savoir où on mets les pieds. Tout comme le regard.