Alita ou la mise en abîme de la dualité
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Alita ou la mise en abîme de la dualité
Alita c'est ce très pictural film mettant en scène une petite cyborg avec un cerveau humain. La binarité, thème cher au cinéma, se retrouve comme souvent dans les opposés classiques comme les gentils et les méchants, les humains et les cyborg, les pauvres et les riches, ceux d'en bas et ceux d'en haut, les faibles et les puissants. Mais elle est également mélangée — c'est-à-dire duale — car les humains ont des parties bioniques, les gentils sont parfois ambigus, certains méchants se repentent.
La principale duale est Alita, corps cyborg et cerveau d'humaine. Mais le personnage existe lui-même par un procédé dual, la "performance capture", qui reproduit les expressions du visage et les mouvements de l'actrice Rosa Salazar pour animer son double synthétique, et lui prête également sa voix (of course).
Et la deuxième dualité hors champ est celle de Robert Rodriguez (réalisateur) et James Cameron (initiateur, coscénariste et producteur). James Cameron qui mûrit ce projet depuis de longues années n'a à la fois pas le temps de le mener à bien et n'a pas non plus un scénario réalisable. Il en parle à son ami Robert Rodriguez, et il hérite du projet. Robert Rodriguez réduit le scénario de 400 à 130 pages, en gardant l'essentiel, faisant finalement ce que James Cameron n'a pas réussi à faire : rendre son scénario plus concis en en gardant la substance. Robert Rodriguez réalise ensuite le film et autant James Cameron dira qu'il a laissé Robert Rodriguez le réaliser comme il l'entendait, autant Robert Rodriguez dira qu'il l'a réalisé pour être fidèle au style de James Cameron, et lui rendre hommage. Cette collaboration emprunte d'estime réciproque et, peut-être, d'un peu de regret de James Cameron de n'avoir pu mener ce projet lui-même à bien, et de Robert Rodriguez que ce ne soit pas finalement complètement son propre bébé, aura quand même donné un résultat dont, après une trentaine de visionnages dont 3 au ciné, je ne me suis pas encore lassé.
La principale duale est Alita, corps cyborg et cerveau d'humaine. Mais le personnage existe lui-même par un procédé dual, la "performance capture", qui reproduit les expressions du visage et les mouvements de l'actrice Rosa Salazar pour animer son double synthétique, et lui prête également sa voix (of course).
Et la deuxième dualité hors champ est celle de Robert Rodriguez (réalisateur) et James Cameron (initiateur, coscénariste et producteur). James Cameron qui mûrit ce projet depuis de longues années n'a à la fois pas le temps de le mener à bien et n'a pas non plus un scénario réalisable. Il en parle à son ami Robert Rodriguez, et il hérite du projet. Robert Rodriguez réduit le scénario de 400 à 130 pages, en gardant l'essentiel, faisant finalement ce que James Cameron n'a pas réussi à faire : rendre son scénario plus concis en en gardant la substance. Robert Rodriguez réalise ensuite le film et autant James Cameron dira qu'il a laissé Robert Rodriguez le réaliser comme il l'entendait, autant Robert Rodriguez dira qu'il l'a réalisé pour être fidèle au style de James Cameron, et lui rendre hommage. Cette collaboration emprunte d'estime réciproque et, peut-être, d'un peu de regret de James Cameron de n'avoir pu mener ce projet lui-même à bien, et de Robert Rodriguez que ce ne soit pas finalement complètement son propre bébé, aura quand même donné un résultat dont, après une trentaine de visionnages dont 3 au ciné, je ne me suis pas encore lassé.
Invité- Invité
Re: Alita ou la mise en abîme de la dualité
Hypothèses sur les causes de son modeste succès au box office
- Spoiler:
- Il y a trois axes possibles : l'héroïne elle-même, la dynamique narrative, le monde décrit.
L'héroïne est donc une adolescente mignonne, mais ce n'est pour ainsi dire pas un canon sexy, comme peut l'être wonder woman par exemple. Sa beauté est plus celle de l'innocence. Par ailleurs elle n'est pas grand chose, puisque trouvée dans une décharge, et en réalité vit beaucoup d'infortunes, car malgré sa très grande force ne parvient pas à sauver Ugo. Les dernières images la montrent d'ailleurs totalement seule, avec son chagrin, au milieu du circuit de motorball, seule au milieu de la foule, face à la grande cité céleste Zalem. Enfin elle n'a d'humain que son cerveau, contrairement à d'autres héroïnes comme captain marvel (qui est aussi une femme plus sexy, et non une ado en jean et tee shirt), ce qui quelque part fait mal au cœur. Elle évolue également dans un monde dystopique très marqué par les inégalités. Donc un personnage fort, presque garçon manqué, mais triste et seule. Globalement pas l'archétype du personnage habituellement rentable.
La dynamique narrative est elle-même marquée par une absence de combat final haletant. Il y a bien un combat final, mais le suspense n'est pas très présent car l'on ne doute pas de l'issue. À cela succède la blessure d'Ugo, ce qui casse le rythme, avant la mise à mort du boss, qui se fait très rapidement et facilement. Le fameux boss qui est son ennemi récurrent. Donc ce schéma n'obéit pas non plus aux grands spectacles de SF ou super-héros à succès. En réalité le combat à suspens est au milieu du film, après quoi alita a son nouveau corps, et cela "casse" aussi le film en deux.
Le troisième aspect non commercial est le décor. C'est en réalité un très beau décor, mais à part sur le circuit, l'action se passe dans des petits lieux plutôt que des grands espaces, là aussi chers aux grands succès commerciaux : des ruelles étroites. La grande cité céleste n'est vue que d'en bas, ce qui accentue cet effet de cloisonnement.
Ces trois aspects ont pu jouer dans l'inconfort des spectateurs.trices.
Invité- Invité
Re: Alita ou la mise en abîme de la dualité
Trois plans discutables d'Alita
- Spoiler:
Le plan où Ido, encore dans la décharge, tient Alita à bout de bras et où la caméra recule
Ce plan est destiné à exprimer que la découverte d'Alita dans cette décharge est l'évènement fondateur du film. Je trouve que ce plan tombe à plat. Ido déjà, alias Christoph Waltz, semble tenir la pose et donc semble très crispé, tenant l'héroïne à bout de bras, ce qui casse un peu la magie. Il la tient comme un père pourrait tenir son enfant juste après sa naissance, à bout de bras pour mieux le voir dans son entier. Cette relation père fille sera d'ailleurs caractéristique de leur relation. Mais la caméra recule, et cela accentue encore l'immobilité, la crispation d'Ido. On est par ailleurs au début du film, et ce genre de plan est fait pour permettre au spectateur de prendre du recul par rapport au déroulement de l'histoire, voir l'histoire dans son ensemble pour comprendre que cet instant a une place importante par rapport à l'histoire globale. Mais là on est au tout début, donc c'est trop tôt pour ce genre de plan.
Ce plan est à rapprocher du plan où Alita elle-même sort de l'eau avec le corps du berserker, le corps du cyborg très sophistiqué qui sera le sien par la suite. Dans ce plan là, la caméra s'élève, donc s'éloigne en hauteur et là l'effet est parfait car on est alors bien immergé dans l'histoire et effectivement la découverte de ce corps, qui participe aussi à la découverte instinctive de son passé, est un moment clé de l'histoire.
La mort de la fille d'Ido et Chiren, quand le fauteuil roulant tourne sur lui-même
Leur fille qui s'appelait Alita, était en fauteuil roulant, est tuée un soir accidentellement car se trouvant dans le passage d'un drogué en manque.
Donc on ne le voit pas, mais le drogué bouscule Alita et l'on ne voit que, l'instant d'après, le fauteuil roulant qui tourne sur lui-même, posé sur le côté, sur une des roues. C'est vraiment le pire plan du film, car ce genre de plan est typiquement utilisé pour des effets comiques, du genre Asterix : le gaulois envoie valser le romain et l'on ne voit plus que ses sandales restées au sol. Cet effet comique involontaire est désastreux à ce moment.
La larme d'Alita qu'elle coupe en deux, à la toute fin du film
Alita est alors seule dans les vestiaires et s'apprête à entrer sur le circuit du motorball. Elle est montrée ici comme étant très forte (accentuée par la solitude, elle n'est plus chouchoutée par Ido), mais marquée par la tristesse de la mort d'Ugo. Une larme coule sur sa joue, et quand cette larme quitte sa joue pour tomber vers le sol, elle la coupe en deux d'un coup de sabre, montrant sa détermination à se battre et ne jamais abandonner, à transformer sa tristesse en force. Donc c'est un très beau passage de profondeur et d'expression de force de caractère. Et ce qui me choque c'est le plan d'après : les deux parties de la larme tombent mollement sur le sol avec un petit bruit de goutte. Cela casse l'effet de force, car cela rend insignifiante, dérisoire cette larme, alors que l'instant d'avant c'est de la souffrance génératrice de force. Par ailleurs Alita est une fille qui va constamment de l'avant, et si elle ne nie pas son passé, elle ne s'y attarde pas non plus. Pour moi regarder cette larme sur le sol miteux du vestiaire c'est cela : se lamenter de son passé. Alors que le mouvement de la larme qui coule est justement l'inverse : la tristesse du passé qui peu à peu sort d'Alita, lui permettant justement d'avancer.
Edit. Le plan d'après est d'ailleurs parfait car l'on voit son visage de face en plan serré, exprimant la détermination, tandis qu'elle avance vers le circuit, et donc l'on voit le décor qui défile de chaque côté, exprimant parfaitement qu'elle reste droite malgré les malheurs qu'elle traverse.
Invité- Invité
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