prof, collègues, salle des profs : perdue, qu'en pensez-vous ?
+5
May Lee
Elyawin
RonaldMcDonald
Confiteor
Serbelone
9 participants
Page 1 sur 1
prof, collègues, salle des profs : perdue, qu'en pensez-vous ?
Bonjour,
Après une vie pro aussi diversifiée, dense et chaotique que peut l'être celle de certains d'entre nous, (dont une dizaine d'années en tant qu'indépendante), j'ai été recrutée en octobre en lycée pro, 1ère et terminales du tertiaire.
Les débuts furent durs, complètement larguée entre les sigles, l'organisation, les cours à préparer, le système, les élèves qui me testaient, les collègues...
Mais j'espérais qu'une fois tout cela intégré, à partir de janvier donc, je pourrais profiter des "avantages" du prof.
Il n'en est rien.
Je me sens littéralement agressée par certaines personnes depuis mon arrivée, certaines disent bonjour un jour puis pas le lendemain, je suis complètement désarçonnée par ces comportements.
L'une de mes adorables collègues, (récemment diagnostiquée HP), me disait que mes difficultés actuelles étaient dues à la peur que je ne prenne "leurs heures" ou "leurs classes" à cause de "bruits qui courent" sur la qualité de mon travail, la satisfaction des élèves et de certains de mes collègues d'équipes "créatives" (infographisme, arts appliqués) qui ont d'ailleurs demandé à m'intégrer mais cela fut refusé par la direction.
Direction par ailleurs totalement absente, qui n'a jamais, en 9 mois trouvé le moyen de me demander comment j'allais et/ou si j'avais besoin de quelque chose, si ce n'est pour me remettre un jour mon "évaluation" (fondée sur quoi?) et me dire qu'ils voulaient me donner un maximum d'heures l'an prochain, ce que j'ai refusé.
A côté de cela je ne supporte plus mes 2 collègues de filière, qui font semblant de s'apprécier d'ailleurs, étant aussi lunatiques l'une que l'autre. L'une m'en veut certainement d'avoir les heures qu'elle aurait souhaité et passe son temps à me rabaisser quand l'autre, noyée dans un ego de "prof parfaite" peut se montrer très injuste avec les élèves ne flattant pas sa personne (une note de 4/20 coef 5 pour l'une d'elle m'a littéralement fait sortir de mes gonds) et je sens bien parfois que je la gêne, ne manquant pas une occasion de me dire que je note "à l'affect", jalousant le lien particulier créé avec SES élèves, SA filière.
Aujourd'hui j'ai des retours vraiment forts, des remerciements de mes élèves que j'adore, surtout les classes de terminales qui quittent le lycée et osent donc s'exprimer.
Je suis vraiment partagée entre l'envie d'accompagner les jeunes que je trouve géniaux et mon quotidien d'adulte au lycée qui me stresse et me pourrit la vie.
J'ai également rencontré des personnes adorables, qui deviennent même pour certaines des copines, mais toutes dans d'autres filières, je les vois donc très peu et ne travaille(rai) pas avec elles.
J'aimerais pouvoir profiter des avantages de ce poste : les classiques horaires, vacances, etc + le salaire qui tombe tous les mois + le fait de n'avoir personne sur le dos, la liberté de gérer mes classes ... et continuer de bosser avec les jeunes qui sont troooop choupinoux !
Mais je n'arrive pas à dépasser le stress et l'anxiété que ces relations avec les collègues génèrent. Le masque social que je portais plus jeune aisément, m'épuise littéralement, j'ai l'impression de marcher sur des oeufs et de prendre sur moi toute la journée
pourquoi ne suis-je plus en mesure de gérer les relations, que je gérais en entreprise plus jeune ?
avec les années j'ai énormément travaillé sur l'hypersensibilité pourtant il semble que je la gère moins aisément maintenant qu'alors
Je me demande si cela est du à la déconnexion de ces années d'indépendance ?
au fait de ne plus avoir été obligée de porter ce fameux masque social ?
j'ai la sensation quand même que le monde des profs est bien différent de celui de l'entreprise, peut-être suis-je juste inadaptée à cet environnement ?
Merci de m'avoir lue et merci par avance de vos retours
Je vous souhaite une excellente journée !
Après une vie pro aussi diversifiée, dense et chaotique que peut l'être celle de certains d'entre nous, (dont une dizaine d'années en tant qu'indépendante), j'ai été recrutée en octobre en lycée pro, 1ère et terminales du tertiaire.
Les débuts furent durs, complètement larguée entre les sigles, l'organisation, les cours à préparer, le système, les élèves qui me testaient, les collègues...
Mais j'espérais qu'une fois tout cela intégré, à partir de janvier donc, je pourrais profiter des "avantages" du prof.
Il n'en est rien.
Je me sens littéralement agressée par certaines personnes depuis mon arrivée, certaines disent bonjour un jour puis pas le lendemain, je suis complètement désarçonnée par ces comportements.
L'une de mes adorables collègues, (récemment diagnostiquée HP), me disait que mes difficultés actuelles étaient dues à la peur que je ne prenne "leurs heures" ou "leurs classes" à cause de "bruits qui courent" sur la qualité de mon travail, la satisfaction des élèves et de certains de mes collègues d'équipes "créatives" (infographisme, arts appliqués) qui ont d'ailleurs demandé à m'intégrer mais cela fut refusé par la direction.
Direction par ailleurs totalement absente, qui n'a jamais, en 9 mois trouvé le moyen de me demander comment j'allais et/ou si j'avais besoin de quelque chose, si ce n'est pour me remettre un jour mon "évaluation" (fondée sur quoi?) et me dire qu'ils voulaient me donner un maximum d'heures l'an prochain, ce que j'ai refusé.
A côté de cela je ne supporte plus mes 2 collègues de filière, qui font semblant de s'apprécier d'ailleurs, étant aussi lunatiques l'une que l'autre. L'une m'en veut certainement d'avoir les heures qu'elle aurait souhaité et passe son temps à me rabaisser quand l'autre, noyée dans un ego de "prof parfaite" peut se montrer très injuste avec les élèves ne flattant pas sa personne (une note de 4/20 coef 5 pour l'une d'elle m'a littéralement fait sortir de mes gonds) et je sens bien parfois que je la gêne, ne manquant pas une occasion de me dire que je note "à l'affect", jalousant le lien particulier créé avec SES élèves, SA filière.
Aujourd'hui j'ai des retours vraiment forts, des remerciements de mes élèves que j'adore, surtout les classes de terminales qui quittent le lycée et osent donc s'exprimer.
Je suis vraiment partagée entre l'envie d'accompagner les jeunes que je trouve géniaux et mon quotidien d'adulte au lycée qui me stresse et me pourrit la vie.
J'ai également rencontré des personnes adorables, qui deviennent même pour certaines des copines, mais toutes dans d'autres filières, je les vois donc très peu et ne travaille(rai) pas avec elles.
J'aimerais pouvoir profiter des avantages de ce poste : les classiques horaires, vacances, etc + le salaire qui tombe tous les mois + le fait de n'avoir personne sur le dos, la liberté de gérer mes classes ... et continuer de bosser avec les jeunes qui sont troooop choupinoux !
Mais je n'arrive pas à dépasser le stress et l'anxiété que ces relations avec les collègues génèrent. Le masque social que je portais plus jeune aisément, m'épuise littéralement, j'ai l'impression de marcher sur des oeufs et de prendre sur moi toute la journée
pourquoi ne suis-je plus en mesure de gérer les relations, que je gérais en entreprise plus jeune ?
avec les années j'ai énormément travaillé sur l'hypersensibilité pourtant il semble que je la gère moins aisément maintenant qu'alors
Je me demande si cela est du à la déconnexion de ces années d'indépendance ?
au fait de ne plus avoir été obligée de porter ce fameux masque social ?
j'ai la sensation quand même que le monde des profs est bien différent de celui de l'entreprise, peut-être suis-je juste inadaptée à cet environnement ?
Merci de m'avoir lue et merci par avance de vos retours
Je vous souhaite une excellente journée !
Serbelone- Messages : 197
Date d'inscription : 20/08/2020
Re: prof, collègues, salle des profs : perdue, qu'en pensez-vous ?
Hahaha ! Tu découvres Dallas et son univers impitoyable. J'y ai fait une bonne part de ma carrière.
L'EN est un monde hydroponique, autoreproducteur, définitivement hors sol. Le tableau que tu exposes prouve que ton intégrité mentale est restée entière après un an de pratique. C'est encourageant, tous ne tiennent pas si longtemps.
Lassé de toutes mes tentatives comportementales aboutissant à des échecs variés dans leurs modalités mais toujours retentissants, vers la fin de carrière, j'ai enfin trouvé la solution.
Un mardi matin à 10 h, assuré d'une audience maximale, je me suis pointé en salle des profs et j'ai demandé un peu de silence afin de faire une déclaration solennelle :
"À partir de cet instant, je vous prie instamment de ne plus m'adresser la parole, même pour me saluer, sauf nécessité de service absolue. Si vous transgressez cette règle, attendez-vous au pire."
Les premiers jours certains ont osé enfreindre la consigne. En quelques mots je les ai démonté en leur faisant souvenir d'épisodes tragicomiques durant lesquels ils s'étaient particulièrement ridiculisé ou illustré par des propos ou des comportements insensés. Peu à peu les ardeurs se sont calmées et j'ai vécu dans une sérénité monacale mes trajets dans l'établissement.
C'est une véritable ascèse. Il faut s'astreindre à croiser les collègues au hasard des couloirs en évitant de les saluer machinalement ou de les remercier d'avoir tenu une porte ouverte, etc. Ça demande une concentration absolue les premiers mois, c'est un excellent exercice de contrôle de soi qui m'a été profitable dans d'autres domaines.
Je m'étais fixé la règle complémentaire astreignante de ne pas détourner les yeux. Mon regard passait sur eux dans l'indifférence absolue, sans les éviter mais sans m'y attarder, comme s'ils étaient fondus dans le mur en arrière plan. Essayez, ce n'est pas si simple de se départir du réflexe d'animal grégaire consistant à échanger spontanément un message verbal ou non d'apaisement avec son congénère.
Je n'ose te conseiller d'adopter un point de vue aussi radical, je te fais seulement savoir qu'il a sauvé ma santé mentale et que nos relations ont été d'autant plus apaisées qu'elles étaient inexistantes.
Pour le reste, je ne regrette en rien le choix de ce métier. Liberté d'organisation et de gestion de son temps, salaire décent si on est en fin de carrière et diplômé, vacances très abondantes, charge de travail plus qu'acceptable, etc.
ET SURTOUT j'ai eu tant de plaisir avec les élèves ! Au fil de ma carrière, aussi bien avec les gosses de collège qu'avec les lycéens ou les étudiants de BTS, dans des établissement trash de banlieue ou des collèges assez calmes de petite ville de province. À chaque cas d'espèce sa modalité, mais la plupart m'ont rendu avec une générosité parfois naïve et souvent tacite l'énergie que j'ai mis à les élever.
On a beaucoup ri, beaucoup étudié, beaucoup avancé ensemble dans le libre exercice de soi.
Il m'arrive de croiser un(e) ancien(ne) élève dans la ville.
Et c'est un bonheur de voir une mère de famille traverser la rue pour me présenter son gosse. Elle me rappelle qu'elle a été une gamine en perdition dans une classe d'adaptation, remplie de rage et de haine, que je ne me suis pas offusqué de ses incartades mais ne lui ai pas non plus fait de cadeaux. Je l'entends dire 20 ans plus tard qu'elle se souvient du temps passé en salle 502, que celui-ci lui a été bénéfique, qu'elle sait que je l'ai modifiée, dans la douleur mais pour le meilleur.
Le jour de l'an, il n'est pas rare que je reçoive quelques SMS avinés du type "M'sieur, vous nous avez tellement fait marrer, qu'on vous pardonne de nous avoir autant déboité lorsque nous le méritions."
Si j'étais hypersensible, j'en serais ému.
Ils me manquent parfois, j'ai vécu des moments de grâce dans mes classes.
La fausse-modestie ne fait pas partie de mes qualités premières.
L'EN est un monde hydroponique, autoreproducteur, définitivement hors sol. Le tableau que tu exposes prouve que ton intégrité mentale est restée entière après un an de pratique. C'est encourageant, tous ne tiennent pas si longtemps.
Lassé de toutes mes tentatives comportementales aboutissant à des échecs variés dans leurs modalités mais toujours retentissants, vers la fin de carrière, j'ai enfin trouvé la solution.
Un mardi matin à 10 h, assuré d'une audience maximale, je me suis pointé en salle des profs et j'ai demandé un peu de silence afin de faire une déclaration solennelle :
"À partir de cet instant, je vous prie instamment de ne plus m'adresser la parole, même pour me saluer, sauf nécessité de service absolue. Si vous transgressez cette règle, attendez-vous au pire."
Les premiers jours certains ont osé enfreindre la consigne. En quelques mots je les ai démonté en leur faisant souvenir d'épisodes tragicomiques durant lesquels ils s'étaient particulièrement ridiculisé ou illustré par des propos ou des comportements insensés. Peu à peu les ardeurs se sont calmées et j'ai vécu dans une sérénité monacale mes trajets dans l'établissement.
C'est une véritable ascèse. Il faut s'astreindre à croiser les collègues au hasard des couloirs en évitant de les saluer machinalement ou de les remercier d'avoir tenu une porte ouverte, etc. Ça demande une concentration absolue les premiers mois, c'est un excellent exercice de contrôle de soi qui m'a été profitable dans d'autres domaines.
Je m'étais fixé la règle complémentaire astreignante de ne pas détourner les yeux. Mon regard passait sur eux dans l'indifférence absolue, sans les éviter mais sans m'y attarder, comme s'ils étaient fondus dans le mur en arrière plan. Essayez, ce n'est pas si simple de se départir du réflexe d'animal grégaire consistant à échanger spontanément un message verbal ou non d'apaisement avec son congénère.
Je n'ose te conseiller d'adopter un point de vue aussi radical, je te fais seulement savoir qu'il a sauvé ma santé mentale et que nos relations ont été d'autant plus apaisées qu'elles étaient inexistantes.
Pour le reste, je ne regrette en rien le choix de ce métier. Liberté d'organisation et de gestion de son temps, salaire décent si on est en fin de carrière et diplômé, vacances très abondantes, charge de travail plus qu'acceptable, etc.
ET SURTOUT j'ai eu tant de plaisir avec les élèves ! Au fil de ma carrière, aussi bien avec les gosses de collège qu'avec les lycéens ou les étudiants de BTS, dans des établissement trash de banlieue ou des collèges assez calmes de petite ville de province. À chaque cas d'espèce sa modalité, mais la plupart m'ont rendu avec une générosité parfois naïve et souvent tacite l'énergie que j'ai mis à les élever.
On a beaucoup ri, beaucoup étudié, beaucoup avancé ensemble dans le libre exercice de soi.
Il m'arrive de croiser un(e) ancien(ne) élève dans la ville.
Et c'est un bonheur de voir une mère de famille traverser la rue pour me présenter son gosse. Elle me rappelle qu'elle a été une gamine en perdition dans une classe d'adaptation, remplie de rage et de haine, que je ne me suis pas offusqué de ses incartades mais ne lui ai pas non plus fait de cadeaux. Je l'entends dire 20 ans plus tard qu'elle se souvient du temps passé en salle 502, que celui-ci lui a été bénéfique, qu'elle sait que je l'ai modifiée, dans la douleur mais pour le meilleur.
Le jour de l'an, il n'est pas rare que je reçoive quelques SMS avinés du type "M'sieur, vous nous avez tellement fait marrer, qu'on vous pardonne de nous avoir autant déboité lorsque nous le méritions."
Si j'étais hypersensible, j'en serais ému.
Ils me manquent parfois, j'ai vécu des moments de grâce dans mes classes.
La fausse-modestie ne fait pas partie de mes qualités premières.
Confiteor- Messages : 9160
Date d'inscription : 01/04/2017
Age : 65
Localisation : Drôme
Re: prof, collègues, salle des profs : perdue, qu'en pensez-vous ?
Confiteor tu as fait ma journée, j'ai littéralement explosé de rire à la lecture de ton positionnement
J'ai même cru y reconnaitre l'un de mes collègues, qui semble avoir opté pour un fonctionnement équivalent quoiqu'un brin moins radical
Merci infiniment de ta réponse, qui me rassure (ou pas?), sur l'étrangeté du relationnel dans cet environnement. Et qui me permettra dans tous les cas de me positionner.
J'ai même cru y reconnaitre l'un de mes collègues, qui semble avoir opté pour un fonctionnement équivalent quoiqu'un brin moins radical
Merci infiniment de ta réponse, qui me rassure (ou pas?), sur l'étrangeté du relationnel dans cet environnement. Et qui me permettra dans tous les cas de me positionner.
Serbelone- Messages : 197
Date d'inscription : 20/08/2020
Re: prof, collègues, salle des profs : perdue, qu'en pensez-vous ?
Dans le privé, j'ai connu des environnements assez proches de ça, en fait. J'ai souvent (pas toujours) échappé aux coups, étant prestataire, et un prestataire sur qui on tape est une occasion manquée de taper sur un vrai rival. Le presta, on sait qu'en 3 ans maximum, il dégage. Mais les internes, ils ne se faisaient aucun cadeau.
Et maintenant, je suis dans une boite bourrée de zèbres, c'est pas facile non plus, mais très différent. On est testés en permanence. Celui qui montre un signe de faiblesse, qui pose une question "évidente", se fera casser sans ménagement. Mais au moins, on est jaugé sur la performance, c'est un moindre mal.
Et maintenant, je suis dans une boite bourrée de zèbres, c'est pas facile non plus, mais très différent. On est testés en permanence. Celui qui montre un signe de faiblesse, qui pose une question "évidente", se fera casser sans ménagement. Mais au moins, on est jaugé sur la performance, c'est un moindre mal.
RonaldMcDonald- Messages : 11681
Date d'inscription : 15/01/2019
Age : 48
Localisation : loin de chez moi, dans un petit coin de paradis
Re: prof, collègues, salle des profs : perdue, qu'en pensez-vous ?
merci de ton retour @ronald
jamais simple ces humains...
vous déballer mon sac et vous lire m'a permis de passer la seconde, je vous remercie !
aujourd'hui CV refait et envoi de 2 candidatures sur des niveaux supérieurs : BTS IUT
on verra ce que ça donne, mais au moins j'aurais essayé
jamais simple ces humains...
vous déballer mon sac et vous lire m'a permis de passer la seconde, je vous remercie !
aujourd'hui CV refait et envoi de 2 candidatures sur des niveaux supérieurs : BTS IUT
on verra ce que ça donne, mais au moins j'aurais essayé
Serbelone- Messages : 197
Date d'inscription : 20/08/2020
Re: prof, collègues, salle des profs : perdue, qu'en pensez-vous ?
Personnellement je commence dans l'enseignement dans deux gros lycées différents et je vis presque un calvaire. Je n'arrive pas à me lier d'amitié avec les collègues, j'ai certaines classes bien trop bruyantes (même si globalement les élèves m'apprécient - même si apparemment ce n'est pas le but de l'enseignement !), il y a de grosses différences administratives dans les deux lycées et je suis perdue. J'ai un CDD et d'un côté je suis morte de peur à l'idée que mon CDD ne se transforme pas en CDI, et de l'autre je crois qu'un passage par la case chômage me ferait du bien. Ceci dit, je ne suis plus toute jeune et j'ai l'impression d'avoir fait trop de choix professionnels foireux, j'aimerais juste gagner à la loterie/à l'euromillion et ne faire que du bénévolat qui me plaise réellement.
(Voilà, navrée je ne réponds pas trop à la discussion mais j'avais besoin de déballer mon sac).
(Voilà, navrée je ne réponds pas trop à la discussion mais j'avais besoin de déballer mon sac).
Elyawin- Messages : 5
Date d'inscription : 08/11/2021
Re: prof, collègues, salle des profs : perdue, qu'en pensez-vous ?
Elyawin a écrit:J'ai un CDD et d'un côté je suis morte de peur à l'idée que mon CDD ne se transforme pas en CDI, et de l'autre je crois qu'un passage par la case chômage me ferait du bien. Ceci dit, je ne suis plus toute jeune et j'ai l'impression d'avoir fait trop de choix professionnels foireux, j'aimerais juste gagner à la loterie/à l'euromillion et ne faire que du bénévolat qui me plaise réellement.
Bonjour Elyawin, je comprend complètement ce que tu écris. J'ai le même ressenti, après 10 ans de choix pro foireux, je pensais avoir trouvé un truc pas mal en passant le capes, j'avais sous-estimé la folie de l'éducation nationale. Je ne sais pas non plus quoi faire, car déjà il faudrait arriver à déterminer si ça sera mieux ailleurs ou non, ou si en fait c'est juste le monde du travail auquel je ne m'adapte pas.
Les collègues, je trouve que c'est compliqué au collège. Je ne saurai pas dire pourquoi exactement. ca ne fait pas longtemps que je suis dans la boîte, je suis dans un petit collège où il y a une écrasante majorité de jeunes profs sur leurs premiers postes, avec un gros turn-over. J'observe que c'est complètement différent de tous les autres contextes de travail que j'ai connu, les profs peuvent très bien ne parler qu'avec leurs quelques amis et ne jamais communiquer ou presque avec la hiérarchie, plus ils peuvent rester focus sur leur cour mieux c'est pour leur charge mentale, donc il peut très bien ne pas y avoir de "relations de travail" entre collègues.
Pour avoir observé quelques conflits d'équipe, je pense que plus ça va, plus les profs se mettent en mode solo. Fuient la salle des profs, etc.
Mais souvent ils disent qu'ils se sentent seuls.
Donc c'est possible aussi de briser la glace.
Les problématiques de l'EN mettent tout le monde à cran, parce que chacun a un avis différent sur ce qui est bon pour les élèves, lutter par la grève ou vivre le service comme un engagement en soi, quels modèles pédagogiques, quelle notation. Tout le monde est à cran.
Grosses batailles d'égo. Les profs ont la parole, ils sont des sachants : c'est le dernier refuge de leur égo piétiné par la société et la hiérarchie. Ils le protègent farouchement.
J'utilise le "ils", parce que je suis pas prof, mais prof doc, donc personne me voit comme une sachante et j'ai pas la parole, même si j'ai fait 3 ans de thèse juste avant et que j'ai eu 20 en philo au bac il y a longtemps. J'ai pas de refuge pour mon égo piétiné par la société et la hiérarchie ET les collègues parfois; mais je suis plus tranquille par rapport a la gestion de classe et d'autres trucs dont les profs se plaignent.
A mon poste, je trouve que je subis une autre facette de la folie de l'éducation nationale, je n'arrive même pas à mettre des mots dessus. Je suis censée écrire au CHSCTD depuis 2 mois et je n'arrive tout simplement pas à expliquer pourquoi ça me rend malade. Pourtant je ne me sens pas mal équipée pour expliquer les choses, d'habitude. Ca me dépasse, je trouve que c'est vertigineux.
Je ne me suis jamais autant pris la tête sur le travail que depuis que je fais ce boulot.
May Lee- Messages : 1003
Date d'inscription : 05/10/2012
Re: prof, collègues, salle des profs : perdue, qu'en pensez-vous ?
Tu vises au bon endroit ?
Les missions du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) sont désormais exercées depuis le 1er janvier 2020 par le comité social et économique (CSE).
Courage pour ce courrier. Si tu y arrives avant Noël, ça te fera comme un cadeau, le soulagement.
Les missions du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) sont désormais exercées depuis le 1er janvier 2020 par le comité social et économique (CSE).
Courage pour ce courrier. Si tu y arrives avant Noël, ça te fera comme un cadeau, le soulagement.
Topsy Turvy- Messages : 8367
Date d'inscription : 10/01/2020
Re: prof, collègues, salle des profs : perdue, qu'en pensez-vous ?
C'est un syndicat qui m'a conseillé d'écrire à cette instance, le CHSCTD (d pour départemental). Je pense que le CSE a remplacé les CHSCT dans le privé, pas le public. Mais j'ai lu aussi que les CHSCT du public allaient disparaitre (comme la fonction publique j'ai envie de dire).
Tout à l'heure j'ai essayé d'écrire mais je pense que mes soucis au boulot c'est à 45% le statut même qui est complètement dysfonctionnel et ils n'y peuvent rien, 45% moi qui vit super mal le mépris et l'isolement, puis 10% des choses sur lesquelles ils peuvent agir dans mon cadre de travail.
Donc 90% c'est des trucs que je ne pense pas pouvoir leur écrire du type : "ce métier est absurde", "les gens m'embêtent".
Je reverrai avec le syndicat quoi leur écrire et ce qu'il en est de l'avenir de l'instance.
Tout à l'heure j'ai essayé d'écrire mais je pense que mes soucis au boulot c'est à 45% le statut même qui est complètement dysfonctionnel et ils n'y peuvent rien, 45% moi qui vit super mal le mépris et l'isolement, puis 10% des choses sur lesquelles ils peuvent agir dans mon cadre de travail.
Donc 90% c'est des trucs que je ne pense pas pouvoir leur écrire du type : "ce métier est absurde", "les gens m'embêtent".
Je reverrai avec le syndicat quoi leur écrire et ce qu'il en est de l'avenir de l'instance.
May Lee- Messages : 1003
Date d'inscription : 05/10/2012
Re: prof, collègues, salle des profs : perdue, qu'en pensez-vous ?
https://www.ac-paris.fr/portail/jcms/piapp1_14938/les-missions-du-comite-d-hygiene-de-securite-et-des-conditions-de-travail-academique
Je vois, je compatis, par chez moi, on n'a pas ça (EN, prof doc,...).
J'ai parcouru ce résumé pour me faire une idée, mais ça date de plus de 20 ans:
https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1999-05-0120-004
Vous en parlez entre prof doc (ceux de ta volée de formation ou de ton académie par ex) ?
Courage pour trouver ta place sur place ou ailleurs dans cette fonction ou une autre.
Je vois, je compatis, par chez moi, on n'a pas ça (EN, prof doc,...).
J'ai parcouru ce résumé pour me faire une idée, mais ça date de plus de 20 ans:
https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1999-05-0120-004
Vous en parlez entre prof doc (ceux de ta volée de formation ou de ton académie par ex) ?
Courage pour trouver ta place sur place ou ailleurs dans cette fonction ou une autre.
Topsy Turvy- Messages : 8367
Date d'inscription : 10/01/2020
Re: prof, collègues, salle des profs : perdue, qu'en pensez-vous ?
Et ben… je me plains régulièrement de mon boulot, mais lire tout ceci me fait prendre conscience de la chance que j’ai !
J’ai vécu dans mon précédent établissement la mésentente avec les collègues plus la direction, c’est pas cool et ça a mal fini (arrêt maladie et arrêt du boulot mais j’étais en cdd et la directrice était vraiment frappée)
Courage
J’ai vécu dans mon précédent établissement la mésentente avec les collègues plus la direction, c’est pas cool et ça a mal fini (arrêt maladie et arrêt du boulot mais j’étais en cdd et la directrice était vraiment frappée)
Courage
Chuna- Messages : 22222
Date d'inscription : 31/12/2014
Age : 43
Localisation : Landes
Re: prof, collègues, salle des profs : perdue, qu'en pensez-vous ?
J'ai bien aimé lire vos témoignages originaux et intelligents! Les salles des profs sont des endroits terrifiants. Dans ma petite expérience de donneur khôlles, j'en avais connu une poignée, de styles architecturaux bien différents, mais toutes assez vides, froides. Des lieux de défoulement qui rappelaient les cours récré, sans le jeu. Bref ça ne m'avait pas fait trop envie.
Puis dans ma minuscule, négligeable expérience de prof, j'avais été positivement surpris: une entente cordiale entre la plupart des profs, quelques uns passant tout de même à travers sans friction*, des disputes intellectuelles à la con mais qui mettaient l'ambiance et participaient à entretenir le désir de faire mieux, de l'écoute, de l'ouverture. Il faut dire aussi que les représentant(e)s des syndicats faisaient bien leur travail et maintenaient le niveau d'animosité nécessaire pour que les volontés ne se désagrègent pas totalement. Et puis c'était un lycée mis à mal par la réforme qui venait, lycée qui avait conscience de devoir s'organiser ensemble pour ne pas trop prendre cher. Malgré ça, il fallait bien se faire sa place pour éviter le sort de neutrino, il fallait un peu bousculer, interpeller etc.
La prof doc qui travaillait dans le lycée était effectivement isolée; déjà spatialement car le CDI était dans une aile du bâtiment qui ne contenait pas de salles de cours, et aussi à travers la temporalité des tâches qu'elle devait effectuer. On voyait quand on lui parlait qu'elle aurait voulu qu'on lui parle davantage, et qu'elle puisse contribuer plus à la vie de l'école. Je pense que la façon dont son poste s'inscrivait dans le lycée aurait pu être modifiée s'il y avait une bonne entente entre elle et le proviseur, et de la volonté de sa part et du soutien des profs, mais au fond je n'en sais rien.
C'est aussi un métier associé à la technique. Pour un prof, la technique est soit "maîtrisée" (en fait surtout reléguée à un rôle de milieu neutre ou d'outil) et donc inintéressante, soit crainte et méprisée. Dans les deux cas elle n'est pas pensée à sa juste place, et déclassée par rapport aux “activités de l'esprit”.
Je connais aussi des exemples de profs qui ont subi mépris, isolement et rabaissement (avec son lots de coups bas) de la part de collègues, non pas parce qu'ils étaient perçus comme non sachants, mais au contraire, à mon avis, parce qu'il était clair qu'ils faisaient bien leur métier et qu'ils en sachaient plus que ceux qui s'en prenaient à eux. C'est peut-être ce pressentiment qui peut jouer dans le fait que tu te sentes méprisée May Lee. On est d'autant plus méchant avec ce qui nous remet en question que cela vient d'une position perçue comme inférieure. En fait c'est tout à fait général dans le monde du travail, ce n'est probablement pas une particularité du milieu de l'EN.
May Lee, si je peux me permettre, dans quelle discipline (+ sous-domaine) as-tu fait ta thèse?
Il parait que les profs et ex-profs, notamment en lettres/philo, sont plutôt appréciés en ce moment sur le marché du travail pour leurs qualités d'analyse et synthèse, leur aisance à l'écrit, leur capacité à gérer des groupes d'enfants et d'adultes-enfants, etc. Je pense aux métiers de l'écriture et de la communication. Et j'imagine que c'est un peu la même chose au moins pour ton profil.
Par ailleurs qu'est-ce qui t'empêche de passer les concours (capes ou agreg) spéciaux pour docteurs?
*Friction: nf, - non je plaisante, voici l'astérisque: il y avait un prof-ours, de maths lui aussi, qui par sa seule démarche dans ses passages en salle des profs faisait comprendre à tout le monde qu'il serait absolument vain de l'aborder. Il avait peut-être employé la méthode Confiteor?
Puis dans ma minuscule, négligeable expérience de prof, j'avais été positivement surpris: une entente cordiale entre la plupart des profs, quelques uns passant tout de même à travers sans friction*, des disputes intellectuelles à la con mais qui mettaient l'ambiance et participaient à entretenir le désir de faire mieux, de l'écoute, de l'ouverture. Il faut dire aussi que les représentant(e)s des syndicats faisaient bien leur travail et maintenaient le niveau d'animosité nécessaire pour que les volontés ne se désagrègent pas totalement. Et puis c'était un lycée mis à mal par la réforme qui venait, lycée qui avait conscience de devoir s'organiser ensemble pour ne pas trop prendre cher. Malgré ça, il fallait bien se faire sa place pour éviter le sort de neutrino, il fallait un peu bousculer, interpeller etc.
La prof doc qui travaillait dans le lycée était effectivement isolée; déjà spatialement car le CDI était dans une aile du bâtiment qui ne contenait pas de salles de cours, et aussi à travers la temporalité des tâches qu'elle devait effectuer. On voyait quand on lui parlait qu'elle aurait voulu qu'on lui parle davantage, et qu'elle puisse contribuer plus à la vie de l'école. Je pense que la façon dont son poste s'inscrivait dans le lycée aurait pu être modifiée s'il y avait une bonne entente entre elle et le proviseur, et de la volonté de sa part et du soutien des profs, mais au fond je n'en sais rien.
C'est aussi un métier associé à la technique. Pour un prof, la technique est soit "maîtrisée" (en fait surtout reléguée à un rôle de milieu neutre ou d'outil) et donc inintéressante, soit crainte et méprisée. Dans les deux cas elle n'est pas pensée à sa juste place, et déclassée par rapport aux “activités de l'esprit”.
Je connais aussi des exemples de profs qui ont subi mépris, isolement et rabaissement (avec son lots de coups bas) de la part de collègues, non pas parce qu'ils étaient perçus comme non sachants, mais au contraire, à mon avis, parce qu'il était clair qu'ils faisaient bien leur métier et qu'ils en sachaient plus que ceux qui s'en prenaient à eux. C'est peut-être ce pressentiment qui peut jouer dans le fait que tu te sentes méprisée May Lee. On est d'autant plus méchant avec ce qui nous remet en question que cela vient d'une position perçue comme inférieure. En fait c'est tout à fait général dans le monde du travail, ce n'est probablement pas une particularité du milieu de l'EN.
May Lee, si je peux me permettre, dans quelle discipline (+ sous-domaine) as-tu fait ta thèse?
Il parait que les profs et ex-profs, notamment en lettres/philo, sont plutôt appréciés en ce moment sur le marché du travail pour leurs qualités d'analyse et synthèse, leur aisance à l'écrit, leur capacité à gérer des groupes d'enfants et d'adultes-enfants, etc. Je pense aux métiers de l'écriture et de la communication. Et j'imagine que c'est un peu la même chose au moins pour ton profil.
Par ailleurs qu'est-ce qui t'empêche de passer les concours (capes ou agreg) spéciaux pour docteurs?
*Friction: nf, - non je plaisante, voici l'astérisque: il y avait un prof-ours, de maths lui aussi, qui par sa seule démarche dans ses passages en salle des profs faisait comprendre à tout le monde qu'il serait absolument vain de l'aborder. Il avait peut-être employé la méthode Confiteor?
paela- Messages : 2689
Date d'inscription : 30/05/2011
Age : 31
Localisation : Bordeaux
Re: prof, collègues, salle des profs : perdue, qu'en pensez-vous ?
Mais !
Je n'avais pas vu vos réponses !
Bon ce soir j'ai plus beaucoup de temps, mais déjà merci de vos messages
Depuis décembre je me suis appliquée à penser à autre chose qu'au taf. Ca marche un peu.
Je vous répondrai un peu mieux plus tard... Et d'ici là haut les coeurs aux bahuts !
Et vive le weekend.
Je n'avais pas vu vos réponses !
Bon ce soir j'ai plus beaucoup de temps, mais déjà merci de vos messages
Depuis décembre je me suis appliquée à penser à autre chose qu'au taf. Ca marche un peu.
Je vous répondrai un peu mieux plus tard... Et d'ici là haut les coeurs aux bahuts !
Et vive le weekend.
May Lee- Messages : 1003
Date d'inscription : 05/10/2012
Re: prof, collègues, salle des profs : perdue, qu'en pensez-vous ?
Oui quand on peut se voir. Mais dans mon cas, je trouve que c'est difficile depuis 3 ans, je pense que les collègues se lassent. Et contrairement aux profs qui se serrent les coudes et qui trouvent normal de craquer, je trouve qu'il y a un drôle de truc chez mes collègues prof doc, un peu comme si dans la tête de tous il y avait les bons (dynamiques, investis, qui font des projets, et qui savent s'asseoir sur les discriminations liées au métier, ne pas tout prendre mal etc) et les mauvais (qui s'enfermeraient dans un discours victimaire par faiblesse d'esprit, et qui gèrent mal leur CDI). On fuit un peu ceux qui se plaignent, parce que c'est vrai que la plainte peut devenir infinie, vu qu'il n'y a pas de solution, ni même de compréhension bien nette de pourquoi on nous oublie régulièrement, pourquoi on a une circulaire de mission qui est impossible à appliquer, pourquoi elle nous nomme référents en éducation aux médias et à l'information (EMI) mais quand il y a un rapport officiel sur cette même EMI on est à peine mentionnés dedans...Topsy a écrit:Vous en parlez entre prof doc (ceux de ta volée de formation ou de ton académie par ex) ?
plainte sans fin car problème au contours flous, multi factoriel...
Tous ceux qui arrivent à s'accommoder des petites injustices du quotidien le font, et minimisent donc les soucis.
Moi je pense qu'il y a un vrai problème structurel. Que c'est pas le boulot d'une seule personne déjà.
Vous connaissez beaucoup de médiathèques qui fonctionnent bien avec un seul médiathécaire ? Ben là c'est pareil, mais avec plein de mômes dans les pattes tout le temps.
Alors forcément que ça marche mal.
paela a écrit:
La prof doc qui travaillait dans le lycée était effectivement isolée; déjà spatialement car le CDI était dans une aile du bâtiment qui ne contenait pas de salles de cours, et aussi à travers la temporalité des tâches qu'elle devait effectuer. On voyait quand on lui parlait qu'elle aurait voulu qu'on lui parle davantage, et qu'elle puisse contribuer plus à la vie de l'école. Je pense que la façon dont son poste s'inscrivait dans le lycée aurait pu être modifiée s'il y avait une bonne entente entre elle et le proviseur, et de la volonté de sa part et du soutien des profs, mais au fond je n'en sais rien.
C'est aussi un métier associé à la technique. Pour un prof, la technique est soit "maîtrisée" (en fait surtout reléguée à un rôle de milieu neutre ou d'outil) et donc inintéressante, soit crainte et méprisée. Dans les deux cas elle n'est pas pensée à sa juste place, et déclassée par rapport aux “activités de l'esprit”.
Je connais aussi des exemples de profs qui ont subi mépris, isolement et rabaissement (avec son lots de coups bas) de la part de collègues, non pas parce qu'ils étaient perçus comme non sachants, mais au contraire, à mon avis, parce qu'il était clair qu'ils faisaient bien leur métier et qu'ils en sachaient plus que ceux qui s'en prenaient à eux. C'est peut-être ce pressentiment qui peut jouer dans le fait que tu te sentes méprisée May Lee. On est d'autant plus méchant avec ce qui nous remet en question que cela vient d'une position perçue comme inférieure. En fait c'est tout à fait général dans le monde du travail, ce n'est probablement pas une particularité du milieu de l'EN.
Tu décris très bien le problème de configuration spatiale et temporelle. Le pire c'est le problème des temps pour que les collègues et élèves aient des contacts avec nous, rien n'est pensé pour qu'on est des pauses en même temps que nos collègues (pour ça faut etre au moins deux comme dans n'importe quelle bib), ni pour que le CDI fasse partie du parcours de l'élève (cours dans son emploi du temps...).
Peut-être que le poste peut être modifié si on s'entend bien avec le chef et si on est soutenu avec par les collègues et si on a de l'énergie à revendre...mais... ça fait beaucoup de conditions à réunir tout ça pour pouvoir bosser normalement non ? Pourquoi le cadre de travail est à construire et à tenir de toutes ses forces ? J'ai l'impression de passer plus de temps à tenir les murs du CDI pour qu'on en fasse pas une poubelle de la salle d'étude ou un débarras pour les vieux machins, qu'à pouvoir y travailler réellement (cataloguer, alimenter le site, accompagner des élèves, faire cours..?)
J'ai essayé de construire un bon cadre de travail. Résultat : frôlé le burn out. Trop investie pour un truc dont tout le monde se fout. Efforts invisibles, incompris.
paela a écrit:May Lee, si je peux me permettre, dans quelle discipline (+ sous-domaine) as-tu fait ta thèse?
Il parait que les profs et ex-profs, notamment en lettres/philo, sont plutôt appréciés en ce moment sur le marché du travail pour leurs qualités d'analyse et synthèse, leur aisance à l'écrit, leur capacité à gérer des groupes d'enfants et d'adultes-enfants, etc. Je pense aux métiers de l'écriture et de la communication. Et j'imagine que c'est un peu la même chose au moins pour ton profil.
Par ailleurs qu'est-ce qui t'empêche de passer les concours (capes ou agreg) spéciaux pour docteurs?
J'ai écrit que j'avais fais 3 ans de thèse, mais je n'ai pas terminé ma thèse. Drop out. Je ne suis pas titulaire d'un doctorat, j'ai seulement publié quelques articles. C'était une recherche en Histoire de l'art du XIXe siècle, qui se rapprochait plus des cultural studies, ou de l'histoire / anthropologie des représentations. Mais du coup, je ne peux pas passer les concours réservés aux docteurs (je ne savais qu'ils avaient été créés).
Dans les métiers de l'écriture et de la com, j'ai vu qu'il y avait des ouvertures dans la rédaction web SEO, en effet, pour les profs. C'est à ça que tu pensais ?
May Lee- Messages : 1003
Date d'inscription : 05/10/2012
Re: prof, collègues, salle des profs : perdue, qu'en pensez-vous ?
J'ai commencé il y a 5 ans, je me sens toujours étranger à l'EN lol.
Je vis ma petite vie, j'ai trouvé les quelques collègues avec qui ont peu bosser. Je m'éclate avec les élèves. En salle des profs on me prend pour un fou (mais on me fout la paix).
Je vis ma petite vie, j'ai trouvé les quelques collègues avec qui ont peu bosser. Je m'éclate avec les élèves. En salle des profs on me prend pour un fou (mais on me fout la paix).
_________________
IMPERATOR•KALTHU•CAESAR•DIVVS
Pour plus d'infos cliquez là -> Appel tigres XXX Règles de courtoisie XXX pour les nouveaux XXX C'est quoi les Tigres ? <-
Re: prof, collègues, salle des profs : perdue, qu'en pensez-vous ?
Les efforts invisibles, oui, c'est le lot du personnel en général à l'EN. Y'a un côté puits sans fond bien sympa pour se débarrasser de l'énergie qu'on a sans trop polluer. En général je pense qu'il faut être deux-trois motivés qui s'entendent bien + trois-quatre motivables pour faire des projets qui tiennent et font respirer.
J'allais te proposer des pistes, mais elles ne sont pas forcément très adaptées à ta situation; en plus je m'étais dit que tu étais plutôt côté philo.
Quand-bien même, une mini-piste est de regarder ce qu'il y a comme formations proposées par des profs (en ligne en général en ce moment) sur un thème qui pourrait t'intéresser, par exemple en rapport avec le travail bibliographie, ou d'ailleurs avec l'histoire de l'art. Je n'ai pas d'exemple adapté encore une fois, mais il y a un jeune prof Bertrand de Fay qui propose une formation très bien faite sur l'attention (à prendre au sens qu'on veut).
J'avais aussi pensé que si tu aimerais avoir un investissement intellectuel à côté de ton travail, tu peux regarder ce que fait le collectif organesis, insufflé par la pensée de Bernard Stiegler, et qui rassemble notamment des projets contributifs.
Ca ne rapporte pas de sous, c'est juste pour le moral. Si des trucs t'intéressent tu peux contacter ceux qui s'en occupent qui seront contents d'avoir des gens pour participer.
Le concours a été créé il y a quelques années. Je pensais à ça pour les métiers, mais aussi à des agences de communication. Tu peux te retrouver à écrire des conneries avec des cons pour des connards, mais pas que; et puis c'est un art. Ou tout simplement faire des piges.
Tout ce que je dis est basé sur des exemples que je connais. Je suis sûr que des gens mieux informés que moi pourraient en dire plus et proposer d'autres voies. Bon courage en tout cas. Si tu arrives à moins penser au taf sans trop t'adapter, t'accommoder, minimiser, etc, c'est déjà un petit exploit!
J'allais te proposer des pistes, mais elles ne sont pas forcément très adaptées à ta situation; en plus je m'étais dit que tu étais plutôt côté philo.
Quand-bien même, une mini-piste est de regarder ce qu'il y a comme formations proposées par des profs (en ligne en général en ce moment) sur un thème qui pourrait t'intéresser, par exemple en rapport avec le travail bibliographie, ou d'ailleurs avec l'histoire de l'art. Je n'ai pas d'exemple adapté encore une fois, mais il y a un jeune prof Bertrand de Fay qui propose une formation très bien faite sur l'attention (à prendre au sens qu'on veut).
J'avais aussi pensé que si tu aimerais avoir un investissement intellectuel à côté de ton travail, tu peux regarder ce que fait le collectif organesis, insufflé par la pensée de Bernard Stiegler, et qui rassemble notamment des projets contributifs.
Ca ne rapporte pas de sous, c'est juste pour le moral. Si des trucs t'intéressent tu peux contacter ceux qui s'en occupent qui seront contents d'avoir des gens pour participer.
Mais du coup, je ne peux pas passer les concours réservés aux docteurs (je ne savais qu'ils avaient été créés).
Dans les métiers de l'écriture et de la com, j'ai vu qu'il y avait des ouvertures dans la rédaction web SEO, en effet, pour les profs. C'est à ça que tu pensais ?
Le concours a été créé il y a quelques années. Je pensais à ça pour les métiers, mais aussi à des agences de communication. Tu peux te retrouver à écrire des conneries avec des cons pour des connards, mais pas que; et puis c'est un art. Ou tout simplement faire des piges.
Tout ce que je dis est basé sur des exemples que je connais. Je suis sûr que des gens mieux informés que moi pourraient en dire plus et proposer d'autres voies. Bon courage en tout cas. Si tu arrives à moins penser au taf sans trop t'adapter, t'accommoder, minimiser, etc, c'est déjà un petit exploit!
paela- Messages : 2689
Date d'inscription : 30/05/2011
Age : 31
Localisation : Bordeaux
Re: prof, collègues, salle des profs : perdue, qu'en pensez-vous ?
C'est étrange de me relire. Mon CDD s'est transformé en CDI mais je change de lycée à la rentrée, alors que j'ai mis tant de mois à me sentir bien dans les deux établissements où j'étais !
Il va falloir tout recommencer, mais au moins je serai dans un seul lycée et je pourrai m'investir à 100% (je l'espère).
Bon courage à tous les profs !
Il va falloir tout recommencer, mais au moins je serai dans un seul lycée et je pourrai m'investir à 100% (je l'espère).
Bon courage à tous les profs !
Elyawin- Messages : 5
Date d'inscription : 08/11/2021
Sujets similaires
» Resultats WAIS III : Completement perdue ! Si vous êtes Psy vous même je serai heureuse de vous lire !
» Que pensez-vous des tatouages? Des gens tatouées? Vous mêmes tatoués?
» Que savez-vous (et que pensez-vous) du portage salarial?
» Vous n'êtes pas aussi rationnel que vous le pensez.
» les profs les plus dingues que vous avez eu témoignages? mdrr
» Que pensez-vous des tatouages? Des gens tatouées? Vous mêmes tatoués?
» Que savez-vous (et que pensez-vous) du portage salarial?
» Vous n'êtes pas aussi rationnel que vous le pensez.
» les profs les plus dingues que vous avez eu témoignages? mdrr
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum