Demande solennelle

Tous les zèbres veulent rester zèbres parce qu'ils sont persuadés que ça leur apporte quelque chose "en plus" par rapport aux non-zèbres.
Mais je vois des non-zèbres, heureux de vivre, savourant leur vie, menant à bien leurs propres choix, amoureux, épanouis, qui s'interrogent sur le monde, qui sont ouvert d'esprits, qui ont souffert, qui ont été exclus, violés, en échec scolaire, marginalisés, et qui parviennent aujourd'hui à une certaine forme de bonheur et de paix intérieure. Pas des plus vieux. Des gens de mon âge aussi.

Analogie a écrit:
C'est réconfortant ce sujet quand même. Tous ces Zèbres qui veulent rester Zèbres !

Oui, c'est réconfortant. C'est réconfortant de vouloir rester soi-même et rien de plus, de vouloir se réduire à une somme directe (au sens algébrique) de ses qualités, et de décider que ne plus être "zèbre" c'est s'amputer d'une partie essentielle de soi-même.
Parce que la "zébrochose", ça se traduit par les excès. Dans le mal, et dans le bien. (et tout le monde sait que le paroxysme du bien, c'est le mal).

Alors quand je vois l'enfer quotidien dans lequel je me débats, contre lequel j'ai décidé de me battre à tout prix, puisque c'est la lutte qui compte, mais dont je connais la finalité, l'inéluctable défaite, j'ai furieusement envie de m'échapper d'une prison dont la sensibilité inadéquate me fait largement plus de mal que de bien.

Si je me souviens bien, il y avait une explication fort élégante dans l'introduction ou les premiers chapitres de "l'utilitarisme" de J.S.Mill pour rester dans l'ambiance philosophique, mais j'ai oublié les détails.

The Greatest Happiness Principle ?
Je déteste les principes autant que j'adore les cintres, ce qui venant d'une obsessionnelle du rangement de penderie n'est pas un mince dénigrement.

Entre la violence de la vie, la volonté sartrienne de faire plus de moi que ce qu'on en a fait, et la satisfaction réconfortante, le bonheur conséquentialiste, je choisis la violence.


Et qui a dit que vouloir perdre sa douance, c'était pour être heureux ?

Il y a de la violence partout, parfois notre état de conscience la rend simplement latente...

Edit obligatoire : Personne ne dit que perdre sa douance rend heureux. Mais principe eudémoniste conditionnel : même si l'abruti, l'arbre ou la pierre étaient plus heureux que l"homme soit-disant trop conscient (mes vues matérialistes radicales considèrent l'homme comme du caillou (+du mystère sur lequel on ne peut que spéculer: Wittgenstein)), cet homme là, dont toutes les inclinations tendent normalement vers son bonheur (Métaphysique des moeurs (Kant)) ne voudrait pas se défaire de cette intelligence là. C'est vrai que dit comme ça, il n'y aurait rien de plus abruti que de couper les inclinations vers le même principe. Mais la haine de la raison prend racine dans la neutralisation des choses, d'où la contemplation de la violence et des folies dionysiaques nietzschéennes... Si le sage est sage parmi les fous, qu'est qu'un sage parmi les sages : un fou ! Sagesse au second degré, mais il y en a une infinité...

Choisir oui, c'est renoncer à toutes les belles choses que je vis, à ce moi qui, mine de rien et malgré tout, fait avancer mon propre schmilblic, et parfois aussi celui des autres, donc celui de l'univers tout entier (le délire démiurgique, j'adore ça). Choisir non, c'est renoncer à la quiétude, à une vision erronée que la vie est simple, binaire, au fait que les choses ne peuvent pas et ne doivent pas changer parce que ça pourrait être dangereux… Bref, autant renoncer à ce qui m'est le plus éloigné, voire insondable. Gestion des risques, optimisation, stratégie, plan A, B, C, D, etc., top crédibilité !

J ai vote oui... avecregret mais oui quand meme... juste pour souffler, pouvoir profiter des choses simplement, arreter de faire le yoyo entre les "ouaiiii c est vraiment trop bien!!" et les "mouai bof j ai envie de rien tout est naze"...
Oui au repos, oui au lacher prise...

Mais le lâcher prise existe aussi pour les zèbres, ou alors je n'en suis pas un ! Ça demande des efforts, c'est exténuant au début, mais à force de s'y obliger, ça finit par arriver. Et quand ça arrive, c'est une drôle de sensation. Depuis que je "lâche prise" (un peu), je me sens paradoxalement beaucoup plus productive, parce que justement je choisis de me concentrer, de ne pas lâcher prise sur des trucs que j'aime vraiment. Ça me donne une sensation de liberté, tiens, allons-y avec les grands mots ! En revanche, je reconnais que les moments inverses, ceux où je n'arrive pas lâcher prise, sont de plus en plus difficiles à vivre et d'autant plus violents. On est suffisamment malins, nous les zèbres, pour savoir de quoi on a besoin. D'instinct, même si on se bagarre contre, on le sait. Peut-être que le truc, c'est de s'écouter, de murer tout autour de soi, même si ce n'est juste que pour un moment, et de s'écouter respirer, d'entendre son propre coeur battre, les propres bruits de son corps. Et là, on lâche prise.

Et pourquoi pas mesurer 1m65* tant que tu y es ?

*La taille moyenne des femmes françaises que je dépasse d'une tête-et-demi.

Je dois être un zèbre un peu bête. Pour commencer c'est quoi alter cognitive ? Google est un peu vagabond sur le terme.

Sinon pour moi la réponse est à ton sondage c'est OUI.
Je répond comme Coluche " Dieu a dit : il y aura des hommes blancs, il y aura des hommes noirs, il y aura des hommes grands, il y aura des hommes petits, il y aura des hommes beaux et il y aura des hommes moches, et tous seront égaux ; mais ça sera pas facile… Et puis il a ajouté : il y en aura même qui seront noirs, petits et moches et pour eux, ce sera très dur !" et zébrés.
Des fois, quand tu les cumules, ça devient lourd.
En plus, pour les zébrures de quelques-uns, c'est comme si tu passais ta vie à te demander pourquoi on te regarde bizarre dans la rue avec ta tronche en biais dans un monde sans miroir.
Bon, le jour où tu en trouves un, t'as compris. Mais t'as toujours la tronche en biais. Et t'es petit noir et moche.

Non car me retrouvais projeté dans une vie de zèbre qui n'est pas la mienne est une idée horrible; l'enfance, la scolarisation, les amitiés , les relations , les choix etc... je devrais, avec l'esprit d'un normaux-pensant, me trimbaler les vestiges de l'existence d'une autre personne tel un amnésique. Non merci.

Par contre il serait plus pertinent de poser comme question si ,avec le recul nécessaire, préférerions nous naître en tant que surdoué ou dans l'uniforme de Mr. Lambda?

Aujourd'hui, je n'ai pas encore les données nécessaires pour répondre à cela.

Merkii!

Tipule a écrit:Merkii!

sauf que c'était une bétise (je ne devrais pas poster à des heures si tardive)
il me semble que le terme que j'avais lu était en fait atipi-cognitif
(ce qui est bien plus joli ! )

J'ai voté oui et après finalement j'ai annulé mon vote. Etre normal me dérange horriblement et quelquepart j'aimerais bien l'être

Chaque fois que je passe sur ce sujet, je me dis: "non, je voudrais jamais ca, ca fait partie de moi depuis toujours, qui serais-je d'autre? Je vois pas comment on pourrait répondre "oui"".

Puis hier, après 4 jours de maux de têtes qui n'ont (toujours) pas stoppé, j'ai perdu patience face à la différence d'une collègue dans sa capacité à optimiser son travail.. notre travail. J'ai envoyé un mail pour lui dire comment s'organiser, tellement ça me saoulait.

Maintenant, je m'en mord les doigts: "comment va t'elle le prendre? Sans doute mal. J'aurais mieux fait de garder mon calme, c'est pas sa faute, c'est moi qui suis hors catégorie, pas elle...".

Dans ces moments là, quand je n'ai plus l'énergie pour prendre sur moi pour que les autres n'aient pas à souffrir de ma différence... oué, j'ai envie de la mettre à la poubelle.........

borntobewild a écrit:Mais le lâcher prise existe aussi pour les zèbres, ou alors je n'en suis pas un ! Ça demande des efforts, c'est exténuant au début, mais à force de s'y obliger, ça finit par arriver. Et quand ça arrive, c'est une drôle de sensation. Depuis que je "lâche prise" (un peu), je me sens paradoxalement beaucoup plus productive, parce que justement je choisis de me concentrer, de ne pas lâcher prise sur des trucs que j'aime vraiment. Ça me donne une sensation de liberté, tiens, allons-y avec les grands mots ! En revanche, je reconnais que les moments inverses, ceux où je n'arrive pas lâcher prise, sont de plus en plus difficiles à vivre et d'autant plus violents. On est suffisamment malins, nous les zèbres, pour savoir de quoi on a besoin. D'instinct, même si on se bagarre contre, on le sait. Peut-être que le truc, c'est de s'écouter, de murer tout autour de soi, même si ce n'est juste que pour un moment, et de s'écouter respirer, d'entendre son propre coeur battre, les propres bruits de son corps. Et là, on lâche prise.

Certes.... mais j aspire quand meme a moins de sensibilite, moins de prises de tete et de questionnements, plus de protections, de barrieres, de filtres autour de moi, pour moins prendreles choses directement a mach2 dans la tronche sans que les gens parviennenta comprendre pourquoije me sens si agressee, si opressee....

C'est parfois difficile d'être zèbre, ce décalage, les difficultés à s'intégrer socialement, se sentir différent des autres mais non çà va, j'ai pas envie de ressembler à la plupart des gens, vraiment pas envie.

Moi je ne voudrais surtout pas *devenir* normale, mais j'aurais bien aimé *être* normale. Devenir normale après 40 ans de vie intense, ça doit porter au suicide encore plus que vivre trop intensément tout le temps. Mais par contre, ne même pas imaginer tout ce qu'il est possible de vivre quand on prend tout par le prisme de la zébrure, ça oui j'aurais bien aimé, parce que quand on ne sait pas on ne regrette pas. Et comme pour l'instant j'ai plutôt pâti que profité des mes rayures, ben...
C'est comme la mort, je ne peux pas envisager de me tuer mais j'aimerais vachement ne pas exister (pas être morte, hein, parce que être mort ça veut dire qu'on a été vivant, et que donc on a commencé quelque chose qu'on n'a pas pu finir (vu qu'on pourra jamais vivre tout ce qu'on aurait envie de vivre)(enfin moi, en tous cas))
Donc normale, ok, mais ignorante (bon, dit comme ça, je suis pas sure que ça me fasse si envie que ça... )

oui. je voudrais disparaître noyé dans la masse et ne pas sentir ce poids sur mes épaules.

bonjour tout comme 89% des votes,je n'échangerais pas ma place pour être "normale" car franchement je serais hypocrite de dire que je veux être ce que je ne supporte pas: avoir une vie heureuse est le but et je ne pense pas etre capable d'etre heureuse avec une petite vie toute ràglée par les autres pour toi ,pour correspondre a ce simulacre de societe !mes differences je les aime bien qu'elles me fassent entrevoir l'enfer parfois mais je ne changerai pas ma peau de zebre contre un mode de pensées préfabriquées qui nous enferme dans l'ignorance et la complaisance de la mediocrité.......donc même si je souffre je prefere etre "zebre" mais voir ce qu'il y a à voir d'un oeil non formaté!

colargolle a écrit:C'est comme la mort, je ne peux pas envisager de me tuer mais j'aimerais vachement ne pas exister (pas être morte, hein, parce que être mort ça veut dire qu'on a été vivant

Parfois il m'arrive de penser ça. Juste, disparaître. Pouf pouf. Et même, de manière intermittente. Vivre par moment, ne plus être là, comme en pause du monde. Simplement ne plus exister. Quand je suis fatiguée.


J'ai voté non parce que je commence (enfin) à m'aimer, et renier ceci de ma personnalité serait faire un énorme pas en arrière. Et puis, rien ne me dit que si j'étais plus dans les normes, je serai plus heureuse...

Ca serait comme rejeter mes cheveux bouclés pour les avoir raides. Certaines se les lissent mais ça les crame... Autant faire avec, non ? J'ai préfère les mettre en valeur et que tout le monde se rende compte que c'est différent, mais bien aussi.
(Oui, tout ceci est une analogie girly foireuse.)

Mais j'ai 25 ans. Peut-être que dans 10, 20, 30 ans, j'en aurais ma claque de me battre.

Kiss Jong-il a écrit:
Imaginons qu'un "génie" vous offre la possibilité d'être, niveau QI, dans la moyenne.
Pour devenir, un "normo-pensant", un "non-zèbre".
Il se tient devant vous, et vous n'avez plus qu'à lui dire "oui" ou "non".
Le choix est naturellement définitif.

Et si on demandait au génie de rendre les gens cons plus intelligents, ce ne serait pas plus efficace ?

La normalité n'existe pas en psychologie, c'est juste une moyenne, et comme nos sociétés nous nivellent par le bas, je reste convaincu que le normo-pensant de demain sera plus abruti que le normo-pensant d'aujourd'hui.

Donc autant lui demander d'éteindre son i-pod, d'arrêter de s'avachir devant la TV, et d'aller lire de vrais livres pour avoir de vraies discussions dans la vraie vie

Bien sur que non. Comment est-ce qu'on pourrait dire oui? Passer une partie de sa vie a souffrir le temps de devoiler son potentiel, pour ensuite ne pas pouvoir l'utiliser?

Si le génie me demandait "souhaites-tu que toute la société, le monde entier, devienne zébré ?" je répondrais un gros oui, sans hésiter !

c'est vrai que ce dernier post est plus pertinent...