Quiz d’airs et de chansons entrés dans les livres d’histoire
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Quiz d’airs et de chansons entrés dans les livres d’histoire
Salut,
Voici 15 titres qui sont entrés dans les livres d’histoire : ils sont rattachés à des événements précis, ou bien sont rattachés à une cause (sociale, politique…). De certains, on pourrait peut-être même dire qu’ils ont changé la face du monde !
Il vous faudra donc trouver un titre, parfois un auteur (mais pas toujours, certains auteurs étant restés dans un relatif anonymat), et surtout dire à quels événements, ou à quelle période, le morceau se rattache.
Exemple de ce que j’aurais pu mettre :
- « Le temps des cerises » (thème : Commune de Paris)
- Johnny Clegg « Asimbonanga » (thème : Apartheid, - protestation contre l’enfermement de Mandela)
Les morceaux (ou les thèmes) ne sont pas tous faciles à trouver, aussi je vous souhaite la bien bonne chance !
En même temps que les réponses, je vous raconterai l’histoire de chacun de ces airs, ou bien je vous fournirai des liens.
A vous !
Voici 15 titres qui sont entrés dans les livres d’histoire : ils sont rattachés à des événements précis, ou bien sont rattachés à une cause (sociale, politique…). De certains, on pourrait peut-être même dire qu’ils ont changé la face du monde !
Il vous faudra donc trouver un titre, parfois un auteur (mais pas toujours, certains auteurs étant restés dans un relatif anonymat), et surtout dire à quels événements, ou à quelle période, le morceau se rattache.
Exemple de ce que j’aurais pu mettre :
- « Le temps des cerises » (thème : Commune de Paris)
- Johnny Clegg « Asimbonanga » (thème : Apartheid, - protestation contre l’enfermement de Mandela)
Les morceaux (ou les thèmes) ne sont pas tous faciles à trouver, aussi je vous souhaite la bien bonne chance !
En même temps que les réponses, je vous raconterai l’histoire de chacun de ces airs, ou bien je vous fournirai des liens.
A vous !
ddistance- Messages : 1469
Date d'inscription : 20/02/2019
Re: Quiz d’airs et de chansons entrés dans les livres d’histoire
- Des réponses:
- Aretha Franklin - Respect (chanson d'Otis Redding reprise et modifiée par Aretha pour en faire un hymne féministe)
- The Mamas & the Papas - San Francisco (hymne hippie)
- Miriam Makeba - Pata Pata (chanson légère devenue hymne anti apartheid)
- Sans certitude je dirais le thème de La Liste de Schindler composé par John Williams
- Zao - Ancien combattant ... avec un peu de recherche sur google
- Joan Baez - We shall overcome (hymne des mouvements pour les droits civiques US, chanté par plein de monde, dont l'exceptionnel et regretté Pete Seeger)
- Amazing Grace, par Celtic Woman ? (chant chrétien)
- j'ai pas
- Bob Dylan - Blowin' in the Wind (autre hymne des mouvements droits civiques US)
- je connais mais impossible de retrouver
- Jean-Sébastien Bach - première suite pour violoncelle (par contre le thème je ne vois pas ... à part sauver le violoncelle ? )
- Brigitte Bardot - Harley Davidson (ou une reprise, je déteste ce machin, ma capacité d'écoute se limite aux premières notes ; le thème, j'ai une tête de chou mais je baise les plus belles femmes de mon époque ?)
- Boris Vian - Le déserteur
- Marvin Gaye - Mercy, Mercy Me (bien vieille chanson écolo)
la cariocaBillie Holiday – Strange Fruit (hymne anti raciste)
- Aretha Franklin - Respect (chanson d'Otis Redding reprise et modifiée par Aretha pour en faire un hymne féministe)
Invité- Invité
Re: Quiz d’airs et de chansons entrés dans les livres d’histoire
- quelques réponses:
01 : Respect, par Aretha Franklin. Hymne féministe (l'original est d'Otis Redding, mais pas féministe du tout...)
02 : San-Francisco, par Scott Mc Kenzie. Ralliement Hippie dans la banlieue de S.F
03 : Pata pata, par Myriam Makeba. Pour participer à la culture noire et à la fin de l'apartheid en Afrique du Sud
04 : la BO du film "Le pianiste", sans certitude. Le morceau pourrait être du Schubert, du Liszt ou du Chopin, et dans le cas du dernier cité, tiré d'un prélude ou d'une étude (grosse ressemblance avec certains mouvements de l'étude Op.25, mais c'est pas elle)
05 : je connais pas
06 : We shall overcome, par Joan Baez. Hymne du Mouvement des Droits Civiques" en 1963. J'étais môme et pourtant je m'en souviens encore
07 : qui chante, je ne reconnais pas la voix. Mais c'est Amazing Grace, un air traditionnel celtique. C'est aussi l'air qui accompagne les enterrements de policiers ou de pompiers à New-York, ainsi que certains défilés de descendants d'irlandais dans la même "grosse pomme". Je crois que c'est aussi devenu la "chanson souvenir" en hommage aux victimes collatérales de l'attentat du 11 septembre (2001) contre les tours jumelles.
08 : On dirait du reggae "post-Marley", mais je vois pas qui chante ni le titre
09 : Blowin in the wind, par Robert Zimmermann (alias Bob Dylan) . Années 60, donc probablement lié aux droits civiques aux USA. Mômes, on chantait la version française popularisée par Hughes Auffray
10 : Va pensiero, de Verdi. Tiré de l'opéra "Nabuco". Sublime ! Le pire -pour ce quizz, ou le meilleur pour moi, ..je viens de l'écouter il y a 2 heures. Mais pas la même interprétation. Verdi a retranscrit ce que ressentaient certains italiens sous l'occupation autrichienne (identification avec l'esclavage à Babylone)
11 : Fugue pour violoncelle, de Bach, interprétée par Mstislav Rostropovitch lors de la chute du mur de Berlin
12: Harley Davidson, de Gainsbourg, interprété par Bardot. Libération sexuelle en France.
13 : Beaucoup de légendes sur l'origine de cette chanson (ici Boris Vian interprétant "sa" chanson "le déserteur"). A la base, un vieux texte de 1870, qui a été remanié par Vian et Mouloudji, qui était déclamé sur scène, puis a finalement été chanté par Vian (et plein d'autres). Considérée comme la chanson antimilitariste par excellence, puisque popularisée au moment de la guerre d'Indochine.
14 : j'hésite entre Quincy Jones et Marvin Gaye (ça ressemble plus à la voix de ce dernier). Je ne connais pas le contexte
15 : Billie Holliday, mais je ne connais pas la chanson, donc pas non plus le titre. D'après le peu de paroles qu'on entend, on dirait une "ironie" sur le racisme
Mentounasc- Messages : 2284
Date d'inscription : 16/01/2019
Age : 68
Localisation : Autour de Monaco
Re: Quiz d’airs et de chansons entrés dans les livres d’histoire
Bien joué Tigrou & Mentou !
- Spoiler:
- Les thèmes que vous avez donnés (quand vous les donnez), c'est bien ça, vous voyez bien de quoi il est question dans tel ou tel titre.
L'un est l'autre connaissez l'histoire de Respect (une chanson d'Otis Redding à l'origine), et c'est ballot pour moi, j'avais préparé un texte pour expliquer l'histoire de ce tube, mais vous n'y apprendrez rien :/
Idem pour la 3 que vous avez identifiée tous les deux.
Et pour quelques autres qui étaient attendues dans ce genre de jeu (Joan Baez, Boris Vian...)
Personne encore n'a la 4 (quoique Mentou tourne autour, je dirais même qu'il brûle).
Et pour la 8, la difficulté est renforcée du fait qu'il ne chante pas en anglais, mais en créole jamaïcain. Quoique ce pourrait être un indice
ddistance- Messages : 1469
Date d'inscription : 20/02/2019
Re: Quiz d’airs et de chansons entrés dans les livres d’histoire
Pour la 8, est ce que le chanteur est dans cette liste ?
Et s'il y est, est-ce l'un de ceux mis en valeur par une flèche verte ?
Pour la 4, il y a trop de possibilités pour moi. Je connais les 3 compositeurs que j'ai cité, et plusieurs de leurs oeuvres, mais je suis loin de tout connaître, et surtout d'avoir tout mémorisé.
L'extrait que tu nous passes, je l'ai déjà entendu. Mais après ?
Si je m'en tiens à Chopin, j'élimine les "nocturnes" dont le tempo est plus doux, j'élimine aussi les impromptus et les mazurkas, qui n'ont pas le même rythme, j'élimine les préludes qui sont plus calmes et portés sur l'harmonie... il resterait donc la très large gamme des "études".... et là y'a de quoi faire. Mais bon, je peux me tromper dans mes appréciations, et même sur Frédo, d'autant que Liszt et Schubert ont aussi bossé dans le même genre !
Pour la 5 que je ne connais pas, je verrais bien un chanteur d'Afrique Centrale (Tchad, Centr'Afrique...), c'est tout à fait le genre, surtout avec des paroles comme "la guerre c'est pas beau" "siffler les balles"... mais même avec quelques paroles extraites, je vois pas plus loin
Et s'il y est, est-ce l'un de ceux mis en valeur par une flèche verte ?
Pour la 4, il y a trop de possibilités pour moi. Je connais les 3 compositeurs que j'ai cité, et plusieurs de leurs oeuvres, mais je suis loin de tout connaître, et surtout d'avoir tout mémorisé.
L'extrait que tu nous passes, je l'ai déjà entendu. Mais après ?
Si je m'en tiens à Chopin, j'élimine les "nocturnes" dont le tempo est plus doux, j'élimine aussi les impromptus et les mazurkas, qui n'ont pas le même rythme, j'élimine les préludes qui sont plus calmes et portés sur l'harmonie... il resterait donc la très large gamme des "études".... et là y'a de quoi faire. Mais bon, je peux me tromper dans mes appréciations, et même sur Frédo, d'autant que Liszt et Schubert ont aussi bossé dans le même genre !
Pour la 5 que je ne connais pas, je verrais bien un chanteur d'Afrique Centrale (Tchad, Centr'Afrique...), c'est tout à fait le genre, surtout avec des paroles comme "la guerre c'est pas beau" "siffler les balles"... mais même avec quelques paroles extraites, je vois pas plus loin
Mentounasc- Messages : 2284
Date d'inscription : 16/01/2019
Age : 68
Localisation : Autour de Monaco
Re: Quiz d’airs et de chansons entrés dans les livres d’histoire
nan !Mentounasc a écrit:Pour la 8, est ce que le chanteur est dans cette liste ?
ddistance- Messages : 1469
Date d'inscription : 20/02/2019
Re: Quiz d’airs et de chansons entrés dans les livres d’histoire
Re
Je n'ai pas trop le temps de me pencher sur ta liste (je vais être pas mal occupé jusque vers 22 h), mais on dirait qu'il est orienté reggae essentiellement, plus que dub. Alors que le chanteur que j'ai mis dans le quiz, c'est surtout une figure du dub (culture dancehall, remixes, basses amplifiées...).
Je remarque quand même qu'il y a Lee Scratch Perry dans cette liste, et là on n'est pas loin !
Je n'ai pas trop le temps de me pencher sur ta liste (je vais être pas mal occupé jusque vers 22 h), mais on dirait qu'il est orienté reggae essentiellement, plus que dub. Alors que le chanteur que j'ai mis dans le quiz, c'est surtout une figure du dub (culture dancehall, remixes, basses amplifiées...).
Je remarque quand même qu'il y a Lee Scratch Perry dans cette liste, et là on n'est pas loin !
ddistance- Messages : 1469
Date d'inscription : 20/02/2019
Re: Quiz d’airs et de chansons entrés dans les livres d’histoire
Merci pour ta réponse, mais je cesse de chercher car le dub c'est pas mon truc.
Donc langue au chat...
Donc langue au chat...
Mentounasc- Messages : 2284
Date d'inscription : 16/01/2019
Age : 68
Localisation : Autour de Monaco
Re: Quiz d’airs et de chansons entrés dans les livres d’histoire
Bon hé bien voilà les premières réponses, avec les explications :
- réponses 1 à 5:
- 1 – Aretha Franklin, « Respect » / cause féministe
La chanson « Respect » est reconnaissable entre toutes. Ce qui est moins connu, c’est que l’original est signé Otis Redding, et que ce morceau est sorti peu de temps avant sa reprise par Aretha Franklin (1965 pour la version d’Otis Redding, 1967 pour la version d’Aretha Franlin). Dans la version originale, c’est un homme qui demande à sa femme un peu de respect lorsqu’il rentre le soir, épuisé par sa journée de travail. Il ramène l’argent à la maison, alors que sa femme lui soit un minimum reconnaissante.
« Ce que tu veux, chérie, tu l’as
Ce dont tu as besoin, je te l’apporte
Alors tout ce que je te demande, c’est un peu de respect quand je rentre à la maison. »
Aretha Franklin réalise un coup de maître, en inversant les rôles masculins et féminins. Le vers « Ce que je te demande, c’est un peu de respect quand je rentre à la maison » devient « Ce que je te demande, c’est un peu de respect quand TU rentres à la maison ». Habile retournement, n’est-il pas ?
Et cette chanson emporte tout sur son passage. Dans la bouche d’Otis Redding, le respect est synonyme d’estime, dans un sens très traditionnel ; l’épouse doit allégeance à son mari, puisqu’il est chef de famille. Elle lui doit le respect. Dans la bouche d’Aretha Franklin, c’est très différent : la femme n’est pas une boniche, elle a droit à des égards, et certains passages rédigés en argot, laissent à penser que ces égards incluent la performance sexuelle du mari, « Sock it to me » pouvant être traduit par « Montre-moi de quoi tu es capable ». La chanteuse s’est toujours défendue d’avoir voulu faire la moindre allusion sexuelle, cela n’a jamais empêché les auditeurs de se faire leur propre idée.
Mais au delà de l’allusion sexuelle, le morceau a une portée politique énorme : le message principal est une revendication, l’égalité hommes-femmes. Il n’y a pas que les femmes, du reste, qui se soient reconnues dans ce tube : il y a les Afro-américains dans leur ensemble, à une époque où ils luttaient pour les droits civiques. Et quand ils chantaient « Respect », cela avait un sens particulier.
2 – Scott Mckenzie, « San Francisco » / Summer of love, 1967
La chanson ne fut écrite et diffusée que quelques jours avant le début du festival pop de Monterey, qui s’est déroulé en juin 1967, et dont on se souvient aujourd’hui pour être l’événement marquant du fameux « Summer of love ». La Californie est alors connue pour être le berceau de la contre-culture : c’est à San Francisco que se réunissent les beatniks et hippies de tout le continent. San Francisco représente alors un havre de paix et de fraternité entre les hommes, elle est protégée de l’hostilité du monde, protégée des conflits et des guerres. Et la chanson de Scott McKenzie est un appel :
« Si tu viens à San Francisco
Assure-toi de porter quelques fleurs à tes cheveux
Si tu viens à San Francisco
Tu y rencontreras des personnes gentilles »
La chanson fut aussi conçue pour calmer les appréhensions des autorités locales, très réticentes à l’idée de voir débarquer des dizaines des milliers de jeunes à Monterey (combien ont participé au Summer of Love ? Entre 100 000 et 200 000 selon les sources).
Mais pourquoi, demande McKenzie, pourquoi donc avoir peur de jeunes gens qui portent des fleurs dans les cheveux, et qui ne feraient pas de mal à une mouche ? Et cette chanson est devenue l’hymne du Flower power.
https://www.rockisalive.fr/one-hit-wonders-vol-3/scott-mckenzie-san-francisco-1967/
3 – Miriam Makeba, « Pata Pata » / Apartheid
La chanson est sortie en 1967, et elle est aussitôt devenue un tube partout dans le monde. La chanson avait été enregistrée une dizaine d’années auparavant, mais Miriam Makeba n’y portait pas d’intérêt particulier. Les paroles sont légères : elles ne parlent que d’une danse, le « Pata Pata » (ou « Touche Touche », en français), l’air est enjoué.
Les textes sont en langue xhosa.
« Pata Pata est le nom de la danse
Que nous dansons ici à Johannesburg
Et les gens commencent à bouger
Dès que Pata Pata commence à jouer. »
Miriam Makeba a dénoncé le racisme dès le début de sa carrière, et c’est avec des chansons telles que « Malcom X » que la chanteuse espérait éveiller les consciences. Et pourtant, c’est bien Pata Pata, cette chanson légère, qui est devenue la chanson symbole, dans les années 60 et 70, de la lutte contre l’Apartheid. Parce qu’en Afrique du Sud, lorsque l’air résonnait, les gens se mettaient à danser.
https://www.jeuneafrique.com/1146602/culture/serie-miriam-makeba-pata-pata-une-comptine-devenue-un-hymne-anti-apartheid-2-5/
4 – Chopin, étude révolutionnaire / Le siège et la chute de Varsovie (1831)
L’étude expliquée par la pianiste Elizabeth Sombart :
5 – Zao, « Ancien combattant » / 2e guerre mondiale
1985 : la radio Africa 1, radio francophone écoutée par plus de 20 millions d’auditeurs en Afrique, lance « Ancien combattant », de Zao. Enorme tube sur tout le continent, sans que la France, ni l’Europe, ni le monde, d’abord ne le repèrent.
« Moi je suis ancien combattant,
J'ai fait la guerre mondiaux
Dans la guerre mondiaux,
Il n'y a pas de camarade oui
Dans la guerre mondiaux,
Il n'y a pas de pitié mon ami
J'ai tué Français,
J'ai tué Allemand,
J'ai tué Anglais,
Moi j'ai tué Tché-co-slo-vaque »
« J’ai voulu faire un message qui s’adresse à tout le monde, dit Zao. A tous ceux qui croient trouver une solution dans l’usage des armes, je dis qu’ils seront tous cadavres. L’humour permet de mieux traduire ce genre de message. J’ai voulu qu’Ancien combattant parle comme le faisaient les tirailleurs sénégalais, comme ce sergent Malamine qui dit un jour à un Blanc pressé de forcer un barrage : "Toi pousse moi, moi tire toi" ».
ddistance- Messages : 1469
Date d'inscription : 20/02/2019
Re: Quiz d’airs et de chansons entrés dans les livres d’histoire
- réponses 6 à 10:
- 6 – Joan Baez, « We shall overcome »
Au moment où Joan Baez reprend cette chanson, en 1963, celle-ci a déjà une longue histoire. C’est d’abord un gospel, « I’ll Overcome Some Day » (« Je vaincrais un jour ») créé en 1901 par un pasteur méthodiste (Albert Tindley), et dont les paroles commencent ainsi :
« Le monde est un immense champs de bataille
Avec des forces toutes déployées
Si mon cœur ne cède pas
Je vaincrais un jour »
Et ces paroles, elles font mouche, dans les milieux ouvriers notamment où on l’entonne lors de réunions syndicales ou de piquets de grève. On l’entonne dans les années 1910 et 1920, on l’entonne encore après-guerre, et c’est à ce moment que le destin de la chanson bascule. Une grève éclate en 1945, dans un champ de tabac en Caroline du Sud, et le texte est modifié : ce n’est plus « I’ll overcome some day » mais « We will overcome ». On passe de l’individuel au collectif.
La suite de cette histoire est racontée dans cet article de l’Humanité :
https://www.humanite.fr/culture-et-savoirs/les-chants-de-la-revolte/we-shall-overcome-le-gospel-devenu-bo-du-mouvement-des-droits-civiques-758080
Vous y trouverez cette photo stupéfiante, datée du 28 août 1963, où l’on voit Joan Baez reprendre « We shall overcome » devant 2 ou 300 000 personnes, lors de la marche de Washington pour les droits civiques.
Je n’ai pas grand chose à rajouter par rapport à cet article, si ce n’est que « We shall overcome » a été chanté par plus de 50 000 personnes lors des funérailles de Martin Luther King, en 1968.
Et pour parler des temps plus récents, vous avez Camélia Jordana, Sandra Nkaké, Jeanne Added, Raphaële Lannadère et Pomme qui l’ont reprise a capella place de la République à Paris, lors d’un rassemblement pour Georges Floyd, le 9 juin 2020.
https://www.bfmtv.com/people/musique/rassemblement-pour-george-floyd-a-paris-camelia-jordana-sandra-nkake-pomme-chantent-we-shall-overcome_AV-202006090286.html
7 – John Newton, « Amazing grace » : hymne spirituel américain
Voici un air écrit à la fin du XVIIIe siècle par un ancien capitaine de bateau négrier, John Newton, rescapé d’un naufrage, et reconnaissant à Dieu de lui avoir donné une chance de survie. L’événement l’a bouleversé : plus jamais il ne participerait à la traite négrière. Tel était le dessein que le Seigneur avait conçu pour lui, et il a dans ce chant exprimé toute la reconnaissance du pécheur qui souhaite se repentir.
« Stupéfiante grâce
Que Celui qui a sauvé un misérable tel que moi
J’étais perdu mais maintenant je me suis retrouvé
J’étais aveugle mais maintenant je vois »
John Newton s’est ensuite fait pasteur.
La chanson est devenue l’hymne spirituel des Américains, leur hymne national de cœur, entonné lors des grandes célébrations. On l’a chantée en mémoire des disparus du 11 septembre, notamment.
C’est un chant d’inspiration protestante : la grâce peut être accordée à tout pécheur, quelle que soit l’étendue de ses fautes. C’est aussi un chant qui condense toute l’histoire des Etats-Unis, qui ont connu toutes les épreuves (la traversée de l’Atlantique, la Guerre de Sécession, la Grande Dépression) mais qui restent protégés de Dieu. Dans la vidéo qui suit, Barack Obama entonne « Amazing Grace » lors des funérailles du pasteur Clementa Pinckney, tué lors de la fusillade de l’église de Charleston en 2015.
8 – Linton Kwesi Johnson, « It dread inna Inglan » / racisme et violences policières
LKJ est une voix importante du reggae britannique. Né en 1952, il fait partie des dizaines de milliers de migrants jamaïcains qui se sont installés au Royaume-Uni dans les années d’après-guerre. Le climat social y est alors tendu, marqué par le racisme et les violences policières. Très jeune (11 ou 12 ans à peine), Linton Kwesi Johnson adhère au mouvement des Black Panthers. Il écrit des textes où il parle des conditions de vie des Noirs en Angleterre, des textes où il parle d’oppression policière. Et des tensions très vives entre Antillais et jeunes Blancs opposés à l’immigration. L’événement le plus marquant de cette période, ce sont les émeutes raciales de Notting Hill (quartier de Londres), en 1958, qui voient les « Teddy Boys » (jeunes ouvriers blancs) s’en prendre aux habitations des Noirs ; l’animosité des Teddy Boys ayant été attisée par des groupes d’extrême-droite voulant que la Grande-Bretagne reste blanche (« Keep Britain White »).
C’est dans ce contexte qu’a été écrit « It dread inna Inglan ». Le morceau dénonce ici l’emprisonnement de George Lindo, un Noir inculpé pour vol, alors que la culpabilité de ce dernier n’avait pas été prouvée. Emprisonné parce que noir, noir et donc suspect.
LKJ exprime sa poésie en créole jamaïcain, et c’est un acte politique : il refuse de considérer sa langue comme inférieure à celle du colonisateur. Plus d’infos :
https://journals.openedition.org/hommesmigrations/9736#bodyftn21
9 – Bob Dylan, « blowin’ in the wind » / hymne pacifiste – droits civiques
Voici le « protest song » par excellence, et il est difficile de dire à quels maux exactement pensait Dylan au moment de sa composition. Nous sommes en 1962 : la discrimination raciale reste une réalité quotidienne dans le sud des Etats-Unis, et la chanson a pu être considérée comme une défense des minorités. Nous sommes à l’époque où Martin Luther King milite pour les droits civiques des Noirs. Pour rappel, il ne s’est guère écoulé plus de 6 ou 7 ans après que Rosa Parks (une femme noire) a été arrêtée pour avoir refusé de céder sa place de bus à un Blanc, contrevenant ainsi aux lois ségrégationnistes de la ville de Montgomery, dans l’Alabama.
Mais cette période est aussi celle de la guerre du Viêt Nam, et ce chant a aussi pu être vu comme un chant antimilitariste, adopté d’ailleurs par le mouvement hippie qui commence dans ces années à prendre de l’importance.
Le texte reste dans un flou qui permet d’y lire ce que l’on veut, à condition de se sentir concerné par les maux de ce monde :
« Combien de routes un homme doit-il parcourir
Avant que vous ne l'appeliez un homme ?
Oui, et combien de mers la colombe doit-elle traverser
Avant de s'endormir sur le sable ?
Oui, et combien de fois doivent tonner les canons
Avant d'être interdits pour toujours ? »
Le génie de cette chanson vient qu’à toutes ces questions, Dylan ne donne pas de réponse. Ou du moins, la réponse reste très, très évasive :
« La réponse, mon ami, est dans le souffle du vent,
La réponse est dans le souffle du vent. »
Et dès sa parution, la chanson s’est imposée dans les communautés afro-américaines comme un des hymnes du mouvement pour les droits civiques. Tout comme elle s’est imposée dans les milieux hippies.
10 – Verdi, « Va Pensiero » ou « Chœur des esclaves hébreux » / Risorgimento
Lorsque Verdi compose cet air, la majeure partie de l’Italie vit sous domination autrichienne, et ce depuis le traité de Vienne de 1815 : royaume de Lombardie-Vénitie, ville libre de Trieste, grand-duché de Toscane, royaume de Naples… Tous vivent sous l’autorité des empereurs d’Autriche.
Verdi et son librettiste s’inspirent du psaume 137 de la Bible, connu pour ses premiers vers : « Sur les bords des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions en nous souvenant de Sion », psaume que chacun de nous connaît dans sa version anglaise (« Rivers of Babylon », de Boney M).
Mais revenons en Lombardie. La première de Nabucco fut donnée à la Scala de Milan en 1842, et tous voulurent s’identifier : quelle différence entre le joug subi par les Hébreux au temps de Nabucco et le joug subi par les Italiens au temps de l’empereur Ferdinand Ier ? Aucune. Le succès fut fulgurant, et propulsa Verdi au sommet de la gloire. Et c’est à ce moment-là que « Va pensiero » débute une carrière politique.
L’idée d’une réunification de l’Italie flottait dans l’air depuis une bonne vingtaine d’années, et dans les salons, dans les réunions secrètes de conspirateurs, on se met à fredonner le chant des esclaves, qui devint l’hymne du Risorgimento.
Verdi est mort en 1901, son cercueil fut accompagné par une centaine de milliers de personnes, qui toutes chantèrent « Va pensiero ».
« Va, pensée, sur tes ailes dorées ;
Va, pose-toi sur les pentes, sur les collines,
Où embaument, tièdes et suaves,
Les douces brises du sol natal !
Salue les rives du Jourdain,
Les tours abattues de Sion ...
Oh ma patrie si belle et perdue !
Ô souvenir si cher et funeste ! »
ddistance- Messages : 1469
Date d'inscription : 20/02/2019
Re: Quiz d’airs et de chansons entrés dans les livres d’histoire
- réponses 11 à 15:
- 11 – Rostropovitch, 1ère suite pour violoncelle de Bach / Chute du Mur de Berlin
Les images de Rostropovitch jouant devant le mur le Berlin en 1989 ont fait le tour du monde. Voici une anecdote étonnante, racontée par son ami Antoine Riboud, dans la vidéo ci dessous : les Allemands de l’Est, qui passaient le Mur pour rejoindre l’Ouest, voyaient un vieux monsieur qui jouaient du violoncelle (ils n’avaient pas reconnu le célèbre musicien) mais ils reconnaissaient qu’il jouait drôlement bien. Alors beaucoup lui ont donné la pièce. Plus tard, Rostropovitch dit : « C’est le cachet le plus élevé que j’aie jamais reçu de ma vie ».
https://www.youtube.com/watch?v=TEx7Pu-Ok5E&ab_channel=FranceMusique
12 – Brigitte Bardot, « Harley Davidson » / Libération sexuelle
Rien à faire, quand on cherche un hymne sur la révolution sexuelle, on retombe toujours sur cette chanson, enregistrée en 1968, et composée par Gainsbourg. Cela fait alors plus de 10 ans que Bardot est le sex-symbol le plus émoustillant de la planète. La gent masculine la regarde avec concupiscence, et chez les femmes, elle suscite la jalousie, ou l’animosité.
Voyez cette scène tirée du film « Vie privée » de Louis Malle, inspiré de la vie de l’actrice.
Bardot y joue son propre rôle ; elle se fait alpaguer par la gardienne de son immeuble dans l’ascenseur. Et la gardienne lui lance :
« Est-ce que vous n'allez pas bientôt leur foutre la paix à tous ces pauvres garçons ? Ils vous ont rien fait. Laissez-les vivre ! Vous n'allez tout de même pas coucher avec la Terre entière ? Eh qu'est-ce que vous êtes donc ? Hein ? Une chienne ? Oui, voilà... Une chienne ! Une garce, sans respect, sans pudeur. »
https://www.youtube.com/watch?v=Lh13K0hf6e4&ab_channel=DivineBB
Bardot, c’est vrai, choisit ses partenaires, et elle les multiplie. Les râleurs et les râleuses, elle les envoie balader dans ce titre « Je me donne à qui me plaît » (1963).
https://www.youtube.com/watch?v=J6Y7_54BKDQ&ab_channel=HermanTR
« Je me donne à qui me plaît
Ça n'est jamais le même, mais quoi ?
Que celui qu'en a jamais bavé
Me jette le premier pavé »
« Harley Davidson » va plus loin encore dans la provocation ; Bardot casse le mythe du mâle viril chevauchant sa Harley, mythe incarné par Marlon Brando dans « L’équipée sauvage ». Elle est une femme émancipée, tout comme l’était Nancy Sinatra lorsqu’elle chantait « These boots are made for walking ».
13 – Boris Vian, « Le déserteur »
Lorsque Boris Vian écrit « Le déserteur », en février 1954, les troupes françaises sont retranchées dans la cuvette de Diên Biên Phu, encerclées par les troupes du Vietminh. En métropole, la presse parle d’un possible envoi des troupes du contingent. Vian, comme tous ceux de sa génération, commence à flipper. La guerre, il n’ira pas. Le texte est proposé à Mouloudji, qui fait remarquer à Vian l’incohérence de certains vers. Dans la chanson originale, le texte se termine par :
« Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarme
Que je tiendrai une arme
Et que je sais tirer ».
Il y a quelque chose qui cloche : quand on se dit pacifiste, on ne tire pas sur des gendarmes (et d’ailleurs, on ne possède pas d’arme). Vian est sensible à la remarque de Mouloudji, et lorsque ce dernier donne la chanson une première fois sur scène, le 7 mai 1954 au Théâtre de l’œuvre, la fin est modifiée, avec l’accord de l’auteur :
« Monsieur le Président
Si vous me poursuivez
Prévenez vos gendarme
Que je n’aurai pas d’arme
Et qu’ils pourront tirer ».
Et hasard de l’histoire, c’est ce même 7 mai 1954 qu’est annoncée la défaite de Diên Biên Phu.
Polémique. La chanson est interdite de diffusion à la radio. En 1955, la presse se déchaîne contre Mouloudji : le disque est retiré de la vente. Mais l’air a eu le temps de faire son chemin, et les troupes françaises le fredonnent en Algérie où la guerre vient d’éclater.
Vian enregistre sa propre version et se heurte sur scène à des salles franchement hostiles. « Les paras voulaient lui casser la gueule à la Fontaine des Quatre Saisons », se souvient le photographe Robert Doisneau. Mais les jeunes la fredonnent, et son texte commence à dépasser les frontières. Aux Etats-Unis, ce sont Peter, Paul & Mary qui l’adaptent en 1964 sous le titre « The pacifist », au moment où débute la guerre du Viêt-Nam. Et c’est à ce moment-là que « Le déserteur » devient l’hymne pacifiste par excellence.
Elle a été récemment traduite en russe par un journaliste français (Benjamin Sire) et chantée par Daria Nelson, une Ukrainienne russophone vivant en France. L’intention étant de diffuser cette version au mieux possible sur toutes les terres de Russie.
14 – Marvin Gaye, « Mercy, mercy me (The ecology) »
Cette chanson, enregistrée en 1971, est l’une des premières à évoquer le rôle néfaste de l’Homme sur la nature ; elle est aussi l’une des premières à employer le mot « écologie ». Elle est toujours considérée comme l’hymne principal de la cause écologiste. Marvin Gaye y parle de pétrole jeté dans les océans, de faune aquacole menacée, de déchets radioactifs, et termine par cette question « Combien de maltraitances la Terre peut-elle encore supporter ? »
« Woo ah, aie pitié, aie pitié de moi
Ah les choses ne sont plus ce qu'elles étaient autrefois, non non
Le pétrole a saccagé l'océan et dans nos mers, des poissons plein de mercure
Ah oh aie pitié, aie pitié de moi
Ah les choses ne sont plus ce qu'elles étaient autrefois, non non
La radiation sous le sol et dans le ciel
Les animaux et les oiseaux qui vivent à proximité sont en train de mourir
Oh aie pitié, aie pitié de moi »
15 – Billie Holiday, « Strange fruit » / KKK
En 1988, le magazine Actuel publiait un hors-série, « 50 images, 50 chansons qui ont changé le monde ». Voilà ce qu’ils disaient de Strange fruit :- Spoiler:
« Un grand bonhomme, Monsieur Josephson. Dégoûté de voir qu’à Harlem même, des boîtes de jazz comme le Cotton Club préféraient l’argent des Blancs à la présence des Noirs, il avait lâché son commerce pour ouvrir un club mixte : le Café society. Josephson avait demandé à Billie de finir son tour de chant sur Strange fruit. On éteignait soudain les lumières ; les garçons avaient ordre de ne plus servir ; il n’y avait jamais de rappel. Quand on rallumait, les gens se frottaient les yeux, et pas seulement parce qu’ils étaient aveuglés. »
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