Moi, surdoué ? Mouahaharrrgh !!!

Plat et inexistant, je reste pantois devant l'aplomb des normo-pensants et l'adéquation de leurs choix avec la réalité concrète. Ils agissent, ils traversent la vie le nez au vent. Moi je suis là comme un rond de flanc comprimé dans ma misère intérieure à me contempler les boyaux de la tête. Des viscères répugnants !
Je me sens comme un bloc de bêton, à peu près hébété devant les voltiges des autres. Ils font agissent et sont. Par en-dessous tout au plus et par coups de flair je perçois en eux tel travers insu et telle innocence nue. Certes, ça fait bien progresser ma vie ! Ça m'est très utile de pouvoir psychanalyser un psychanalyste d'un seul regard !
Parce que chez eux tout est moindre, ils passent partout d'une humeur tellement égale par rapport à la mienne, qui me donne la nausée avec ses hauts et bas. Ils sont à la bonne taille, moi ma tête trop grosse m'empêche de passer par la porte commune !
Oui, j'ai appris des choses en nombre, dans mes tiroirs toutes ces connaissances somnolent, prêtes à servir...pour un moment qui ne viendra jamais. Je fais des guirlandes de rapports merveilleux entre les choses, mais puisque au fond je résume tout à un concept, je ne saisis jamais ces choses à bras le corps. Je suis un synthétiseur de concepts, mais mes mains sont défaillantes: je laisse tout tomber.
Comme le disait Henri Michaux: le fou qui tombe dans un lac cherche à comprendre l'eau, et se noie...
C'est vrai, de temps à autre pfuiou ! ça pétille. Pop-pop. Mais commercialement ça ne rapporte rien.
j'attends le déclic. j'attends le déclic. j'attends le déclic...Ah merde, il est minuit !
Je suis hypnotisé par les pensées qui courent dans ma citrouille, et donc, paralysie de l'action...
Je bave devant les savants qui trouvent et créent des trucs de dingues. Les gens qui osent prendre le train sans lire trente fois la destination affichée, ce que je fais parce que j'ai peur de me tromper de quai. Je comprends à merveille des choses sophistiquées qui ne servent pas à grand-chose, mais je ne comprends pas grand-chose de ce qui est utile. Dans ma tête la musique dessine des arabesques, mais esquissè-je un pas de danse que je me retrouve les quatre fers en l'air. Ils sont gais. je suis morne. je patauge dans une mélasse gluante la moitié du temps, en attendant le Boom-Eurêka final qui ne vient jamais...50% du temps, le reste étant proche de l'excitation psychique...
J'arrête là, postulant que vous voyez où je veux en venir.
Mais au fait, et vous donc ?