Et si je n'étais plus seule ?

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Message par Zaho Hier à 0:31

Bonjour à tous, ma fille de 18 ans a été diagnostiquée HPI à l'occasion d'un épisode dépressif majeur. Elle était suradaptée, à l'adolescence elle s'est effondrée. Aujourd'hui elle va bien, mais son hypersensibilité reste difficile à gérer.
J'ai 48 ans. La seule amie que j'avais depuis 20 ans m'a abandonné récemment. Elle me reproche de toujours tout analyser... j'ai vu dès que je l'ai rencontré que son nouvel amour est un manipulateur, je l'ai alertée, je le lui ai montré les incohérences, les retournementde situation. Et comme mon raisonnement toujours implacable est factuel, pour ne plus y être confrontée, elle a décidé de rompre notre amitié. Au bout de 20 ans.
Je ne connais pas la légèreté. J'ai toujours en tête, ce qui peut se passer, que tout est possible et imprévisible, que nous ne sommes pas grand chose. Je sais tout ce que je ne sais pas, je ne me sens jamais "assez", je me dévalorise et je n'ai pas confiance en moi. J'ai du mal à m'affirmer en milieu hostile. Je ne comprends pas l'agressivité.
Les choses qui me paraissant limpides semblent compliquées pour les autres, et ce qui est normal pour les autres est compliqué pour moi.
Je cherche le sens en chaque chose, aucune incohérence ne m'échappe, et je ne comprends pas que ça ne gêne personne. Quand j'ai une question, je cherche toujours la réponse. Mais je n'ai jamais assez de temps pour approfondir le sujet. Je sais surtout ce que je ne sais pas.
Je cherche toujours à m'améliorer, à tirer les autres vers le haut, à vouloir faire avancer le groupe plutôt que l'individu. On m'a souvent dit que je vivais dans le monde des bisounours...
Ma psychologue m'a conseillé subtilement quelques lectures, le livre d'Elaine Aaron sur l'hypersensibilité, celui de Nathalie Alsteen "émotifs talentueux" et j'ai eu un choc. Ces livres parlent de moi... j'ai fini par oser acheter le livre de Cécile Bost "être un adulte surdoué", même constat. Ma solitude est abyssale... mon désespoir aussi. Pour moi le surdon est un fardeau qui vous coupe des autres parce qu'on ne se comprend pas. Je n'ai pas d'amis. Les relations sociales normales sont d'un vide proche du néant. M'y conformer m'épuise. Dans ma famille aussi, je suis la seule à voir des réalités qui n'intéressent personne, car les regarder ce serait devoir s'en occuper... alors je suis seule aussi.
Je ressens les ambiances, les gens, les locaux au point qu'ils peuvent changer mon état interne instantanément. Je suis combative comme personne autour de moi. Je déplace des montagnes pour résoudre n'importe quel problème. Aujourd'hui je suis épuisée. Personne ne voit tout ce que j'ai de rare en moi. A quoi bon être riche si personne ne le voit ? Je regarde les autres être heureux dans une vie simple, avec une pensée limitée à l'utile et au nécessaire et je les envie. Je ne me sens pas de faire le test. J'aurais peur d'échouer. J'ai déjà eu beaucoup de honte à m'imaginer que peut-être je suis de ces 2 ou 3 % de la population plus intelligents que les autres. Et pourtant... depuis ma psychothérapie j'observe. J'ai passé ma vie à vouloir être comme tout le monde. Ma psychologue m'a répondu, arrêtez d'essayer. De vouloir rentrer dans le moule. Ce nest pas possible. Vous ne le pourrez jamais.
Alors me voilà...
Merci à tout ceux qui auront eu la patience de me lire jusqu'au bout !


Zaho

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Et si je n'étais plus seule ? Empty Re: Et si je n'étais plus seule ?

Message par Lopoverem Hier à 7:30

Bonjour Zaho, et bienvenue ici,

Je pense qu'un certain nombre de personnes (effectif baissant, hélas) se reconnaitront, dans tout ou partie de ta description.
Oui il y a épuisement.
A ne pas être soi.
A se battre contre les remous du monde profane, qui n'est que cela, des remous.
A voir ce qui manque, ce qui est absent, et en faire un problème, une difficulté, une chose à résoudre.
La vie est un mystère à vivre, pas une problématique à résoudre.
Le vide est l'espace nécessaire à la création.
La faille est d'où on vient, ce qui ouvre la forme à qui on peut être, et par où on repartira.
Si tu cherches à ce que les autres t'acceptent, ça ne peut pas marcher. Car les autres sont un facteur multiple, et changeant, et ce qui était parfait hier sera inapproprié demain, parfois pour la même personne.
Si tu t'acceptes toi, c'est juste le prérequis à ce que d'autres puissent t'accepter également.
L'enjeu est de trouver des pairs, des interlocuteurs, et c'est ce que tu as commencé à faire, déjà dans ta tête, peut-être en venant ici.
Un ami me disait, récemment, "il faut espérer, au-delà de tout bon sens". C'est vite énoncé. Ce n'est pas simple. Mais cela doit être, je pense, entendu.
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Et si je n'étais plus seule ? Empty Re: Et si je n'étais plus seule ?

Message par RonaldMcDonald Hier à 9:12

Bonjour et bienvenue.

le HPI est une question extrêmement complexe. "diagnostic" est un mot un peu fallacieux, le HPI en soi n'est pas une pathologie. Etre différent non plus. Toi, ta fille, n'êtes pas malades - en tous cas pas de ça. Vous souffrez, c'est évident. Mais HPI n'est pas une maladie en soi.

Ce qui fait souffrir, le plus souvent (et à toi de voir si c'est votre cas - j'en ai l'impression, mais je ne vais pas conclure, pas assez de billes), c'est le sentiment de décalage entre nos aspirations et ce que le monde nous offre comme possibles. Ca vaut tout autant pour les non-HPI, d'ailleurs, même si leurs modes de décalage sont différents.

Un truc qui fait mal, c'est de se rendre compte que sans faire de mal, on peut parfois faire terriblement souffrir les autres. Je n'ai pas dit "sans faire exprès". Non, j'ai bien dit "sans rien faire de mal".
Exemple rapide:

Et ça vaut pour nous comme pour les autres. Le plus souvent, les autres nous font du mal sans faire de mal. Et, sans le savoir, tapent là où ça nous fait mal. C'est là qu'intervient le concept de diplomatie : comment faire passer un message sans faire de mal à la personne...et pour autant sans dénaturer le message? C'est bien difficile, j'en ai peur.

Les choses qui semblent limpides et évidentes, c'est un vaste sujet, aussi. Souvent, le blocage, ce sont des raisons émotionnelles. "Je veux croire", donc c'est vrai, est une manière de fonctionner bien trop fréquente à mon gout. Il y a une raison à cela. Les émotions sont un moteur puissant pour agir plus vite qu'avec la raison. C'est donc un fonctionnement qui est assez souvent performant pour survivre. Evidemment, il amène aussi souvent à des absurdités.

Tout ça pour dire que les quelques âmes qui errent encore en ces lieux, pour la plupart, connaissent et comprennent ton vécu. Et ont pas mal réfléchi au sujet. Encore une fois, bienvenue. Et, accessoirement, je n'ai jamais passé le test. Personne ne m'en a jamais voulu. Il en sera de même pour toi.
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Et si je n'étais plus seule ? Empty Re: Et si je n'étais plus seule ?

Message par Topsy Turvy Hier à 12:40

Hello,

Tinocco a ressuscité et réorienté l'an passé sa chaîne demonstrer, mais les anciennes vidéos peuvent faire écho ici.

Sociabilité usuelle, écart vertigineux,... :

Je propose aussi à nouveau ces propos très anciens d'Arielle Adda :

Itinéraire de l’adulte doué : une indicible désolation intérieure (2003)
https://planetesurdoues.fr/index.php/publications-scientifiques/itineraire-de-ladulte-doue-une-indicible-desolation-interieure-a-adda-2003/

Que sont les enfants doués devenus ? - Arielle Adda (1989)
https://douance.org/psycho/adda96.html  

Bienvenue

sunny
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Et si je n'étais plus seule ? Empty Re: Et si je n'étais plus seule ?

Message par Zaho Hier à 22:07

Merci pour votre accueil qui déjà me fais sentir moins seule. Ce dont je souffre le plus, c'est du décalage en tout qui engendre mon isolement et nourrit ma solitude. Je trouve que les gens se compliquent les relations pour rien. Il suffit de dire les choses. Si on reste authentique et bienveillant, si on respecte l'autre, on peut l'entendre et surtout se mettre d'accord sur un désaccord typiquement. Et bien, ça je me rends compte que ce n'est pas possible. Les gens ne disent rien, sabottent, critiquent, rejettent sans vouloir comprendre, sans vouloir échanger. Et quand, comme moi, je détecte ce genre de choses, je propose de parler. Et quand je suis face à de l'agressivité à mon égard, je reste calme, j'interroge. Je tente de mettre à jour le problème, sans agressivité, avec respect. Je propose de l'exprimer, de se comprendre ou de se mettre d'accord sur un désaccord, et surtout de passer à autre chose. A chaque fois que je fais ça... je deviens la personne à abattre. Un exemple de ce que je considère comme une qualité qui est perçue comme un défaut. J'en ai plein d'autres...
Les certitudes aussi... ça m'épuise. C'est comme si les gens cherchaient systématiquement à faire l'économie de la réflexion. Si je participe à la discussion, si je m'exprime, que je contextualise un évènement jugé isolement, si j'élargis le champ des possibles, si je souligne ce qu'on ignore, les éléments qui posent question... je suis face au mieux à de brefs regards vides, au pire à "pour qui elle se prend à nous prendre de haut". Et je creuse le lit de ma solitude. Cet écart est un grand vide, impossible à combler, on ne se reconnaît en personne et personne ne nous reconnaît. C'est terrible pour moi.

Zaho

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