Douance : perfectionisme : syllogomanie.. ça vous dit qque-chose ?

La syllogomanie, non ce n'est pas la même chose que le syndrome de Diogène.
C'est une accumulation compulsive d'objets par impossibilité à s'en séparer.

Les causes ??
Mais je lis que ça va souvent avec le perfectionnisme.
On garde par anxiété d'avoir besoin un jour de ce truc .. mais m..de, on l'a jeté !!
Le problème vient peu à peu, lorsqu'on est débordé par tout ce qu'on a gardé, on est incapable de savoir ce qu'on a sous le coude...
les piles, les cartons s'entassent .. et un jour on n'ouvre plus sa porte au amis par honte de montrer dans quel box..on on vit !

Quelqu'un se reconnait ? A quelque-chose à en dire ?
Merci !

Ouais c'est possible que j'aie un peu ça.

En ce moment je suis justement en train de mettre un peu d'ordre dans tout ça. Je suis en retard sur le planning, mais j'y vais tranquille et ça avance petit à petit.

Dès fois ça a réussi, comme quand j'ai retrouvé un vieux boîtier de disque dur IDE pour récupérer les vieilles données de mes cousins. Y'avait pas grand chose, à l'époque on était pas encore dans le big data, mais ils étaient contents quand même.

Pourquoi ça t'intéresse? Qu'as-tu toi-même à en dire?

Je suis comme ça, enfin ai été comme ça, mais savais tout ce que je gardais et où cela se trouvait, notamment des kyrielles de bouquins que je savais retrouver illico quand je le cherchais. Je n'en suis pas arrivé à avoir un endroit de vie invivable, ni exceptionnellement périlleux par son encombrement, mais quand j'ai dû déménager d'un studio après onze ans d'occupation, je ne savais pas quoi jeter : tout me semblais essentiel à mon univers : tout avait comme souligné dans le message initial une importante utilité potentielle au futur, mais aussi à chaque objet ou presque j'attachais des souvenirs ou des sentiments : m'en séparer serait douloureux, blessant.
Pourquoi cette épanorthose dans la première phrase : parce que j'ai en effet déménagé, et tout est resté plus ou moins dans des cartons, je n'ai pas déballé la moitié de ce que j'avais encartonné, et je me sens mal à l'aise dans mon nouvel appartement, comme si je n'étais pas à ma place sans ces objets.

Ennaétéride a écrit:Je suis comme ça, enfin ai été comme ça, [...]  je ne savais pas quoi jeter : tout me semblais essentiel à mon univers : tout avait comme souligné dans le message initial une importante utilité potentielle au futur, mais aussi à chaque objet ou presque j'attachais des souvenirs ou des sentiments : m'en séparer serait douloureux, blessant.
[...] tout est resté plus ou moins dans des cartons, je n'ai pas déballé la moitié de ce que j'avais encartonné, et je me sens mal à l'aise dans mon nouvel appartement, comme si je n'étais pas à ma place sans ces objets.

Oui, c'est ça..
Et je me demande à quoi ça tient.

Exigence de perfection et d'indépendance ?
Il n'est pas logique de se débarrasser d'un truc dont on n'est pas certain qu'il ne sera plus jamais utile et/ou dont on risque de regretter l'absence un jour. On ne sait pas, on est sur terre pour une éternité, donc on garde. Ainsi on évite d'être assailli plus tard, par des regrets. Et on thésaurise pour être indépendant, pour pouvoir réagir à un besoin hypothétique mais toujours possible... sans compter le plaisir de tomber sur une carte postale reçue quelques dizaines d'années auparavant et qui témoigne de jolies relations ou de moments plutôt doux.. ça ne se jette pas, les bons moments. Mais si je jette la carte, le souvenir risque de ne pas revenir me visiter !
Maintenant je vis seule mais j'ai dans ma grotte de quoi survivre, vivre, apprendre, découvrir, de quoi répondre à un grand nombre de désirs qui surviendront (surviendraient) un jour...

Nos mille désirs, intérêts, impatiences, curiosités, envies de savoir, de faire ..  nous poussent à accumuler un matériel toujours plus riche, et comme on sait que le nombre des désirs ne fait qu'augmenter, et ça nous va bien .. il faut tout garder pour éviter les déconvenues.

C'est ce que je pense aujourd'hui, à la louche..
Mais j'ai besoin d'approfondir le sujet car, depuis que je vis seule, ça déborde.. et en fait, l'accumulation m'empêche carrément de vivre.
J'ai beau prendre régulièrement des décisions très carrées ... je constate avec beaucoup d'inquiétude que je suis incapable de les mettre en pratique bien que j'aime trier à fond, organiser parfaitement, rénover .. cela me plait beaucoup ! Mais ça prend tellement de temps pour un seul petit meuble que ma frénésie cesse dès que je mesure l'immensité de la tâche !
Alors ma maison est devenue un vrai capharnaüm, j'y suis très mal et à la fois plutôt bien, mais il m'est impossible d'ouvrir ma porte à quelqu'un. J'ai trop honte.
J'ai une autre petite maison ailleurs, et celle-là est vide, lumineuse, ouverte aux autres, accueillante. Et ça me fait une bouffée d’oxygène. Je m'interdis d'y apporter mon bazar. Du coup je me schizophrénise entre les deux maisons, les deux façons de vivre...  

La question, c'était : en quoi être surdoué favorise-t-il ou même induit-il ce type de comportement qui paraît absurde, inefficace donc pas intelligent, et mène à une impasse douloureuse ?

Merci de votre collaboration éclairée !  

La recherche se penche sur ce trouble (de thésaurisation ou 'hoarding'), qui est entré dans les manuels diagnostiques avec DSM 5 et CIM 11.

Trouble de thésaurisation
https://www.msdmanuals.com/fr/professional/troubles-psychiatriques/troubles-obsessionnels-compulsifs-et-troubles-similaires/trouble-de-th%C3%A9saurisation
6B24 Trouble d'accumulation compulsive
https://icd.who.int/browse/2024-01/mms/fr#1991016628

Pas mal de papiers depuis une douzaine d'années :
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/?term=hoarding%5BMeSH+Terms%5D&filter=dates.2010-3000%2F12%2F12&sort=date

Le trouble me semble plutôt affectif que cognitif (comme les TOC, addictions, etc.).
Il peut être lié au TDA, à l'angoisse, à la dépression, etc.

Il y a plein de déclinaisons du trouble, ça complique le bordel.

bonjour,

j'ai une amie très chère à mon coeur qui est affectée de ce trouble.

elle l'explique par de nombreux déménagements au cours de son enfance, au gré des mutations professionnelles de son père.

je suis au courant du sentiment de honte qu'elle exprime volontiers et de sa frustration de ne pas pouvoir inviter ses amis et je suis touchée par le fait qu'elle m'accepte dans son "foutoir", comme elle dit, même si on reste dans 3 mètres carrés dans sa cuisine alors que l'appartement de 100 mètres carrés est rempli de cartons, sacs, livres et revues. la partie visible est bien rangée, des murs de cartons comme si elle allait déménager ou venait de déménager ... mais une partie est secrète, devant laquelle il m'est arrivé de passer en regardant droit devant moi.

elle "joue" régulièrement à Tetris, pour faire tenir ce qu'elle récupère de sa famille tout en conservant des objets de ses enfants, qui "pourraient servir". c'est une reine de la gestion de l'espace. elle arrive à remplir une cave, un garage, et un appartement du sol au plafond, en optimisant tout recoin et au final, moi, honnêtement, je ne me suis jamais sentie mal chez elle. et en plus, quand elle vient chez moi, je sais qu'elle ne regardera pas si le ménage est fait ou si des papiers administratifs en retard trainent sur la table. et ne s'étonnera pas de ma vieille cuisinière à gaz avec des boutons refaits en 3D avec du plastique vert céladon, jaune tournesol ou violet.

je crois que ce qu'elle possède en propre tiendrait dans 50 mètres carrés, le reste a échoué chez elle, parce qu'elle n'accepte pas de se séparer de son propre passé auquel se sont ajoutées des belles choses issues de sa famille, d'une heure de gloire révolue. (pinces à escargots, pince à biberon etc)

on se respecte l'une l'autre et on partage des choses du coeur, c'est ce qui est bizarre dans cet incapacité de se détacher des objets, car elle n'est pas matérialiste, ni pingre et porte de très belles valeurs humaines de partage et de générosité.

pour répondre à ta question, elle est surdouée, un peu TSA et beaucoup TDAH.

Juste pour rajouter un truc à ce sujet intéressant : je ne souffre pas de la pathologie en question. Mais je suis collectionneur, et il y a quelque points communs...
On peut arriver à "souffrir" de sa collection : c'est encombrant, difficile à entretenir et à exposer dignement, et même si on aime ces objects, on en vient (parfois, pas tout les collectionneurs) à se sentir "alourdi" par cette masse de choses, d'autant plus difficile à s'en détacher qu'on a investi dedans (de l'argent mais aussi une envie).
Et même quand on compris le problème, difficile de ne pas continuer à accumuler.
Alors certes c'est pas exactement la même chose, mais je trouvais intéressant de parler de cette "collectionnite aigüe". Peut-être il y a t il certains processus identiques.

Disclaimer : je ne suis pas sûr d'être vraiment un surdoué, ni que le concept de surdoué soit valide. Ni que le problème dont tu parles soit spécialement plus répandu chez les surdoués que dans la population générale. Je ne suis pas sûr non plus d'être réellement atteint de ces troubles, mais comme Zorg ça me parle.

Une psy m'a dit un jour que je rationalisais tout. C'est peut-être vrai. Démonstration à partir de mon cas personnel :

Partons de l'hypothèse que si tu es "surdoué(e)", tu vas avoir tendance à t'intéresser à plein de trucs. Un peu simpliste, parce que les "surdoués" ne sont pas forcément les seuls à s'intéresser à plein de trucs. Aussi parce que intuitivement, les surdoués sont censés être mieux à même que les autres de gérer ce genre de choses (grâce à leur intelligence).

Par exemple, tu vas lire des livres (ce n'est pas non plus réservé aux surdoués). Et quand tu les auras lus (ou pas d'ailleurs), tu les mettras sur une étagère, et quand toute la place sera prise tu les mettras ailleurs. + les BDs... A la longue ça fait de la place. Et pourtant je trouve que je ne lis pas tant que ça (j'ai honte). Place totalement improductive si on part du principe qu'on ne relit que très rarement des livres qu'on a déjà lu. Mais on y tient. Valeur sentimentale. En plus mon grand-père était bouquiniste lol. On a hérité des meilleures pièces de sa collection... Telles que des livres anciens très stylés et décoratifs, mais je doute que quelqu'un les lise encore un jour.

Peut-être aimeras-tu la musique, et si tu fonctionnes encore à l'ancienne, tu auras toute une collection de CD à stocker... CDs que tu n'utilises plus ailleurs jamais parce que tu les a encodés en mp3. La modernité c'est quand même bien pratique des fois.

Perso, en plus de bien aimer la musique, j'en fais (un peu, parfois). Ce qui fait que j'ai 6 guitares à stocker. Oui je sais c'est un peu too much. Et encore, j'en refilé 2 à mes frères. Comme j'ai des électriques, j'ai aussi des amplis. Et un pedal board. Et un home studio... Et des câbles. Beaucoup de câbles. Un bordel de câbles.

J'aime bien le ski aussi, entre autres choses. A un moment, pour éviter le matos de loc pas toujours très qualitatif, il a fallu que je possède ma propre paire de skis. Ma 2e en fait. Donc 2 paires à stocker. + les bottes. + le matos d'entretien (fartage, affûtage). Et pourtant j'en fais pas tous les jours... Mais qui sait? Si jamais je m'organisais une petite semaine début janvier par exemple? Je ne sais pas si je le ferai, mais ça me ferait un bien fou...

Je vous épargne tout le reste, mais tu ajoutes toutes les autres passions, les centres d'intérêts, les hobbies, les lubies, l'ordinaire (typiquement archives et fringues), et le fait que l'espace n'est pas illimité (ce serait même plutôt le contraire), et voila comment un "surdoué" peut se retrouver submergé!

Ceci dit, je pense que la surdouance n'explique pas tout. Par exemple, tout simplement, j'ai une mère bordélique pas très ordonnée. Et les chiens ne font pas des chats. J'ai été à bonne école. Donc chez nous c'est un peu fouillis. La moindre table ou bureau libre se transforme instantanément en espace de stockage providentiel.

Autre contre-argument assez trivial à l'hypothèse de départ sur le lien avec les surdoués : l'époque et la société dans lesquelles on vit. Le matérialisme. Le consumérisme... Tout et n'importe quoi est disponible, à portée de clic. Le moindre achat compulsif est assouvissable sans effort. A mon avis ça favorise pas mal ce genre de troubles. Et pas que chez les surdoués.

Parfois, je vais chez des gens où tout est méga bien rangé. Des murs blancs immaculés. Des meubles vierges de tout bordel. Rien ne traîne ni ne dépasse. Je suis partagé. D'un coté c'est apaisant. De l'autre terriblement ennuyeux. Si c'est fouillis, c'est qu'il y a de la vie.

En tous cas merci pour ce sujet et les différentes contributions. Je ne pense pas que ce soit vraiment pathologique ni compulsif chez moi, mais c'est un truc que je devrais peut-être creuser un peu. A commencer par une grosse séance de rangement.

On a le droit de partir dans tous les sens ici ?


En gras, en gros et en contexte, la citation classique de Paul Claudel :

Le soulier de satin

... Comme après tout il n'y pas impossibilité complète que la pièce soit jouée un jour ou l'autre, d'ici dix ou vingt ans, totalement ou en partie, autant commencer par ces quelques directions scéniques. Il est essentiel que les tableaux se suivent sans la moindre interruption. Dans le fond la toile la plus négligemment barbouillée, ou aucune, suffit. Les machinistes feront quelques aménagements nécessaires sous les yeux mêmes du public pendant que l'action suit son cours. Au besoin rien n'empêchera les artistes de donner un coup de main. Les acteurs de chaque scène apparaîtront avant que ceux de la scène précédente aient fini de parler et se livreront aussitôt entre eux à leur petit travail préparatoire. Les indications de scène, quand on y pensera et que cela ne gênera pas le mouvement, seront ou bien affichées ou lues par le régisseur ou les acteurs eux-mêmes qui tireront de leur poche ou se passeront de l'un à l'autre les papiers nécessaires. S'ils se trompent, ça ne fait rien. Un bout de corde qui pend, une toile de fond mal tirée et laissant apparaître un mur blanc devant lequel passe et repasse le personnel sera du meilleur effet. Il faut que tout ait l'air provisoire, en marche, bâclé, incohérent, improvisé dans l'enthousiasme. Avec des réussites, si possible, de temps en temps, car même dans le désordre il faut éviter la monotonie.

L'ordre est le plaisir de la raison mais le désordre est le délice de l'imagination.

...

Intéressant, timo

timo a écrit:Le moindre achat compulsif est assouvissable sans effort. A mon avis ça favorise pas mal ce genre de troubles. Et pas que chez les surdoués.

Le syndrome "funko pops" qui infecte tant de youtubeurs ^^ (un exemple entre milles - effectivement, on est à une époque "idéale" pour les accumulations plus ou moins absurdes, et sans aller jusqu'aux stades pathologiques, c'est répandu, partout).

C'est génial de lire vos réponses si riches, si fines !!
C'est bien vrai que l'on n'est pas dans un forum ordinaire !!
Merci à vous tous, un gros baiser ou un affectueux câlin, au choix ou solide poignée de main ..
Je vais relire tout ça tranquillement.
A suivre...

Pareil, ça me concerne mais sans que ce soit pathologique. Je fais malgré tout quelques séances de rangement / tri qui finissent par n'être que du rangement vu le peu de choses dont je me débarrasse au final... En ce qui me concerne je n'achète vraiment que très peu mais je récupère beaucoup. Et j'attache pas mal de valeur sentimentale à pas mal d'objets. J'ai un peu la collectionnite aigue aussi (plantes et livres principalement). Mes murs sont habillés. En fait j'ai besoin de pouvoir poser mon regard sur quelque chose, où que je regarde, je n'aime pas le vide... Mon père est à l'opposé, tout est blanc, vide, minimaliste chez lui, et j'avoue que j'y ai froid, je ne m'y sens pas au top si mon séjour dure plus de 2-3 jours.
Point positif, pendant le confinement, je ne me suis jamais ennuyée, ni mes enfants ! J'ai forcément de quoi faire l'activité dont j'ai envie (presque, d'accord, mais quasi quand même !).
Par contre, j'ai eu l'occasion de vider la maison d'un voisin après son décès, on s'est rendu compte qu'il était atteint du syndrome de Diogène, bein c'est chaud patate... J'avoue que ça m'a fait peur et que j'ai fait un gros tri ensuite en rentrant chez moi...Mais ma nature a horreur du vide. Puis je n'en suis pas à ce point du tout ! Je garde sous contrôle, ce n'est pas pathologique chez moi, mais la vision de la maison du voisin me reste en tête et me sert de garde-fou.
De toute façon j'ai compris que j'avais besoin de mes objets, même nombreux, pour me sentir bien, en sécurité, dans mon cocon. J'ai fini par m'accepter.

En écrivant, je me rends compte que j'ai un autre "trouble" depuis petite, je réorganise mon intérieur très régulièrement, je ne tiens pas plus de 6 mois sans faire de changement (mon salon a eu environ une dizaine de configurations différentes...), j'ai besoin que ça bouge d'une manière ou d'une autre (par exemple, je change en fonction de la saison, j'ai mes configurations hiver et celles d'été). Je suis parfois difficile à suivre, je reconnais, mais je me dis que cette habitude de tout bouger me permet également de tenir à distance le syndrome de Diogène (qui me fait flipper en vrai...).