Un cygne incompris

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Message par Sayark Lun 19 Déc 2011, 19:03

Bonjour à tous,

Eh bien voici que la tâche la plus complexe se présente à moi, je n'ai jamais été à mon aise pour me présenter, ni pour me caractériser; bien que je suis conscient qu'un homme doué de raison ,aussi intelligent soit-il, a besoin d'avoir une analyse succincte de sa propre personne pour s'identifier et se donner une existence concrète dans cette vie, notamment via un effort d'identification et de projection sur autrui.
Oups, que suis-je en train de faire ? De la psychologie, qu'est-ce donc que cette ignominie ? Quelle est donc cette science infuse prétendant connaître avec exactitude les harmoniques du ruissellement de mon être? Alors que j'essaie vainement depuis ma naissance de me représenter mentalement ce fluide abstrait ( attention aux ambiguïtés alien ) totalement incolore et indolore et dont la présence reste prouvé par la douleur que nous caractérisons et chérissons tous, proche du coeur.
Quelle tendance au verbiage ! Je tenterais d'y faire simple.

Je suis un cygne (j'éviterai le terme de "zèbre" pour l'instant What a Face ) parisien âgé de 17 ans ("Mais que c'est jeune!" tiens j'ai une impression de redondance...) habitant encore sous la coupole de mes parents. Lycéen en Terminale Scientifique dans une école de garçon privée sous contrat depuis le CP( oui je n'ai jamais changé d'école ) , j'ai toujours été et me suis considéré comme un personnage fortement atypique, bien aidé par l'acerbité des mes "potes".
Ainsi depuis la maternelle, j'ai toujours vécu en décalage d'un cadre inatteignable où la volonté d'y faire partie ne résonnait en moi que comme une consciente et lucide utopie, une sorte d'opération à coeur ouvert sans anesthésie ni résultat avéré.
Solitaire, une personnalité clivée voire désaffectivée, aucune once de spontanéité où le séquençage systématique d'émotion par cognition ne résulte que d'un coeur craignant bien trop de battre à corps perdu ( ça c'est une belle image pale ) me caractérisent.
Ma seule amie qui m'insuffle encore de l'espoir et représente pour moi l'appui qui me permet encore de rebondir reste ma mère, d'ailleurs je soupçonne fortement celle-ci d'être atteint de douance. Elle représente beaucoup ,pour ne pas dire tout, pour moi.
Comment expliquer ce désastre ?

C'est la quête de ma vie, depuis ma naissance.
Enfant unique de parents assez âgée, où mon paternelle reste le seul garçon d'une grande fratrie - celle de ma mère n'existant pratiquement pas, au sens propre du terme - je suis le seul à perpétuer le nom familial et fait donc l'objet de beaucoup de regards.
Apprenant à jouer tôt aux échecs, ayant à bien des égards des intérêts à la fois variés et extrêmement différents que celui des jeunes de mon âge..., je me suis toujours considéré comme "exclu" , quoique je me suis certainement exclu de manière unilatérale, certainement de peur de décevoir, ou plutôt de crainte de confirmation. En effet, le fossé entre affirmation et confirmation est important, surtout pour une personne aussi pusillanime que moi.
C'est pourquoi, j'ai toujours prohibé l'effort de tendre vers autrui, de peur d'être déçu, ne me reposant que sur mes acquis.
A 7 ans, je refusais de changer d'école justement pour cette raison.Je souffrais déjà de problèmes narcissiques, je me regardais souvent dans le miroir avec introspection en me quémandant quelle était cette différence avec les autres, pourquoi ne suis-je pas normal ? Quelle est cette barrière ?
Ma scolarité s'est toutefois bien passé, je refoulais ce genre de problème afin de paraître le moins intrigant possible en classe. J'aurai même pu sauter deux classes sans l'intervention d'une mère protectrice. Le système scolaire ne me plaisait guère mais je devais faire abstraction de ces admonestations afin d'avoir de bons résultats. Malgré ma fainéantise et ma procrastination légendaire, je réussis aisément le passage au collège et au lycée, même si mes heures sur l'ordinateur n'en ont pas démordu...

Toutefois, une chose m’eût toujours échappé : l'envie de vivre.
Je n'ai jamais esquissé un sourire sincère, ma personnalité extra-muros est totalement artificielle pour me conformer aux axiomes sociaux. Et il faut le dire, je ne m'aime pas. Sous l'effort de l'adaptation, je ne cesse de me demander "comment peut-on aimer un type pareil ?"
C'est d'ailleurs pourquoi, je traduis le regard des autres injustement comme des attaques régulières, et en conséquence cela n'attise que de la souffrance et un incommensurable stress, même au quotidien, doublé d'un certain perfectionnisme.
Pour l'instant, je vis sous le rythme des doutes me demandant régulièrement comment vivrais-je après ma période scolaire. J'ai l'amère impression de n'être qu'une coquille vide évoluant en vase clos avec la peur de ne jamais réussir à m'adapter à cette vie à l'esprit purement consommatrice et hédoniste où le respect et l'influence ne dépendent que de la taille du porte-feuille.

En 3ème après de multiples analyses et comparaison avec la psychologie de mes congénères, j'émis l'hypothèse que ma différence envers autrui n'était principalement qu'intellectuelle, ce dont ( ou ce don rabbit ) résultait la cause de la pluralité de mes souffrances.

Englué dans mes problèmes métaphysiques, existentiels, et narcissique, je n'ai que récemment fait la connaissance de ce que représentait la douance. ( Une recherche au hasard sur wiki )
J'ai été particulièrement étonné voire choqué des différents symptômes proposés, comme si un mauvais génie ( qui choisit bien sa date puisque cette trouvaille se situa le lendemain de mes 17ièmes bougies ) fut en train de me conter ma propre personnalité.
Avec quelques recherches complémentaires, j'acheta les deux livres de JSF, et quel autre choc ! Comment un livre peut-il aussi bien me décrire sous l'effet de 17 inlassables années de quêtes et d'analyses rétrospectifs ? Pourrais-je enfin passer outre de ce sentiment perpétuel d'étrangeté à l'égard d'autrui ? Du monde ?

C'est dans cette optique que je passai mon premier RDV chez cogitoz. Assez anodin et inintéressant en soi, on me répétait ce dont j'avais déjà conscience jusqu'à la confirmation d'un bilan psychologique à établir par une autre praticienne. Bref, du banal.
Cependant, pour ma part , c'est demain le jour J en espérant ne pas trop être anxieux contrairement à mon habitude. flower

Un besoin d'extériorisation pertinent et de partage m'ont donc forcé à poster ce (long ?) message ici, et qui sait, peut-être que ce mauvais génie s'opinera à narrer une nouvelle histoire où la conclusion de l'ancienne n'est autre que le début d'une autre ? Un remake du vilain petit canard devenant un grand et beau cygne aguerri ? santa


Dernière édition par Sayark le Lun 19 Déc 2011, 19:39, édité 1 fois
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Message par WildZ Lun 19 Déc 2011, 19:15

Bienvenue Sayark et merci pour cette présentation si sincère, qui franchement m'a touchée. cheers

Je te souhaite plein de courage et d'assurance pour ton jour J de demain.

Je ne doute pas que dans tous les cas tu deviennes ce grand et beau cygne aguerri, même si le chemin pour y arriver sera sans doute plein de tours et détours.

Au plaisir de discuter avec toi. santa
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Message par Waka Lun 19 Déc 2011, 20:54

C'est très bien écrit, tu as en tous cas un sacré talent verbal Smile

Bonne arrivée.
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Message par X-man Lun 19 Déc 2011, 21:15

Bienvenue à toi, zèbre du même âge Smile

Je n'ai certes pas ton aptitude à la belle écriture et j'imagine à la belle parole, mais je serais ravi de discuter avec toi. Je me sens plus proche des autres de mon âge que toi, peut-être plus spontané, plus souriant, même si ces temps-ci c'est pas évident pour moi. Mais je suis très curieux et très attentif aux discours et j'adorerais discuter avec toi si tu en éprouves toi aussi l'envie. Et puis ça me manque d'avoir de grandes discussions sur tout et n'importe quoi. Donc si tu veux partager tes passions (pourquoi pas une partie d'échecs virtuelle Wink je connais les règles mais je suis pas fin stratège), je serai ravi d'en discuter.

Bonne chance pour demain Wink
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Message par Sayark Lun 19 Déc 2011, 23:07

Merci pour cet accueil plaisant et chaleureux Embarassed
Oui j'espère vivement réussir les tests demain,même si je crains fortement l'angoisse de la "page blanche" due à un stress exacerbé.

mat48 => Merci mat, mais je ne suis pas (encore ? )un automate. à vrai dire, je suis bien plus humain et gentil que mon message le laisse présager.
Il m'arrive aussi d'avoir la volonté de faire n'importe quoi mais malheureusement je n'ai jamais eu avec qui, il faut dire que j'ai beaucoup de mal à me complaire dans la stupidité et la solitude n'en est qu'une des conséquences logique. C'est d'ailleurs pourquoi j'essaie d'appréhender le relationnel.

Allons, nous restons tout de même dans la fleur de l'âge, c'est un devoir que de se laisser aller avant de se tordre la jugulaire par culpabilité ! Razz
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Message par X-man Mar 20 Déc 2011, 10:37

Houla pardonne-moi, je te prenais pas pour un automate je te rassure ^^ Oui apprécier la stupidité chez les autres de notre âge (perso j'ai du mal avec toutes les soirées où l'alcool coule à flots et où la drogue fait son boulot, même si boire 1 verre ou 2 ça me dérange pas tant que ça) c'est compliqué, après à nous de savoir si on veut à tout prix s'intégrer ou respecter ses principes. Jusqu'à mes 15 ans j'avais choisi de m'intégrer, mais depuis j'ai comme qui dirait mis plus de distance entre les soirées "connes" et moi... Mais faut pas aller à l'extrême non plus, s'amuser c'est le pied aussi ! Mais faut le faire avec les bonnes personnes. Par exemple avec les gens avec qui j'étais en prépa je me suis amusé comme un dingue (bon pas trop non plus, c'est la prépa hein, ça a une réputation à tenir), parce que bon je savais que les gens étaient pas cons et qu'ils se lâchaient juste. J'espère que tu trouveras des personnes comme elles, car tu te sens tout de suite moins seul.
Mais oui, profitons de nos jeunes années, ce n'est pas quand nos 1e rides apparaîtront que nous devrons commencer à vivre !
Mais je crois que quand tu trouves les bonnes personnes, le relationnel se fait instinctivement car tu te sens en sécurité et les gens cherchent à t'intégrer.
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Message par coeur sensible Mar 20 Déc 2011, 22:34

bienvenue jeune cygne Very Happy
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Message par Sayark Sam 24 Déc 2011, 01:42

Merci Very Happy

Depuis m'être inscrit sur ce forum, il y a une question qui me turlupine les méninges et me ronge l'échine:

Êtes-vous quotidiennement anxieux ? Si oui, que faîtes-vous pour canaliser ce stress ? La faculté de trop penser ne vous mène t-il pas plutôt à l'inaction ?

Personnellement j'ai beaucoup de mal à gérer toutes ces fluctuations émotionnelles, il m'arrive d'être totalement paralysé devant une tâche à accomplir à priori totalement anodine, voire même de perdre mes mots et de bégayer.
D'ailleurs lorsque je suis chez moi, je fais souvent preuve de discernement et de pertinence mais dès l'instant où mon regard est plongé dans celui d'un autre ( autre que ceux dont j'ai confiance et où je pourrai rester moi même ) ou lorsqu'une discussion a été initié ,je commence à perdre ma rhétorique et ma confiance en soi où ma sensation de passivité y est en exergue vis à vis de réflexions et d'arguments qu'il aurait fallu avoir en temps normal.
Evidemment, la culpabilité de n'avoir pu mieux faire au présent moment me hantera toute la journée. ( voire des semaines selon l'importance accordé)

Enfin, j'aimerai recevoir quelques conseils pour me débarrasser de cet état de stress quasi-permanent inhibant quelques certaines composantes de ma personnalité dont ma perspicacité. santa
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Message par X-man Sam 24 Déc 2011, 13:22

Personnellement je suis quelqu'un de très anxieux, même si j'essaie de faire en sorte que ça aille mieux ces temps-ci. Mes questions existentielles ne s'arrêtent jamais malheureusement, le seul moyen pour que ça me laisse tranquille de temps en temps est de faire le légume ou d'être dans quelque chose qui me passionne, comme la lecture. Sinon c'est télévision, ordinateur etc, bref tout ce qui nous rend plus intelligent quoi Rolling Eyes (Le pire c'est que pour Noël ma mère m'a abonné à Wow, j'ai peur de finir addict. Je crois que je vais même pas essayer par peur de finir geek.)
Sinon un bon moyen que j'ai trouvé pour calmer le stress de manière plus ou moins durable, c'est le taï-chi et la méditation. Qu'est-ce que ça fait du bien des fois d'habiter son corps et de ne plus se soucier du monde extérieur. Mais faut pas trop s'habituer hein...
Sinon oui, plus on réfléchit moins on agit, donc bon très souvent nos réflexions conduisent à l'inaction. Mais attention, chez les zèbres il y a pas mal d'hyperactifs aussi, la plupart du temps c'est justement pour ne pas s'entendre penser qu'ils bougent.
Sinon je connais bien ton problème avec ta prise de parole, j'ai le même. Dans ma tête les mots sont clairs, justes, mais quand vient le moment de parler je sais pas pourquoi mais ça devient n'importe quoi. Un problème de confiance en soi peut-être, sinon je sais pas. Sinon le stress inhibant ça me parle aussi, mais mis à part être entouré de personnes de confiance et la méditation j'ai pas d'autres solutions à t'apporter désolé.

En espérant qu'une meilleure réponse que la mienne te parvienne Smile
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