VAUCLUSE MATIN vol de bétail à Bédouni…

On nous signale depuis plusieurs jours diverses rapines dans des fermes isolées des contreforts sud du mont Ventoux….hier cependant, la tension est encore montée d’un cran : c’est fort mécontents que monsieur et madame Reboulin, les larmes aux yeux, n’ont pu que constater, dépités, la disparition d’un bœuf, d’un âne, de trois brebis et deux chèvres, ainsi que de douze ballots de paille…..
Toujours sur la brèche et une fois encore dépêché dans l’urgence, monsieur Géon, bien qu’affligé d’une fâcheuse soudure des vertèbres ne lui laissant comme liberté que de mouvoir la tête de haut en bas et de gauche à droite et de parler d’une voix inaudible, jura cependant qu’il ferait tout son possible pour sévir encore et résoudre, en appela aux bonnes volontés…..
se joignit ainsi à la résolution l’Amicale des Chasseurs Avinés du Ventoux, aidés d’une meute de chiens efflanqués , ainsi que d’un gps dernier cri, et d’un aïefonge dernier cri luizôssi…..
gageons que force restera à la loi, et que, comme à l’accoutumée, nos concitoyens dormiront à nouveau sur leurs deux oreilles…..(sauf les monoreilles, cela va de soi) ……

Encore Bédouni, diront nos lecteurs avisés et déductifs, mais c’est bien à Bédouni (encore) que l’entreprise Trusquinot signale à la gendarmerie la disparition en plein après midi alors qu’il assemblait les fermettes de la nouvelle villa de monsieur et madame Vandenzruitt, bien décidés à couler une retraite heureuse dans notre contrée si douce quand elle n’est pas ventée, mais dans ce cas bien ensoleillée parce qu’alors ventée, ce qui convenons en, vaut bien l’un dans l’autre la peine d’y demeurer….c’est donc en plein après midi et sous un mistral à décorner les bœufs que Joseph Varlopa, charpentier de son état, a soudain disparu, laissant sur place scie égoïne, pointes et marteau……les recherches suivent leur cours
M. Géon a réaffirmé qu’il sévira encore et toujours et plutôt avant que trop tard…..

Oui, encore Bédouni, Bédouni qui depuis plusieurs jours cause bien du souci, aux bédounines et bédounins d’abord, mais aussi à toutes nos lectrices et lecteurs, mais il se peut qu’un épilogue heureux, enfin, se profile à l’horizon…….
Saluons d’abord l’initiative courageuse et dévouée de l’Amicale des Chasseurs Avinés du Ventoux qui, bien qu’ayant perdu la piste suivie dans un goulet des gorges de la Nesque, et rentrés trempés d’avoir chuté dans l’eau glacée du fait de rochers fourbes et glissants, n’en ont pas moins fait preuve de courage sinon de témérité dévouée ,aidés en cela de chiens efflanqués non moins courageux ,et de généreuses lampées de jus de raisin extrait de bidons ingénieusement disposés dans des sacoches spécialement adaptées aux flancs creux des canidés….nous tenions à le souligner, car ce n’est que le pur hasard qui a permis à un randonneur de passage de croiser un curieux équipage mené par une jeune femme ,fort jolie certes, mais la mine sombre, le ventre rebondi laissant présager un heureux évènement, suivie de près par un individu barbu au regard vide et tenant de la main droite une corde reliée à un bœuf, un âne, puis trois brebis et deux chèvres ainsi que douze ballots de paille montés sur roulettes à friction variable…..et ce sur l’adret entre les gorges et le sommet…..précision importante s’il en fallait…..
M.Géon a assuré qu’il ferait tout son possible pour résoudre et expulser ce qu’il suppute déjà être une romanichelle, donc sans papiers justifiant d’une quelconque appartenance à la nation, sinon dans quel but divaguerait elle ainsi sur les adrets du Ventoux au lieu de faire comme tout un chacun en cette période ses achats, traînant derrière elle moult rapines et même un homme…..

Bédouni, toujours Bédouni et son mystère irrésolu à ce jour…..
Un autre témoignage s’ajoute à celui du randonneur, une randonneuse de passage elle aussi, émue par le visage las aux yeux sombres de la jeune femme, et l’air absent de l’homme à barbe, leur proposa un peu de thé chaud, du pain et du fromage……
Assis sur des rochers ils se dévisagèrent longuement, sauf l’homme au regard absent dont elle ne put que tirer des ‘cépamoi, cépamoi’ proférés d’une voix terne et monotone dont tout élan vital semblait disparu…..d’elle, elle ne sut que peu de choses : qu’elle allait accoucher, précision superflue au premier coup d’œil, qu’il n’était pas le géniteur, qu’elle devait trouver un abri pour demain au plus tard, et que le vrai père n’était pas de ce monde….à la mine soudain peinée de la randonneuse, la femme au teint mat s’agita et insista que non, ce n’est pas ce qu’elle croyait, qu’il était bien vivant mais d’un ailleurs dont elle ne pouvait avoir la moindre idée….sa réponse la laissa dubitative, elle insista pour la mener au village, la loger, au chaud, à l’abri du vent, mais elle s’agita encore, s’assombrit de plus belle et signifia à la marcheuse qu’elle lui donnait congé , se leva, et de la gorge lança une trille mélodieuse qui mit en branle l’équipage qui reprit son chemin vers l’est à pas lents mais décidés…..

M.Géon réaffirme quand à lui que bien qu’il ait toujours tout fait pour résoudre et qu’il résoudra encore, et que des satellites plein comme des œufs d’oreilles et d’yeux et de plus encore , ayant récemment été lancés et que le dénommé Joseph Varlopa récemment berné et gratifié à ses dépens et à crédit d’un aïefonge , il fallusse bien que le dit aïefonge d’une façon ou d’une autre se mette à émettre, ce pourquoi il était conçu, et que dès lors il serait illico localisé, d’autant qu’il semblait douteux que ce foutu charpentier ait désactivé la fonction idoine , ne sachant même pas qu’elle existait, un charpentier….l’affaire donc ,serait et sera, foi de M.Géon, résolutionnable, c’est certain…..
Nous en sommes tous persuadés et fort impressionnés par la constance et le dévouement , cela va sans dire, de M.Géon……