La fatigue

Parfois elle se cache derrière l'excitation...
Parfois elle cache une angoisse profonde...
Parfois elle vous submerge comme un tsunami quand on apprend une nouvelle qui met dans une situation à affronter et qui met en lumière tant d'inepties...
Souvent elle s'habille en solution stérile du quotidien...
Souvent elle apporte du réconfort et de l'énergie une fois sustentée...
On peut tenir longtemps "sur les nerfs" puis la fatigue vient d'un coup "à point nommé".
On peut se croire incapable de faire quelque chose à cause de la fatigue, puis réaliser dans l'instant qu'on en a l'énergie voire bien plus encore.
Quelle est la signification de tout cela ?

La fatigue est un phénomène qui me fascine. On peut à la fois la contrôler et en même temps pas du tout. On dirait une parole du corps et pourtant c'est l'inconscient qui semble aussi s'exprimer par son moyen. Et puis souvent, c'est comme si la fatigue camouflait nos zones d'ombre. Alors qu'on aurait besoin de tous ses moyens, on est d'un coup tout affaiblit...

J'aimerais bénéficier de vos réflexions là-dessus. Qu'en pensez-vous ? Quelle est votre rapport à la fatigue ?
Comment pensez-vous que l'on puisse faire avec de façon la plus harmonieuse possible ? Être en harmonie avec sa fatigue est-il une conséquence d'une "bonne" hygiène de vie ou un moyen pour être en harmonie avec soi-même ?

J'ai une sorte d'angle mort sur cette question.

Peut-être devrais-je dormir avant de poster un tel sujet...

Je suis si fatiguée que je n'ai lu que le mot fatigue dans tous ton texte, il dansait sous mes yeux, me disait : je suis là, je te prends dans mes bras...

Je délire et ne vais pas répondre a tes questions, pas grave ce ne sera pas la première fois.
Je suis épuisée et les autres me fatiguent encore plus.
La fatigue nous dit qu'il est temps d'aller chercher ailleurs, que ce n'est pas la bonne voie.
Il est inutile de tenter de se reposer si on cours retourner vers ce qui va nous épuiser.

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La fatigue ? Sujet original qui pourrait paraître superficiel et pourtant dormir occupe un tiers de notre vie j’allais presque dire gâché, perdu.
La fatigue est un phénomène éminemment physique, pourtant notre état d’esprit, nos ressentis ont une importance essentielle. On n’est pas fatigué au cours d’une nuit animée (je pensais juste à une soirée avec des potes mêlant musique et danses). On a donc un contrôle au moins partiel sur notre état de fatigue.
A l’inverse on se sent fatigué juste pour oublier, pour passer à autre chose, pour calmer une angoisse.
La fatigue est la cause mais aussi la conséquence d’un moral en berne.
Etre en harmonie avec sa fatigue par une bonne hygiène de vie bien sûr en respectant ses cycles de sommeil, son alimentation….
Je pense qu’il est important de ne pas être fatigué dès le lever, personnellement 5 ou 6 heures de sommeil me suffisent. Par contre une petite sieste d’un quart d’heure après le repas est salvatrice.
La fatigue nous empêche de profiter pleinement de l’instant présent c’est donc à nous d’essayer de la dominer quand on estime que c’est nécessaire et réalisable en se réservant des moments vraiment à soi en chassant les tensions, un bon bain, un massage… pour éloigner le stress et la sensation de fatigue.
Faire un tri entre ce qui nous semble essentiel et le superficiel pour ne pas se sentir submergé.
Juste quelques réflexions que je vous adresse en pâture.
Bonne nuit…

Un sketch de Robert Lamoureux sur la fatigue (pas terrible mais vous pouvez écouter...)

"La fatigue soudain saisit l'enfant au milieu des siens, puis c'est la fatigue mortelle des cours morts de l'université ; mais il y a des fatigues plus profondes, plus intérieures, séparatrices et révélatrices à la fois. Cette fatigue-là creuse les êtres et leur donne aussi une présence nouvelle : c'est la clairvoyance de la fatigue. Elle peut rassembler pour un moment autour d'une entreprise commune - une batteuse -, mais il y a aussi les infatigables, les tueurs survivants de l'extermination, frais et dispos, et leurs guillerets descendants. La fatigue peut être tranquille mais la fatigue la plus grande naît peut-être à la vue de la cruauté toute simple, quotidienne. La fatigue donne forme au monde, elle aiguise la perception, elle établit une infranchissabilité réciproque entre les êtres, mais par là aussi une communication. []

Il n’était pas question du sommeil comme issue : d’abord ce genre de fatigue se manifestait par une sorte de paralysie qui, en règle générale, ne permettait pas même de recroqueviller le petit doigt, oui, à peine de battre des paupières ; la respiration même semblait bloquée, on se sentait figé jusqu’au plus intime de soi-même, une colonne de fatigue ; et parvenait-on, une fois encore, à faire le pas jusqu’au lit, après un premier endormissement rapidement expédié, semblable à un évanouissement — nulle sensation de sommeil — on tombait, la première fois qu’on se retournait, dans l’insomnie, des nuits entières, car la fatigue dans la solitude de la pièce, survenait toujours en fin d’après-midi, ou tôt le soir avec le crépuscule."

Peter Handke, Essai sur la fatigue

Il y a la fatigue qui nous tombe dessus d'un seul coup, la fatigue où l'on est trop excité pour s'endormir, la fatigue comme comportement d'évitement ou la fatigue qui nous accompagne lorsque nous nous laissons doucement sombrer dans le sommeil (se laisser tomber).

Pour répondre à ta question, je dirais : reste en contact avec ce ressenti ; elle est comment ma fatigue ?

Comme quelque chose qui veut se dire.

Selon mon expérience on se fatigue si on poursuit un chemin, une activité, complètement en désaccord avec soi-même, la fatigue étant l'obligation d'arrêter pour se re poser.

Les émotions me fatiguent aussi pas mal.

Super intéressant ce post !

moi qui suis sans arrêt fatiguée et qui ai été élevée par des personnes vampirisantes donc usantes, je trouve tous vos points de vue très inspirants.

Je ne pense pas qu'il n'y ait qu'une seule fatigue, voici mon cailloux à l'édifice, il est des fatigues que l'on accueille avec un certain bonheur et d'autres qui nous minent.

Il me semble évident que la fatigue est une expression de ce que nous ne communiquons pas et qui se cache au fond de nous.

bien à vous tous et toutes,

Bibabab

Je viens de faire une "sieste" de plusieurs heures, j'ai dû me coucher vers 15 ou 16 h et me lever vers 21 h. Avec plusieurs réveils et rendormissements. À la base, j'étais en train de jouer sur l'ordi, et j'ai été remplie de lassitude, je me suis dit que j'allais m'allonger un moment.

Finalement, le sommeil chez moi peut participer à l'oubli, à l'acceptation. Je crois qu'aujourd'hui, c'était ça. Plus tôt dans la journée, j'ai regardé d'un œil le film "Cowboys et envahisseurs" avec doudou, et c'est un film que je savais trop violent pour moi. Pendant ma sieste, j'ai cauchemardé, en intégrant des éléments du film ET de mon jeu sur ordi (des rats qui parlent), et d'autres éléments (notamment des éléments grotesques que la pudeur me défend de décrire ici... xD). Je me suis finalement réveillée et sortie du lit à cause d'une grosse montée d'angoisse liée à l'imagination du ressenti de quelqu'un qui se tire une balle dans le crâne.

Tout ça pour dire que chez moi, le sommeil est à la fois un outil d'acceptation, de digestion ; une bénédiction quand le corps est trop las, un idéal inaccessible quand c'est le cerveau qui ne veut plus avancer. La sieste du midi... Je la pratique, de temps en temps. Besoin de poser la tête et fermer les yeux, somnoler pour récupérer un peu de barre de mana.

Mon temps de sommeil idéal ? Neuf heures. À des horaires précis. Quasiment impossible à réaliser à cause des horaires de travail et de la vie à deux. Je suis tout le temps fatiguée en ce moment. Tout le temps.

Ma Mamie avait, quand j'étais petite, coutume de m'appeler "mon éternelle fatiguée".

Sauf erreur de ma part, vous insistez dans l'ensemble sur l'aspect "besoin" de la fatigue, allant jusqu'à son dérivé d'expression "du corps" ou "de l'inconscient".
Ne pensez-vous pas qu'il est question d'adaptation à son environnement aussi, social compris ? C'est là-dessus que le phénomène me fascine le plus. Question d'harmonie.

On n'a pas toujours besoin de dormir une certaine durée, dès lors que la stimulation par un intérêt quelconque peut nous motiver suffisamment pour nous sortir d'une torpeur. Le lien est ténu selon moi entre la fatigue et la motivation. Certes, cela peut nous renseigner à juste titre sur des éléments de notre personnalité auxquels notre conscience n'a pas tout à fait accès dans le présent. Cela dit, je suis persuadé qu'il s'agit également de cohérence en soi et avec son environnement. La fatigue soulignerait l'adaptation continuelle entre la conscience et le monde.

N'expérimentez-vous pas régulièrement (et d'autant plus avec l'habitude) ces retours jubilatoires à la conscience (d'un certain) présent ? Je veux dire quand la fatigue, ou l'ennui, agit comme une pellicule sur le monde et qu'en prenant conscience de ce phénomène on peut tout à fait se redresser en soi et percevoir le présent dans toute sa douceur superficielle (mais tellement nourricière et apaisante aussi). Je crois que c'est une des choses que le boudhisme a très bien compris et qui explique la maîtrise que les moines peuvent développer de leur propre corps.

Bien sûr, une activité intense va puiser dans notre énergie, d'où un besoin de repos. Alors je me demande s'il ne s'agit pas avant tout d'un mécanisme de développement personnel qui se manifeste par la fatigue, de prise de conscience au sens le plus concret dès lors que l'on veut bien le voir. Il s'agirait de laisser notre être se nourrir d'autre chose, ce que l'on appelle plus couramment digérer. Le repos après un exercice sportif ne permet-il pas aux cellules musculaires de se renforcer pour s'adapter à la nouvelle demande qui leur est faite ? J'émets l'hypothèse qu'il s'agirait de la même chose de manière générale quand nous identifions une fatigue : un besoin de repos, certes, mais aussi un lien avec notre existence même nous servant de matrice pour nous développer au sein de notre environnement et dans la pluralité de notre identité.

Je ne sais pas, peut-être que je délire. Je crois fondamentalement que bien souvent on "sait" au fond de soi où l'on veut aller, mais qu'il est question avant tout d'y être prêt ou que ce soit le bon moment. Dans ce schéma, ma vision de la fatigue correspondrait à une sorte de principe d'harmonie manifestée au travers des sens.

Mais si je considère (d'un point de vue de psychologie freudienne de comptoir) le fait que ma mère est toujours en permanence sujette à de violentes fatigues qui lui saisissent l'existence sans qu'elle ait quelque prise dessus, construire une notion d'harmonie autour du phénomène pourrait être vu comme l'expression de ma quête fondamentale de la fusion maternelle.

D'où l'intérêt pour moi de susciter votre avis sur la question.

Merci d'avoir lu jusqu'à cette ligne, que votre journée soit belle.