Un peu de tout...

Bonjour, bonsoir à tous,

Qui je suis, c'est une vaste question...

Inadaptée, différente, impatiente, paradoxale, écorchée-vive, solitaire par choix, sociable par convention, caméléon, 3000 pensées minutes qui s'entrechoquent (je n'écris pas, trop lent, trop de choses à dire, j'aurais du faire de la sténo et puis à quoi bon écrire si l'on est pas Victor Hugo). Je me fatigue. Je suis dure à suivre, je suis dure à vivre, je suis sans concession, je ne supporte pas la contrainte, je suis entière, j'aime entièrement. J'ai la dent dure, je suis souvent ironique, parfois cinglante. Je suis exigeante avec les autres, je suis un tyran avec moi-même.

Je ne créé pas, je ne sais pas mettre mes tripes sur la table, j'ai bien trop peur, j'ai bien trop de carcans. J'ai fait du théâtre, être un autre ne serait-ce que quelques minutes, quelle libération... J'ai eu plusieurs vies j'ai cherché ma place, des endroits où poser ce moi si encombrant. Je suis curieuse de tout, je ne finis rien. Je me lasse vite, rien ne me passionne vraiment, je fais vite le tour, je m'ennuie et je ne pousse pas plus loin. Je suis feignante par habitude, je prend peu de risque, j'ai un faible pour la facilité, intellectuellement je ne me sollicite pas assez.

Je suis toujours à la limite, plusieurs dépressions, un nuage de malaise, d'anxiété, une sensation de différence qui remonte à très loin, à l'enfance. La sensation que ce monde n'est pas fait pour moi, que je n'y appartiens pas, l'impression d'être une funambule, de marcher sur un fil. Hypersensible, borderline.
Je sens les gens, l'empathie est mon boulet. J'ai souvent une longueur d'avance, je suis lucide, détachée. Je me vois parfois comme une entomologiste, j'observe les interactions humaines, je scrute, je découvre, j'assimile, j'apprends. Les autres, ceux que j'aiment, que je laisse m'approcher, je les prends de plein fouet, parfois c'est plaisant parfois c'est juste déstabilisant. J'aiment les gens, ils m'intéressent, ils m'amusent, ils me fatiguent, ils m'ennuient. Je leur fais peur, un peu ou beaucoup suivant les cas, mais je suis la première à avoir peur de ce que je suis. Et pourtant j'ai besoin d'eux presqu'autant que de ma solitude, elle est ma fidèle amie, me rassure, me repose. J'ai posé des limites pour arriver à vivre ici, le contrôle fait partie intégrante de ce que je suis, je ne sais pas lâcher prise. Je suis ce qu'on attend de moi, je suis un agrégat d'inné et d'acquis. J'ai taillé l'acquis pour m'en faire un costume à porter au quotidien, j'ai relégué l'inné dans un tout petit coin. A trop l'ignorer, j'ai peur de l'avoir perdu. Mais si je le laisse reprendre sa place, est-ce qu'ils vont comprendre?

Sinon fuir la réalité est un besoin vital, m'oublier, trouver le bouton off de mon cerveau mêmes quelques secondes. Alors je me perds dans les histoires, la porte ouverte sur la liberté, le rêve, les livres, l'Art, la beauté, mon héroïne à moi. Amoureuse du beau, du juste. J'ai soif d'absolu dans l'esthétique et les valeurs. Je l'ai beaucoup cherché, il n'est pas de ce monde, sa quête m'a faite souffrir, j'en ai fait mon deuil et j'ai trouvé pour me nourrir l'insondable complexité de l'être humain.

Je ne me sens pas à ma place et pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayé de la trouver. Je me suis disséquée chez les psy, je comprends un peu mieux maintenant mais il me faut autre chose, un chemin plus vaste que ce que nous propose le quotidien. Continuellement en quête de sens. Alors je continue à creuser du côté de la spiritualité. J'ai décidé d'apprendre la bienveillance, décidé que peut-être ma différence pourrait être utile à d'autres. Devenir un peu plus sage, trouver peut-être un peu de paix.

C'est ma dernière psy qui a dit à mes parents que j'étais certainement une enfant précoce non détectée. J'y avais déjà vaguement pensé, mais si j'étais si intelligente que ça pourquoi ne m'en serais-je pas mieux sorti? Je doute de moi constamment, de ma perception du monde, de mes intuitions, je ne me fais pas confiance, je rêve beaucoup, je ne fais rien. Douter tout le temps, c'est fatiguant.

Ici je m'appelle Osha. Je ne sais pas si je suis zèbre, je n'ai pas passé les tests, ça me fait sans doute peur de me dire que je suis peut-être juste un peu folle. Et puis on s'en fout après tout. Tout ça c'est un peu le bordel, un peu barré, pas très drôle je m'en rends compte et j'en suis désolée. C'est beaucoup de moi, je serais même étonnée si j'ai le courage de le poster. J'ai la sensation qu'ici je ne serai pas jugée. Je vous ai beaucoup lu, me suis posée 1000 questions, je ne suis toujours pas rassurée mais dans vos mots il y a quelque chose qui me fait me sentir étrangement à ma place.

BIENVENUE!!!!
Je te conseille la lecture de "Ces gens qui ont peur d'avoir peur: mieux comprendre l'hypersensibilité" de C. Aron. Ca t'aidera sans doute.
Et ta place m'a tout l'air d'être ici, alors pose tes valises, et prends la chambre en haut à droite. Elle était faite pour toi

Bienvenue chez les fous gentils

La chambre en haut à droite, c'est pas très clair, Moy. C'est la chambre 14, 5e étage, Escalier T, Couloir H. Comme Hourra, comme Hibiscus, comme Halte-là, Comme Héros, comme Hâte, comme Hirondelle, comme Hilare, comme Hibou, comme Hello, comme Bienvenue.

Je suis ravie, merci. Sinon je peux avoir un plan?

Il est au 6e étage!

Faut pas abuser de notre générosité, non plus! Tu suis le fléchage et tu demandes! Les gens sont gentils, ici, ils répondront! Et ptête même qu'ils sauront vraiment ce qu'ils racontent...

Oups pardon je voulais pas abuser hein... C'est juste que j'ai pas le sens de l'orientation . Mais j'apprendrai à demander, voir je me perdrais avec plaisir.
Merci pour vos messages de bienvenue...

Se perdre est sans doute le meilleur moyen de se retrouver.

Bienvenue Osha

Merci Baghee
Il y une phrase que j'aime bien et qui dit :
"Nous devons faire le voyage pour prendre conscience que nous sommes depuis toujours ce que nous cherchions."
Se perdre fait partie du voyage.

J'y avais déjà vaguement pensé, mais si j'étais si intelligente que ça pourquoi ne m'en serais-je pas mieux sorti?

Si bizarre que ça puisse paraitre, il n'y a pas de rapport entre les deux. Être "précoce" ne veut pas dire être comme une personne moyenne en mieux, c'est surtout une façon de réfléchir différente. Et comme les zébrés comprennent beaucoup mieux les autres que le contraire, il y a de quoi être perturbé.

Je sens les gens, l'empathie est mon boulet. J'ai souvent une longueur d'avance, je suis lucide, détachée. Je me vois parfois comme une entomologiste, j'observe les interactions humaines, je scrute, je découvre, j'assimile, j'apprends. Les autres, ceux que j'aiment, que je laisse m'approcher, je les prends de plein fouet, parfois c'est plaisant parfois c'est juste déstabilisant. J'aiment les gens, ils m'intéressent, ils m'amusent, ils me fatiguent, ils m'ennuient. Je leur fais peur, un peu ou beaucoup suivant les cas, mais je suis la première à avoir peur de ce que je suis. Et pourtant j'ai besoin d'eux presqu'autant que de ma solitude, elle est ma fidèle amie, me rassure, me repose. J'ai posé des limites pour arriver à vivre ici, le contrôle fait partie intégrante de ce que je suis, je ne sais pas lâcher prise. Je suis ce qu'on attend de moi, je suis un agrégat d'inné et d'acquis. J'ai taillé l'acquis pour m'en faire un costume à porter au quotidien, j'ai relégué l'inné dans un tout petit coin. A trop l'ignorer, j'ai peur de l'avoir perdu. Mais si je le laisse reprendre sa place, est-ce qu'ils vont comprendre?

Je reconnais tout à fait ce que tu racontes sur l'empathie, j'ai déjà eu des impressions comme ça. Mes amis me disent que j'arrive très bien à comprendre comment fonctionnent les gens, et que je suis bon pour trouver ce qu'il faut dire, alors que c'est instinctif et que je ne sais pas pourquoi j'y arrive et pas eux.
Dans mon cas, l'impression d'être bizarre a plus ou moins disparue quand je me suis dit que les autres n'avaient simplement pas cette capacité à l'empathie. Ils ne sentent (moi aussi j'avais aussi employé ce verbe dans ma tête !) pas les gens, et donc ils ne peuvent pas imaginer ce que je ressens moi.

En forçant un peu le trait, on peut dire qu'on parle de couleurs à des gens qui voient en noir et blanc : tu pourrais différencier deux objets de même forme parce qu'ils sont de couleurs différentes rien qu'en les regardant, alors que les autres devraient faire des tests un peu plus évolués. Et si tu essayais de leur expliquer, ce n'est pas certain qu'ils comprendraient. La comparaison est un peu excessive mais c'est l'idée : ce n'est pas que la personne qui voit les couleurs a un problème, juste qu'elle voit autre chose.

Je ne sais pas si tu reconnais ce que je raconte, c'est juste la façon dont je vois ma propre situation.

Oui je me reconnais dans ce que tu écris. L'empathie est une chose positive en soit, j'aime cette façon différente de fonctionner. Le truc c'est qu'elle interdit l'indifférence et parfois, l'indifférence, ça repose... J'aime bien l'idée de "sentir" les gens parce que, pour moi, c'est vraiment de l'ordre de la sensation pas de la réflexion et donc, comme tu le dis, inexplicable. L'idée de voir en couleur/Noir et blanc est super intéressante mais je dirais plutôt qu'au lieu de voir des monochromes nous percevons les nuances, parfois même les plus petites (va expliquer à quelqu'un que non ce truc qu'il voit rouge n'est pas que rouge mais tire vers le vermillon au centre avec une touche de marron dans les coins et qu'en plus tout ça a de sérieuses tendances à ne pas être figé mais à varier en fonction d'infimes paramètres extérieurs... Non je ne prends rien, je suis juste différente ).

Sinon je crois que j'ai très vite compris que j'avais un mode de pensée qui n'était pas celui celui de mes petits camarades. Dire que j'ai longtemps trouvé ça pesant est un doux euphémisme mais aujourd'hui je trouve ça plutôt plaisant d'être "différente". C'est l'adaptation/traduction de ma pensée aux autres qui pose parfois problème - encore qu'avec les années et la nécessité sociale, se formater pour rentrer dans la norme devienne malheureusement de plus en plus facile et naturel.

Osha a écrit:Ici je m'appelle Osha. Je ne sais pas si je suis zèbre, je n'ai pas passé les tests, ça me fait sans doute peur de me dire que je suis peut-être juste un peu folle. Et puis on s'en fout après tout. Tout ça c'est un peu le bordel, un peu barré, pas très drôle je m'en rends compte et j'en suis désolée. C'est beaucoup de moi, je serais même étonnée si j'ai le courage de le poster. J'ai la sensation qu'ici je ne serai pas jugée. Je vous ai beaucoup lu, me suis posée 1000 questions, je ne suis toujours pas rassurée mais dans vos mots il y a quelque chose qui me fait me sentir étrangement à ma place.

A partir du moment où l’échange est possible et nourrissant, c'est qu'on est au bon endroit.
Je te conseille de garder un oeil sur les rencontres en PACA, elles ont souvent un effet d'éclairage inédit sur son propre fonctionnement (être enfin dans sa "norme", pouvoir coller au moment présent) que l'écrit ne fournit pas.
Bienvenue ^^

Merci pour ton accueil Prosopeion
C'est ce que j'aime ici, la capacité qu'ont les gens à échanger sur une multitude de sujets! J'ai encore un peu peur de me mêler au troupeau mais vous lire est déjà très enrichissant et je suis sûre qu'avec un peu de patience je finirais par devenir bavarde.
Et puis merci du conseil aussi, je garderai l’œil ouvert sur les rencontres près de chez moi, même si j'avoue qu'il me faudra sans doute beaucoup de courage pour franchir le pas...