Les gens normaux sont les plus ennuyeux

par Polaris Jeu 29 Mar 2012 - 17:32

Salutations.

Je me présente donc, j’ai 23 ans, je suis ingénieur et j’habite en région parisienne.

Si je ne connaissais évidemment pas les notions de précoce ou de sensibilité quand j’étais petit, j’ai presque toujours eu l’impression de réfléchir différemment des gens de mon âge. J’ai lu des livres de vulgarisation scientifique pratiquement dès que j’ai su lire, j’ai été premier de ma classe sans beaucoup travailler, les profs rivalisaient d’éloges jusqu’à la fin du lycée. Dans le même temps, j’arrivais très bien à me « mettre à la place des autres » et à comprendre comme ils réfléchissaient.

Je constatais donc que je savais et sentais plus de choses, et avais meilleure mémoire, que les autres enfants de mon âge. Mon test, que ma grand-mère m’a fait passer vers 13 ans, a bien plus été l’officialisation de ce que je savais déjà qu’une révélation.

Les vraies emmerdes ont commencé au collège. J’étais gentil, poli et bon en classe, j’en ai donc pris plein la figure, tout le temps, sans raisons. Ca n’était rien de physique, on était quand même dans un collège tranquille, mais c’était des moqueries ou des insultes continuelles, avec parfois de vraies humiliations. Dès que je disais quelque chose, c’était utilisé contre moi. Ca s’est terminé en fin de 3e, quand j’en ai frappé un et que les profs sont intervenus (ami timides, défendez-vous, votre bonne foi sera visible par les gens qui importent). Malgré tout, j’y ai gagné un très fort sentiment d’être rejeté par les gens, hormis quelques amis souvent dans mon cas, et ça a particulièrement affecté mes relations avec les filles.
J’ai progressivement pris conscience de ça à partir de Septembre 2010, quand j’ai eu décidé une bonne fois pour toutes que le stress perpétuel d’être rejeté que je ressentais n’était pas normale, au sens où ça n’aurait pas du arriver. Ne rien faire n’ayant rien apporté, j’ai décidé de prendre l’attitude inverse : me plonger une bonne fois pour toute dans tous les souvenirs auxquels je ne voulais pas penser, avec l’idée que ça me permettrait d’avancer ensuite. J’ai eu trois mois apocalyptiques, dont dix jours de quasi-dépression, où j’ai replongé dans mes mauvais souvenirs en passant des soirées à pleurer, mais j’ai fini par atteindre le fond et à reconstruire progressivement des choses.

Je n’ai pu le faire qu’en parlant progressivement avec des gens, des amis mais aussi des gens que je ne connaissais pas très bien, en partant de choses insignifiantes et en en disant plus au fur et à mesure que mes pensées se débloquaient. J’ai finalement atteint le point où j’ai réussi à appeler une fille pour lui qu’elle me plaisait beaucoup alors que je me doutais que ça ne serait pas réciproque – ce qui fut bien plus une victoire triomphale sur ma peur des autres qu’une déception.

Avec quelques semaines de recul, j’ai réalisé qu’elle était l’un des rares « zébrés » que j’ai rencontré (elle est zébrée qui s’ignore), et c’était probablement pour ça qu’on a sympathisé si vite. Pour être plus précis, je connais pas mal de gens à QI élevé, mais ils me donnent très rarement l’impression d’avoir une sensibilité semblable à la mienne. J’ai donc fini par taper « zèbre QI » sur Google pour creuser un peu le sujet.
J’ai parcouru différents messages sur le site pour voir si je reconnaissais ma façon de penser chez les gens qui y écrivent : de ce que j'ai vu, oui.

Et me voilà.