Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
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Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Je vous propose le chapitre I
Lettre en Bouteille
Première partie
Chapitre 1 Sam et Mirabelle
Chapitre 2 L'attente
Chapitre 3 Sur leurs sentiers de vie
Chapitre 4 Il rôde
Chapitre 5 Le choix dans le non-choix
Chapitre 7 Tante Christine
Chapitre 8 Faux départ
Chapitre 9 Contre le temps
Chapitre 10 Il ne faut pas rêver sa vie, mais vivre ses rêves
Chapitre 11 Si vous souriez au miroir, vous avez votre sourire en plus plat, en plus froid Si vous souriez aux gens, vous risquez leurs sourires
Chapitre 12 Si nous sommes la somme de ce que nous avons vécu, alors vivons
Chapitre 13 Retour chez Margelain
Chapitre 14 Un petit paradis, ça se prépare
Chapitre 15 Tout n'est que calme, neige et lenteur
Chapitre 16 Profitons des rayons de soleil avant que les nuages arrivent
Chapitre 17 L'amour ne s'envole pas, ce sont les yeux qui sont trop secs ou trop mouillés pour le voir.
Chapitre 1
Sam et Mirabelle
Le vent l'emportera la la lalala jaillit du radio-réveil. Même si cette chanson était une de ses préférées, le haut-parleur se vit comme tous les matins de la semaine recouvert d'un oreiller.
– Pourquoi y a-t-il des matins ? maugréa une forme féminine cachée sous la couette.
– Il faut bien qu'il y ait un avant-midi pour avoir un après-midi, mon amour, répondit ironiquement une voix d'homme mêlée à un bruit de douche.
Ils habitaient une toute petite maison de ville de quarante-cinq mètres carrés, nichée dans une grande jardinière appelée pompeusement « jardin de ville ». À Bordeaux, on appelait ça une échoppe. Cette typicité avait un prix, 30 % de plus au mètre carré. Leur quartier Bordeaux-Bastide ne valait pas grand-chose trois ans auparavant. Mais à présent, c’était un quartier prisé. À force de démolition et de travaux, la vilaine chenille s’était transformée en papillon. L’arrivée du « tramway nommé désir » par certains Bordelais était un fléau pour ceux qui ne concevaient leur vie qu’avec une prolongation à quatre roues. Ceux qui payaient le vrai tribut, étaient issus de la population qui n’avait plus les moyens de pallier la montée des loyers. Comme un caillou jeté dans un miroir d’eau, les cercles des pauvres s’éloignaient du centre en s’étiolant et grandissant.
– Fais-moi un mot. Je suis malade. Je veux pas aller travailler. Allez, juste un petit mot de rien du tout, mon amour, dit Mirabelle.
Son vrai prénom était Isabelle, mais il y en avait trop. Sam lui avait donné ce surnom après avoir goûté à sa peau, dont l’odeur et la texture ressemblait à ce doux fruit.
– D'accord, je vais écrire que… que vu l'état de santé de Mirabelle… heu… Isabelle Liseron, elle ne pourra assister à son travail et que toutes ces vieilleries dont elle s'occupe pourront encore attendre quelques années. Signé docteur Samuel Liseron. Post-scriptum : Je connais une charmante jeune fille blonde et peu farouche qui peut la remplacer sans difficulté.
À ce moment comme un ressort, la masse nue, l’instant d’avant si inerte et endormie, se transforma en un guépard et, toutes griffes dehors, jaillit dans la salle d'eau adjacente.
– Vieilleries, les tableaux que je restaure ? Vieilleries, vous allez voir, jeune étudiant attardé qui part encore en séminaire !
Elle lui sauta dessus et le plaqua contre la paroi de la douche. Ils s'embrassèrent fougueusement tout en riant. Elle, sur la pointe des pieds, ses seins plaqués contre son torse. Lui, la tête légèrement penchée en avant, brillant des gouttes d'eau suspendues par milliers à sa pilosité, la pluie de la paume de douche comme unique témoin.
En retard, mais pour la bonne cause, Sam sauta dans ses habits. Il huma le café qu'il ne pourrait boire en prenant ses clefs dans la cuisine puis, tout aussi rapidement, quitta la maison pendant que la douche finissait d'éclore Mirabelle.
Il avait un séminaire de deux jours sur la division cellulaire en culture et ne reviendrait que jeudi soir. C'est pourquoi il glissa une enveloppe confectionnée en papier de revue dans leur boîte aux lettres. Il le faisait à chaque fois qu'il la quittait plus de vingt-quatre heures. Puis il se mit au volant de sa vieille Punto bleue pour aller à son colloque.
La boîte aux lettres, complice, ne dit rien de son agape matinale quand, trente-cinq minutes plus tard, Mirabelle, presque réveillée, passa devant pour rejoindre son auto, une vieille ZX qui avait été bleue dans sa jeunesse. La voiture démarra en trombe, direction l'atelier de restauration du musée. Comme à son habitude, elle avait dix minutes d'avance sur sa demi-heure de retard.
De toute façon, elle n'avait jamais été du matin. Elle était plus performante le soir, quand tout le monde avait quitté l'atelier. Elle se retrouvait seule avec les œuvres, avec ces parties d'artistes. Dans ces moments, ces monstres de l'art, elle les touchait presque. C'était ces moments qu'elle ne pouvait et ne voulait partager avec personne, même pas avec Sam. Souvent, elle y perdait la notion du temps et ne quittait l'atelier que sous la menace du gardien de nuit.
Il était vingt et une heures quand elle repartit chez elle. Un petit détour par Mac Do, où elle échangeait sa solitude contre des graisses saturées. Manger avec les doigts avait pour elle quelque chose de rassurant, en rapport avec l'enfance. Elle y trouvait une douce chaleur, comme celle qu'elle éprouvait, petite, en mangeant des bonbons en cachette dans sa cabane. Bien sûr, avec ses collègues, elle ne parlait que du dernier petit bistrot à la mode en acquiesçant quand ils proclamaient :
– Ah ça, c'est autre chose que Mac Do !
Certains même, à de telles occasions, professaient leur lutte engagée pour la sauvegarde du palais de l'humanité, en boycottant ces endroits impies, à défaut de les brûler. Mais pour les soldes, peu importe que des enfants chinois se soient échinés pour un salaire de misère à fabriquer ce petit chemisier si sexy et pas cher. Car au grand jamais il ne serait taché de ketchup américain.
Mirabelle acceptait de manger chez Bocuse le lundi et Mac Do le mardi. C'étaient des plaisirs différents. Et depuis qu'elle avait accepté ses contradictions, elle vivait mieux.
À peine la voiture garée devant chez elle, son sac sous un bras, son repas sous l'autre, elle ouvrit le ventre de la boîte aux lettres. En entrant, elle fit cinq tas de courriers. À droite, les pubs colorées qui serviraient d'enveloppes pour leur correspondance amoureuse ; les autres, les moches, dans la corbeille. Un peu plus à gauche, celles à son nom, suivies d’un tas pour Sam. Enfin, trônant au-dessus la spéciale, celle qui n'avait pas de timbre. Faite en magazine et vieille pub. Elle ne l'ouvrirait qu'en dernier, pour faire monter encore l'excitation de la lire.
Elle partit se changer, troquant son chemisier et son pantalon contre la chemise qu’avait porté Sam la veille. Elle aimait être dans son odeur. Elle alluma la télévision, chose qu'elle faisait uniquement quand elle était seule. Assise en tailleur au pied du canapé sur un tapis angora, elle disposa frites, hamburger, Coca et sauce sur la table basse. Cette dernière avait été faite par Sam avec un demi-tonneau, coupé dans sa longueur et surmonté d'une vitre. Avant tout, elle envoya un texto avec son téléphone et l'éteignit.
La lettre était toujours là, qui la regardait du coin de l'enveloppe. Pas encore ! D'abord, empiffrage de frites et de conneries cathodiques. Après cette orgie, retour au calme. Le ventre plein, la tête vidée, elle ouvrit enfin sa lettre.
Mon Amour,
Suite à notre discussion de samedi
Dans un rire, dans un pleur, tu veux un enfant.
Un enfant de moi, en un peu plus élégant.
J'ai peur de n'être pas à la hauteur,
À la hauteur de ce tout petit cœur.
Dans un pleur, dans un rire, tu veux un enfant.
Un enfant de moi, en un peu plus élégant.
J'aimerais bien jouer au papa et à la maman,
Mais j'ai peur que l'on n’y perde notre côté amant.
Dans un rire, dans une larme, tu veux un enfant.
Un enfant avec moi, en un peu plus éloquent.
Tu dis qu'il se nourrira de nos similitudes et de nos différences,
Que je lui apporterai, moi l'insouciance, toi la persévérance.
Dans une demi-larme, dans un grand sourire, tu veux un enfant.
Un enfant, de toi, de moi, c'est merveilleusement enivrant.
Si les fleurs ont autant besoin du soleil que de la pluie,
Alors je réitère mon engagement et je te dis oui.
Sam
Ces yeux vert gris n'étaient jamais aussi beaux que décorés de rivières de larmes. Pas de ces larmes pleines d'amertume et de tristesse, non, de ces larmes de bonheur qui coulent sans sanglot.
Oui, il était d'accord pour avoir un enfant. Oui, il était d'accord pour franchir le pas ultime d’eux deux. Troquer leur grasse matinée contre des babillements. S'émerveiller davantage d'une dent qui pousse que de l'éruption d'un volcan du Pacifique qui formerait une nouvelle île. Se faire attaquer par des petites mains arrachant lunettes, cheveux et boucles d'oreilles. Être trois, être quatre, être multiple et un, oui un, un nid familial. Le cœur léger, la tête pleine de demains, elle partit se coucher.
Samuel, après une journée emplie de conférences et un repas débat où les convives se battirent comme des chiffonniers pour leurs idées ou contre celles des autres, gagna sa chambre d'hôtel. Il avait toujours aimé l'eau. Ou plutôt, il avait toujours eu besoin du contact de l'eau pour se ressourcer, pour se régénérer. Il se fit couler un bain dans l'immense baignoire jouxtant sa chambre. Leur maison était si petite, que s’ils y avaient mis une baignoire, il aurait eu l'impression d'avoir une mer intérieure dans leur deux pièces. Ou un lagon au milieu d'un atoll. C'est pourquoi, quand il découchait il prenait toujours, dans la mesure du possible, une chambre avec baignoire. Les yeux dans le vague, le corps dans l'eau chaude, il distillait sa journée pour n’en retenir que l'essentiel.
Il avait toujours eu la capacité de ne garder que ce dont il avait besoin. Comme il le disait, à quoi bon s’embarrasser du reste ? Une fois cet inventaire terminé, il quitta le monde professionnel pour sa vie privée, Mirabelle. Elle avait certainement déjà lu sa lettre. Il pensa qu'elle devait déjà se regarder dans la glace de l'entrée avec un oreiller posé entre son chemisier et son doux ventre. Il sourit. Ce n’était pas la grossesse qui lui faisait peur, mais l’après. Une peur, mais aussi une excitation née au fin fond de ses entrailles. Serait-il un bon père ? Il se rappela une phrase de son grand-père : « Il y aura des parents parfaits le jour où il y aura des enfants parfaits. Comme quoi, c'est pas gagné. » Il sourit à nouveau.
Après trente-cinq minutes passées dans la baignoire, il se décida à sortir. Dégoulinant sur le tapis, il se sécha brièvement et, encore moite, s'allongea sur son lit. Les bras derrière la tête, il se demanda où Mirabelle avait bien pu cacher son petit cadeau. Car dès qu'il partait plus de vingt-quatre heures, elle lui cachait toujours une de ses œuvres, une aquarelle d’un morceau de vie croqué au crayon, ou encore une sculpture moyenâgeuse qui compléterait son jeu d'échecs. Sur les trente-deux pièces, elle lui en avait confectionné dix-sept. Sept humains moyenâgeux et dix elfes. Toutes d'une beauté époustouflante. Cela avait commencé lors d'une escapade sur un week-end à rallonge à La Rochelle. Sur le port avait lieu une exposition de jeux du monde. Des dizaines de stands présentaient leurs trésors, du jeu fabriqué en Malaisie aux jeux confectionnés par un artiste plus ou moins célèbre. Sam n'achetait jamais d'objets ou d'ustensiles à côté de chez lui. Il aimait y rattacher un souvenir, une histoire. Comme ce parapluie acheté en Bretagne un jour de soleil, ce service de verres acheté à la coopérative des vignerons de l'Île de Ré, ou encore leur plateau à fromage acheté sur un marché en Ariège. Même si tout cela provenait probablement d'usines chinoises ou polonaises, peu importait. C'étaient le souvenir, les odeurs, les lumières et l'humeur associés à chacun de ces lieux et instants qui comptaient. Subtiles comme une goutte d'eau sur une feuille, mais bien présentes, ces impressions donnaient une âme à ces objets. Ainsi, la tentation de se procurer un jeu d'échecs au goût de vent salé, à la clarté bleu gris du ciel et à la bonne humeur ambiante du port de La Rochelle l’avait séduit. Il ne savait lequel choisir.
Une bouche était passée par-dessus son épaule pour susurrer à son oreille :
– Si tu m'invites à une promenade sur les remparts ce soir, je t'en fabrique un avec mes petites mains, mon amour.
C’était chaud et prometteur. Tous les autres jeux, d'un seul coup, pâlirent à devenir fades. Car c'était un peu de sa sueur et de son âme qu’elle lui proposait. Il n'eut pas besoin de dire oui. Les commissures de sa bouche se relevèrent à mi-joues et le baiser qui suivit remplaça allégrement ces trois pauvres voyelles. Depuis ce jour, il recevait ses pièces au compte-gouttes. Souvent, il se les appropriait après un petit jeu de piste, une chasse au trésor.
Alors qu’il se demandait où pouvait bien se trouver le premier indice, son téléphone se mit à vibrer. À la brève sonnerie, il sut que c'était un message de Mirabelle. Il le regarda : Mon premier est l'apanage des paons, mon second est comme les doigts de la main. Mon tout peut être une spécialité bretonne. Bonne recherche mon Sam le pirate.
Il est vrai qu'elle était encline au virus du rébus. Cela venait des chasses au trésor qu'elle faisait enfant avec ses frères de quartier. « Alors… », se dit Sam en prenant un crayon et une feuille. Il était fatigué, mais il savait qu'il ne pourrait pas trouver le sommeil sans avoir résolu ce rébus et être en possession de son trésor.
Sa technique était simple. En premier lieu, il associait aux noms principaux de chaque phrase du rébus trois mots. Paons : oiseau, parader, la roue du paon. Doigts de la main : solidaire, proche, cinq. Spécialité bretonne : crêpes, galettes, kouign-amann. Il ne restait plus qu'à assembler les pièces du puzzle. Oiseau solidaire, non ! Roue solidaire, non !
– Ah ! Roue, cinq, cinquième roue, oui, la cinquième, la galette, la roue de secours ! s'exclama Sam. Bon. Eh bien, il ne me reste plus qu'à me rhabiller et aller dans le coffre de la voiture pour voir où elle a caché ça.
Il était 22 heures, et le voilà en train de vider son coffre des multiples poches de course et fourbi pour accéder au plancher. Effectivement au milieu de la roue de secours, entre les deux éléments du cric, reposait un petit paquet discret en papier bulle. Opération inverse, il remit le plancher, les poches et le fourbi en place. Seul son petit paquet mis dans la poche de sa veste avait disparu de la scène du crime. Il s'enfuit vers l'hôtel sous l'œil du réceptionniste. Il lui indiqua que c'était bien sa voiture. Enfin arrivé dans sa chambre après la traversée du hall et des couloirs, il accosta sur son île déserte : un kingsize, 160 par 200. Il était temps de compter ses richesses.
Un magnifique elfe aux oreilles dignes des Vulcains, juché sur une licorne, allait compléter son armée. L’ensemble était fabriqué en pierres reconstituées. Il ne saurait rien de ses techniques. Elle disait que la nuit, les petites figurines poussaient au milieu des autres œuvres dans son atelier. Le mystère de confection restait entier pour Sam, mais cela faisait partie de la magie du cadeau. C’est un tableau qui produit une émotion, et non la lecture de sa fiche technique.
Onze pour les elfes, sept pour les humains. Décidément, elle préférait les elfes.
Il avait bien besoin de sommeil, car la journée suivante serait rude. Et puis, il avait de la route pour rentrer chez eux demain soir. Il devait penser à commander chez le Japonais de la place Stalingrad avant midi. Il s'y arrêterait sur le chemin du retour. Ils se feraient leur resto à domicile, ce qui faciliterait grandement la suite. Leurs corps, hors de toute raison et de toute bienséance, s’uniraient comme les deux ailes d'un papillon. Virevolter dans le firmament étoilé de leur désir. Chaque râle de leur plaisir ferait apparaître une étoile, chaque soupir de délectation une planète autour. Après leur séparation et les jours très occupés qui l'avaient précédée, il avait une voûte stellaire à construire.
avez vous envie d'aller plus loin ?
Lettre en Bouteille
Première partie
Chapitre 1 Sam et Mirabelle
Chapitre 2 L'attente
Chapitre 3 Sur leurs sentiers de vie
Chapitre 4 Il rôde
Chapitre 5 Le choix dans le non-choix
Chapitre 7 Tante Christine
Chapitre 8 Faux départ
Chapitre 9 Contre le temps
Chapitre 10 Il ne faut pas rêver sa vie, mais vivre ses rêves
Chapitre 11 Si vous souriez au miroir, vous avez votre sourire en plus plat, en plus froid Si vous souriez aux gens, vous risquez leurs sourires
Chapitre 12 Si nous sommes la somme de ce que nous avons vécu, alors vivons
Chapitre 13 Retour chez Margelain
Chapitre 14 Un petit paradis, ça se prépare
Chapitre 15 Tout n'est que calme, neige et lenteur
Chapitre 16 Profitons des rayons de soleil avant que les nuages arrivent
Chapitre 17 L'amour ne s'envole pas, ce sont les yeux qui sont trop secs ou trop mouillés pour le voir.
Chapitre 1
Sam et Mirabelle
Le vent l'emportera la la lalala jaillit du radio-réveil. Même si cette chanson était une de ses préférées, le haut-parleur se vit comme tous les matins de la semaine recouvert d'un oreiller.
– Pourquoi y a-t-il des matins ? maugréa une forme féminine cachée sous la couette.
– Il faut bien qu'il y ait un avant-midi pour avoir un après-midi, mon amour, répondit ironiquement une voix d'homme mêlée à un bruit de douche.
Ils habitaient une toute petite maison de ville de quarante-cinq mètres carrés, nichée dans une grande jardinière appelée pompeusement « jardin de ville ». À Bordeaux, on appelait ça une échoppe. Cette typicité avait un prix, 30 % de plus au mètre carré. Leur quartier Bordeaux-Bastide ne valait pas grand-chose trois ans auparavant. Mais à présent, c’était un quartier prisé. À force de démolition et de travaux, la vilaine chenille s’était transformée en papillon. L’arrivée du « tramway nommé désir » par certains Bordelais était un fléau pour ceux qui ne concevaient leur vie qu’avec une prolongation à quatre roues. Ceux qui payaient le vrai tribut, étaient issus de la population qui n’avait plus les moyens de pallier la montée des loyers. Comme un caillou jeté dans un miroir d’eau, les cercles des pauvres s’éloignaient du centre en s’étiolant et grandissant.
– Fais-moi un mot. Je suis malade. Je veux pas aller travailler. Allez, juste un petit mot de rien du tout, mon amour, dit Mirabelle.
Son vrai prénom était Isabelle, mais il y en avait trop. Sam lui avait donné ce surnom après avoir goûté à sa peau, dont l’odeur et la texture ressemblait à ce doux fruit.
– D'accord, je vais écrire que… que vu l'état de santé de Mirabelle… heu… Isabelle Liseron, elle ne pourra assister à son travail et que toutes ces vieilleries dont elle s'occupe pourront encore attendre quelques années. Signé docteur Samuel Liseron. Post-scriptum : Je connais une charmante jeune fille blonde et peu farouche qui peut la remplacer sans difficulté.
À ce moment comme un ressort, la masse nue, l’instant d’avant si inerte et endormie, se transforma en un guépard et, toutes griffes dehors, jaillit dans la salle d'eau adjacente.
– Vieilleries, les tableaux que je restaure ? Vieilleries, vous allez voir, jeune étudiant attardé qui part encore en séminaire !
Elle lui sauta dessus et le plaqua contre la paroi de la douche. Ils s'embrassèrent fougueusement tout en riant. Elle, sur la pointe des pieds, ses seins plaqués contre son torse. Lui, la tête légèrement penchée en avant, brillant des gouttes d'eau suspendues par milliers à sa pilosité, la pluie de la paume de douche comme unique témoin.
En retard, mais pour la bonne cause, Sam sauta dans ses habits. Il huma le café qu'il ne pourrait boire en prenant ses clefs dans la cuisine puis, tout aussi rapidement, quitta la maison pendant que la douche finissait d'éclore Mirabelle.
Il avait un séminaire de deux jours sur la division cellulaire en culture et ne reviendrait que jeudi soir. C'est pourquoi il glissa une enveloppe confectionnée en papier de revue dans leur boîte aux lettres. Il le faisait à chaque fois qu'il la quittait plus de vingt-quatre heures. Puis il se mit au volant de sa vieille Punto bleue pour aller à son colloque.
La boîte aux lettres, complice, ne dit rien de son agape matinale quand, trente-cinq minutes plus tard, Mirabelle, presque réveillée, passa devant pour rejoindre son auto, une vieille ZX qui avait été bleue dans sa jeunesse. La voiture démarra en trombe, direction l'atelier de restauration du musée. Comme à son habitude, elle avait dix minutes d'avance sur sa demi-heure de retard.
De toute façon, elle n'avait jamais été du matin. Elle était plus performante le soir, quand tout le monde avait quitté l'atelier. Elle se retrouvait seule avec les œuvres, avec ces parties d'artistes. Dans ces moments, ces monstres de l'art, elle les touchait presque. C'était ces moments qu'elle ne pouvait et ne voulait partager avec personne, même pas avec Sam. Souvent, elle y perdait la notion du temps et ne quittait l'atelier que sous la menace du gardien de nuit.
Il était vingt et une heures quand elle repartit chez elle. Un petit détour par Mac Do, où elle échangeait sa solitude contre des graisses saturées. Manger avec les doigts avait pour elle quelque chose de rassurant, en rapport avec l'enfance. Elle y trouvait une douce chaleur, comme celle qu'elle éprouvait, petite, en mangeant des bonbons en cachette dans sa cabane. Bien sûr, avec ses collègues, elle ne parlait que du dernier petit bistrot à la mode en acquiesçant quand ils proclamaient :
– Ah ça, c'est autre chose que Mac Do !
Certains même, à de telles occasions, professaient leur lutte engagée pour la sauvegarde du palais de l'humanité, en boycottant ces endroits impies, à défaut de les brûler. Mais pour les soldes, peu importe que des enfants chinois se soient échinés pour un salaire de misère à fabriquer ce petit chemisier si sexy et pas cher. Car au grand jamais il ne serait taché de ketchup américain.
Mirabelle acceptait de manger chez Bocuse le lundi et Mac Do le mardi. C'étaient des plaisirs différents. Et depuis qu'elle avait accepté ses contradictions, elle vivait mieux.
À peine la voiture garée devant chez elle, son sac sous un bras, son repas sous l'autre, elle ouvrit le ventre de la boîte aux lettres. En entrant, elle fit cinq tas de courriers. À droite, les pubs colorées qui serviraient d'enveloppes pour leur correspondance amoureuse ; les autres, les moches, dans la corbeille. Un peu plus à gauche, celles à son nom, suivies d’un tas pour Sam. Enfin, trônant au-dessus la spéciale, celle qui n'avait pas de timbre. Faite en magazine et vieille pub. Elle ne l'ouvrirait qu'en dernier, pour faire monter encore l'excitation de la lire.
Elle partit se changer, troquant son chemisier et son pantalon contre la chemise qu’avait porté Sam la veille. Elle aimait être dans son odeur. Elle alluma la télévision, chose qu'elle faisait uniquement quand elle était seule. Assise en tailleur au pied du canapé sur un tapis angora, elle disposa frites, hamburger, Coca et sauce sur la table basse. Cette dernière avait été faite par Sam avec un demi-tonneau, coupé dans sa longueur et surmonté d'une vitre. Avant tout, elle envoya un texto avec son téléphone et l'éteignit.
La lettre était toujours là, qui la regardait du coin de l'enveloppe. Pas encore ! D'abord, empiffrage de frites et de conneries cathodiques. Après cette orgie, retour au calme. Le ventre plein, la tête vidée, elle ouvrit enfin sa lettre.
Mon Amour,
Suite à notre discussion de samedi
Dans un rire, dans un pleur, tu veux un enfant.
Un enfant de moi, en un peu plus élégant.
J'ai peur de n'être pas à la hauteur,
À la hauteur de ce tout petit cœur.
Dans un pleur, dans un rire, tu veux un enfant.
Un enfant de moi, en un peu plus élégant.
J'aimerais bien jouer au papa et à la maman,
Mais j'ai peur que l'on n’y perde notre côté amant.
Dans un rire, dans une larme, tu veux un enfant.
Un enfant avec moi, en un peu plus éloquent.
Tu dis qu'il se nourrira de nos similitudes et de nos différences,
Que je lui apporterai, moi l'insouciance, toi la persévérance.
Dans une demi-larme, dans un grand sourire, tu veux un enfant.
Un enfant, de toi, de moi, c'est merveilleusement enivrant.
Si les fleurs ont autant besoin du soleil que de la pluie,
Alors je réitère mon engagement et je te dis oui.
Sam
Ces yeux vert gris n'étaient jamais aussi beaux que décorés de rivières de larmes. Pas de ces larmes pleines d'amertume et de tristesse, non, de ces larmes de bonheur qui coulent sans sanglot.
Oui, il était d'accord pour avoir un enfant. Oui, il était d'accord pour franchir le pas ultime d’eux deux. Troquer leur grasse matinée contre des babillements. S'émerveiller davantage d'une dent qui pousse que de l'éruption d'un volcan du Pacifique qui formerait une nouvelle île. Se faire attaquer par des petites mains arrachant lunettes, cheveux et boucles d'oreilles. Être trois, être quatre, être multiple et un, oui un, un nid familial. Le cœur léger, la tête pleine de demains, elle partit se coucher.
Samuel, après une journée emplie de conférences et un repas débat où les convives se battirent comme des chiffonniers pour leurs idées ou contre celles des autres, gagna sa chambre d'hôtel. Il avait toujours aimé l'eau. Ou plutôt, il avait toujours eu besoin du contact de l'eau pour se ressourcer, pour se régénérer. Il se fit couler un bain dans l'immense baignoire jouxtant sa chambre. Leur maison était si petite, que s’ils y avaient mis une baignoire, il aurait eu l'impression d'avoir une mer intérieure dans leur deux pièces. Ou un lagon au milieu d'un atoll. C'est pourquoi, quand il découchait il prenait toujours, dans la mesure du possible, une chambre avec baignoire. Les yeux dans le vague, le corps dans l'eau chaude, il distillait sa journée pour n’en retenir que l'essentiel.
Il avait toujours eu la capacité de ne garder que ce dont il avait besoin. Comme il le disait, à quoi bon s’embarrasser du reste ? Une fois cet inventaire terminé, il quitta le monde professionnel pour sa vie privée, Mirabelle. Elle avait certainement déjà lu sa lettre. Il pensa qu'elle devait déjà se regarder dans la glace de l'entrée avec un oreiller posé entre son chemisier et son doux ventre. Il sourit. Ce n’était pas la grossesse qui lui faisait peur, mais l’après. Une peur, mais aussi une excitation née au fin fond de ses entrailles. Serait-il un bon père ? Il se rappela une phrase de son grand-père : « Il y aura des parents parfaits le jour où il y aura des enfants parfaits. Comme quoi, c'est pas gagné. » Il sourit à nouveau.
Après trente-cinq minutes passées dans la baignoire, il se décida à sortir. Dégoulinant sur le tapis, il se sécha brièvement et, encore moite, s'allongea sur son lit. Les bras derrière la tête, il se demanda où Mirabelle avait bien pu cacher son petit cadeau. Car dès qu'il partait plus de vingt-quatre heures, elle lui cachait toujours une de ses œuvres, une aquarelle d’un morceau de vie croqué au crayon, ou encore une sculpture moyenâgeuse qui compléterait son jeu d'échecs. Sur les trente-deux pièces, elle lui en avait confectionné dix-sept. Sept humains moyenâgeux et dix elfes. Toutes d'une beauté époustouflante. Cela avait commencé lors d'une escapade sur un week-end à rallonge à La Rochelle. Sur le port avait lieu une exposition de jeux du monde. Des dizaines de stands présentaient leurs trésors, du jeu fabriqué en Malaisie aux jeux confectionnés par un artiste plus ou moins célèbre. Sam n'achetait jamais d'objets ou d'ustensiles à côté de chez lui. Il aimait y rattacher un souvenir, une histoire. Comme ce parapluie acheté en Bretagne un jour de soleil, ce service de verres acheté à la coopérative des vignerons de l'Île de Ré, ou encore leur plateau à fromage acheté sur un marché en Ariège. Même si tout cela provenait probablement d'usines chinoises ou polonaises, peu importait. C'étaient le souvenir, les odeurs, les lumières et l'humeur associés à chacun de ces lieux et instants qui comptaient. Subtiles comme une goutte d'eau sur une feuille, mais bien présentes, ces impressions donnaient une âme à ces objets. Ainsi, la tentation de se procurer un jeu d'échecs au goût de vent salé, à la clarté bleu gris du ciel et à la bonne humeur ambiante du port de La Rochelle l’avait séduit. Il ne savait lequel choisir.
Une bouche était passée par-dessus son épaule pour susurrer à son oreille :
– Si tu m'invites à une promenade sur les remparts ce soir, je t'en fabrique un avec mes petites mains, mon amour.
C’était chaud et prometteur. Tous les autres jeux, d'un seul coup, pâlirent à devenir fades. Car c'était un peu de sa sueur et de son âme qu’elle lui proposait. Il n'eut pas besoin de dire oui. Les commissures de sa bouche se relevèrent à mi-joues et le baiser qui suivit remplaça allégrement ces trois pauvres voyelles. Depuis ce jour, il recevait ses pièces au compte-gouttes. Souvent, il se les appropriait après un petit jeu de piste, une chasse au trésor.
Alors qu’il se demandait où pouvait bien se trouver le premier indice, son téléphone se mit à vibrer. À la brève sonnerie, il sut que c'était un message de Mirabelle. Il le regarda : Mon premier est l'apanage des paons, mon second est comme les doigts de la main. Mon tout peut être une spécialité bretonne. Bonne recherche mon Sam le pirate.
Il est vrai qu'elle était encline au virus du rébus. Cela venait des chasses au trésor qu'elle faisait enfant avec ses frères de quartier. « Alors… », se dit Sam en prenant un crayon et une feuille. Il était fatigué, mais il savait qu'il ne pourrait pas trouver le sommeil sans avoir résolu ce rébus et être en possession de son trésor.
Sa technique était simple. En premier lieu, il associait aux noms principaux de chaque phrase du rébus trois mots. Paons : oiseau, parader, la roue du paon. Doigts de la main : solidaire, proche, cinq. Spécialité bretonne : crêpes, galettes, kouign-amann. Il ne restait plus qu'à assembler les pièces du puzzle. Oiseau solidaire, non ! Roue solidaire, non !
– Ah ! Roue, cinq, cinquième roue, oui, la cinquième, la galette, la roue de secours ! s'exclama Sam. Bon. Eh bien, il ne me reste plus qu'à me rhabiller et aller dans le coffre de la voiture pour voir où elle a caché ça.
Il était 22 heures, et le voilà en train de vider son coffre des multiples poches de course et fourbi pour accéder au plancher. Effectivement au milieu de la roue de secours, entre les deux éléments du cric, reposait un petit paquet discret en papier bulle. Opération inverse, il remit le plancher, les poches et le fourbi en place. Seul son petit paquet mis dans la poche de sa veste avait disparu de la scène du crime. Il s'enfuit vers l'hôtel sous l'œil du réceptionniste. Il lui indiqua que c'était bien sa voiture. Enfin arrivé dans sa chambre après la traversée du hall et des couloirs, il accosta sur son île déserte : un kingsize, 160 par 200. Il était temps de compter ses richesses.
Un magnifique elfe aux oreilles dignes des Vulcains, juché sur une licorne, allait compléter son armée. L’ensemble était fabriqué en pierres reconstituées. Il ne saurait rien de ses techniques. Elle disait que la nuit, les petites figurines poussaient au milieu des autres œuvres dans son atelier. Le mystère de confection restait entier pour Sam, mais cela faisait partie de la magie du cadeau. C’est un tableau qui produit une émotion, et non la lecture de sa fiche technique.
Onze pour les elfes, sept pour les humains. Décidément, elle préférait les elfes.
Il avait bien besoin de sommeil, car la journée suivante serait rude. Et puis, il avait de la route pour rentrer chez eux demain soir. Il devait penser à commander chez le Japonais de la place Stalingrad avant midi. Il s'y arrêterait sur le chemin du retour. Ils se feraient leur resto à domicile, ce qui faciliterait grandement la suite. Leurs corps, hors de toute raison et de toute bienséance, s’uniraient comme les deux ailes d'un papillon. Virevolter dans le firmament étoilé de leur désir. Chaque râle de leur plaisir ferait apparaître une étoile, chaque soupir de délectation une planète autour. Après leur séparation et les jours très occupés qui l'avaient précédée, il avait une voûte stellaire à construire.
avez vous envie d'aller plus loin ?
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
C'est très sympa j'aime bien.
kim meyrink- Messages : 118
Date d'inscription : 04/08/2012
Localisation : sud de la france
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
c'est très beau. Tu alternes harmonieusement les descriptions et les actions pour conserver l'attention du lecteur.
Quant à tes métaphores, elles sont bien trouvées. Elles me font penser à la nature, aux couleurs chaudes du printemps et de l'automne, de la vie qui suit son cycle. Et comme ils veulent un enfant, cela tombe bien !
As-tu réussi à faire publier ton livre?
Quant à tes métaphores, elles sont bien trouvées. Elles me font penser à la nature, aux couleurs chaudes du printemps et de l'automne, de la vie qui suit son cycle. Et comme ils veulent un enfant, cela tombe bien !
As-tu réussi à faire publier ton livre?
Julia- Messages : 8
Date d'inscription : 02/02/2012
Age : 39
Localisation : Paris
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Merci beaucoup Julie
Je n'ai pas réussi à publier, je l'ai présenté à un coucours (où j'ai eu de très bon retour, ce qui est bien pour l'égo) mais ils l'ont inscrit 2 fois, techniquement j'étais troisième en cumulant toutes les notes, mais ils ne l'ont pas fait. Publier demande beaucoup d'énergie et je la canalise sur d'autre projet. Je mets la suite ce soir. Si cela n'encombre pas trop le forum.
Sinon, je peux faire un lien pour le télécharger, car ce qui compte finalement pour un livre c'est d'être lu. Mais je ne voudrai pas l'imposer. En plus j'ai fini le deuxième, et je pense au troisième. Je ne comptais pas sur cela pour vivre, ouf !
Mais c'est dur de recevoir des lettres de refus . Alors j'économise mes timbres et je pense le partager gratuitement, bref de le partager
Je n'ai pas réussi à publier, je l'ai présenté à un coucours (où j'ai eu de très bon retour, ce qui est bien pour l'égo) mais ils l'ont inscrit 2 fois, techniquement j'étais troisième en cumulant toutes les notes, mais ils ne l'ont pas fait. Publier demande beaucoup d'énergie et je la canalise sur d'autre projet. Je mets la suite ce soir. Si cela n'encombre pas trop le forum.
Sinon, je peux faire un lien pour le télécharger, car ce qui compte finalement pour un livre c'est d'être lu. Mais je ne voudrai pas l'imposer. En plus j'ai fini le deuxième, et je pense au troisième. Je ne comptais pas sur cela pour vivre, ouf !
Mais c'est dur de recevoir des lettres de refus . Alors j'économise mes timbres et je pense le partager gratuitement, bref de le partager
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
suite chapitre 2 et 3
Chapitre 2
L'attente
Il ne manquait plus que huit pièces à son jeu d'échecs. Cela faisait quinze mois qu'ils essayaient d'avoir un enfant. Au début, d’après les renseignements soutirés à ses amies déjà riches d'une progéniture, on lui avait dit que trois à six mois après l'arrêt de la pilule étaient un minimum. Elle en était à quinze. Son travail, qui comblait jusqu’alors une grande partie de sa vie, ne suffisait plus. Un manque en elle s'installa au fil des mois. À trente-deux ans, certains appelaient cela l'horloge biologique, d'autres un désir d'accomplissement. Quand à Sam, qui au début n'avait qu'un désir relatif, se voyait rêvasser devant chaque poussette qu'il croisait. À tel point qu'un jour, il laissa passer le feu au vert, au rouge, puis encore au vert, captivé par un sourire lumineux qui jaillissait d'un ventre de papa transformé en kangourou. Même le concert de Klaxon derrière lui ne pouvait l'arracher à ce moment de tendresse. Il se sentait prêt.
La gynécologue, un peu brusque, leur avait dit :
– On ne fait pas un enfant sur commande, il faut laisser faire le temps.
Cela avait cinglé à leurs oreilles comme une première salve.
– Si au bout de deux ans ça ne marche toujours pas, il faudra faire des examens plus poussés, aux deux, avait-elle ajouté en prenant des mains de Mirabelle sa carte Vitale.
Seconde et dernière salve. Le moral était à terre.
Mirabelle commença à culpabiliser, à se sentir anormale, à n'être pas une vraie femme. Incapable de donner la vie. Sam lui répétait que ce qui faisait un jardinier, ce n'était pas de planter la graine, mais d'en prendre soin, de l’élever, de la chérir et de l'aimer. Il lui raconta l'histoire du coucou qui pondait ses œufs dans le nid d’autres oiseaux. Il laissait les propriétaires du nichoir élever en amour leur progéniture abandonnée.
Il lui répétait que l’on n’est pas parent avec son ventre, mais avec ses tripes.
La tension était palpable à certains moments. Des petits riens, des tolérances entre eux qui s'estompaient. Une atmosphère soir d'orage qui dure, laissant l’air plein d’électricité statique. Bien sûr, le vrai problème n'était pas la chaussette rebelle qui disparaît, ni le frigo mal fermé. Ce n'étaient que des points de friction palliatifs. Le report de conflit classique qui cachait la vraie question : que ferons-nous si on ne peut pas en avoir ? Que fera notre couple ? Que sera notre couple ?
Finalement, après quelques mois, ils décidèrent de rencontrer un autre spécialiste afin de voir ce qui n'allait pas. Le rendez-vous eut lieu le jeudi suivant, à dix heures. Il devait durer toute la journée, avec la batterie de tests. Ils n'auraient les résultats que lors d'un autre rendez-vous, le mardi suivant.
– Vu que l'on est en vacances tous les deux, si on partait jusqu'à lundi soir ? dit Sam avec un sourire complice.
– Pourquoi pas ? Mais tu veux aller où ?
Une onde de bonheur ondulait sur sa voix.
– Je te propose le Pays basque, avec l'interdiction de parler des examens et de médecine, dit-il fermement surtout, sur la fin de sa phrase.
– D'accord, je crois qu’on en a besoin. On passe à la maison, on prend le matériel de rando et hop ! on va à Artzamendi.
Son visage s'illumina. Il y avait un petit moment qu'il n'avait brillé de cet éclat.
– Prenons la tente aussi. S'il pleut trop, on trouvera toujours un gîte à Itxasou.
Ils avaient souvent campé sur les flancs d'Artzamendi, après le pas de Roland. Une année même, sous un été brûlant, ils s'étaient baignés dans la Nive. Pas seulement aspergés mais intégralement baignés dans cette eau vivifiante et glacée.
À 16 h 30, coffre plein, bouteilles d'eau et barres de céréales, ils quittèrent par l'A10, l'espace d'un instant, leurs soucis. Ils espéraient sans se le dire collecter sur les flancs de la montagne un peu d'argile pour rejointer les fissures de leur amour. Une fissure de rien, presque invisible, qui sur un vase, en cas de tension, pouvait être le point de rupture total. Les fleurs s'y baignant se retrouveraient bafouées au sol.
L'été précédent, après un rendez-vous sur Toulouse, Sam avait retrouvé son amour à La Négresse, la gare de Biarritz, pour un week-end à San Sébastien. Sur Toulouse, le soleil d'été avait peint en jaune la végétation. Il avait été surpris, passé Pau, par le costume vert arrogant des champs et jardins. Aujourd'hui, en roulant sur la route de Cambo-les-Bains, il comprit pourquoi.
Après une traversée des Landes sous le soleil, ils se trouvèrent vite sous les nuages bloqués et agglutinés au pied des montagnes. Ils s'y essoraient comme de vieilles éponges.
– Je crois Sam, que pour le bivouac ce soir, c'est foutu, dit Mirabelle d'un air dépité.
– Tu as raison. On trouvera bien une chambre d'hôtes. Moi, j'irais bien dans la petite ferme, après le restaurant. Il me semble avoir vu, la dernière fois, une pancarte marquée « gîte d'étape ».
– Pourquoi pas ? De toute façon, on reviendra sur Cambo si on ne trouve rien. Et puis, mon royaume pour un lit sec, déclama-t-elle avant de rire.
Après dix minutes de lacets sur l'étroite route d'Artzamendi entre les trombes d'eau et les mares grandissantes, ils trouvèrent la petite ferme et sa pancarte. Ils coururent jusqu'au porche en pierre qui protégeait la porte d'entrée, et eux-mêmes maintenant. Ruisselant, une flaque d'eau, parodie de leur ombre, allongeait leur silhouette. Un marteau en fer noir, accroché sur la porte d'entrée en chêne, les invita à se manifester. La profondeur du creux vermoulu recevant le frappeur est un bon indice d’hospitalité. À travers les rideaux, une vieille dame accrochée derrière des lunettes les regardait depuis qu'ils s'étaient garés.
Toc toc toc. Après une dizaine de gloup gloup débordant de la gouttière, la porte s'ouvrit. Une mamie sans âge leur apparut.
– Bonjour, ou plutôt bonsoir, madame, lança Mirabelle avec son plus beau sourire.
– Bonsoir m’sieur dame. Alors, que puis-je faire pour vous ?
– On souhaiterait une chambre pour la nuit, s'il vous plaît. On avait prévu de camper, mais vu le temps…
La petite mamie regarda les milliers de gouttelettes qui martelaient le sol. Puis elle regarda les deux chats mouillés devant elle.
– Ah oui ! Sûr qu'il pleut ! D'habitude, je loue pas les chambres avant fin juin. Elles sont pas toutes faites.
– On est amoureux du coin et cela nous embêterait de repartir sur Cambo.
– Bon, vous avez bien l'air mignons tous les deux. Et puis, mouillés comme ça, vous allez attraper la mort, dit avec douceur la mamie aux milles rides aux deux grelottants.
Un bref échange de connivence se refléta en même temps dans leurs pupilles respectives d’amoureux.
– Merci madame. C'est combien pour la nuit ?
– Si c'est en liquide, cinquante euros la chambre et les petits-déjeuners. Mais allez, rentrez ma petite dame pendant que monsieur va chercher vos affaires.
– Merci madame, dit Mirabelle en se réfugiant à l’intérieur et au sec. Sam, prends aussi le sac vert, tu veux bien ?
Aussitôt qu’elle fut à l’intérieur, un chien court sur pattes, tenant plus du vieux saucisson à poils courts que du canidé, lui sauta sur les mollets.
– Oh ! Qu'il est mignon, mentit-elle. Comment il s'appelle ?
– C'est mon Mintzul, dit-elle avec beaucoup d'affection dans la voix.
– C'est basque comme nom ?
– Oui, ça veut dire « muet ». Car depuis qu'il est petit, il n'aboie pas. Le vétérinaire, qui venait avant pour les vaches, m'a dit qu'il avait un problème aux cordes vocales.
Le chien, sentant que l'on parlait de lui, se mit à tirer la langue et à faire la fête de plus belle.
Caché derrière trois sacs, Sam frappa de nouveau à la porte. Il entra après un frottage appuyé des pieds sur le tapis et qui voulait signifier « Je respecte votre maison ». Il suivit le mouvement vers une chambre au bout d'un couloir.
– Voilà votre chambre.
La vieille dame ouvrit une porte sur la droite.
– La salle de bains est juste à côté.
Elle ouvrit une autre porte un peu plus à gauche.
– Pour les toilettes, c'est au bout du couloir, continua-t-elle.
– Merci, répondirent en chœur les amoureux.
– Ah ! Attendez, je vous donne une autre couverture.
– Merci. Vous savez si le restaurant Saint-Pierre, plus haut, est ouvert, madame ?
– Ouh ! Il est fermé aujourd'hui. Je peux vous faire un peu de soupe et un œuf piperade au plat sur un morceau de ventrèche, si vous voulez. Des bons œufs que j'ai ramassés ce matin.
– Parfait, mais on ne voudrait pas trop vous déranger.
– Oh, vous savez à mon âge et depuis que j'ai perdu mon mari, tout ce qui bouscule mes journées me fait du bien. Allez, je vous attends dans ma cuisine dans un quart d'heure.
Elle partit d'un pas léger, comme si elle avait vingt ans de moins que la personne qui leur avait ouvert la porte. Ils en profitèrent pour se sécher, se changer et échanger des baisers. Elle avait adopté un pantalon de rando multipoches, un tee-shirt épais et une polaire sans manches. Quant à Sam, il était vêtu d’une grosse chemise rouge à carreaux de montagnard et un jean sans âge. Une odeur traversant le couloir les attrapa par le bout des narines. Elle les mena dans une pièce moyenne, où une table en chêne près d'une cuisinière au bois les attendait. Le petit chien haletant les accueillit comme s'ils s'étaient quittés depuis trois mois.
– C'est à la bonne franquette. Vous avez de la chance, j'ai fait un gâteau basque cet après-midi. Mais il est meilleur après deux ou trois jours.
Elle n'était pas de bonne humeur : elle était la bonne humeur.
– Méfiez-vous, madame, on va s'installer ici ! dit en riant Mirabelle.
– Oh, ce n'est rien. Quand à la saison, je cuisine pour tous les gens qui viennent, c'est autre chose. Et si j'avais fait un tel repas à mon mari, je pense qu'il m'aurait quittée pour la première cuisinière qu’il aurait rencontrée. Il fallait voir ce qu'il avalait.
– Oui, mais il devait se dépenser, avec la ferme, dit Sam.
– Ah ça non ! C'était la ferme de mes parents. Lui, il pouvait pas travailler à la ferme, il avait une mauvaise jambe, dit-elle un peu plus bas, comme s’il pouvait l'entendre. Alors, il a fait des études : il était aide-comptable chez les chocolats Noblia, à Cambo.
– On a toujours tendance à penser que les gens vivant dans une ferme sont agriculteurs ou éleveurs. On a bien des idées, essaya de rattraper Mirabelle.
– On a arrêté le gros de la ferme quand mon père est mort. On a gardé des poules et des lapins, juste pour nous. Et puis, j'ai aménagé des chambres d'hôtes quand mes enfants sont partis.
On sentit un peu de nostalgie dans sa voix.
– Ils voulaient pas reprendre la ferme, vos enfants ? demanda Mirabelle.
– Non. Ma fille, elle est institutrice à côté de Pau. Elle était bonne élève à l'école. Et mon fils, lui il a toujours aimé le bois. Alors il est menuisier au Bas-Cambo. Il vient m'aider de temps en temps et il a gardé deux champs pour les foins. Je crois qu'il fait ça pour me faire plaisir.
– Vous auriez aimé qu'il reprenne la ferme ? demanda Sam.
– Non, c'est une vie trop dure pour les gens de maintenant. Et puis, ma fille est institutrice et j'en suis très fière. C'est pas grand-chose peut-être, pour vous, mais ici ça compte, mentit-elle à moitié.
– Oh si ! vous pouvez en être fière.
Mirabelle proposa de faire la vaisselle, mais face à la barricade dressée devant l'évier par la propriétaire, elle abdiqua. Puis ils quittèrent la table pour aller se coucher. Ils étaient vannés, et demain ils avaient prévu une magnifique balade. La même qu'ils avaient fait à leurs débuts, avant même qu'ils entendent leurs cœurs se parler.
Chapitre 3
Sur leurs sentiers de vie
Le lendemain matin, après un copieux petit-déjeuner, ils quittèrent la ferme. Leur hôtesse d'une nuit avait insisté pour qu'ils laissent leur voiture dans la cour. Ils marchèrent sur la route pendant deux cents mètres, puis tournèrent à gauche par un chemin à chèvres. On reconnaît les chemins à chèvres d’après trois indices : le premier, un passage, pas très large et pas très haut, dans les genêts, ronces et autres végétaux hostiles ; le deuxième, c’est au sol que l'on peut le voir : des petites marches en terre façonnées par l'impact des bonds successifs des caprinés ; le troisième, tels les cailloux du Petit Poucet, des boulettes de crottes. Ils suivirent ces fils d'Ariane.
Ce qu'ils aimaient par-dessus tout dans cette balade, c'était le changement brutal du paysage. Après un passage sous des grands chênes accrochés à une pente couverte de buissons piquants, au bout de quarante-cinq minutes, une barrière de fougères. Une fois cette barrière franchie, la pente s'adoucit fortement pour laisser la place à une prairie d'herbes clairsemées d'îlots d'arbres allant par deux ou trois. Ces parasols naturels sont une invitation à la sieste les jours de grosse chaleur. Ou bien une invitation à y jeter une nappe à carreaux. Cette dernière serait forcément habillée d'un gros pain de campagne et de sa consœur de 75 cl à la belle robe rouge, d'un pot de pâté aux trompettes de la mort, de deux ou trois tomates faisant de l'œil à une tranche de pain beurrée avec générosité, d'un camembert remerciant son emballage de le soutenir et du sacro-saint Thermos de café. Mais aujourd'hui, leur but n'était pas là. Le sommet avec ses radars les narguait de trop. Ils avaient un rendez-vous avec les vautours et les pottoks d'en haut. Et il n'était que 9 h 30.
Passé ce merveilleux endroit, on pénétrait dans un royaume minéral. Un désert de rochers en granite rosé composait une grande partie du reste de la pente, depuis le point où ils se situaient, car l'inclinaison à deux plateaux occultait une partie du parcours. Le plus sécurisant, pour franchir le monticule instable des rochers, était de se munir d'un bâton pour tester l'équilibre de chaque pierre avant d'y poser le bout de sa chaussure. Mesure salutaire si l’on ne voulait pas donner raison à Newton. La fin de cette montée, si on suivait le raccourci, se faisait en s'accrochant aux touffes d'herbes qui avaient remplacé la rocaille. Pas de cette herbe grasse et généreuse du début, mais de cette herbe de sommet, sauvage et maigre. Plus le sac à dos est lourd, plus l'inclinaison du corps vers l'avant est accentuée et la prise des touffes forte. Et comme ils avaient le matériel pour bivouaquer, tente, matelas et sacs de couchage, ils devaient presque s'accrocher aussi avec les dents. Enfin arrivés en haut, en nage, le cœur battant jusqu'aux tempes, devenus un peu dragon avec du feu dans la gorge, ils s'allongèrent heureux, avec leur sac à dos en guise d'oreiller. Ils étaient purifiés jusque dans leur âme. Un vent frais calmait le feu qui s'était allumé sur leurs joues, sur leur front et dans leurs poumons. Après un bon demi-litre d'eau chacun, ils burent un café accompagné d'une bonne brioche aux pépites de chocolat qui s'était cachée dans un emballage industriel. Ils se sentaient bien. L'effort avait effacé les stigmates de la tension des derniers mois. Sam avait envie de la prendre dans ses bras. Elle ne se refusa pas. S'ensuivit un baiser langoureux suivi de gestes que seuls l'amour et la passion peuvent initier.
– Allez, maintenant il faut que l'on redescende sur la petite rivière, là, juste un peu plus bas, dit Sam en sentant que s’ils restaient ainsi, ils finiraient par faire l'amour.
Et même s’ils l'avaient déjà fait à cet endroit, ils en avaient déjà implicitement choisi un autre. Chaque moment unique vécu sur un site unique était source de sauvegarde pour leur flamme.
– OK. De toute façon, j'ai les pieds en compote avec ces nouvelles chaussures. Et si je les enlève maintenant, je ne pourrai plus les remettre. Je vais les faire dégonfler dans la rivière.
– Les chaussures ?
– Très drôle ! Les pieds.
– D'accord ! Je vais t'aider, si tu veux ! se mit-il à ricaner.
– Tu vas voir qui de nous deux aura les fesses dans l'eau ! N'oublie pas que ton sac est plus lourd que le mien, alors dans ton élan et avec un peu d'aide… plouf ! renchérit-elle.
– Ah oui ! Le dernier à la rivière a un gage.
Ils attachèrent leur sac à dos et partirent dans une course folle. Leurs jambes suivaient le rythme de la douce pente. Cela dura bien quarante minutes. Les chevilles tinrent bon, le souffle moins. Mirabelle arriva la première, mais ne put s'arrêter à temps et finit sa course les deux pieds dans la rivière. Elle l'avait prévu, mais sans les chaussures. Sam la suivit de peu.
– Alors ? Qui est-ce qui a gagné ? dit-elle ironiquement.
– Tu es partie avant moi, râla-t-il.
– Mais oui. À toi le gage. Tu masseras mes pieds et mon pauvre dos pendant deux heures ce soir.
– D'accord, grommela-t-il juste pour la forme.
Mirabelle se déchaussa pour faire respirer ses pieds tout gonflés. Puis, avec délectation, elle les trempa dans la rivière. Les pieds dans l'eau, elle lava ses chaussettes et les mit à sécher sur un rocher.
– Ah ! Que ça fait du bien ! s'extasia-t-elle.
Sam défit son sac de son dos et fit de même. Assis sur un rocher, il regarda trois pottoks, un adulte et deux petits, se désaltérer un peu plus bas. Ces poneys, si typiques et si libres dans ces montagnes, forçaient le respect de Sam. Une libellule passa au-dessus d'eux. Le soleil faisait briller les ondulations de la rivière créées par le courant. Ils étaient vraiment bien. Un sourire un peu niais sur leurs visages en témoignaient. Ils restèrent là un petit moment. Quand on est bien, le temps se contorsionne. Puis ils se décidèrent à suivre la rivière. Cette dernière, par endroits, se transformait en large baignoire, au bonheur de quelques rochers rechignant à céder leur place. Puis arrivant à la falaise aux vautours, cette manifestation de la déesse de l'eau se gonflait d'orgueil pour passer de la position horizontale à verticale et se faire pompeusement appeler cascade. Bien sûr, vu d'en bas, ce n'était qu'un filet d'eau. Mais trois cent cinquante mètres plus haut, le cœur rempli d'optimisme, les pieds comme Sam à cinq centimètres du vide, on avait le droit, voire le devoir de l'appeler cascade.
Mirabelle, elle, était en retrait, suppliant son compagnon de venir vers elle. Il se recula symboliquement et s'assit sur un rocher. Mirabelle sortit ses jumelles à la recherche de nids de vautours. Ces seigneurs du ciel, au profit de vent thermique, tels des cerfs-volants sans ficelles, offraient un ballet majestueux. Sans faire de mouvements perceptibles, ils dessinaient des cercles, pour d'un coup d'un seul fondre sur le sol puis remonter, un peu plus lourd d'une agape pour lui ou leurs petits.
– J'en vois un dans son nid. Regarde, sa mère lui donne à manger, s'exclama Mirabelle, jumelles collées au-dessus du nez.
– Où ? s'exclama Sam, le nez en l'air comme un chien de chasse à qui son maître dit « cherche ».
– Là, le vautour qui décolle près du rocher.
Un vautour d'une belle envergure traçait des spirales dans le ciel.
– Je vois bien un vautour, mais pas de nid.
– Prends les jumelles et regarde à droite de l'arbrisseau sur le rocher, dit-elle en lui tendant les prothèses de vue.
– Ah oui, je le vois. Il est tout petit.
Il avait le sourire dans la voix. Les vautours par dizaines nichaient sur cette falaise parce qu'inaccessible aux pauvres êtres sans ailes.
Ils sortirent une couverture en guise de nappe et s'installèrent pour le pique-nique. Une boîte de conserve de maïs sur des œufs durs, avec un peu d'huile et du vinaigre en salade. Un bon morceau de pain de campagne qui pouvait se garder trois jours avec du pâté de boudin. Et en dessert, deux parts écrasées du gâteau basque que leur hôte de la veille leur avait données sans souffrir un refus. Sam sortit son petit réchaud pour faire en fin de repas un petit cappuccino. Ce qu'ils aimaient tous les deux dans la randonnée, c'était prendre le temps de contempler la nature, de faire une pause aussi longue que la marche. Mirabelle s'installa avec un livre sur les plantes pour essayer de les reconnaître. Elle aurait aimé avoir un grand-père qui, pendant ses balades, lui aurait expliqué les fleurs et les arbres. Mais avant la mort de ses parents, lorsqu’elle avait six ans, elle ne le voyait pas, et lorsqu’elle fut élevée en internat et par sa vieille tante, elle ne le vit pas davantage, jusqu’à sa disparition. C'est pourquoi, à chaque sortie, elle sortait ce vieux livre, comme pour créer cette relation avec son grand-père. Et elle oubliait tout, systématiquement.
Au bout de deux descriptions botaniques, elle succomba à la somnolence. Sam, impossible garnement, s'était mis à construire un barrage. Quelques cailloux et branches suffisaient à cet architecte en récréation : il s'amusait comme un petit fou et retrouvait les plaisirs si précieux de l'enfance. L’après-midi passa ainsi.
Puis ils redescendirent sur l'autre flanc de la montagne, à couvert des arbres et près d'un autre ruisseau pour établir leur bivouac. Pendant que Sam montait la tente, Mirabelle ramassa du bois mort pour le feu. Elle revint avec quelques mûres pour le dessert. Sam, en prévision de l'apéritif, plongea une bouteille de rosé dans la rivière, qu’il prit soin d’attacher avec une cordelette. Elle avait pris la chaleur toute la journée et serait au frais avant de s'évaporer dans leurs gosiers. Un décrassage de leurs carcasses dans l'eau plus que froide de la rivière s'imposait. Puis ils s'installèrent pour la soirée. Ils préféraient les soirées montagne aux soirées mondaines. Feu de camp, repas en tête à tête et le firmament comme lumière d'ambiance. Il alluma le feu pendant que Mirabelle attachait ensemble les deux sacs de couchage sous la tente. Avant la fin du repas, ils se retrouvèrent à moitié nus. Ils firent l'amour à la lumière du feu, exacerbés par la sensualité de la nature autour d'eux. Ils se caressèrent comme le vent caresse les feuilles, ils se mordirent de baisers comme le soleil mord l'herbe des sommets. Ils jouirent comme l'eau jaillit des sources entre deux rochers. Chaque corps était une aile, leur union un papillon. Ils virevoltèrent plus haut que les sommets. Et quand ils redescendirent, on pouvait voir sur leurs corps en feu quelques traces de poussières volées aux étoiles.
L'attente
Il ne manquait plus que huit pièces à son jeu d'échecs. Cela faisait quinze mois qu'ils essayaient d'avoir un enfant. Au début, d’après les renseignements soutirés à ses amies déjà riches d'une progéniture, on lui avait dit que trois à six mois après l'arrêt de la pilule étaient un minimum. Elle en était à quinze. Son travail, qui comblait jusqu’alors une grande partie de sa vie, ne suffisait plus. Un manque en elle s'installa au fil des mois. À trente-deux ans, certains appelaient cela l'horloge biologique, d'autres un désir d'accomplissement. Quand à Sam, qui au début n'avait qu'un désir relatif, se voyait rêvasser devant chaque poussette qu'il croisait. À tel point qu'un jour, il laissa passer le feu au vert, au rouge, puis encore au vert, captivé par un sourire lumineux qui jaillissait d'un ventre de papa transformé en kangourou. Même le concert de Klaxon derrière lui ne pouvait l'arracher à ce moment de tendresse. Il se sentait prêt.
La gynécologue, un peu brusque, leur avait dit :
– On ne fait pas un enfant sur commande, il faut laisser faire le temps.
Cela avait cinglé à leurs oreilles comme une première salve.
– Si au bout de deux ans ça ne marche toujours pas, il faudra faire des examens plus poussés, aux deux, avait-elle ajouté en prenant des mains de Mirabelle sa carte Vitale.
Seconde et dernière salve. Le moral était à terre.
Mirabelle commença à culpabiliser, à se sentir anormale, à n'être pas une vraie femme. Incapable de donner la vie. Sam lui répétait que ce qui faisait un jardinier, ce n'était pas de planter la graine, mais d'en prendre soin, de l’élever, de la chérir et de l'aimer. Il lui raconta l'histoire du coucou qui pondait ses œufs dans le nid d’autres oiseaux. Il laissait les propriétaires du nichoir élever en amour leur progéniture abandonnée.
Il lui répétait que l’on n’est pas parent avec son ventre, mais avec ses tripes.
La tension était palpable à certains moments. Des petits riens, des tolérances entre eux qui s'estompaient. Une atmosphère soir d'orage qui dure, laissant l’air plein d’électricité statique. Bien sûr, le vrai problème n'était pas la chaussette rebelle qui disparaît, ni le frigo mal fermé. Ce n'étaient que des points de friction palliatifs. Le report de conflit classique qui cachait la vraie question : que ferons-nous si on ne peut pas en avoir ? Que fera notre couple ? Que sera notre couple ?
Finalement, après quelques mois, ils décidèrent de rencontrer un autre spécialiste afin de voir ce qui n'allait pas. Le rendez-vous eut lieu le jeudi suivant, à dix heures. Il devait durer toute la journée, avec la batterie de tests. Ils n'auraient les résultats que lors d'un autre rendez-vous, le mardi suivant.
– Vu que l'on est en vacances tous les deux, si on partait jusqu'à lundi soir ? dit Sam avec un sourire complice.
– Pourquoi pas ? Mais tu veux aller où ?
Une onde de bonheur ondulait sur sa voix.
– Je te propose le Pays basque, avec l'interdiction de parler des examens et de médecine, dit-il fermement surtout, sur la fin de sa phrase.
– D'accord, je crois qu’on en a besoin. On passe à la maison, on prend le matériel de rando et hop ! on va à Artzamendi.
Son visage s'illumina. Il y avait un petit moment qu'il n'avait brillé de cet éclat.
– Prenons la tente aussi. S'il pleut trop, on trouvera toujours un gîte à Itxasou.
Ils avaient souvent campé sur les flancs d'Artzamendi, après le pas de Roland. Une année même, sous un été brûlant, ils s'étaient baignés dans la Nive. Pas seulement aspergés mais intégralement baignés dans cette eau vivifiante et glacée.
À 16 h 30, coffre plein, bouteilles d'eau et barres de céréales, ils quittèrent par l'A10, l'espace d'un instant, leurs soucis. Ils espéraient sans se le dire collecter sur les flancs de la montagne un peu d'argile pour rejointer les fissures de leur amour. Une fissure de rien, presque invisible, qui sur un vase, en cas de tension, pouvait être le point de rupture total. Les fleurs s'y baignant se retrouveraient bafouées au sol.
L'été précédent, après un rendez-vous sur Toulouse, Sam avait retrouvé son amour à La Négresse, la gare de Biarritz, pour un week-end à San Sébastien. Sur Toulouse, le soleil d'été avait peint en jaune la végétation. Il avait été surpris, passé Pau, par le costume vert arrogant des champs et jardins. Aujourd'hui, en roulant sur la route de Cambo-les-Bains, il comprit pourquoi.
Après une traversée des Landes sous le soleil, ils se trouvèrent vite sous les nuages bloqués et agglutinés au pied des montagnes. Ils s'y essoraient comme de vieilles éponges.
– Je crois Sam, que pour le bivouac ce soir, c'est foutu, dit Mirabelle d'un air dépité.
– Tu as raison. On trouvera bien une chambre d'hôtes. Moi, j'irais bien dans la petite ferme, après le restaurant. Il me semble avoir vu, la dernière fois, une pancarte marquée « gîte d'étape ».
– Pourquoi pas ? De toute façon, on reviendra sur Cambo si on ne trouve rien. Et puis, mon royaume pour un lit sec, déclama-t-elle avant de rire.
Après dix minutes de lacets sur l'étroite route d'Artzamendi entre les trombes d'eau et les mares grandissantes, ils trouvèrent la petite ferme et sa pancarte. Ils coururent jusqu'au porche en pierre qui protégeait la porte d'entrée, et eux-mêmes maintenant. Ruisselant, une flaque d'eau, parodie de leur ombre, allongeait leur silhouette. Un marteau en fer noir, accroché sur la porte d'entrée en chêne, les invita à se manifester. La profondeur du creux vermoulu recevant le frappeur est un bon indice d’hospitalité. À travers les rideaux, une vieille dame accrochée derrière des lunettes les regardait depuis qu'ils s'étaient garés.
Toc toc toc. Après une dizaine de gloup gloup débordant de la gouttière, la porte s'ouvrit. Une mamie sans âge leur apparut.
– Bonjour, ou plutôt bonsoir, madame, lança Mirabelle avec son plus beau sourire.
– Bonsoir m’sieur dame. Alors, que puis-je faire pour vous ?
– On souhaiterait une chambre pour la nuit, s'il vous plaît. On avait prévu de camper, mais vu le temps…
La petite mamie regarda les milliers de gouttelettes qui martelaient le sol. Puis elle regarda les deux chats mouillés devant elle.
– Ah oui ! Sûr qu'il pleut ! D'habitude, je loue pas les chambres avant fin juin. Elles sont pas toutes faites.
– On est amoureux du coin et cela nous embêterait de repartir sur Cambo.
– Bon, vous avez bien l'air mignons tous les deux. Et puis, mouillés comme ça, vous allez attraper la mort, dit avec douceur la mamie aux milles rides aux deux grelottants.
Un bref échange de connivence se refléta en même temps dans leurs pupilles respectives d’amoureux.
– Merci madame. C'est combien pour la nuit ?
– Si c'est en liquide, cinquante euros la chambre et les petits-déjeuners. Mais allez, rentrez ma petite dame pendant que monsieur va chercher vos affaires.
– Merci madame, dit Mirabelle en se réfugiant à l’intérieur et au sec. Sam, prends aussi le sac vert, tu veux bien ?
Aussitôt qu’elle fut à l’intérieur, un chien court sur pattes, tenant plus du vieux saucisson à poils courts que du canidé, lui sauta sur les mollets.
– Oh ! Qu'il est mignon, mentit-elle. Comment il s'appelle ?
– C'est mon Mintzul, dit-elle avec beaucoup d'affection dans la voix.
– C'est basque comme nom ?
– Oui, ça veut dire « muet ». Car depuis qu'il est petit, il n'aboie pas. Le vétérinaire, qui venait avant pour les vaches, m'a dit qu'il avait un problème aux cordes vocales.
Le chien, sentant que l'on parlait de lui, se mit à tirer la langue et à faire la fête de plus belle.
Caché derrière trois sacs, Sam frappa de nouveau à la porte. Il entra après un frottage appuyé des pieds sur le tapis et qui voulait signifier « Je respecte votre maison ». Il suivit le mouvement vers une chambre au bout d'un couloir.
– Voilà votre chambre.
La vieille dame ouvrit une porte sur la droite.
– La salle de bains est juste à côté.
Elle ouvrit une autre porte un peu plus à gauche.
– Pour les toilettes, c'est au bout du couloir, continua-t-elle.
– Merci, répondirent en chœur les amoureux.
– Ah ! Attendez, je vous donne une autre couverture.
– Merci. Vous savez si le restaurant Saint-Pierre, plus haut, est ouvert, madame ?
– Ouh ! Il est fermé aujourd'hui. Je peux vous faire un peu de soupe et un œuf piperade au plat sur un morceau de ventrèche, si vous voulez. Des bons œufs que j'ai ramassés ce matin.
– Parfait, mais on ne voudrait pas trop vous déranger.
– Oh, vous savez à mon âge et depuis que j'ai perdu mon mari, tout ce qui bouscule mes journées me fait du bien. Allez, je vous attends dans ma cuisine dans un quart d'heure.
Elle partit d'un pas léger, comme si elle avait vingt ans de moins que la personne qui leur avait ouvert la porte. Ils en profitèrent pour se sécher, se changer et échanger des baisers. Elle avait adopté un pantalon de rando multipoches, un tee-shirt épais et une polaire sans manches. Quant à Sam, il était vêtu d’une grosse chemise rouge à carreaux de montagnard et un jean sans âge. Une odeur traversant le couloir les attrapa par le bout des narines. Elle les mena dans une pièce moyenne, où une table en chêne près d'une cuisinière au bois les attendait. Le petit chien haletant les accueillit comme s'ils s'étaient quittés depuis trois mois.
– C'est à la bonne franquette. Vous avez de la chance, j'ai fait un gâteau basque cet après-midi. Mais il est meilleur après deux ou trois jours.
Elle n'était pas de bonne humeur : elle était la bonne humeur.
– Méfiez-vous, madame, on va s'installer ici ! dit en riant Mirabelle.
– Oh, ce n'est rien. Quand à la saison, je cuisine pour tous les gens qui viennent, c'est autre chose. Et si j'avais fait un tel repas à mon mari, je pense qu'il m'aurait quittée pour la première cuisinière qu’il aurait rencontrée. Il fallait voir ce qu'il avalait.
– Oui, mais il devait se dépenser, avec la ferme, dit Sam.
– Ah ça non ! C'était la ferme de mes parents. Lui, il pouvait pas travailler à la ferme, il avait une mauvaise jambe, dit-elle un peu plus bas, comme s’il pouvait l'entendre. Alors, il a fait des études : il était aide-comptable chez les chocolats Noblia, à Cambo.
– On a toujours tendance à penser que les gens vivant dans une ferme sont agriculteurs ou éleveurs. On a bien des idées, essaya de rattraper Mirabelle.
– On a arrêté le gros de la ferme quand mon père est mort. On a gardé des poules et des lapins, juste pour nous. Et puis, j'ai aménagé des chambres d'hôtes quand mes enfants sont partis.
On sentit un peu de nostalgie dans sa voix.
– Ils voulaient pas reprendre la ferme, vos enfants ? demanda Mirabelle.
– Non. Ma fille, elle est institutrice à côté de Pau. Elle était bonne élève à l'école. Et mon fils, lui il a toujours aimé le bois. Alors il est menuisier au Bas-Cambo. Il vient m'aider de temps en temps et il a gardé deux champs pour les foins. Je crois qu'il fait ça pour me faire plaisir.
– Vous auriez aimé qu'il reprenne la ferme ? demanda Sam.
– Non, c'est une vie trop dure pour les gens de maintenant. Et puis, ma fille est institutrice et j'en suis très fière. C'est pas grand-chose peut-être, pour vous, mais ici ça compte, mentit-elle à moitié.
– Oh si ! vous pouvez en être fière.
Mirabelle proposa de faire la vaisselle, mais face à la barricade dressée devant l'évier par la propriétaire, elle abdiqua. Puis ils quittèrent la table pour aller se coucher. Ils étaient vannés, et demain ils avaient prévu une magnifique balade. La même qu'ils avaient fait à leurs débuts, avant même qu'ils entendent leurs cœurs se parler.
Chapitre 3
Sur leurs sentiers de vie
Le lendemain matin, après un copieux petit-déjeuner, ils quittèrent la ferme. Leur hôtesse d'une nuit avait insisté pour qu'ils laissent leur voiture dans la cour. Ils marchèrent sur la route pendant deux cents mètres, puis tournèrent à gauche par un chemin à chèvres. On reconnaît les chemins à chèvres d’après trois indices : le premier, un passage, pas très large et pas très haut, dans les genêts, ronces et autres végétaux hostiles ; le deuxième, c’est au sol que l'on peut le voir : des petites marches en terre façonnées par l'impact des bonds successifs des caprinés ; le troisième, tels les cailloux du Petit Poucet, des boulettes de crottes. Ils suivirent ces fils d'Ariane.
Ce qu'ils aimaient par-dessus tout dans cette balade, c'était le changement brutal du paysage. Après un passage sous des grands chênes accrochés à une pente couverte de buissons piquants, au bout de quarante-cinq minutes, une barrière de fougères. Une fois cette barrière franchie, la pente s'adoucit fortement pour laisser la place à une prairie d'herbes clairsemées d'îlots d'arbres allant par deux ou trois. Ces parasols naturels sont une invitation à la sieste les jours de grosse chaleur. Ou bien une invitation à y jeter une nappe à carreaux. Cette dernière serait forcément habillée d'un gros pain de campagne et de sa consœur de 75 cl à la belle robe rouge, d'un pot de pâté aux trompettes de la mort, de deux ou trois tomates faisant de l'œil à une tranche de pain beurrée avec générosité, d'un camembert remerciant son emballage de le soutenir et du sacro-saint Thermos de café. Mais aujourd'hui, leur but n'était pas là. Le sommet avec ses radars les narguait de trop. Ils avaient un rendez-vous avec les vautours et les pottoks d'en haut. Et il n'était que 9 h 30.
Passé ce merveilleux endroit, on pénétrait dans un royaume minéral. Un désert de rochers en granite rosé composait une grande partie du reste de la pente, depuis le point où ils se situaient, car l'inclinaison à deux plateaux occultait une partie du parcours. Le plus sécurisant, pour franchir le monticule instable des rochers, était de se munir d'un bâton pour tester l'équilibre de chaque pierre avant d'y poser le bout de sa chaussure. Mesure salutaire si l’on ne voulait pas donner raison à Newton. La fin de cette montée, si on suivait le raccourci, se faisait en s'accrochant aux touffes d'herbes qui avaient remplacé la rocaille. Pas de cette herbe grasse et généreuse du début, mais de cette herbe de sommet, sauvage et maigre. Plus le sac à dos est lourd, plus l'inclinaison du corps vers l'avant est accentuée et la prise des touffes forte. Et comme ils avaient le matériel pour bivouaquer, tente, matelas et sacs de couchage, ils devaient presque s'accrocher aussi avec les dents. Enfin arrivés en haut, en nage, le cœur battant jusqu'aux tempes, devenus un peu dragon avec du feu dans la gorge, ils s'allongèrent heureux, avec leur sac à dos en guise d'oreiller. Ils étaient purifiés jusque dans leur âme. Un vent frais calmait le feu qui s'était allumé sur leurs joues, sur leur front et dans leurs poumons. Après un bon demi-litre d'eau chacun, ils burent un café accompagné d'une bonne brioche aux pépites de chocolat qui s'était cachée dans un emballage industriel. Ils se sentaient bien. L'effort avait effacé les stigmates de la tension des derniers mois. Sam avait envie de la prendre dans ses bras. Elle ne se refusa pas. S'ensuivit un baiser langoureux suivi de gestes que seuls l'amour et la passion peuvent initier.
– Allez, maintenant il faut que l'on redescende sur la petite rivière, là, juste un peu plus bas, dit Sam en sentant que s’ils restaient ainsi, ils finiraient par faire l'amour.
Et même s’ils l'avaient déjà fait à cet endroit, ils en avaient déjà implicitement choisi un autre. Chaque moment unique vécu sur un site unique était source de sauvegarde pour leur flamme.
– OK. De toute façon, j'ai les pieds en compote avec ces nouvelles chaussures. Et si je les enlève maintenant, je ne pourrai plus les remettre. Je vais les faire dégonfler dans la rivière.
– Les chaussures ?
– Très drôle ! Les pieds.
– D'accord ! Je vais t'aider, si tu veux ! se mit-il à ricaner.
– Tu vas voir qui de nous deux aura les fesses dans l'eau ! N'oublie pas que ton sac est plus lourd que le mien, alors dans ton élan et avec un peu d'aide… plouf ! renchérit-elle.
– Ah oui ! Le dernier à la rivière a un gage.
Ils attachèrent leur sac à dos et partirent dans une course folle. Leurs jambes suivaient le rythme de la douce pente. Cela dura bien quarante minutes. Les chevilles tinrent bon, le souffle moins. Mirabelle arriva la première, mais ne put s'arrêter à temps et finit sa course les deux pieds dans la rivière. Elle l'avait prévu, mais sans les chaussures. Sam la suivit de peu.
– Alors ? Qui est-ce qui a gagné ? dit-elle ironiquement.
– Tu es partie avant moi, râla-t-il.
– Mais oui. À toi le gage. Tu masseras mes pieds et mon pauvre dos pendant deux heures ce soir.
– D'accord, grommela-t-il juste pour la forme.
Mirabelle se déchaussa pour faire respirer ses pieds tout gonflés. Puis, avec délectation, elle les trempa dans la rivière. Les pieds dans l'eau, elle lava ses chaussettes et les mit à sécher sur un rocher.
– Ah ! Que ça fait du bien ! s'extasia-t-elle.
Sam défit son sac de son dos et fit de même. Assis sur un rocher, il regarda trois pottoks, un adulte et deux petits, se désaltérer un peu plus bas. Ces poneys, si typiques et si libres dans ces montagnes, forçaient le respect de Sam. Une libellule passa au-dessus d'eux. Le soleil faisait briller les ondulations de la rivière créées par le courant. Ils étaient vraiment bien. Un sourire un peu niais sur leurs visages en témoignaient. Ils restèrent là un petit moment. Quand on est bien, le temps se contorsionne. Puis ils se décidèrent à suivre la rivière. Cette dernière, par endroits, se transformait en large baignoire, au bonheur de quelques rochers rechignant à céder leur place. Puis arrivant à la falaise aux vautours, cette manifestation de la déesse de l'eau se gonflait d'orgueil pour passer de la position horizontale à verticale et se faire pompeusement appeler cascade. Bien sûr, vu d'en bas, ce n'était qu'un filet d'eau. Mais trois cent cinquante mètres plus haut, le cœur rempli d'optimisme, les pieds comme Sam à cinq centimètres du vide, on avait le droit, voire le devoir de l'appeler cascade.
Mirabelle, elle, était en retrait, suppliant son compagnon de venir vers elle. Il se recula symboliquement et s'assit sur un rocher. Mirabelle sortit ses jumelles à la recherche de nids de vautours. Ces seigneurs du ciel, au profit de vent thermique, tels des cerfs-volants sans ficelles, offraient un ballet majestueux. Sans faire de mouvements perceptibles, ils dessinaient des cercles, pour d'un coup d'un seul fondre sur le sol puis remonter, un peu plus lourd d'une agape pour lui ou leurs petits.
– J'en vois un dans son nid. Regarde, sa mère lui donne à manger, s'exclama Mirabelle, jumelles collées au-dessus du nez.
– Où ? s'exclama Sam, le nez en l'air comme un chien de chasse à qui son maître dit « cherche ».
– Là, le vautour qui décolle près du rocher.
Un vautour d'une belle envergure traçait des spirales dans le ciel.
– Je vois bien un vautour, mais pas de nid.
– Prends les jumelles et regarde à droite de l'arbrisseau sur le rocher, dit-elle en lui tendant les prothèses de vue.
– Ah oui, je le vois. Il est tout petit.
Il avait le sourire dans la voix. Les vautours par dizaines nichaient sur cette falaise parce qu'inaccessible aux pauvres êtres sans ailes.
Ils sortirent une couverture en guise de nappe et s'installèrent pour le pique-nique. Une boîte de conserve de maïs sur des œufs durs, avec un peu d'huile et du vinaigre en salade. Un bon morceau de pain de campagne qui pouvait se garder trois jours avec du pâté de boudin. Et en dessert, deux parts écrasées du gâteau basque que leur hôte de la veille leur avait données sans souffrir un refus. Sam sortit son petit réchaud pour faire en fin de repas un petit cappuccino. Ce qu'ils aimaient tous les deux dans la randonnée, c'était prendre le temps de contempler la nature, de faire une pause aussi longue que la marche. Mirabelle s'installa avec un livre sur les plantes pour essayer de les reconnaître. Elle aurait aimé avoir un grand-père qui, pendant ses balades, lui aurait expliqué les fleurs et les arbres. Mais avant la mort de ses parents, lorsqu’elle avait six ans, elle ne le voyait pas, et lorsqu’elle fut élevée en internat et par sa vieille tante, elle ne le vit pas davantage, jusqu’à sa disparition. C'est pourquoi, à chaque sortie, elle sortait ce vieux livre, comme pour créer cette relation avec son grand-père. Et elle oubliait tout, systématiquement.
Au bout de deux descriptions botaniques, elle succomba à la somnolence. Sam, impossible garnement, s'était mis à construire un barrage. Quelques cailloux et branches suffisaient à cet architecte en récréation : il s'amusait comme un petit fou et retrouvait les plaisirs si précieux de l'enfance. L’après-midi passa ainsi.
Puis ils redescendirent sur l'autre flanc de la montagne, à couvert des arbres et près d'un autre ruisseau pour établir leur bivouac. Pendant que Sam montait la tente, Mirabelle ramassa du bois mort pour le feu. Elle revint avec quelques mûres pour le dessert. Sam, en prévision de l'apéritif, plongea une bouteille de rosé dans la rivière, qu’il prit soin d’attacher avec une cordelette. Elle avait pris la chaleur toute la journée et serait au frais avant de s'évaporer dans leurs gosiers. Un décrassage de leurs carcasses dans l'eau plus que froide de la rivière s'imposait. Puis ils s'installèrent pour la soirée. Ils préféraient les soirées montagne aux soirées mondaines. Feu de camp, repas en tête à tête et le firmament comme lumière d'ambiance. Il alluma le feu pendant que Mirabelle attachait ensemble les deux sacs de couchage sous la tente. Avant la fin du repas, ils se retrouvèrent à moitié nus. Ils firent l'amour à la lumière du feu, exacerbés par la sensualité de la nature autour d'eux. Ils se caressèrent comme le vent caresse les feuilles, ils se mordirent de baisers comme le soleil mord l'herbe des sommets. Ils jouirent comme l'eau jaillit des sources entre deux rochers. Chaque corps était une aile, leur union un papillon. Ils virevoltèrent plus haut que les sommets. Et quand ils redescendirent, on pouvait voir sur leurs corps en feu quelques traces de poussières volées aux étoiles.
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Si il y a un ou une volontaire pour tout lire et me donner son avis, je peux en MP lui donner un lien pour la version en pdf. Le livre est court.
J'ai eu de bon retour dessus, mais un retour anonyme sera toujours constructif.
Sinon je le remets dans ma culotte.
J'ai eu de bon retour dessus, mais un retour anonyme sera toujours constructif.
Sinon je le remets dans ma culotte.
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Des statiques obscurs montre que sur une population de 124 personnes de classe d'âge, de 7 à 177 ans, la lecture d'un livre entraîne l'envie d'en lire un autre.
Sauf peut être certains livres.
Sauf peut être certains livres.
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
J'aime beaucoup ! Il faudrait peut être insister pour les publier ? c'est dommage de ne pas en faire profiter plus de monde. Je te souhaite de les publier un jour. Parfois c'est quand on y croit plus que le destin vient frapper à notre porte.
Vendredi- Messages : 643
Date d'inscription : 02/01/2013
Age : 53
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
J'ai lu et j'ai aimé. Ce serait dommage qu'il reste dans ta culotte Je veux bien le pdf, j'ai envie de les voir jouer une partie sur l'échiquier avec toutes les pièces...
Lophophora- Messages : 415
Date d'inscription : 11/12/2012
Age : 51
Localisation : Singapore
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Volontaire pour tout lire aussi en PDF !
MarSupilami- Messages : 788
Date d'inscription : 25/11/2012
Localisation : Océan Indien
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Merci Lophophora,
je t'envoie un lien sur ton mp ce soir pour le télécharger, je suis au boulot et j'ai pas le lien sous le coude.
Merci du temps que tu prendras à le lire.
je t'envoie un lien sur ton mp ce soir pour le télécharger, je suis au boulot et j'ai pas le lien sous le coude.
Merci du temps que tu prendras à le lire.
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Marsupilami?
pareil et merci je t'envoie un lien par mp ce soir.
Cela me remonte le moral
pareil et merci je t'envoie un lien par mp ce soir.
Cela me remonte le moral
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
J'ai regardé le fil par curiosité du titre, et je me retrouve en bas en ayant tout lu... :lol
Moi aussi je veux bien le PDF.
J'ai déjà qqs remarques, que je t'envoie en MP.
Moi aussi je veux bien le PDF.
J'ai déjà qqs remarques, que je t'envoie en MP.
Shamrock- Messages : 936
Date d'inscription : 13/12/2012
Age : 39
Localisation : Alsace
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Merci Shanrock,
je t'envoie le lien en mp ce soir.
je t'envoie le lien en mp ce soir.
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Bonjour Flo Tant, si tu veux bien m'ajouter à la liste des volontaires... Par le temps qu'il fait ton roman est une bouffée de soleil, merci !
Ise- Messages : 7899
Date d'inscription : 18/10/2012
Age : 55
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Bonjour Ise,
oulala j'espère qu'il ne vous décevra pas.
Bien sur Ise avec grand plaisir.
Je vais vraiment rester sur ce forum
oulala j'espère qu'il ne vous décevra pas.
Bien sur Ise avec grand plaisir.
Je vais vraiment rester sur ce forum
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Tu avais préparé ta valise et t'apprêtais à nous quitter ?
Tu peux te poser tu vois, on ne mord pas !
Au fait je ne t'ai pas dit mais J'ADORERAIS écrire, alors je suis éblouie quand je vois des écrivains, à force de voir certains d'entre vous se lancer je e lancerai peut-être !
D'ici là je te confirme je te lirai
Tu peux te poser tu vois, on ne mord pas !
Au fait je ne t'ai pas dit mais J'ADORERAIS écrire, alors je suis éblouie quand je vois des écrivains, à force de voir certains d'entre vous se lancer je e lancerai peut-être !
D'ici là je te confirme je te lirai
Ise- Messages : 7899
Date d'inscription : 18/10/2012
Age : 55
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Attention j'en ai un deuxième en réserve.
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Bon ben voilà, j'ai adoré.
Et vous ?...
Et vous ?...
Lophophora- Messages : 415
Date d'inscription : 11/12/2012
Age : 51
Localisation : Singapore
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Attilap, je te l'envoie par mp dans la journée.
Vu l'heure de ton message tu dois bien dormir j'espère à cette heure.
Pour ma par je vais à un truc dont je ne me rappelle pas le nom, un truc chiant quand on l'a, et chiant quand on l'a pas. Le début c'est b, et la fin lot.
Bon je retrouverai sur la route.
Bonne journée
Vu l'heure de ton message tu dois bien dormir j'espère à cette heure.
Pour ma par je vais à un truc dont je ne me rappelle pas le nom, un truc chiant quand on l'a, et chiant quand on l'a pas. Le début c'est b, et la fin lot.
Bon je retrouverai sur la route.
Bonne journée
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Et non je n'ai pas encore dormis !
Ton truc c'est b ou lot ?
Bonne journée !
Ton truc c'est b ou lot ?
Bonne journée !
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Oui c'est bien boule haut, juste dans la gorge. .
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
je venais aux nouvelles de votre lecture
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Un GRAND BONJOUR Flo , pour te rassurer : malade puis prise jour et nuit par un dossier je n'ai pas encore lu la suite que je te remercie d'avoir pris la peine de m'envoyer. Mais tu veux que je te dise ? Déjà je suis sûre que je vais aimer car je rêve de me retrouver à la montagne avec tes deux randonneurs
Un gros SMIIIIIIIIIIIIICK, surtout ne t'inquiète pas.
Si tu rencontres un méchant qui n'aime pas dis-lui d'oser me le dire et je lui envoie un coup virtuel sur la truffe !
Un gros SMIIIIIIIIIIIIICK, surtout ne t'inquiète pas.
Si tu rencontres un méchant qui n'aime pas dis-lui d'oser me le dire et je lui envoie un coup virtuel sur la truffe !
Ise- Messages : 7899
Date d'inscription : 18/10/2012
Age : 55
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Merci Ise,
Je te laisse à ton dossier qui me dit comme j'ai un don de voyance, qu'il ne parle pas de montagne, de fleur des champs et d'amour..
bon courage car les dossier on un effet comme cela sur moi.
Je te laisse à ton dossier qui me dit comme j'ai un don de voyance, qu'il ne parle pas de montagne, de fleur des champs et d'amour..
bon courage car les dossier on un effet comme cela sur moi.
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Ben en fait ton message a eu un effet de récré sur moi, et je suis en pleine lecture... C'est passionnant, très triste, si beau...
Je fais une pause, et j'emporte ton bouquin au lit car je veux le lire comme un cadeau, pas sur une table entre un dossier et des assiettes
Je sens que je vais le finir ce soir. Déjà je peux te dire qu'il restera dans mon esprit au même titre que "Oscar et la dame rose", tu connais ?
Je t'embrasse très très fort pour te remercier d'avoir écrit une si belle histoire
Je fais une pause, et j'emporte ton bouquin au lit car je veux le lire comme un cadeau, pas sur une table entre un dossier et des assiettes
Je sens que je vais le finir ce soir. Déjà je peux te dire qu'il restera dans mon esprit au même titre que "Oscar et la dame rose", tu connais ?
Je t'embrasse très très fort pour te remercier d'avoir écrit une si belle histoire
Ise- Messages : 7899
Date d'inscription : 18/10/2012
Age : 55
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
J'en pleure, bravo, merci
C'est un roman magnifique, j'aime...
Je vais faire de beaux rêves cette nuit grâce à toi
Histoire très touchante, et très positive ça change des propos critiques ou grognons qu'on entend à longueur de journée; Un beau message d'amour
C'est un roman magnifique, j'aime...
Je vais faire de beaux rêves cette nuit grâce à toi
Histoire très touchante, et très positive ça change des propos critiques ou grognons qu'on entend à longueur de journée; Un beau message d'amour
Ise- Messages : 7899
Date d'inscription : 18/10/2012
Age : 55
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Je suis en train de le lire, mais je prends mon temps. Depuis que j'ai des problèmes de vision, je lis moins et moins vite. Avant, je lisais 4 ou 5 livres en alternance pour ne pas me lasser. Actuellement, j'ai dû mal à me concentrer. Pour le moment c'est très bien ! Merci beaucoup pour ce partage. Je m'applique à le lire consciencieusement, et je me surprends à me forcer à ne pas le lire en diagonale, par respect pour ton travail. Mais c'est dur dur !!! Je résiste aussi à ne pas lire la fin entre deux pages, vite fait... (c'est le plus dur ça !!!).
Là je fais une petite pause parce que c'est un sujet sensible qui me touche beaucoup, et qui me rappelle des souvenirs douloureux.
Là je fais une petite pause parce que c'est un sujet sensible qui me touche beaucoup, et qui me rappelle des souvenirs douloureux.
Vendredi- Messages : 643
Date d'inscription : 02/01/2013
Age : 53
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Merci de toute les précotions que tu prends avec mon enfant de papier.
Et si tu y prends du plaisir, j'en suis heureux et je m'en nourrie.
Pardon pour mon impatience.
Et si tu y prends du plaisir, j'en suis heureux et je m'en nourrie.
Pardon pour mon impatience.
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Ca y est je l'ai fini ! C'est vraiment superbement bien écrit. Merci encore. Je te souhaite d'en écrire encore des dizaines et de dizaines.
Vendredi- Messages : 643
Date d'inscription : 02/01/2013
Age : 53
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Merci
Cela me motive bien pour le 3 eme qui est en écriture.
Cela me motive bien pour le 3 eme qui est en écriture.
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Et moi je commence le chapitre VIII du chasseur d'ogres, et je me régale autant qu'avec le premier
Lophophora- Messages : 415
Date d'inscription : 11/12/2012
Age : 51
Localisation : Singapore
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Merci , je prends, cela fait du bien.
Bonne lecture.
Bonne lecture.
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Tiens nous informés de tes avancées !
__Byzantin__- Messages : 96
Date d'inscription : 17/01/2013
Age : 35
Localisation : Paris
Re: Mon premier livre fini. Lettre en bouteille.
Merci byzantin,
Pour l'instant, au vu des retour , je pense renvoyer des manuscrits.
Mais bon comme je suis sur le troisième, et que je prends mon pied, j'y pense et puis j'oublie.
Pour l'instant, au vu des retour , je pense renvoyer des manuscrits.
Mais bon comme je suis sur le troisième, et que je prends mon pied, j'y pense et puis j'oublie.
Flo tant- Messages : 265
Date d'inscription : 27/06/2012
Age : 48
Localisation : Bordeaux
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