Textes sur la souffrance et/ou l'ennui, le sentiment de vide

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Message par cassis Mer 19 Déc 2012 - 11:48

Bonjour,

Auriez-vous des textes à faire partager sur le thème de la souffrance, de la douleur voire de l'ennui, du sentiment de vide?

Des textes qui ont fait écho en vous ou que vous avez vous-mêmes écrits...



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Message par Zzita Jeu 27 Déc 2012 - 21:09

Le classique Wink


http://chabrieres.pagesperso-orange.fr/texts/consolation.html


Le moins classique Wink


https://www.youtube.com/watch?v=aiXcUTTLud4


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Message par SoleilSombre Jeu 27 Déc 2012 - 21:19

Essaie les romantiques (Musset, Chateaubriand) si tu aimes...Le spleen, etc....Tu trouveras de la matière mais, là, tu t'attaques à des pavés.
Je trouve que Faulkner (Le bruit et la fureur) traite aussi beaucoup de ce sujet (à lire en anglais si possible). Duras aussi (L'amant). Ce sont différents ennuis mais l'attente est très présente dans leur oeuvre...

Tout dépend de ta sensibilité à toi, ce qui te parlerait le plus : prose, poème, essai, texte philosophique. Il faut trouver ce qui te parle.
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Message par Mégalopin Ven 28 Déc 2012 - 2:28

Michel Jonasz a écrit des textes de chansons sublimes dans cet univers, dans sa période 75/80 (rien à voir avec ses chansons ultérieures)



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Message par cramique Ven 8 Fév 2013 - 10:12

Madame Bovary !
Sur la souffrance et la culpabilité : Crime et châtiment.

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Message par Fata Morgana Ven 8 Fév 2013 - 10:58

Henri Michaux ! Qui remplissait son vide avec du délire !

"Qu'est-ce que cette vallée verdoyante ? Nous voulons du volcan !"
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Message par gibus Ven 8 Fév 2013 - 12:27


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Message par jmd Ven 8 Fév 2013 - 16:42

- Crème et Châtiment
- Différence et souffrance de l'adulte surdoué
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Message par kyria Dim 10 Fév 2013 - 23:53

Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de Stieg Dagerman (Zzita en donne le lien plus haut), qui traite du sentiment de vide et de la difficulté à trouver un équilibre du fait des paradoxes existentiels. La première fois que je l'ai lu, il m'a fait pleurer... Triste
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Message par gibus Lun 11 Fév 2013 - 0:17

Je te rejoins sur ce texte, je lui ai même dédié un sujet :
Notre besoin de consolation est impossible à rassasier - Stig DAGERMAN

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Message par Pieyre Lun 11 Fév 2013 - 0:30

Le concept de l'angoisse, de Kierkegaard.
Je ne me souviens pas de ce qu'il y a dedans, mais bien d'avoir souffert et de m'être ennuyé en le lisant.

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Message par Quasar Lun 11 Fév 2013 - 1:59

« Notre besoin de consolation est impossible à rassasier » fut pendant longtemps un de mes (nombreux) livres de chevet (je me suis toujours arrangé pour me ménager beaucoup de place pour beaucoup de livres autour de mon lit) jusqu'à ce que je déménage et qu'il se retrouve perdu au fond d'un carton où il dort encore....

C'est la première fois que je "rencontre" quelqu'un qui me "parle" de ce livre et j'en pleure presque de joie tant l'émotion est forte....

Pouvoir magique de la réminiscence !

Ce livre-testament, qui précède de peu le suicide de son auteur (1923-1954) - je cite les dates de mémoire - me fit monter les larmes aux yeux dès la lecture des premières lignes....

Dans ma folle jeunesse, j'avais une grande admiration pour Stieg Dagerman, non pas tant l'écrivain que le journaliste et combattant politique....

Merci Kyria d'avoir ravivé sa mémoire....

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Message par Olifaxe Dim 17 Fév 2013 - 12:13

Les fleurs du mal, Baudelaire, au dessus c'est le soleil...

Les Spleens...
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Message par Groland Jeu 14 Mar 2013 - 22:42

L'isolement de Lamartine

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Message par Uccen Mar 14 Mai 2013 - 16:48

Dostoïevski, Musil

Même si lien non évident (avec souffrance et/ou l'ennui, le sentiment de vide), La Condition humaine, Malraux.

Et lien encore moins évident : Nietzsche.
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Message par luluonthebridge Jeu 16 Mai 2013 - 1:35

bureau de tabac de Pessoa(clairement HPI...)
un extrait:
http://www.franceculture.fr/emission-je-deballe-ma-bibliotheque-bruno-abraham-kremer-nous-lit-35-2012-04-18

(les versions textes sont pourries sur le web, je mets un bout de la version que j'ai)

Que sais je de ce que je serai moi qui ne sais pas qui je suis?
Etre qui je pense? Mais il y en tant qui pense etre la meme chose que moi qu'ils ne peuvent être aussi nombreux!

.... un genie? .. en ce moment 100 000 cerveaux se prennent en reve, comme moi, pour des genies et l'histoire n'en retiendra peut etre pas un seul;
Tant de conquetes a venir ne produiront que du fumier.
Non, je ne crois pas en moi
Dans tous les asiles, il existe des malades rendus fous par de telles certitudes!

Comment serai je plus sur, comment serais je moins sur moi qui n'ai pas de certitude,
Non, pas meme en moi

Dans combien de mansardes et de non mansardes du monde
n'y a til a cette heure de genies -pour -eux -même qui revent?
combien d'aspirations nobles et lucides-
oui vraiment hautes nobles et lucides-
mais peut etre realisables,
Combien verront la lumiere du vrai soleil et trouveront la moindre audience?

le monde est a celui qui nait pour le conquerir
et non a celui qui reve de pouvoir le conquerir
meme s il a raison
J'ai reve plus que Napoleon n'a conquis
J'ai serré sur mon coeur hypothetique plus d'humanité que le Christ
J'ai conçu en secret des philosophies qu'aucun Kant n'a écrites
Mais je suis et resterai peut etre toujours celui de la mansarde
Que pourtant je n'habite pas
Je serai toujours celui qui n'etait pas né pour ça;
Je serai toujours celui qu iavait des dispositions;
Je serai toujours celui qui attendait qu on lui ouvrit la porte au pied d'un mur sans porte..... Like a Star @ heaven


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Message par offset Mar 4 Fév 2014 - 21:25

Bonsoir ou bonjour,

Comme un fauve en cage,
Je suis prisonnière de mes pensées, je n'arrive pas a rester en place
quand ce vide m 'envahie. Certains jours j'ai l'impression que je vais craquer.
J'ai peur de cet ennui qui noie mon esprit et qui me rend triste.
Pourqoui ma tête se voile d'un nuage gris qui me torture l'esprit,
cette pensée je ne sais comment la soigner

et vous ?

********************************************************
une chanson qui ressemble à cet etat d'esprit
le monde est stone de fabienne thibault
****************************************






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Message par Pieyre Mar 4 Fév 2014 - 21:32

Il a été cité, mais je le place intégralement.


    Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
    Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
    Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
    Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits;

    Quand la terre est changée en un cachot humide,
    Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
    S'en va battant les murs de son aile timide
    Et se cognant la tête à des plafonds pourris;

    Quand la pluie étalant ses immenses traî­nées
    D'une vaste prison imite les barreaux,
    Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
    Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

    Des cloches tout à coup sautent avec furie
    Et lancent vers le ciel un affreux hurle­ment,
    Ainsi que des esprits errants et sans patrie
    Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

    – Et de longs corbillards, sans tambours ni musi­que,
    Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir,
    Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
    Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

    — Charles Baudelaire, Speen, Les fleurs du mal

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Message par Helen M. Mar 4 Fév 2014 - 22:32

.


Dernière édition par Helen M. le Mar 2 Fév 2016 - 2:27, édité 1 fois
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Message par Invité Mer 5 Fév 2014 - 1:23



Ça ne prévient pas, ça arrive
Ça vient de loin
c'est traîné de rive en rive
La gueule en coin
Et puis un matin, au réveil
C'est presque rien
Mais c'est là, ça vous ensommeille
Au creux des reins

[Refrain] :
Le mal de vivre
Le mal de vivre
Qu'il faut bien vivre
Vaille que vivre

On peut le mettre en bandoulière
Ou comme un bijou à la main
Comme une fleur en boutonnière
Ou juste à la pointe du sein
C'est pas forcément la misère
C'est pas Valmy, c'est pas Verdun
Mais ces larmes aux paupières
Au jour qui meurt, au jour qui vient

[Refrain] :

Ce mal de vivre
Ce mal de vivre
Que l'on doit vivre
Vaille que vivre

Qu'on soit de Rome ou d'Amérique
Qu'on soit de Londres ou de Pékin
Qu'on soit d'Egypte ou bien d'Afrique
Ou de la porte Saint-Martin
On fait tous la même prière
On fait tous le même chemin
Qu'il est long quand on doit le faire
Avec son mal au creux des reins

Ils ont beau vouloir nous comprendre
Ceux qui nous viennent les mains nues
Nous ne voulons plus les entendre
On ne peut pas, on n'en peut plus
Et tous seuls dans le silence
D'une nuit qui n'en finit plus
Voilà que soudain on y pense
A ceux qui n'en sont pas revenus

[Refrain] :

Du mal de vivre
Leur mal de vivre
(???)
Vaille que vivre


Et sans prévenir, ça arrive
Ça vient de loin
Ça s'est promené de rive en rive
Le rire en coin
Et puis un matin, au réveil
C'est presque rien
Mais c'est là, ça vous émerveille
Au creux des reins

La joie de vivre
La joie de vivre
Oh, viens la vivre
Ta joie de vivre


(Fin un peu plus optimiste ça ne fait pas de mal, mais cela reste un très beau texte sur la souffrance de vivre, je trouve)

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Message par Princeton Lun 10 Mar 2014 - 22:48

Il y a dans les textes de jeunesse de Flaubert des passages qui m'ont marqués à vie. En voici quelques uns, ils viennent de Novembre (le texte est disponible en intégralité sur wikisource mais je ne peux pas poster le lien car je viens de m'inscrire et "les nouveaux membres ne sont pas autorisés à poster de liens externes ou des emails pendant sept jours") :

"Il me vint bien vite un invincible dégoût pour les choses d'ici-bas. Un matin, je me sentis vieux et plein d'expériences sur mille choses inéprouvées, j'avais de l'indifférence pour les plus tentantes et du dédain pour les plus belles ; tout ce qui faisait l'envie des autres me faisait pitié, je ne voyais rien qui valût même la peine d'un désir, peut-être ma vanité faisait-elle que j'étais au-dessus de la vanité commune et mon désintéressement n'était-il que l'excès d'une cupidité sans bornes. J'étais comme ces édifices neufs, sur lesquels la mousse se met déjà à pousser avant qu'ils ne soient achevés d'être bâtis ; les joies turbulentes de mes camarades m'ennuyaient, et je haussais les épaules à leurs niaiseries sentimentales : les uns gardaient tout un an un vieux gant blanc, ou un camélia fané, pour le couvrir de baisers et de soupirs ; d'autres écrivaient à des modistes, donnaient rendez-vous à des cuisinières ; les premiers me semblaient sots, les seconds grotesques. Et puis la bonne et la mauvaise société m'ennuyaient également, j'étais cynique avec les dévots et mystique avec les libertins, de sorte que tous ne m'aimaient guère.

Ce n'était point la douleur de René ni l'immensité céleste de ses ennuis, plus beaux et plus argentés que les rayons de la lune ; je n'étais point chaste comme Werther ni débauché comme Don Juan ; je n'étais, pour tout, ni assez pur, ni assez fort.
J'étais donc, ce que vous êtes tous, un certain homme, qui vit, qui dort, qui mange, qui boit, qui pleure, qui rit, bien renfermé en lui-même, et retrouvant en lui, partout où il se transporte, les mêmes ruines d'espérances sitôt abattues qu'élevées, la même poussière de choses broyées, les mêmes sentiers mille fois parcourus, les mêmes profondeurs inexplorées, épouvantables et ennuyeuses. N'êtes-vous pas las comme moi de vous réveiller tous les matins et de revoir le soleil ? las de vivre de la même vie et de souffrir la même douleur ? las de désirer et las d'être dégoûté ? las d'attendre et las d'avoir ?
A quoi bon écrire ceci ? pourquoi continuer, de la même voix dolente, le même récit funèbre ? Quand je l'ai commencé, je le savais beau, mais à mesure que j'avance, mes larmes me tombent sur le coeur et m'éteignent la voix.
Oh ! le pâle soleil d'hiver ! il est triste comme un souvenir heureux. Nous sommes entourés d'ombre, regardons notre foyer brûler ; les chardons étalés sont couverts de grandes lignes noires entrecroisées, qui semblent battre comme des veines animées d'une autre vie ; attendons la nuit venir.

Quelquefois, n'en pouvant plus, dévoré de passions sans bornes, plein de la lave ardente qui coulait de mon âme, aimant d'un amour furieux des choses sans nom, regrettant des rêves magnifiques, tenté par toutes les voluptés de la pensée, aspirant à moi toutes les poésies, toutes les harmonies, et écrasé sous le poids de mon coeur et de mon orgueil, je tombais anéanti dans un abîme de douleurs, le sang me fouettait la figure, mes artères s'étourdissaient, ma poitrine semblait rompre, je ne voyais plus rien, je ne sentais plus rien, j'étais ivre, j'étais fou, je m'imaginais être grand, je m'imaginais contenir une incarnation suprême, dont la révélation eût émerveillé le monde, et ses déchirements, c'était la vie même du dieu que je portais dans mes entrailles. A ce dieu magnifique j'ai immolé toutes les heures de ma jeunesse ; j'avais fait de moi-même un temple pour contenir quelque chose de divin, le temple est resté vide, l'ortie a poussé entre les pierres, les piliers s'écroulent, voilà les hiboux qui y font leur nids. N'usant pas de l'existence, l'existence m'usait, mes rêves me fatiguaient encore plus que de grands travaux ; une création entière, immobile, irrévélée à elle-même, vivait sourdement sous ma vie ; j'étais un chaos dormant de mille précipices féconds qui ne savaient comment se manifester ni que faire d'eux-mêmes, ils cherchaient leurs formes et attendaient leur moule.

Je ne trouvais rien qui fût digne de moi, je me trouvais également propre à rien. Travailler, tout sacrifier à une idée, à une ambition, ambition misérable et triviale, avoir une place, un nom ? après ? à quoi bon ? Et puis je n'aimais pas la gloire, la plus retentissante ne m'eût point satisfait parce qu'elle n'eût jamais atteint à l'unisson de mon coeur.
Je suis né avec le désir de mourir. Rien ne me paraissait plus sot que la vie et plus honteux que d'y tenir. Elevé sans religion, comme les hommes de mon âge, je n'avais pas le bonheur sec des athées ni l'insouciance ironique des sceptiques. Par caprice sans doute, si je suis entré quelquefois dans une église, c'était pour écouter l'orgue, pour admirer les statuettes de pierre dans leurs niches ; mais quand au dogme, je n'allais pas jusqu'à lui ; je me sentais bien le fils de Voltaire.
Je voyais les autres gens vivre, mais d'une autre vie que la mienne : les uns croyaient, les autres niaient, d'autres doutaient, d'autres enfin ne s'occupaient pas du tout de tout ça et faisaient leurs affaires, c'est-à-dire vendaient dans leurs boutiques, écrivaient leurs livres ou criaient dans leur chaire ; c'était là ce qu'on appelle l'humanité, surface mouvante des méchants, de lâches, d'idiots et de laids. Et moi j'étais dans la foule, comme une algue arrachée sur l'Océan, perdue au milieu des flots sans nombre qui roulaient, qui m'entouraient et qui bruissaient.

Je ne voyais rien à quoi me raccrocher, ni le monde, ni la solitude, ni la poésie, ni la science, ni l'impiété, ni la religion ; j'errais en tout cela comme les âmes dont l'enfer ne veut pas et que le paradis repousse. Alors je me croisais les bras, me regardant comme un homme mort, je n'étais plus qu'une momie embaumée dans ma douleur ; la fatalité, qui m'avait courbé dès ma jeunesse, s'étendait pour moi sur le monde entier, je la regardais se manifester dans toutes les actions des hommes aussi universellement que le soleil sur la surface de la terre, elle me devint une atroce divinité, que j'adorais comme les Indiens adorent le colosse ambulant qui leur passe sur le ventre ; je me complaisais dans mon chagrin, je ne faisais plus d'effort pour en sortir, je le savourais même, avec la joie désespérée du malade qui gratte sa plaie et se met à rire quand il a du sang aux ongles.
Il me prit contre la vie, contre les hommes, contre tout, une rage sans nom. J'avais dans le coeur des trésors de tendresse, et je devins plus féroce que les tigres ; j'aurais voulu anéantir la création et m'endormir avec elle dans l'infini du néant ; que ne me réveillais-je à la lueur des villes incendiées ! J'aurais voulu entendre le frémissement des ossements que la flamme fait pétiller, traverser des fleuves chargés de cadavres, galoper sur des peuples courbés et les écraser des quatre fers de mon cheval, être Genghis Khan, Tamerlan, Néron, effrayer le monde au froncement de mes sourcils."
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Message par Oviri Jeu 13 Mar 2014 - 13:19

Tout l'oeuvre de David Foster Wallace, écrivain américain mort (suicide) en 2008.

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Message par HopeDreamer Jeu 13 Mar 2014 - 22:22

Moi j'ai fait des textes moi même sur ces thèmes, des écrits personnelles que je fait quand je vais vraiment mal, alors bon ils ne sont pas écrits pour que des gens les vois ;/
"La mort, je l’ai effleurée tant de fois, je me suis même jetée dedans mais mon père m'a rattrapée par le bras. Elle me fait toujours le même effet, pas de frissons, pas de peurs, juste une certaines satisfaction, je vois la fin, la fin d’une souffrance interminable, plus je m’en rapproche, plus elle me quitte, et plus elle me quitte, plus le bonheur me rattrape.

Le danger, les grandes sensations, les grands frissons, ces choses où je sens mon cœur battre, où je sens mon cœur se soulever, frissonner, ils me donnent l’impression de vivre !

C’est dingue, je parle de la mort comme si elle me faisait vivre, et je parle de la vie comme si j’étais morte, les deux se mélangent, se confondent, comme si je n’étais plus certaines d’avoir les pieds sur terre. Certainement qu’à l’intérieur c’est déjà trop tard, il n’y a peut être plus rien et tout est surement déjà mort. La seule chose qui me fait croire vivante, c’est la souffrance, qui me prouve que je suis encore là.

Toutes ces phrases absurdes, toute ces phrases ignobles, elles sont cachées par un sourire, juste un sourire, et les gens aveuglés par l’inconscience du monde ne voie que ça, alors que mon regard froid et ma voix inerte démontre que mon état intérieur est déjà loin, en enfer, au paradis ? Je n’en sais rien, il à fait du bien autour de lui, mais n’a reçu que du mal, peut-être que pour lui, l’enfer c’est le quotidien, peut-être que pour lui, le diable c’est la vie ?"


"Texte: Noyer par le chagrin

Je me sens de plus en plus lourde, j'aperçois cette lumière que je m'efforce de garder au près de moi, mais plus rien n'y fait.
Rien est trop tard me diriez vous ?
Alors que mon esprit tente de remonter jusqu'à cette lumière, mon coeur me tire vers le fond. Plus aucuns membres ne répond à mes ordres. Mon coeur est tellement lourd... Il est empli de tristesse et de haine à s'en demander si ce n'est pas lui qui a noyer l'océan...
Mes pensées son accablées par le passé...
Ma vie repasse lentement pour que mes pires souffrances est le temps de me hanter. Pourtant, seul mes meilleurs souvenirs reste, et l'envie de sortir d'ici me submerge, mais viens le pire, jusqu'a se que mes regrets me délaisses...
Je sais que tout ceux qui sont dans mon coeur vont coulaient avec moi... Leur souffrance seras pire que la mienne seulement à cause d'une petite égoïste... Seulement ça, c'est se que pense mon esprit...
Lui, mon coeur, me pousse a cesser de me battre... Il en a marre, il en assez, il s'en lasse...
Je ferme les yeux et ne tente plus de me battre, seul, comme à mon habitude... Pour mon dernier moment je vais changer... Pour ma toute première fois, j'épargne ma fierté et lâche tout... J'abandonne."

"Quand tu te bat pour vivre, quand chaque jours paraître est une corvée, quand de simples tâches, quand de simples loisirs deviennent ennuyeux. Il y à ce moment où, après avoir parcourus tant de chemin, après t'être battue sans relâche, sans jamais abandonner, même après tout ces coups en pleins visages, tu arrive au vide !
Tu te rend compte que tout ce que tu as fait ne t’as menée à rien. Que tu prenne le chemin de droite, ou de gauche, tu arriveras au même résultat : Une douleur intense qui augmenteras au fond de toi.
Ton état s'empira, quoique tu fasse. Il n'y a aucunes issues de secours, tu ne peux pas fuir, tu est obligée d’avancer en sachant que tu va droit dans le mur, que dans quelque mètres, tu tomberas dans un gouffre.
Tu as mal parce que si tu auras fait telles ou telles choses, tu aurais pu surmonter quelques échelons, mais c’est issues sont invisbles.
Tu te rend compte que tu est débile, que tu est le vilain petit canard, un monstre pour la plus part des gens, que tu rate ta vie et ton enfance, mais le pire, c’est que tu n’y est pour rien.
C’est comme si une malédiction t'étais tombé dessus,bah maintenant tu te démmerde avec, toute ta vie, et seul, seul contre tout, contre le regret de chaque instants, contre la nature, contre le monde.
Bonne chance, surtout que la société d’aujourd’hui ne t’aide en rien. Pourquoi bonne chance ? Je n’en ai pas."


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Textes sur la souffrance et/ou l'ennui, le sentiment de vide Empty Re: Textes sur la souffrance et/ou l'ennui, le sentiment de vide

Message par Pieyre Sam 15 Mar 2014 - 21:47

« Si les singes savaient s’ennuyer, ils pourraient devenir des hommes. » — Goethe

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