an alien's
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Re: an alien's
"Il y a pour les hommes d'aujourd'hui un chemin intérieur, que je connais bien pour l'avoir parcouru dans les deux sens, et qui va des collines de l'esprit aux capitales du crime. Bien sûr on peut toujours le refuser, s'endormir sur la colline, ou se carrer dans le crime. Mais si l'on renonce à une part de ce qui est, il faut renoncer soi-même à être. Il faut donc renoncer à vivre ou à aimer, autrement que par procuration. Il y a ainsi une volonté de vivre, sans rien refuser de la vie, qui est la vertu que j'honore le plus en ce monde. De loin en loin, au moins, je voudrais l'avoir exercée."
Albert Camus
Albert Camus
Invité- Invité
Re: an alien's
Merci de ton passage6bouleauy a écrit:
... extra les citations (j'adhère à tout plein)
... et je pose donc un flambeau(-marqueur) ici à l'instant pour mieux suivre ton fil...
Contente que les citations te parlent
Invité- Invité
Re: an alien's
... ah ben si en plus tu rajoutes Camus... alors là !...
6 bouleaux- Messages : 545
Date d'inscription : 02/10/2012
Localisation : Nantes
Re: an alien's
Humeur du jour ....
(Björk's song):
if you ever get close to a human
and human behaviour
be ready be ready to get confused
there's definitely definitely definitely no logic
to human behaviour
but yet so yet so irresistible
and there's no map to human behaviour
they're terribly terribly terribly terribly moody
then all of a sudden turn happy
but, oh, to get involved in the exchange
of human emotions
is ever so ever so satisfying
and there's no map
and a compass wouldn't help at all
(Björk's song):
if you ever get close to a human
and human behaviour
be ready be ready to get confused
there's definitely definitely definitely no logic
to human behaviour
but yet so yet so irresistible
and there's no map to human behaviour
they're terribly terribly terribly terribly moody
then all of a sudden turn happy
but, oh, to get involved in the exchange
of human emotions
is ever so ever so satisfying
and there's no map
and a compass wouldn't help at all
Invité- Invité
Re: an alien's
Je suis aussi souvent dans "l'absolue". Suite à une méditation ou l'observation intense d'un oiseaux, il arrive ce moment où "je" (qui n'existe plus vraiment je pense, c'est un abus de langage je ne sais m'exprimer autrement) ne vois plus d'un manière fondée sur l'identification. Je ne vois plus la forme, je ne vois plus l'oiseau, non pas dans le sens physique puisque que mes yeux le perçoive mais mon esprit ne l'identifie plus en tant que animal, oiseaux, ayant des plumes etc... Il n'y a plus que la vie qui l'anime. Il n'y que l'être. Comme une abyssal communion avec le monde, une paix qui englobe tout, sans pour autant que les notions d'espace et de temps ne rentre en compte, l'oiseau n'est plus ici, et je ne suis plus là. Cela est. C'est si dur de mettre des mots, des auteurs très intéressants sur ce genre d'états - Krishnamurti et Christophe Allain. Et les autres choses de la vie n'ont plus autant importance après. Le piège je crois c'est qu'après la jouissance de cet état on veut revivre sa.
Tu as fait ce genre d’expériences Pessoa ?
Tu as fait ce genre d’expériences Pessoa ?
Rienestfigé- Messages : 80
Date d'inscription : 15/09/2012
Age : 30
Re: an alien's
J'aimerai te parler de quelque chose que je n'arrive pas à comprendre moi-même. C'est cet état d'extase, il vient puis il part. Cela faisais plusieurs semaines que je n'avais plus ressentis ces états, puis depuis quelques jours il m'arrive de sentir ma conscience "partir", se transformer et rentrer dans ce que l'on pourrait alors appeler l'absolue. Le truc c'est que j'ai peur, dés que je sens cette transformation je chercher à l'identifier et ça le dissous. Ex : Ce midi en gare, un moment je me suis dis.. tout est parfait. J'étais dans un état de pur amour selon Krishnamurti, ou je me réjouisser de chaque mouvement, que je voyais pour la première fois, aucunes questions ne me traversé l'esprit etc.. Seulement , j'ai envie de vivre plus de ces moments comme je le vivais pendant plusieurs heures il y a des mois mais je me dis ( pourquoi ?) que si je cherche à les provoqué ils ne seront pas véritable alors je me sens coincé. Qu'en pense-tu ? C'est infiniment plus complexe mais la pauvre langue et le texte me limite, c'est presque frustrant.
Rienestfigé- Messages : 80
Date d'inscription : 15/09/2012
Age : 30
Re: an alien's
eh bien déjà, vois-tu de quoi tu as peur ?
Le voir amène son lot de compréhensions et de dénouements
Oui, le dilemme entre arriver à le "provoquer" puis après se dire qu'en fait, finalement, si on arrive à le provoquer y a un truc qui a l'air "faux" dans l'histoire... à un moment j'ai eu une période où c'était assez présent
Un jour j'ai lu en me baladant par hasard sur le site de Daniel Odier des mots qui m'ont fait "tilt"
(je cite de mémoire, sais pas si ce sont ses termes exacts) :
"j'étais devenu un petit esprit malpropre qui se provoquait son petit samadhi sur commande "
ça a eu beaucoup d'impact sur moi, car ça mettait très exactement les mots à la fois sur le côté 'malaise' de l'histoire (malpropre), et sur un certain degré d'extase malgré tout (samadhi - dont il y a plusieurs sortes )
On voit de plus en plus profondément le fonctionnement de la conscience, et il y a des moments où on a apparemment accès aux "rouages mécaniques" de l'affaire, si je peux parler ainsi un peu vulgairement.
Et il y a un aspect positif à cela (exploration poussée plus loin, compréhension améliorée )
Mais ça finit par devenir un obstacle et une source de blocage si on commence à manipuler ça ( ce qu'on peut faire jusqu'à un certain point, très relatif) dans un esprit d'avidité.
Mais bon... facile à dire
Au bout du compte, on fait tout simplement ce qu'on peut
Accueillir ce qui vient, voilà tout...
Le voir amène son lot de compréhensions et de dénouements
Oui, le dilemme entre arriver à le "provoquer" puis après se dire qu'en fait, finalement, si on arrive à le provoquer y a un truc qui a l'air "faux" dans l'histoire... à un moment j'ai eu une période où c'était assez présent
Un jour j'ai lu en me baladant par hasard sur le site de Daniel Odier des mots qui m'ont fait "tilt"
(je cite de mémoire, sais pas si ce sont ses termes exacts) :
"j'étais devenu un petit esprit malpropre qui se provoquait son petit samadhi sur commande "
ça a eu beaucoup d'impact sur moi, car ça mettait très exactement les mots à la fois sur le côté 'malaise' de l'histoire (malpropre), et sur un certain degré d'extase malgré tout (samadhi - dont il y a plusieurs sortes )
On voit de plus en plus profondément le fonctionnement de la conscience, et il y a des moments où on a apparemment accès aux "rouages mécaniques" de l'affaire, si je peux parler ainsi un peu vulgairement.
Et il y a un aspect positif à cela (exploration poussée plus loin, compréhension améliorée )
Mais ça finit par devenir un obstacle et une source de blocage si on commence à manipuler ça ( ce qu'on peut faire jusqu'à un certain point, très relatif) dans un esprit d'avidité.
Mais bon... facile à dire
Au bout du compte, on fait tout simplement ce qu'on peut
Accueillir ce qui vient, voilà tout...
Invité- Invité
Re: an alien's
Accepter que la Grâce nous visite quand elle le veut ... et qu'on ne peut pourtant pas faire autrement que la rechercher tant que ne nous est pas donné de lâcher l'avidité
Invité- Invité
Re: an alien's
D'accord, je vais voir ce qu'il dit Daniel.
Je ne vois pas de quoi j'ai peur, ce que je sais du moind c'est que des j'ai peurs sous un bon paquet de formes.
Merci
Je ne vois pas de quoi j'ai peur, ce que je sais du moind c'est que des j'ai peurs sous un bon paquet de formes.
Merci
Rienestfigé- Messages : 80
Date d'inscription : 15/09/2012
Age : 30
Re: an alien's
Je n'ai cité Daniel Odier que parce que ses mots - pêchés au hasard d'une balade sur le web et qui tombaient à pic à l'époque - illustraient bien ce à quoi nous nous intéressions sur notre échange de posts
Mais personnellement, je n'ai pas beaucoup d'atomes crochus avec lui.
Il y a cependant pas mal de matière intéressante dans ses écrits, et certaines personnes font avec lui un travail tout à fait fructueux pour eux.
Mais personnellement, je n'ai pas beaucoup d'atomes crochus avec lui.
Il y a cependant pas mal de matière intéressante dans ses écrits, et certaines personnes font avec lui un travail tout à fait fructueux pour eux.
Invité- Invité
Re: an alien's
Salut Pessoa et Riennesfigé,
Quand l'extase est partie, j'ai été comme vexée et je me suis sentie abandonnée. Je me suis demandée s'il y avait quelque chose qui ne fonctionnait pas bien chez moi, si j'avais fait une erreur quelque part.
Puis je me suis rendue compte que je n'avais pas beaucoup vécu, et c'est alors que j'ai commencé (je commence) à accepter les problèmes, les qui pro quo, les difficultés, les blocages, les temps de latence de la vie quotidienne. Ce qui fait que je prends maintenant contact avec le monde des émotions toutes simples et tout simplement humaines, ces choses étranges que j'avais refoulées et bien enfermées sous clef. Et c'est passionnant, même l'ennui, même la colère, même la peur, même la tristesse. Là dedans, je ne sais rien ; et c'est beau.
Quand l'extase est partie, j'ai été comme vexée et je me suis sentie abandonnée. Je me suis demandée s'il y avait quelque chose qui ne fonctionnait pas bien chez moi, si j'avais fait une erreur quelque part.
Puis je me suis rendue compte que je n'avais pas beaucoup vécu, et c'est alors que j'ai commencé (je commence) à accepter les problèmes, les qui pro quo, les difficultés, les blocages, les temps de latence de la vie quotidienne. Ce qui fait que je prends maintenant contact avec le monde des émotions toutes simples et tout simplement humaines, ces choses étranges que j'avais refoulées et bien enfermées sous clef. Et c'est passionnant, même l'ennui, même la colère, même la peur, même la tristesse. Là dedans, je ne sais rien ; et c'est beau.
TooManyNamesAlready- Messages : 138
Date d'inscription : 11/01/2013
Age : 40
Localisation : Reims
Re: an alien's
Oui, c'est passionnant, oui c'est beau
Comme tu l'as peut être lu dans ma réponse à ton dernier post sur ce fil, c'est aussi ce que je visite pleinement !
Il y aussi ces moments où : quand c'est pas l'extase, c'est l'extase quand même
Je veux dire par là, à un moment donné, absolument tout ce qui peut être vécu, vu, est parfait, est "bliss", au-delà des catégories usuelles de bien ou mal, souffrance ou jouissance
Il ne reste qu'à vivre sa vie toute simple, prise de tête ou non, pensées ou non, petit personnage empêtré ou non etc
Comme tu l'as peut être lu dans ma réponse à ton dernier post sur ce fil, c'est aussi ce que je visite pleinement !
Il y aussi ces moments où : quand c'est pas l'extase, c'est l'extase quand même
Je veux dire par là, à un moment donné, absolument tout ce qui peut être vécu, vu, est parfait, est "bliss", au-delà des catégories usuelles de bien ou mal, souffrance ou jouissance
Il ne reste qu'à vivre sa vie toute simple, prise de tête ou non, pensées ou non, petit personnage empêtré ou non etc
Invité- Invité
Re: an alien's
"l'âme à chaque pas trouve à faire son miel
(...)
les coins les plus noirs ont des lueurs de ciel"
Victor Hugo
(...)
les coins les plus noirs ont des lueurs de ciel"
Victor Hugo
Invité- Invité
Re: an alien's
Pessoa ZC a écrit:
Bon... 'suis un peu perplexe là..
À chaque fois que je poste, je me surprends à poster autour de tout ce que je pensais n'avoir aucune motivation d'écrire
Je sais pas pourquoi je poste tout ça ...
Mais ça me vient, alors je suis le mouvement, voilà tout ...
Pessoa F. a écrit:
Tout cela ne me sert à rien, car rien ne me sert à rien. Mais je me sens soulagé en écrivant, comme peut l'être un malade qui soudain respire mieux, sans que sa maladie ait cessé pour autant.
Eclair de Feu- Messages : 12
Date d'inscription : 05/01/2013
Age : 31
Re: an alien's
Oh pessoa, est-ce que tu aurais vu Les arcs-en-ciel du noir, l'exposition d'Annie Le Brun sur Victor Hugo, l'an dernier à Paris ? Je n'y suis pas allée, n'ai pas (encore) lu le livre qui en a été tiré, mais j'aime beaucoup l'énergie, la force de cet auteur, et en même temps sa grâce.
Dernière édition par TooManyNamesAlready le Dim 20 Jan 2013 - 12:54, édité 1 fois (Raison : rajout - je n'arrivais pas à synthétiser ma pensée alors je suis revenue après coup)
TooManyNamesAlready- Messages : 138
Date d'inscription : 11/01/2013
Age : 40
Localisation : Reims
Re: an alien's
Tout ce que vous dîtes... c'est... c'est merveilleux que l'on puisse en parler comme ça, tout bêtement, sur un forum, sans passer pour un fou ni se donner des allures d'éveillés, en toute simplicité.
Jusqu'ici il n'y avait que mon petit bloc-notes qui ne risquait pas de me pouffer à la figure.
Je trouve tellement de résonances... le tout premier noeud, le premier déchirement jubilatoire du voile, la permanence surprenante d'une paix jamais goûtée encore, tout est justifié, tout est exactement comme il se doit d'être...et puis quelque chose d'avide en nous se réveille, quelque chose qui a été longtemps blessé de soif et ne compte pas laisser cette aubaine s'évanouir sans tenter d'en garder une petite réserve pour les jours de sécheresse.
Alors on s'agrippe, mais on ne peut pas s'agripper à la grâce, c'est comme saisir de l'eau entre ses doigts, ça file... et ce qu'on a gardé, ce n'est rien qu'une empreinte, mais on ne veut pas le voir, et on se retrouve à tenter vainement de tirer et tirer encore le fil de la jouissance en ne vénérant qu'une forme, fade, frigide, sans relief... mais on ne veut pas voir, alors vite, il faut l'inventer, le relief, le façonner, voilà... mais plus on en veut, plus il s'affadit, plus la joie s'alourdit, s'engraisse, et l'on se rend compte un jour brusquement à quel point l'on est seul et misérablement en train de se repaître de son propre égo ; d'en faire une forteresse au lieu d'en faire un muscle pour agir et sentir ce qui se déroule tout autour et qui est tellement plus riche que la prison d'extase en carton-pâte...
Ce malaise du "petit samadhi sur commande" (cette expression est pas mal décapante... ), c'est le retour de bâton de l'avidité... et curieusement, avec le recul, je trouve qu'on voit à quel point cette errance là fait elle-même partie du "processus" (affreux mot qui dit assez ce qu'on veut trop croire que c'est). J'ai eu l'impression, avec tout ça, de prendre une "bonne leçon" ; comme si la "grâce" "m'éduquait", et m'éduquait à un mouvement de balancier qui allait être constant ensuite, une sorte de phrase rythmique alternant le fermé et l'ouvert, le plein et le vide, que je devrais par la suite comme apprendre à harmoniser avec de plus en plus de précision et de souplesse, sans forcer, sans lâcher.
Après avoir vécu pour la première fois cette sorte de "cycle montée-descente", il m'a semblé découvrir que ce que j'appelais ma conscience était comme une sorte de "valve", encore complètement maladroite, et que toute ma vie allait consister à apprendre à harmoniser le mouvement de cette valve, à en faire une sorte de "respiration" juste, à trouver le bon rythme entre le fermé et l'ouvert, et qui consistait à trouver l'exacte ligne de jonction entre l'extérieur et l'intérieur... c'est à dire ne jamais me disperser dans l'un ou me renfermer dans l'autre mais maintenir la ligne de crête entre ces deux versants.
Mais là encore, rien n'est fait... et ce n'est certainement pas le fait d'avoir une certaine idée du "rythme" pour en avoir surpris une bribe qui ait un quelconque effet sur cette espèce de "respiration" de l'âme... au contraire, là-dessus le discours peut être le pire des parasites, avec cette manie occidentale de transformer le rythme en "protocole", et de gâter le nouveau par son ersatz.
Cette découverte, je trouve, a des retentissements sur tous les aspects de la vie et on est tenté de tout relire avec ce motif ; sa propre histoire, l'histoire humaine, l'histoire de la conscience...en prenant garde de ne pas en faire non plus un motif absolu.
Enfin je trouve que toute action en général peut être appréhendée sous cet angle...
Excusez je m'étends, je n'en avais jamais parlé à personne auparavant alors ça déborde un peu... je ne voulais pas faire si long en plus (et puis bavarder là dessus ne dit rien de ce que c'est vraiment...), je ne sais même pas si c'est compréhensible mais quelque part si on parle bien de la même chose, il n'y a pas de risque !
Jusqu'ici il n'y avait que mon petit bloc-notes qui ne risquait pas de me pouffer à la figure.
Je trouve tellement de résonances... le tout premier noeud, le premier déchirement jubilatoire du voile, la permanence surprenante d'une paix jamais goûtée encore, tout est justifié, tout est exactement comme il se doit d'être...et puis quelque chose d'avide en nous se réveille, quelque chose qui a été longtemps blessé de soif et ne compte pas laisser cette aubaine s'évanouir sans tenter d'en garder une petite réserve pour les jours de sécheresse.
Alors on s'agrippe, mais on ne peut pas s'agripper à la grâce, c'est comme saisir de l'eau entre ses doigts, ça file... et ce qu'on a gardé, ce n'est rien qu'une empreinte, mais on ne veut pas le voir, et on se retrouve à tenter vainement de tirer et tirer encore le fil de la jouissance en ne vénérant qu'une forme, fade, frigide, sans relief... mais on ne veut pas voir, alors vite, il faut l'inventer, le relief, le façonner, voilà... mais plus on en veut, plus il s'affadit, plus la joie s'alourdit, s'engraisse, et l'on se rend compte un jour brusquement à quel point l'on est seul et misérablement en train de se repaître de son propre égo ; d'en faire une forteresse au lieu d'en faire un muscle pour agir et sentir ce qui se déroule tout autour et qui est tellement plus riche que la prison d'extase en carton-pâte...
Ce malaise du "petit samadhi sur commande" (cette expression est pas mal décapante... ), c'est le retour de bâton de l'avidité... et curieusement, avec le recul, je trouve qu'on voit à quel point cette errance là fait elle-même partie du "processus" (affreux mot qui dit assez ce qu'on veut trop croire que c'est). J'ai eu l'impression, avec tout ça, de prendre une "bonne leçon" ; comme si la "grâce" "m'éduquait", et m'éduquait à un mouvement de balancier qui allait être constant ensuite, une sorte de phrase rythmique alternant le fermé et l'ouvert, le plein et le vide, que je devrais par la suite comme apprendre à harmoniser avec de plus en plus de précision et de souplesse, sans forcer, sans lâcher.
Après avoir vécu pour la première fois cette sorte de "cycle montée-descente", il m'a semblé découvrir que ce que j'appelais ma conscience était comme une sorte de "valve", encore complètement maladroite, et que toute ma vie allait consister à apprendre à harmoniser le mouvement de cette valve, à en faire une sorte de "respiration" juste, à trouver le bon rythme entre le fermé et l'ouvert, et qui consistait à trouver l'exacte ligne de jonction entre l'extérieur et l'intérieur... c'est à dire ne jamais me disperser dans l'un ou me renfermer dans l'autre mais maintenir la ligne de crête entre ces deux versants.
Mais là encore, rien n'est fait... et ce n'est certainement pas le fait d'avoir une certaine idée du "rythme" pour en avoir surpris une bribe qui ait un quelconque effet sur cette espèce de "respiration" de l'âme... au contraire, là-dessus le discours peut être le pire des parasites, avec cette manie occidentale de transformer le rythme en "protocole", et de gâter le nouveau par son ersatz.
Cette découverte, je trouve, a des retentissements sur tous les aspects de la vie et on est tenté de tout relire avec ce motif ; sa propre histoire, l'histoire humaine, l'histoire de la conscience...en prenant garde de ne pas en faire non plus un motif absolu.
Enfin je trouve que toute action en général peut être appréhendée sous cet angle...
Excusez je m'étends, je n'en avais jamais parlé à personne auparavant alors ça déborde un peu... je ne voulais pas faire si long en plus (et puis bavarder là dessus ne dit rien de ce que c'est vraiment...), je ne sais même pas si c'est compréhensible mais quelque part si on parle bien de la même chose, il n'y a pas de risque !
Et le tout est de s'engouffrer dans le bon équilibre et de tenir droit le plus longtemps possible... et ce drôle de jeu, c'est parti pour toute la vie ! Et d'ailleurs ça donne sacrément envie de vivre.Pessoa a écrit:Accepter que la Grâce nous visite quand elle le veut ... et qu'on ne peut pourtant pas faire autrement que la rechercher tant que ne nous est pas donné de lâcher l'avidité
Dernière édition par Minuit le Sam 27 Juin 2015 - 15:40, édité 1 fois
Re: an alien's
Eclair de Feu a écrit:Pessoa F. a écrit:
Tout cela ne me sert à rien, car rien ne me sert à rien. Mais je me sens soulagé en écrivant, comme peut l'être un malade qui soudain respire mieux, sans que sa maladie ait cessé pour autant.
voilà t'y pas que Fernando Pessoa le vrai (dont j'emprunte effrontément le nom) s'arrange pour venir me répondre lui-même sur ce fil
Merci Eclair de Feu, réponse bien adéquate et appréciée
Invité- Invité
Re: an alien's
Eh bien, dites, ... que de beaux témoignages vous mettez sur ce fil ...!
Merci
@Muji
Merci pour ton beau texte
Ne t'excuse pas de t'étendre, pour moi en tous cas, c'était un plaisir de lire tout ça !
Oui, c'est très rare de pouvoir parler de ce genre de choses
En plus, comme tu le dis très bien "bavarder là dessus ne dit rien de ce que c'est vraiment..."
Et il est très dur de trouver des mots pour en parler.
Donc la plupart du temps, on n'en parle pas ! On le vit, c'est tout.
Mais par expérience, je crois pouvoir dire que certains n'y voient que du chinois ou bien les élucubrations de schizo bien allumés.... un risque à courir en postant dans un forum si fréquenté !
Bon, tant qu'on commence pas à nous lapider... c'est bon !
Merci
@Muji
Merci pour ton beau texte
Ne t'excuse pas de t'étendre, pour moi en tous cas, c'était un plaisir de lire tout ça !
Oui, c'est très rare de pouvoir parler de ce genre de choses
En plus, comme tu le dis très bien "bavarder là dessus ne dit rien de ce que c'est vraiment..."
Et il est très dur de trouver des mots pour en parler.
Donc la plupart du temps, on n'en parle pas ! On le vit, c'est tout.
Oui, on se comprend je croisje ne sais même pas si c'est compréhensible mais quelque part si on parle bien de la même chose, il n'y a pas de risque
Mais par expérience, je crois pouvoir dire que certains n'y voient que du chinois ou bien les élucubrations de schizo bien allumés.... un risque à courir en postant dans un forum si fréquenté !
Bon, tant qu'on commence pas à nous lapider... c'est bon !
Invité- Invité
Re: an alien's
TooManyNamesAlready a écrit:Oh pessoa, est-ce que tu aurais vu Les arcs-en-ciel du noir, l'exposition d'Annie Le Brun sur Victor Hugo, l'an dernier à Paris ? Je n'y suis pas allée, n'ai pas (encore) lu le livre qui en a été tiré, mais j'aime beaucoup l'énergie, la force de cet auteur, et en même temps sa grâce.
Non, je ne l'ai pas vue
Moi aussi j'aime Victor Hugo. Pas tout, mais en grande partie oui. Et on peut difficilement rester insensible à sa veine créatrice, son souffle, sa force... c'est un monument !
Il y a longtemps de cela, j'avais emprunté un livre où étaient reproduites ses peintures, accompagnées de textes parmi ses plus porteurs, inspirés et inspirants.
De grands moments qui m'ont marquée
Dernière édition par Pessoa le Ven 8 Fév 2013 - 23:40, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: an alien's
Ah flute flute, je me suis mal débrouillée dans mes mots : je voulais parler d'Annie Le Brun, de sa flamme.
Bon bien sûr, j'aime bien Victor Hugo aussi, et j'aurais sans doute beaucoup aimé voir l'exposition qui devait fusionner les visions de ces deux auteurs.
Bon bien sûr, j'aime bien Victor Hugo aussi, et j'aurais sans doute beaucoup aimé voir l'exposition qui devait fusionner les visions de ces deux auteurs.
TooManyNamesAlready- Messages : 138
Date d'inscription : 11/01/2013
Age : 40
Localisation : Reims
Re: an alien's
non, c'est moi qui avais mal compris, excuse-moi !
en fait je ne connais pas du tout Annie Le Brun
vais me renseigner
en fait je ne connais pas du tout Annie Le Brun
vais me renseigner
Invité- Invité
Re: an alien's
Muji : Je pense que l'on parle de la même chose.
C'est agréable, c'est sûr et tout autant que la majorité stigmatiserait ces conversations. Enfin je dis, un grand merci à vous nomades de l'intérieur. En parler nous amène au moins à la reconnaissance de l'expérience chez l'autre. Tu écris bien.
C'est agréable, c'est sûr et tout autant que la majorité stigmatiserait ces conversations. Enfin je dis, un grand merci à vous nomades de l'intérieur. En parler nous amène au moins à la reconnaissance de l'expérience chez l'autre. Tu écris bien.
Rienestfigé- Messages : 80
Date d'inscription : 15/09/2012
Age : 30
Re: an alien's
15 minutes sur Annie Le Brun interrogée par Pivot en 1988, sur son livre Appel d'air, récemment réédité.
Ce qui m'a étonnée, c'est la fragilité de sa voix par comparaison avec la vigueur de ses écrits. J'avais commencé par Vagit-prop, continué par Le trop de réalité et Appel d'air.
Ce qui m'a étonnée, c'est la fragilité de sa voix par comparaison avec la vigueur de ses écrits. J'avais commencé par Vagit-prop, continué par Le trop de réalité et Appel d'air.
TooManyNamesAlready- Messages : 138
Date d'inscription : 11/01/2013
Age : 40
Localisation : Reims
Re: an alien's
Merci ToomanyNamesAlready, je viens de regarder la vidéo
J'aime certaines choses qu'elle dit sur la poésie, et surtout j'aime beaucoup les citations de son livre !
Oui, sa présence : toute douce, mais en même temps on sent une sacrée force...!(celle qu'on doit retrouver dans ses écrits et dont tu parles)
d'ailleurs, elle a des avis bien fermes, mais ...qu'elle présente tout en douceur !
J'aime certaines choses qu'elle dit sur la poésie, et surtout j'aime beaucoup les citations de son livre !
Oui, sa présence : toute douce, mais en même temps on sent une sacrée force...!(celle qu'on doit retrouver dans ses écrits et dont tu parles)
d'ailleurs, elle a des avis bien fermes, mais ...qu'elle présente tout en douceur !
Invité- Invité
Re: an alien's
Comme on est quelques uns par ici à tourner autour d'une certaine thématique dans les derniers échanges de posts, je partage avec vous le titre d'un livre qui m'a énormément aidée il y a des années de ça
Après l'extase, la lessive
de Jack Kornfield
Ai-je besoin d'expliciter le sujet du livre ?
Sinon, un autre du même auteur :
(jamais lu en entier, mais quelques chapitres du milieu détaillant diverses expériences et étapes m'avait aussi aidée, en corroborant ce que je vivais et en comprenais)
Périls et promesses de la vie spirituelle
Là aussi, le titre est suffisamment éloquent...
L'auteur est bouddhiste, mais il aborde l'expérience spirituelle dans tous les cadres - ou absence de cadres.
Il a une approche transversales des traditions spirituelles et reconnait que sous des formes parfois différentes, les expériences sont en fait les mêmes.
Bon, voilà, je mets ces références à tout hasard bien sûr, puisque le parcours et les sensibilités de chacun divergent et ce qui parle à l'un ne parle pas forcément à un autre.
Après l'extase, la lessive
de Jack Kornfield
Ai-je besoin d'expliciter le sujet du livre ?
Sinon, un autre du même auteur :
(jamais lu en entier, mais quelques chapitres du milieu détaillant diverses expériences et étapes m'avait aussi aidée, en corroborant ce que je vivais et en comprenais)
Périls et promesses de la vie spirituelle
Là aussi, le titre est suffisamment éloquent...
L'auteur est bouddhiste, mais il aborde l'expérience spirituelle dans tous les cadres - ou absence de cadres.
Il a une approche transversales des traditions spirituelles et reconnait que sous des formes parfois différentes, les expériences sont en fait les mêmes.
Bon, voilà, je mets ces références à tout hasard bien sûr, puisque le parcours et les sensibilités de chacun divergent et ce qui parle à l'un ne parle pas forcément à un autre.
Invité- Invité
Re: an alien's
Oooh merci infiniment Pessoa ! En effet, le titre est bien trouvé et saura accrocher les personnes concernées...Ai-je besoin d'expliciter le sujet du livre ?
Je crois que c'est exactement ce dont j'avais besoin... On voit foisonner les bouquins sur la "montée", en revanche je ne savais pas ce qui se faisait en matière de "redescente"...
D'habitude je me méfie un peu des bouquins de spiritualité-discount qui brassent des tas de concepts très jolis mais qui peuvent malheureusement aussi conduire à perdre pied dans la réalité (surtout quand on a déjà eu une "vraie montée", la nostalgie peut amener à la perte et au dégoût) ; mais je te fais confiance, et j'ai l'impression que ce sont des témoignages. Sur le sujet, ça semble une bonne chose.
Sinon un livre qui a été un tournant pour moi (il se trouve que celui-ci est arrivé au bon moment) :
Citadelle, de St-Exupéry.
C'est une mine d'or, toute discrète, inaperçue parmi les oeuvres du XXème.
Sur le fond, c'est un peu le Petit Prince en 600 pages. Ah et il faut trouver une vieille version d'occasion : comme c'est un livre publié à titre posthume, qu'il est inachevé et "désordonné" (ça dépend comment on voit les choses), ils ont préféré rogner certains passages pour la nouvelle édition, amputée de... 300 pages, rien que ça. Or justement ce qui fait toute sa richesse, c'est cet inachèvement : ce livre c'est un vaste brouillon, et l'âme y est incandescente car tout est brut, spontané, pur de toute retouche. En plus il me semble avoir vu quelque part que St-Ex enregistrait vocalement les textes, et que quelqu'un d'autre les a recopiés ; donc c'est du tout chaud.
@TooManyNamesAlready : tu m'as donné envie d'aller picorer chez Annie Le Brun. Par quel livre conseillerais-tu de commencer pour une première immersion ?
@Rienestfigé :
Enfin je dis, un grand merci à vous nomades de l'intérieur. En parler nous amène au moins à la reconnaissance de l'expérience chez l'autre.
Et oui, c'est en cela que j'ai été remuée par ce fil... c'est réconfortant lorsque quelque chose de si intérieur trouve aussi sa "ratification" par l'extérieur, par l'autre. Ca donne à cette voie une consistance, une certaine solidité là où l'on manque parfois de repères... ça désamorce un peu la crainte de l'étiquette "schizo", entre autres choses.
Dernière édition par Minuit le Sam 27 Juin 2015 - 15:43, édité 1 fois
Re: an alien's
Oh la la, merci pour toutes ces pistes de lectures pour accompagner la redescente.
Muji : je te conseille la réédition d'Appel d'Air (chez Verdier Poche), la préface de 2011 valant le détour. Elle est intitulée "Les nuages sont exacts" pour les raisons que je vous cite ici :
(on rejoint la conjonction Annie Le Brun - Victor Hugo)
Pour te donner un aperçu du programme : dans Appel d'air, elle mise "moins sur la poésie proprement dite que sur l'insurrection lyrique qui en est à l'origine et réussit parfois à embraser tout le paysage."
Muji : je te conseille la réédition d'Appel d'Air (chez Verdier Poche), la préface de 2011 valant le détour. Elle est intitulée "Les nuages sont exacts" pour les raisons que je vous cite ici :
(on rejoint la conjonction Annie Le Brun - Victor Hugo)
Annie Le Brun a écrit:Quant à viser juste, je me réfèrerai à Victor Hugo, remarquant dans une note d'Océan, datée entre 1866 et 1868 : "Le mot hasard est vide de sens. Il y a une loi pour les actions des hommes comme il y a une pour les actions des choses. Rien ne ressemble à ce qu'on nomme le hasard que ce qu'on nomme le nuage. Eh bien, les nuages sont exacts." S'efforcerait-on de n'en rien savoir, les rêves comme les nuages sont exacts." (p. 9)
Pour te donner un aperçu du programme : dans Appel d'air, elle mise "moins sur la poésie proprement dite que sur l'insurrection lyrique qui en est à l'origine et réussit parfois à embraser tout le paysage."
TooManyNamesAlready- Messages : 138
Date d'inscription : 11/01/2013
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Localisation : Reims
Re: an alien's
Muji : Oh oui ! Tellement.. cette peur de la pathologie qui n'est (je pense) que la recherche identitaire, justificative de différences profonde. Et étant de mauvais ton mais a mon sens de bon goût de s'écarter des repères établis, plus encore dans la sphère de la spiritualité, et encore plus plus si l'on détrône la position toute puissante du mental alors là !.. Sans bien souvent ne même pas tendre l’œil et, tout juste humé la nouvelle contrée, la peur de l'inconnu ou bien l'intuition que le mental a de sa propre fin s'il meurt dans l'instant nous fait marché parfois avec gravé sur l'os du front du crâne : "éveillé", "bizarre", même.. véridique, "apprentis sorcier" !! ^^. Mais avant de tomber sur le livre ou la conversation qui va mettre en mots et plus grand encore nous faire prendre conscience d'un phénomène en nous - pour ma part refoulé, je me pensé véritablement fou. Comble, la question de sa propre folie est un mécanisme on ne peut plus sain. Schizophrénie et trouble bipolaire, incontournable questionnement sur une pathologie à l'apparence évidente il n'en est rien ! AH ! Différences et méconnaissances de soi, point barre.
Rienestfigé- Messages : 80
Date d'inscription : 15/09/2012
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Re: an alien's
« Le premier pas est le dernier pas. »
« La vie quotidienne, si elle est sans compréhension, vous poussera à passer à côté de l'amour, de la beauté, de la mort. »
« L'ignorant n'est pas celui qui manque d'érudition mais celui qui ne se connaît pas lui-même. »
« Quand l'esprit ne résiste plus, qu'il ne fuit ni ne blâme ce qui est, mais se contente d'être conscient avec passivité, il s'aperçoit que, dans cette passivité même, vient une transformation. »
« Range le livre, la description, la tradition, l'autorité, et prend la route pour découvrir toi-même. »
de Jiddu Krishnamurti
Rienestfigé- Messages : 80
Date d'inscription : 15/09/2012
Age : 30
Re: an alien's
Au crépuscule le coq annonce l'aurore
A minuit, le soleil brille
Le soleil donne la lumière
du fait de l'existence des yeux
Et les yeux voient la lumière du fait de l'existence du soleil
Le chemin qui mène à l'aller est long
Vraie lumière non illuminée
Savoir voir la lumière dans
l'obscurité, l'obscurité dans la lumière
Taisen Deshimaru
Invité- Invité
Re: an alien's
"Jouir de l'éternel en prenant soin de l'éphémère"
Christian Bobin
Christian Bobin
Dernière édition par Pessoa le Mer 17 Avr 2013 - 22:37, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: an alien's
Je me demande bien pourquoi le poème de Taisen Deshimaru me parle
Oui, il n'y a rien a ajouter a la citation de Bobin. Parfait. Silence.
Oui, il n'y a rien a ajouter a la citation de Bobin. Parfait. Silence.
SoleilSombre- Messages : 3757
Date d'inscription : 19/12/2012
Re: an alien's
ah oui, tiens donc, ... "soleil sombre"....
allez, à posteriori : une dédicace spéciale du texte de deshimaru sur ce fil pour soleil sombre
Invité- Invité
Re: an alien's
Pessoa,
clin d'oeil en lisant la citation de Christian Bobin...dont je venais de lire une autre citation, dans le livre d'Arouna Lipschitz, La voix de l'amoureux, "Prendre soin de la solitude de l'autre, sans prétendre la combler".
D'Arouna Lipschitz, ce passage : "ancrer la transcendance dans l'immanence, marcher la tête au vent céleste en gardant les pieds bien sur terre."
clin d'oeil en lisant la citation de Christian Bobin...dont je venais de lire une autre citation, dans le livre d'Arouna Lipschitz, La voix de l'amoureux, "Prendre soin de la solitude de l'autre, sans prétendre la combler".
D'Arouna Lipschitz, ce passage : "ancrer la transcendance dans l'immanence, marcher la tête au vent céleste en gardant les pieds bien sur terre."
TooManyNamesAlready- Messages : 138
Date d'inscription : 11/01/2013
Age : 40
Localisation : Reims
Re: an alien's
Ce que j'aime beaucoup chez cet homme, c'est que ses "phrases" ne sont pas qu'une rhétorique affectée... il déborde lui-même lorsqu'il parle, on lui sent une paix authentique et incarnée, une recherche vivante, une vraie petite braise dans la parole.
Je vous poste le lien d'une émission sur France Culture, Les Racines du Ciel, dont il est l'invité, et où je trouve qu'il irradie.
L'émission n'est pas toujours bonne, et Frédéric Lenoir qui l'anime a parfois une tendance marquée aux questions un peu bébêtes ; mais ici c'est vraiment Christian Bobin (et Leili Anvar, dont j'aime beaucoup la sensibilité et la profondeur) qui soutient le niveau de toute l'émission.
http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4543869
Si vous avez le temps, c'est vraiment un sacré moment de fraîcheur (à écouter sans rien dans les mains surtout).
[EDIT : si le lien du player ne marche pas, voici le lien vers la page de présentation de l'émission : http://www.franceculture.fr/emission-les-racines-du-ciel-la-confiance-avec-christian-bobin-2012-12-23 ]
Je vous poste le lien d'une émission sur France Culture, Les Racines du Ciel, dont il est l'invité, et où je trouve qu'il irradie.
L'émission n'est pas toujours bonne, et Frédéric Lenoir qui l'anime a parfois une tendance marquée aux questions un peu bébêtes ; mais ici c'est vraiment Christian Bobin (et Leili Anvar, dont j'aime beaucoup la sensibilité et la profondeur) qui soutient le niveau de toute l'émission.
http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4543869
Si vous avez le temps, c'est vraiment un sacré moment de fraîcheur (à écouter sans rien dans les mains surtout).
[EDIT : si le lien du player ne marche pas, voici le lien vers la page de présentation de l'émission : http://www.franceculture.fr/emission-les-racines-du-ciel-la-confiance-avec-christian-bobin-2012-12-23 ]
Dernière édition par Muji le Dim 10 Fév 2013 - 20:54, édité 1 fois
Re: an alien's
Merci TooManyNamesAlready pour les citations en écho
Muji, un grand merci : je viens de passer un riche moment à écouter cette émission de radio !
Qu'ils sont nombreux les niveaux de lecture/écoute des paroles de Christian Bobin...
A l'instar de ceux de tant d'artistes et créateurs, tous les "vrais", ceux qui ne trichent pas en construisant de toutes pièces un discours creux paré de beaux atours pour faire impression mais qui, au contraire, vont puiser au coeur même de la source de toute vie, bien souvent sans même en avoir pleinement conscience, écartant ainsi tout risque de récupération égotique au passage
Un vrai poète
Les vrais poètes sont des mystiques ou des médiums, qu'ils l'ignorent ou non... on peut être mystique sans jamais apposer ce mot pompeux et souvent sujet à méprise à cet état de fait
Il y a quinze ans, j'ai eu une période Christian Bobin. J'ai lu je crois presque tout ce qui avait été publié à l'époque.
Puis je n'ai plus été en phase avec ses écrits.
Il y a un an, je suis tombée par hasard sur "autoportrait au radiateur"... et zouuu, remise en phase !
Depuis j'en lis quelques pages de loin en loin
Muji, un grand merci : je viens de passer un riche moment à écouter cette émission de radio !
Qu'ils sont nombreux les niveaux de lecture/écoute des paroles de Christian Bobin...
A l'instar de ceux de tant d'artistes et créateurs, tous les "vrais", ceux qui ne trichent pas en construisant de toutes pièces un discours creux paré de beaux atours pour faire impression mais qui, au contraire, vont puiser au coeur même de la source de toute vie, bien souvent sans même en avoir pleinement conscience, écartant ainsi tout risque de récupération égotique au passage
Un vrai poète
Les vrais poètes sont des mystiques ou des médiums, qu'ils l'ignorent ou non... on peut être mystique sans jamais apposer ce mot pompeux et souvent sujet à méprise à cet état de fait
Il y a quinze ans, j'ai eu une période Christian Bobin. J'ai lu je crois presque tout ce qui avait été publié à l'époque.
Puis je n'ai plus été en phase avec ses écrits.
Il y a un an, je suis tombée par hasard sur "autoportrait au radiateur"... et zouuu, remise en phase !
Depuis j'en lis quelques pages de loin en loin
Invité- Invité
Re: an alien's
Tout spécialement pour Muji, TooManyNamesAlready, et Rienestfigé :
"Dix-neuf heures, gare de Chalon-sur Saône. La cigarette que je fumais a mis plus de temps à disparaître que moi : en une seconde, le passé et l'avenir se sont effondrés comme un échafaudage mal assuré, mis bas au premier coup de vent. Plus rien que le présent, et dans le présent, du blanc, le vide. Aucune cause apparente. Aucune explication à ce désastre intime. Cela s'est vu. Quelqu'un m'a demandé : qu'est-ce qui t'arrive ? Je n'ai pas su répondre. La question n'était pas la bonne. Il ne m'arrivait rien, justement : plus rien ne m'arrivait et, derrière mon visage, il n'y avait plus personne. J'avais si peu de consistance que les voyageurs auraient pu me traverser sans s'en rendre compte. Le réel épais et solide est revenu au bout d'une heure. Il finit toujours par revenir. C'est une épreuve que je connais de loin en loin. Le funambule doit éprouver le même vertige quand les yeux bandés, il pose un pied tendu sur un filin d'acier et ne rencontre que l'air. Un vif mouvement des épaules et la chute est évitée, l'équilibre rétabli. La marche sur les abîmes peut continuer. Elle devient même plus dansante : tutoyer sa propre mort rend allègre."
Christian Bobin
"Dix-neuf heures, gare de Chalon-sur Saône. La cigarette que je fumais a mis plus de temps à disparaître que moi : en une seconde, le passé et l'avenir se sont effondrés comme un échafaudage mal assuré, mis bas au premier coup de vent. Plus rien que le présent, et dans le présent, du blanc, le vide. Aucune cause apparente. Aucune explication à ce désastre intime. Cela s'est vu. Quelqu'un m'a demandé : qu'est-ce qui t'arrive ? Je n'ai pas su répondre. La question n'était pas la bonne. Il ne m'arrivait rien, justement : plus rien ne m'arrivait et, derrière mon visage, il n'y avait plus personne. J'avais si peu de consistance que les voyageurs auraient pu me traverser sans s'en rendre compte. Le réel épais et solide est revenu au bout d'une heure. Il finit toujours par revenir. C'est une épreuve que je connais de loin en loin. Le funambule doit éprouver le même vertige quand les yeux bandés, il pose un pied tendu sur un filin d'acier et ne rencontre que l'air. Un vif mouvement des épaules et la chute est évitée, l'équilibre rétabli. La marche sur les abîmes peut continuer. Elle devient même plus dansante : tutoyer sa propre mort rend allègre."
Christian Bobin
Dernière édition par Pessoa le Mer 17 Avr 2013 - 22:38, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: an alien's
"Savoir que le savoir ne peut pas savoir demeure le plus haut savoir"
Tchouang Tseu
"Je ne sais qu'une chose c'est que je ne sais rien"
Socrate
"Vous devez essayer d'atteindre à cette joie d'où est jailli le monde"
Mâ Ananda Moyî
"Le royaume des cieux est un état du coeur"
Nietzsche
Tchouang Tseu
"Je ne sais qu'une chose c'est que je ne sais rien"
Socrate
"Vous devez essayer d'atteindre à cette joie d'où est jailli le monde"
Mâ Ananda Moyî
"Le royaume des cieux est un état du coeur"
Nietzsche
Dernière édition par Pessoa le Mer 17 Avr 2013 - 22:39, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: an alien's
Ça me parle tellement, tout ce que tu dis.
Il n'y a rien à ajouter.
Sinon peut-être que cette joie dont tu parles peut aussi être destructrice à partir du moment où on la cherche... Enfin ce n'est pas la joie elle-même qui détruit, bien sûr, mais l'idée de cette joie, l'idée à laquelle on s'est agrippé quand on l'a sentie nous échapper, que l'on a façonnée d'après l'empreinte que la joie a marqué dans l'âme, la "pantoufle de verre" qu'elle a laissé derrière elle pour nous rappeler qu'elle était réelle.
On sous estime trop ce "danger" au début, on ne veut pas croire que l'on puisse continuer à se berner soi-même. Nous sommes moins "innocents" que les enfants face à la joie. Eux, il me semble qu'ils la prennent quand elle vient et la laisse les quitter, ils ne s'y agrippent pas. Je parle de la "vraie", celle qui est tranquillité, celle qui est tellement évidente qu'on ne se rend pas compte qu'elle est là.
A l'inverse, trop "prendre garde", trop se méfier de soi-même tue tout germe de confiance qui essaierait de prendre dans le terreau du réel, de cette confiance à la fois ferme et souple qui fait la synapse entre l'intérieur et l'extérieur. C'est quand un tel germe a réussi à se développer que la joie peut éclore, comme les fleurs d'un arbuste ne seraient pas si l'arbuste n'avait pas grandi pour les porter.
Encore une fois, c'est toujours, toujours une question de voie médiane, la chercher et ne pas la chercher à la fois, ni l'un ni l'autre et les deux en même temps ; un vrai labyrinthe, sauf au moment où l'on s'aperçoit à quel point c'est ce qu'il y a de plus simple... et en général, quand on a réellement vu ce qu'il y avait de simple là-dedans, ça ne peut être qu'un signe qu'on est arrivé à destination ; d'ailleurs en général à ce moment-là on le sait déjà.
Heureusement que j'ai dit qu'il n'y avait rien a ajouter... mince alors !
Il n'y a rien à ajouter.
Sinon peut-être que cette joie dont tu parles peut aussi être destructrice à partir du moment où on la cherche... Enfin ce n'est pas la joie elle-même qui détruit, bien sûr, mais l'idée de cette joie, l'idée à laquelle on s'est agrippé quand on l'a sentie nous échapper, que l'on a façonnée d'après l'empreinte que la joie a marqué dans l'âme, la "pantoufle de verre" qu'elle a laissé derrière elle pour nous rappeler qu'elle était réelle.
On sous estime trop ce "danger" au début, on ne veut pas croire que l'on puisse continuer à se berner soi-même. Nous sommes moins "innocents" que les enfants face à la joie. Eux, il me semble qu'ils la prennent quand elle vient et la laisse les quitter, ils ne s'y agrippent pas. Je parle de la "vraie", celle qui est tranquillité, celle qui est tellement évidente qu'on ne se rend pas compte qu'elle est là.
A l'inverse, trop "prendre garde", trop se méfier de soi-même tue tout germe de confiance qui essaierait de prendre dans le terreau du réel, de cette confiance à la fois ferme et souple qui fait la synapse entre l'intérieur et l'extérieur. C'est quand un tel germe a réussi à se développer que la joie peut éclore, comme les fleurs d'un arbuste ne seraient pas si l'arbuste n'avait pas grandi pour les porter.
Encore une fois, c'est toujours, toujours une question de voie médiane, la chercher et ne pas la chercher à la fois, ni l'un ni l'autre et les deux en même temps ; un vrai labyrinthe, sauf au moment où l'on s'aperçoit à quel point c'est ce qu'il y a de plus simple... et en général, quand on a réellement vu ce qu'il y avait de simple là-dedans, ça ne peut être qu'un signe qu'on est arrivé à destination ; d'ailleurs en général à ce moment-là on le sait déjà.
Heureusement que j'ai dit qu'il n'y avait rien a ajouter... mince alors !
Re: an alien's
Muji a écrit:
... cette joie dont tu parles peut aussi être destructrice à partir du moment où on la cherche... Enfin ce n'est pas la joie elle-même qui détruit, bien sûr, mais l'idée de cette joie, l'idée à laquelle on s'est agrippé quand on l'a sentie nous échapper,
A partir du moment où on en fait un objet, on la perd.
En quelque sorte on pourrait dire que cette joie est en amont de nous-mêmes et non en aval
Elle est ce qui nous crée et nous constitue
On ne peut la créer
"Quoiqu'il vous arrive, dépassez-le"
Nisargadatta Maharaj (je crois)
ExactementEncore une fois, c'est toujours, toujours une question de voie médiane, la chercher et ne pas la chercher à la fois, ni l'un ni l'autre et les deux en même temps ; un vrai labyrinthe, sauf au moment où l'on s'aperçoit à quel point c'est ce qu'il y a de plus simple... et en général, quand on a réellement vu ce qu'il y avait de simple là-dedans, ça ne peut être qu'un signe qu'on est arrivé à destination
c'est un plaisir de te lire Muji
Les "rien à rajouter" qui finalement embarquent dans tout un flot, je connais bien
Mais c'est un bonheur, les flots qui coulent ainsi
Invité- Invité
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