?????????
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david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
Et bienvenu alors David50.
Fais ta place par ici? J'espère que tu trouvera ce qui te conviens.
Bonne installation.
Fais ta place par ici? J'espère que tu trouvera ce qui te conviens.
Bonne installation.
Invité- Invité
Bienvenue
Je te la souhaite relativement tard car, même si j'arrive pour cela en deuxième position, il s'est déjà écoulé un mois et demi depuis ta présentation. Une bienvenue tardive donc mais qui n'est pas une bienvenue de convenance puisque c'est à travers la lecture de quelques-uns de tes posts que j'ai appris ton existence, et que c'est produit en moi l'envie de t'écrire qu'il semblait bien – si on considère valide l'hypothèse que le QI et ce forum ne sont pas sans lien avec leur définition – que tu ne t'étais pas trompé d'endroit en t'inscrivant ici.
Une petite question : Quand tu écris que tu « soupçonnes quand même une précocité », c'est de l'humour ou bien du doute érigé en valeur absolue ?
Une petite question : Quand tu écris que tu « soupçonnes quand même une précocité », c'est de l'humour ou bien du doute érigé en valeur absolue ?
Arkange- Messages : 734
Date d'inscription : 03/09/2012
Age : 49
Localisation : Orléans
Re: ?????????
Bonsoir,
J'avais totalement délaissé mon fil de présentation, c'est vous dire à quel point j'avais le désir de m'exposer!
D'ailleurs le peu que j'avais alors écris me semble aujourd'hui de trop, alors j’efface.
@Arkange : Pardon d'avoir ignoré ta question; réponse B.
Je vous quitte une petite semaine. La modo peut'elle rendre actif mon autoban? (Je sais, aucune volonté!).
J'espère revenir dans de meilleures dispositions. Il y a ici un certains nombres de personnes pour lesquelles j'ai fini par éprouver de la sympathie, je pense qu'elle se reconnaîtrons (oui oui, même toi Fata ).
Pour ce qui est des autres, ben allez, ce n'est pas si grave, n'en faisons pas toute une histoire...
A bientôt
J'avais totalement délaissé mon fil de présentation, c'est vous dire à quel point j'avais le désir de m'exposer!
D'ailleurs le peu que j'avais alors écris me semble aujourd'hui de trop, alors j’efface.
@Arkange : Pardon d'avoir ignoré ta question; réponse B.
Je vous quitte une petite semaine. La modo peut'elle rendre actif mon autoban? (Je sais, aucune volonté!).
J'espère revenir dans de meilleures dispositions. Il y a ici un certains nombres de personnes pour lesquelles j'ai fini par éprouver de la sympathie, je pense qu'elle se reconnaîtrons (oui oui, même toi Fata ).
Pour ce qui est des autres, ben allez, ce n'est pas si grave, n'en faisons pas toute une histoire...
A bientôt
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
Bonne semaine ! On t'attend !
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: ?????????
Nuages,
Nuages... J'ai conscience du ciel aujourd'hui, car il y a des jours où je ne le regarde pas, mais le sens plutôt – vivant comme je le fais à la ville, et non dans la nature qui l'inclut. Nuages... Ils sont aujourd'hui la réalité principale, et me préoccupent comme si le ciel se voilant était l'un des grands dangers qui menacent mon destin. Nuages... Ils viennent du large vers le château Saint-Georges, de l'Occident vers l'Orient, dans un désordre tumultueux et nu, teinté parfois de blanc, en s'effilochant pour je ne sais quelle avant-garde ; d'autres plus lents sont presque noirs, lorsque le vent bien audible tarde à les disperser ; noirs enfin d'un blanc sale lorsque, comme désireux de rester là, ils noircissent de leur passage plus que de leur ombre le faux espace que les rues prisonnières entrouvrent entre les rangées étroites des maisons.
Nuages... J'existe sans le savoir, et je mourrai sans le vouloir. Je suis l'intervalle entre ce que je suis et ce que je ne suis pas, entre ce que je rêve et ce que la vie a fait de moi, je suis la moyenne arbitraire et charnelle entre des choses qui ne sont rien – et moi je ne suis pas davantage. Nuages... Quelle angoisse quand je sens, quel malaise quand je pense, quelle inutilité quand je veux ! Nuages... Ils passent encore, certains sont énormes, et comme les maisons ne permettent pas de voir s'ils sont moins grands qu'il semble, on dirait qu'ils vont s'emparer du ciel tout entier, d'autres sont d'une taille incertaine, il s'agit peut-être de deux nuages réunis, ou d'un seul qui va se séparer en deux – ils n'ont plus de signification, là-haut dans le ciel las ; choses puissantes, balles irrégulières de quelque jeu absurde, toutes amassées d'un seul côté, esseulées et froides.
Nuages... Je m'interroge et m'ignore moi-même. Je n'ai rien fait d'utile, ne ferai jamais rien que je puisse justifier. Ce que je n'ai pas perdu de ma vie à interpréter confusément des choses inexistantes, je l'ai gâché à faire des vers en prose, dédiés à des sensations intransmissibles, grâces auxquelles je fais mien l'univers caché. Je suis saturé de moi-même, objectivement, subjectivement. Je suis saturé de tout, et du tout de tout. Nuages... Ils sont tout, dislocation des hauteurs, seules choses réelles aujourd'hui entre la terre, nulle, et le ciel, qui n'existe pas ; lambeaux indescriptibles de l'ennui pesant que je leur impose ; brouillard condensé en menaces de couleur absente ; boules de coton sale d'un hôpital dépourvu de murs. Nuages... Ils sont comme moi, passage épars entre ciel et terre, au gré d'un élan invisible, avec ou sans tonnerre, égayant le monde de leur blancheur ou l'obscurcissant de leurs masses noires, fictions de l'intervalle et de la dérive, ils sont loin du bruit de la terre, mais sans le silence du ciel. Nuages... Ils continuent de passer, ils passent toujours, ils passeront éternellement, enroulant et déroulant leurs écheveaux blafards, étirant confusément leur faux ciel dispersé.
Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquillité
Nuages... J'ai conscience du ciel aujourd'hui, car il y a des jours où je ne le regarde pas, mais le sens plutôt – vivant comme je le fais à la ville, et non dans la nature qui l'inclut. Nuages... Ils sont aujourd'hui la réalité principale, et me préoccupent comme si le ciel se voilant était l'un des grands dangers qui menacent mon destin. Nuages... Ils viennent du large vers le château Saint-Georges, de l'Occident vers l'Orient, dans un désordre tumultueux et nu, teinté parfois de blanc, en s'effilochant pour je ne sais quelle avant-garde ; d'autres plus lents sont presque noirs, lorsque le vent bien audible tarde à les disperser ; noirs enfin d'un blanc sale lorsque, comme désireux de rester là, ils noircissent de leur passage plus que de leur ombre le faux espace que les rues prisonnières entrouvrent entre les rangées étroites des maisons.
Nuages... J'existe sans le savoir, et je mourrai sans le vouloir. Je suis l'intervalle entre ce que je suis et ce que je ne suis pas, entre ce que je rêve et ce que la vie a fait de moi, je suis la moyenne arbitraire et charnelle entre des choses qui ne sont rien – et moi je ne suis pas davantage. Nuages... Quelle angoisse quand je sens, quel malaise quand je pense, quelle inutilité quand je veux ! Nuages... Ils passent encore, certains sont énormes, et comme les maisons ne permettent pas de voir s'ils sont moins grands qu'il semble, on dirait qu'ils vont s'emparer du ciel tout entier, d'autres sont d'une taille incertaine, il s'agit peut-être de deux nuages réunis, ou d'un seul qui va se séparer en deux – ils n'ont plus de signification, là-haut dans le ciel las ; choses puissantes, balles irrégulières de quelque jeu absurde, toutes amassées d'un seul côté, esseulées et froides.
Nuages... Je m'interroge et m'ignore moi-même. Je n'ai rien fait d'utile, ne ferai jamais rien que je puisse justifier. Ce que je n'ai pas perdu de ma vie à interpréter confusément des choses inexistantes, je l'ai gâché à faire des vers en prose, dédiés à des sensations intransmissibles, grâces auxquelles je fais mien l'univers caché. Je suis saturé de moi-même, objectivement, subjectivement. Je suis saturé de tout, et du tout de tout. Nuages... Ils sont tout, dislocation des hauteurs, seules choses réelles aujourd'hui entre la terre, nulle, et le ciel, qui n'existe pas ; lambeaux indescriptibles de l'ennui pesant que je leur impose ; brouillard condensé en menaces de couleur absente ; boules de coton sale d'un hôpital dépourvu de murs. Nuages... Ils sont comme moi, passage épars entre ciel et terre, au gré d'un élan invisible, avec ou sans tonnerre, égayant le monde de leur blancheur ou l'obscurcissant de leurs masses noires, fictions de l'intervalle et de la dérive, ils sont loin du bruit de la terre, mais sans le silence du ciel. Nuages... Ils continuent de passer, ils passent toujours, ils passeront éternellement, enroulant et déroulant leurs écheveaux blafards, étirant confusément leur faux ciel dispersé.
Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquillité
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
Merci, quel éblouissement!
J aime ses poèmes païens, je ne connaissais pas ce texte.
Oui, merci!
J aime ses poèmes païens, je ne connaissais pas ce texte.
Oui, merci!
Tigrabelle- Messages : 476
Date d'inscription : 02/01/2014
Age : 57
Localisation : Normandie
Re: ?????????
De rien Bienbanale !
Pessoa, un auteur immense et une vie fascinante!
Je l'ai déjà collé quelque part sur le forum, mais puisque tu es amateur voilà ce que je pense être son plus beau texte :
Je ne suis rien
Jamais je ne serai rien.
Je ne puis vouloir être rien.
Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde.
Fenêtres de ma chambre,
de ma chambre dans la fourmilière humaine unité ignorée
(et si l’on savait ce qu’elle est, que saurait-on de plus ?),
vous donnez sur le mystère d’une rue au va-et-vient continuel,
sur une rue inaccessible à toutes les pensées,
réelle, impossiblement réelle, précise, inconnaissablement précise,
avec le mystère des choses enfoui sous les pierres et les êtres,
avec la mort qui parsème les murs de moisissure et de cheveux blancs les humains,
avec le destin qui conduit la guimbarde de tout sur la route de rien.
Je suis aujourd’hui vaincu, comme si je connaissais la vérité;
lucide aujourd’hui, comme si j’étais à l’article de la mort,
n’ayant plus d’autre fraternité avec les choses
que celle d’un adieu, cette maison et ce côté de la rue
se muant en une file de wagons, avec un départ au sifflet venu du fond de ma tête,
un ébranlement de mes nerfs et un grincement de mes os qui démarrent.
Je suis aujourd’hui perplexe, comme qui a réfléchi, trouvé, puis oublié.
Je suis aujourd’hui partagé entre la loyauté que je dois
au Bureau de Tabac d’en face, en tant que chose extérieurement réelle
et la sensation que tout est songe, en tant que chose réelle vue du dedans.
J’ai tout raté.
Comme j’étais sans ambition, peut-être ce tout n’était-il rien.
Les bons principes qu’on m’a inculqués,
je les ai fuis par la fenêtre de la cour.
Je m’en fus aux champs avec de grands desseins,
mais là je n’ai trouvé qu’herbes et arbres,
et les gens, s’il y en avait, étaient pareils à tout le monde.
Je quitte la fenêtre, je m’assieds sur une chaise. À quoi penser ?
Que sais-je de ce que je serai, moi qui ne sais pas ce que je suis ?
Être ce que je pense ? Mais je crois être tant et tant !
Et il y en a tant qui se croient la même chose qu’il ne saurait y en avoir tant!
Un génie ? En ce moment
cent mille cerveaux se voient en songe génies comme moi-même
et l’histoire n’en retiendra, qui sait ?, même pas un ;
du fumier, voilà tout ce qui restera de tant de conquêtes futures.
Non, je ne crois pas en moi.
Dans tous les asiles il y a tant de fous possédés par tant de certitudes !
Moi, qui n’ai point de certitude , suis-je plus assuré, le suis-je moins ?
Non, même pas de ma personne…
En combien de mansardes et de non-mansardes du monde
n’y a-t-il à cette heure des génies-pour-soi-même rêvant ?
Combien d’aspirations hautes, lucides et nobles -
oui, authentiquement hautes, lucides et nobles -
et, qui sait peut-être réalisables…
qui ne verront jamais la lumière du soleil réel et qui
tomberont dans l’oreille des sourds ?
Le monde est à qui naît pour le conquérir,
et non pour qui rêve, fût-ce à bon droit, qu’il peut le conquérir.
J’ai rêvé plus que jamais Napoléon ne rêva.
Sur mon sein hypothétique j’ai pressé plus d’humanité que le Christ,
j’ai fait en secret des philosophies que nul Kant n’a rédigées,
mais je suis, peut-être à perpétuité, l’individu de la mansarde,
sans pour autant y avoir mon domicile :
je serai toujours celui qui n’était pas né pour ça ;
je serai toujours, sans plus, celui qui avait des dons ;
je serai toujours celui qui attendait qu’on lui ouvrît la porte
auprès d’un mur sans porte
et qui chanta la romance de l’Infini dans une basse-cour,
celui qui entendit la voix de Dieu dans un puits obstrué.
Croire en moi ? Pas plus qu’en rien…
Que la Nature déverse sur ma tête ardente
son soleil, sa pluie, le vent qui frôle mes cheveux ;
quant au reste, advienne que pourra, ou rien du tout…
Esclaves cardiaques des étoiles,
nous avons conquis l’univers avant de quitter nos draps,
mais nous nous éveillons et voilà qu’il est opaque,
nous nous éveillons et voici qu’il est étranger,
nous franchissons notre seuil et voici qu’il est la terre entière,
plus le système solaire et la Voie lactée et le Vague Illimité.
(Mange des chocolats, fillette ;
mange des chocolats !
Dis-toi bien qu’il n’est d’autre métaphysique que les chocolats,
dis-toi bien que les religions toutes ensembles n’en apprennent
pas plus que la confiserie.
Mange, petite malpropre, mange !
Puissé-je manger des chocolats avec une égale authenticité !
Mais je pense, moi, et quand je retire le papier d’argent, qui d’ailleurs est d’étain,
je flanque tout par terre, comme j’y ai flanqué la vie.)
Du moins subsiste-t-il de l’amertume d’un destin irréalisé
la calligraphie rapide de ces vers,
portique délabré sur l’Impossible,
du moins, les yeux secs, me voué-je à moi-même du mépris,
noble, du moins, par le geste large avec lequel je jette dans le mouvant des choses,
sans note de blanchisseuse, le linge sale que je suis
et reste au logis sans chemise.
(Toi qui consoles, qui n’existes pas et par là même consoles,
ou déesse grecque, conçue comme une statue douée du souffle,
ou patricienne romaine, noble et néfaste infiniment,
ou princesse de troubadours, très- gente et de couleurs ornée,
ou marquise du dix-huitième, lointaine et fort décolletée,
ou cocotte célèbre du temps de nos pères,
ou je ne sais quoi de moderne – non, je ne vois pas très bien quoi -
que tout cela, quoi que ce soit, et que tu sois, m’inspire s’il se peut !
Mon coeur est un seau qu’on a vidé.
Tels ceux qui invoquent les esprits je m’invoque
moi-même sans rien trouver.
Je viens à la fenêtre et vois la rue avec une absolue netteté.
Je vois les magasins et les trottoirs, et les voitures qui passent.
Je vois les êtres vivants et vêtus qui se croisent,
je vois les chiens qui existent eux aussi,
et tout cela me pèse comme une sentence de déportation,
et tout cela est étranger, comme toute chose. )
J’ai vécu, aimé – que dis-je ? j’ai eu la foi,
et aujourd’hui il n’est de mendiant que je n’envie pour le seul fait qu’il n’est pas moi.
En chacun je regarde la guenille, les plaies et le mensonge
et je pense : « peut-être n’as-tu jamais vécu ni étudié, ni aimé, ni eu la foi »
(parce qu’il est possible d’agencer la réalité de tout cela sans en rien exécuter) ;
« peut-être as-tu à peine existé, comme un lézard auquel on a coupé la queue,
et la queue séparée du lézard frétille encore frénétiquement ».
J’ai fait de moi ce que je n’aurais su faire,
et ce que de moi je pouvais faire je ne l’ai pas fait.
Le domino que j’ai mis n’était pas le bon.
On me connut vite pour qui je n’étais pas, et je n’ai pas démenti et j’ai perdu la face.
Quand j’ai voulu ôter le masque
je l’avais collé au visage.
Quand je l’ai ôté et me suis vu dans le miroir,
J’avais déjà vieilli.
J’étais ivre, je ne savais plus remettre le masque que je n’avais pas ôté.
Je jetai le masque et dormis au vestiaire
comme un chien toléré par la direction
parce qu’il est inoffensif -
et je vais écrire cette histoire afin de prouver que je suis sublime.
Essence musicale de mes vers inutiles,
qui me donnera de te trouver comme chose par moi créée,
sans rester éternellement face au Bureau de Tabac d’en face,
foulant aux pieds la conscience d’exister,
comme un tapis où s’empêtre un ivrogne,
comme un paillasson que les romanichels ont volé et qui ne valait pas deux sous.
Mais le patron du Bureau de Tabac est arrivé à la porte, et à la porte il s’est arrêté.
Je le regarde avec le malaise d’un demi-torticolis
et avec le malaise d’une âme brumeuse à demi.
Il mourra, et je mourrai.
Il laissera son enseigne, et moi des vers.
À un moment donné mourra aussi l’enseigne, et
mourront aussi les vers de leur côté.
Après un certain temps mourra la rue où était l’enseigne,
ainsi que la langue dans laquelle les vers furent écrits.
Puis mourra la planète tournante où tout cela s’est produit.
En d’autres satellites d’autres systèmes cosmiques, quelque chose
de semblable à des humains
continuera à faire des genres de vers et à vivre derrière des manières d’enseignes,
toujours une chose en face d’une autre,
toujours une chose aussi inutile qu’une autre,
toujours une chose aussi stupide que le réel,
toujours le mystère au fond aussi certain que le sommeil du mystère de la surface,
toujours cela ou autre chose, ou bien ni une chose ni l’autre.
Mais un homme est entré au Bureau de Tabac (pour acheter du tabac ?)
et la réalité plausible s’abat sur moi soudainement.
Je me soulève à demi, énergique, convaincu, humain,
et je vais méditer d’écrire ces vers où je dis le contraire.
J’allume une cigarette en méditant de les écrire
et je savoure dans la cigarette une libération de toutes les pensées.
Je suis la fumée comme un itinéraire autonome, et je goûte, en un moment sensible et compétent,
la libération en moi de tout le spéculatif
et la conscience de ce que la métaphysique est l’effet d’un malaise passager.
Ensuite je me renverse sur ma chaise
et je continue à fumer
Tant que le destin me l’accordera je continuerai à fumer.
(Si j’épousais la fille de ma blanchisseuse,
peut-être que je serais heureux.)
Là-dessus je me lève. Je vais à la fenêtre.
L’homme est sorti du bureau de tabac (n’a-t-il pas mis la
monnaie dans la poche de son pantalon?)
Ah, je le connais: c’est Estève, Estève sans métaphysique.
(Le patron du bureau de tabac est arrivé sur le seuil.)
Comme mû par un instinct sublime, Estève s’est retourné et il m’a vu.
Il m’a salué de la main, je lui ai crié: « Salut Estève ! », et l’univers
s’est reconstruit pour moi sans idéal ni espérance, et le
patron du Bureau de Tabac a souri.
FERNANDO PESSOA
Álvaro de Campos, 15 janvier 1928.
Pessoa, un auteur immense et une vie fascinante!
Je l'ai déjà collé quelque part sur le forum, mais puisque tu es amateur voilà ce que je pense être son plus beau texte :
Je ne suis rien
Jamais je ne serai rien.
Je ne puis vouloir être rien.
Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde.
Fenêtres de ma chambre,
de ma chambre dans la fourmilière humaine unité ignorée
(et si l’on savait ce qu’elle est, que saurait-on de plus ?),
vous donnez sur le mystère d’une rue au va-et-vient continuel,
sur une rue inaccessible à toutes les pensées,
réelle, impossiblement réelle, précise, inconnaissablement précise,
avec le mystère des choses enfoui sous les pierres et les êtres,
avec la mort qui parsème les murs de moisissure et de cheveux blancs les humains,
avec le destin qui conduit la guimbarde de tout sur la route de rien.
Je suis aujourd’hui vaincu, comme si je connaissais la vérité;
lucide aujourd’hui, comme si j’étais à l’article de la mort,
n’ayant plus d’autre fraternité avec les choses
que celle d’un adieu, cette maison et ce côté de la rue
se muant en une file de wagons, avec un départ au sifflet venu du fond de ma tête,
un ébranlement de mes nerfs et un grincement de mes os qui démarrent.
Je suis aujourd’hui perplexe, comme qui a réfléchi, trouvé, puis oublié.
Je suis aujourd’hui partagé entre la loyauté que je dois
au Bureau de Tabac d’en face, en tant que chose extérieurement réelle
et la sensation que tout est songe, en tant que chose réelle vue du dedans.
J’ai tout raté.
Comme j’étais sans ambition, peut-être ce tout n’était-il rien.
Les bons principes qu’on m’a inculqués,
je les ai fuis par la fenêtre de la cour.
Je m’en fus aux champs avec de grands desseins,
mais là je n’ai trouvé qu’herbes et arbres,
et les gens, s’il y en avait, étaient pareils à tout le monde.
Je quitte la fenêtre, je m’assieds sur une chaise. À quoi penser ?
Que sais-je de ce que je serai, moi qui ne sais pas ce que je suis ?
Être ce que je pense ? Mais je crois être tant et tant !
Et il y en a tant qui se croient la même chose qu’il ne saurait y en avoir tant!
Un génie ? En ce moment
cent mille cerveaux se voient en songe génies comme moi-même
et l’histoire n’en retiendra, qui sait ?, même pas un ;
du fumier, voilà tout ce qui restera de tant de conquêtes futures.
Non, je ne crois pas en moi.
Dans tous les asiles il y a tant de fous possédés par tant de certitudes !
Moi, qui n’ai point de certitude , suis-je plus assuré, le suis-je moins ?
Non, même pas de ma personne…
En combien de mansardes et de non-mansardes du monde
n’y a-t-il à cette heure des génies-pour-soi-même rêvant ?
Combien d’aspirations hautes, lucides et nobles -
oui, authentiquement hautes, lucides et nobles -
et, qui sait peut-être réalisables…
qui ne verront jamais la lumière du soleil réel et qui
tomberont dans l’oreille des sourds ?
Le monde est à qui naît pour le conquérir,
et non pour qui rêve, fût-ce à bon droit, qu’il peut le conquérir.
J’ai rêvé plus que jamais Napoléon ne rêva.
Sur mon sein hypothétique j’ai pressé plus d’humanité que le Christ,
j’ai fait en secret des philosophies que nul Kant n’a rédigées,
mais je suis, peut-être à perpétuité, l’individu de la mansarde,
sans pour autant y avoir mon domicile :
je serai toujours celui qui n’était pas né pour ça ;
je serai toujours, sans plus, celui qui avait des dons ;
je serai toujours celui qui attendait qu’on lui ouvrît la porte
auprès d’un mur sans porte
et qui chanta la romance de l’Infini dans une basse-cour,
celui qui entendit la voix de Dieu dans un puits obstrué.
Croire en moi ? Pas plus qu’en rien…
Que la Nature déverse sur ma tête ardente
son soleil, sa pluie, le vent qui frôle mes cheveux ;
quant au reste, advienne que pourra, ou rien du tout…
Esclaves cardiaques des étoiles,
nous avons conquis l’univers avant de quitter nos draps,
mais nous nous éveillons et voilà qu’il est opaque,
nous nous éveillons et voici qu’il est étranger,
nous franchissons notre seuil et voici qu’il est la terre entière,
plus le système solaire et la Voie lactée et le Vague Illimité.
(Mange des chocolats, fillette ;
mange des chocolats !
Dis-toi bien qu’il n’est d’autre métaphysique que les chocolats,
dis-toi bien que les religions toutes ensembles n’en apprennent
pas plus que la confiserie.
Mange, petite malpropre, mange !
Puissé-je manger des chocolats avec une égale authenticité !
Mais je pense, moi, et quand je retire le papier d’argent, qui d’ailleurs est d’étain,
je flanque tout par terre, comme j’y ai flanqué la vie.)
Du moins subsiste-t-il de l’amertume d’un destin irréalisé
la calligraphie rapide de ces vers,
portique délabré sur l’Impossible,
du moins, les yeux secs, me voué-je à moi-même du mépris,
noble, du moins, par le geste large avec lequel je jette dans le mouvant des choses,
sans note de blanchisseuse, le linge sale que je suis
et reste au logis sans chemise.
(Toi qui consoles, qui n’existes pas et par là même consoles,
ou déesse grecque, conçue comme une statue douée du souffle,
ou patricienne romaine, noble et néfaste infiniment,
ou princesse de troubadours, très- gente et de couleurs ornée,
ou marquise du dix-huitième, lointaine et fort décolletée,
ou cocotte célèbre du temps de nos pères,
ou je ne sais quoi de moderne – non, je ne vois pas très bien quoi -
que tout cela, quoi que ce soit, et que tu sois, m’inspire s’il se peut !
Mon coeur est un seau qu’on a vidé.
Tels ceux qui invoquent les esprits je m’invoque
moi-même sans rien trouver.
Je viens à la fenêtre et vois la rue avec une absolue netteté.
Je vois les magasins et les trottoirs, et les voitures qui passent.
Je vois les êtres vivants et vêtus qui se croisent,
je vois les chiens qui existent eux aussi,
et tout cela me pèse comme une sentence de déportation,
et tout cela est étranger, comme toute chose. )
J’ai vécu, aimé – que dis-je ? j’ai eu la foi,
et aujourd’hui il n’est de mendiant que je n’envie pour le seul fait qu’il n’est pas moi.
En chacun je regarde la guenille, les plaies et le mensonge
et je pense : « peut-être n’as-tu jamais vécu ni étudié, ni aimé, ni eu la foi »
(parce qu’il est possible d’agencer la réalité de tout cela sans en rien exécuter) ;
« peut-être as-tu à peine existé, comme un lézard auquel on a coupé la queue,
et la queue séparée du lézard frétille encore frénétiquement ».
J’ai fait de moi ce que je n’aurais su faire,
et ce que de moi je pouvais faire je ne l’ai pas fait.
Le domino que j’ai mis n’était pas le bon.
On me connut vite pour qui je n’étais pas, et je n’ai pas démenti et j’ai perdu la face.
Quand j’ai voulu ôter le masque
je l’avais collé au visage.
Quand je l’ai ôté et me suis vu dans le miroir,
J’avais déjà vieilli.
J’étais ivre, je ne savais plus remettre le masque que je n’avais pas ôté.
Je jetai le masque et dormis au vestiaire
comme un chien toléré par la direction
parce qu’il est inoffensif -
et je vais écrire cette histoire afin de prouver que je suis sublime.
Essence musicale de mes vers inutiles,
qui me donnera de te trouver comme chose par moi créée,
sans rester éternellement face au Bureau de Tabac d’en face,
foulant aux pieds la conscience d’exister,
comme un tapis où s’empêtre un ivrogne,
comme un paillasson que les romanichels ont volé et qui ne valait pas deux sous.
Mais le patron du Bureau de Tabac est arrivé à la porte, et à la porte il s’est arrêté.
Je le regarde avec le malaise d’un demi-torticolis
et avec le malaise d’une âme brumeuse à demi.
Il mourra, et je mourrai.
Il laissera son enseigne, et moi des vers.
À un moment donné mourra aussi l’enseigne, et
mourront aussi les vers de leur côté.
Après un certain temps mourra la rue où était l’enseigne,
ainsi que la langue dans laquelle les vers furent écrits.
Puis mourra la planète tournante où tout cela s’est produit.
En d’autres satellites d’autres systèmes cosmiques, quelque chose
de semblable à des humains
continuera à faire des genres de vers et à vivre derrière des manières d’enseignes,
toujours une chose en face d’une autre,
toujours une chose aussi inutile qu’une autre,
toujours une chose aussi stupide que le réel,
toujours le mystère au fond aussi certain que le sommeil du mystère de la surface,
toujours cela ou autre chose, ou bien ni une chose ni l’autre.
Mais un homme est entré au Bureau de Tabac (pour acheter du tabac ?)
et la réalité plausible s’abat sur moi soudainement.
Je me soulève à demi, énergique, convaincu, humain,
et je vais méditer d’écrire ces vers où je dis le contraire.
J’allume une cigarette en méditant de les écrire
et je savoure dans la cigarette une libération de toutes les pensées.
Je suis la fumée comme un itinéraire autonome, et je goûte, en un moment sensible et compétent,
la libération en moi de tout le spéculatif
et la conscience de ce que la métaphysique est l’effet d’un malaise passager.
Ensuite je me renverse sur ma chaise
et je continue à fumer
Tant que le destin me l’accordera je continuerai à fumer.
(Si j’épousais la fille de ma blanchisseuse,
peut-être que je serais heureux.)
Là-dessus je me lève. Je vais à la fenêtre.
L’homme est sorti du bureau de tabac (n’a-t-il pas mis la
monnaie dans la poche de son pantalon?)
Ah, je le connais: c’est Estève, Estève sans métaphysique.
(Le patron du bureau de tabac est arrivé sur le seuil.)
Comme mû par un instinct sublime, Estève s’est retourné et il m’a vu.
Il m’a salué de la main, je lui ai crié: « Salut Estève ! », et l’univers
s’est reconstruit pour moi sans idéal ni espérance, et le
patron du Bureau de Tabac a souri.
FERNANDO PESSOA
Álvaro de Campos, 15 janvier 1928.
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
"Quelqu'un a dit que le sommeil équivaut à l'espérance : admirable intuition de l'importance effrayante du sommeil – et tout autant de l'insomnie ! Celle-ci représente une réalité si colossale que je me demande si l'homme ne serait pas un animal inapte au sommeil. Pourquoi le qualifier d'animal raisonnable alors qu'on peut trouver, en certaines bêtes, autant de raison qu'on veut ? En revanche, il n'existe pas, dans tout le règne animal, d'autre bête qui veuille dormir sans le pouvoir. Le sommeil fait oublier le drame de la vie, ses complications, ses obsessions; chaque éveil est un recommencement et un nouvel espoir. La vie conserve ainsi une agréable discontinuité, qui donne l'impression d'une régénération permanente. Les insomnies engendrent, au contraire, le sentiment de l'agonie, une tristesse incurable, le désespoir. Pour l'homme en pleine santé - à savoir l'animal - il est futile de s'interroger sur l'insomnie : il ignore l'existence d'individus qui donneraient tout pour un assoupissement, des hantés du lit qui sacrifieraient un royaume pour retrouver l'inconscience que la terrifiante lucidité des veilles leur a brutalement ravie. Le lien est indissoluble entre l'insomnie et le désespoir. Je crois bien que la perte totale de l'espérance ne se conçoit pas sans le concours de l'insomnie. Le paradis et l'enfer ne présentent d'autre différence que celle-ci : on peut dormir, au paradis, tout son saoul; en enfer, on ne dort jamais. Dieu ne punit-il pas l'homme en lui ôtant le sommeil pour lui donner la connaissance ? N'est-ce pas le châtiment le plus terrible que d'être interdit de sommeil ? Impossible d'aimer la vie quand on ne peut dormir."
Sur les cimes du désespoir, 1932. Cioran.
Sur les cimes du désespoir, 1932. Cioran.
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
Cioran a vue juste! mon chat vient de rentrer, il s'est installé dans le fauteuil en face du mien, a tourné un peu en rond en faisant sa petite pelote, enfin il a préparé sa couche à la manière des chats vous voyez ce que je veux dire, s'est couché et s'est endormi, là il ronfle! Salaud!
Bon je vais me décider à aller affronter mon lit, on verra bien!
Bon je vais me décider à aller affronter mon lit, on verra bien!
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
Bonne expédition
- c'est un peu bête de poster cela, mais je tournais moi-même en rond face à mon clavier pour remercier des extraits de Pessoa... alors voilà... merci -
- c'est un peu bête de poster cela, mais je tournais moi-même en rond face à mon clavier pour remercier des extraits de Pessoa... alors voilà... merci -
Zwischending- Messages : 889
Date d'inscription : 27/05/2013
Localisation : île de France
Re: ?????????
De rien zwizwi
Je me suis joué une espèce de pièce de théâtre dadaiste une bonne partie de la nuit! J'ai quand même réussi à arracher deux heures de sommeil! Je suis en pleine forme!
Je me suis joué une espèce de pièce de théâtre dadaiste une bonne partie de la nuit! J'ai quand même réussi à arracher deux heures de sommeil! Je suis en pleine forme!
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
Salut David,
Je n'ai pas pris le temps de te dire que tu avais posté de très beaux textes, entre Cioran et Pessoa.
Je connais ces deux auteurs, évidemment, qui ne les connaît pas.
Mais je n'ai rien lu d'eux.
Le livre de l'intranquillité est dans mes projets d'achats depuis un petit moment.
Je n'ai pas pris le temps de te dire que tu avais posté de très beaux textes, entre Cioran et Pessoa.
Je connais ces deux auteurs, évidemment, qui ne les connaît pas.
Mais je n'ai rien lu d'eux.
Le livre de l'intranquillité est dans mes projets d'achats depuis un petit moment.
Invité- Invité
Re: ?????????
- Vous aimez les enfants ?
- Oui, répondit Kirillov, avec, du reste, une certaine indifférence.
- Donc, la vie aussi, vous l’aimez ?
- Oui, la vie aussi, je l’aime, pourquoi ?
- Si vous avez décidé de vous suicider.
- Et alors ? Pourquoi sur le même plan ? La vie, c’est une chose ; ça, autre chose. La vie, elle existe, la mort – pas du tout.
- Vous avez commencé à croire à la vie éternelle dans l’avenir ?
- Non, pas dans l’avenir, la vie éternellement dans le présent. Il y a des minutes, vous touchez des minutes, et, le temps, d’un seul coup, il s’arrête, et il existe dans l’éternité.
- Vous espérez en arriver à une minute de ce genre ?
- Oui.
- Dans notre temps à nous, je doute que ce soit possible, répliqua, là aussi, sans la moindre ironie, Nikolaï Vsévolodovitch, d’une voix lente et comme pensive. Dans l’Apocalypse, l’ange jure que le temps n’existera plus.
- Je sais. C’est très juste, ce qu’il y a dedans ; très clair, très précis. Quand l’homme tout entier aura atteint le bonheur, alors, le temps n’existera plus – parce que ce ne sera plus la peine. Une idée très juste.
- Et où pourra-t-on le fourrer, le temps ?
- Nulle part, le temps ce n’est pas un objet, c’est une idée. Il s’éteindra dans l’esprit.
- Vieux lieux communs philosophiques, les mêmes depuis le début des siècles, marmonna Stavroguine avec une sorte de regret dédaigneux.
- Les mêmes, toujours ! Les mêmes, depuis le début des siècles, et jamais aucun autre, jamais ! reprit Kirillov, les yeux luisants comme si cette idée contenait presque en elle-même sa victoire.
- Vous êtes très heureux, semble-t-il, Kirillov ?
- Oui, très heureux, répondit celui-ci, comme s’il donnait là encore une réponse des plus banales.
- Mais, récemment, vous étiez si affecté, vous en vouliez à Lipoutine ?
- Hum… maintenant, je ne dis plus rien. Je ne savais pas encore, à ce moment-là, que j’étais heureux. Vous avez vu une feuille – sur un arbre, une feuille ?
- Oui.
- J’en ai vu une, l’autre jour, une jaune, encore un peu de vert, un peu moisie déjà, sur les bords. Le vent qui la portait. J’avais dix ans, l’hiver, exprès, je fermais les yeux et je m’imaginais une feuille – verte, brillante, avec ses nervures, et le soleil qui brille. J’ouvrais les yeux, je n’y croyais pas, parce que c’était très bien, et je les refermais.
- Qu’est-ce que c’est ? une allégorie ?
- Non… pourquoi ? Pas une allégorie, non, je dis une feuille, tout simplement, juste une feuille. Une feuille, c’est bien. Tout est bien.
- Tout ?
- Tout. L’homme est malheureux parce qu’il ne sait pas qu’il est heureux. Ca, c’est tout, tout ! Celui qui réussit à le savoir, il devient heureux, tout de suite, à l’instant même.
Fedor Dostoïevski. Les Démons
- Oui, répondit Kirillov, avec, du reste, une certaine indifférence.
- Donc, la vie aussi, vous l’aimez ?
- Oui, la vie aussi, je l’aime, pourquoi ?
- Si vous avez décidé de vous suicider.
- Et alors ? Pourquoi sur le même plan ? La vie, c’est une chose ; ça, autre chose. La vie, elle existe, la mort – pas du tout.
- Vous avez commencé à croire à la vie éternelle dans l’avenir ?
- Non, pas dans l’avenir, la vie éternellement dans le présent. Il y a des minutes, vous touchez des minutes, et, le temps, d’un seul coup, il s’arrête, et il existe dans l’éternité.
- Vous espérez en arriver à une minute de ce genre ?
- Oui.
- Dans notre temps à nous, je doute que ce soit possible, répliqua, là aussi, sans la moindre ironie, Nikolaï Vsévolodovitch, d’une voix lente et comme pensive. Dans l’Apocalypse, l’ange jure que le temps n’existera plus.
- Je sais. C’est très juste, ce qu’il y a dedans ; très clair, très précis. Quand l’homme tout entier aura atteint le bonheur, alors, le temps n’existera plus – parce que ce ne sera plus la peine. Une idée très juste.
- Et où pourra-t-on le fourrer, le temps ?
- Nulle part, le temps ce n’est pas un objet, c’est une idée. Il s’éteindra dans l’esprit.
- Vieux lieux communs philosophiques, les mêmes depuis le début des siècles, marmonna Stavroguine avec une sorte de regret dédaigneux.
- Les mêmes, toujours ! Les mêmes, depuis le début des siècles, et jamais aucun autre, jamais ! reprit Kirillov, les yeux luisants comme si cette idée contenait presque en elle-même sa victoire.
- Vous êtes très heureux, semble-t-il, Kirillov ?
- Oui, très heureux, répondit celui-ci, comme s’il donnait là encore une réponse des plus banales.
- Mais, récemment, vous étiez si affecté, vous en vouliez à Lipoutine ?
- Hum… maintenant, je ne dis plus rien. Je ne savais pas encore, à ce moment-là, que j’étais heureux. Vous avez vu une feuille – sur un arbre, une feuille ?
- Oui.
- J’en ai vu une, l’autre jour, une jaune, encore un peu de vert, un peu moisie déjà, sur les bords. Le vent qui la portait. J’avais dix ans, l’hiver, exprès, je fermais les yeux et je m’imaginais une feuille – verte, brillante, avec ses nervures, et le soleil qui brille. J’ouvrais les yeux, je n’y croyais pas, parce que c’était très bien, et je les refermais.
- Qu’est-ce que c’est ? une allégorie ?
- Non… pourquoi ? Pas une allégorie, non, je dis une feuille, tout simplement, juste une feuille. Une feuille, c’est bien. Tout est bien.
- Tout ?
- Tout. L’homme est malheureux parce qu’il ne sait pas qu’il est heureux. Ca, c’est tout, tout ! Celui qui réussit à le savoir, il devient heureux, tout de suite, à l’instant même.
Fedor Dostoïevski. Les Démons
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
Le clown et son alter ego.
Où t'en vas-ti ?
— Je né sais pas.
D'où viens-ti ?
— Je né sais pas non plis !
Où t'es-ti donc, là-bas ou ici ?
— Entré les deux, entré les deux je souis.
Alors, qui t'es-ti ?
— Je né sais pas, je né sais pas, je né sais plis !
— Je né sais pas.
D'où viens-ti ?
— Je né sais pas non plis !
Où t'es-ti donc, là-bas ou ici ?
— Entré les deux, entré les deux je souis.
Alors, qui t'es-ti ?
— Je né sais pas, je né sais pas, je né sais plis !
Jean Tardieu
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
Un portrait en citations, cela dit beaucoup au final. Pessoa, Cioran, Tardieu, The Smiths, Nick Cave, plus une signature de David Lynch, j'aime. Bon, c'est pas très lumineux hein...
Re: ?????????
Harpo a écrit:c'est pas très lumineux hein...
C'est vrai, mais comme a écrit Cioran :
“Dans un monde sans mélancolie, les rossignols se mettraient à roter.“
Merci de ta visite Harpo
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
"A l'origine, la forme du labyrinthe s'est inspirée de celle des boyaux. Autrement dit, le principe du labyrinthe existe à l'intérieur de toi. Et il correspond à un labyrinthe extérieur à toi.
-C'est une métaphore ?
-Exactement. Une métaphore à double sens. Ce qui extérieur à toi, c'est la projection de ce qui est intérieur, et l'intérieur est la projection de l'extérieur. Souvent, quand tu mets les pieds dans un labyrinthe extérieur, c'est que tu entres aussi dans un labyrinthe intérieur. Dans la plupart des cas, c'est très dangereux."
Kafka sur le rivage. Haruki Murakami
-C'est une métaphore ?
-Exactement. Une métaphore à double sens. Ce qui extérieur à toi, c'est la projection de ce qui est intérieur, et l'intérieur est la projection de l'extérieur. Souvent, quand tu mets les pieds dans un labyrinthe extérieur, c'est que tu entres aussi dans un labyrinthe intérieur. Dans la plupart des cas, c'est très dangereux."
Kafka sur le rivage. Haruki Murakami
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
Il m'arrive un truc très bête!
Il y a deux jours, j'en suis arrivé à remettre mon mode de vie actuel en question. Je pensais encore il y a quelque mois avoir atteint une sorte d'équilibre. Une vie tranquille de père au foyer, nourri de l'amour des siens, de sa bibliothèque et de sa médiathèque, presque auto-suffisant, débarrassé de quasi tout les liens sociaux que je jugeais toxiques et inutiles, famille élargie, pseudo amitiés nostalgiques, entreprise...
Hors dés que je mets un peu la tête dehors (sur ZC par exemple, cet ersatz de vie sociale) force est de constater que le monde et moi sommes toujours en compte! Pris d'une sorte d'élan maniaque, il y a deux jours donc, je me convaincs de ne plus fuir, de redescendre de ma montagne, et autant y aller franco, en reprenant un job par exemple!
Cela n'a pas duré longtemps avant de retomber, deux petites heures, juste le temps de créer un profil APEC, de sélectionner une offre, d'envoyer CV et lettre de motivation...
Et ce matin en ouvrant mon mail :"Votre candidature a retenu toute notre attention (...) entretien de recrutement le 22 janvier à 10:30 ..."
Jusqu'ici cela va encore, je peux toujours décliner (étant revenu à la raison), mais voilà que ma femme rentre dans la pièce et que je lui fais part de la chose. Elle explose de joie! Cinq ans que je suis persuadé qu'elle a elle aussi trouvé son équilibre dans cette situation, qu'elle n'exprime aucun désaccord, et je comprends, en un instant qu'il n'en est rien!
J'ai confirmé ma présence à l'entretien et je suis complètement déboussolé. Je sais que je peux être assez bon pour décrocher ce job, le masque est toujours à disposition, dans le même temps je sais ou cela m'a mené dans le passé, la perspective de me retrouver dans la même situation est hyper anxiogène! Mais c'est peut-être aussi l'occasion de régler certaines choses, de me réaliser sur un autre plan.
Et maintenant que j'ai vu, la décevoir m'angoisse tout autant!
Merde, merde et encore merde ...
Il y a deux jours, j'en suis arrivé à remettre mon mode de vie actuel en question. Je pensais encore il y a quelque mois avoir atteint une sorte d'équilibre. Une vie tranquille de père au foyer, nourri de l'amour des siens, de sa bibliothèque et de sa médiathèque, presque auto-suffisant, débarrassé de quasi tout les liens sociaux que je jugeais toxiques et inutiles, famille élargie, pseudo amitiés nostalgiques, entreprise...
Hors dés que je mets un peu la tête dehors (sur ZC par exemple, cet ersatz de vie sociale) force est de constater que le monde et moi sommes toujours en compte! Pris d'une sorte d'élan maniaque, il y a deux jours donc, je me convaincs de ne plus fuir, de redescendre de ma montagne, et autant y aller franco, en reprenant un job par exemple!
Cela n'a pas duré longtemps avant de retomber, deux petites heures, juste le temps de créer un profil APEC, de sélectionner une offre, d'envoyer CV et lettre de motivation...
Et ce matin en ouvrant mon mail :"Votre candidature a retenu toute notre attention (...) entretien de recrutement le 22 janvier à 10:30 ..."
Jusqu'ici cela va encore, je peux toujours décliner (étant revenu à la raison), mais voilà que ma femme rentre dans la pièce et que je lui fais part de la chose. Elle explose de joie! Cinq ans que je suis persuadé qu'elle a elle aussi trouvé son équilibre dans cette situation, qu'elle n'exprime aucun désaccord, et je comprends, en un instant qu'il n'en est rien!
J'ai confirmé ma présence à l'entretien et je suis complètement déboussolé. Je sais que je peux être assez bon pour décrocher ce job, le masque est toujours à disposition, dans le même temps je sais ou cela m'a mené dans le passé, la perspective de me retrouver dans la même situation est hyper anxiogène! Mais c'est peut-être aussi l'occasion de régler certaines choses, de me réaliser sur un autre plan.
Et maintenant que j'ai vu, la décevoir m'angoisse tout autant!
Merde, merde et encore merde ...
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
Si ça paye bien ?
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: ?????????
Fata Morgana a écrit:Si ça paye bien ?
Salut Fata
C'est très correct à ce niveau, mais l'argent n'est pas une grande source de motivation pour nous, sans être riche nous vivons correctement.
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
Coucou David !
"Elle explose de joie! Cinq ans que je suis persuadé qu'elle a elle aussi trouvé son équilibre dans cette situation, qu'elle n'exprime aucun désaccord, et je comprends, en un instant qu'il n'en est rien!"
Peut-être devrais tu lui poser la question clairement... je dis bien peut-être, tu serais au clair avec ton ressenti.
"Pris d'une sorte d'élan maniaque, il y a deux jours donc, je me convaincs de ne plus fuir, de redescendre de ma montagne, et autant y aller franco, en reprenant un job par exemple!"
C'est une façon de se reconnecter effectivement et quand bien même "l'argent n'est pas une grande source de motivation" cela peut te permettre de créer une autre bulle avec ta famille.
En tous cas je te transmets tous mes encouragements aux changements positifs !
"Elle explose de joie! Cinq ans que je suis persuadé qu'elle a elle aussi trouvé son équilibre dans cette situation, qu'elle n'exprime aucun désaccord, et je comprends, en un instant qu'il n'en est rien!"
Peut-être devrais tu lui poser la question clairement... je dis bien peut-être, tu serais au clair avec ton ressenti.
"Pris d'une sorte d'élan maniaque, il y a deux jours donc, je me convaincs de ne plus fuir, de redescendre de ma montagne, et autant y aller franco, en reprenant un job par exemple!"
C'est une façon de se reconnecter effectivement et quand bien même "l'argent n'est pas une grande source de motivation" cela peut te permettre de créer une autre bulle avec ta famille.
En tous cas je te transmets tous mes encouragements aux changements positifs !
Invité- Invité
Re: ?????????
Merci Patate!
Oui tu as raison, je pense que nous allons avoir une petite conversation tranquille ce soir!
Mais j'ai tellement de mal avec les bouleversements, me mettre en mouvement, vaincre l'inertie; je sentais bien que quelque chose de cette ordre allait arriver, depuis l'été dernier je suis en dissonance avec ma vie, petit à petit la fausse note s'amplifie.
Je n'ai plus qu'a essayer d'aller de l'avant et advienne ce qui doit advenir!
Oui tu as raison, je pense que nous allons avoir une petite conversation tranquille ce soir!
Mais j'ai tellement de mal avec les bouleversements, me mettre en mouvement, vaincre l'inertie; je sentais bien que quelque chose de cette ordre allait arriver, depuis l'été dernier je suis en dissonance avec ma vie, petit à petit la fausse note s'amplifie.
Je n'ai plus qu'a essayer d'aller de l'avant et advienne ce qui doit advenir!
- Spoiler:
- J'ai l'air brave en écrivant cela hein? Ah p****n...
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
Sana parler de l'emploi, c'est peut-être l'idée d'une activité qui la réjouit. Elles s'inquiètent beaucoup de notre apparent inactivité et craignent de nous voir dépérir...(Ça sent le vécu pas vrai ?)
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: ?????????
Une activité, ou un projet. Enfin un truc qui montre que nous sommes toujours vivants .
De toute façon, s'il y a dissonance, le mieux est de ne pas laisser la situation s'envenimer. Cela peut être toxique pour toi, et donc pour vous deux. Mais bon, je comprends bien la sensation de sauter dans le vide...
De toute façon, s'il y a dissonance, le mieux est de ne pas laisser la situation s'envenimer. Cela peut être toxique pour toi, et donc pour vous deux. Mais bon, je comprends bien la sensation de sauter dans le vide...
Re: ?????????
Fata Morgana a écrit:Sana parler de l'emploi, c'est peut-être l'idée d'une activité qui la réjouit. Elles s'inquiètent beaucoup de notre apparent inactivité et craignent de nous voir dépérir...(Ça sent le vécu pas vrai ?)
Bien vu Fata j'en suis là également de ma réflexion concernant sa réaction.
Harpo a écrit:Une activité, ou un projet. Enfin un truc qui montre que nous sommes toujours vivants .
De toute façon, s'il y a dissonance, le mieux est de ne pas laisser la situation s'envenimer. Cela peut être toxique pour toi, et donc pour vous deux. Mais bon, je comprends bien la sensation de sauter dans le vide...
C'est tout à fait cela, un saut dans le vide, et je suis sujet au vertige ce qui n'arrange rien!
Mais je vais sauter, car si il y a bien un truc qui parvient encore à me secouer c'est l'amour que je porte au miens!
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
Fata a écrit:Elles s'inquiètent beaucoup de notre apparent inactivité et craignent de nous voir dépérir
Voilà, j'ai bien fait de discuter ce soir avec Madame, c'était tout à fait cela.
Je vais tenter le coup, on verra bien.
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
Merci patate !!!
J'ai eu une visite surprise ce soir! Des années que je ne m'étais pas enivré!
Houps!
J'ai eu une visite surprise ce soir! Des années que je ne m'étais pas enivré!
Houps!
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
L'Éternité
Elle est retrouvée.
Quoi ? — L'Éternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil
Âme sentinelle,
Murmurons l'aveu
De la nuit si nulle
Et du jour en feu.
Des humains suffrages,
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon.
Puisque de vous seules,
Braises de satin,
Le Devoir s'exhale
Sans qu'on dise : enfin.
Là pas d'espérance,
Nul orietur.
Science avec patience,
Le supplice est sûr.
Elle est retrouvée.
Quoi ? — L'Éternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.
Rimbaud.
Elle est retrouvée.
Quoi ? — L'Éternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil
Âme sentinelle,
Murmurons l'aveu
De la nuit si nulle
Et du jour en feu.
Des humains suffrages,
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon.
Puisque de vous seules,
Braises de satin,
Le Devoir s'exhale
Sans qu'on dise : enfin.
Là pas d'espérance,
Nul orietur.
Science avec patience,
Le supplice est sûr.
Elle est retrouvée.
Quoi ? — L'Éternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.
Rimbaud.
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
Je viens de me rendre compte que pour moi le sommet de la bonne humeur et de la festivité s'exprimé musicalement avec Pulp.
Je vous glisse le texte :
She came from Greece she had a thirst for knowledge,
she studied sculpture at Saint Martin's College,
that's where I,
caught her eye.
She told me that her Dad was loaded,
I said "In that case I'll have a rum and coca-cola."
She said "Fine."
and in thirty seconds time she said,
"I want to live like common people,
I want to do whatever common people do,
I want to sleep with common people,
I want to sleep with common people,
like you."
Well what else could I do -
I said "I'll see what I can do."
I took her to a supermarket,
I don't know why but I had to start it somewhere,
so it started there.
I said pretend you've got no money,
she just laughed and said,
"Oh you're so funny."
I said "yeah?
Well I can't see anyone else smiling in here.
Are you sure you want to live like common people,
you want to see whatever common people see,
you want to sleep with common people,
you want to sleep with common people,
like me."
But she didn't understand,
she just smiled and held my hand.
Rent a flat above a shop,
cut your hair and get a job.
Smoke some fags and play some pool,
pretend you never went to school.
But still you'll never get it right,
cos when you're laid in bed at night,
watching roaches climb the wall,
if you call your Dad he could stop it all.
You'll never live like common people,
you'll never do what common people do,
you'll never fail like common people,
you'll never watch your life slide out of view,
and dance and drink and screw,
because there's nothing else to do.
Sing along with the common people,
sing along and it might just get you through,
laugh along with the common people,
laugh along even though they're laughing at you,
and the stupid things that you do.
Because you think that poor is cool.
I want to live with common people,
I want to live with common people etc...
Je crois que je tourne pas rond...
Je vous glisse le texte :
She came from Greece she had a thirst for knowledge,
she studied sculpture at Saint Martin's College,
that's where I,
caught her eye.
She told me that her Dad was loaded,
I said "In that case I'll have a rum and coca-cola."
She said "Fine."
and in thirty seconds time she said,
"I want to live like common people,
I want to do whatever common people do,
I want to sleep with common people,
I want to sleep with common people,
like you."
Well what else could I do -
I said "I'll see what I can do."
I took her to a supermarket,
I don't know why but I had to start it somewhere,
so it started there.
I said pretend you've got no money,
she just laughed and said,
"Oh you're so funny."
I said "yeah?
Well I can't see anyone else smiling in here.
Are you sure you want to live like common people,
you want to see whatever common people see,
you want to sleep with common people,
you want to sleep with common people,
like me."
But she didn't understand,
she just smiled and held my hand.
Rent a flat above a shop,
cut your hair and get a job.
Smoke some fags and play some pool,
pretend you never went to school.
But still you'll never get it right,
cos when you're laid in bed at night,
watching roaches climb the wall,
if you call your Dad he could stop it all.
You'll never live like common people,
you'll never do what common people do,
you'll never fail like common people,
you'll never watch your life slide out of view,
and dance and drink and screw,
because there's nothing else to do.
Sing along with the common people,
sing along and it might just get you through,
laugh along with the common people,
laugh along even though they're laughing at you,
and the stupid things that you do.
Because you think that poor is cool.
I want to live with common people,
I want to live with common people etc...
Je crois que je tourne pas rond...
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
david50 a écrit: you'll never fail like common people,
Au moins il y a de l’originalité... en note artistique, c’est pas mal !
Invité- Invité
Re: ?????????
- Spoiler:
- Digression. Je suis toujours étonné par les rythmes de sommeil des zèbres. Tes horaires sont chaotiques.
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: ?????????
- Fata:
- Fata Morgana a écrit:
- Spoiler:
- Digression. Je suis toujours étonné par les rythmes de sommeil des zèbres. Tes horaires sont chaotiques.
C'est le moins que l'on puisse dire
En fait, ils ne sont chaotiques que du fait que la vie en société tente de me contraindre à une existence diurne; quand je n'ai aucune obligation d'aucune sorte, mon rythme biologique peut s'imposer et il est alors régulier.
Le sommeil et moi c'est une longue histoire!
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
J'ai toujours été ému par ce passage entre 0:57 et 1:36, je ne sais pas pourquoi, je le trouve magnifique.
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
On ne sait pas toujours pourquoi une chose nous est magnifique. Et peut-être bien que justement, le fait de ne pas le savoir en conserve la magie. Est-ce dans le pouvoir des zèbres d'accepter le charme sans chercher à comprendre ? Si non, ne sera-ce pas au une perte ? Parfois je me dis que tout mettre sous le scalpel de l'analyse détruit l'aspect "sacré" de ce qui nous donne de la beauté. Peut-être encore qu'un certain intellectualisme déflore un peu trop vite le charme. Se laisser faire, nous devons sans doute l'apprendre.
Alors je saute à cela: ne décomposons pas la merveille, laissons-lui son mystère et sa puissance. Comprendre la théorie musicale ne nous rapprochera pas du frisson, au contraire, on risquera de passer du cœur à la tête, de l'émerveillement au laboratoire.
Alors je saute à cela: ne décomposons pas la merveille, laissons-lui son mystère et sa puissance. Comprendre la théorie musicale ne nous rapprochera pas du frisson, au contraire, on risquera de passer du cœur à la tête, de l'émerveillement au laboratoire.
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: ?????????
Fata Morgana a écrit:On ne sait pas toujours pourquoi une chose nous est magnifique. Et peut-être bien que justement, le fait de ne pas le savoir en conserve la magie. Est-ce dans le pouvoir des zèbres d'accepter le charme sans chercher à comprendre ? Si non, ne sera-ce pas au une perte ? Parfois je me dis que tout mettre sous le scalpel de l'analyse détruit l'aspect "sacré" de ce qui nous donne de la beauté. Peut-être encore qu'un certain intellectualisme déflore un peu trop vite le charme. Se laisser faire, nous devons sans doute l'apprendre.
Alors je saute à cela: ne décomposons pas la merveille, laissons-lui son mystère et sa puissance. Comprendre la théorie musicale ne nous rapprochera pas du frisson, au contraire, on risquera de passer du cœur à la tête, de l'émerveillement au laboratoire.
Tu as raison.
Je me souviens d'une remarque d'un prestidigitateur célèbre, en gros : "Seuls les imbéciles tentent de comprendre mes tours, les autres s'abandonnent à l'enchantement, ils ont payé pour ça!".
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
La vidéo caresse la mélancolie. Il y a une sensualité de la mélancolie. Ajoute une pincée de musique et soudain la grisaille des murs devient l'espace d'une nostalgie féconde, qui nous renvoit à l'épaisseur de la pensée. Le monde intérieur compensant la linéarité apauvrie du monde extérieur.
Fata Morgana- Messages : 20818
Date d'inscription : 09/02/2011
Age : 67
Localisation : Un pied hors de la tombe
Re: ?????????
Je suis content d'avoir partagé cette petite fenêtre vers moi même, pour une fois je n'ai pas l'impression d'avoir donné du lard aux cochons
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
Re: ?????????
Ce soir, j'ai ri, devant mon écran, à m'en faire mal au bide!
Vous moquez pas, ce n'est pas souvent, pas comme ça.
Je voudrais remercier tout les participants !
Merci !
Et que la force soit avec vous!
Vous moquez pas, ce n'est pas souvent, pas comme ça.
Je voudrais remercier tout les participants !
Merci !
Et que la force soit avec vous!
david50- Messages : 5185
Date d'inscription : 16/09/2013
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