¿No pasarán ? (par licorne)
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¿No pasarán ? (par licorne)
¡ No pasarán ! « Ils ne passeront pas ».
Ce slogan est utilisé face aux avancées du Front National en France sur ce forum et aussi sur des affiches d'assoc.
Ni Français, ni Espagnol, je me sens néanmoins concerné et j'ai souhaité avancer ma petite réflexion.
¡ No pasarán ! « Ils ne passeront pas ». Il n’est peut-être pas judicieux d’adopter ce slogan contre le Front National.
¡ No pasarán ! Ce slogan a été lancé à Radio Madrid par « la Pasionaria » (Dolores Ibárruri, dirigeante du Parti Communiste Espagnol) le soir du 18 juillet 1936 suite au putsch des généraux Mola et Franco déclenchant la guerre civile espagnole.
¡ No pasarán ! Slogan qui sonne haut et clair. On se lève, droits et fiers et on le lance d’une voix forte. Parfaitement adapté à la situation. Les putschistes escomptaient une victoire rapide. Le gouvernement légal du Front populaire était faible et divisé, impuissant et n’avait presque plus d’armée (le gros de la troupe et surtout des officiers étaient en face !). A organiser la résistance ce sont les puissants syndicats, CNT (Confederación nacional del Trabajo, anarcho-syndicaliste, entre 1,5 et 2 millions d’adhérents en 1936), UGT (Unión General de Trabajadores, socialiste, plus d’1 million) ; les partis, PCE, communiste, PSOE, socialiste, POUM (Partido Obrero de Unificación Marxista, parti marxiste anti-stalinien qualifié de trotskyste, c’est dans ses rangs qu’a combattu Georges Orwell, l’auteur de « 1984 »), ainsi que la FAI (Federación Anarquista Ibérica, anarchiste). Les militants de la CNT sont parmi les premiers à se rendre sur le front et à donner un coup d'arrêt à l'avancée des troupes franquistes, côte à côte avec les militaires restés fidèles à la République et des militants marxistes. Ce sont les organisations ouvrières qui ont réussi à faire échouer le putsch à Madrid, Barcelone et Valence.
No pasarán ! « Ils ne passeront pas », c’est clairement qu’on est en situation défensive face à une offensive ennemie. Dans un premier élan, on a réussi à l’arrêter. Au bout d'une semaine, l’Espagne se retrouve divisée en deux moitiés. Grosso modo, pour les nationalistes, l’Andalousie au sud-ouest et la moitié nord, de la Galice à l’Aragon, excepté les Asturies, la Cantabrie et le Pays basque restés du côté républicain qui contrôle en outre la partie centre-sud, de la frontière portugaise à la Catalogne. Dans cette partie, une révolution sociale est impulsée par la CNT et le POUM. Les ouvriers prennent le contrôle des usines et les paysans collectivisent les terres.
La guerre se déroule donc sur différents fronts, souvent sous forme d’une guerre de position. Les républicains, moins organisés et moins armés, sont souvent sur la défensive. On campe sur ses positions. On attend l’adversaire de pied ferme. En stratégie militaire, c’est l’ennemi qui a tout loisir de choisir le lieu, le moment et les moyens de son offensive. C’est lui qui a l’initiative et à la guerre, comme au jeu d’échecs, l’initiative vaut un avantage souvent décisif. Assumer une position défensive ne peut se concevoir que si l’on peut escompter une contre-offensive victorieuse.
Les contre-offensives des Républicains, à l’exception notable de la Guadalajara, se sont soldées par des échecs (notamment lors des grandes batailles de Teruel et celle de l’Ebre) et ont permis de nouvelles avancées des nationalistes.
¡ No pasarán ! Qu’on le veuille ou non, ce slogan reste indissolublement associé à l’une des plus graves défaites populaires du xx° siècle.
Défaite provoquée en grande partie par les divisions croissantes dans le camp républicain. (Il suffit de rappeler les événements de mai 1937 à Barcelone, la police aux mains des communistes du PCE pourchassant les anarchistes de la CNT et les militants du POUM.)
¡ No pasarán ! « Ils ne passeront pas ». Pourquoi, ils pourraient…? Demande l’idiot du village qui se fait aussitôt fusiller. Mais sa question n’est pas si bête. « Ils ne passeront pas », implique justement l’hypothèse qu’ils pourraient passer mais qu’on va tâcher de les en empêcher. Sans garantie.
Et en effet. Des miliciens franquistes, victorieux, entrant dans Madrid à la toute fin de la guerre, criaient par dérision en réponse : ¡Han pasado! ¡Han pasado! (« Ils sont passés ! »).
Par comparaison, d’autres termes qui peuvent sembler « défensifs » : la Résistance, les résistants. Mais la situation était totalement différente. La Résistance est née au moment où toute la France était occupée (toute ? non, il restait Vichy !). Ce sont les résistants qui, bien que peu nombreux et mal armés, avaient l’initiative, le choix du lieu, du moment et du comment. Les nazis se sont retrouvés sur la défensive, ils ne savaient où donner de la tête. Ils étaient obligés de doubler la protection des trains, des chemins de fer et de leurs officiers, ce qui n’empêcha pas les attentats. Tout ce qu’ils ont trouvé, c’est de déporter encore plus et de massacrer des villages entiers. Résultat : encore plus d’indignation dans la population et encore plus de jeunes ont rejoint la Résistance. Les nazis ne vivaient peut-être pas dans la peur, mais dans la rage de l’impuissance (impuissance à juguler la résistance, pas à massacrer des innocents, natürlich). Ils avaient perdu la guerre psychologique.
On ne peut comparer la situation actuelle en France à l’Espagne de la guerre civile : certes, le gouvernement légal y est faible et impuissant, et le Front national s’empare d’un bastion après l’autre. Les grands partis, y compris les socialistes au pouvoir, s’ingénient à faire le lit du Front national, soit en reprenant ses idées, soit, pour le gouvernement, en les mettant en oeuvre (expulsion des Roms, par exemple). Gouvernement qui subit la crise et ne prend aucune mesure utile et qui pourrait le rendre un peu plus populaire, par exemple, museler les banques.
Adopter un slogan de type défensif, genre ¡ No pasarán ! pourrait sembler approprié à première vue. Mais c’est justement parce qu’il est défensif qu’il n’est pas approprié. Le Front national va poursuivre son offensive et nous allons essayer de le contenir. Il garde l’initiative. Il aura déjà gagné la guerre psychologique.
Perso, je pencherais pour un slogan plus « offensif ». Pendant la guerre civile espagnole, j’aurais préféré ¡Vamos a echarlos al mar ! (« Rejetons-les à la mer ! »). Contre le Front national, ... que proposez-vous?
Ce slogan est utilisé face aux avancées du Front National en France sur ce forum et aussi sur des affiches d'assoc.
Ni Français, ni Espagnol, je me sens néanmoins concerné et j'ai souhaité avancer ma petite réflexion.
¡ No pasarán ! « Ils ne passeront pas ». Il n’est peut-être pas judicieux d’adopter ce slogan contre le Front National.
¡ No pasarán ! Ce slogan a été lancé à Radio Madrid par « la Pasionaria » (Dolores Ibárruri, dirigeante du Parti Communiste Espagnol) le soir du 18 juillet 1936 suite au putsch des généraux Mola et Franco déclenchant la guerre civile espagnole.
¡ No pasarán ! Slogan qui sonne haut et clair. On se lève, droits et fiers et on le lance d’une voix forte. Parfaitement adapté à la situation. Les putschistes escomptaient une victoire rapide. Le gouvernement légal du Front populaire était faible et divisé, impuissant et n’avait presque plus d’armée (le gros de la troupe et surtout des officiers étaient en face !). A organiser la résistance ce sont les puissants syndicats, CNT (Confederación nacional del Trabajo, anarcho-syndicaliste, entre 1,5 et 2 millions d’adhérents en 1936), UGT (Unión General de Trabajadores, socialiste, plus d’1 million) ; les partis, PCE, communiste, PSOE, socialiste, POUM (Partido Obrero de Unificación Marxista, parti marxiste anti-stalinien qualifié de trotskyste, c’est dans ses rangs qu’a combattu Georges Orwell, l’auteur de « 1984 »), ainsi que la FAI (Federación Anarquista Ibérica, anarchiste). Les militants de la CNT sont parmi les premiers à se rendre sur le front et à donner un coup d'arrêt à l'avancée des troupes franquistes, côte à côte avec les militaires restés fidèles à la République et des militants marxistes. Ce sont les organisations ouvrières qui ont réussi à faire échouer le putsch à Madrid, Barcelone et Valence.
No pasarán ! « Ils ne passeront pas », c’est clairement qu’on est en situation défensive face à une offensive ennemie. Dans un premier élan, on a réussi à l’arrêter. Au bout d'une semaine, l’Espagne se retrouve divisée en deux moitiés. Grosso modo, pour les nationalistes, l’Andalousie au sud-ouest et la moitié nord, de la Galice à l’Aragon, excepté les Asturies, la Cantabrie et le Pays basque restés du côté républicain qui contrôle en outre la partie centre-sud, de la frontière portugaise à la Catalogne. Dans cette partie, une révolution sociale est impulsée par la CNT et le POUM. Les ouvriers prennent le contrôle des usines et les paysans collectivisent les terres.
La guerre se déroule donc sur différents fronts, souvent sous forme d’une guerre de position. Les républicains, moins organisés et moins armés, sont souvent sur la défensive. On campe sur ses positions. On attend l’adversaire de pied ferme. En stratégie militaire, c’est l’ennemi qui a tout loisir de choisir le lieu, le moment et les moyens de son offensive. C’est lui qui a l’initiative et à la guerre, comme au jeu d’échecs, l’initiative vaut un avantage souvent décisif. Assumer une position défensive ne peut se concevoir que si l’on peut escompter une contre-offensive victorieuse.
Les contre-offensives des Républicains, à l’exception notable de la Guadalajara, se sont soldées par des échecs (notamment lors des grandes batailles de Teruel et celle de l’Ebre) et ont permis de nouvelles avancées des nationalistes.
¡ No pasarán ! Qu’on le veuille ou non, ce slogan reste indissolublement associé à l’une des plus graves défaites populaires du xx° siècle.
Défaite provoquée en grande partie par les divisions croissantes dans le camp républicain. (Il suffit de rappeler les événements de mai 1937 à Barcelone, la police aux mains des communistes du PCE pourchassant les anarchistes de la CNT et les militants du POUM.)
¡ No pasarán ! « Ils ne passeront pas ». Pourquoi, ils pourraient…? Demande l’idiot du village qui se fait aussitôt fusiller. Mais sa question n’est pas si bête. « Ils ne passeront pas », implique justement l’hypothèse qu’ils pourraient passer mais qu’on va tâcher de les en empêcher. Sans garantie.
Et en effet. Des miliciens franquistes, victorieux, entrant dans Madrid à la toute fin de la guerre, criaient par dérision en réponse : ¡Han pasado! ¡Han pasado! (« Ils sont passés ! »).
Par comparaison, d’autres termes qui peuvent sembler « défensifs » : la Résistance, les résistants. Mais la situation était totalement différente. La Résistance est née au moment où toute la France était occupée (toute ? non, il restait Vichy !). Ce sont les résistants qui, bien que peu nombreux et mal armés, avaient l’initiative, le choix du lieu, du moment et du comment. Les nazis se sont retrouvés sur la défensive, ils ne savaient où donner de la tête. Ils étaient obligés de doubler la protection des trains, des chemins de fer et de leurs officiers, ce qui n’empêcha pas les attentats. Tout ce qu’ils ont trouvé, c’est de déporter encore plus et de massacrer des villages entiers. Résultat : encore plus d’indignation dans la population et encore plus de jeunes ont rejoint la Résistance. Les nazis ne vivaient peut-être pas dans la peur, mais dans la rage de l’impuissance (impuissance à juguler la résistance, pas à massacrer des innocents, natürlich). Ils avaient perdu la guerre psychologique.
On ne peut comparer la situation actuelle en France à l’Espagne de la guerre civile : certes, le gouvernement légal y est faible et impuissant, et le Front national s’empare d’un bastion après l’autre. Les grands partis, y compris les socialistes au pouvoir, s’ingénient à faire le lit du Front national, soit en reprenant ses idées, soit, pour le gouvernement, en les mettant en oeuvre (expulsion des Roms, par exemple). Gouvernement qui subit la crise et ne prend aucune mesure utile et qui pourrait le rendre un peu plus populaire, par exemple, museler les banques.
Adopter un slogan de type défensif, genre ¡ No pasarán ! pourrait sembler approprié à première vue. Mais c’est justement parce qu’il est défensif qu’il n’est pas approprié. Le Front national va poursuivre son offensive et nous allons essayer de le contenir. Il garde l’initiative. Il aura déjà gagné la guerre psychologique.
Perso, je pencherais pour un slogan plus « offensif ». Pendant la guerre civile espagnole, j’aurais préféré ¡Vamos a echarlos al mar ! (« Rejetons-les à la mer ! »). Contre le Front national, ... que proposez-vous?
Dernière édition par liocorno le Ven 31 Jan 2014 - 15:11, édité 1 fois
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Re: ¿No pasarán ? (par licorne)
Au moins, ça a été lu 46 fois, une fois à l'heure (mais je comprends, c'est à peu près le temps qu'il faut pour tout lire )
Dernière édition par liocorno le Lun 20 Jan 2014 - 22:42, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: ¿No pasarán ? (par licorne)
J'allais répondre, mais je prenais le temps de chercher mes arguments.
J'éditerai ce post quand j'aur mon raisonnement bien construit.
J'éditerai ce post quand j'aur mon raisonnement bien construit.
Re: ¿No pasarán ? (par licorne)
Je pense que mettre ce post dans les présentations n'est pas judicieux et dommage.
Je prendrai le temps d'y répondre.
Je prendrai le temps d'y répondre.
Invité- Invité
Re: ¿No pasarán ? (par licorne)
Clement, Gimli, merci pour vos promesses de réponses.
@Gimli : et où?
@Gimli : et où?
Invité- Invité
Re: ¿No pasarán ? (par licorne)
Dans les débats, par exemple : https://www.zebrascrossing.net/f9-sujets-tabous-politique-religion-et-spiritualite-sexe . Tu peux demander à un modo de le déplacer.
Apprête-toi à ferrailler, seulement.
Apprête-toi à ferrailler, seulement.
Invité- Invité
Re: ¿No pasarán ? (par licorne)
Bin, mouais. Naïvement me suis-je dit qu'ici ça avait une chance d'être lu par quelques personnes.
Invité- Invité
Re: ¿No pasarán ? (par licorne)
Si en effet, comme tu le soulignes si justement, "No pasando" est passif, et présuppose qu'il peuvent réussir à passer, un slogan offensif n'aura d'autre action que de les attiser davantage, et de rebuter les gens qui ne se battent pas en temps normal. C'est nous qui serions vu come les méchant, les personnes à le pas laisser passer.
J'opterai pour un slogan mobilisateur, qui joue sur ce que le FN peut prendre aux gens. Je n'ai pas d'idée concrète par contre.
J'opterai pour un slogan mobilisateur, qui joue sur ce que le FN peut prendre aux gens. Je n'ai pas d'idée concrète par contre.
Re: ¿No pasarán ? (par licorne)
Tes remarques sont pertinentes et je serai d'accord pour un slogan mobilisateur plutôt qu'offensif.
Invité- Invité
Re: ¿No pasarán ? (par licorne)
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Dernière édition par liocorno le Ven 31 Jan 2014 - 15:13, édité 1 fois
Invité- Invité
Re: ¿No pasarán ? (par licorne)
Gimli a écrit:
Apprête-toi à ferrailler, seulement.
Je suis tout ankylosé, d'attendre mon fer à la main
Invité- Invité
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