Zigre wild area
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guyom zigre doUx
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Re: Zigre wild area
Coucou Guyom, j'espère que tu sais où aller pour te réchauffer...
Une petite douceur ???
Une petite douceur ???
Dernière édition par EmiM le Lun 15 Sep 2014 - 20:52, édité 1 fois
EmiM- Messages : 5707
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Tennessee- Messages : 658
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Re: Zigre wild area
Fleur pour moi...
chou fleur, ça sonne plus féminin, non ?
Pff! elle dit que des bêtises, la fille, et même pas blonde en plus
chou fleur, ça sonne plus féminin, non ?
Pff! elle dit que des bêtises, la fille, et même pas blonde en plus
Tennessee- Messages : 658
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Re: Zigre wild area
- HS:
- Il y une jeune fille sur le forum qui a pour pseudo Chou-fleur et je préfère l'appeler Fleur-chou...
EmiM- Messages : 5707
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Re: Zigre wild area
Tu sais zigounette , ... C'est comme ça qu'on dit ?guyom zigre doUx a écrit:Phil, Emi, Ten, Open vous êtes des choux !!!!
C'est ça un palindrome ? Phil.... Répond s'te plait !
Ok ok ...mais non t'as rien compris en fait...tu confonds avec le paléontologue!!
Un palindrome c'est zigrergiz ...mais bon ça voudrait rien dire en fait.....
Ah ok ok ........
Hé ouais, zigounette c'est affectueux en fait..c'est comme petit zizi mignon quoi.
Ah ouais ...ok ..
---
Pas de blême guillaume.
Écrire ce qu'on ressent c'est plus simple que d'essayer de répondre aux questions qu'on se pose.
C'est a moi que ça a fait bien... Comme quoi altruisme definir "hein".
Merci
Pas vrai les filles ??
Hein ouais il est mignon la zigounette ? Il est cro cro cro mignon !
Purée c'est quoi cette coiffure guillaume ??!
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Invité- Invité
Re: Zigre wild area
Phil, qu'as tu fait à la princesse?
Parce que ce n'est pas guyom,
lui est chou
comme
chou
baka
ah, ah ah,
Parce que ce n'est pas guyom,
lui est chou
comme
chou
baka
ah, ah ah,
Tennessee- Messages : 658
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Re: Zigre wild area
C'est une crème, guyom.
fleur_bleue- Messages : 3764
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Re: Zigre wild area
Magnifique, cette photo!
fleur_bleue- Messages : 3764
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Re: Zigre wild area
C'est gentil, ça, merci!
fleur_bleue- Messages : 3764
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Re: Zigre wild area
ah... celle là aussi elle est chouette... Toute ma jeunesse...
EmiM- Messages : 5707
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Re: Zigre wild area
guyom zigre doUx a écrit:oui pas de fouet sur mon fil à l'horizon (here is a Do U X area )
sur le mien non plus dis donc !
Invité- Invité
Re: Zigre wild area
je valide dossier 2.3 a jours et validé . Confirmation bouclage boucle ok
Invité- Invité
Re: Zigre wild area
Hep hep vuillaume t'as envoyé un message sur mon compte ® Uccen ©,
ben j'peux pas l'lire, c'est tant mieux comme ça pas de réponse à faire...
Youpi !!!
ben j'peux pas l'lire, c'est tant mieux comme ça pas de réponse à faire...
Youpi !!!
Invité- Invité
Re: Zigre wild area
Marguerite Duras sur l'an 2000 (itw de 1985)
je rebondis par rapport à ce vieux post, parce que
merci de l'avoir posté.
je rebondis par rapport à ce vieux post, parce que
merci de l'avoir posté.
Tennessee- Messages : 658
Date d'inscription : 19/05/2014
Localisation : île de france
Re: Zigre wild area
Tennessee a écrit:Marguerite Duras sur l'an 2000 (itw de 1985)
je rebondis par rapport à ce vieux post, parce que
merci de l'avoir posté.
ouié elle est classe mamy daisy, je l'embrasse de ta part alors
)
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" il est regrettable que l'intelligence politique de l'homme soit 100 fois moins développée que son intelligence scientifique.
Et nous prive à ce point d'admirer l'homme." M Duras "
Re: Zigre wild area
merci Open , belle ouverture et non fracture
il s'en passe des trucs sur vot' planète sapristi !
_________________
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" il est regrettable que l'intelligence politique de l'homme soit 100 fois moins développée que son intelligence scientifique.
Et nous prive à ce point d'admirer l'homme." M Duras "
il s'en passe des trucs sur vot' planète sapristi !
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" il est regrettable que l'intelligence politique de l'homme soit 100 fois moins développée que son intelligence scientifique.
Et nous prive à ce point d'admirer l'homme." M Duras "
Re: Zigre wild area
pas mal:
http://www.purpleclover.com/life-reimagined/2883-marvin-gayes-isolated-vocal-track-will-leave-you-stunned-and-speechless/#.VBRJhqQ8LMS.facebook
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" il est regrettable que l'intelligence politique de l'homme soit 100 fois moins développée que son intelligence scientifique.
Et nous prive à ce point d'admirer l'homme." M Duras "
http://www.purpleclover.com/life-reimagined/2883-marvin-gayes-isolated-vocal-track-will-leave-you-stunned-and-speechless/#.VBRJhqQ8LMS.facebook
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" il est regrettable que l'intelligence politique de l'homme soit 100 fois moins développée que son intelligence scientifique.
Et nous prive à ce point d'admirer l'homme." M Duras "
Re: Zigre wild area
la jeunesse insouciante de Vador
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" il est regrettable que l'intelligence politique de l'homme soit 100 fois moins développée que son intelligence scientifique.
Et nous prive à ce point d'admirer l'homme." M Duras "
Re: Zigre wild area
guyom zigre doUx a écrit:pas mal:
http://www.purpleclover.com/life-reimagined/2883-marvin-gayes-isolated-vocal-track-will-leave-you-stunned-and-speechless/#.VBRJhqQ8LMS.facebook
Bah, c'est comme cela qu'on reconnait un Très Grand..
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" il est regrettable que l'intelligence politique de l'homme soit 100 fois moins développée que son intelligence scientifique.
Et nous prive à ce point d'admirer l'homme." M Duras "
Tennessee- Messages : 658
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La machine à abrutir par Pierre Jourde, août 2008
Donner au public « ce qu’il demande »
La machine à abrutir
par Pierre Jourde, août 2008
Jusqu’à présent, la qualité des médias audiovisuels, public et privé confondus, n’était pas vraiment un sujet. Puis le président de la République découvre que la télévision est mauvaise. Il exige de la culture. En attendant que la culture advienne, l’animateur Patrick Sabatier fait son retour sur le service public. En revanche, des émissions littéraires disparaissent. C’est la culture qui va être contente.
Avec l’alibi de quelques programmes culturels ou de quelques fictions « créatrices », les défenseurs du service public le trouvaient bon. Ils ne sont pas difficiles. Comme si, à l’instar d’une vulgaire télévision commerciale, on n’y avait pas le regard rivé à l’Audimat. Comme si la démagogie y était moins abondante qu’ailleurs.
Les médias ont su donner des dimensions monstrueuses à l’universel désir de stupidité qui sommeille même au fond de l’intellectuel le plus élitiste. Ce phénomène est capable de détruire une société, de rendre dérisoire tout effort politique. A quoi bon s’échiner à réformer l’école et l’Université ? Le travail éducatif est saccagé par la bêtise médiatique, la bouffonnerie érigée en moyen d’expression, le déferlement des valeurs de l’argent, de l’apparence et de l’individualisme étroit diffusées par la publicité, ultime raison d’être des grands groupes médiatiques. Bouygues envoie Jules Ferry aux oubliettes de l’histoire.
Lorsqu’on les attaque sur l’ineptie de leurs programmes, les marchands de vulgarité répliquent en général deux choses : primo, on ne donne au public que ce qu’il demande ; secundo, ceux qui les critiquent sont des élitistes incapables d’admettre le simple besoin de divertissement. Il n’est pas nécessairement élitiste de réclamer juste un peu moins d’ineptie. Il y a de vrais spectacles populaires de bonne qualité. Le public demande ce qu’on le conditionne à demander. On a presque abandonné l’idée d’un accès progressif à la culture par le spectacle populaire. Victor Hugo, Charlie Chaplin, Molière, René Clair, Jacques Prévert, Jean Vilar, Gérard Philipe étaient de grands artistes, et ils étaient populaires. Ils parvenaient à faire réfléchir et à divertir. L’industrie médiatique ne se fatigue pas : elle va au plus bas.
Chacun a le droit de se détendre devant un spectacle facile. Mais, au point où en sont arrivées les émissions dites de « divertissement », il ne s’agit plus d’une simple distraction. Ces images, ces mots plient l’esprit à certaines formes de représentation, les légitiment, habituent à croire qu’il est normal de parler, penser, agir de cette manière. Laideur, agressivité, voyeurisme, narcissisme, vulgarité, inculture, stupidité invitent le spectateur à se complaire dans une image infantilisée et dégradée de lui-même, sans ambition de sortir de soi, de sa personne, de son milieu, de son groupe, de ses « choix ». Les producteurs de télé-réalité — « Loft story », « Koh-Lanta », « L’île de la tentation » —, les dirigeants des chaînes privées ne sont pas toujours ou pas seulement des imbéciles. Ce sont aussi des malfaiteurs. On admet qu’une nourriture ou qu’un air viciés puissent être néfastes au corps. Il y a des représentations qui polluent l’esprit.
Si les médias des régimes totalitaires parviennent, dans une certaine mesure, à enchaîner les pensées, ceux du capitalisme triomphant les battent à plate couture. Et tout cela, bien entendu, grâce à la liberté. C’est pour offrir des cerveaux humains à Coca-Cola que nous aurions conquis la liberté d’expression, que la gauche a « libéré » les médias. Nous, qui nous trouvons si intelligents, fruits de millénaires de « progrès », jugeons la plèbe romaine bien barbare de s’être complu aux jeux du cirque. Mais le contenu de nos distractions télévisées sera sans doute un objet de dégoût et de dérision pour les générations futures.
On a le choix ? Bien peu, et pour combien de temps ? La concentration capitaliste réunit entre les mêmes mains les maisons d’édition, les journaux, les télévisions, les réseaux téléphoniques et la vente d’armement. L’actuel président de la République est lié à plusieurs grands patrons de groupes audiovisuels privés, la ministre de la culture envisage de remettre en cause les lois qui limitent la concentration médiatique, la machine à abrutir reçoit la bénédiction de l’Etat (1). Les aimables déclarations récentes sur l’intérêt des études classiques pèsent bien peu à côté de cela.
Quelle liberté ? La bêtise médiatique s’universalise. L’esprit tabloïd contamine jusqu’aux quotidiens les plus sérieux. Les médias publics courent après la démagogie des médias privés. Le vide des informations complète la stupidité des divertissements. Car il paraît qu’en plus d’être divertis nous sommes informés. Informés sur quoi ? Comment vit-on en Ethiopie ? Sous quel régime ? Où en sont les Indiens du Chiapas ? Quels sont les problèmes d’un petit éleveur de montagne ? Qui nous informe et qui maîtrise l’information ? On s’en fout. Nous sommes informés sur ce qu’il y a eu à la télévision hier, sur les amours du président, la garde-robe ou le dernier disque de la présidente, les accidents de voiture de Britney Spears. La plupart des citoyens ne connaissent ni la loi, ni le fonctionnement de la justice, des institutions, de leurs universités, ni la Constitution de leur Etat, ni la géographie du monde qui les entoure, ni le passé de leur pays, en dehors de quelques images d’Epinal.
Un des plus grands chefs d’orchestre du monde dirige le Don Giovanni de Mozart. Le journaliste consacre l’interview à lui demander s’il n’a pas oublié son parapluie, en cas d’averse. Chanteurs, acteurs, sportifs bredouillent à longueur d’antenne, dans un vocabulaire approximatif, des idées reçues. Des guerres rayent de la carte des populations entières dans des pays peu connus. Mais les Français apprennent, grâce à la télévision, qu’un scout a eu une crise d’asthme.
Le plus important, ce sont les gens qui tapent dans des balles ou qui tournent sur des circuits. Après la Coupe de France de football, Roland-Garros, et puis le Tour de France, et puis le Championnat d’Europe de football, et puis... Il y a toujours une coupe de quelque chose. « On la veut tous », titrent les journaux, n’imaginant pas qu’on puisse penser autrement. L’annonce de la non-sélection de Truc ou de Machin, enjeu national, passe en boucle sur France Info. Ça, c’est de l’information. La France retient son souffle. On diffuse à longueur d’année des interviews de joueurs. On leur demande s’ils pensent gagner. Ils répondent invariablement qu’ils vont faire tout leur possible ; ils ajoutent : « C’est à nous maintenant de concrétiser. » Ça, c’est de l’information.
On va interroger les enfants des écoles pour savoir s’ils trouvent que Bidule a bien tapé dans la balle, si c’est « cool ». Afin d’animer le débat politique, les journalistes se demandent si Untel envisage d’être candidat, pense à l’envisager, ne renonce pas à y songer, a peut-être laissé entendre qu’il y pensait. On interpelle les citoyens dans les embouteillages pour deviner s’ils trouvent ça long. Pendant les canicules pour savoir s’ils trouvent ça chaud. Pendant les vacances pour savoir s’ils sont contents d’être en vacances. Ça, c’est de l’information. A la veille du bac, on questionne une pharmacienne pour savoir quelle poudre de perlimpinpin vendre aux étudiants afin qu’ils pensent plus fort. Des journalistes du service public passent une demi-heure à interroger un « blogueur », qui serait le premier à avoir annoncé que Duchose avait dit qu’il pensait sérieusement à se présenter à la présidence de quelque machin. Il s’agit de savoir comment il l’a appris avant les autres. Ça, c’est de l’information. Dès qu’il y a une manifestation, une grève, un mouvement social, quels que soient ses motifs, les problèmes réels, pêcheurs, enseignants, routiers, c’est une « grogne ». Pas une protestation, une colère, un mécontentement, non, une grogne. La France grogne. Ça, c’est de l’information.
On demande au premier venu ce qu’il pense de n’importe quoi, et cette pensée est considérée comme digne du plus grand intérêt. Après quoi, on informe les citoyens de ce qu’ils ont pensé. Ainsi, les Français se regardent. Les journalistes, convaincus d’avoir affaire à des imbéciles, leur donnent du vide. Le public avale ? Les journalistes y voient la preuve que c’est ce qu’il demande.
Cela, c’est 95 % de l’information, même sur les chaînes publiques. Les 5 % restants permettent aux employés d’une industrie médiatique qui vend des voitures et des téléphones de croire qu’ils exercent encore le métier de journalistes. Ce qui est martelé à la télévision, à la radio envahit les serveurs Internet, les journaux, les objets, les vêtements, tout ce qui nous entoure. Le cinéma devient une annexe de la pub. La littérature capitule à son tour.Le triomphe de l’autofiction n’est qu’un phénomène auxiliaire de la « peopolisation » généralisée, c’est-à-dire de l’anéantissement de la réflexion critique par l’absolutisme du : « C’est moi, c’est mon choix, donc c’est intéressant, c’est respectable. »
La bêtise médiatique n’est pas un épiphénomène. Elle conduit une guerre d’anéantissement contre la culture. Il y a beaucoup de combats à mener. Mais, si l’industrie médiatique gagne sa guerre contre l’esprit, tous seront perdus.
Pierre Jourde
Professeur à l’université Stendhal - Grenoble - III. Auteur, notamment, de La Littérature sans estomac, réédition Pocket, Paris, 2003.
source : http://www.monde-diplomatique.fr/2008/08/JOURDE/16204
La machine à abrutir
par Pierre Jourde, août 2008
Jusqu’à présent, la qualité des médias audiovisuels, public et privé confondus, n’était pas vraiment un sujet. Puis le président de la République découvre que la télévision est mauvaise. Il exige de la culture. En attendant que la culture advienne, l’animateur Patrick Sabatier fait son retour sur le service public. En revanche, des émissions littéraires disparaissent. C’est la culture qui va être contente.
Avec l’alibi de quelques programmes culturels ou de quelques fictions « créatrices », les défenseurs du service public le trouvaient bon. Ils ne sont pas difficiles. Comme si, à l’instar d’une vulgaire télévision commerciale, on n’y avait pas le regard rivé à l’Audimat. Comme si la démagogie y était moins abondante qu’ailleurs.
Les médias ont su donner des dimensions monstrueuses à l’universel désir de stupidité qui sommeille même au fond de l’intellectuel le plus élitiste. Ce phénomène est capable de détruire une société, de rendre dérisoire tout effort politique. A quoi bon s’échiner à réformer l’école et l’Université ? Le travail éducatif est saccagé par la bêtise médiatique, la bouffonnerie érigée en moyen d’expression, le déferlement des valeurs de l’argent, de l’apparence et de l’individualisme étroit diffusées par la publicité, ultime raison d’être des grands groupes médiatiques. Bouygues envoie Jules Ferry aux oubliettes de l’histoire.
Lorsqu’on les attaque sur l’ineptie de leurs programmes, les marchands de vulgarité répliquent en général deux choses : primo, on ne donne au public que ce qu’il demande ; secundo, ceux qui les critiquent sont des élitistes incapables d’admettre le simple besoin de divertissement. Il n’est pas nécessairement élitiste de réclamer juste un peu moins d’ineptie. Il y a de vrais spectacles populaires de bonne qualité. Le public demande ce qu’on le conditionne à demander. On a presque abandonné l’idée d’un accès progressif à la culture par le spectacle populaire. Victor Hugo, Charlie Chaplin, Molière, René Clair, Jacques Prévert, Jean Vilar, Gérard Philipe étaient de grands artistes, et ils étaient populaires. Ils parvenaient à faire réfléchir et à divertir. L’industrie médiatique ne se fatigue pas : elle va au plus bas.
Chacun a le droit de se détendre devant un spectacle facile. Mais, au point où en sont arrivées les émissions dites de « divertissement », il ne s’agit plus d’une simple distraction. Ces images, ces mots plient l’esprit à certaines formes de représentation, les légitiment, habituent à croire qu’il est normal de parler, penser, agir de cette manière. Laideur, agressivité, voyeurisme, narcissisme, vulgarité, inculture, stupidité invitent le spectateur à se complaire dans une image infantilisée et dégradée de lui-même, sans ambition de sortir de soi, de sa personne, de son milieu, de son groupe, de ses « choix ». Les producteurs de télé-réalité — « Loft story », « Koh-Lanta », « L’île de la tentation » —, les dirigeants des chaînes privées ne sont pas toujours ou pas seulement des imbéciles. Ce sont aussi des malfaiteurs. On admet qu’une nourriture ou qu’un air viciés puissent être néfastes au corps. Il y a des représentations qui polluent l’esprit.
Si les médias des régimes totalitaires parviennent, dans une certaine mesure, à enchaîner les pensées, ceux du capitalisme triomphant les battent à plate couture. Et tout cela, bien entendu, grâce à la liberté. C’est pour offrir des cerveaux humains à Coca-Cola que nous aurions conquis la liberté d’expression, que la gauche a « libéré » les médias. Nous, qui nous trouvons si intelligents, fruits de millénaires de « progrès », jugeons la plèbe romaine bien barbare de s’être complu aux jeux du cirque. Mais le contenu de nos distractions télévisées sera sans doute un objet de dégoût et de dérision pour les générations futures.
On a le choix ? Bien peu, et pour combien de temps ? La concentration capitaliste réunit entre les mêmes mains les maisons d’édition, les journaux, les télévisions, les réseaux téléphoniques et la vente d’armement. L’actuel président de la République est lié à plusieurs grands patrons de groupes audiovisuels privés, la ministre de la culture envisage de remettre en cause les lois qui limitent la concentration médiatique, la machine à abrutir reçoit la bénédiction de l’Etat (1). Les aimables déclarations récentes sur l’intérêt des études classiques pèsent bien peu à côté de cela.
Quelle liberté ? La bêtise médiatique s’universalise. L’esprit tabloïd contamine jusqu’aux quotidiens les plus sérieux. Les médias publics courent après la démagogie des médias privés. Le vide des informations complète la stupidité des divertissements. Car il paraît qu’en plus d’être divertis nous sommes informés. Informés sur quoi ? Comment vit-on en Ethiopie ? Sous quel régime ? Où en sont les Indiens du Chiapas ? Quels sont les problèmes d’un petit éleveur de montagne ? Qui nous informe et qui maîtrise l’information ? On s’en fout. Nous sommes informés sur ce qu’il y a eu à la télévision hier, sur les amours du président, la garde-robe ou le dernier disque de la présidente, les accidents de voiture de Britney Spears. La plupart des citoyens ne connaissent ni la loi, ni le fonctionnement de la justice, des institutions, de leurs universités, ni la Constitution de leur Etat, ni la géographie du monde qui les entoure, ni le passé de leur pays, en dehors de quelques images d’Epinal.
Un des plus grands chefs d’orchestre du monde dirige le Don Giovanni de Mozart. Le journaliste consacre l’interview à lui demander s’il n’a pas oublié son parapluie, en cas d’averse. Chanteurs, acteurs, sportifs bredouillent à longueur d’antenne, dans un vocabulaire approximatif, des idées reçues. Des guerres rayent de la carte des populations entières dans des pays peu connus. Mais les Français apprennent, grâce à la télévision, qu’un scout a eu une crise d’asthme.
Le plus important, ce sont les gens qui tapent dans des balles ou qui tournent sur des circuits. Après la Coupe de France de football, Roland-Garros, et puis le Tour de France, et puis le Championnat d’Europe de football, et puis... Il y a toujours une coupe de quelque chose. « On la veut tous », titrent les journaux, n’imaginant pas qu’on puisse penser autrement. L’annonce de la non-sélection de Truc ou de Machin, enjeu national, passe en boucle sur France Info. Ça, c’est de l’information. La France retient son souffle. On diffuse à longueur d’année des interviews de joueurs. On leur demande s’ils pensent gagner. Ils répondent invariablement qu’ils vont faire tout leur possible ; ils ajoutent : « C’est à nous maintenant de concrétiser. » Ça, c’est de l’information.
On va interroger les enfants des écoles pour savoir s’ils trouvent que Bidule a bien tapé dans la balle, si c’est « cool ». Afin d’animer le débat politique, les journalistes se demandent si Untel envisage d’être candidat, pense à l’envisager, ne renonce pas à y songer, a peut-être laissé entendre qu’il y pensait. On interpelle les citoyens dans les embouteillages pour deviner s’ils trouvent ça long. Pendant les canicules pour savoir s’ils trouvent ça chaud. Pendant les vacances pour savoir s’ils sont contents d’être en vacances. Ça, c’est de l’information. A la veille du bac, on questionne une pharmacienne pour savoir quelle poudre de perlimpinpin vendre aux étudiants afin qu’ils pensent plus fort. Des journalistes du service public passent une demi-heure à interroger un « blogueur », qui serait le premier à avoir annoncé que Duchose avait dit qu’il pensait sérieusement à se présenter à la présidence de quelque machin. Il s’agit de savoir comment il l’a appris avant les autres. Ça, c’est de l’information. Dès qu’il y a une manifestation, une grève, un mouvement social, quels que soient ses motifs, les problèmes réels, pêcheurs, enseignants, routiers, c’est une « grogne ». Pas une protestation, une colère, un mécontentement, non, une grogne. La France grogne. Ça, c’est de l’information.
On demande au premier venu ce qu’il pense de n’importe quoi, et cette pensée est considérée comme digne du plus grand intérêt. Après quoi, on informe les citoyens de ce qu’ils ont pensé. Ainsi, les Français se regardent. Les journalistes, convaincus d’avoir affaire à des imbéciles, leur donnent du vide. Le public avale ? Les journalistes y voient la preuve que c’est ce qu’il demande.
Cela, c’est 95 % de l’information, même sur les chaînes publiques. Les 5 % restants permettent aux employés d’une industrie médiatique qui vend des voitures et des téléphones de croire qu’ils exercent encore le métier de journalistes. Ce qui est martelé à la télévision, à la radio envahit les serveurs Internet, les journaux, les objets, les vêtements, tout ce qui nous entoure. Le cinéma devient une annexe de la pub. La littérature capitule à son tour.Le triomphe de l’autofiction n’est qu’un phénomène auxiliaire de la « peopolisation » généralisée, c’est-à-dire de l’anéantissement de la réflexion critique par l’absolutisme du : « C’est moi, c’est mon choix, donc c’est intéressant, c’est respectable. »
La bêtise médiatique n’est pas un épiphénomène. Elle conduit une guerre d’anéantissement contre la culture. Il y a beaucoup de combats à mener. Mais, si l’industrie médiatique gagne sa guerre contre l’esprit, tous seront perdus.
Pierre Jourde
Professeur à l’université Stendhal - Grenoble - III. Auteur, notamment, de La Littérature sans estomac, réédition Pocket, Paris, 2003.
source : http://www.monde-diplomatique.fr/2008/08/JOURDE/16204
Re: Zigre wild area
Ma télé fait plus ornement qu'autre chose... J'ai toujours préféré les livres.
C'est vrai que le choix de ce qui passe aux infos ou de ce qui est publié dans les journaux est parfois très arbitraire. Quand on a la possibilité, c'est pas mal de croiser plusieurs sources, p. ex. plusieurs titres de presse français et étrangers, d'un pays à l'autre, ce qui importe change parfois pas mal. Mais bon, faut avoir le temps aussi. Et sinon, faut remettre en question ce qu'on entend, mais c'est quelque chose qui ne m'a pas l'air d'être très courant de nos jours...
De toute façon, c'est un peu déprimant, les infos.
C'est vrai que le choix de ce qui passe aux infos ou de ce qui est publié dans les journaux est parfois très arbitraire. Quand on a la possibilité, c'est pas mal de croiser plusieurs sources, p. ex. plusieurs titres de presse français et étrangers, d'un pays à l'autre, ce qui importe change parfois pas mal. Mais bon, faut avoir le temps aussi. Et sinon, faut remettre en question ce qu'on entend, mais c'est quelque chose qui ne m'a pas l'air d'être très courant de nos jours...
De toute façon, c'est un peu déprimant, les infos.
fleur_bleue- Messages : 3764
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Re: Zigre wild area
On revient à Huxley, quel visionnaire ce bonhomme !
_________________
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Pour plus d'infos cliquez là -> Appel tigres XXX Règles de courtoisie XXX pour les nouveaux XXX C'est quoi les Tigres ? <-
Re: Zigre wild area
C'est vraiment pas mal... Merci pour ce partage... A-t-il seulement conscience que le monde qu'il décrit n'existerait pas si les gens n'acceptaient pas.. Mais la majorité des gens acceptent et en redemandent... Quand je lis ce type de vérité, je me dis toujours que les gens rêvent de changer la nature humaine. Le changement commence par des actions individuelles, qui impactent le micro-environnement et qui peut être un jour impacteront les masses... Dénoncer c'est bien, agir c'est mieux...
EmiM- Messages : 5707
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Re: Zigre wild area
Facile de connaître l'auteur de ce diptyque.... sans commentaire, du coup..
Tennessee- Messages : 658
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Re: Zigre wild area
guyom zigre doUx a écrit:
Je te le pique pour mon fil.
Dénoncer est toujours utile surtout quand il s'agit de sujets de société, d'autant qu' il s'agit ici d'informations réelles pour une fois... cet article est en fait un bon travail journalistique.
Pour ce qui est d'agir (pour nous, les lecteurs) c'est a mon avis beaucoup dans l'éducation des enfants que ça se joue.
Invité- Invité
Re: Zigre wild area
Il est revenu!
fleur_bleue- Messages : 3764
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Re: Zigre wild area
Ça me fait penser à ça:
“Come to the edge," he said.
They said, "We are afraid."
Come to the edge," he said.
They came.
He pushed them...and they flew.”
(soi-disant d'Apollinaire, mais ce serait en réalité un poème de Christopher Logue)
“Come to the edge," he said.
They said, "We are afraid."
Come to the edge," he said.
They came.
He pushed them...and they flew.”
(soi-disant d'Apollinaire, mais ce serait en réalité un poème de Christopher Logue)
fleur_bleue- Messages : 3764
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Re: Zigre wild area
old ziger ,sea,X14 :
- Y:
Dernière édition par guyom zigre doUx le Lun 5 Jan 2015 - 14:47, édité 1 fois
Re: Zigre wild area
Plutôt souple pour un vieux, dis donc! Belle photo (comme d'hab avec toi, quoi).
fleur_bleue- Messages : 3764
Date d'inscription : 18/09/2012
Age : 41
Localisation : Paris
Re: Zigre wild area
Si on est vieux à 35 ans, qu'est ce que ça doit être à 80... A 80 on est mort, sauf qu'on le sait pas...
EmiM- Messages : 5707
Date d'inscription : 15/01/2014
Age : 42
Localisation : Les pieds sur terre, la tête dans les étoiles
Re: Zigre wild area
pas sûr qu'on puisse réellement faire une règle de trois, là.
même si oui, la situation des tigres n'est pas rose et tout ça.
même si oui, la situation des tigres n'est pas rose et tout ça.
Fa- Messages : 1849
Date d'inscription : 23/06/2012
Age : 45
Re: Zigre wild area
ça craint... et y a pas que les tigres qui sont menacés d'extinction...
EmiM- Messages : 5707
Date d'inscription : 15/01/2014
Age : 42
Localisation : Les pieds sur terre, la tête dans les étoiles
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