Petit guide de survie à l’intention de ceux qui vivent/séjournent dans des pays "instables"
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Petit guide de survie à l’intention de ceux qui vivent/séjournent dans des pays "instables"
Ayant vécu à 2 reprises, dans 2 pays différents, la situation difficile de devoir quitter précipitamment le pays ou prendre des décisions pour assurer ma sécurité et celle des miens, j’en ai tiré certaines leçons que je voudrais partager. On ne sait jamais à qui cela pourrait servir un jour, même si je croise les doigts…
Voici ces leçons apprises :
1. avoir une copie électronique de tous les papiers/document importants : diplômes, certificats de naissance, acte de mariage, pièce d’identité, etc. Il faut scanner ces différents documents et les sauvegarder sur plusieurs supports différents. Il faut, aussi, les garder comme documents attachés dans sa propre boite mail. Il faut encore créer une autre boîte mail accessible par tous les membres de la famille afin que ceux-ci, en votre absence, puissent avoir accès à tous ces documents importants pour la famille. N’avoir que la version papier des documents importants est un risque car les documents papiers peuvent être détruits, perdus ou volés.
2. être à jour dans ses différents documents d’identité : carte d’identité, passeport, carte consulaire, etc. doivent être valides
3. pour les familles dont les membres ont plusieurs nationalités : être à jour dans les documents d’identité de ces différentes nationalités, et si possible avoir la même nationalité pour tous les membres de la famille (j’ai vu des familles être séparés parce que l’un des parents n’avait pas la même nationalité que l’autre parent, et le premier a dû voir partir sa famille sans lui)
4. faire des simulations de scénario avec les membres de la famille : identifier les endroits où les membres de la famille pourraient se retrouver au cas où ils étaient dans l’impossibilité de revenir à la maison, ou s’ils étaient séparés brusquement les uns des autres. Identifier plusieurs endroits possibles (chez untel ou untelle ami ou parent) au lieu d’un seul est mieux.
5. donner des consignes claires aux enfants : au cas où ils seraient bloqués à l’école ou ailleurs, et au cas où vous n’auriez pas la possibilité d’aller les rejoindre, que doivent-ils faire ?
6. assurer l’autonomie des membres de la famille : chaque enfant devrait avoir un téléphone et une réserve importante d’unités ou temps de téléphone à n’utiliser qu’en cas d’urgence. Chaque membre de la famille doit alors avoir en permanence son téléphone, ainsi que le chargeur du téléphone, avec lui.
7. si on sent que des troubles sont vraiment sur le point de survenir dans le pays, garder de l’argent liquide chez soi, de préférence de fortes sommes. En effet les banques pourraient fermer et garder votre argent hors de votre portée, ou vous pourriez ne pas avoir la possibilité d’aller en banque.
8. toujours si on sent que des troubles sont vraiment sur le point de survenir, faire des stocks de provision chez soi. Des aliments à longue durée de conservation (riz, pâtes, sardines, lait en poudre, céréales, eau, etc.). Faire aussi des stocks des médicaments essentiels.
9. Faire également des réserves de piles ou sources d’énergie autre que l’électricité (celle-ci pourrait être coupée). Et aussi des torches, et des bouteilles de gaz pour la cuisine.
10. s’il faut partir, n’emporter que le nécessaire, pas la garde-robe complète de madame ou tous les jouets des enfants. Il faut voyager léger et ne prendre que ce qui est essentiel : les documents importants, quelques vêtements, les médicaments courants ou dont les membres de la famille ont besoin (en assez grande quantité), et bien sûr l’argent, caché du mieux possible.
11. ne pas décider de rester pour protéger ses biens, sa maison (beaucoup d’hommes, au masculin, ont cette idée-là et mettent à l’abri femmes et enfants tout en décidant de rester quant à eux pour protéger les biens). Trop risqué. Et cela vaut-il la peine plus que de préserver sa vie et retrouver sa famille ?
12. être en permanence en contact avec son ambassade ou son consulat
13. garder le contact avec les proches / amis / collègues / compatriotes (ne pas être isolé dans son coin)
14. une fois que l’on est sorti de la situation critique, emmener tous les membres de la famille consulter un psychologue. Ma fille aînée, qui a connu ce genre de situation quand elle avait 4 ans, a fait une régression et a commencé à faire pipi au lit à 4 ans. Chez moi, le syndrôme post-traumatique est apparu 2 ans, je dis bien 2 ans, après les évènements. Il a suffi d’un petit déclencheur (le décès de ma grand-mère à laquelle j’étais très attachée) pour faire déborder le vase et extérioriser le traumatisme. On peut avoir l’impression que tout va bien et pourtant, en sourdine, le mal est là.
15. toujours après que l’on soit sorti de la situation critique, il faut faire le deuil de ce qui aurait pu être. On avait peut-être fait des plans, pris des décisions pour sa vie, mais les évènements qui sont survenus nous obligent à reporter, et parfois même à abandonner nos plans. Il faut savoir l’accepter, et faire de nouveaux plans, orienter sa vie dans une nouvelle direction. Il faut accepter d’aller de l’avant.
Voilà.
Si quelqu’un a des ajouts à faire dans cette liste, il est le bienvenu.
Vivre une telle situation, même de manière exceptionnelle, c’est-à-dire 1 seule fois, est très éprouvant. Alors quand je pense aux peuples qui vivent dans cette situation au quotidien parfois depuis des générations, je me dis que ces peuples-là, les enfants qui sont là-bas et qui grandissent dans cette situation en permanence, n’ont pas une vie. Ce n’est pas une vie.
Voici ces leçons apprises :
1. avoir une copie électronique de tous les papiers/document importants : diplômes, certificats de naissance, acte de mariage, pièce d’identité, etc. Il faut scanner ces différents documents et les sauvegarder sur plusieurs supports différents. Il faut, aussi, les garder comme documents attachés dans sa propre boite mail. Il faut encore créer une autre boîte mail accessible par tous les membres de la famille afin que ceux-ci, en votre absence, puissent avoir accès à tous ces documents importants pour la famille. N’avoir que la version papier des documents importants est un risque car les documents papiers peuvent être détruits, perdus ou volés.
2. être à jour dans ses différents documents d’identité : carte d’identité, passeport, carte consulaire, etc. doivent être valides
3. pour les familles dont les membres ont plusieurs nationalités : être à jour dans les documents d’identité de ces différentes nationalités, et si possible avoir la même nationalité pour tous les membres de la famille (j’ai vu des familles être séparés parce que l’un des parents n’avait pas la même nationalité que l’autre parent, et le premier a dû voir partir sa famille sans lui)
4. faire des simulations de scénario avec les membres de la famille : identifier les endroits où les membres de la famille pourraient se retrouver au cas où ils étaient dans l’impossibilité de revenir à la maison, ou s’ils étaient séparés brusquement les uns des autres. Identifier plusieurs endroits possibles (chez untel ou untelle ami ou parent) au lieu d’un seul est mieux.
5. donner des consignes claires aux enfants : au cas où ils seraient bloqués à l’école ou ailleurs, et au cas où vous n’auriez pas la possibilité d’aller les rejoindre, que doivent-ils faire ?
6. assurer l’autonomie des membres de la famille : chaque enfant devrait avoir un téléphone et une réserve importante d’unités ou temps de téléphone à n’utiliser qu’en cas d’urgence. Chaque membre de la famille doit alors avoir en permanence son téléphone, ainsi que le chargeur du téléphone, avec lui.
7. si on sent que des troubles sont vraiment sur le point de survenir dans le pays, garder de l’argent liquide chez soi, de préférence de fortes sommes. En effet les banques pourraient fermer et garder votre argent hors de votre portée, ou vous pourriez ne pas avoir la possibilité d’aller en banque.
8. toujours si on sent que des troubles sont vraiment sur le point de survenir, faire des stocks de provision chez soi. Des aliments à longue durée de conservation (riz, pâtes, sardines, lait en poudre, céréales, eau, etc.). Faire aussi des stocks des médicaments essentiels.
9. Faire également des réserves de piles ou sources d’énergie autre que l’électricité (celle-ci pourrait être coupée). Et aussi des torches, et des bouteilles de gaz pour la cuisine.
10. s’il faut partir, n’emporter que le nécessaire, pas la garde-robe complète de madame ou tous les jouets des enfants. Il faut voyager léger et ne prendre que ce qui est essentiel : les documents importants, quelques vêtements, les médicaments courants ou dont les membres de la famille ont besoin (en assez grande quantité), et bien sûr l’argent, caché du mieux possible.
11. ne pas décider de rester pour protéger ses biens, sa maison (beaucoup d’hommes, au masculin, ont cette idée-là et mettent à l’abri femmes et enfants tout en décidant de rester quant à eux pour protéger les biens). Trop risqué. Et cela vaut-il la peine plus que de préserver sa vie et retrouver sa famille ?
12. être en permanence en contact avec son ambassade ou son consulat
13. garder le contact avec les proches / amis / collègues / compatriotes (ne pas être isolé dans son coin)
14. une fois que l’on est sorti de la situation critique, emmener tous les membres de la famille consulter un psychologue. Ma fille aînée, qui a connu ce genre de situation quand elle avait 4 ans, a fait une régression et a commencé à faire pipi au lit à 4 ans. Chez moi, le syndrôme post-traumatique est apparu 2 ans, je dis bien 2 ans, après les évènements. Il a suffi d’un petit déclencheur (le décès de ma grand-mère à laquelle j’étais très attachée) pour faire déborder le vase et extérioriser le traumatisme. On peut avoir l’impression que tout va bien et pourtant, en sourdine, le mal est là.
15. toujours après que l’on soit sorti de la situation critique, il faut faire le deuil de ce qui aurait pu être. On avait peut-être fait des plans, pris des décisions pour sa vie, mais les évènements qui sont survenus nous obligent à reporter, et parfois même à abandonner nos plans. Il faut savoir l’accepter, et faire de nouveaux plans, orienter sa vie dans une nouvelle direction. Il faut accepter d’aller de l’avant.
Voilà.
Si quelqu’un a des ajouts à faire dans cette liste, il est le bienvenu.
Vivre une telle situation, même de manière exceptionnelle, c’est-à-dire 1 seule fois, est très éprouvant. Alors quand je pense aux peuples qui vivent dans cette situation au quotidien parfois depuis des générations, je me dis que ces peuples-là, les enfants qui sont là-bas et qui grandissent dans cette situation en permanence, n’ont pas une vie. Ce n’est pas une vie.
fleurblanche- Messages : 4481
Date d'inscription : 23/06/2010
Age : 56
Localisation : Hémisphère sud
Re: Petit guide de survie à l’intention de ceux qui vivent/séjournent dans des pays "instables"
D'actualité...
fleurblanche- Messages : 4481
Date d'inscription : 23/06/2010
Age : 56
Localisation : Hémisphère sud
Re: Petit guide de survie à l’intention de ceux qui vivent/séjournent dans des pays "instables"
Super post, merci. Je ne sais pas si c'est le meilleur salon pour le poster mais à part "j'aime voyager", je vois pas mieux.
Je voudrais juste ajouter qu'il faut savoir être attentif à l'état de la route et toujours se poser la question de savoir si elle a pu avoir été minée quand on se déplace. (et pas aller faire pipi dans les champs ou dans les bois)
La mine est l'arme du pauvre et elle bourgeonne dès les premiers coups de canon.
Par contre j'ai pas de "recette" pour passer les check-points si ce n'est en dire le moins possible pour pas éveiller la moindre émotion ou doute.
Je voudrais juste ajouter qu'il faut savoir être attentif à l'état de la route et toujours se poser la question de savoir si elle a pu avoir été minée quand on se déplace. (et pas aller faire pipi dans les champs ou dans les bois)
La mine est l'arme du pauvre et elle bourgeonne dès les premiers coups de canon.
Par contre j'ai pas de "recette" pour passer les check-points si ce n'est en dire le moins possible pour pas éveiller la moindre émotion ou doute.
Abonné absent- Messages : 2727
Date d'inscription : 21/12/2014
Age : 60
Re: Petit guide de survie à l’intention de ceux qui vivent/séjournent dans des pays "instables"
Un blog entretenu par FerFAL, dépeignant le quotidien de cet h(H)omme dont le pays, l'Argentine, depuis qu'il a été sévèrement touché par une crise économique en 2001-2002, vit entre civilisation (toute relative) et pauvreté, débrouille et violence :
http://ferfal.blogspot.fr/ (en anglais)
Une auto-présentation de ferFAL, ainsi que certains de ses écrits, traduits en français :
http://le-projet-olduvai.blogspot.fr/2012/12/crise-en-argentine-ferfal.html (en français)
http://ferfal.blogspot.fr/ (en anglais)
Une auto-présentation de ferFAL, ainsi que certains de ses écrits, traduits en français :
http://le-projet-olduvai.blogspot.fr/2012/12/crise-en-argentine-ferfal.html (en français)
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